10 LibreCoursMAGAZINE DE L’UNIVERSITÉ DE NAMUR92 / SEPTEMBRE 2014
Dialoguer
ROBOTS GUERRIERS ?
LE PROFESSEUR
LAMBERT À LA TRIBUNE
DES NATIONS-UNIES
C’est devant les représentants des Nations-Unies que Dominique Lambert
(Département sciences, philosophies & sociétés) a livré une réfl exion
éthique et sociologique sur les systèmes d’armes autonomes létales.
Une intervention qui s’inscrit dans le cadre d’une réunion d’experts qui
se tenait à Genève en mai dernier.
On le sait, du laboratoire universitaire aux patients, les voies peuvent être
longues et obturées. Mais il arrive que des chercheurs et des cliniciens
collaborent étroitement pour améliorer la circulation et déboucher
ces artères. Vous l’aurez compris… c’est pour traiter les thromboses
et l’hémostase que certains chercheurs et professeurs de la Faculté de
médecine, et plus particulièrement le Département de pharmacie de
l’Université de Namur, et le CHU Dinant Godinne UCL Namur ont créé le
centre NTHC (Namur Thrombosis and Hemostasis Center). Une vingtaine de
pharmaciens universitaires et de cliniciens (anesthésistes, hématologues,
internistes, pharmaciens biologistes, pharmaciens cliniciens) y développent
une réelle collaboration débouchant sur une expertise interdisciplinaire,
fondamentale et appliquée, au service du patient.
D
es robots capables de rechercher,
d’identifi er et d’utiliser des armes
(létales ou non) sans médiation hu-
maine dans un environnement non
limité (ouvert), ni prescrit a priori, avec la capa-
cité de s’y adapter (éventuellement par appren-
tissage) », telle est la défi nition que Dominique
Lambert propose pour identifi er les systèmes
d’armes autonomes. Surréaliste ou futuriste ? Pas
tant que cela, la recherche en robotique progresse
très vite, c’est pourquoi une réfl
exion s’impose !
UNE CAPACITÉ MORALE
POUR DES ROBOTS ?
Sans être technophobe, le professeur namurois
articule sa réfl exion autour de deux principaux
questionnements : la complexité de l’agir humain
est-elle transposable en algorithme et quelles seraient les conséquences, voire les dérives, d’une
« déshumanisation » de la guerre ? Les exigences du droit humanitaire, les décisions militaires
(anticiper les évolutions du confl it, décider le risque que l’on est prêt à accepter), la différencia-
tion entre combattants et non combattants… font appel à notre capacité intuitive et prospective
ou à nos valeurs, diffi cilement traductibles en algorithmes. À ceux qui pensent qu’il serait pos-
sible de doter les robots de capacités morales en installant des « logiciels éthiques », Dominique
Lambert répond qu’on n’obtiendrait qu’une simulation de « l’agir moral humain qui suppose
la référence à des intentions particulières que l’on ne peut attribuer à une machine ». En outre
cela poserait de nombreuses questions : Quelle éthique implémenter ? Les situations complexes
peuvent-elles être appréhendées par un logiciel ? Comment le logiciel abordera-t-il les confl its de
valeurs ? « Il y a un sens profond et une importance cruciale à maintenir l’humain dans la boucle
de décision morale », insiste l’orateur.
Quant aux conséquences, elles pourraient être effrayantes. L’usage d’armes autonomes pro-
voquerait, selon le professeur namurois, « une volonté de vengeance et de destruction plus
grandes d’humains par des méthodes plus barbares (terrorismes). Des risques d’escalade de la
violence liés au caractère ressenti comme déloyal et asymétrique de ce type d’armes ne doivent
pas être négligés ». Autres conséquences à craindre : une banalisation de la guerre, devenue
une entreprise sans risque pour celui qui l’entreprend, ou une déresponsabilisation sous le cou-
vert de défaillances technologiques. Plus largement, la politique, la diplomatie et la profession
militaire risqueraient d’être vidées de leur sens. On assisterait alors à une dépolitisation qui va
de pair avec une déshumanisation.
En guise de conclusion, Dominique Lambert invite chacun à réfl
échir à la place qu’occuperait
encore l’Homme dans un monde peuplé de robots autonomes : « Il serait auto-contradictoire de
promouvoir des robots qui fi nalement mettraient l’homme complètement hors-jeu en le privant
de sa capacité de décider, de réconcilier, d’humaniser et de construire lui-même son histoire ».
A.M.
«
Sans être technophobe, le professeur
Lambert a défendu la place de l’Homme
dans sa capacité à décider, à réconcilier, à
humaniser et à construire son histoire.
DU LABORATOIRE AUX PATIENTS
Thrombose et hémostase :
UNE APPROCHE
Responsables d’accidents cardiovas-
culaires (infarctus du myocarde ou
accident vasculaire cérébral), les
thromboses artérielles représentent
la première cause de mortalité dans les pays
industrialisés. En Belgique, 15.000 patients en
décèdent chaque année et 10.000 personnes
souffrent de thrombose veineuse, dont environ
un tiers meurent ensuite d’embolie pulmonaire.
Pour prévenir ces pathologies, différents trai-
tements existent : l’aspirine, les antivitamines
K ou encore les nouveaux agents anticoagu-
lants. Néanmoins, leur utilisation nécessite un
suivi régulier en raison des risques associés à ces traitements. On estime en effet que 50 %
des patients sont confrontés à des problèmes de
sous ou surdosage aigus ou chroniques.
Du laboratoire universitaire à l’hôpital et de
l’hôpital au laboratoire universitaire, les échanges
au sein du NTHC sont quotidiens. À partir des
dosages sanguins des patients, l’équipe du pro-
fesseur Jean-Michel Dogné, directeur du Dépar-
tement de pharmacie de l’UNamur, développe
et valide des outils d’analyse qui permettent de
détecter les risques de thrombose ou d’assurer
un suivi des patients sous traitement. À titre
d’exemple, ces outils visent à identifier des
microparticules sanguines libérées en cas de
thrombose ou de risque de thrombose qui peuvent
servir de biomarqueurs. L’Université dispose en
effet d’un matériel pointu et d’une expertise
pour développer ce type de techniques. Ces
tests sont ensuite appliqués et validés au sein du
laboratoire clinique co-dirigé par les professeurs
Responsables d’accidents
cardiovasculaires les
thromboses artérielles
représentent la première
cause de mortalité dans
les pays industrialisés.
Le NTHC en chiffres…
7 professeurs
Une dizaine de Médecins/
pharmaciens cliniciens
Une trentaine de publications
de qualité et une centaine
de conférences nationales et
internationales en 3 ans
7 doctorants
Une dizaine de projets de
recherche
2000 patients suivis /an
À LIRE…
Enseigner le lexique
Garcia-Debanc Cl., Masseron C. et Ronveaux C. (sous la direction de)
PUN, 2013
Les patrimoines littéraires à l'école : usages et enjeux
Sylviane Ahr et Nathalie Denizot (sous la direction de) - PUN, 2013
Villes martyres
Marck Derez et Axel Tixhon (sous la direction de) - PUN, 2014
Visé, Aarschot, Andenne, Tamines, Dinant, Leuven, Dendermonde. Belgique-Août-septembre 1914
www.pun.be
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Christian Chatelain (à droite) et son équipe entendent donner à tous les médecins, de toutes les disciplines,
une information solide et cohérente sur les thromboses et l'hémostase.
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