La Belle Epoque 1880/1896 - 1914 Pourquoi 1880 et pourquoi 1896 • • • • • • • 1880: amnistie des communards la culture républicaine: Marseillaise: hymne national (1879) 14 juillet: fête nationale (1880) Majorité républicaine (1877, 1879) 1896: fin de la Grande dépression (1873-1896) Longue dépression (après 1929) Caractéristiques de la BE • • • • • La „républicanisation“ Le „ralliement“ Une période de paix Un nationalisme revanchard Lente urbanisation (population rurale presque 60 %) • Retard dans l‘industrialisation • Démogaphie peu dynamique Quelques mouvements • • • • • Patriotisme Nationalisme Radicalisme Socialisme anarchisme Les grandes crises du régime • • • • • • • La crise du 16 mai 1877 et ses conséquences La crise de Panama Le Boulangisme L‘affaire Dreyfus: 1894-1906 Emile Zola: J‘accuse (1898), sa mort L‘action française Le sionisme L‘Affaire Dreyfus • • • • • • • • • • Octobre 1894: arrestation Décembre 1894: condamnation 1895: dégradation 1896: premiers dreyfusards (Bernard Lazare) 1897: révélation de la culpabilité du commandant Esterhazy. Méline: „Il n‘y a pas d‘affaire Dreyfus) 1898: J‘acccuse et deux procès Zola 1898: suicide du colonel Henry 1899: deuxième procès Dreyfus, condamnation et grâce présidentielle 1900 amnistie générale 1906 „réhabilitation“ Les hommes (et une femme) politiques • • • • • • • • Adolphe Thiers (1797-1877) Louise Michel (1830-1905) Léon Gambetta (1838-1882) Jules Ferry (1832-1893) Georges Clemenceau (1841-1929) Jean Jaurès (1859-1914) Aristide Briand (1862-1932) Raymond Poincaré (1860-1934) Les gouvernements 1900-1914 • • • • • • • • • • • Ministère Waldeck-Rousseau 6/1899-6/1902 Ministère Combes 6/1902-1/1905 Ministère Rouvier 1/1905-3/1906 Ministère Sarrien 3/1906-10/1906 Ministère Clemenceau 10/1906-7/1909 Ministère Briand 7/1909-11/1910 Deuxième ministère Briand 11/1910-3/1911 Ministère Monis 3/1911-6/1911 Ministère Caillaux 6/1911-1/1912 Ministère Poincaré 1/1912-1/1913 Encore cinq: Briand, Barthou, Doumergue, Ribot, Viviani Les dates clés • • • • • • • • • 1870: Proclamation de la République Gouvernement de la Défense nationale 1871: Thiers „chef du pouvoir exécutif“ 1871: Commune de Paris 1873: Max Mahon président de la République 1875: vote des trois lois constitutionnelles 1881-82: les lois scolaires 1884: syndicalisme 1884: „Les membres des familles ayant régné sur la France sont inéligibles à la présidence de la République“ Les dates clés • • • • • • • • • • • • 1887-1889: Boulangisme 1892: crise du Panama 1892-1894: attentats anarchistes 1894-1906: l‘affaire 1901: fondation du Parti radical et radical-socialiste 1905: Séparation de l‘Eglise et de l‘Etat 1905: fondation de la SFIO (Parti socialiste) 1905 et 1911: crises du Maroc 1906: vaste mouvement de grèves 1906: Charte d‘Amiens (syndicalisme) 1913: la loi des „trois ans“ 1914: mobilisation générale La société française • La paysannerie • 17 millions vivent de l‘agriculture • Le monde rural non limité à la paysannerie: 22 millions de Français répartis sur 35000 communes rurales • 17 millions dans 1400 communes • Agriculture première activité économique • Caractère traditionnel • Paysannerie parcellaire (morcellement) • Diversification: • - gros fermiers • - petits exploitants • - prolétariat rural La société • • • • • Paysans méprisés, humiliations Langue: deux langues: français (école), patois (service militaire) Image négative dans la littérature, Balzac, Zola, Bécassine (BD) Monde rural considéré comme stupide, retardé, réactionnaire – accapareur • Solidarité: défense du monde rural • phobie de la société industrielle • contre l‘exode rural • contre la poussée du socialisme La bourgeoisie • La bourgeoisie hierarchisée • La grande bourgeoisie: finance, banques, industrie • Certaines industries entre les mains de familles: • - Textile (Dansette, Motte) dans le Nord • - Sidérurgie: Wendel, Schneider en Lorraine • Le Creusot: pouvoir régional • - chimie: Kuhlman, Péchiney, Saint-Gobain La bourgeoisie • • • • • • • • • • Moyenne et petite bourgeoisie Milieu hétérogène Patrons de PME Salariés de la fonction publique Artisans, employés Fidèles au régime républicain et