Mathématiques générales Examen (24 septembre 2010) n o i t c e Corr Question 1. Donnez, sous la forme a + b i avec a, b ∈ R, toutes les solutions complexes de l’équation x3 + 1 = 0. Soit x ∈ C, sa forme trigonométrique est donnée par ρ · cis(θ ) où ρ ∈ R+ et θ ∈ [0, 2π[. On peut donc récrire l’équation x3 = −1 sous sa forme trigonométrique, on obtient alors l’équation suivante : 3 ρ · cis(θ ) = 1 · cis(π). La formule de de Moivre nous assure que cette équation est équivalente à l’équation ci-dessous : ρ 3 · cis(3θ mod 2π) = 1 · cis(π). Vu que deux nombres complexes non-nuls (écrits sous forme trigonométrique) sont égaux si leurs modules et leurs arguments sont égaux, il est équivalent de résoudre le système réel suivant : ( ρ3 = 1 avec ρ ∈ R+ , 3θ = π + 2kπ avec θ ∈ [0, 2π[ et k ∈ Z. On voit facilement que les solutions de ce système sont données par ρ = 1 et θ ∈ { π3 , π, 5π 3 } (ces 3 valeurs correspondent à k = 0, 1, 2). L’ensemble des solutions complexes de l’équation x + 1 = 0 est donc : √ o n π 5π o n 1 √3 1 3 cis + i, −1, − i . , cis (π) , cis = 3 3 2 2 2 2 C OMMENTAIRES : On remarque que l’une des solutions est réelle, ce qui était nécessairement le cas vu que l’équation de départ est à coefficients réels et de degré impair. De plus, les deux solutions complexes sont de la forme z et z̄ ; c’est une conséquence du fait que l’équation de départ est à coefficients réels. Question 2. V de R3 , Soit f : R3 → R3 une application linéaire telle que, pour tout sous-espace vectoriel dimV = 2 ⇒ dim f (V ) = 2. Montrer que f est bijective. Comme f est une application linéraire de R3 dans R3 , on a f est bijective ⇔ f est injective. Supposons f non bijective. Alors f n’est pas injective. Soit x ∈ R3 tel que x 6= 0R3 et f (x) = 0R3 . On a dimhxi = 1 et dim R3 = 3, donc hxi 6= R3 . Soit y ∈ R3 tel que y ∈ / hxi. Alors (x, y) est libre, donc dimhx, yi = 2. On a f hx, yi = h f (x), f (y)i = h0R3 , f (y)i = h f (y)i, d’où dim f hx, yi = dimh f (y)i 6 1. 1/6 Mathématiques générales Examen Correc (24 septembre 2010) tion Question 3. Soit la fonction f : R → R définie par f (x) = max{x, 1 − x}. (a) Déterminer f (R), f ([1, +∞[), f (]1, +∞[). (b) Pour x ∈ R arbitraire, déterminer f −1 (]x, +∞[). (c) Donner un exemple de deux ensembles A, B ⊆ R tel que ∅ = f (A ∩ B) 6= f (A) ∩ f (B). On a que ( 1−x f (x) = max{x, 1 − x} = x 1 (a) Donc f (R) = 2 , +∞ , f (]1, +∞[) = ]1, +∞[. 5 si x 6 si x > 1 2, 1 2. f 4 3 x f ([1, +∞[) = [1, +∞[, (b) On a que f −1 (]x, +∞[) = ]−∞, 1 − x[ ∪ ]x, +∞[ si x > 12 , et f −1 (]x, +∞[) = R si x < 12 . 2 1−x −3 (c) Comme f (0) = 1 = f (1), on a pour A = {0}, B = {1} que ∅ = f (A ∩ B) 6= f (A) ∩ f (B) = {1}. −2 1 −1 −1 x 1 2 3 −2 Question 4. Soit X un ensemble non vide et a ∈ X. On considère F = F ⊆ X F 3 a}. (a) Prouvez que, pour tout F ⊆ X, a ∈ F ⇔ {a} ⊆ F. (b) Prouvez que si Y ⊆ X, alors on a que Y ou {Y appartient à F . (a) Rappelons qu’on a Y ⊆ F si et seulement si (par définition de l’inclusion) ∀x (x ∈ Y ⇒ x ∈ F). Donc, on a (en particularisant au cas Y = {a}), {a} ⊆ F ssi ∀x (x ∈ {a} ⇒ x ∈ F) ssi a ∈ F car a est le seul élément de {a}. (b) Par hypothèse a ∈ X et X = Y ∪ {Y . Par conséquent a ∈ Y ou a ∈ {Y . Vu la définition de F , cela équivaut à Y ∈ F ou {Y ∈ F . 