Diss. ETH NO .8852 L'EFFET DE LA LUMIERE SUR LA DISSOLUTION DES OXYDES DE FER(lll) DANS LES MILIEUX AQUEUX Mémoire de thèse pour l'obtention du titre de Docteur ès Sciences Naturelles de !'INSTITUT POLYTECHNIQUE FEDERAL DE ZURICH presenté par CHRISTOPHE SIFFERT dipl. Ingénieur de l'INSA-Lyon (France) né le 15 Mars 1962 à Mulhouse (France) Accepté sur recommendation de Prof. Dr. Werner Stumm, rapporteur Prof. Dr. Jürg Hcigné, cc-rapporteur Dr. Barbara Sulzberger, cc-rapporteur Zurich, Avril 1989 "Cfiercliez avant tout {e royaume et {a justice de 'lJieu, et {e reste vous sera donné de surcroît" Evangile selon St Matthieu (7, 33) REMERCIEMENTS Au moment de tourner la dernière page d'un important chapitre de ma vie, je tiens à exprimer ma gratitude à celles et à ceux qui ont façonné par leurs mots, leurs gestes, leurs attitudes, tout ce temps passé ensemble. Si ce mémoire ne rend pas compte par lui-même des émotions et sentiments vécus, il en porte néammoins les traces et en restera la preuve écrite. Je voudrais tout d'abord remercier Monsieur le Professeur Stumm qui m'a fait bénéficier de son enthousiasme, de sa générosité et de la grande liberté qu'il accorde à ses élèves, ce dont mon caractère contestaire et anti-autoritaire s'est beaucoup réjoui. Je suis également redevable au Docteur Barbara Sulzberger pour les nombreux conseils qu'elle m'a prodigués au cours de mon travail. Ayant découvert qu'à sa grande compétence elle allie de belles qualités de coeur, c'est au titre d'ami que j'aimerais aussi la remercier. Merci encore à Monsieur le Professeur Jürg Hoigné qui a eu l'amabilité de lire ma thèse avec beaucoup de soins, à Monsieur le Professeur Rudolf Giovanoli dont la spontanéité pour offrir ses services n'a d'égale que la qualité de ceux-ci, et à Monsieur le Professeur Walter Schneider, président de mon jury d'examen et ... excellent pianiste! Parmis les nombreuses personnes que j'ai eu la chance de rencontrer, il en est certaines que je voudrais remercier tout particulièrement. Tout d'abord, et comment pourrait-il en être autrement, un énorme merci à Barney dont j'ai eu si souvent l'occasion d'apprécier l'humour génial, ses talents de cuisinier mais aussi et surtout son amour pour les gens qui l'entoure. Merci beaucoup à mes amis de la "rue de la grille à foin": Simon, Nancy, Antonio, Marijka et Steve, et de la "République populaire de ABSTRACT The solubility of iron in oxic surface waters is controlled in part by photochemical processes through light-induced reductive dissolution of iron(lll)(hydr)oxides in the presence of ligands which are metastable with respect to Fe(lll). ln particular, these reactions may be of considerable importance in the release of bioavailable Fe(ll) to organisms. The present study reports mainly on laboratory experiments carried out with hematite, a-Fe 20 3 , and oxalate as a model system. ln the light-induced dissolution of hematite, oxalate acts both as an electron donor and as a surface complex-former, thereby promoting the detachment of reduced metal canters from the surface. Depending on the light intensity and the photon energy, different pathways may be involved : * A direct photochemical reduction of surface Fe(lll) to surface Fe(ll) and subsequent detachment of the latter. The electron transfer occurs either via a ligand to metal charge transfer transition of the inner-sphere surface complex or according to a charge transfer transition of the iron(lll)oxyde which involves its semi-conductor properties. For this reaction to happen, light in the near UV of the solar spectrum is required, i.e. Â.<400nm. * A photolysis of soluble iron(lll)-oxalato complexes. * A thermal reductive reaction catalysed by Fe(ll). A fraction of the dissolved Fe(ll) photochemically formed is readsorbed onto the surface through the oxalate acting as a bridging ligand. The oxalate bridge also favors the electron transfer from the adsorbed Fe(ll) to the surface Fe(lll). Since under certain circumstances the light-induced dissolution of hematite depends in part on the concentration of readsorbed Fe(ll), the result may be depicted as an autocatalytic dissolution. The rate of the light-induced dissolution of hematite is strongly dependant on the partial pressure of oxygen. While under nitrogen the reaction runs stoichiometrically, i.e. reduction of two moles of fer(lll) en faisant intervenir ses propriétés semi-conductrices. Une lumière possèdant une énergie située dans le proche UV du spectre solaire, Â.<400nm, est nécessaire pour que la réaction se produise. • Une photolyse des complexes fer(lll)-Oxalate en solution. • Une réaction chimique réductrice catalysée par le Fe(ll). Une partie du Fe(ll) produit photochimiquement est réadsorbé sur la surface par l'intermédiaire de l'oxalate qui se comporte comme un pont entre la surface et le Fe(ll). Ce pont oxalique permet aussi le transfert d'électron du Fe(ll) vers le Fe(lll) de surface. Puisque dans certaines circonstances la dissolution de l'hématite induite par la lumière dépend pour une part de la concentration en Fe(ll) réadsorbé, la réaction qui en résulte peut être considérée comme une dissolution autocatalytique. La vitesse de dissolution de l'hématite induite par la lumière est considérablement influencée par la pression partielle en oxygène. Alors que sous atmosphère d'azote la réaction est stoichiométrique, càd que deux moles de Fe(lll) sont réduites quand une mole d'oxalate est oxydée, l'oxygène inhibe la vitesse de dissolution tandis que la vitesse d'oxydation de l'oxalate est bien supérieure. L'oxygène moléculaire adsorbé réagit probablement avec les centres métalliques réduits à la surface de l'hématite pour former finalement H2 0 2 . D'autre part, l'hématite agit dans une certaine mesure comme un photocatalyseur pour l'oxydation de l'oxalate en presence d'oxygène. L'oxygène n'affecte pas autant la cinétique de dissolution d'(hydr)oxydes de fer(lll) moins stables que l'hematite et qui prédominent dans la partie des eaux de surface accessibles à la lumière. Ceci prouve que l'efficacité de la dissolution induite par la lumière dépend également de la cristallinité de la phase solide. CHAPITRE 1 CADRE DE L'ETUDE· SYNOPSIS page 1. LES OXVPES METALLIQUES ET L'ENVIRONNEMENT 2. LE ROLE DE LA LUMIERE 3 3. OBJECTIFS 4 4. LES DIFFERENTS MECANISMES DE DISSOLUTION DES (HYDR)OXYDES OE FER(lll) 6 5. RESULTATS IMPORTANTS OBTENUS PANS CETTE ETUDE 8 CHAPITRE 2 LA DISSOLUTION DES OXYDES METALLIQUES DANS LES MILIEUX AQUEUX · PRINCIPES GENERAUX 11 1. INTRODUCTION 2. LES REACTIONS PE COORDINATION A LA SURFACE DES OXYDES 11 11 3. LA DISSOLUTION EST CONTROLEE PAR LES REACTIONS DE SURFACE 14 4. LES DIFFERENTS MECANISMES OE PISSOLUTION 15 4.1. Qjssolution jndujte par les protons 15 4.2. Qjssolutjon non réductrjce jndujte par un complexant 17 4.3. Dissolution réductrice jnduite par un complexant 18 4.4. Dissolution réductrice induite par la lumière 20 4.5. Remargue 20 5. APPROCHE PHYSIQUE DES PHENOMENES D'INTERFACE 20 5.1. Le pojnt de vue du physicien et de l'électrochjmjste 20 11 5.2. La théorie des bandes des solides cristallisés 21 5.3. Les états de syrface 23 CHAPITRE 3 PRINCIPES DE PHOTOCHIMIE 25 1. PRINCIPES GENERAUX 25 1.1. Introduction 25 1.2. Chimie thermigue et photochimie 25 1.3. L'absorption des radiations 26 1.4. Les réactions de désactivation 26 1.5. Cinétigue et rendement guantigue 29 2. LA PHOTOCHIMIE DES COMPLEXES METALLIQUES EN SOLUTION 30 3. LES PROPRIETES SPECTRALES OU SOUDE 31 3.1. Considérations générales 31 3.2. Caractéristigyes spectrales de l'hématite 33 4. PHOTOCHIMIE DES SEMI-CONDUCTEURS 35 5. PHOTOCHIMIE DES COMPLEXES DE SURFACE 36 CHAPITRE 4 MATERIEL ET METHODES EXPERIMENTALES 38 1. PREPARATION DES PARTICULES 38 1.1. Préparation de l'hématite 38 1.1.1. Préparation de la semence 38 1.1.2. Préparation des suspensions monodispersées 40 1.1.3. Caractérisation des particules 40 Ill 1.1.3.1. 1.1.3.2. 1.1.3.3. 1.1.3.4. Diffraction aux rayons X Capacité totale d'échange Détermination du point de charge nulle Spectre de réflexion diffuse 1.2. Préparatjon de la ferrjhydrite 44 2. METHODES EXPERIMENTALES 44 2.1. Conditions générales 44 2.2. Descrjptjon de !'jnsta!latjon et du matériel de photochimie 46 2.3. Conduite des expériences 46 2.4. Note sur les résultats des mesyres 48 3. METHODES ANAl.'(TIOUES 48 3.1. Mesure du fer djssoys 48 3.1.1. Méthode de la phénanthroline 48 3.1.2. Méthode de la ferrozine 49 3.2. Mesyre de l'oxalate 50 3.3. Mesure du COz. 50 3.4. Mesure de HzOz. 50 3.5. Mesure de l'intensité lumineuse 51 3.5.1. Actinométrie chimique 51 3.5.2. Utilisation d'une thermopile 53 CHAPITRE 5 DISSOLUTION CATALYTIQUE DE L'HEMATITE PAR LE FE(ll) EN PRESENCE DU COMPLEXANT OXALATE 55 1. INTRODUCTION 55 IV 2. DISSOLUTION AVEC OXALATE SEULEMENT 57 3. DISSOLUTION CATALYSEE PAR LE EE(!I) 57 3.1. Présentatjon des résultats 57 3.2. lnterprétatjon et djscussjon des résyltats 59 3.3. La djssolytion catalysée par le Ee(ll) dans la nature 67 CHAPITRE 6 DISSOLUTION PHOTOCHIMIQUE DE L'HEMATITE EN PRESENCE DU COMPLEXANT OXALATE 68 1. INTROQUCTION 68 2. OE L'OBSCURITE A LA LUMIERE - SANS Oz 68 2.1. Observation du phénomène 68 2.2. Mécanisme 1: pjsso!ytjon thermjgue catalytjgye 72 2.3. Mécanisme 2: Photorédyction en solution 72 2.4 Mécanisme 3: Photorédyction à la surface de l'hématite 73 2.5. Effet dy pH 84 2.6. Photolyse de la syspensjon d'hématite 85 3. REACTION A LA LUMIERE EN PRESENCE O'Oz 87 CHAPITRE 7 ENCORE QUELQUES RESULTATS· CONCLUSIONS 94 1. SE RAPPROCHER DES CONQITIONS NATURELLES 94 2. OERNIERS RESUUATS 94 3. POINT DE VUE I 98 4. POURQUOI PAS UN PEU OE PHILOSOPHIE POUR CONCLURE ? - POINT DE VUE Il 98 V CHAPITRE SPECIAL ACTION DES IONS HEMATITE-OXALATE SULFITE SUR LE SYSTEME 100 1 . INTRODUCTION 100 2. METHODES EXPERIMENTALES 100 2.1. Remarque générale 100 2.2. Mesure de S0 32- 100 2.3. Conduite des expériences d'adsorption 101 3. RESULTATS EXPERIMENTAUX ET INTERPRETATION 101 3.1. Adsorption des sulfites 101 3.2. Effet de la présence de S(IV) sur la dissolution de l'hématite 103 3.3. Adsorption simultanée des jans sulfite et oxalate 104 ANNEXE 1: La catalyse enzymatique, le mécanisme de Michaelis-Menten 108 ANNEXE 2: Constantes d'équilibre des réactions 110 REFERENCES 112 CURRICULUM VITAE -1- CHAPITRE 1 CADRE DE L'ETUDE - SYNOPSIS 1. LES OXVPES METALLIQUES ET L'ENVIRONNEMENT Au cours des dernières années l'intérêt de nombreux chercheurs, limnologues, chimistes de l'eau, océanographes, s'est porté sur l'étude des oxydes métalliques, très abondants dans les milieux naturels. Beaucoup d'études récentes ayant trait aux cinétiques de dissolution des oxydes métalliques dans l'eau lorsque des substances organiques sont adsorbées à la surface des particules d'oxyde avaient pour but de déterminer les cycles géochimiques des métaux et leur interaction avec les matières présentes dans les milieux aquatiques. L'exemple des (hydr)oxydes de fer(///) est représenté schématiquement sur la figure 1. 1 : Dans les lacs, en présence d'oxygène, on retrouve le fer principalement sous la forme cJ'(hydr)oxydes ferriques solides et peu solubles tels que : Hématite a-Fe203, Goethite a-FeOOH, Lépidocrocite r-FeOOH, Maghémite r-Fe203 et Ferrihydrite (Fe203, n H20). Ils peuvent adsorber sur leur surface des métaux lourds et des molécules organiques polaires qu'ils entraînent vers le fond par sédimentation. Dans les sédiments anoxiques (potentiel d'oxydo-réduction bas) d'un lac, les (hydr)oxydes ferriques subissent une dissolution réductrice induite par des complexants et des réducteurs provenants de la décomposition de la matière organique (acides organiques, phénols,etc... ). Les ions Fe(//) dissous diffusent ensuite vers le haut dans la colonne d'eau s'ils ne sont pas piégés par HS-. Dès que le potentiel d'oxydo-réduction atteint des valeurs plus élevées, par exemple en présence d'oxygène dissous, le Fe(//) est oxydé. Dans les conditions moyennes de pH d'un lac (entre 4 et 9) il reprécipite sous forme d'oxyde avant d'être de nouveau partiellement entraîné vers les sédiments. Si les réactions hétérogènes à l'interface solide-liquide ont lieu dans les eaux de surface (ou éventuellement dans les aérosols), Fe(OHh(s) f':.__Q]_./ Fell(aq) EPILIMNION METALIMNION 1 N 1 Figure 1.1 : Schéma du cycle du fer dans un lac -------~- -3- l'effet photo-chimique de la lumière peut s'ajouter aux mécanismes décrits précédemment. 