au radicalisme En périodes de crise: ouverts aux démagogues Vers fin 19e appauvrissement ou très faible enrichissement Antisémitisme Edouard Drumont: antisémitisme populaire, petite et moyenne bourgeoisie appauvrie par les juifs, le complot juif La bourgeoisie • Bourgeoisie désigne une classe sociale • Au 19e: une classe montante, pas encore vraiment dominante, noblesse encore un pouvoir non négligeable • Le bourgeois: une personne aisée qui habite la ville • Qui a des revenus réguliers et un patrimoine • On lui associe l‘aisance, non la fortune • L‘idée de moyenne, entre prolétaires qui n‘ont rien et les privilégiés qui ont tout Le „bourgeois“ • L‘adjectif „bourgeois“: plusieurs sens péjoratifs: sans goût, sans dignité, mesquin, vulgaire (Emile Littré, Dictionnaire de la langue française, caricatures d‘Honoré Daumier) • Image aussi véhiculée par la littérature, longue tradition (Molière, Le bourgeois gentilhomme) • Deuxième moitié du 19e image reprise par les auteurs; le bourgeois est un être bas, ridicule, l‘argent reste pour lui la mesure de toutes choses. C‘est un parvenu, profiteur des révolutions ou de spéculations • Atention: ce n‘est pas du grand bourgeois qu‘on se moque, mais des petits qui veulent sortir de leur condition et se rendent ainsi ridicules. Le bourgeois chez Flaubert • Gustave Flaubert • Son oeuvre et sa correspondance: invectives contre le bourgeois: épais, inepte, pense bassement (types comme Homais; Bouvard et Pécuchet; Dictionnaire des idées reçues) • Personnages sans goût, aucun sens pour la poésie, la musique (les artistes „des fainéants“) • Flaubert critique un monde fondé sur l‘argent, les valeurs matérielles, la production (culture = pure distraction) • Donc une critique de l‘inculture et du conformisme, moins critique d‘une appartenance sociale que d‘un comportement. Le monde ouvrier • Le monde ouvrier: diversité • Contraste entre entreprises concentrées et les très nombreuses petites structures • Immigration: étrangers dans des conditions souvent prolétariennes • En général: condition ouvrière s‘améliore • Mais: • Croissance économique – prix augmentent – les salaires moins, donc: • Précarité, manque de sécurité sociale • Relative faiblesse du mouvement ouvrier, car séparation entre socialisme et syndicalisme (Chartes d‘Amiens), contrairement à l‘Allemagne et l‘Angleterre Le monde ouvrier • En 1914: 4,5 millions d‘ouvriers (1/3 de la population active) • Salaires: après augmentation réelle entre 1871 et 1905, baisse de 1905 à 1914 • Jusqu‘à 50% de moins pour les femmes • Disparité Paris – provinces • Chômage élevé • Dans l‘ensemble condition de pauvreté et de précarité • Crise du logement (Paris!), insalubrité, exiguïté Le monde ouvrier • • • • • • • • • • • • Progression du nombre des ouvrières Plus de deux millions en 1906 Industrie textile, manufactures de tabac, industries alimentaires Travail sous-rémunéré Syndicats dénoncent le travail féminin (baisse de salaires et chômage des hommes) Prostitution à Paris: provinciales sans travail Protection sociale: les femmes totalement oubliées Dispositions légales: 1848: travail quotidien limité à 12 heures 1892 et 1900: 10 heures pour les moins de 16 ans 11 heures pour les moins de 18 ans Effets pervers de ces mesures (licenciement des femmes et des jeunes) La condition ouvrière • • • • • • • • • • • • Précarité Violence - dureté des conditions du travail - semaine légale: 6 journées de 12 heures - vie professionnelle – usure (mort plus précoce) - accidents du travail - maladies Violence des mœurs Problèmes financiers (loyers impayés, ardoises) Alcoolisme (Zola: L‘Assomoir) Campagnes de la CGT contre l‘alcoolisme Délinquance: progression de la criminalité, dénoncée par la presse, climat de peur dans la population • Autour de l‘Exposition universelle: des bandes organisées Les ouvriers de la Belle Epoque • • • • • • • • • • • • • • La Belle Epoque une période de grèves Les ouvriers considérés comme danger social - la délinquance („classe laborieuse, classe dangereuse“) - réputation de „rouges“ (Commune de Paris) - l‘Etat et le patronat surveillent de près - mouvement ouvrier ne cesse de gagner