JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 310
HOMMAGE BORÉAL
PedVas est le nom abrégé de la demande de subvention
récemment acceptée du programme Équipes émergentes
sur les maladies rares des Instituts de recherche en santé
du Canada (IRSC) intitulée « Vascularite chronique de l'enfant :
caractériser les maladies rares individuelles pour améliorer les
résultats pour les patients ». Notre équipe réunit des rhumato-
logues (les Drs David Cabral, Susanne Benseler et Raashid
Luqmani), un clinicien-scientifique en rhumatologie (le Dr Dirk
Foell) et des scientifiques (les Drs Bob Hancock, Colin Ross et
Jinko Graham) dans le but d’exploiter la puissance de l’établis-
sement d’un lien entre les données d’un solide registre clinique
avec des données génomiques, transcriptomiques et pharma-
cogénomiques, ainsi qu’avec les données sur les biomarqueurs, et
ce, dans le but ultime d’améliorer le diagnostic et de favoriser des
traitements et résultats optimaux.
La célébrité presque éponymiques de la maladie de Kawasaki et
du purpura de Schönlein-Henoch camouffle le fait que les
enfants peuvent également être atteints par la plupart des types
de vascularite primaire chronique (VPC) qu’on retrouve plus
souvent chez les adultes, y compris la granulomatose avec
polyangéite, la polyangéite microscopique, la polyartérite
noueuse et la maladie de Takayasu. Bien que rares, celles-ci
entraînent un lourd fardeau de morbidité pour les enfants
atteints et ceux qui les soignent; par rapport à l’ensemble des
maladies rhumatismales pédiatriques, elles sont associées à un
nombre disproportionné d’hospitalisations et décès à l’unité des
soins intensifs en rhumatologie pédiatrique.
Le périple vers l’obtention de cette subvention a été long. Bien
qu’il soit possible d’étudier avec succès quelques patients atteints
d’une maladie monogénique, l’étude de maladies polygé-
niques/multifactorielles, comme la VPC pédiatrique, exige un
plus grand nombre de patients. Les organismes subventionnaires
ont besoin de voir que les nombres de patients requis pour
l’étude sont atteignables avant d’investir. À cette fin, en 2005,
nous avons commencé par déterminer qu’en dehors des grands
centres d’aiguillage du Canada et des États-Unis, peu de rhuma-
tologues pédiatriques voyaient plus de deux nouveaux patients
atteints de VPC par année, et seulement 20 % d’environ
100 rhumatologues pédiatriques questionnés avaient vu plus de
10 patients atteints de VPC au cours de leur carrière.
Par la suite, par le biais des organismes embryoniques cana-
diens/américains d’investigation en rhumatologie pédiatrique
regroupés sous la bannière de CARRA (Childhood Arthritis and
Rheumatology Research Alliance), nous avons successivement
établi deux registres harmonisés et en ligne : les Drs Cabral et
Benseler ont respectivement été les principaux responsables de
l’établissement du registre ARChiVe (A Registry for Childhood
Vasculitis) pour la vascularite systémique en 2007 et du registre
BRAINWORKS pour l’angéite primaire du système nerveux cen-
tral en 2010. Malgré des ressources limitées, les deux initiatives
disposent de réseaux collaboratifs de « preuve de faisabilité »
incluant plus de 50 centres contribuant, certains en commun, et
s’étendant maintenant au-delà de l’Amérique du Nord. Nous
croyons que c’est ce travail préliminaire, la publication de
plusieurs manuscrits sur un nombre sans précédant de patients
pédiatriques (p. ex., plus de 150 avec vascularite associée aux
ANCA) et les rapports avec les initiatives de recherche avec la
vascularite adulte qui ont été à la base du succès de cette
demande de subvention.
Le défi clinique continu de la prise en charge de la VPC, tant
chez les enfants que chez les adultes, découle de la nécessité de
trouver un bon équilibre entre les risques du traitement par rap-
port aux dommages associés à un sous-traitement d’une maladie
agressive ou un surtraitement d’une maladie moins agressive.
L’évaluation de ce point d’équilibre en vue de personnaliser le
traitement chez les adultes s’est basée sur la capacité de caté-
goriser avec précision les différents types de vascularite et sur les
outils disponibles pour mesurer l’activité de la maladie, les dom-
mages et les résultats avant, pendant et après le traitement. En
raison de la rareté de la VPC chez les enfants, la plupart de nos
connaissances à propos de la pathogenèse, de l’évolution et des
traitements optimaux ont été adaptées à partir d’études chez des
adultes bien qu’il nous soit encore impossible de savoir si les
réponses immunitaires, les manifestations cliniques et les répon-
ses au traitement diffèrent chez les enfants ou dans quelle
mesure. De plus, chez les enfants, nous ne disposons pas de
données probantes sur lesquelles baser l’évaluation de l’équilibre
des risques : il n’existe pas d’outils de mesure de la maladie validés
spécifiquement pour les cas pédiatriques, ni d’études repères sur
les résultats ou d’essais cliniques.
La vascularite primaire chronique chez
les enfants : une nouvelle occasion de
recherche
par David Cabral, M.B. B.S., FRCPC, au nom des co-chercheurs Susanne Benseler, M.D., FRCPC,
Dirk Foell, M.D., Bob Hancock, Ph.D., Colin Ross, Ph.D., Jinko Graham, Ph.D. et Raashid
Luqmani, D.M., FRCP