2. LE ROLE DE LA LUMIERE Si la lumière solaire est principalement absorbée dans les lacs par les matières organiques dissoutes, une partie importante est également absorbée par les particules solides en suspension, qu'elles soient d'origine biologique ou non. Ainsi, même si une large fraction des radiations solaires absorbées par ces particules est transformée en énergie thermique, une part non négligeable est utilisée pour des réactions photochimiques : photosynthèse, photoréactions à l'interface des oxydes métalliques. Ces dernières ont d'abord été étudiées dans les années 70 dans le cadre du développement de l'énergie solaire mais l'intérêt s'est orienté de plus en plus vers l'utilisation de ces réactions pour dégrader les polluants organiques lors du traitement des eaux usées. Depuis quelques années, il est devenu évident qu'elles étaient aussi à l'origine de la présence d'ions métalliques (Fer et Manganèse) en solution dans les eaux supérieures des lacs : Des mesures effectuées par MacMahon (1969) et Collienne (1983) dans l'Epilimnion de certains lacs acides ont montré des concentrations significatives de Fe(ll)aq (1 à 6 µM) avec des fluctuations au cours de la journée et au long de l'année directement liées à l'ensoleillement. D'autre part ces résultats coïncidaient avec la diminution de la concentration en Fe(lll) 10 1. (sous forme aqueuse et particulaire) sans qu'il y ait interaction d'aucun autre facteur. Plus récemment Mc Knight & al. (1988) ont observé la photoréduction du Fe(lll) présent sous forme dissoute ou sous forme d'(hydr)oxyde solide dans une rivière de montagne recevant en amont des eaux acides de drainage d'une mine, pH<4. La production de Fe(ll)aq. durant la journée était environ quatre fois plus grande que l'oxydation du Fe(ll)aq. durant la nuit. Dans ce cas cependant, il semble que les matières organiques ne jouent pas un rôle important compte tenu des concentrations mesurées. Dans une excellente contribution, Finden & al (1984) ont démontré l'importance pour le phytoplankton de la réduction des oxydes de fer(lll) par la lumière dans les eaux naturelles car les algues ne -4- peuvent utiliser le fer que sous forme ionique soluble. Mais ils suggèrent également à la suite de Miles & Brezonik (1981) que les substances humiques adsorbées sur les particules d'oxyde participent au processus de réduction en réduisant le Fe(lll) directement ou/et en le maintenant dans un état réduit. Ce phénomène est également observé pour les oxydes de manganèse par Sunda et al. (1983). Ils établissent ainsi l'influence des substances organiques naturelles dont le rôle est précisé par d'autres études menées en laboratoire sur différents systèmes et qui montrent une dissolution photoréductrice bien plus rapide en présence de ces substances : Lépidocrocite + Acide citrique (Waite et Morel 1984) Goethite + Oxalate (Cornell et Schindler 1987) Maghemite + EDT A (Litter et Blasa 1988) Une autre étude par Faust & Hoffmann (1986) sur le système Hématite + Sulfite propose un mécanisme de photolyse des complexes Fe-complexant dans la sphère interne proche de celui décrit par Waite & Morel pour les complexes organiques. Néammoins, le rôle de la lumière dans ces photoréactions n'est pas encore très bien compris. Il est toutefois déjà possible de dire que ces réactions d'oxyde-réduction impliquent une redistribution de la charge électrique à l'interface oxyde métallique - solution : Quand l'état d'oxydation du métal dans le cristal change il s'en suit une dissolution de l'oxyde par affaiblissement des liaisons de la structure. Le rôle joué par la lumière est d'apporter dans certains cas l'énergie supplémentaire nécessaire pour amorcer la réaction du transfert d'électron ou plus simplement pour faciliter ce transfert. Dans d'autres cas l'effet de la lumière sur la dissolution est indirect : l'énergie lumineuse est utilisée pour créer lors de réactions photochimiques en solution des espèces chimiques (radicaux, H20 2, ions Fe2+, etc ... ) qui viendront ensuite réagir à l'interface avec les atomes métalliques. 3. OBJECTIFS A travers une approche expérimentale cette étude a pour but d'obtenir de nouvelles informations sur le rôle de la lumière dans les mécanismes de dissolution des (hydr)oxydes de Fe(lll). -5- D'autre part le choix de l'oxalate comme complexant organique est motivé par plusieurs raisons : * C'est une molécule organique simple communément présente dans les systèmes naturels (Graustein et al. 1977) * Il s'adsorbe sur les surfaces des principaux oxydes métalliques qu'il contribue efficacement à dissoudre (Berner et al. 1980, Stone et Morgan 1984) * Le système Fe(lll)-Oxalate en solution a été largement étudié dans le cadre des mesures de l'intensité lumineuse (Actinométrie : Parker 1968) Parallèlement aux études de dissolution, l'oxydation et donc la transformation des molécules organiques sous l'effet de la lumière est un autre thême d'importance qui sera brièvement abordé. En effet, l'élimination des polluants organiques dans les milieux naturels (air et eau) procède fréquemment par le biais de réactions d'oxyde-réduction à la surface de particules d'oxyde. Il s'agit enfin d'améliorer notre connaissance du cycle du Fe(ll) et son impact sur la dissolution des (hydr)oxydes de Fe(lll). En effet, afin de mieux comprendre les mécanismes engendrés par la lumière dans le système Hématite-Oxalate il a fallu auparavant étudier le système dans un environnement isolé de toute source lumineuse. Cette étude préalable sur la dissolution de a-Fe 2 0 3 en présence d'oxalate et de Fe(ll) s'est révélée très fructueuse pour la compréhension des mécanismes de dissolution à l'interface dans des conditions proches de celles rencontrées dans la région anoxique des lacs, là où se produit une réduction du Fe(lll) provenant des sédiments. La description de ces phénomènes est présentée dans ce travail car elle est absolument nécessaire pour comprendre le système exposé à la lumière (voir également Blesa et al. 1987, Su ter et al. 1988). N.Qle_: L'étude de la dissolution des (hydr)oxydes de Fe(lll) dans les milieux aqueux trouve encore beaucoup d'autres applications dans les domaines tels que le cycle du fer dans les systèmes biologiques, l'extraction du fer dans les minerais et surtout en corrosion : passivité des métaux, élimination des dépots d'oxyde sur les surfaces métalliques, etc ... -6- 4. LES DIFFERENTS MECANISMES PE DISSOWT!ON QES lHYPR)OXVDES DE FER(!!!). les différentes voies possibles pouvant conduire à la dissolution des (hydr)oxydes de fer(!!!) sont décrites sur la figure 1.2. La représentation très schématique d'une surface d'oxyde illustre la coordination des atomes de Felll à la surface avec les complexants mais elle ne donne ni l'ordonnancement exact de la structure ni la composition des liaisons. D'autre part, dans la plupart des cas on a affaire à une combinaison de plusieurs mécanismes qui se produisent en même temps et s'influencent mutuellement. Figure 1.2 : a) Dissolution jndujte par les protons Lorsque le pH de la solution est acide, les protons sont adsorbés sur les groupes hydroxyles de surface où ils polarisent, et donc affaiblissent, les liaisons entre les atomes métalliques et les atomes d'oxygène. Le Felll est détaché du cristal et la nouvelle surface est à son tour attaquée. b) Dissolution par un coordinat du type oxalate Le coordinat forme un complexe de surface avec un atome de Felll à la surface de l'oxyde. Il s'en suit un affaiblissement par polarisation des liaisons du cristal autour du Felll complexé et le complexe se détache ensuite de la surface. Les complexants qui forment des chelates sont particulièrement efficaces. c) Dissolution réductrice dans le noir Dans ce cas, le réducteur, par ex. l'ascorbate, après avoir formé un complexe avec un atome de Felll à la surface de l'oxyde, réduit le Fe/// en Fe" en lui transférant un électron tandis qu'il est lui-même oxydé (caractérisé par A~). Le détachement des ions Fe", qui souvent contrôle la vitesse de réaction, est plus facile que celui des ions Felll. d) Dissolution catalvsée par le Fell Le Fell produit dans le noir ou sous l'effet de la lumière peut se transformer en réducteur si un complexant approprié est présent, par ex. l'oxalate, pour former un pont électronique. Bien que l'oxyde de Fe(///) soit dissous d'une manière réductrice, seule augmente la Réducteur tel que ascorbate protons Complexant tel que oxalate Complexant tel que oxalate ' Felll/ OH'Fe111 OH2 + / îl / 'o/ 'oH Fe~q Il wt H20 / (a) 1 ...... , 1 / Lent ,OH2 Fe"''• Fe 11aq OH (c) • Fe 111 Complexant tel que oxalate 0 o)2n-3)f 'c-r (aq) 1 '\o...-C"'-O n (d) H20i H• oxalate ' Fem/ Lent OH2 / 'OH •Fern ( 0 'C<9 1 Figure 1.2 : Représentation schématique des mécanismes de dissolution des (hydr)oxydes de Fe(lll) o12n-3)- 0...-C""'O (aq) n (b) (e) -8- concentration en Felll car le Fell agit uniquement comme un catalyseur pour la dissolution. e) Dissolution réductrice induite par la lumière Une substance organique telle que l'oxalate, qui dans le noir ne réduit pas le Fe" (fig. b) est susceptible d'atteindre un état excité (caractérisé par *) grâce à l'absorption d'énergie lumineuse. Le transfert d'électron vers le métal peut alors avoir lieu. 5. RESULTATS IMPORTANTS OBTENUS DANS CETIE ETUDE La dissolution des (hydr}oxydes de fer(lll) induite par la lumière en présence d'un complexant tel que l'oxalate est la combinaison de plusieurs des processus décrits précédemment qui agissent simultanément. En absence d'oxygène et à pH S. 5, le résultat peut être une réaction autocatalytique, figure 6.1. Mécanjsme 1 La photoréaction d'oxyde-réduction à la surface de l'oxyde, figure 1.2.e., se produit par l'intermédiaire soit d'une transition de type transfert de charge du complexant vers le métal (LMCT) du complexe de surface >Fe(lll)-Oxalate, soit d'une transition de transfert de charge, Fe"' <--- 0-11, créée dans le solide. Sans qu'il soit possible de conclure définitivement, la première hypothèse est la plus vraisemblable. Seules les lumières de longueurs d'onde inférieures à environ 400nm conduisent à l'accélération de la dissolution de l'hématite selon ce mécanisme, figure 6.6.a. Le détachement du centre métallique réduit est l'étape limitante de la dissolution. La vitesse de la photoréaction d'oxydo-réduction est proportionnelle à la concentration en oxalate adsorbé. Mécanisme 2 Le Fe(ll) catalyse thermiquement la dissolution en transférant un électron vers un centre métallique à la surface de l'oxyde par l'intermédiaire d'un pont formé par l'oxalate, figure 1.2.d. Au vu des résultats, on suppose que la vitesse de la réaction pour une concentration en oxalate donnée est proportionnelle à la concentration en Feil adsorbé, figure 5.4.a. De même, on démontre -9- que la vitesse de dissolution à concentration en Feil adsorbé maximale est fonction de la concentration totale en oxalate à la puissance 1,3, figure 5.4.c. Dans la photoréaction, Feil est obtenu soit par réduction directe de la surface suivant le mécanisme 1, soit par réduction en solution des complexes Fe11LC 20 4+ (et autres espèces) obtenus au début de la réaction par détachement des complexes FellLQxalate suivant le schéma de la figure 1.2.b. Mécanisme 3 La photolyse des complexes Felll-Oxalate en solution suivant une réaction stoechiométrique où deux atomes de Fe(lll) sont réduits tandis qu'une molécule d'oxalate est oxydée, figure 6.2, fournit une partie du Fe(ll) nécessaire au mécanisme 2. La vitesse de réaction dépend de la concentration en complexes FellLOxalate dissous. La photoréaction d'oxydo-réduction induite par la lumière est donc fonction d'une réaction thermochimique et d'une réaction photochimique dépendantes l'une de l'autre. A concentration en oxalate constante, la vitesse de réaction thermique est proportionnelle à la concentration en Feil adsorbé, elle-même fonction de la concentration en Feil total suivant une isotherme d'adsorption de Langmuir: d[Fe3+] K8 S[Fe 11 Jdis. 11 Ath= dt = k1 [Fe lads. = k1 1 + KS[Fell]dis. KS est la constante d'équilibre d'adsorption du Feil (égale à 2,6.104 M -1 dans notre cas) et S est la concentration totale en sites de surface disponibles pour l'adsorption du Feil. La vitesse de réaction photochimique, avec cette fois production de Feil, est proportionnelle à la concentration en oxalate adsorbé, qui est constante à concentration totale en oxalate constante, et à la concentration en Felll dissous : 2 Rph = d[~~ +] = Rsurf. + Rsol. = k2 + k3[Fe 111ldis. Lorsque le pH augmente, il faut tenir compte de la réadsorption des ions Fe2+ sur la surface de l'oxyde. -10- En présence d'oxygène, la dissolution de l'hématite est nettement moindre, figure 6.9, mais la décomposition de l'oxalate est plus rapide que sous atmosphère neutre d'azote, tableau 6.4. Cette dernière est aussi très largement accélérée par les longueurs d'onde inférieures à 400nm, figure 6.11. Ces résultats s'expliquent par la réoxydation des ions Fe2+ formés lors de la photoréaction d'oxyde-réduction, soit par l'oxygène 0 2 directement à pH élevé, soit par 0 2- et H2 0 2 produits également lors de la réaction. Le fait que la concentration totale en fer dissous n'augmente pas en solution prouve que l'oxydation à lieu sur les ions métalliques réduits de la surface. Si la ferrihydrite est prise comme modèle d'(hydr)oxyde de fer(lll) à la place de l'hématite, la dissolution est moins fortement inhibée par l'oxygène et on mesure une concentration en fer dissous plus importante. Ceci tendrait à prouver l'importance spécifique de la cristallinité de l'oxyde. La présence abondante dans les eaux naturelles d'(hydr)oxydes de fer(lll) possédant des phases cristallines moins stables que l'hématite permettrait de maintenir une concentration de fer dissous suffisante pour les besoins de la matière vivante. -11- CHAPITRE 2 LA DISSOLUTION DES OXYDES METALLIQUES DANS LES MILIEUX AQUEUX - PRINCIPES GENERAUX 1. INTRODUCTION L'érosion des roches, la formation et la dissolution des sols et des sédiments ainsi que la plupart des réactions qui contrôlent la géochimie et les concentrations des principaux éléments dans la nature se produisent à l'interface entre les particules solides et le milieu souvent aqueux qui les entourent. Beaucoup de réactions d'oxydation et de réduction dépendent des mécanismes ayant lieu à la surface de ces particules. Celles-ci possèdent à leur surface des groupes hydroxyles qui leur confèrent des propriétés très proches de celles des composés chimiques homologues en solution. Dans le cas qui nous intéresse, les réactions de dissolution des (hydr)oxydes métalliques sont principalement contrôlées par l'interaction de la surface hydratée des particules avec les ions H+ (et OH-) et les coordinats, appelés aussi complexants (en Anglais: ligands), présents en solution (anions, acides faibles). De ce fait, l'adsorption d'une molécule à la surface des oxydes peut être décrite de la même manière qu'en chimie de coordination à l'aide de la théorie des orbitales moléculaires, l'influence des phénomènes physiques (forces électrostatiques, ... ) étant souvent négligeable. 