fiscalité Claude PAIN Directeur départemental des impôts Chef du bureau de la publicité foncière (2002-2007) Directeur divisionnaire, responsable de l’informatisation des conservations des hypothèques (2000-2002) Directeur de séminaires à l’Institut d’études politiques (1998-2001) Membre de la mission interministérielle présidée par Jacques Roché sur le temps de travail dans les trois fonctions publiques (1998-1999) Vice-président directeur général de la mutuelle des agents des impôts (1990-2000) Inspecteur principal, chef de brigade à la Direction nationale des enquêtes fiscales (1989) Inspecteur vérificateur spécialisé (1981) La publicité foncière : un rôle et une mission mal connus, incroyablement modernes LA PUBLICITÉ FONCIÈRE : INDISPENSABLE ! Cette mission ancienne repose sur des textes cinquantenaires et une pratique robuste qui n’ont pas fait obstacle à une modernisation exemplaire. La publicité foncière assure la publicité des droits affectant les immeubles et fournit à toute personne les informations juridiques qu’elle sollicite. Elle contribue à la sécurité juridique du commerce immobilier (informations des contractants en vue d’une mutation immobilière, des tiers en vue d’une prise de garantie). La publicité foncière joue un rôle préventif des conflits susceptibles de naître et qui sont tranchés, le cas échéant, par le juge. De la nécessité de tracer la propriété et les propriétaires La question de la publicité foncière a divisé l’opinion et les juristes sur la primauté ou non du secret du patrimoine sur sa publicité. Si les révolutionnaires ont souhaité privilégier la publicité, le débat demeure ouvert sur le périmètre et sur le contenu des informations accessibles au public. La propriété figure en bon rang dans la déclaration des droits de l’homme mais sa protection ne peut aller jusqu’à menacer la sincérité des transactions immobilières et la solvabilité des débiteurs. De manière subsidiaire, mais pas innocemment, tracer les transactions permettait aux pouvoirs publics d’instaurer à cette occasion impôts et taxes. C’est la loi du 21 ventôse an VII (11 mars 1799) qui a attaché les conservations des hypothèques à la Régie nationale de l’enregistrement. Elle posait les bases d’un système simple dont les grands principes sont encore en vigueur aujourd’hui. Certains étaient déjà en application depuis 1771 notamment la responsabilité personnelle et civile des conservateurs : – le cautionnement que le conservateur est tenu de fournir et dont il doit justifier en déposant une expédition de l’acte de réception au greffe du tribunal civil de l’arrondissement dans lequel il exerce ses fonctions. Ce cautionnement demeure exclusivement affecté à la couverture des dommages causés aux tiers par les erreurs et omissions dont le conservateur est légalement responsable. Cette affectation subsistera pendant toute la durée de ses fonctions et dix ans après ; 968 – la rémunération des conservateurs au moyen d’un salaire payé d’avance par les requérants sur le montant représenté par la formalité, depuis 2002 la partie, environ 5 %, de ce salaire qui revient au titulaire du poste, n’est versée que lorsque les formalités sont traitées ; – la tenue des registres sur papier timbré et non plus sur papier libre (à noter que cette obligation a disparu depuis, favorisant la dématérialisation). Les règles attachées au statut du conservateur ne varieront ensuite qu’à l’extrême marge mais la publicité moderne vient, elle, de fêter ses 50 ans. Le décret du 4 janvier 1955, qui a valeur législative, et le décret du 14 octobre 1955 pris pour son application, apporteront à la fois une réforme du droit civil et une réforme de la technique de publicité foncière dont les principaux traits sont les suivants : . Sur le plan de la législation Toutes les hypothèques, qu’elles soient légales, judiciaires ou conventionnelles, y compris la plupart des privilèges, doivent être inscrites, et cela pour une somme donnée sur des immeubles bien désignés. Le nombre d’actes soumis à publicité se trouve considérablement augmenté (baux de plus de 12 ans, attestations de propriété après décès, quel que soit le nombre des successibles, les procès-verbaux du cadastre...). Les actes publiés doivent être authentiques, c’est-à-dire rédigés et signés par un notaire, lequel est délégataire