
Images en Dermatologie • Vol. II • n° 2 • avril-mai-juin 2009
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Littérature
Psoriasis et lymphocytes Th17
Psoriasis and Th17 lymphocytes
F. Froeliger, L. Martin 
(Service de dermatologie, université d’Angers)
Le psoriasis est une dermatose affi  chante
et fréquente dont le retentissement psycho-social 
et les complications peuvent être importants.
La plaque de psoriasis se caractérise histologiquement 
par une hyperplasie épidermique, un infi ltrat 
lymphocytaire dermo-épidermique et une dilatation 
des vaisseaux du derme. Le psoriasis est désormais 
considéré comme une maladie auto-immune
médiée par les lymphocytes. Cette brève mise au point 
bibliographique précise quelle est l’implication
des Th17 dans le psoriasis, et comment celle-ci
peut ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques.
Immunopathogénie du psoriasis : 
la voie des Th17
Les lymphocytes Th1, considérés jusqu’alors comme les seuls 
lymphocytes activés en cause dans la genèse du psoriasis, 
constituent une toute nouvelle lignée lymphocytaire qui semble 
impliquée dans de nombreuses pathologies in ammatoires auto-
immunes 
(1)
. Ils sont en effet retrouvés en grand nombre dans 
les plaques de psoriasis 
(2)
. Les cytokines qu’ils sécrètent sont 
pro-in ammatoires et pro-acanthosiques chez la souris 
(3)
. Les 
cellules T naïves sont activées par des cellules présentatrices 
de l’antigène (CPA). En fonction de l’envi ronnement cytokinique 
accompagnant cette présentation de l’antigène, le lympho-
cyte peut devenir Th1, Th2, Th17 ou Treg (T régulateur) 
[4]
. 
Les CPA impliquées dans le psoriasis comportent beaucoup 
plus de cellules dendritiques immatures (CD11c+, BDCA1-) – en 
provenance du sang circulant – que dans une peau saine. Ces 
cellules semblent favoriser l’activation en Th1 et en Th17 
(5)
. 
La polarisation est fonction des cytokines produites localement. 
L’activation en lymphocyte Th1 nécessite la présence d’INF-γ 
et d’IL12. Les lymphocytes Th17 sont produits sous l’in uence 
d’IL23, ainsi que d’IL6 et de TGF-β, qui favorisent l’expression 
du récepteur à l’IL23 
(3, 4)
. 
Une fois activé, le lymphocyte Th17 produit également des cyto-
kines. L’IL6 entretient la différenciation des cellules T naïves en 
Th17 
(4)
. L’IL17, qui a mis en évidence la lignée Th17, semble 
jouer un rôle important dans les manifestations de la poly-
arthrite rhumatoïde et de la maladie de Crohn mais ne paraît 
pas impliquée dans le psoriasis cutané. En revanche, l’IL22, 
également produite par le Th17, a montré sa responsabilité 
dans la genèse de plaques psoriasiformes dans des modèles 
murins. Elle stimule la prolifération et la différenciation des 
kératinocytes. Lorsque le gène codant pour l’IL22 est absent 
chez la souris transgénique, la stimulation des lymphocytes 
Th17 engendre une plaque psoriasique signi cativement moins 
importante 
(3)
. On retrouve également une corrélation entre 
le taux circulant d’IL22 et la sévérité de la maladie 
(6)
. Il est 
intéressant de noter que l’IL20, cytokine effectrice dans la voie 
Th1-médiée de formation du psoriasis, peut se  xer sur les 
kératinocytes via les récepteurs de l’IL22 
(4)
. Ces récepteurs 
sont donc probablement impliqués dans la genèse de plaques 
de psoriasis, qu’elle soit médiée par les Th1 ou par les Th17.  
Perspectives thérapeutiques
Au regard de cette nouvelle vision de la pathogénie du psoriasis, 
on peut imaginer plusieurs nouvelles cibles thérapeutiques : les 
cellules dendritiques immatures (CD11c+, BDCA1-), les cyto-
kines permettant la différenciation en Th17 (IL6, TGF-β, IL23), 
les Th17 eux-mêmes, et IL22, la cytokine en cause dans la diffé-
renciation kératinocytaire. Quelques essais de phase III sont en 
cours concernant des biothérapies agissant sur la voie des Th17. 
L’ustekinumab, testé versus placebo dans les essais PHOENIX 1 
et 2, est un anti-IL12 et un anti-IL23. Il agit donc à la fois sur 
la voie Th1 et sur la voie Th17. À 12 semaines de traitement, 
plus de 65 % des patients ont atteint le PASI75, avec une bonne 
tolérance 
(7)
. Depuis le 15 décembre 2008, il est autorisé sur 
le marché canadien. Le tocilizumab (anti-IL6) est prometteur 
dans le cadre de la polyarthrite rhumatoïde, mais aucune étude 
relative au psoriasis n’est pour le moment publiée. 
Le lymphocyte Th17 est électivement activé dans la peau 
psoriasique, et les cytokines qu’il sécrète sont impliquées dans 
la création de plaques de psoriasis. De nouvelles biothéra-
pies intervenant dans la voie des Th17 sont déjà à l’essai. Mais 
d’autres cibles thérapeutiques restent à développer. 
II
Références bibliographiques
1. 
Park H, Li Z, Yang X et al. Nat Immunol 2005;6:1069-70.
2. 
Pène J, Chevalier S, Preisser L et al. J Immunology 2008;180:7423-30.
3. 
Zheng Y, Danilenko D, Valdez P et al. Nature 2007;445:648-51.
4. 
Sabat R, Philipp S, Höfl ich C. Exp Dermatol 2007;16:779-98.
5. 
Zaba LC, Fuentes-Duculan J, Eungdamrong N et al. J Invest Dermatol 2009;
129:79-88.
6. 
Wolk K, Witte E, Wallace E et al. Eur J Immunol 2006;36:1309-23.
7. 
Papp KA, Langley RG, Lebwohl M et al. Lancet 2008;371:1675-84.