2. LES REACTIONS DE COORDINATION A LA SURFACE DES OXYDES. Lorsque l'on met une surface d'oxyde en contact avec de l'eau, celleci s'hydrate et se couvre de groupes hydroxyles >Me-OH. La charge de la surface dépend ensuite du pH. Les (hydr)oxydes métalliques sont comparables à des polymères organiques acides ou basiques qui peuvent soit être coordinés avec des protons H+ ou des ions métalliques, soit échanger leurs ions OH- contre d'autres coordinats anioniques. On peut très souvent connaître la relation qui existe entre la concentration d'une espèce en surface par rapport à la concentration en solution par des méthodes de titration ou d'adsorption-désorption d'un ion spécifique. Il est alors possible de -12définir les constantes d'équilibre de coordination à la surface (8chindler 1981) Par exemple, * Adsorption des protons >M-OH + H+ ;:Z >M-OH2+ s [>MOH2+l K 1 = [>MOHl[H+l [>81011 = [>MOH] + [>MOH 2+l : concentration totale en sites de surface * Adsorption d'un complexant : >M-OH + LZ- ~ >MUZ-1)- +OHKs _ [>MUz-1)-)[QH-J 1 [>MOHl[Lz-1 [>8 101] = [>MOH] + [>MUz-1 )·] : concentration totale en sites de surface Dans les deux cas, les équilibres d'adsorption peuvent être décrits par des équations d'adsorption de Langmuir : L [>MUz-1)-] Isotherme à pH constant : [Lz-1 C'est de la réactivité des sites de surface et de la nature des liaisons de coordination, voir figure 2.1, que dépendent les propriétés de l'interface entre solide et électrolyte et donc les mécanismes interfaciaux et leurs cinétiques. -13- Oxygène H+ .Q H ü........_Molécule Ha@n 't)/" d'eau D@Q Q ~ a: ~ ~ w monodenté bidenté I Cl. Cf) w a w (.) Œ a: Dlw a binucléaire mononucléaire Cf) w ~ ô bidenté mononucléaire (.) Figure 2.1 Nature des liaisons chimiques des complexes de surface D M - 0., 1 1 eu ,,,,<::5=' M-oYl"'-Ç<:> Q Fi 0 ure 2.2 : Exemples d'adsorption, a) de sphère interne et b) de sphère externe -14On distingue deux types principaux de réaction d'adsorption entre une surface d'oxyde et un coordinat ou un ion métallique : Des coordinations de sphère interne ou de sphère externe. Il n'est pas toujours facile de différencier expérimentalement les deux mécanismes. Cependant, Motschi et Audin (1984) ont montré le caractère de sphère interne de l'adsorption du Cu(ll) et du vanadyl(IV) sur l'oxyde d'aluminium à l'aide de techniques spectroscopiques (ESR et ENDOR). Dans le cas de l'adsorption du Cu(ll) sur un oxyde d'aluminium, figure 2.2.a., la réaction peut être formulée ainsi : où l'on voit qu'en pénétrant la sphère de coordination du cuivre, les complexes de surface (>Al-OH) se substituent à deux molécules d'eau. Si la réaction est de type de sphère externe, figure 2.2.b., l'adsorption est considérée comme électrostatique avec formation de paires d'ions. Une autre étude réalisée par Hayes et al. (1987) a permis de montrer le mode d'adsorption différent pour les deux espèces sélénite Se03 2- et sélénate Se04 2- à l'interface eau-goethite. La méthode employée, spectroscopie aux rayons X EXFAS a confirmé les résultats obtenus en comparant les constantes d'adsorption en fonction de la force ionique (Hayes & Leckie 1987). En effet, une coordination de type sphère externe est très dépendante de la force ionique de la solution qui ne joue qu'un rôle mineur dans les mécanismes de sphère interne. 3. LA DISSOLUTION EST CONTROLEE PAR LES REACTIONS DE SURFACE La dissolution d'un solide est le résultat d'une succession de réactions chimiques et physiques qui impliquent dans le cas des oxydes métalliques une modification de l'environnement autour du métal. Les plus importantes étapes sont : - L'attachement des réactifs sur les sites de surface où ils polarisent et affaiblissent les liaisons entre le métal et les atomes d'oxygène qui l'entourent. -15- Le détachement des centres métalliques de la surface vers la solution. Dans de nombreux cas il s'agit de l'étape limitante de la cinétique de dissolution. Après détachement du centre métallique, la surface est rapidement reformée par protonation puis adsorption des réactifs sur les nouveaux sites de surface. On peut ainsi obtenir un état d'équilibre cinétique de la dissolution si les concentrations en réactifs (solide et coordinat) sont suffisamment grandes. La vitesse de dissolution est alors de manière générale proportionnelle à la concentration en réactif adsorbé et au degré de protonation de la surface. Il est nécessaire de se rappeler que la surface des particules n'est pas homogène. Dans la réalité, c'est aux endroits où elle présente des défauts (fissures, coins, dislocations, etc ... ) c'est à dire là où les réactions ont une énergie d'activation plus faible, que la dissolution est favorisée (Lasaga et Blum 1986, Blum et Lasaga 1987). La vitesse de réaction est alors la somme de toutes les vitesses de réaction se produisant parallèlement aux divers sites. Il est cependant possible de considérer que la diversité des sites elle-même est conservée au fur et à mesure de la dissolution et que les conditions d'équilibre sont maintenues. 4. LES DIFFERENTS MECANISMES DE DISSOLUTION 4.1. Dissolution induite par les protons Les protons ont tendance à se lier aux groupes hydroxyles à la surface ou aux ions négatifs de l'oxyde les plus proches de la surface du réseau cristallin. L'affaiblissement par polarisation des liaisons du cristal conduit au détachement du centre métallique. L'adsorption des protons étant rapide, on peut supposer que la surface est en équilibre avec la solution. D'autre part, comme le détachement du centre métallique de la surface est l'étape la plus lente de la réaction, Furrer & Stumm (1983) ont défini l'equation de la cinétique de dissolution de la manière suivante : RH= kH(C~)" où - kH est la constante de vitesse de réaction - C~(mol.m-2) est la concentration en protons sur la surface -16- -8.0 -8.2 14 12 .. 3.1 en ~ -8.6 10 8 -8.8 ? 6 -9.0 1 [ 6 5 -5.6 -5.4 4 3 pH Figure .......,. ....................2......... 3 : a) Cinétiques de réactions de dissolution catalysée par les protons à la surface d'un oxyde d'aluminium et b) La courbe du log de la vitesse de dissolution RH (mole.m-2.h-1) en fonction du log de la concentration en protons à la surface df-t donne une valeur de n<::3. (Furrer et· Stumm 1986) ~20~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ ~ 15 -;;, 3 ., <;'E ::J 0 ~ 'ô 10 =ru ~ <l 5 10 1ase or ba te J ad•orbô 15 20 10·7 mol m- 2 w-~~-=~~==;~sa~n~s~as~co~rb~a=te~~======::;:::=::::='. 011'-----<> 25 10 15 20 30 0 5 temps Figure 2.4 : Dissolution réductive induite par le complexant ascorbate Banwart (1989) N.Q.ta: Les figures 3 et 4 représentent les résultats d'expériences réalisées en laboratoire dans des réacteurs fermés (flux nul) ce qui explique l'augmentation des concentrations mesurées en fonction du temps -17- n correspond au nombre de protonations nécessaires pour le détachement d'un centre métallique (voir exemple figure 2.3) 4.2. Dissolution non réductrice induite par un complexant L'accélération de la dissolution d'un (hydr)oxyde métallique par un complexant est une réaction contrôlée par la surface où la formation d'un complexe de surface par adsorption d'un coordinat sur un centre métallique Melll facilite le détachement de l'ion métallique vers la solution. Les complexants anioniques, notamment organiques, polarisent la liaison métal-oxygène à la surface du cristal lorsque leur charge négative pénètre la sphère de coordination du centre métallique. L'augmentation de la dissolution, ou éventuellement son inhibition, est fonction du mode d'adsorption, voir figure 2.1, et de la force des complexes. Il a ainsi pu être observé que les complexants bidentés tels les dicarboxylates peuvent former des chelates dont l'efficacité pour dissoudre les (hydr)oxydes est très grande; un exemple typique est celui de l'oxalate. Dans ce cas, et s'il n'est pas tenu compte de la dissolution induite par les protons, la vitesse de dissolution Re (mole.m-2. h-1) est proportionelle à la concentration en complexant C adsorbé sur la surface C6 : Re= d[MelllaqJ s dt = kcCc où kc est la constante de réaction; Me, le fer ou l'aluminium par exemple. Bien entendu, la valeur de la constante kc est fonction du complexant et du complexe formé; ainsi pour les complexants aliphatiques : koxalate > kmalonate > ksuccinate . On suppose également que l'adsorption est très rapide (prééquilibre) et que le détachement du complexe oxalate-métal est le facteur limitant de la réaction. -18- 4.3. Dissolution rédyctrice induite par yn complexant La réduction correspond à un changement d'état d'oxydation du métal. Elle a une très grande influence sur la solubilité de l'oxyde qui peut augmenter de plusieurs ordres de grandeur. Les réactions d'oxyde-réduction à la surface des particules d'(hydr)oxyde jouent donc un rôle majeur dans le transport des métaux dans les eaux naturelles. Elles permettent en outre de mettre à la disposition de la matière vivante des concentrations suffisantes de certains métaux qui sont nécessaires à leur croissance mais dont la forme chimique prévalant dans les conditions des eaux naturelles est très peu soluble : Oxydes de Fer(lll) ou de Mn(lll) et Mn(IV) (Anderson & Morel 1982). Un réductant est un complexant qui peut aisément échanger un électron avec un centre métallique à la surface de l'(hydr)oxyde (Fe(lll), Mn(IV) par ex.). Le degré d'efficacité du transfert dépend pour beaucoup de la manière dont le réductant est adsorbé. Comme pour la dissolution non-réductrice, les complexants réducteurs adsorbés selon le type "sphère interne" sont les plus efficaces. Les différentes étapes de la réaction peuvent alors s'écrire ainsi - Formation du complexe de surface ou prééquilibre kj >MellLQH + HA f± >Melll-A + H20 k.1 - Transfert d'électron k2 >MellLA f± >Mell-A' k.2 - Détachement du produit organique oxydé k3 >Mell-A' + H20 f± >Me1LQH2 + A' k.3 - Détachement de l'ion métallique réduit k4 >Me11-0H2 f± >... + Me2+(aq.) + H20 k.4 Des études plus exhaustives sur la dissolution réductrice des oxydes métalliques ont été réalisées par Stone et Morgan (1987). -19Pour connaître l'étape limitante de la cinétique de dissolution, il est nécessaire de procéder à une étude expérimentale des cinétiques de dissolution dont voici un exemple : • Dissolution réductrice de l'hématite en présence d'acide ascorbique (Banwart 1989) : Sur la figure 2.4, les cinétiques de dissolution réalisées à pH 3 montrent que pour une concentration variable en ascorbate adsorbé, l'accroissement de la dissolution est linéaire. Ainsi, la vitesse de dissolution est fonction de la concentration d'ascorbate en solution [HA-] selon une fonction du type de Langmuir : , K 5 [>S1 0 1][HA-] [>FeA] = 1 + Ks[HA-J où l'équation de réaction est la suivante : >FeOH + HA- <::t FeA- + H20 Il est alors possible de conclure que la vitesse de dissolution est directement proportionnelle à la concentration en ascorbate adsorbé à la surface : R = k[>FeA-J Pourtant cela ne veut pas dire que l'étape 1 est l'étape limitante de la dissolution puisqu'il est possible de considérer le détachement de l'ion métallique réduit (étape 4) comme la réaction la plus lente sachant que [Fe11-QH 2 ] est directement proportionnel à [Felll-A]. Souvent l'équation de la cinétique de dissolution peut être très compliquée comme le montrent Stone et Morgan et il n'est pas toujours possible de mesurer expérimentalement toutes les concentrations des différentes espèces au cours de la réaction. Dans l'exemple de l'ascorbate et de l'hématite, Banwart et al. (1989) proposent au vu des résultats obtenus, une cinétique contrôlée par le détachement du centre métallique réduit Fell. Il faut noter que Fe" est plus facilement détaché de la surface du cristal du fait de la plus grande labilité de la liaison Fe"-O que celle de la liaison Fe"'-0. Le détachement du Fell peut encore être accéléré par la présence d'un complexant puissant tel que l'oxalate (Banwart et al. 1989). Un cas particulier de la combinaison complexant-réductant est fourni par le couple oxalate-Fe" dont l'effet conjugué est -20extrêmement efficace pour dissoudre les (hydr)oxydes de Fe'"; son étude fait l'objet du chapitre 5. 