en force - son expression: la grève 1900: 890 grèves 1904: 1100 1906: 1350 1910: 1500 Entre 1906 et 1910: pas seulement de plus en plus nombreuses, mais souvent violentes 1906: Clemenceau ministre de l‘Intérieur, puis président du Conseil Crée ministère du travail (ses idées sociales) Les grèves • • • • • • • • • • • • • Les grèves entre 1906 et 1909 (ministère Clemenceau): soutenues par Jaurès et la SFIO En 1906: catastrophe de Courrières (coup de grisou, 1100 morts) Grève, violence, troubles, incidents Clemenceau fait appel à la troupe („danger d‘une révolution“) Grèves dans d‘autres secteurs: - bâtiment - métallurgie - automobile En 1907: électriciens de Paris, ouvriers dans l‘industrie (chaussure): heurts entre la troupe et les grévistes: des blessés, des morts Insurrection du midi viticole En 1909: grève des postiers En 1910: grève des cheminots Sur le plan théorique: Georges Sorel, Réflexions sur la violence: mythe de la grève générale Le sydicalisme • • • • • • • • • • • • • Luttes sociales de 1906 à 1910: mais faible puissance du syndicalisme français En 1902: 108.000 salariés syndiqués En 1910: 330.000 Taux de syndicalisation 4 – 9%, un taux parmi les plus bas des pays industriels La question sociale posée depuis le milieu du 19e siècle (paternalisme de Napoléon III) Mouvement ouvrier Mouvement socialiste Mouvement syndicaliste Obligent l‘Etat à intervenir 1898 loi sur les accidents du travail (première loi d‘assurance sociale) 1905 assistance obligatoire aux vieillards infirmes 1910 retraites ouvrières et paysannes Sont des progrès notables, mais réticence du patronat (libéralisme) • Dans l‘ensemble la France de la Belle Epoque entre dans l‘ère industrielle. Le colonialisme français • • • • • • • • • Deux empires coloniaux: 1er: du début du XVIIe siècle au début du XIXe 2e: de 1830 à 1962 La formation de l‘empire colonial se déroule sur une longue période (quatre siècles) L‘expansion se base sur plusieurs facteurs: - une pression démographique - la recherche de profits commerciaux et financiers - une mission „civilisatrice“ - la volonté de maintenir la puissance de la France dans le monde Première expansion coloniale • Première expansion a pour motif le refus par les rois de France d‘accepter le partage du Nouveau Monde entre l‘Espagne et le Portugal • Au 16e siècle François Ier (Clément VII): le partage ne concerne pas les terres qui restent à découvrir • Jacques Cartier (1491-1557) „découvreur du Canada“ • Il essaie de s‘établir dans la baie de Rio de Janeiro et en Floride • Opposition du Portugal et de l‘Espagne, puis les guerres de religion: fin de ces initiatives Le colonialisme • Les expéditions reprennent sous Henri IV (1589-1610) et surtout sous Richelieu et Colbert • Des colonies fondées en Amérique du Nord (la Louisiane, 1682), aux Antilles, la Guyane • Des Comptoirs sont ouverts en Afrique et sur l‘Océan Indien (Chandernagor, Pondichéry) • En 1713: recul territorial au profit de l‘Angleterre • L‘expansion française atteint son apogée au milieu du XVIIIe siècle • En Amérique du Nord: du Canada à la Louisiana • En Inde Réduction de l‘empire • Ce véritable empire bientôt réduit et détruit • Série de conflits avec l‘Angleterre • L‘Angleterre profite de la guerre de Sept Ans (1756-1763) pour conquérir le Canada (1759) et pour asseoir son hégémonie sur l‘Inde • 1763: Traité de Paris: pour la France: perte de l‘Amérique du Nord (Louisiane), de plusieurs îles des Antilles, des comptoirs du Sénégal; marque la fin de la présence française en Inde. Perte des colonies • Revanche de la France • Entre 1778 et 1783 soutien des treize colonies britanniques révoltées (Etats-Unis d‘Amérique) • Traité de Versailles (1783): la France renonce à reprendre pied en Amérique du Nord • Tentatives de Napoléon de récupérer la Louisiane se solde par un échec tout comme la tentative de garder la colonie de SainteDomingue (Haiti) – révolte des esclaves noirs Congrès de Vienne • Une conséquence des guerres napoléoniennes (en guerre contre l‘Angleterre): perte de toutes les possessions françaises d‘outre-mer. • A l‘issue du Congrès de Vienne la France recouvre une partie de ses