2/6 Mathématiques générales Examen Correc (24 septembre 2010) tion Question 5. Soit f : E → F une application. Soit B ⊆ F. (a) Montrer que f ( f −1 (B)) ⊆ B. (b) Donner un exemple où f ( f −1 (B)) 6= B. (c) Écrivez f ( f −1 (B)) sous la forme d’une formule dans laquelle n’apparaissent que E, F, B, f , ∩, ∪ et des parenthèses (chaque symbole peut être utilisé le nombre de fois que vous désirez — y compris pas du tout). Prouvez votre formule. (a) Si x ∈ E, x ∈ f −1 (B), alors, par définition, f (x) ∈ B. Donc, f ( f −1 (B)) ⊆ B. (b) Soit f : R → R, f (x) = 0 pour tout x ∈ R. Alors, f ( f −1 (R)) = {0} 6= R. (c) On a f ( f −1 (B)) = f (E) ∩ B. L’inclusion « ⊆ » est une conséquence du point (a). D’autre part, soit y ∈ f (E)∩B. Alors il existe x ∈ E avec y = f (x). Comme y ∈ B on a que x ∈ f −1 (B). Alors y = f (x) ∈ f ( f −1 (B)). Question 6. nel. √ √ / Q, sachant que 2 est irrationSoit q ∈ Q et n ∈ N \ {0}. Montrez que q + 2/n ∈ √ √ Par l’absurde, supposons que q + n2 soit rationnel. Il existe donc q0 ∈ Q tel que q0 = q + n2 . Par √ des manipulations élémentaires de calcul, on peut déduire que (q0 − q)n = 2 où q, q0 , n ∈ Q. Vu que Q est un √ corps (et donc stable par addition, inverse et multiplication) la précédente égalité implique que 2 est rationnel, ce qui est une contradiction. Question 7. On considère la fonction f : R → R définie ci-dessous : ( x si x ∈ Q, f (x) = −x si x ∈ R \ Q. (a) Prouvez que, quel que soit x0 ∈ R \ {0}, f n’est pas continue en x0 . Soit x0 ∈ R \ {0}, nous allons supposer (par l’absurde) que f est continue en x0 . Rappelons que si une fonction f est continue en x0 et qu’une suite (xn )n converge vers x0 alors la suite ( f (xn ))n converge vers f (x0 ). Nous allons distinguer deux cas. √ Soit x0 ∈ Q \ {0}. Considérons la suite (xn )n définie par xn = x0 + n2 , pour n > 1. Par la question 6, il s’agit d’une suite dans R \ Q. De plus, cette suite converge clairement vers x0 . Si nous considérons la suite ( f (xn ))n , par définition de f , cette suite est en fait égale à la suite (−xn )n et converge donc vers −x0 . Toujours par définition de f , nous savons que f (x0 ) = x0 , vu que x0 ∈ Q. Vu que x0 6= 0, nous avons en particulier que x0 6= −x0 . Nous avons donc construit une suite (xn ) convergeant vers x0 telle que la suite ( f (xn ))n ne converge pas vers f (x0 ), ce qui contredit la propriété rappelée ci-dessus. 3/6 Mathématiques générales Examen Correc (24 septembre 2010) tion Soit x0 ∈ R \ Q. Vu que adh(Q) = R, on peut trouver une suite de rationnels (xn )n qui converge vers x0 . Si nous considérons la suite ( f (xn ))n , par définition de f , cette suite est en fait égale à la suite (xn )n et converge donc vers x0 . Toujours par définition de f , nous savons que f (x0 ) = −x0 , vu que x0 ∈ R \ Q. Vu que x0 6= 0, nous avons en particulier que x0 6= −x0 . Nous avons donc construit une suite (xn ) convergeant vers x0 telle que la suite ( f (xn ))n ne converge pas vers f (x0 ), ce qui contredit la propriété rappelée ci-dessus. (b) Déterminez le domaine de dérivabilité de la fonction g : R → R définie par g(x) = x · f (x). Veillez à la qualité de vos justifications. Nous allons prouver que le domaine de dérivabilité de g se réduit au singleton {0}. Dans un premier temps, nous allons prouver que g n’est pas dérivable en x0 ∈ R \ {0}. Nous montrerons ensuite que g est dérivable en 0. Soit x0 ∈ R \ {0}. Nous allons en fait montrer que g n’est pas continue en x0 , ce qui impliquera sa non dérivabilité en x0 . Supposons par l’absurde que g soit continue en x0 , ceci impliquerait que la fonction f est continue en x0 contredisant le point (a) de cette question. En effet, la fonction f est le quotient de la fonction g par la fonction x ; et on sait que le quotient de deux fonctions continues en x0 reste continu en x0 à condition que le dénominateur ne s’annule pas, ce qui est bien le cas ici car x0 6= 0. Il nous reste à montrer que g est dérivable en 0. Pour cela, il suffit de montrer que la limite ci-dessous existe : g(x) g(x) − g(0) = lim x→0 x x→0 x−0 x · f (x) = lim x→0 x = lim f (x). lim (par définition de g) x→0 On va prouver que limx→0 f (x) = 0. Il faut donc montrer que : ∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x ∈ R, |x − 0| < δ ⇒ | f (x) − 0| < ε. En appliquant la définition de f , et en remarquant que | f (x)| = |x| pour tout x ∈ R, on obtient : ∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x ∈ R, |x| < δ ⇒ |x| < ε. Ce qui est équivalent à prouver que |x| est continue en 0 ; ce qui est clairement vrai (en prenant δ = ε). Et donc g est dérivable en 0. 