de la puissance publique. Les conservateurs se voient dotés de moyens de sanction pour écarter de la publicité des documents qui ne sont pas correctement établis. . Une approche nouvelle de la technique hypothécaire Une nouvelle documentation facile à consulter est mise en place. Elle comporte trois types de fiches (les fiches personnelles, les fiches d’immeubles et les fiches parcellaires). Une identification certaine des personnes et des immeubles est exigée. Afin de prévenir toute lacune dans la chaîne des opérations publiées, le principe de l’effet relatif permet aux conservateurs de contrôler la continuité des actes entre eux et par là même la chaîne de propriété. La documentation, antérieurement à accès unique, personnel, devient à accès double personnel et réel (par l’immeuble). fiscalité Un interlocuteur unique dès 1971 ! La loi du 26 décembre 1969 a permis d’améliorer les relations avec les usagers en instituant la formalité fusionnée. Les actes notariés contenant un transfert de propriété immobilière sont obligatoirement soumis à la formalité d’enregistrement. Antérieurement, cette formalité était effectuée auprès des recettes des impôts qui prélevaient les droits de mutation. Elle était ensuite déposée à la conservation des hypothèques pour publication en contrepartie du versement des salaires et de la taxe de publicité foncière. La formalité fusionnée consiste à traiter les deux opérations simultanément à la seule conservation. Prolongeant l’évolution du rôle fiscal du conservateur, la loi de finances pour 1999 a étendu cette pratique aux actes mixtes (portant sur des biens immobiliers et mobiliers). Le conservateur des hypothèques, clé de voûte du système et fonctionnaire atypique Le rôle du conservateur est double : . Un rôle civil : il doit accomplir sous sa responsabilité civile personnelle et pécuniaire les formalités de publicité foncière et délivrer les rensei- Pour accomplir les formalités de publicité foncière, ils inscrivent les documents déposés sur un registre prévu par le Code civil, le registre des dépôts. Les documents déposés sont inscrits jour par jour dans l’ordre de leur réception par le conservateur. Il s’agit d’un document essentiel, il détermine le rang des dépôts et donc la priorité des créanciers éventuels. Il est arrêté chaque jour, côté et paraphé par le conservateur, une reproduction est déposée au greffe du tribunal de grande instance. . Un rôle fiscal : il perçoit les impôts et taxes exigibles lors du dépôt des formalités à publier. A ce titre, il est responsable pécuniairement, en tant gnements contenus dans le fichier immobilier. Ces informations sont délivrées sur la base d’une demande formalisée auprès du conservateur des hypothèques qui les certifie. La responsabilité civile et pécuniaire du conservateur est couverte par un système de cautionnement et d’assurance mis en place par l’association mutuelle des conservateurs. Cette association dispose également d’une commission juridique qui intervient en cas de contentieux engagé contre un de ses membres devant le tribunal de grande instance. L’administration n’est jamais partie dans ce contentieux civil. Le conservateur est personnellement responsable même en cas de faute non détachable du service commise par l’un de ses collaborateurs. Le rôle civil du conservateur ne lui confère toutefois pas le droit de porter un jugement au fond sur la validité juridique des conventions qui lui sont présentées pour publication. La publicité foncière n’est pas constitutive de droit, elle n’est pas une condition de l’existence et de la validité juridique des droits sur les immeubles. En ce sens, notaires et conservateurs ont des responsabilités complémentaires bien délimitées : au notaire la responsabilité de la qualité de l’acte entre les parties, au conservateur la responsabilité de l’opposabilité aux tiers de ce même acte. que comptable public, sur les recouvrements qu’il effectue pour le compte du Trésor Public. Le conservateur ne perçoit pas un traitement d’agent de l’Etat, il est rémunéré en fonction du montant attaché aux formalités traitées par son bureau. Cette somme est dénommée « salaire ». Les salaires du conservateur des hypothèques sont prévus par la loi. Ils constituent la contrepartie de l’accomplissement de la formalité de publicité foncière. Les