LES ACCIDENTS BAROTRAUMATIQUES INTRODUCTION Le corps humain est composé : de solides (les os) de liquides (le sang et les tissus) de cavités replies de gaz (oreilles, sinus, tubes digestifs, poumons ) Le masque vient s’ajouter à ces dernières. Alors que les solides et les liquides sont pratiquement incompressibles, les gaz suivent la loi de Mariotte : -ils se compriment quand le plongeur descend -ils se détendent quand le plongeur remonte En cas de non équilibration avec la pression ambiante, lors des variations de pression, ces cavités peuvent subir des dommages. I - ACCIDENTS SURVENANT A LA DESCENTE A – Le placage de masque Cause : A la descente la pression appuie sur le masque et comprime le volume d’air interne jusqu’à la limite d’élasticité des parois. Le masque ne pouvant plus se déformer, l’air à l’intérieur du masque ne varie plus et la pression extérieure continue d’augmenter pression du masque < pression ambiante = dépression à l’intérieur du masque = effet ventouse s/ les parties du visage dans le masque Symptômes Troubles de la vision Vives douleurs aux yeux Hémorragie oculaire (éclatement de vaisseaux sanguins) Hémorragie nasale Gonflement des paupières Hématomes autour des yeux (œil au beurre noir) Prévention Souffler de l’air par le nez dans le masque afin d’équilibrer les pressions En cas d’accident Consulter un médecin ophtalmologiste II - ACCIDENTS SURVENANT A LA DESCENTE & A LA REMONTEE A - Les Oreilles (80 % des accidents de plongées) 1) Notion d’anatomie et de physiologie L’oreille est composée : de l’oreille externe reliée à l’extérieur par le conduit auditif de l’oreille moyenne et interne qui contient les organes de l’audition + équilibre L’oreille moyenne est séparée de l’oreille externe par une paroi souple et étanche, le tympan. Elle est reliée aux voies respiratoires par un canal appelé « trompe d’Eustache » 2) Causes L’air nécessaire à l’équilibre des pressions entre la caisse du tympan et le milieu ambiant, pénètre plus difficilement dans l’oreille moyenne qu’il n’en ressort (disposition anatomique). A la descente, la pression agît sur le tympan, membrane souple, en le poussant vers l’intérieur. L’air insufflé en réalisant un Vasalva par exemple permet équilibrer les pressions des 2 cotés du tympan. Si pas d’équilibre des pressions => risque d’accident => rupture du tympan => pénétration de l’eau A la remontée, La pression diminue, l’air contenu dans la cavité interne agit sur le tympan. Normalement, l’air s’échappe naturellement par la trompe d’Eustache => équilibre des pressions Si affection ORL et trompe d’Eustache traumatisée => plus d’ouverture passive => l’air ne s’évacue pas => risques d’accident 3) Symptômes Gêne et sensation d’enfoncement du tympan Douleur vive Si rupture du tympan : vertiges, bourdonnement, surdité, écoulement de sang dans le conduit audifif Si rupture du tympan suivie d’une irruption d’eau dans l’oreille => lésions dans l’oreille interne, vertiges syncope noyade Si atteinte de l’oreille interne : vertiges, nausées, bourdonnements persistent à la sortie de l’eau 4) Prévention Effectuer visite médicale afin de vérifier l’aptitude ORL à la plongée Ne pas plonger en cas d’infection, de rhume Equilibrer régulièrement sans attendre l’apparition de gêne en insufflant de l’air dans l’oreille moyenne par l’intermédiaire de la trompe d’Eustache pour équilibrer la pression interne et externe (Vasalva, Frenzel , BTV) Etre particulièrement prudent dans la zone des 10 mètres Privilégier la descente la tête en haut En cas de problème pendant la descente remonter légèrement et reprendre l’équilibrage Eviter l’usage des médicaments vasocontricteurs qui ne désobstrue que temporairement les trompes d’Eustache Ne jamais obturer le conduit auditif (coton, bouchon) Ne jamais forcer Ne jamais effectuer de manœuvre de Vasalva à la remontée (en + risque de SP) 5) Conduite à tenir en cas d’accident Ne mettre aucun produit dans le conduit auditif sans avis médical Consulter un médecin ORL En cas de suspicion d’atteinte de l’oreille interne : O2 + caisson hyperbare (élimination bulles dans l’Oreille) B - Les sinus 1) Notion d’anatomie et de physiologie Les sinus sont des cavités osseuses en contact avec les voies respiratoires tapissés d‘une muqueuse. Le système d’équilibrage des sinus est simple, l’air entre et sort des sinus sans manœuvre particulière. 