4/6 Mathématiques générales Examen (24 septembre 2010) Correc tion Question 8. Calculer l’infimum et le supremum des ensembles suivants : n 2n + 1 o A := n ∈ N \ {0} , 5n2 B := {(−3)n | n ∈ N}, n C := 1 n ∈ N}. 2 Justifiez vos réponses. 2n+1 n ∈ N \ {0} est l’ensemble des , n > 1. Alors A = Définissons la suite an := 2n+1 2 2 5n 5n valeurs de cette suite. On note aussi supn>1 an := sup A, le suprémum de A, et infn>1 an := inf A, l’infimum de A. La somme de deux suites décroissantes et le produit d’une suite décroissante parune constante positive sont encore des suites décroissantes. Comme les suites n1 n>1 et n12 n>1 sont évi2 + 5n12 , n > 1, que (an )n>1 est = 5n demment décroissantes, il résulte des égalités an = 2n+1 5n2 décroissante. Comme limn→+∞ an = 0 et an > 0 pour tout n > 1, on a que infn>1 an = 0. Comme (an )n>1 décroît, son premier terme est aussi le plus grand, c’est-à-dire supn>1 an = a1 = 3/5. Posons bn = (−3)n , n ∈ N. Considérons (αn ) et (βn ) les deux sous-suites extraites de (bn ) définies par αn = b2n = 32n et βn = b2n+1 = −32n+1 pour n > 0. Il est clair que limn→+∞ αn = +∞ (en effet (αn ) est une suite géométrique de raison 9 > 1) et que limn→+∞ βn = −∞ (en effet, βn = −3αn pour tout n > 0), donc supn>0 bn = +∞ et infn>0 bn = −∞. n La suite cn = 21 , n > 0, est une suite géométrique de raison 1/2 ∈ [0, 1[, ce qui implique que (a) (cn ) est décroissante ; (b) cn > 0 pour tout n > 0 ; (c) limn→+∞ cn = 0. On déduit de (b) et de (c) que infn>0 cn = 0. On déduit de (a) que le premier terme de la suite (cn ) est aussi le plus grand, c’est-à-dire supn>0 cn = c0 = 1. Question 9. Soit gn : R → R : y 7→ 2yn , où n est un entier naturel. Calculer : (a) limy→1,y<1 limn→∞ gn (y), (b) limn→∞ limy→1,y<1 gn (y). Posons g(y) := limn→+∞ gn (y) si cette limite existe. Par hypothèse |y| < 1, donc limn→+∞ yn = 0. Alors g(y) = 0 ; c’est une fonction constante sur ]−1, 1[, donc limy→1,y<1 g(y) existe et est égale à cette valeur constante, c’est-à-dire 0. Posons un := limy→1,y<1 gn (y) si cette limite existe, pour n > 0. Pour tout n > 0, la fonction gn est définie et continue sur R car c’est une fonction polynomiale. Donc limy→1,y<1 gn (y) existe et vaut gn (1) = 2. Alors la suite (un ) est constante, donc limn→+∞ un existe et est égale à cette valeur constante, c’est-à-dire 2. 5/6 Mathématiques générales Examen Correc (24 septembre 2010) tion Question 10. Pour tout entier n > 1, soit U(n) l’ensemble des racines dans C du polynôme X n − 1. Montrer que U(n) est un sous-groupe fini de C× := C \ {0}. Montrer que U(n) ∩U(m) = U pgcd(n, m) . n (a) On a U(n) ⊆ C× car 0n 6= 1. On a 1 ∈ U(n) car 1n = 1. Soient x, y ∈ U(n) ; alors xy−1 = −1 xn yn = 1, donc xy−1 ∈ U(n). Par conséquent U(n) est un sous-groupe de C× . L’ensemble U(n) est bien fini car un polynôme de degré n admet au plus n racines dans C. (b) Soit z ∈ C× . On a1 z ∈ U(n) ∩U(m) ⇔ zn = 1 et zm = 1 ⇔ ord(z) divise n et ord(z) divise m ⇔ ord(z) divise pgcd(n, m) ⇔ zpgcd(n,m) = 1 ⇔ z ∈ U pgcd(n, m) . rappelle qu’étant donné z ∈ C× , on définit ord(z) = |hzi| qui est l’ordre du sous groupe de C× engendré par z. On a prouvé en 1re BAC que zn = 1 ⇔ ord(z) divise n. 1 On 6/6