ÉDITORIAL
L’interleukine 23 :
le chef d’orchestre de la physiopathologie
desspondyloarthrites ?
Interleukin-23: the conductor of the pathophysiology
of spondyloarthritis?
Leur localisation tissulaire par microscopie multiphotonique a été déterminée
précisément dans l’enthèse (pas dans le corps du tendon), mais également dans
la racine de l’aorte (pas le myocarde) et dans la chambre antérieure de l’œil.
Cescellules résidentes de l’enthèse, une fois activées par l’IL-23, produisent
del’IL-17 et de l’IL-22 (qui agit sur la phosphorylation de Stat3 des ostéoblastes,
et donc sur la promotion de l’ossification de l’enthèse et du périoste). Ces cellules
produisent également des Bone Morphogenetic proteins : BMP7 (dont l’implication
dans l’ossification locale des enthèses a été montrée antérieurement), mais aussi
duTNF, de IL-6, des chimiokines et des facteurs de transcription : Osterix (facteur
de transcription de différenciation ostéoblastique), Runx2 (facteur de transcription
des ostéoblastes et des chondrocytes).
Cette action inflammatoire sur l’enthèse est indépendante des 17.
Ces résultats positionnent donc de façon claire l’IL-23 comme une cytokine
importante dans la physiopathologie des SpA (et en amont d’autres cytokines
“vedettes”), avec en particulier la mise en évidence d’une action spécifique locale
auniveau des tissus cibles (enthèse en particulier) et la preuve d’une activation
locale par l’IL-23 de cellules résidentes spécifiques.
Tout est-il résolu pour autant ? Ces cellules résidentes sont-elles restreintes
auxsites de la maladie ou ubiquitaires chez ces animaux ? Il semble bien
qu’unespécificité topographique existe, dans la mesure où elles sont observées
dansl’enthèse, mais pas dans le corps du tendon, et dans la paroi aortique, mais
pas dans lemyocarde. La question principale est de savoir si ces résultats sont
totalement extrapolables de ce modèle animal particulier à la maladie humaine.
Néanmoins, ces constatations ouvrent des perspectives thérapeutiques.
Suffira-t-il de bloquer l’IL-23 pour tout résoudre ? Dans le modèle animal
de J.P.Sherlock etal.(4), l’administration d’un anticorps anti-p19 de l’IL-23
réduit l’évolution inflammatoire, mais elle ne la stoppe pas et n’empêche pas
ledéveloppement de la maladie, même lorsqu’elle a lieu en même temps
quel’induction de la maladie. En clinique humaine, nous ne maîtrisons pas
l’initiation de la maladie, et le traitement débute donc plus tardivement. Nous
disposons déjà d’un outil thérapeutique avec l’ustékinumab, anticorps monoclonal
anti-p40 IL-12/ IL-23, déjà utilisable dans le traitement du psoriasis cutané. Ce
biomédicament a fait l’objet d’évaluations dans le rhumatisme psoriasique, avec des
résultats intéressants, et est en cours d’étude dans la spondylarthrite ankylosante.
Cetanticorps inhibe également l’IL-12, et il est possible qu’une partie de ses effets
positifs soit liée àceciblage ou à la combinaison de l’inhibition de l’IL-23
et de l’IL-12. Ilconviendrait donc de tester l’effet d’un traitement inhibant
spécifiquement l’IL-23 (parexemple, à l’aide d’unanticorps monoclonal anti-p19).
Les résultats de ces investigations, de même que ceux des études de l’inhibition
de l’IL-17 (en cours), sont donc attendus avec une certaine impatience. Il faut
également, dans ce domaine thérapeutique, retenir la leçon des résultats décevants
et négatifs des traitements anti-récepteur de l’IL-6 dans les SpA, avec pourtant
desarguments rationnels préalables à ce ciblage thérapeutique, l’IL-6 polarisant
aussiladifférenciation lymphocytaire vers 17.
Ainsi, les connaissances pathogéniques progressent en ce qui concerne
lesmécanismes de développement des SpA et, 40ans après la mise enévidence
dulien existant entre la maladie et HLA-B27, denouvelles voies, dont celle
del’utilisation del’IL-23, se profilent et font entrevoir denouvelles perspectives
thérapeutiques.
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spondylo arthropathy patients.
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4. Sherlock JP, Joyce-Shaikh B,
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spondyloarthropathy by acting
on ROR-γt+ CD3+CD4–CD8–
entheseal resident T cells. Nat
Med 2012;18:1069-76.
L’auteur déclare ne pas avoir
deliensd’intérêts.
La Lettre du Rhumatologue • No 393 - juin 2013 | 5