Hypertension artérielle pulmonaire et dysfonction ventriculaire droite en IRM : influence du phénotype. N. Creuzé1, S. Hoette2, D. Chemla3, O. Sitbon2, M. Humbert2, G. Simonneau2, D. Musset1 1Radiologie, Hôpital Antoine Béclère, Clamart, France; Hôpital Antoine Béclère, Clamart, France; 3EA4046, Paris Sud University, Bicêtre, France 2Pneumology Contexte ► La fonction ventriculaire droite a une implication pronostique majeure chez les patients souffrant d’HTAP ► Un seuil <45% de fraction d’éjection ventriculaire droite (FEVD) est classiquement retenu pour définir une dysfonction droite ► Un étude de la fonction droite en IRM (Maceira et al. Eur Heart J 2006) a récemment documenté les valeurs de références de la FEVD normalisée par l’âge et en fonction du sexe sur un large échantillon de sujets sains. Objectifs ► Comparer, dans l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), la prévalence de la dysfonction ventriculaire droite définie par un seuil fixe (fraction d’éjection ventriculaire droite FEVD < 45%) à celle définie par un seuil de FEVD basé sur le phénotype (âge et sexe). Méthode ► 49 patients ont été inclus de façon prospective (tableau 1) ► Le cathétérisme cardiaque droit et l’IRM cardiaque ont été réalisés dans un délai <48h (tableau 2 et 3). ► La FEVD a été calculée sur des coupes ciné jointives de 6 mm (14 à 18 coupes) en petit axe selon la règle de Simpson modifiée. Résultats 1 n =49 Age, ans Sexe IMC, m2 NYHA n =49 60 ± 13 24 F / 25 M 1,8 ± 0,3 2 I, II 3, III 38, IV 6 Test de marche 6 mn, m (n=45) 380 ± 125 SVO2, % (n=47) 62 ± 11 Diagnostic 14 HTAP idiopathiques 4 atteintes parenchymateuses 29 HTAP PE 2 multifactoriels Tableau 1 : caractéristiques cliniques: IMC: index de masse corporel NYHA: classe fonctionnelle de la New York Heart Association SVO2: saturation veineuse en oxygène POD, mmHg n=48 PAPm, mmHg Pcap, mmHg (n=46) 7±5 44 ± 11 7±3 Débit, l/min 4,5 ± 1,5 IC, l/min/m2 2,5 ± 0,7 RPT, uw RVP, uw (n=46) 10,8 ± 5,4 8,9 ± 4,2 Tableau 2 : caractéristiques hémodynamiques: POD: pression de l’oreillette droite PAPm: pression artérielle pulmonaire moyenne Pcap: pression artérielle pulmonaire d’occlusion IC: index cardiaque RPT: résistances pulmonaires totales RVP: résistances vasculaires pulmonaires Résultats 2 n = 49 VTDVD indexé, ml/m2 99 ± 30 FEVG, % 62 ± 12 VTSVD indexé, ml/m2 69 ± 28 FEVD, % 33 ± 14 VESVD indexé, ml/m2 30 ± 13 TAPSE, mm 13 ± 4 1,2 ± 0,4 RVFAC, % 26 ± 12 Compliance AP, % 15 ± 13 STDVD/STDVG Vitesse moyenne AP, cm/sec 9±4 Tableau 3: Morphologie et fonction ventriculaires à l’IRM VTDVD: Volume télédiastolique du ventricule droit VTSVD: Volume télésystolique du ventricule droit VESVD: Volume d’éjection systolique du ventricule droit FEVG: Fraction d’éjection du ventricule gauche FEVD: Fraction d’éjection ventriculaire droite TAPSE: Excursion systolique du plan de la valve tricuspide RVFAC: Changement surfacique fractionnel du ventricule droit Moyenne +/- DS Résultats 3 ► La FEVD était négativement corrélée: à la PAPm (r= - 0,67; p<0,001) (figure1) et aux résistances vasculaires pulmonaires (r= - 0,64; p<0,001) (figure2). ► Avec un seuil fixe de FEVD < 45%, 38/49 patients (78%) avaient une dysfonction droite (figure3). Résultats 4 r= - 0,64; p<0,001 r= - 0,67; p<0,001 70 60 60 50 50 RVEF, % 70 40 30 40 30 20 20 10 10 0 0 20 30 40 50 mPAP, mmHg 60 70 Figure 1: Correlation entre la FEVD (RVEF) et la PAPm 0 5 10 PVR, wu 15 20 Figure 2: Correlation entre la FEVD et les résistances vasculaires pulmonaires (PVR). Résultats 5 Figure 3: FEVD considérées comme normales (au dessus de zéro) avec un seuil fixe à 45%. Figure 4: FEVD considérées comme normales (au dessus de zéro) en utilisant comme seuil la limite inférieure de l’intervalle de confiance à 95 % de la FEVD ajustée au phénotype dans un large échantillon de sujets sains Résultats 6 ► En utilisant comme seuil la limite inférieure de l’intervalle de confiance à 95% des valeurs normales ajustées pour l’âge et le sexe (Maceira et al., Eur Heart J 2006) , 46/49 patients (94%) avaient une dysfonction droite (figure 4). ► En d’autres termes, la fonction ventriculaire droite de 8 des 49 patients (16%) était considérée comme normale en utilisant un seuil fixe alors que ces patients présentaient une dysfonction droite après ajustement au phénotype. Conclusion ► Dans l’HTAP, pour un patient sur six, l’utilisation en IRM cardiaque d’un seuil de FEVD corrigé pour le phénotype démasque la présence d’une dysfonction ventriculaire droite méconnue par l’emploi d’un seuil fixe de 45%.