anciennes colonies et de ses comptoirs: Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, les comptoirs du Sénégal et de l‘Inde et l‘île de la Réunion (île Bourbon) Dimensions de l‘empire • Cet emsemble compte moins de 500.000 habitants sur 7.000 km2 • La France 5e rang des puissances coloniales: • - la Grande-Bretagne • - les Pays-Bas • - l‘Espagne • - le Portugal Début du second empire colonial • Les rapports entre la France et la régence turque d‘Alger se détériorent dans les années 1820 • Charles X (1824-1830) décide une action militaire: prise d‘Alger inaugure la conquête de l‘Algérie et la création d‘un véritable empire colonial • La monarchie de Juillet (1830-1848): née de l‘opposition libérale à l‘expédition d‘Alger: évacuation de l‘Algérie ajournée, finalement colonisation de toute l‘Algérie (1840). • Dans le même temps: la flotte envoyée pour occuper des „points d‘appuis“ en Afrique (Côte d‘Ivoire, Dahomey, Gabon), dans l‘océan Indien (Mayotte, Madagascar) et dans le Pacifique (Tahiti). Second Empire et les colonies • La IIe République: abolition de l‘esclavage dans les colonies, mais pas d‘extension du domaine colonial français. • Reprise sous le Second Empire: Sénégal; intervention militaire au Liban et en Syrie (secourir les chrétiens menacés); percement du canal de Suez (Ferdinand de Lesseps); intervention en Chine et en Annam (Vietnam central); annexion de la Cochinchine (Sud du Vietnam); protectorat sur le Cambodge; implantation en NouvelleCalédonie. • En somme: l‘empire colonial deux fois plus étendu que la métropole (un million de km2 contre 550.000) avec seulement 5,4 millions d‘habitants. • Aprés une pause due à l‘effondrement du Second Empire et la défaite dans la guerre franco-allemande reprise de l‘extension coloniale à partir de 1879/1880. Expansion coloniale sous la IIIe • 1879/1880 le point de départ d‘une expansion coloniale sans précédent • Fièvre qui gagne toutes les puissances européennes: une sorte de partage du monde (partage de ce qui peut encore être partagé) • Plusieurs facteurs: • - crise économique de 1873 (insuffisance des marchés traditionnels, surproduction) • - ancienneté du fait colonial • - grandeur nationale, rivalités internationales • - les colonies sont des zones d‘influence Expansion coloniale • 1881: première implantation en Tunisie • Régime de protectorat: la politique étrangère et militaire, parfois aussi les affaires intérieures assurées par la puissance protectrice (de tutelle) • Ensuite: le Tonkin (Vietnam du Nord) • 1885: Madagascar sous contrôle de la France et l‘expansion reprend en Afrique noire • Très forte opposition à cette politique incarnée par Jules Ferry. L‘opposition à la colonisation • • • • Opposition hétéroclite: - les catholiques (sa politique scolaire) - les nationalistes: „la ligne bleue des Vosges“ - les socialistes: lutte contre le colonialisme est un aspect de la lutte contre le capitalisme, mais les socialistes encore peu influents • Georges Clemenceau • L‘opinion publique divisée: expéditions lointaines avec des soldats du contingent Le „parti colonial“ • Vers 1890 constitution d‘un „parti colonial“ (pas un parti politique) • En 1889 (exposition universelle) un congrès colonial réuni à Paris, des groupes coloniaux se forment à la Chambre et au Sénat, sortes de lobby: • Hommes politiques, économistes, militaires, explorateurs, géographes, banquiers, industriels, hauts fonctionnaires avec soutien d‘une grande partie de la presse • Le Comité de l‘Afrique française (1890) lance des campagnes pour l‘occupation de certains territoires: le Tchad, le Niger, l‘Afrique centrale, demande la pénétration au Sahara. Justifications de l‘expansion • Le Maroc: d‘abord le statu quo, ensuite la „pénétration pacifique“, finalement la solution du protectorat. • L‘empire colonial est nécessaire: • - assurer l‘avenir de la France dans les nouveaux continents • - y réserver un débouché pour les marchandises françaises • - y trouver des matières premières pour les industries françaises. • En 1894 est fondé le Ministère des colonies. Oppositions et résistances • Toujours de l‘opposition à l‘expansion coloniale, mais