usagers eux-mêmes, et non le contribuable, financent le service rendu. Les sommes perçues au titre des salaires sont pour l’essentiel 969 fiscalité (95 à 99 %) reversées au Trésor Public pour couvrir les frais de fonctionnement, le surplus rémunère la responsabilité civile personnelle du conservateur. Les principaux tarifs de la publicité foncière Impôts Formalité Département Commune Frais/tenue de fichier Etat Recouvrement Renseignements hypothécaires (c) ....... Vente d’immeuble (% du prix de vente) .. Hypothèque conventionnelle (% de la créance garantie) ..... Formalité 12 3,60 1,20 0,6 % 0,2 0,1 0,09 0,015 0,1 0,05 – des états descriptifs de division et autres actes concernant les copropriétés (règlement de copropriété, lotissement...) ; – d’actes qui sans établir eux-mêmes un droit réel immobilier ont pour conséquence de grever lourdement un tel droit (bail de plus de 12 ans, saisie immobilière, contrat de crédit-bail...) ; – des procès-verbaux de réorganisation foncière (procès-verbaux de remembrement) ; – des procès-verbaux établis par les services du cadastre qui constatent des changements dans les éléments d’identification ou de la consistance matérielle des immeubles ; – des documents qui constatent une modification des éléments d’identification des titulaires de droits réels. 2e catégorie : les inscriptions de privilèges et hypothèques Quelles formalités publier ? Tous les privilèges (1) portant sur les immeubles (privilège de prêteurs de deniers, privilège du vendeur) et toutes les hypothèques légales, judiciaires ou conventionnelles, sont publiables au fichier immobilier. La publication au fichier immobilier des formalités les rend pour la plupart opposables aux tiers. 3e catégorie : les mentions en marge Cette opposabilité signifie que, sans manœuvre frauduleuse, tout titulaire d’un droit publié est légalement protégé contre tout autre acte de disposition du même immeuble qui viendrait à être ultérieurement rendu public. Entre deux titulaires concurrents d’un droit, c’est donc celui qui a requis la publicité de son droit en premier lieu qui l’emporte. En outre, pour les inscriptions d’hypothèques et les privilèges, les créanciers sont vis-à-vis des tiers titulaires d’un droit de préférence sur le prix de vente de l’immeuble. Ces sûretés confèrent également un droit de suite pour leurs bénéficiaires, c’est-à-dire que la garantie prise sur l’immeuble suit celui-ci, même si l’immeuble quitte le patrimoine du débiteur. On mesure l’importance au moment de l’acquisition de faire purger les garanties que le vendeur aurait consenties, sur ses immeubles, à ses créanciers. Il s’agit : – d’annotations concernant les actes de procédure postérieurs au commandement de saisie ; – de modifications concernant les inscriptions d’hypothèques qui n’aggravent pas la situation du débiteur (subrogation de créancier en cas de cession de créance) ; – du rechargement d’hypothèque prévu dans l’ordonnance du 23 mars 2006. Les caractéristiques du système de publicité foncière Le fichier immobilier, siège de la publication La documentation hypothécaire se constitue au fur et à mesure de l’exécution des formalités de publicité ou de l’inscription des droits sur les immeubles. Pour mieux comprendre le fonctionnement de ce fichier, il est nécessaire d’en faire une présentation avant et après son informatisation. Il existe trois grandes catégories de formalités. Du fichier papier... 1re catégorie : la publication d’actes ou de décisions judiciaires Il peut s’agir : – d’actes constatant une mutation entre vifs de droits réels immobiliers (vente, échange, partage, donation, apport en société, constitution d’usufruit, de servitude...) ; – de restrictions au droit de disposer d’un droit réel immobilier (limitations administratives au droit de propriété par exemple) ; – d’attestations notariées constatant la transmission d’un droit réel immobilier après décès ; 970 Le fichier manuel était constitué par : – des fiches d’immeubles classées par références cadastrales au sein de chaque commune sur lesquelles sont annotées succinctement les formalités avec la référence à leur publication (date, volume et numéro). Le système de la publicité foncière repose sur un découpage complet du foncier. Chaque parcelle a une désignation précise (section et numéro dans la