4.4. Dissolution rédyctrjce jndyite par la lumière En présence de complexants métastables qui forment des complexes de surface avec les oxydes métalliques mais ne réduisent pas le métal (voir dissolution non réductrice), il est possible parfois d'induire la réaction de réduction par la lumière. Celle-ci fournit l'énergie nécessaire au transfert d'un électron vers le métal, soit à partir d'un état excité au coeur de l'oxyde, soit en provenance d'un état excité du complexe de surface. Une étude détaillée du système hématite-oxalate est proposée au chapitre 6 et on peut également se référer au travail de Faust et Hoffmann (1986) sur le système hématite-sulfite. 4.5. Remarque Pour faciliter la compréhension, les différents processus ont été supposés indépendants les uns des autres alors qu'en réalité c'est rarement le cas. Il faut donc les combiner de façon à pouvoir établir les lois de dissolution. Par exemple, une compétition entre différents complexants peut avoir lieu pour les sites de surface si les concentrations sont élevées. Il est notamment possible d'inhiber la dissolution d'un oxyde en adsorbant sur la surface un complexant peu actif mais qui forme des complexes très forts avec les sites de surface tel que phosphate ou benzoate empêchant ainsi l'accès à ces sites à d'autres complexants plus réactifs. 5. APPROCHE PHYSIQUE PES PHENOMENES A L'INTERFACE 5.1. Le point de vue du physicien et de l'électrochimiste A l'interface entre un solide et un milieu environnant liquide ou éventuellement gazeux ce ne sont pas seulement deux états de la matière qui se trouvent confrontés mais également des théories différentes quant à la description des phénomènes physiques et chimiques qui peuvent s'y produire. Nous avons vu jusqu'ici qu'il -21était possible de se contenter d'une approche basée sur la chimie de coordination en solution dans le cas d'une complexation sur la surface des oxydes métalliques en milieux aqueux. Cependant, la structure du solide est perturbée par les discontinuités du réseau cristallin à l'interface et par toute réaction à laquelle elle participe. Parfois ces réactions peuvent même modifier les comportements du solide, notamment si celui-ci est conducteur ou semi-conducteur, par exemple lorsqu'il se produit une excitation thermique ou photoélectrique. C'est ce deuxième cas qui nous intéresse dans le cadre de ce travail puisque l'hématite est considérée comme un semi-conducteur ainsi d'ailleurs que tous les {hydr)oxydes de Fe{lll) si l'on se réfère aux travaux de Leland et Bard (1987). La théorie du champ cristallin, ou théorie des bandes, est utilisée par les physiciens du solide et les électrochimistes pour décrire les propriétés électroniques de beaucoup de solides dans le cadre de la conversion de l'énergie solaire et des phénomènes de catalyse de réactions chimiques. 5.2. La théorie des bandes des solides cristallisés {voir par exemple Bockris et Reddy 1970, Gerischer 1969, Ahmed 1972, Gerischer et al. 1978, Morrison 1980) Figure 2.5: Prenons n atomes supposés très espacés à l'origine les uns des autres de manière à ce qu'ils puissent être considérés comme isolés. De ce fait ils possèdent des niveaux d'énergie propres à chaque atome. Si on rapproche les atomes jusqu'à ce qu'il y ait recouvrement {overlapping) des orbitales, les niveaux d'énergie se divisent et se répartissent en bandes d'énergie d'orbitales moléculaires délocalisées: • La bande de plus basse énergie est appelée bande de valence, elle est le résultat du recouvrement d'orbitales de valence remplies des atomes individuels. • La bande de plus haute énergie ou bande de conduction résulte du recouvrement d'orbitales vides ou partiellement remplies des atomes isolés. Pour qu'un matériau soit conducteur, il faut des bandes d'énergie vacantes {ou plutôt des orbitales vides) et facilement accessibles pour que les électrons puissent se déplacer. a) Energie -22Bande de conduction Bande de conduction 1,--- '--... Niveaux d'énergie / des atomes libres ~--1 1 1 Bande de valence Distance interatomique b) Energie Bande de conduction Bande de conduction vide Saut d'énergie »k T _ j _ , _ _ __ Bande de valence remplie d I Distance interatomique c) Energie 4 Bande de conduction vide S'"t d';oo,gto='Ç Bande de valence remplie Bande de conduction = dsc Distance interatomique Figure 2.5 : La théorie des bandes du solide cristallisé - Schémas explicatifs -23- Ainsi, si on suppose un matériau de distance interatomique d, il sera conducteur si les deux bandes se chevauchent (figure 2.5.a.), comme par exemple les métaux, et isolant si le saut d'énergie entre les deux bandes est grand (figure 2.5.b.). Si le saut d'énergie est faible (figure 2.5.c.), soit de l'ordre de l'énergie thermique d'un électron, on est en présence d'un semi-conducteur. Avec un semi-conducteur, la conduction peut avoir lieu aisément grâce à un apport d'énergie, par exemple photoélectrique, ou en utilisant des niveaux d'énergie situés dans la zone interdite par l'intermédiaire d'impuretés, c'est le principe du dopage. D'un autre côté, des espaces libres sont créés dans la bande de valence. Les vitesses de réaction d'oxyde-réduction à la surface peuvent être accélérées par une augmentation de la conduction dans le solide ainsi que par le transfert d'électrons. Au niveau de la surface, les bandes sont modifiées car les états d'énergie sont différents de ceux au coeur du solide. Il y a accumulation de charges en surface et création d'un champ électrique. 5.3. Les états de surface Dans le modèle des bandes, les sites de surface, c'est à dire les hétérogénéités au niveau de l'interface dues à des défauts du cristal, des impuretés ou, tout simplement, à la cassure du réseau cristallin, sont définis en terme d'états (d'énergie) de surface. Les états de surface de type intrinsèque naissent à la surface d'un solide parce que la périodicité est détruite. Ainsi les états de Tamm apparaissent à la surface des solides ioniques M+-X- dont les oxydes font partie, quand les atomes de la surface ont une affinité électronique différente de ceux au coeur du réseau donc des niveaux d'énergie différents. Les états de surface extrinsèques proviennent de la présence d'impuretés dans ou sur le cristal. Dans le cas général, si l'état de surface, qu'il soit donneur ou accepteur d'électrons, est occupé par une molécule adsorbée, son niveau d'énergie va changer: De nouveaux états sont formés par un chevauchement des orbitales moléculaires de l'état de surface et de la molécule (états de Schockley). -24- E Donneur d'électron Semi-conducteur Electrolyte Figure 2.6 : Influence des états de surface sur le transfert de charges électriques à la surface d'un solide semiconducteur (d'après Gerisher et al. 1978) La figure 2.6 représente schématiquement l'influence d'états de surface sur le transfert d'un électron, ou d'un trou h+ créé dans la bande de valence, entre une molécule "donneur d'électron" adsorbée sur la surface et le semi-conducteur après excitation lumineuse du solide. De même, il est possible d'imaginer dans cet exemple que les électrons promus dans la bande de conduction soient également transférés vers un accepteur à la surface. Les questions concernant l'influence de la lumière sont discutées plus longuement au chapitre 3. -25- CHAPITRE 3 PRINCIPES DE PHOTOCHIMIE 1. PRINCIPES GENERAUX 1.1. Introduction La principale source d'énergie sur Terre provient des radiations du soleil dont les mécanismes de la vie se servent abondamment notamment dans les réactions de photosynthèse. De même, les différentes sources d'énergie employées pour les multiples activités humaines sont presque toutes issues de la conversion directe ou indirecte de l'énergie fournie par le soleil, hydraulique, éolienne et autres, ainsi que tous les combustibles : bois, gaz naturel, charbon et pétrole. De manière générale, la photochimie a trait à tous les processus chimiques dus à l'action de la lumière visible et ultraviolette. Mais ce chapitre s'interessera surtout à donner quelques définitions importantes pour comprendre les phénomènes observés sous l'action de la lumière à l'interface des particules d'oxyde dans les milieux aqueux. 1.2. Chimie thermique et photochimie La photochimie n'est qu'un aspect de la chimie en général dont les principes théoriques et les modèles descriptifs peuvent également être appliqués dans le cadre de la photochimie. L'une des différences principales entre chimie thermique et photochimie réside dans la distribution des charges entre les états électroniques fondamentaux et excités qui peut aboutir à une modification importante des comportements chimiques. Cependant, la différence essentielle concerne la thermodynamique des réactions, c'est à dire la possibilité qu'une réaction chimique ait lieu ou non. Etant donné que les états électroniques excités d'une molécule ont une énergie interne souvent beaucoup plus grande que les états fondamentaux, le choix des réactions possibles est également beaucoup plus important d'un point de vue purement thermodynamique. -26- Pour beaucoup de systèmes une réaction A ~ B est impossible alors qu'une réaction passant par un état intermédiaire A hv ~ A* ~ B est possible parce que A* ~ B est thermodynamiquement favorable. hv est le photon d'énergie absorbé par la molécule avec : - h = 6,625.1 Q-27 erg.sec : constante de Planck - v en sec-1: fréquence de la radiation Une mole de photons est souvent appelée un einstein (E) mais l'unité n'est plus acceptée officiellement. 1.3. L'absorption des radiations Lors du passage d'un photon de lumière à côté d'une molécule, l'interaction entre le champ électrique lié à la molécule et le champ électrique lié à la radiation crée une perturbation. Dans certains cas le photon est absorbé par la molécule dont les structures électroniques changent avec pour conséquence une modification de l'état d'occupation des orbitales de la molécule. L'absorption de la lumière par un composé chimique, qu'il soit sous forme vapeur, liquide, solide ou en solution est donné par la loi générale de Beer-Lambert : où 1 = Io.10-ecl (en unités S.I) Intensité de la radiation monochromatique transmise (en E.m-3 .s-1) 10 == Intensité de la radiation monochromatique incidente (idem) e =Coefficient d'extinction, constante caractéristique de l'échantillon et de la longueur d'onde (en m2.mol-1) c = Concentration de l'échantillon (ou pression partielle, ... ) (en mol.m-3) 1 = Longueur de l'échantillon traversé par la radiation (en m) Cette loi est valable tant que l'intensité de la lumière n'est pas trop grande I 1.4. Les réactjons de désactivation Les molécules excitées sont instables et doivent donc en un temps relativement court retrouver à travers des réactions de désactivation chimique ou physique des états qui les placent en équilibre avec le milieu environnant ainsi qu'il est montré sur la -27figure 3.1. Ces processus sont décrits dans ce paragraphe et résumés sur le diagramme de la figure 3.2. =5 _ ISC _ _ ISC /= ) - , ·:+P:F:r'-1~~~ -tl - =(, JVV'T;; =< 8 ~ iJ,f"., o ~ _..,.., IC -- =< C:.v~ =s =1 R_ 5c .; :. . / ~ '-' =~VR =~ - ~1 ~ ~ = =) ~l; / IC'.i-,ç .,_<;- o" ...-"'tr":::r~ .i-« ,<{ ,,,o ISC VR ISC ~""' ....1..e"c.~ C:, VR '§ ~ èf' acti~atio;. thermique ~o"ç~'"' ç Figure 3 1 : Diagramme de Jablonski montrant quelques processus de désactivation radiative et non-radiative à la disposition d'une molécule excitée.- VR : relaxation vibratoire, IC : conversion interne, /SC : liaison transversale inter-systèmes. Figure 3.2 : Processus photo élémentaires.