de plus en plus le fait de l‘extrême gauche (des socialistes) qui se heurte à une propagande colonialiste intense (la place au colonialisme dans les expostions universelles 1889 et 1900) • Rivalité entre Etats colonisateurs de plus en plus âpre: les territoires moins nombreux et d‘autres puissances réclament leur part (Allemagne, Italie). • La colonisation non sans résistance, partout recours à la force: en Indochine résistance armée jusqu‘en 1905, protectorat établi sur le Laos • Conflits avec le Siam (Thaïlande) • A Madagsacar: une expédition militaire particulièrement meurtrière, annexion en 1896 Organisation coloniale • Organisation en Afrique: • En 1904 est créée l‘AOF (Afrique Occidentale Française): la Côte d‘Ivoire, le Dahomey (Benin), la Guinée, le Haute-Volta (Burkina Faso), la Maurétanie, le Sénégal, le Niger, le Soudan. • En 1910 l‘AEF (Afrique Equatoriale Française): la République Centrafricaine, le Congo, le Gabon, le Tchad. • La conquête du Sahara réalisée par étapes, le Maroc devient protectorat en 1912. • En 1914 l‘empire colonial français s‘étend sur 14,4 millions de km2 et compte près de 48 millions d‘habitants. Premier empire colonial • - la Nouvelle-France (l‘Acadie, le Canada, la Louisiane, la région des Grands lacs) • - des îles Caraïbes (Anguilla, Antigua, Grenade, Tobago, Saint Domingue) • - Rio de Janeiro; les îles Malouines • - Ile Maurice; les Seychelles • Les Indes françaises (la moitié de l‘Inde) Second empire colonial • Les Caraïbes: Guadeloupe (1er empire colonial), Martinique (1er), Saint-Martin (1er), Saint-Barthélémy (1er) • Amérique du Sud: Guyane française (1er) • Afrique du Nord: Algérie, Tunisie, Maroc • Afrique sub-saharienne: Bénin (Dahomey), Burkina Faso (Haute-Volta), Cameroun (1919), République centrafricaine, Tchad, République du Congo, Gabon, Guinée, Côte d‘Ivoire, Mali (Soudan français), Mauritanie, Niger, Sénégal (1er), Togo • Mer Rouge: Djibouti, Somalie • Moyen-Orient: Syrie (1920), Liban (1920) • Asie du Sud: Pondichéry, Chandernagor Second empire colonial (2) Océan Indien: Comores, Madagascar (1er), île Maurice, Mayotte, La Réunion (1er), Tanzanie (Zanzibar) Indochine: Cambodge, Laos, Vietnam (Tonkin, Annam, Cochinchine) • Chine: Concessions françaises de Shanghai, de Tianjin (Pékin) ainsi qu‘à Wuhan et Canton • Océanie: Ile de Clipperton, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis-et-Futuna Aujourd‘hui • Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, SaintBarthélémy • Guyane française • Mayotte, La Réunion, Iles Eparses (île Europa, îles Glorieuses etc) • Ile de Clipperton (Ile de la Passion), NouvelleCalédonie, Polynésie française, Wallis-etFutuna • Terre Adélie en Antarctique L‘empire colonial n‘est pas un „empire“ • „Empire colonial“ ne signifie pas une structure uniforme, mais seulement un ensemble de territoires dépendants, ce n‘est pas un „empire“. • Quelques colonies seulement sont représentées au Parlement français, comme l‘Algérie, la Guyane, la Réunion, le Sénégal etc.; la diversité des régimes administratifs tient compte des particularités locales et régionales. • On distingue trois types de personnes: • - les citoyens (essentiellement métropolitains) • - les sujets (les indigènes dans les territoires d‘administration directe) et • - les protégés ( les indigènes dans les protectorats). • 1,300.000 Français seulement vivent dans les colonies, mais l‘Algérie à elle seule compte 800.000 habitants d‘origine française. Oppositions et résistances • Existence déjà de mouvements nationalistes, mais très localisés. • En Tunisie, p. ex. est créé en 1907 le Comité Union et Progrès: grèves d‘étudiants en 1910, quelques manifestations avant 1914. Mais ces mouvements nationalistes surtout portés par des minorités d‘intellectuels. • Les résistances armées presque partout brisées et pas encore de mouvements nationalistes disposant d‘une base populaire et visant à l‘indépendance. • Les choses vont changer après la Première Guerre mondiale. L‘empire colonial après la Grande guerre • Après 1918/1919 une nouvelle expansion du domaine colonial: la SDN (Société des nations) confie à la France des mandats sur le