section) ; – des fiches de propriétaires créées par commune au nom de chaque titulaire de droit. Ces fiches renvoient aux fiches d’immeubles pour les immeubles urbains et renseignent directement sur les formalités concernant les immeubles ruraux ; – des fiches parcellaires qui permettent de se reporter à une fiche d’immeuble. Ces différentes fiches ont été tenues de façon totalement manuscrite avant l’informatisation. ... Au fichier informatisé L’accroissement continu des informations contenues dans le fichier immobilier a rendu indispensable sa modernisation et son fonctionnement. A partir de 1998, la DGI a mis en place dans les conservations le logiciel Fidji (qui signifie fichier informatisé des données juridiques sur les immeubles). Cette informatisation s’est achevée en juillet 2003. Les 354 conservations des hypothèques sont désormais dotées de cet outil informatique dont les objectifs étaient : – améliorer le service rendu aux usagers en raccourcissant les délais de publication des formalités et de délivrance des renseignements requis ; (1) Les privilèges ont des effets similaires aux hypothèques mais avec en plus un caractère rétroactif à la date de signature de l’acte, alors que les hypothèques ne prennent rang qu’à la date de leur dépôt. fiscalité – sécuriser le fichier (ex. : assurer les reports automatiques de charges) ; – résoudre les problèmes de stockage et d’espace (suppression des fiches papier dont le nombre était en constante progression et avaient atteint le nombre de 185 millions). La constitution du fichier immobilier informatisé repose sur l’identification des personnes, des immeubles et l’annotation du descriptif de la formalité qui correspond à l’annotation qui était portée sur les fiches. L’informatisation des conservations des hypothèques a reposé sur deux opérations : la première a consisté à reprendre les fiches du stock, puisque la publicité foncière doit renseigner sur une profondeur historique de cinquante années ; la deuxième a consisté à créer une base de données pour l’avenir. C’est en 1998 que le projet a pu voir le jour et, après une première expérimentation, son déploiement s’est déroulé sur une durée de cinq ans. Fidji comprend donc une base d’images (BIA) et une base de données. La base image (appelée également dans les bureaux Fidji stock) regroupe l’ensemble des fiches tenues entre 1956 et la date de l’informatisation qui ont été numérisées lors du déploiement de l’application. L’ensemble des tâches des conservations des hypothèques a été informatisé : tenue du registre des dépôts, tenue de la comptabilité, enregistrement et taxation des formalités, procédure du refus du dépôt ou de rejet de la formalité, mise à jour du fichier et délivrance de renseignements. La publicité foncière en chiffres (2006) Flux 10,68 millions de formalités déposées 6,42 millions de demandes d’informations 4,26 millions de publications 10,72 millions de formalités traitées Effectif 5 138 agents 2006-2005 - 95 Qualité de service Délai moyen de publication de 10 à 19 jours Réponse aux demandes de renseignements 99,9 % délivrées dans les 10 jours 66 % délivrées dans les 5 jours Performance Productivité : 2 800 formalités/an par agent Gain 2006-2005 + 3,5 % Coût : 380 millions Gain 2006-2005 - 4 millions L’informatisation a conduit à une adaptation du cadre législatif et réglementaire de la publicité foncière par la loi nº 98-261 du 6 avril 1998, les décrets nos 98-516 du 23 juin 1998, 98-553 du 3 juillet 1998 et 2000-489 du 29 mai 2000. Pour les usagers, elle s’est concrétisée par une délivrance des renseignements sous une nouvelle forme. Le respect de règles rigoureuses Avant ou après son informatisation, la documentation est constituée selon des règles rigoureuses : – identification certaine des personnes : l’identité des personnes doit être certifiée par le rédacteur de l’acte (extrait d’acte de naissance par exemple) ; – désignation certaine des biens : chaque bien faisant l’objet d’une mutation doit être désigné par sa référence cadastrale comprenant le nom de la commune, la section et le numéro de plan cadastral ainsi que l’indication du numéro de lot pour les immeubles en copropriété. Pour désigner précisément l’immeuble, le rédacteur de l’acte doit se procurer en ligne sur le serveur professionnel des données cadastrales (SPDC) un extrait qu’il doit joindre à l’acte pour justifier de la bonne identification de l’immeuble auprès de la conservation des hypothèques. Cette procédure permet d’assurer la concordance entre la documentation cadastrale et le fichier immobilier. Corrélativement des liaisons informatiques entre les applications Fidji et l’application Majic 2, qui gère le cadastre, ont été créées à travers une troisième application, la Base nationale des données patrimoniales (BNDP), afin de pouvoir mettre à jour, en quasi temps réel, les redevables de la taxe foncière ; – vérification de l’effet relatif des formalités : aucun titre ne peut être publié si le droit du disposant (vendeur par exemple) n’a été lui-même précédemment publié. Cette exigence permet au conservateur de s’assurer de la chaîne des opérations publiées. Un contrôle des dépôts effectué par les conservateurs des hypothèques Plusieurs contrôles sont effectués avant la publication d’une formalité : – seuls les actes authentiques (actes de notaires, actes administratifs) ou les décisions judiciaires, peuvent être publiés au fichier immobilier ; – le contenu des actes est étroitement réglementé : toutes les indications indispensables pour procéder à la publication des actes doivent être comprises dans une première partie de l’acte dite partie normalisée. Dans cette partie, se trouve la nature de l’acte, la qualité du rédacteur, la date de l’acte, la désignation des parties et des immeubles, les références à l’effet relatif, la date d’entrée en jouissance, le prix et ses modalités de paiement et toutes les énonciations et déclarations fiscales obligatoires. Afin de faire respecter ces règles, le conservateur des hypothèques dispose des sanctions du refus et du rejet qui lui permettent d’écarter de la publicité les documents incomplets ou erronés. La procédure du refus fait échec au dépôt de la formalité, qui ne prend donc pas rang. Elle est réservée au cas où l’acte ne contiendrait pas les éléments essentiels pour assurer sa publicité (absence de désignation des parties ou de désignation des immeubles par exemple). La procédure de rejet est effectuée après la prise au dépôt de la formalité à publier et est prononcée en présence de renseignements incomplets ou en cas de discordance entre les énonciations de l’acte et les renseignements contenus au fichier immobilier. Le rédacteur de l’acte dispose d’un mois pour régulariser son acte et permettre au conservateur de procéder à la publication. A défaut, le conservateur prononce un rejet définitif et le dépôt perd son rang. La finalité de ces sanctions est de contribuer à la sécurité et à la fiabilité du système de publicité foncière. Un recours pour contester les décisions de rejet et de refus prononcées est possible auprès du juge dans le délai de huit jours qui suit les suivent. Une brigade nationale d’enquête en publicité foncière (BNEPF) En raison de la particularité de cette mission et notamment l’application de règles civiles et la responsabilité du conservateur, la publicité foncière dispose d’un corps d’audit dédié. Les travaux de contrôle, d’audit et d’enquête sont confiés à une brigade ad hoc composée de trois employés supérieurs qui peuvent intervenir dans les bureaux des hypothèques sur demande du directeur des services fiscaux dont dépend le conservateur qui sollicite ou du bureau métier. Cette brigade a accompagné la modernisation de la mission en participant à la conduite du changement. Elle a notamment proposé des schémas d’organisation des bureaux en fonction de leur taille et du degré de polyvalence des agents. Lors de ses audits sur place, les auditeurs préconisent des modes de pilotage et de fonctionnement les mieux à même d’accroître la performance. 