Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
(MICI), maladie de Crohn (MC) et rectocolite
h
emorragique (RCH), r
esultent d’une r
eponse immunitaire
inadapt
ee vis-
a-vis de la flore intestinale chez un individu
g
en
etiquement pr
edispos
e. Cette perte de tol
erance vis-
a-vis de la flore commensale autologue est
a l’origine [1]
d’une r
eponse inflammatoire m
edi
ee, notamment par des
lymphocytes T (LT) et des cytokines pro-inflammatoires
et/ou d’un d
efaut du contr^
ole de la r
eponse immunitaire
par les lymphocytes T r
egulateurs (LTreg) [2]. Les LT, en
particulier les LT CD4
+
auxiliaires (dits « T helper » (Th)),
produisent diff
erents types de cytokines et jouent un r^
ole
cl
e dans l’initiation et la perp
etuation de l’inflammation et
des l
esions intestinales. Classiquement la MC est d
efinie
par une r
eponse excessive des LT CD4
+
de type Th1 qui
produisent de grandes quantit
es d’interf
eron (IFN)-gsous le
contr^
ole de l’interleukine 12 (IL-12), tandis que la RCH est
plut^
ot associ
ee
a un profil de cytokines de type Th2 avec un
exc
es de production d’IL-4 et d’IL-13 [2]. Plus r
ecemment,
ce concept a
et
e enrichi par la description d’autres
populations de LT, les unes dou
ees de fonctions
r
egulatrices (LTreg) et les autres ayant des fonctions pro-
inflammatoires (LT CD4
+
Th17) dont l’expansion est
assur
ee par l’IL-23. Ce partenariat entre une cytokine
et une sous-population lymphocytaire est appel
e l’axe
IL-23/Th17. Dans cette mini-revue, nous nous focaliserons
essentiellement sur l’implication des LT CD4
+
Th17 et sur le
r^
ole de l’IL-23 au cours des MICI ; en effet des avanc
ees
r
ecentes portant sur l’axe IL-23/Th17 ont fait
evoluer les
concepts physiopathologiques de l’inflammation intesti-
nale et de son contr^
ole et font entrevoir de nouvelles
perspectives th
erapeutiques.
Lymphocytes T auxiliaires et re´seau
de cytokines
D
ecrits par Mosmann et al. en 1986 [3], deux profils distincts
de s
ecr
etion de cytokines par les LT CD4
+
auxiliaires
caract
erisent classiquement les r
eponses immunes et
inflammatoires. Un antig
ene est pr
esent
e par des cellules
dites pr
esentatrices d’antig
enes comme les cellules den-
dritiques
a des LT naı¨fs au niveau de la mol
ecule du complexe
majeur d’histocompatibilit
e de classe II ; ceux-ci s’activent
(c’est-
a-dire deviennent fonctionnels), prolif
erent et se
diff
erencient en LT CD4
+
auxiliaires de type 1 (Th1)
(impliqu
es dans l’immunit
e cellulaire et la clairance des
pathog
enes intracellulaires) ou de type 2 (Th2) (impliqu
es
dans les r
eponses
am
ediation humorale, dans l’allergie et la
d
efense contre certains pathog
enes extracellulaires). Les LT
Th1 produisent de grandes quantit
es d’IL-2 et d’interferon-g
(IFN-g)enr
eponse
a une stimulation par l’IL-12 produite par
les cellules dendritiques. Les LT Th2 produisent de l’IL-4, l’IL-5
et l’IL-13 et sont stimul
es par l’IL-4. Les facteurs de
transcription Tbet (T-box expressed in T cells) et STAT4
(Signal Transducer and Activator of Transcription 4)
contr^
olent la diff
erenciation des LT naı¨fs vers un profil de
cytokines Th1 tandis que STAT6 et GATA 3 (Trans-activating
T-cell-specific transcription factor) sont impliqu
es dans leur
orientation vers un profil Th2. La diff
erenciation en Th1 est
inhib
ee par l’IL-4 tandis que celle en Th2 est bloqu
ee par
l’IFNg.
Malgr
e l’utilit
e de cette classification dichotomique
simple pour caract
eriser les r
eponses inflammatoires, il
est apparu ult
erieurement que certains LT ne pouvaient
^
etre cat
egoris
es ni en Th1 ni en Th2. Au d
ebut des ann
ees
1990, une nouvelle population de LT, appel
es LT
r
egulateurs, impliqu
es dans la tol
erance, la suppression
des r
eponses immunitaires et le contr^
ole de l’inflammation
a
et
ed
ecrite [4]. L’expression du facteur de transcription
Foxp3, de l’IL-35 et de la prot
eine du syndrome Wiskott-
Aldrich est requise pour leur diff
erenciation et leur
fonction. Ces LT r
egulateurs ont des propri
et
es immu-
nor
egulatrices et anti-inflammatoires qui s’op
erent par la
s
ecr
etion de cytokines comme l’IL-10, le TGFbet sont
capables de contr^
oler la prolif
eration des LT activ
es [5].
En 2005, la description d’une nouvelle sous-population
de LT auxiliaires appel
es Th17, distincte des LT Th1 ou Th2
et caract
eris
ee par sa capacit
e
as
ecr
eter de l’IL-17, a
boulevers
e le sch
ema de la r
eponse inflammatoire induite
par les LT auxiliaires [6] (figure 1). On sait aujourd’hui que
les LT Th17 sont impliqu
es dans des pathologies auto-
immunes et inflammatoires aussi vari
ees que l’asthme, la
scl
erose en plaques, la polyarthrite rhumatoı¨de, l’uv
eite, le
lupus
eryth
emateux diss
emin
e, le rejet de greffe et les MICI
[7].
‘‘ Les LT Th17 sont implique´s dans
des pathologies auto-immunes
et inflammatoires aussi varie´es que l’asthme,
la scle´rose en plaques, la polyarthrite rhumatoı¨de,
l’uve´ite, le lupus e´rythe´ mateux disse´ mine´,
le rejet de greffe et les MICI’’
cell subsets. The efficacy in animals and promising clinical data in humans of
these novel biotherapies targeting the IL-23/Th17 axis have opened new avenues
in the therapeutic fields of IBD.
nKey words: interleukin-17, interleukin-23, Th17, Crohn’s disease, ulcerative colitis, immune
responses
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HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n86, juin 2012
Axe IL-23/Th17 et MICI
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