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QUELQUES MYSTERES DE LA MEMOIRE
Pr GEORGES SERRATRICE
6 Mai 2010
La mémoire, abstraction biologique indissociable des autres
activités cognitives et cérébrales, ne dépend pas d'un centre
isolé ni localisé, mobilise des millions de neurones, fait
intervenir des gènes multiples.
Premier mystère, la déesse de la Mémoire Mnémosyne après avoir
passé neuf nuits avec Zeus avait donné naissance à neuf muses.
1) Les psychologues et les philosophes ont commencé au XIXe
siècle à s'intéresser à la mémoire: mémoire primaire et
secondaire puis matière et mémoire. Plus près de nous, ils ont
apporté des précisions neuropsychologiques qui pourraient être
taxées de « Mémoire et matière ».
Ainsi, peuvent se séparer:
- les apports philosophiques et neuropsychologiques ;
-les données des neurosciences.
Une première partie considère les divers temps et les divers
types mnésiques.
Les entrées comportent:
- la mémoire ultracourte, cours de la pensée;
- la mémoire à court terme, prolongeant la première,
mémoire de travail temporaire, ne dépassant pas quelques
minutes;
- un « buffer » épisodique intégrant temporairement les
informations;
- enfin la mémoire à long terme de capacité illimitée (100
milliards de neurones) entraînant des modifications de
l'anatomie cérébrale = nouvelles protéines, portant sur
les faits récents et anciens (lois de Ribot). Deux temps
successifs: l'encodage ou mémorisation (réseaux
associatifs multiples, mémoire automatique ou
volontaire), la conservation ou stockage (avec
remaniement permanent).
Les sorties, c'est-à-dire le rappel de l'information stockée
sont:
- tantôt permanentes et involontaires;
- tantôt volontaires, soit évocation (recherche organisée)
soit reconnaissance (réponses à des questions multiples
proposées au choix).
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On doit tenir compte des imprécisions et erreurs de mémoire
résultant d'un amalgame imprécis psychologique, à l'origine de
faux témoignages involontaires, de conduites répréhensibles
inconscientes, de plagiats littéraires, musicaux, picturaux ou
encore de pertes d'identité transitoires.
Sont également à séparer:
- la mémoire explicite consciente, des souvenirs soit
épisodiques et personnels, des événements soit
sémantiques et conceptuels obéissant à une classification
logique;
- la mémoire implicite, automatique, procédurale : mobilité
acquise (conduite de véhicules, gestes de la vie
courante) que l'on n'oublie jamais même en cas de maladie
de la mémoire (sauf à un stade de démence).
2) les neurosciences sont entrées dans le « vestibule » de
la mémoire puis dans le néocortex. L'hippocampe est le
siège (en partie) de la mémoire de travail, transformant
le tracé labile des messages reçus pendant une période
bien arrêtée, envoyant des fibres dans un circuit fermé
hippocampe-hippocampe (Papez). La connaissance des formes
de mémoire a été grandement tacilitée par le cas d'un
patient « HM » dont on avait enlevé le lobe temporal
interne et l'hippocampe pour une épilepsie rebelle. Dans
l'hippocampe, siégeaient des « cellules de lieu »
(environnement, stratégie).
L'amygdale est le siège de la mémoire émotionnelle (réaction
de peur express puis raisonnée).
De l'hippocampe au cortex cérébral se produisent des
phénomènes très complexes:
- support microscopique = nouvelles synapses, plasticité;
- support moléculaire, transcription du message,
pérennisation ;
- effet des gènes de la mémoire, précoce et tardif.
Le sommeil dans sa phase « paradoxale » traite à nouveau le
souvenir et « reforme » la partition. La nicotine a également
un effet actif expérimental.
Dans le cortex préfrontal, un administrateur central
sélectionne et ordonne les souvenirs. L'hémisphère gauche
traite les détails, le droit la forme visuelle des mots.
Enfin, après l'apprentissage conscient et laborieux dans le
cortex préfrontal, le cervelet va présider une mémoire
automatique inconsciente.
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L'oubli est un phénomène indispensable à des facteurs
multiples. Il peut être physiologique (comme l'oubli de noms
propres à un certain âge) ou devenir pathologique.
Inversement, de nombreux cas de mémoire extraordinaire ont été
observés et analysés.
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