971 fiscalité LA PUBLICITÉ FONCIÈRE : INCROYABLEMENT MODERNE ! exemplaires sans trop bouleverser la qualité de service. A la fin de l’année qui a suivi la fin du déploiement et dès que la mission eut retrouvé son rythme de croisière, ces agents ont été redéployés. Une modernisation réussie Une brigade nationale de renforts (BNIPF) Les travaux dans les conservations des hypothèques présentent la particularité de ne pas disposer de marges de manœuvre. Les formalités déposées, publications et demandes de renseignements, doivent être traitées dans leur intégralité et dans l’ordre chronologique. Compte tenu de la technicité requise et de la nécessité de ne pas laisser s’accumuler un stock de réquisitions ou de publications préjudiciable à la qualité du service, il est utile de disposer d’une force d’appoint. Il est nécessaire, chaque fois que la force de production est insuffisante ou que le flux, en raison du dynamisme immobilier par exemple, augmente très sensiblement sur une période courte, de renforcer le bureau qui à défaut verrait sa qualité de service se détériorer. La brigade nationale d’intervention en publicité foncière (BNIPF) dispose de la souplesse et de la rapidité pour intervenir avec une grande compétence en offrant une force de production opérationnelle immédiatement. Elle est, aujourd’hui, constituée de 94 équivalents temps pleins. Elles effectuent des missions de quatre semaines sur l’ensemble du territoire, y compris les départements d’outre-mer. Le bureau de gestion de la mission de publicité foncière, sur demande des conservations des hypothèques, relayée par les directions des services fiscaux, attribue sur la base de critères objectifs consignés dans une charte d’utilisation des renforts, les agents nécessaires pour retrouver une qualité de service optimale. La visite d’une conservation des hypothèques montrait des bacs remplis de fiches qui occupaient une surface importante, dans certains cas les fiches étaient contenues dans d’énormes bacs rotatifs. Les agents des hypothèques annotaient ces fiches à la main avec grand soin. L’introduction de l’informatique a fait l’objet d’un accompagnement et d’une conduite du changement très rigoureux. De façon assez exceptionnelle, une formation intense des agents, dont un grand nombre n’avait pas utilisé de micro-ordinateurs, a été réalisée sur une durée de trois semaines en parallèle au déploiement de Fidji. Afin de ne pas dégrader la qualité de service, notamment au regard du délai de publication et de délivrance des renseignements le recrutement de 70 brigadiers (voir encadré) a été réalisé. Ce surnombre ayant reçu une formation très poussée à la publicité foncière et à l’outil informatique a permis d’accompagner le déploiement de l’informatique dans les conservations des hypothèques sous ses deux dimensions essentielles : l’assistance au démarrage en faisant partager leur savoir-faire et la compensation des absences dans les bureaux, les agents en formation ne pouvant pas produire. Ces agents recrutés spécifiquement pour la mise en place de l’application ont permis le déploiement de l’application dans des conditions 2 820 2 712 2 775 2 615 2 701 2 604 2 454 2 358 2 162 1 984 1 790 1996 1 841 1 951 1 962 2000 2001 1 888 1997 1998 1999 Productivité brute 2003 2004 2005 2006 Productivité synthétique pondérée et corrigée (base 252 j.) Un niveau de performance sans précédent Deux ans après cette informatisation, les 354 bureaux des hypothèques avaient amélioré leur performance dans toutes ses composantes : – la qualité de service enregistre des délais de publication à leur niveau le plus bas historiquement, c’est-à-dire proches dans une grande majorité des cas de dix jours, une délivrance des renseignements dans les dix jours dans 100 % des cas ; 972 2002 – la productivité enregistre un bond de 37 %. Malgré une augmentation très sensible (+ 17 %) du nombre de formalités déposées pendant cette période, 1 300 équivalents temps pleins ont pu être retirés de la mission grâce à Fidji. En parallèle, les tableaux de bord très précis contenus dans l’application ont permis d’affiner le pilotage des bureaux ; – le coût de fonctionnement de la mission s’est corrélativement abaissé à tel point que l’investissement d’un montant de 87 millions d’euros a pu être totalement amorti en deux années. fiscalité Pour être complet, il est juste d’ajouter que la dématérialisation a permis de libérer des surfaces et de faciliter des opérations d’optimisation immobilière. D’autant plus qu’en parallèle, les copies d’actes déposées par les notaires en vue d’être publiées et qui sont conservées dans les bureaux des hypothèques ont été numérisées. Cette numérisation arrivera à son terme à la fin de l’année 2007. Le papier qui régnait en maître il y a dix ans dans la conservation des hypothèques est en voie de disparition. Télé@ctes en cours de mise en œuvre parachève cette trajectoire. Un