Togo, le Cameroun, le Liban et la Syrie. • Des troubles graves éclatent dans l‘entre-deux-guerres: • - déception générale (promesses faites pendant la guerre non tenues) • - renforcement de l‘exploitation économique • - déclin de la puissance de l‘Europe • - influence de la révolution en Russie • En métropole malgré une opposition plus nette depuis la création du PCF (1920) l‘opinion ne met pas en doute la colonisation justifiée par: • - un nationalisme renforcé après la victoire • - le thème du génie assimilateur de la France. Les colonies pendant la seconde guerre • Pendant la Seconde guerre mondiale l‘empire a joué un rôle important: il a servi de base à la France Libre. • Mais la crise se manifeste aussi pendant la guerre. La France s‘oppose à la domination étrangère et les peuples soumis, colonisés veulent également se libérer de la domination (française). L‘état de dépendance ne pouvait pas être maintenu. • L‘assimilation autrefois demandée, mais refusée, est maintenant contestée. • Pendant la guerre encore, en 1944: Conférence de Brazzaville: jette les bases de l‘Union française qui éclate bientôt à cause de la guerre d‘Indochine et de la guerre d‘Algérie. La décolonisation • De Gaulle, de retour au pouvoir en 1958, une nouvelle formule: la Communauté française. Mais l‘un après l‘autre les territoires qui devaient constituer la Communauté deviennent indépendants. La décolonisation achevée en 1960-1962. • Un paradoxe: restent au sein de la République des territoires qui ont appartenu, pour la plupart, au premier empire colonial: les DOM (la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane), les TOM dans l‘Océan Atlantique (Saint-Pierre-et-Miquelon), dans le Pacifique (Tahiti, la Nouvelle-Calédonie) et dans l‘Océan Indien. Oppositions et résistance • Le Maroc ébranlé en 1925-1926 par la révolte d‘Abd el-Krim: une guerre dure (soldats du contingent), capitulation d‘A. Les jeunes intellectuels marocains désirent une restauration de l‘indépendance d‘un Maroc modernisé. (Crises marocaines en 1905 et 1911). • En Algérie les colons s‘opposent à des réformes électorales ce qui conduit à une recrudescence de mouvements de résistance aux revendications diverses: • - revendication de l‘indépendance • - revendication de l‘assimilation • - attrait du communisme. • En Tunisie des troubles en 1920-1921: des réformes sont accordées. • Des mouvements de mécontentement au Proche-Orient. • Des mouvements révolutionnaires s‘organisent en Indochine. La francophonie • Terme lancé par le géographe Onésime Reclus à la fin du XIXe siècle • Deux significations: • - la langue française et le fait de parler cette langue • - l‘ensemble des Etats souverains ayant en commun l‘usage du français regroupés aujourd‘hui au sein de l‘OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) • 56 pays membres (25 africains), 19 pays observateurs, 890 millions de personnes „ayant en partage la langue française“ Francophonie (2) • Différenciation des pays membres: • - les pays ou régions de langue maternelle française • - les pays créolophones où la langue d‘usage est très proche du français (Antilles, Haïti) ainsi que ceux où le français est une langue de communication (Afrique noire, Madagascar) • - les pays où le français subsiste encore (Egypte, Syrie, Roumanie) ou est la première langue parlée • - et puis les pays au statut d‘observateurs (Autriche, Hongrie, Serbie, Géorgie, Estonie etc.) Organisation de l‘OIF • Les Sommets francophones des chefs d‘Etat et de gouvenement, tous les deux ans, depuis 1986 (Versailles), 2012: Kinshasa • Secrétaire général de la Francophonie (fonction créée en 1997 au Sommet de Hanoï) • - Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire général de l‘ONU): 1998 – 2002 • - Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal depuis 2003, réélu en 2006 (Sommet de Bucarest), réélu en 2010 (Sommet de Montreux). Opérateurs de la Francophonie • Agence universitaire de la francophonie (AUF) • Université Senghor d‘Alexandrie • TV5 (1984) – aujourd‘hui TV5 monde • Critique de la francophonie: néocolonialisme Les expositions universelles • Le début des Expositions