2) Causes L’obturation d’un sinus peut être due : à une infection une sinusite, kyste, un simple rhume à un problème anatomique A la descente : si une obstruction (sinus/fosse nasale) empêche l’équilibrage => augmentation de la pression extérieure => pas d’équilibre des pressions => dépression => ventouse A la remontée : si une obstruction empêche l’air de sortir => diminution pression extérieure => surpression dans les sinus supportées par les parois rigides => désobstruction souvent douloureuse 3) Symptômes Violente douleur faciale au front ou à la mâchoire supérieure Larmoiements Saignement de nez Sensation de dents arrachées Rejet de mucosités dans le masque Mal de tête après la plongée 4) Prévention N’existe pas de manœuvre d’équilibrage des sinus Ne pas plonger en cas de rhume, de sinusite polypes Retirer le masque, se moucher, ne pas forcer Ne pas utiliser de vasocontricteurs (risques d’aggravation à la remontée) A la descente remonter de quelques mètres puis redescendre A la remontée redescendre puis remonter lentement 5) Conduite à tenir en cas d’accident Consulter un médecin ORL (surinfection) C – Les dents 1) Causes A la descente l’augmentation de la pression peut : déclancher des douleurs +/- vives sur des dents cariées multiplier les risques de dissémination microbienne entraîner un enfoncement du plombage entraîner une destruction de la dent A la remontée, la dilatation des bulles piégées dans une carie, sous un plombage et si l’orifice est trop petit, l’air ne peut s’échapper suffisamment vite et peut : provoquer des douleurs provoquer une explution du plombage provoquer des difficultés respiratoires si débris Les matériaux utilisés pour la reconstruction des dents contiennent parfois des microbulles. Il sont fragilisés et parfois détruits par les variations de volume. 2) Symptômes Violentes douleurs dentaires pouvant persister plusieurs heures après la plongée 3) Prévention Visite régulière chez le dentiste (lui-même plongeur) Ne pas plonger en cas de douleurs dentaires 4) Conduite à tenir en cas d’accident Redescendre de quelques mètres puis remonter très lentement afin que l’air puisse s’échapper lentement Consulter un dentiste III - ACCIDENTS SURVENANT A LA REMONTEE A – La colique du scaphandrier ou dilatation des gaz intestinaux et stomacaux (rare en plongée loisir) Cause Les gaz provenant de la fermentation des aliments ou de l’air avalé en plongée se dilatent pendant la plongée. Et s’ils ne peuvent s’échapper par voie orale ou anale, ils provoquent de violentes douleurs. Symptômes Douleurs abdominales intenses Angoisse Distension abdominale extrême Détresse ventilatoire Cyanose du visage Syncope Prévention Alimentation saine Eviter les féculents à forte fermentation Eviter les boissons gazeuses Eviter les déglutition répétées pendant la plongée (elle fait avaler de l’air) En cas d’accident Consulter en médecin Eventuellement recomprimer le malade en caisson B – La surpression pulmonaire (le + grave, débutants, faible niveau) 1) Cause Mécanisme Au cours de la remontée, la pression diminue => augmentation du volume d’air contenu dans les poumons Situation normale : excédent de gaz s’évacue normalement par l’expiration Présence d’obstacle à l’expiration : distention des alvéoles, déchirement Exemple Un plongeur est à 10 mètres et remplit ses poumons avec 5 litres d’air. A 10 mètres, la pression est de 2 bars, donc les 5 litres d’air auront en surface un volume de 2 x 5 = 10 litres, si le plongeur a bloqué sa respiration !!!! Les obstacles à l’expiration *Blocage de la glotte : Panique Eau dans le masque ou dans les voies aériennes Froid Perte de connaissance Début de noyade *Remonté panique *Problèmes médicaux : maladie pulmonaires malformations anatomiques *Manœuvre de Vasalva à la remontée (blocage de l’expiration) *Détendeur en panne Le risque de surpression est maximal près de la surface où les variations de pression sont plus importantes si la quantité d’air est importante au moment du blocage si la vitesse de remontée est trop rapide Facteurs favorisants Plongeur : faible niveau technique reprise d’activité changement de milieu anxiété essouflements Matériel : détendeur sans grand effort respiratoire masque combinaison lestage Milieu : eau froide froid le courant visibililté (stress) 2) Symptômes (apparition très rapide et varient selon la gravité) Douleurs thoraciques extrêmement violentes souvent syncopale + sensation d’étouffement Bave ou crachats sanglants Cou proéminent, gonflé, air insufflé sous la peau Signes neurologiques selon les zones lésées : Angoisse, fatigue intense, visage livide, refroidissement des extrémités Paralysie des membres ou de la moitié du corps (hémiplégie), paralysie respiratoire, crise épileptique, Perte de la parole, de la vue, vertiges, vomissements Syncope et mort 3) Prévention (facile) Expirer en remontant lentement (surtout pour le débutant entre 10 mètres et la surface) Ne jamais donner d’air à un apnéiste 4) Conduite à tenir en cas d’accident (cours de secourisme) Risque de mourir en quelques minutes Sortir la victime de l’eau, bilan, gestes de réanimation Inhalation d’O2 Eviter l’ hypothermie ou hyperthermia Aspirine (500 mg max) Recompression en caisson Ne pas réimmerger l’accidenté Si vous avez un problème, ne cédez pas à la panique, essayer de chercher de l'assistance auprès de votre moniteur ou d'un autre plongeur. Cet accident survient toujours à la suite d'une panique aux personnes ayant voulu agir seules.