- Mb Mk, M. représentent des états électroniques stationnaires de la molécule M; d'après Von Bunau et Wolff (1987). -28- Si les états électroniques participant à la réaction proviennent de la même molécule on parle de processus photophysique, tandis qu'une transition entre l'état excité d'une molécule et un état d'énergie appartenant à une autre molécule donne lieu à une transformation photochimique D* +A~ D +A* Le transfert d'énergie entre le donneur et l'accepteur peut se produire selon divers mécanismes. Cependant, sans rentrer dans les détails, il est possible de distinguer deux mécanismes principaux : - Emission par D* d'un photon et ra-absorption par A. Il n'est pas nécessaire que les deux molécules soient en contact donc la réaction peut avoir lieu sur une grande distance. - Transfert intramoléculaire lorsque D* et A se rencontrent pour former D* A sans qu'il y ait complexation, D* A se dissocie ensuite après transfert de l'énergie du photon en D + A* . Il est également possible qu'un transfert d'électron ait lieu: D* A ET ~ D±A± dissoc. ~ D± + A± La réaction: D* + Q ~ D + Q + chaleur, est appelée amortissement (quenching), Q étant l'amortisseur ou quencher. Les processus physiques de désactivation sont divisés en deux catégories : - Désactivation non radiative Ces transitions ont lieu entre des niveaux vibratoire-rotationnels isoénergétiques de différents états électroniques. Comme l'énergie totale du système ne varie pas, aucun photon n'est émis. On distingue les transitions entre des états isoénergétiques de multiplicité identique, conversion interne (internai conversion) et les transitions entre des états isoénergétiques de multiplicité différente, liaison transversale inter-systèmes (intersystem crossing). La multiplicité correspond à l'état de spin de l'électron, c'est à dire le sens de sa rotation. Il y a deux multiplicités de rotation possibles que l'on nomme "singlet" et "triplet". - Désactivation radiative Dans ce cas, une espèce excitée passe d'un état plus excité à un état moins excité en émettant un photon. De même que pour les transitions non radiatives, on distingue les transitions radiatives -29- entre états de multiplicité identique et celles entre états de multiplicité différente. Les premières, rapides (k 1 ~ 1 os-1 Q9s-1), donnent lieu à la fluorescence et les secondes, plus lentes (k1 ~ 10-2 -1 Q-4 s-1) mais également plus rares, à la phosphorescence. Il faut encore ajouter un dernier mécanisme par lequel la molécule excitée perd une partie de son énergie. Il s'agit de la relaxation des états vibratoires d'un électron dans un état excité par émission de chaleur mais sans changement d'état électronique. L'électron cherche à atteindre le niveau d'équilibre de son état excité. Bien entendu ce processus est très rapide (kr~1013 s-1). 1.5. Cjnétigue et rendement guantigue Le choix pour un état excité entre les multiples processus de désactivation est théoriquement très large et souvent les réactions se concurrencent. Néammoins, dans la réalité, du fait des constantes de réaction, seuls certains processus sont importants pour un système donné et il est possible de négliger les autres. On appelle processus primaires les processus qui partant de l'absorption d'un photon par une molécule conduisent à sa disparition ou à sa désactivation complète (état non réactif). Un paramètre important pour déterminer quantitativement l'efficacité de la réaction globale, somme et juxtaposition de tous les différents mécanismes intermédiaires, est le rendement quantique <I>. Il mesure l'efficacité de l'utilisation des photons. Le rendement quantique primaire est défini de la manière suivante <l>p= nombre de molécules qui subissent la réaction nombre de photons de radiation absorbés par le réactif Cependant si les produits de la réaction chimique primaire sont des radicaux ou des composés instables, ils peuvent subir des réactions chimiques secondaires et il faut alors définir un rendement quantique total mesuré expérimentalement à partir du produit obtenu: <1> 101 nombre de molécules de produit obtenu =nombre de photons de radiation absorbés par le réactif -30- Comme la réactivité et l'absorption de la lumière sont dépendantes de la longeur d'onde de la lumière incidente, seuls sont fiables des rendements quantiques obtenus pour des lumières monochromatiques (sinon on parlera d'efficacité). 2. LA PHOTOCHIMIE DES COMPLEXES METALLIQUES EN SOLUTION Les complexes métalliques sont constitués d'un atome métallique central entouré de groupes coordinés qui sont attachés sur l'atome central par un ou plusieurs atomes. Ils peuvent être cationiques, anioniques ou non ioniques suivant les charges portées par l'ion métallique et les divers groupes. Sous l'influence de la lumière il est possible d'obtenir divers types d'états électroniques excités: * Etats excités dans le champ des coordinats (Ligand Field Excited States): En première approximation, les LFES proviennent de transitions électroniques se produisant entre les orbitales du métal. Le réarrangement des électrons ne modifie pas la distribution des charges entre le métal et les coordinats, mais les forces des liaisons métal-coordinat sont cependant affectées, généralement dans le sens d'un affaiblissement de celles-ci. * Etats excités dans la première sphère de coordination (Internai Ligand Excited States): Ces transitions ont lieu entre des orbitales moléculaires situées principalement dans le coordinat. De même que précédemment, on considère de manière générale que les transitions dans la première sphère de coordination ne modifient pas la distribution des charges entre le coordinat et le métal mais encore, qu'elles n'influencent pas nettement les forces des liaisons du coordinat. * Etats excités par transfert de charge (Charge Transfer Excited States): Dans ce cas, les états excités sont issus de transitions entre des orbitales moléculaires essentiellement localisées sur le coordinat. De telles transitions provoquent une redistribution des charges électroniques entre le métal central et les coordinats et donc un -31- changement de leur état d'oxydation. Deux types de transfert électronique sont possibles: - Du métal vers le coordinat (Metal to Ligand Charge Transfer) hv [Mz+(Cn)Y-](z-y)+ ~ [M(z+1 l+(Cn)(Y-1 l-](z-y)+ M-->C - Du coordinat vers le métal (Ligand to Metal Charge Transfer) hv (MZ+( C n)Y-j(Z-Yl+ ~ [M(z-1 )+( Cn) (y+ 1l-](z-y)+ C-->M Ces réactions d'oxyde-réduction sont intramoléculaires, le métal est réduit et le coordinat oxydé (ou vice-versa). Il est aussi possible d'obtenir des réactions d'oxyde-réduction intermoléculaires lorsqu'un électron est échangé entre le complexe et le solvant; dans ce cas, le complexe tout entier est réduit ou oxydé. Ensuite, s'il est instable, il peut se décomposer. L'une des principales bandes d'absorption des complexes Fe(lll)oxalate correspond à une transition LMCT. L'excitation de cette bande très large (200-550nm) provoque la photolyse du complexe, soit une réduction du Fe(lll) en Fe(ll) et une oxydation de l'oxalate. Le rendement quantique de cette réaction est très élevé (voir actinométrie Chapitre 4). 3. LES PROPRIETES SPECTRALES DU SOLIDE 3.1. Considérations générales (voir Marfunin 1974) Les ions qui forment le cristal d'un solide acquièrent des propriétés individuelles spéciales selon le type, le nombre et l'arrangement des ions des atomes qui les entourent et il n'y a pas de molécule isolée dans les cristaux. D'autre part, aucune théorie particulière ne peut à elle seule décrire toutes les propriétés chimiques et physiques du solide même si certaines apparaissent plus appropriées lorsque l'on s'intéresse plus précisément à l'un ou à l'autre aspect du cristal. Ainsi, la structure électronique des solides est avantageusement caractérisée par la théorie des bandes d'énergie mais les concepts de liaison chimique, ionique et covalente, la participation des -32- différentes orbitales atomiques, etc... sont mieux décrits par la théorie des orbitales moléculaires. Lorsque l'on veut étudier l'absorption de la lumière par un solide cristallisé on se réfère aussi à la théorie du champ du cristal. Ce modèle considère les coordinats comme des charges électriques ponctuelles dont le rôle est de créer un potentiel électrostatique appelé champ cristallin qui donne naissance à la séparation des niveaux d'énergie de l'ion métallique central. L'absorption d'une énergie lumineuse monochromatique correspondant à la différence d'énergie entre l'état fondamental et l'un des états excités des ions du cristal apparaît sous forme de bande d'absorption dans le spectre optique du cristal. On distingue trois types principaux d'absorption optique dans les minéraux et les matériaux inorganiques qui sont décrits dans le cadre des trois théories citées précédemment: * Le spectre du champ du cristal correspond aux transitions entre les niveaux électroniques d des ions métalliques séparés par les champs du cristal. Les bandes d'absorption de ces transitions sont situées dans la région visible du spectre de la lumière. Elles sont comparables aux transitions dans le champ du ligand pour les complexes en solution. * Le spectre du transfert de charge est décrit dans le cadre de la théorie des orbitales moléculaires comme transfert d'un électron de l'oxygène (ou du coordinat) vers le métal; en fait la transition a lieu entre des orbitales de l'oxygène remplies et des orbitales moléculaires partiellement remplies principalement localisées sur le métal. Le terme transfert de charge n'est pas à proprement parlé approprié car le métal n'est pas réduit; il s'agit seulement d'une transition vers un état excité du complexe (voir paragraphe 2.). Dans le cas des oxydes cette bande est située dans l'UV et une partie du visible pour Fe3+. * Le spectre du début de transition inter-bandes correspond au saut d'énergie entre la bande de valence et la bande de conduction selon le schéma de la théorie des bandes du solide. La méthode de mesure de l'absorbance d'un solide cristallisé est comparable à celle définie pour les solutions même s'il n'est pas toujours possible de considérer la loi de Suger-Lambert, équivalent -33- de la loi de Beer-Lambert pour les solides, directement proportionnelle à l'épaisseur du cristal du fait des assymmétries du cristal. Une méthode très employée pour observer avec une meilleure définition les caractéristiques d'absorption lumineuse des poudres de cristaux, des suspensions ou encore de solides plus grossiers, contenant défauts et autres impuretés, est la mesure du spectre de reflectance diffuse. Il tient compte, de la composante de la lumière absorbée par les cristaux puis qui réapparait à la surface des particules et, de la composante qui est réfléchie sans transmission à travers le cristal. La valeur Log(I 0 /Is) obtenue expérimentalement dans un spectrophotomètre comprend le spectre de reflectance des deux composantes; 10 et ls sont les intensités de la lumière rentrant et sortant de la suspension respectivement. 3.2. Caractéristiques spectrales de l'hématite Marusak et al. (1980) ont décrit précisément le spectre d'absorption de la lumière par l'hématite du proche infra-rouge jusqu'à l'ultraviolet. Ce spectre obtenu à partir d'un film fin d'hématite est représenté sur la figure 3.3 et la description des bandes d'absorption comparée avec d'autres auteurs est reportée dans le tableau 3.1. Les bandes d'absorption correspondent soit à des transitions électroniques dans le champ du cristal, des transitions très localisées sur le métal ou des transitions de transfert de charge que l'on retrouve dans trois régions distinctes du spectre: * Les transitions 1 à 4 sont attribuées à différentes transitions dans le champ du cristal. * Les transitions 5 et 6 correspondent à des changements de rotation (spin) des états localisés sur le métal: Fe3+ + Fe3+ -+ Fe2+ + Fe4+. L'intensité de ces bandes d'habitude faible, est plus grande pour les matériaux possédant des propriétés magnétiques. * les transitions 7 à 1O proviennent de transitions de type transfert de charge de l'oxygène vers le métal: 02- -+ Fe3+. Mais l'hématite est encore considérée comme un semi-conducteur dont le saut d'énergie calculé par beaucoup d'auteurs dont Hardee et Bard (1976), Quinn et al. (1976), est situé à environ 2,2 eV soit une longueur d'onde d'environ 520 nm. Ce saut d'énergie représente le -3444840 38900 ... e .s c . .!i! ii. Figure 3.3 : Coefficient d'absorption de 20408 Kl' 0 Ill l'hématite en fonction de la longueur d'onde à 2soc. .Q ca ~ E GI = 'ü GI 10 4 0 0 a-Fe203 Film fin (11 O) io' '---.dv<--'---z*oo~._____,'*"""_._--='c,.-.. Longueur d'onde (nm) Marusak nrn (cm-1) 1 870 (11560) 2 775 (12900) Tossell Tandon & (calculé) Guota 860 Baile y Type de Transition 833 6A1 __. 4A2 6A1 __. 4E 3 600 (16670) 625 6A1 __. 4A1 4 535 (18690) 548 6A1 __. 4E 5 490 (20408) 475 6 420 (23800) 416 7 375 (26670) 395 8 315 (31750) 340 350 1t1 u î --; 2t2g t 9 257 (38900) 278 290 1t1gî __. 3egt 10 223 (44840) 233 231 6t 1ur __. 3egt Tableau 3.2 2t2g î --; 2t2g 1 467 408 3egr --. 3egt 6t1 uî --; 2t2gt : Transitions et assignations des bandes d'absorption de /'hématite a-Fe 2 0 3 observées par plusieurs auteurs: Marusak et al. (1980), Tosse/ et al. (1973), Tandon et Gupta (1970), Bailey (1960). -35début du passage d'un courant photoélectrique dans un film d'hématite. Cette longueur d'onde coïncide encore avec le début de l'accroissement rapide du coefficient d'absorption de la lumière par le solide, voir figure 3.3. Si on compare avec les transitions décrites sur le tableau 3.2, on constate que cette énergie correspond à peu près à la première énergie de rotation (5). Ces considérations sont importantes pour pouvoir ensuite expliquer les réactions photochimiques à l'interface au chapitre 6. 