partenariat inédit avec l’usager : Télé@ctes Télé@ctes est la rencontre de deux projets et de deux démarches. Le notariat commençait à réfléchir à la possibilité de mettre en commun des actes à travers des échanges dématérialisés, la Direction générale des Impôts était, quant à elle, en train de déployer Fidji. Dans le même temps, une démarche de qualité était engagée par le notariat et la Direction générale des Impôts pour notamment améliorer la qualité des dépôts réalisés par les notaires. Les rencontres pour cibler cette dernière démarche ont fait germer l’idée que les échanges dématérialisés entre notaires pourraient, dès lors qu’ils répondraient au format de Fidji, être télétransmis vers les conservations des hypothèques. Un partenariat a été mis en place pour construire un cahier des charges permettant de recevoir en dématérialisé dans les conservations des hypothèques les formalités en provenance des notaires. C’est à partir des impératifs de publicité foncière, de la construction de la base de données Fidji que ce cahier des charges a été élaboré en prenant en compte, à la fois les besoins notariaux et les besoins de la publicité foncière. Un pilotage commun Un véritable dispositif de pilotage et de gestion d’un projet informatique commun a été mis en place de façon étroite. Cette expérience, à de nombreux points de vue inédite, a nécessité de mettre en œuvre avec des cultures et des pratiques différentes une coordination d’ensemble. Elle a permis au notariat d’être en mesure de télétransmettre des demandes de renseignements et des actes avec pour cible une expérimentation en décembre 2005 et à la Direction générale des Impôts d’être en capacité de recevoir des documents dématérialisés pour les intégrer en aide à la saisie dans Fidji. Des comités de pilotage bilatéraux ont été installés et des groupes d’utilisateurs mixtes, composés de notaires et de leur personnel et de conservateurs et de leurs agents, ont participé à l’aventure. Des orientations structurantes Des lignes directrices fortes avaient été tracées. Premièrement, mettre en cible quelque chose d’atteignable. Deuxièmement, faire en sorte que Télé@ctes apporte des progrès par rapport à l’existant. Sur le premier volet : le projet a été scindé en deux séquences, la première visait à s’assurer de la capacité des conservations des hypothèques à recevoir des formalités télétransmises, c’est la première version, l’autre consistant à organiser le chemin inverse, la restitution dématérialisée. Sur le second volet, quatre thèmes ont guidé les travaux : plus de simplicité, plus de sécurité, plus de fiabilité, plus de rapidité. Il faut ajouter que Télé@ctes a été conçu pour fonctionner à législation constante. La cohabitation entre les dépôts papier et les envois dématérialisés a été formalisée dans une convention signée entre le Conseil supérieur du notariat et le directeur général. Cette coordination, qui n’a pas été facilitée par la présence de 6 SSII préparant les logiciels notariaux, a permis d’atteindre la cible dans le délai prévu, ce qui est en soi, pour un projet aussi complexe faisant intervenir autant d’interlocuteurs, un mini exploit qu’il faut mettre au crédit de tous les informaticiens et d’une volonté extrêmement forte des deux partenaires. 973 fiscalité A l’heure et conforme ! Dès le mois de mai, la télétransmission des demandes de renseignements, réquisitions, donnait toute satisfaction et sa généralisation était mise en place. Le déploiement d’un nouveau logiciel harmonisé et normalisé pour tous les offices notariaux sur la base du cahier des charges comme la nécessité pour les notaires de répondre à un grand nombre de prérequis informatiques prend plusieurs semaines, voire plusieurs mois. L’introduction de cette nouvelle informatique dans les offices notariaux doit également s’accompagner d’une formation à son utilisation. La montée à bord de l’ensemble des offices notariaux, près de 4 500, nécessitera donc près de vingt-quatre mois. A la fin du mois de février de cette année, plus de 1 100 offices notariaux télétransmettaient près de 3 000 réquisitions par jour, soit 23 % des réquisitions susceptibles de passer par Télé@ctes. dans la mise au point de cette opération. Avoir un interlocuteur unique, une plate-forme unique, une seule banque pour, ont largement