Le modèle social existe à la fois au niveau
local-interscolaire et sur le plan régional,
national-universitaire, professionnel. Cette
matrice sociale fonctionne au niveau inter-
national par l’intermédiaire des fédérations
nationales sportives et atteint son point
culminant lors des compétitions internatio-
nales qui représentent le niveau suprême
dans la performance athlétique. La coupe du
monde de football, la coupe Davis de tennis,
les Jeux Olympiques illustrent ces degrés
dans la performance de haut niveau. A ce
stade, le modèle social représente une force
politique potentielle, ce qui ne veut pas dire
que les problèmes politiques n’interviennent
pas au niveau Iocal/interscolaire ou à
d’autres niveaux. Dans certains cas, ils
exercent une influence réelle sur la vie des
athlètes et leurs performances.
La sociologie sportive devient alors l’étude
du rôle du sport dans la société et de la
façon dont les athlètes et les entraîneurs,
groupes d’individus en fonction, se situent
par rapport au reste de la société. Les
sociologues estiment que le sport appartient
à la catégorie des institutions telles que la
religion, le service militaire, l’éducation, la
loi, etc. Des secteurs de ces institutions sont
souvent liés les uns aux autres. Tel est
d’ailleurs le cas pour « Athletes for Action »
et « Fellowship of Christian Athletes », par
exemple, où l’on retrouve deux institutions
mêlées : le « sport » et la « religion ». La foi
d’un athlète ou d’un entraîneur se doit d’être
prise au sérieux. Plus d’un de ceux-ci
attribue sa force (le potentiel de performan-
ce sportive qui existe à l’état latent) à sa
croyance dans le succès athlétique. La
satisfaction athlétique ne relève pas unique-
ment de la victoire physique sur d’autres
individus (gagner), mais peut également être
une source de satisfaction personnelle
provenant du simple fait « d’avoir pris part
à la lutte ». L’étude des rapports du sport
avec les institutions sociales représente une
part essentielle de la sociologie sportive.
Cela se justifie davantage sur une échelle
macro-sociologique. Toutefois, les institu-
tions n’étant rien sans les individus, le
sociologue
sportif se
voit
obligé de
considérer à nouveau l’individu au sein de
petits groupes. En pratique, cela s’appelle
parfois de la micro-sociologie. Une allusion
a déjà été faite ci-dessus à ce sujet avec
l’exemple de I’athlète ou de l’entraîneur en
Afrique du Sud. Ce point peut être souligné
en insistant sur les efforts déployés par
certains athlètes, tels qu’Arthur Ashe, en
faveur d’actions sociales.
Que devient donc la « victoire », quelle est
son importance d’un point de vue sociologi-
que ? La victoire emplit les stades (dans la
plupart des cas) car tout le monde aime voir
les vainqueurs. Le mot se répand plus vite
que la publicité. En fait, la meilleure
publicité que la victoire puisse avoir, c’est
elle-même. Le jour de ses vingt et un ans,
Steve Carlton remporta son 21e match
consécutif pour l’équipe des « Phillies ».
D’un point de vue pragmatique, le côté
« magique » ou le symbolisme de cet événe-
ment peut se traduire par un décompte de
spectateurs.
En début de saison, les
« Phillies » attiraient 5000 personnes. Le jour
de l’anniversaire de Steve, 50 000 specta-
teurs payants s’étaient déplacés. Les
entraîneurs comme les athlètes connaissent
bien le mécanisme du succès. Ils peuvent
toutefois ne pas l’aborder en termes sociolo-
giques. Bien évidemment, avec un public dix
fois plus important qu’au préalable, les
« Phillies » ont dû accroître le nombre des
responsables de l’ordre (police, sécurité),
des concessionnaires, du personnel du
stade en général. Bien sûr, ce genre de
préoccupations ne concerne directement ni
l’entraîneur ni l’athlète. Ces derniers ont
toutefois conscience du développement et
du fonctionnement du mécanisme social.
Une fois de plus, du point de vue des
communications, il est plus facile de faire
venir et repartir d’un stade 5000 personnes
que 50 000. Le sport empiète alors sur
l’organisation sociale de la ville, en appelle
à d’autres institutions sociales, comme le
contrôle de la circulation et leur demande
de se mettre temporairement à son service.
Ce bref essai n’est pas réellement parvenu à
fournir une analyse de la discipline que
représente la sociologie sportive. Au moins
a-t-il montré la façon dont les problèmes à
teneur sociologique relatifs au sport peuvent
avoir une signification pour l’athlète et
l’entraîneur. Le rôle de la famille dans la vie
athlétique au niveau interscolaire pour le fils
ou la fille (ou le parent d’un entraîneur) n’a
pas été abordé. Le développement social de
ces personnes est toutefois fort connu. La
sociologie est une discipline familière à
ceux qui travaillent dans le domaine du
sport. Elle n’en demeure pas moins singuliè-
re, car récente. Depuis dix ans environ, la
sociologie sportive constitue un domaine
d’étude à part entière.
B.L
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