4. PHOTOCHIMIE DES SEMl-CONPUCTEURS Les réactions qui se produisent en présence d'un semi-conducteur illuminé impliquent les transferts complémentaires d'un électron eet d'un trou h+ à travers l'interface avec pour résultats éventuellement, des réactions d'oxydo-réduction avec des espèces dissoutes. On utilise le terme de photoélectrosynthèse lorsque le semiconducteur agit comme un transformateur de l'énergie lumineuse sous une forme qui pourra ensuite être utilisée dans la réaction photochimique. Ceci s'applique au cas où la réaction thermique est thermodynamiquement impossible et la photolyse des espèces n'est pas réalisable, soit parce que le rendement quantique est trop faible ou parce que ces espèces n'absorbent pas dans le domaine de longueur d'onde de la lumière fournie. Le terme de photocatalyse regroupe les réactions accélérées par le mécanisme des transferts de h+ et e- mais dont le processus chimique est également favorable en absence de lumière, réaction exoergonique. Un exemple est donné par la décarboxylation des acides carboniques appelé processus photo-Kolbe, Krauetler et Bard (1978): RC0 2- + h+ --+ R· + C02 RC02 H + R· + e---+ RC02- +RH (1) (2) (3) Après l'absorption du photon par le semi-conducteur, l'efficacité de la photocatalyse dépend de la rapidité du transfert des charges vers les sites de surface et de la disponibilité des espèces accepteur ou -36- donneur d'électron adsorbées à la surface. En effet, la photocatalyse est en concurrence avec la recombinaison des charges généralement très rapide et la photocorrosion du matériau semi-conducteur, parfois encore de la compétition entre différentes espèces pour les charges disponibles. L'adsorption n'est pas toujours une condition nécessaire pour la photocatalyse si la photolyse de l'eau a lieu au préalable avec formation de radicaux HO·, de H2 0 2 ou de 0 2 - qui iront ensuite oxyder les espèces en solution. Pour que la dissolution d'un oxyde semi-conducteur se produise il faut que les sites de surface puissent être réduits ou oxydés avant la recombinaison et qu'ensuite ce site, par exemple le métal réduit, soit suffisamment labile pour être transféré en solution avant qu'une réoxydation ait lieu : Les oxydes de fer(lll} sont supposés stables du point de vue de la photodissolution dans les solutions neutres et alkalines car le Feil formé reste adsorbé sur la surface où il est réoxydé, surtout si de l'oxygène est présent en solution (Schumacher et al. 1985}; bien sûr la phase cristalline de la couche à la surface peut alors se transformer (Dare-Edwards 1983}. Mais dans le cadre de la photodissolution, il est important de connaître l'interaction de la surface avec des espèces présentes en solution, et surtout adsorbées à la surface, qui peut modifier considérablement les vitesses de dissolution et de recombinaison. 5. PHOTOCHIMIE DES COMPLEXES DE SURFACE La réaction photochimique implique dans ce cas que le complexe de surface, formé par adsorption d'un coordinat sur un site de surface de l'oxyde, est le chromophore. Le mécanisme est identique aux photo-réactions d'oxydo-réduction des complexes en solution dont les propriétés mieux connues sont souvent extrapolées aux complexes de surface. En effet, il est très difficile d'étudier les caractéristiques des complexes de surface pour plusieurs raisons : - La faible concentration des espèces adsorbées par rapport à la surface totale. - L'absorption lumineuse très forte du solide. -37- Les réactions concurrentes en surface qui font intervenir des caractéristiques propres au solide; Gab et al. (1979), Willner et al. (1981). Cependant dans de rares cas, on a pu observer une modification du spectre des complexes adsorbés par rapport aux complexes en solution; Nichols et Leermakers (1971 ), Regazzoni et al. (1987). De même qu'en chimie de coordination, la réaction photochimique est un processus en trois temps : D'abord l'adsorption du coordinat, puis le transfert d'électron et enfin le détachement des produits de la réaction. La vitesse de dissolution est proportionnelle à la concentration en coordinat adsorbé et peut être décrite par une isotherme de Langmuir. Ce mécanisme est mis en avant pour expliquer de nombreuses réactions photochimiques; Waite (1986). Il sera développé au chapitre 6 au cours de la discussion sur les résultats obtenus avec le système hématite + oxalate. -38- CHAPITRE 4 MATERIEL ET METHODES EXPERIMENTALES 1. PREPARATION DES PARTICULES 1.1. Préparation de l'hématite La méthode employée pour préparer les particules est celle décrite par Penners & Koopal (1986). C'est une variante de la méthode proposée par Matijevic & Scheiner (1978) pour la synthèse de particules d'hématite de forme sphérique. Dans un premier temps il s'agit d'obtenir des particules très petites (~0,05 µm) qui seront ensuite utilisées comme "semence" pour produire des particules de taille supérieure, figure 4.1. Dans les deux cas les suspensions obtenues sont homogènes; les particules de forme sphérique ont toutes un diamètre à peu près égal. 1.1.1. Préparation de la semence Dans une bouteille d'un litre en Pyrex on porte à ébullition sur une plaque chauffante avec agitateur magnétique, 975 ml d'HCI à 3,75.10-3M, puis on ajoute 25 ml d'une solution de composition 0,72M FeCl 3 et 3,75.10-3 M HCI. Après avoir agité vigoureusement pendant 10 minutes pour assurer l'homogénéité du mélange lors de la phase d'induction de la formation des particules, la solution est placée dans un four à 100°C ±1°C pour une période d'incubation de 24 heures. Après l'incubation, la solution est refroidie à la température de la pièce aussi rapidement que possible pour éviter la formation d'une autre phase. La solution est ensuite centrifugée 15 minutes à 8000 tour/mn ce qui correspond à une accélération centrifuge relative d'environ 11 OOOg . Le surnageant est éliminé et les particules sont redispersées dans 10-3M d'HCI0 4 par ulrasonication. On répète la centrifugation puis la redispersion trois fois afin de purifier la solution. Finalement la suspension est conservée à un pH neutre après ajout éventuellement de quelques gouttes de NaOH à 0, 1M. .....\il -39- .$~~ - - -- -- 0,25 µm 0,25 µm 0,1 µm 0,1 µm Figure 4.1 : Photographies au microscope électronique des particules d'hématite - en haut: semence, en bas: particules agrandies -401 .1.2. Préparation des suspen$ions monodispersées Sauf indication contraire, les experiences ont été menées avec des suspensions monodispersées de particules ayant un diamètre de 1OO nm et obtenues de la façon suivante : Une bouteille en Pyrex contenant 5.10-3M de FeCl 3 et 9.1 o-2M de HCI0 4 est portée à ébullition comme décrit précédemment. La semence est alors injectée à raison de 30 mg par litre de solution et le mélange est agité énergiquement pendant une quinzaine de minutes pour bien homogénéiser la suspension avant d'être placé dans un four préalablement chauffé à 100°C. Le temps d'incubation est de 24 h également. Le reste de la procédure, refroidissement et purification, est identique à celle décrite pour la préparation de la semence. ~ : Si l'on veut obtenir des suspensions homogènes de particules encore plus grosses, il est possible de répéter l'opération autant de fois que nécessaire en utilisant comme semence les particules déjà agrandies de "2ième, 3ième, .. ., nième" génération. Les expériences dans le noir, chapitre 5, et à la lumière, chapitre 6, ont été effectuées sur deux suspensions différentes mais obtenues à partir de la même suspension de semence. Elles ont exactement la même taille et les cinétiques de dissolution sont comparables à quelques% près (~5%). 1.1.3. Caractérisation des particules 1• 1 1 Il Il 1.1.3.1. Diffraction aux rayons X : 11 11 1 1 rF1 11' 1.(-lé.lOJ' ....,.........,..__4....._2 : Diffraction aux rayons X de l'hématite; dans l'ordre de haut en bas: particules semence, particules agrandies, référence a-Fe2 0 3 (Merck) p.a. H;rcJ:. -41- Les diagrammes de diffraction aux rayons X (chambre Guinier, type IV, radiation FeKa 1) ont été réalisés par le Professeur Giovanoli à l'Université de Berne. Ils montrent dans les deux cas que les particules sont composées d'hématite pure, figure 4.2. 1.1.3.2. Capacité totale d'échange : La capacité totale d'échange d'anions a été déterminée par l'adsorption des ions fluorides F-. Les mesures ont été effectuées à pH 3,6 suivant la méthode employée par Hingston (1981) qui a montré que l'adsorption des ions F- sur la goethite a-FeOOH est maximale entre pH 3 et 4. La suspension d'hématite est tout d'abord mise à l'équilibre dans une solution de fluorure de sodium NaF suffisamment concentrée ( ~0,05M) pour s'assurer que tous les groupes hydroxyles de surface sont remplacés par des ions F-. Après une période d'adsorption d'une trentaine de minutes, la solution est filtrée et le solide est rincé avec quelques millilitres d'une solution diluée d'HCl0 4 à pH=4. Les fluorides sont ensuite désorbés en plongeant le filtre pendant 30 minutes dans 50 ml d'une solution tampon à pH 8,5 composée de : 242 g de tris-(hydroxyméthyl)-aminométhane et 230 g de tartrate de sodium dissous dans un litre d'HCI 1M. Après filtration de la solution, l'activité des fluorides est déterminée dans le filtrat à l'aide d'une électrode spécifique pour la mesure des ions F- (Orion Research, modèle 94-09). On compare ensuite le résultat avec une courbe étalon obtenue à partir de la mesure de concentrations standard de NaF préparées dans la même solution tampon. Dans le cas des grosses particules (~ 100 nm de diamètre) utilisées au cours des expériences, on obtient une adsorption de F- de : 148 µmol.g·1d'a-Fe203 ou encore : [Total des sites échangés] "I< [a-Fe203] = 2'4 0 Donc environ 1,2 % du total des Fe(lll) peuvent-être considérés comme étant des sites de surface, ce qui correspond aussi à une surface réactive apparente d'environ 1O m2/g. -42- 1.1.3.3. Détermination du point de charge nulle (zpc : zero point of charge) : Le point de charge nulle a été obtenu par titration acide-base de la suspension. Afin d'éviter les problèmes que l'on observe lorsque l'équilibre du pH n'est pas atteint pour chaque point de mesure, surtout autour du point de charge nulle et vers pH 7, les valeurs ne sont prises en considération que lorsque le pH ne varie pas de plus de 0,001 unité de pH par minute. Dans ces conditions le sens de la titration, pHs croissants ou décroissants, n'a pas d'importance. La mesure du pH est basée sur une calibration de l'électrode avec des solutions tampons (Merck). La valeur du pHzpc mesurée, intersection des deux courbes de titration pour deux forces ioniques différentes, dans le cas de l'hématite considérée dans cette étude est de -9,8 "! 0, 1, voir figure 4.3. Ce résultat est en accord avec les résultats de Penners & Koopal dont l'étude très exhaustive montre que le pHzpc de l'hématite non contaminée se situe entre 9 et 1O et qu'il faut considérer avec circonspection toute valeur différente que l'on peut trouver dans la littérature. 9 :c Q. 8 7 6 5 --0--0- [NaCI04] = 1M [NaC104] = 0.005M 4---~~~~~~~~~~~~~~- -0.5 -0.4 -0.3 -0.2 -0.1 0.0 0.1 0.2 0.3 mmol/I CA-CB Figure 4,3 : Titration de l'hématite - [a-Fe 2 0 3]=1, tg//; A=HN03 et B=NaOH 1.1.3.4. Spectre de réflexion diffuse : La réflexion est mesurée par comparaison avec une poudre de sulfate de barium BaS04 (Merck Standard OIN 5033). Celle-ci est pressée pour former deux tablettes solides qui, placées dans la "· t~t,-----------------~n-______ 0.450 0. 00~-l-5~-,- - - - - - 3 - r ; - 1 _ , .------s:..r-~i:.,,--------:6~,,-:---,--------:--<80(• Longueur d'onde (nm) figure 4 4 : en haut: Spectre de réflexion diffuse, en bas: Sphère Intégrante -44- chambre de mesure de réflexion, sphère intégrante voir figure 4.4, du spectrophotomètre (Uvikon 860, Kontron Instruments) donneront la ligne de base pour la mesure. Ensuite, un échantillon de poudre d'hématite obtenu par séchage de la suspension à 100°C est incorporé à la poudre de BaS04 pour former une tablette comme précédemment. Le spectre de réflexion de l'hématite comparé à la référence de sulfate de barium est présenté sur la figure 4.4. 1.2. Préparation de la ferrjhydrjte L'hydroxyde ferrique amorphe a été préparé par Y. Deng selon la méthode employée et décrite par Sung et Morgan (1980). Elle consiste en une hydrolyse du nitrate de fer dans la soude dans un rapport de concentration OH-/Felll=3 ([Fe(N0 3 )s]=0,01 M dans notre cas), à température ambiante et pendant 2 heures. Le produit est ensuite filtré à travers un filtre Millipore 0,2µm puis séché dans un dessicateur sous vide. Il s'est avéré nécessaire de broyer le produit séché et de le tamiser (diamètre des mailles = 50µm). 