Universelles et Internationales: à Londres en 1851 • Période de révolution industrielle et de colonialisme • Double thème des expositions: innovation industrielle (culte du progrès) et exotisme • Encore relativement rares au milieu du siècle, très nombreuses vers la fin. Expositions universelles à Paris • • • • 1855 – 1869 – 1878 – 1889 – 1900 Après la Grande guerre: - 1925: Exposition universelle de Paris - 1931: Exposition universelle de Paris, Exposition Coloniale Internationale • - 1837: Exposition universelle de Paris, Arts et Techniques (la dernière) • Une seule Exposition universelle à Vienne (1873), une seule en Allemagne (2000 à Hanovre) • En Belgique huit (Bruxelles, Liège, Gand, Anvers) Les expositions sont • • • • Le reflet de l‘état d‘une nation de sa vitalité économique de sa maîtrise technologique opération de propagande pour le pays organisateur (glorifier la grandeur de la nation) • contribuer au progrès des connaissances: conférences et congrès, visites guidées (en plusieurs langues) • Peu à peu le souci d‘enseignement concurrencé par la nécessité de distraire (pour faire des recettes) • Mais équilibre financier rarement atteint. L‘exposition 1855 • Sous l‘Empire de Napoléon III • Se tient sur le Champ de Mars (deviendra le site traditionnel) • Une exposition en pleine révolution industrielle; montrées les avancées dans les progrès industriels • 5 millions de visiteurs, mais déficit de plus de 8 millions de francs • Toutes les Expos réservent une place privilégiée à l‘architecture L‘exposition 1855 (2) • En 1839 construction d‘une rotonde sur les Champs Elysées, qui fera partie des bâtiments de l‘Expo, mais détruit l‘année suivante. • Un nouveau panorama, le Panorama National deviendra, en 1893, le Palais des Glaces, une des attractions de la BE • Est aujourd‘hui le Théâtre du Rond-Point (1981: la Compagnie Madeleine Renaud – Jean-Louis Barrault) L‘exposition 1867 • Se tient également au Champs de Mars. • Construction d‘un gigantesque édifice ovale dans lequel et autour duquel sont installés de nombreux petits pavillons nationaux et industriels (en 1855 des pavillons isolés). • Festival du Théâtre International (au Théâtre de la Gaité Montparnasse) • 1867 crise du régime impérial, revendication des „libertés nécessaires“ • 11 millions de spectateurs, bénéfice net de 4 millions de francs. L‘exposition 1878 • Autour du et sur le Champ de Mars • Un grand ensemble avec des galeries classées par nature dans un sens, par nations dans l‘autre. • Pour le première fois un thème dominant: eaux et forêts. • Architecture: construction du Palais du Trocadero (démoli en 1936), remplacé par l‘actuel Palais de Chaillot (1937), qui héberge plusieurs musées: le Musée de l‘Homme, le Musée de la Marine, la Cité de l‘architecture et du patrimoine, jusqu‘en 2005 aussi la Cinémathèque française. • 16 millions de visiteurs, déficit de presque 32 millions de francs L‘exposition 1889 • 6 mai – 31 octobre 1889 • Organisée à l‘occasion du centenaire de la Révolution française, conforte la République tourmentée par la crise Boulanger • Sur l‘esplanade des Invalides et sur le Quai d‘Orsay, trois bâtiments: le Palais des beaux-arts, la Galerie des machines et le Palais de l‘industrie • Le thème dominant: le gaz • Construction du symbole des symboles: la tour Eiffel (début de construction en 1887) • 28 millions de visiteurs, bénéfice de 8 millions de francs La Tour Eiffel • Manifestation de „l‘art de l‘ingénieur moderne“ • Les chiffres: 4.000 dessins et plans, 18.000 pièces de métal, 2,5 millions de rivets, une hauteur de 320 mètres, une masse de 9.700 tonnes; • Le coût du chantier 8 millions de francs, dont 1,5 de subventions de l‘Etat • La Société de la Tour Eiffel obtient l‘exploitation du monument pendant vingt ans • L‘année de l‘inauguration deux millions de visiteurs pour les six premiers mois • Le succès populaire retombe vite (150.000 au début du siècle); l‘existence de la Tour menacée La Tour Eiffel (2) • Critique des artistes et des architectes: „inutile et monstrueuse tour“, „squelette de beffroi“ (Verlaine), „une cheminée d‘usine“ • La Tour attire tous les motifs de rejet – esthétiques, spirituels, idéologiques – de l‘époque, au nom d‘un passé interprété comme un mythique âge d‘or; la Tour signifie l‘irruption d‘une modernité de rupture dans l‘architecture gothique et classique de Paris, l‘écrasement de NotreDame, le triomphe du „capital“ au service d‘une bourgeoisie républicaine. • En revanche: pour les avant-gardes, Apollinaire, les surréalistes, les peintres: une œuvre offerte à toutes les interprétations et à tous les fantasmes. L‘exposition 1900 • • • • • • • • • • • 15 avril – 12 novembre Exaltation de toutes les formes nouvelles de la technique, le bilan d‘un siècle De nombreux pavillons sur l‘esplanade des Invalides témoignent d‘un style nouveau: l‘Art nouveau L‘architecture est à l‘honneur: - le Grand Palais - le Petit Palais des beaux-arts - le Palais de l‘Electricité - la Gare d‘Orléans (inaugurée le 14 juillet 1900) - la Gare des Invalides - la Gare de Lyon aménagée - le Pont Alexandre III (première píère posée par le tsar) - la Tour japonaise et le pavillon japonais (Bruxelles) L‘exposition 1900 (2) • Inaugurée par le Président Emile Loubet: „la foi dans le progrès“; „le travail qui mène vers le bonheur“ • Le thème dominant: l‘électricité • La „Fée Electricité“: grande admiration par le palais qui lui est consacré, illuminé par plus de 10.000 lampes (Paris ville lumière) • La „Rue de l‘avenir“: un trottoir roulant (boucle de 3,5 km) • Le Métropolitain: première ligne: Vincennes – Porte Maillot; inaugurée le 19 juillet 1900; tout un symbole de la modernité • La technique pas encore au point, de nombreux courts-circuits • 10 août 1903: un court-circuit sur la ligne 2 (Nation – Porte Dauphine) provoque un incendie qui fait 82 victimes (asphyxiés) Le métro parisien • Conçu par Fulgence Bienvenüe (avec Edmond Huet) • Breton, Ecole Polytechnique, classé 9e à la sortie de l‘Ecole, ingénieur, entre à l‘Ecole des Ponts et chaussées • Toute sa vie consacrée aux chemins de fer • Conception d‘un réseau de transport urbain • Les entrées du métro (les bouches) conçues par Hector Guimard (Art nouveau) L‘Autriche à l‘exposition • L‘archiduc François-Ferdinand nommé „protecteur“ de la section autrichienne, Wilhelm Exner commissaire général. • Le pavillon impérial d‘Autriche situé au Quai d‘Orsay (Quai des nations) • La Hongrie a un pavillon à part • L‘Autriche représentée par les artistes de la Sécession; Auguste Rodin: „vous êtes des artistes qui oublient le présent afin d‘œuvrer pour l‘avenir“. La vie mondaine • Paris est centre de la vie mondaine: le „Bois“, les réceptions du Tout-Paris, les cafés et les théâtres du Boulevard, Paris centralise la vie artistique et littéraire, les peintres à Montmartre (le jeune Picasso). • Rencontre de toute l‘aristocratie européenne (Prince de Galles) • 22 septembre (jour de la proclamation de la Première République): grand dîner offert par le gouvernement aux maires de France (23.000 personnes); menu prestigieux, 39.000 bouteilles de vin. • Grande attraction: le cinéma (Auguste et Louis Lumière): l‘Expo lui dédie 18 emplacements différents dont le Cinématographe Lumière géant, un écran de 21 m de large sur 16 m de hauteur. Les peintres • Au Grand Palais dominent officiellement les impressionnistes (Degas, Monet, Pissaro, Renoir), mais ne font pas l‘unanimité: • Léon Gérôme (membre de l‘Institut) arrête Emile Loubet: „c‘est le déshonneur de la France“) • Un homme seul a organisé sa propre exposition à ses frais: Auguste Rodin présente ses plâtres, bronzes et marbres. • La préface du catalogue écrite par Claude Monet. Quelques chiffres • • • • • Plus de 50 millions de visiteurs 76.000 exposants Déficit de 2 millions de francs Prix de l‘entrée: 1 franc Une heure de travail payée entre 40 et 50 centimes Le cinéma • • • • Grande attraction L‘Exposition: une place exceptionnelle Pas moins de 18 emplacements: - le cinématographe Lumière géant: écran de 21 mètres de large sur 16 mètres de hauteur • - le cinéma de Raoul Grimoin-Sanson: écran circulaire à 360 °, dix projecteurs • - le Phono-Cinéma-Théâtre de Clément Morice et Henri Lioret: première tentative de cinéma parlant (pas de suite avant la fin des années 20)