facilité les choses. Cependant, il serait vain de croire qu’une telle opération a pu être réalisée sans dépenser beaucoup d’énergie et sans avoir une volonté extrême de réussir dans des délais courts. Cette étroite collaboration entre le service de la publicité foncière et son partenaire notaire est particulièrement novatrice et illustre la vocation de l’Administration à centrer son action sur la satisfaction de ses usagers. La période s’y prêtait avec des progrès technologiques puissants et un fort dynamisme immobilier. L’Administration et la profession notariale voulaient, dans un domaine où on ne les attendait pas, faire la preuve de leur capacité à se moderniser et le faire dans les meilleures conditions possibles et sur un délai très court. L’année 2007 sera destinée à consolider la première version et à accroître son périmètre dès le mois d’avril. L’objectif du notariat est donc d’atteindre le seuil de 80 % des réquisitions « Télé@ctables » en fin d’année et de monter progressivement en puissance pour la télétransmission des actes. De ce point de vue, le défi que se sont lancés les partenaires a bien été relevé, l’image archaïque qui était parfois attachée à la tradition papier a été très largement balayée. Il est évident que le notariat représentant 95 % du trafic hypothécaire et étant une profession organisée a constitué un avantage considérable C’est à une modernisation commune que ce partenariat exemplaire a conduit pour la satisfaction de tous les utilisateurs. L ’amélioration du pilotage des finances publiques, condition non suffisante mais indispensable à leur rééquilibrage, implique d’agir à plusieurs niveaux. La programmation pluriannuelle, indispensable pour ancrer les choix budgétaires dans la durée, doit devenir plus opératoire et faire l’objet d’une appropriation suffisante de la part de l’ensemble des acteurs publics, nationaux et locaux, ce qui implique d’approfondir les mécanismes de concertation et de mieux étayer les stratégies proposées. Elle pourra ainsi devenir un réel cadre de référence pour tous les acteurs publics. Cette programmation sera d’autant mieux respectée qu’elle s’appuiera sur des règles budgétaires adaptées à la situation de chaque administration. Pour l’Etat, la priorité est à l’amélioration de la norme de dépenses qui, en raison de son périmètre étroit, n’est pas aujourd’hui l’instrument d’une maîtrise suffisante des dépenses. Pour les finances sociales, les conditions d’un équilibre de moyenne période doivent être réunies, ce qui implique d’accentuer très nettement les efforts d’assainissement en période de bonne conjoncture. Pour les collectivités locales, l’enjeu des réflexions à approfondir est de parvenir à des objectifs partagés, cohérents avec les contraintes globales des finances publiques et favorisant une évolution plus maîtrisée des dépenses. Parallèlement, les relations financières entre les administrations doivent être clarifiées, ce qui suppose notamment de poursuivre l’effort engagé d’articulation entre lois de finances et lois de financement de la sécurité sociale tant au stade de leur préparation que de leur discussion et de leur vote. Des progrès restent à réaliser en matière de prévisions de croissance et de recettes fiscales, notamment pour l’impôt sur les sociétés, ainsi qu’en matière d’évolution ex-ante et ex-post afin de mieux éclairer la décision publique. Le suivi des engagements des administrations doit être amélioré afin de mieux préparer les choix budgétaires à moyen terme et de rendre leurs conséquences plus transparentes. Le développement d’une approche patrimoniale des finances publiques permettrait, par ailleurs, de mieux appréhender la situation financière des administrations et certains des enjeux qui s’attachent, par exemple, aux cessions d’actifs financiers. La nécessité d’un meilleur pilotage des finances publiques au long du cycle économique devrait inciter l’Etat à fixer une trajectoire pluriannuelle d’ajustement structurel des comptes publics (hors effet d’élasticité) et à la rendre publique afin que le Parlement puisse apprécier les écarts entre prévisions et réalisations et les conséquences des éventuels réajustements de politique budgétaire décidés. Source : extrait du rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, Cour des comptes, juin 2007. 974