2. MEIHOQES EXPERIMENTALES 2.1. Conditions générales Les solutions ont toutes été préparées à partir de réactifs purs pour analyse et d'eau purifiée "Q-H2 0" produite en passant de l'eau déionisée à travers une membrane à osmose inverse, un lit de charbon actif, deux lits mixtes de déionisation et un microfiltre (0,2µm). Les réactifs employés étaient : l'acide oxalique H2 C2 0 4 et l'oxalate de potassium K2 C 2 0 4 (très bon tampon pour les expériences à pH élevé), le perchlorate ferreux (Fe(Cl04 ) 2 ,6H 2 0), l'acide citrique et Na-EDTA, NaOH et HCI04 pour l'ajustement du pH. Pour toutes les expériences la température était maintenue constante à 2ooc t 1 °C soit par immersion du réacteur ou du récipient contenant la suspension dans un bain thermostaté pour les expériences dans le noir, soit par circulation d'eau dans la double enveloppe autour du réacteur pour les expériences à la lumière. La -45température était contrôlée à l'intérieur même de la solution au moyen d'un thermomètre gradué. Le pH était mesuré à l'aide d'un pHmètre (Metrohm, types 605 et 632) et d'une électrode combinée en verre, calibrée à l'aide de solutions tampons (Merck). Lors des expériences de dissolution, le pH était maintenu constant par ajout, si nécessaire, de petites quantités de HCI04 à 0,1M. Sauf indication contraire, la force ionique de la solution était assurée par une concentration de NaCI04 de 5.10-3mol/I et la concentration en a-Fe 20 3 était de 0,5g/I. Dans le cas des réactions réalisées sous atmosphère neutre, les solutions étaient purgées en faisant barboter de l'azote à travers la solution. L'azote était préalablement purifié des traces d'oxygène qu'il pouvait éventuellement contenir par passage du gaz dans une solution réductrice de vanadium(ll) appelée "réducteur de Jones" (Skoog et West 1969). Avant le début de chaque expérience la suspension était purgée environ 30'. Les prises d'échantillon étaient effectuées avec une seringue plongeant dans la solution alors que le réacteur était préservé de toute entrée d'air extérieur. Pour les expériences à pH élevé ainsi que toutes les expériences où l'oxydation des produits de la réaction s'avérait être rapide, notamment l'oxydation de Fe2+, l'échantillon était filtré directement dans 1 ml d'H 2S 0 4 à 3,6M. Dans tous les cas, la filtration était effectuée manuellement en forçant l'échantillon contenu dans la seringue à travers un microfiltre membranaire de largeur de pore 0, 1µm. Pour les expériences réalisées à atmosphère ambiante, le réacteur était simplement laissé ouvert à l'air. Au cours des expériences, les suspensions ont toujours été vigoureusement agitées pour éviter la sédimentation des particules et une homogénéïté de l'éclairement: pour les réactions dans le noir à l'aide d'agitateurs magnétiques et pour celles à la lumière par l'intermédiaire d'une hélice immergée dans la solution et actionnée par un moteur électrique. -46- 2.2. Description de l'installation et du matériel de photochimie L'ensemble de l'installation est présentée de manière schématique sur la figure 4.5. Elle comprend un générateur de courant (PTI, LPS1000) qui fournit une puissance électrique utile réglable entre 100 et 1000W à une lampe à arc au Xénon (OSRAM) de 1000W. Celleci est protégée dans un boîtier (PTI, 02-A5001) à refroidissement par circulation d'eau qui peut aussi accueillir une lampe à arc au mercure. La lumière est filtrée éventuellement par passage dans un monochromateur (PTI, 01-001) ou à travers un filtre coloré en verre passe-haut de 395nm ou de 475nm (Melles-Griot). A cette longueur d'onde, 50% de la lumière est filtrée mais 5 à 10 % de la lumière correspondant à la valeur indiquée moins 20nm est encore transmise. Le faisceau lumineux est ensuite focalisé sur le fond du réacteur après passage à travers deux lentilles et réflexion sur un miroir plan. Le réacteur en verre Pyrex est transparent pour les longueurs d'onde supérieures à 340nm; pour les valeurs inférieures à 31 Onm il est opaque. 2.3. Conduite des expériences - Adsorption de l'oxalate : De petites bouteilles en plastique contenant la suspension préalablement déaérée à l'azote, emballées dans du papier aluminium et scellées, étaient plongées dans un bain thermostaté pendant une heure. - Dissolution dans le noir : Les expériences ont été menées en continu dans un réacteur, emballé dans du papier aluminium et plongé dans un bain thermostaté opaque pour éviter toute pénétration de lumière. Le réacteur est un simple récipient en verre Pyrex à plusieurs orifices standardisés en verre rodé. Ces ouvertures permettent la mise en place du tube d'entrée-sortie de l'azote, de l'électrode de pH, de l'aiguille de la seringue pour les prises d'échantillon et du tube pour l'ajout éventuel de petites quantités d'acide et/ou de base. - Dissolution à la lumière : Les réactions ont également été conduites en continu dans un réacteur similaire à celui décrit ci- -47Installation expérimentale de photochimie ® 1) Lampe Xe-1 OOOW 2) Filtre IR 3) Monochromateur 4) Lentille 5) Miroir plan 6) Réacteur 7) Générateur de courant ,_1s ~ _gs ..! 1n 1 ~ ~~~JJ vue de côté vue de dessus Figure 4.5 : en haut: Plan de l'installation de photochimie, en bas: Plan du réacteur -48dessus mais possédant en plus une double enveloppe de refroidissement reliée à un bain thermostaté, voir figure 4.5. L'éclairage de la pièce était assuré uniquement par une lampe rouge de laboratoire photo. Chaque expérience était précédée par la mesure actinométrique de l'intensité lumineuse, paragraphe 3.5. 2.4. Notes sur les résultats des mesures - Au cours des expériences de dissolution à pH=3 on a pu observer dans la première partie une vitesse de dissolution plus rapide qui tend à devenir constante après environ 1h quelles que soient les concentrations des différents réactifs. Ce phénomène est probablement dü aux hétérogénéïtés de surface jusqu'à ce que "l'équilibre de dissolution" soit atteint. Dans les calculs des cinétiques de dissolution, les points de mesure obtenus pendant la première heure n'ont donc pas été pris en compte. - Les valeurs des concentrations mesurées au cours des expériences sous illumination sont corrigées en fonction de la diminution du volume de suspension due aux prises d'échantillons successives, et donc de l'augmentation de la densité d'énergie lumineuse qui en découle. 3. METHODES ANALYTIQUES 3.1. Mesure du fer dissoys 3.1.1. Méthode de la phénanthroline La plupart des mesures ont été effectuées en utilisant la méthode colorimétrique décrite par Tamura et al. (1974) dont le principe est le suivant : On mesure l'absorption de la lumière par le complexe Fell-1, 10phénanthroline qui possède un pic d'absorption maximal à Â.=51 Onm. Le coefficient d'absorption, e510 =10500M-1.cm-1, est constant sur un très large domaine de concentration. Pour éviter l'interférence de Felll dans la mesure de Fell car la phénanthroline à tendance à réduire Felll, on ajoute des fluorides (NH 4 F) pour le masquer. -49Au contraire, si on veut mesurer la concentration en Fe 101 ou indirectement Feill, on remplace le fluoride d'ammonium par un réducteur puissant, le sulfate d'hydroxylamine. Dans ce cas, il est parfois préférable d'attendre quelques heures avant d'analyser les échantillons si Fe"' est complexé par un complexant très fort tel que l'oxalate ou l'EDTA. L'analyse d'un échantillon est donc réalisé de la façon suivante : Dans une fiole graduée de 25ml on ajoute dans l'ordre - 1ml de H2S0 4 - 3,6M - 1 à 1Oml d'échantillon - 2ml de NH 4F - 2M ou de sulfate d'hydroxylamine - 0, 1M - 1ml de 1, 10-phénanthroline à 1% - 5 ml de solution tampon, hexaméthylènetétramine HMTA - 2M - Q-H 20 comme complément 3.1.2. Méthode de la ferrozine Cette méthode très similaire à la méthode de la phénanthroline a été utilisée pour certaines réactions où il était nécessaire de mesurer le Feil dissous avec plus de précision ou lorsque EDTA était présent empêchant un masquage du Fe"' aveo F-, chapitre 7. Le complexe formé par Feil et la ferrozine possède un coefficient d'absorption maximum de la lumière e562 =27900M· 1 .cm-1. L'inconvénient de la technique provient de l'instabilité du complexe dont l'absorption doit être mesurée dans les 15' qui suivent te mélange des réactifs si Feil et Feill sont tous deux présents en solution. La méthode employée est une variante de celle décrite par Stookey (1970) pour tenir compte des caractéristiques propres au système étudié. L'ordre d'ajout des réactifs est le suivant : - 1ml de H2 S0 4 3,6M - 9ml d'échantillon du filtrat - 4ml de Ferrozine (Fluka 82950) à 0,5% dans Q-H 2 0 - 1ml EDTA 10-4M (pour masquer les traces de Fe"' éventuellement) - 5ml de solution tampon à pH=5,5 d'acétate d'ammonium 3M et d'acide acétique. - Q-H 2 0 pour compléter dans 50ml. -513.5. Mesure de l'joteosjté lumjoeuse 3 .5.1. Actinométrie chimique Cette méthode permet de mesurer l'intensité de la lumière en valeur absolue et de manière très précise si l'actinomètre employé possède un facteur d'absorption élevé et une efficacité quantique constante sur un domaine de longueur d'onde très large. Ces conditions sont remplies par une solution de ferrioxalate de potassium K3 Fe(C 2 0 4 )a,3H 2 0 dans une solution 0,1 N d'acide sulfurique d'après la méthode développée par Hatchard et Parker (1959), voir aussi Parker (1968). Â. (am) 254 297/302 313 334 365 405 436 468 480 509 546 577/579 Référence : actio. oxalate d'uraoyl 1,22(a) 1,24(a) 1,23(a) 1,25(a) 1, 16(a) 1,14(a) 1, 12(a) Référence : thermopile calibrée Mesure Mesure indirecte directe 1,29(a) 1,26(a) 1, 16(a) 1, 11 (a) 1,24(a) 1,21(a) 1,22(a) 1, 13(a) 1,01(b) 0,93(b) 0,94(b) 0,86(b) 0,15(b) 0,013(b) Tableau 4.1 : Rendements quantiques de formation de Fe2+ par photolyse du ferrioxalate de potassium selon Hatchard et Parker (1956). - (a): {Actinomètr~]=0,006M; (b): [Actinomètre]=0, 15M Sous l'action de la lumière, l'actinomètre subit la réaction suivante hv Felll(C 20 4)+ ~ Fe2+ + C20 4- -52- avec un rendement quantique <l>À à peu près constant entre 250 et 500 nm; voir tableau 4.1. <l> À = nombre de molécules de Fe2+ produites nombre de photons absorbés La concentration en Fe2+ est déterminée par la méthode colorimétrique utilisant la 1, 10-phénanthroline pour complexer Fe2+ telle qu'elle est décrite au paragraphe 3.1. Le photolyte et les produits sont stables dans le noir et les produits n'absorbent pas significativement la lumière dans le domaine 250-500nm. - Préparation du réactif Le ferrioxalate de potassium pur a été obtenu en mélangeant sous agitation rapide 90ml d'oxalate de potassium (K 2C 20 4 ,H 20)-1,5M avec 30ml de chlorure ferrique (FeCl 3 ,6H 20)-1,5M. Le ferrioxalate de potassium précipité est recristallisé trois fois dans de l'eau chaude puis séché à 45°C. L'ensemble doit bien entendu se dérouler dans une pièce éclairée uniquement par une lampe rouge de laboratoire photographique. La solution employée pour les mesures actinométriques était de 0,006M conformément à Hatchard et Parker. Elle a été obtenue par dissolution de 2,947g de solide dans 1 litre de solution H2S0 4 0, 1N. - Procédure expérimentale (voir aussi paragraphe 2.3.) 250 ml de la solution est placée dans le réacteur utilisé pour les expériences de dissolution et maintenu à température constante grâce à la double enveloppe de refroidissement. La solution est dégazée avant et pendant l'illumination par barbotage d'azote. Des cinétiques de réaction typiques sont représentées sur la figure 4.6 : l'intensité lumineuse absorbée par le système par unité de temps est égale à la pente de la droite divisée par le rendement quantique <l>À. -53- - Ci E </" 0 ~ )( (1) u. 4 c P=750W y'= 0.58 + 0.211 X 3 2 0 0 P=650W y = 0.56 + 0.172x 0 3 9 6 Temps 12 min. 15 Figure 4,6 : Actinométrie chimique - T=20°C, [K3 Fe(C 2 0 4) 3]=6mmol!I, lumière monochromatique : Â.=375nm et <PJ..=1.15 donc !5 50 =15,0 E.t-1.mn·1 et1 750 =18,3 E.J·1.mn·1 3.5.2. Utilisation d'une thermopile Dans la thermopile (Kipp & Zonen, CA1), l'énergie lumineuse est transformée en chaleur sur une surface noire, puis en courant électrique. La mesure de la différence de potentiel du courant électrique donne la valeur de l'énergie qui frappe l'ouverture de la thermopile en W/m2. La sensibilité de la thermopile sur un très large domaine de longueur d'onde permet de mesurer l'intensité d8 la lumière au-delà de 500nm. Dans le cadre de quelques unes des expériences, il a fallu étalonner la photopile par rapport à l'actinomètre chimique de la manière suivante : Premièrement, la thermopile a été fixée à l'emplacement du réacteur derrière une plaque de Pyrex de même épaisseur que le fond du réacteur, puis la valeur de la ddp du courant a été mesurée pour des longueurs d'onde de la lumière monochromatique comprises entre 300 et 700nm, voir figure 4. 7. La valeur obtenue pour À.=41 Onm a été prise comme référence et supposée égale à la valeur de l'intensité lumineuse mesurée préalablement par actinométrie chimique. -54La mesure par thermopile est donc relative puisqu'il faut la comparer à la mesure absolue obtenue par actinométrie chimique. >::!. o.. 0 0 15 12 9 6 3 o-'--~~~~~~~~~~~~~~ 300 400 500 600 nm Longueur d'onde 700 Figure 4.7 : Courbe d'étalonnage de la thermopile -55- CHAPITRE 5 DISSOLUTION CATALYTIQUE DE L'HEMATITE PAR LE FE(ll} EN PRESENCE DU COMPLEXANT OXALATE 1. INTRODUCTION Dans le but d'étudier l'effet de la lumière sur le système hématite + oxalate, il a fallu dans un premier temps se pencher sur l'étude de ce système dans un environnement non exposé à quelque source lumineuse que se soit afin de pouvoir comparer les résultats. Cependant, il s'est avéré nécessaire de tenir compte non pas seulement de la présence d'oxalate dans la solution mais également de celle du Fe(ll) que les lumières ultraviolette et visible contribuent efficacement à promouvoir. Le mélange ainsi obtenu est un exemple particulier de combinaison d'un complexant non réducteur, les ions oxalate, et d'un réducteur, le complexe Fe(ll)oxalate. Les effets de ce couple sur les (hydr)oxydes de fer(lll) avaient été brièvement décrits par Devuyst et Warren (1973). Auparavant déjà, Schwertmann (1964) avait montré qu'en associant un complexant non-réducteur et un réducteur la dissolution des (hydr)oxydes de fer(lll) est grandement accélérée. Un autre exemple est proposé par Banwart et al. (1989) avec la paire ascorbate/oxalate (voir également chapitre 2,4.3). Figure 5.1 : a) Isotherme d'adsorption des oxalates sur 0, Sg d'hématite b) Vitesse de dissolution de l'hématite en fonction de la concentration en oxalate c) Linéarisation de l'isotherme 5.1.a., la vitesse de réaction peut être considérée comme proportionnelle à la concentration en espèce adsorbée : [>FeOx} ::: k[Ox]n avec n=O, 162 (pente de la droite) et k=constante d) Linéarisation si on considère une isotherme d'adsorption de Langmuir de la réaction suivante: >Fe-OH +HC2 0 4 - ~ >Fe-C2 0 4- + H2 0 0.5.-----------------....,..--, ~3i-~~~~~~~~~~-::=:::::::====-i E -s - Il) Il) 6 ,... + ....... )( 2 ....... )( en 0 ~ en/\ ...... C) 0 ...J 10 [OX]101 a) 1 l.O 20 30 0 E :::: 0::::: X E ....... >< 0 en :i (/) c Q) ....-- "O Q) "O Q) (/) 0.1 -t----.----,-----.-----...----.-----l -0.5 A ...... ....... ~ Cl) (/) u. 0.5 1.5 Log([Ox] 101 ) 1.1-r------------------~ "'0.- c -.c:: :;::: 0 (/) 0.2 c) 1 :J D -1-5 x1Q-4mol/I Ln 0 D 0.3 -0.1 O-t---.----.---,-------,,-----...---.------l 0 y= 0.231+0.162x 0-4 y= 0.498 + 0.414x 0.9 0.7 0.5 Q) > 0 o+--~----,--,---~---,.----.----.---~ 10 0 b) 20 [OX]101 30 x1 o- 4 mol/I 0.3-t--...-..---.--r----.-....---.---.--.---.---.--..--.---l 0.0 0.2 d) 0.4 0.6 0.8 1/[HOx-] 1.0 1.2 1.4 x1 oa l/mol -572. DISSOLUTION AVEC OXALATE UNIQUEMENT Ce cas simple correspond à la dissolution non réductrice décrite au chapitre 2,4.2. Cette affirmation est valable dans les conditions des expériences, c'est à dire dans le noir, à 2ooc et pH>2. En effet, à température plus élevée, sooc, et pH=2 par exemple, on mesure du Fe(ll) dans les produits de la réaction (Zhang et al. 1985). Les résultats obtenus quant à la dissolution pour différentes concentrations d'oxalate à pH=3, tableau 5.1, sont consistants avec l'isotherme d'adsorption des oxalates sur l'hématite présentée sur la figure 5.1 si on considère que la dissolution est contrôlée par la formation de complexes de surface. On constate effectivement que la vitesse de dissolution n'augmente plus lorsque l'on atteint la valeur maximale d'adsorption à la surface. Ces résultats sont en accord avec Furrer et Stumm (1986) qui ont montré que la dissolution des (hydr)oxydes est directement proportionnelle à la concentration en complexant adsorbé, notamment l'oxalate. Les sites les plus réactifs sont ceux où l'oxalate est adsorbé de manière bidentée mononucléaire, voir chapitre 2 - figure 2.1, car l'oxalate affaiblit plus fortement les liaisons du cristal autour de l'atome métallique central complexé. Par la suite, les expériences seront pour la plupart réalisées dans des conditions où la concentration en oxalate adsorbé sur la surface peut être considérée comme à peu près constante, soit pour des concentrations totales en oxalate élevées. On notera néammoins, qu'il est possible pour ces hautes concentrations d'adsorber plus d'une couche de molécules à la surface (Kummert et Stumm 1980, Zhang et al. 1985) mais ces molécules n'étant pas complexées sur la surface, elles n'ont donc pas d'effet sur la dissolution non réductrice. 3. DISSOLUTION CATALYSEE PAR LE FEllll 3.1. Présentation des résultats La figure 5.2.a. peut être considérée comme représentative des résultats expérimentaux enregistrés pour la dissolution de l'hématite en présence d'oxalate et de Fe(ll). On observe une -58- s0 40 E [Oxalate] = 3,3 mmol/I "'6 ~\\ ~o ';:; \,, \~e'I.' 30 i•\,, \'fe ...... ....... ...... Q) \"!>\)'Y- is ~<01 o\\\ 20 u. 10 sans Fe2• 0 2 0 3 4 5 a) ~ E 7 6 8 9 Temps 10 11 en heure 20 ::i c: <l.l 16 0 12 0 (!) u. 0 8 4 [Citrate] = 10 mmol/I 0 0 10 b) 20 30 Temps 40 en heure figure 5.2 : Effet du Fell sur la dissolution a) En présence d'oxalate et b) En présence de citrate 50 -59dissolution extrêmement plus rapide lorsque Fe(ll) est présent, même dans des concentrations assez modestes, que lorsqu'il est absent dans des conditions sinon identiques. Il faut noter sur ce diagramme, comme d'ailleurs pour toutes les autres expériences, que la concentration en Fe(ll) ne varie pas au cours de la dissolution, seule augmente la concentration en Fe(lll) dissous. C'est à dire qu'on n'observe pas de réduction nette du Fe(lll) bien que le Fe(lll) complexé en surface soit réduit. Ainsi s'explique le nom de catalytique qualifiant ce type de dissolution. Ajoutons encore que la concentration en Fe(ll) ne diminue pas non plus car l'oxydation du Fe(ll) dissous par l'oxygène est très lente à pH=3 (Singer et Stumm 1970); des résultats similaires ont été obtenus pour le système ouvert à l'air et sous atmosphère d'azote ce qui n'est évidemment pas le cas à des pHs plus élevés. Les mêmes phénomènes sont observés avec d'autres complexants tels que par exemple le citrate (Figure 5.2.b.), le malonate, etc ... , moins nettement cependant, et avec d'autres oxydes tels que la goethite (Suter 1989) et la magnétite (Blasa et al. 1987). L'ensemble des résultats est présenté dans le tableau 5.1 pour différentes concentrations de Fe(l I) et d'oxalate. Les vitesses de dissolution sont également exprimées en moles de Fe(lll) libérées en solution par heure et par mole de sites de surface échangeables par les ions fluoride F-. Ainsi est il possible de comparer plus aisément les résultats fournis pour divers (hydr)oxydes ferriques et des particules de tailles variées. Les vitesses de dissolution pour les différentes conditions expérimentales sont représentées sur la figure 5.4. 3.2. Interprétation et discussion des résultats Dans les conditions de pH<5, l'adsorption des ions Fe2+ sur les (hydr)oxydes de Fe(lll) est négligeable et ce mécanisme ne peut être tenu responsable des phénomènes observés. Quant à la dissolution en présence exclusive de Fe2+, elle est extrêmement lente à pH=3, environ 0,1 µmol.l-1.h-1 pour [Fe2+] = 100 µmo1.1-1, ce qui correspond à la dissolution induite par les protons (à pH=2 on mesure une vitesse de dissolution de 0,3 mmol.l-1.h-1). -60- [Ox]101 [Fe2+] en mmol/I 0,08 0,33 1,0 3,3 1,32 1,40 10 en µmol/I 0 0,30 0,0041 25 1,06 0 0145 0 0180 0 0191 1,52 0,0208 20 0 27 30 2,01 0 0272 70 81 0 0743 1 095 2,26 0 0306 88 100 5,5 8,4 0,113 31,5 0,415 0,1 154 0,0014 120 130 175 260 2,08 2,23 28 0,395 0 0302 8,7 0 119 172 2,36 28 0,395 410 202 2,77 Tableau 5.1 : Récapitulatif des résultats à pH 3 (0,5g hématite//) Dans chaque case deux valeurs : • La valeur du haut représente la vitesse de dissolution en µmol de Fe(/11) /lbéré par litre de solution et par heure. • La valeur du bas exprime la vitesse de dissolution en moles de Fe(lll) libéré, par heure et par mole de sites de surface échangeables par les ions F-. Les vitesses de dissolution sont mesurées en prenant les points obtenus après 90' de dissolution soit à /'"équilibre de dissolution" (voir chapitre 4) -61- Quel peut être alors le rôle joué par l'oxalate ? *Nous savons déjà que l'oxalate est adsorbé spécifiquement sur les centres métalliques Fe(lll) de la surface et forme avec ceux-ci des complexes à la fois bidentés et monodentés (Parfitt et al. 1978, Kallay et Matijevic 1985). *L'oxalate peut également se comporter comme un pont électronique pour le transfert d'électron entre un Fe(ll) et un Fe(lll) suivant le mécanisme décrit par Taube (1955): Figure 5.3 : Si on remplace le Fe(ll) par le Zn(ll) qui forme des complexes de stabilité similaire avec l'oxalate, LogK 1 = 3,05 et 3,43 et Log K2 = 5, 15 et 6, 16 respectivement (Marte li et Smith 1974), mais ne possède pas d'état d'oxydation disponible pour l'oxydation, la réaction de transfert n'a pas lieu et la dissolution est identique à celle obtenue en présence exclusive d'oxalate. 0 ~ [Fe2+) = 100 µmol/! 6 X 10 Q) u. , et \Zn2+ l = î OO µmol/\ sans Zn<+ 2 4 6 Temps 8 ,0 , 2 en heure Figure 5.3 : Effet comparé des ions Fe2+ et Zn2+ sur la dissolution La figure 5.4.a. montre que la vitesse de dissolution dépend de la concentration totale en oxalate dont seul un faible pourcentage est adsorbé sur la surface. D'autre part, à concentration en oxalate constante, la vitesse de dissolution atteint une valeur maximale pour une concentration totale en Fe(ll) d'environ 0, 1 mmo1.1-1 quelle que soit la concentration totale en oxalate, celle-ci varie pourtant (lJ ::> (lJ .c 3 I 2 0 is~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~--, [Oxalate)= 1 0 mlv1 _,/" (f) /\ r I I I (lJ - 0 icP E Q) LL B 7 6 5 0 E c (lJ ~ c 0 1 "' ID 1 2 :; rn-s en en 7 ë "O B l ! /' s Q) en en 3 2 > 2 Q) LL (lJ - I [Oxalate]= 1.0 mM 12 E ~ [Oxalate)= 3.3 rnM ---- ::> .. (lJ ..c __ l,.----------------6 I 0 E > Cl ~ [!} Cl 0 /\ ...J (lJ 0"--- ------ 1,3 --; 0 9 (f) -1 0 [Oxalate]= 1.0 mM /! • f;! / / I/ Q) "O !! I! pH = 3.0 0 f ,,------1! 3 ,......_.-·-·-·-·-·.(/ _,/"_,/"_,/ I (lJ ,/". E -0-------0 c (lJ c) 6 -2+-'~~~~~~~-,...~-< -3 -4 Log([Ox]) --> ,.- [Oxalate)= 0.33 mM 1 3 ·/ pH = 3.0 [Oxalate]= 1 0 mlv1 10- 2 o-+-~~~~~~~~~~~~~~~~~~~-,-~~~~-1 0 20 a) 40 60 80 100 [Fe2+] 120 140 160 !BO en µmof/I lO b) 20 1 /[Fe2+] Figure 5.4 : Effet du Fell sur la dissolution pour différentes concentrations en oxalate 30 40 50 x1000 -2 -63de deux ordres de grandeur entre les quatre courbes. La forme de ces courbes n'est d'ailleurs pas sans rappeler la forme des isothermes d'adsorption de Langmuir. Il n'est cependant pas possible de vérifier l'adsorption de Fe2+ du fait de la dissolution très rapide et du transfert d'électron à la surface. A partir des différentes observations, supposons le mécanisme simple suivant: 1. Adsorption de l'oxalate sur les sites de surface k1 >FellLQH + HC204- ~ >Fell'-C204- + H20 k_1 Dans le cadre de nos expériences, cette adsorption est considérée comme indépendante de la concentration totale en oxalate en solution, voir figure 5.1, et, par hypothèse, de la présence de Fe 11 . 2. Adsorption des ions Fe2+: k2 >Fe111-C20 4- + Fe2+ ~ >Fe11'-C 20 4-Fell+ k_2 3. Effet de l'oxalate: k3 >Fe"'-C20 4-Fell+ + n C20 42- --+ >... + Fe2+ + Felll(C 20 4 )(~~-1 1 )- Cette étape tient compte, de manière générale, de l'effet de l'oxalate sur le complexe ternaire, du transfert d'électron vers la surface et du détachement des produits vers la solution. Si donc, on suppose la première étape indépendante des deux autres, la cinétique de la réaction est calculée à partir de 2. et 3. Ainsi, si P correspond aux produits de la réaction 3., on peut écrire: d[P] dt = k3 {>Felli0xFell}[Ox]n (1) De plus à l'équilibre: d{>FelllQxFe"} dt =k2{>Fe111Qx}[Fell] - k_ 2{>Fe111QxFell} - k3 {>Fe111QxFe"}[Ox]n = 0 (2) -64Enfin, le nombre de sites occupés est donné par: Sr = {>FelllOx} + {>FelllOxFe"} (3) Dans notre cas, Sr est constant, voir figure 5.1, et sa valeur est à peu près égale à 0,2 mole HC 20 4- adsorbé par mole de sites échangeables par F-. La résolution mathématique du système d'équations (1 ),(2) et (3) mène au résultat suivant: d[P] k2k3Sr[Fe 11J[Ox]n V= dt = k.2 + k3[0x]n + k2[Fell] (4) que l'on peut encore représenter sous une forme plus agréable: 1 k.2 + k3[0x]n 1 1 V = k2k3Sr[Ox]n [Fe"] + k3Sr[Ox]n (5) Ainsi, on observe que la vitesse de dissolution maximale, soit pour [Fell] qui tend vers l'infini, s'écrit: V max = k3Sr[Ox]n (6) où l'on voit que Vmax est proportionnel à la concentration totale en oxalate à la puissance n. Il faut alors vérifier si les résultats de la figure 5.4.a. sont conformes aux calculs : Sur la figure 5.4.b. est représenté l'inverse des vitesses de dissolution en fonction de l'inverse de la concentration en Fe2+; l'intersection des droites avec l'axe des ordonnées donne la valeur de l'inverse de la vitesse de dissolution maximale. Sur la figure 5.4.c. on constate alors que les vitesses maximales sont proportionnelles à la concentration d'oxalate en solution et la pente de la droite donne n=1,3. Il est alors possible d'estimer les valeurs des constantes de réaction: k3 ~ 6.1 Q3 en (l/mof)1,3. h 2 et K = kk ~ 2,65.104M-1 ou encore Log K = 4,42 -2 (k2 ~ 9,2.1 os M-2.s-1 et k_ 2 ~ 35 M-1.s-1) f::lg.te_ : Le traitement mathématique a été inspiré du mécanisme de Michaelis-Menten qui décrit certaines catalyses enzymatiques simples, voir en annexe. 20 -0 '5 c " E 12 NN !:!:. QI (/) // /,,' feO'I// : ! i9;'J, / / o.,.,.. i, ~ !:!:. / / / ,' , 0 0 8 !;,/ 'X )( 0(1) 20 0 / / / / / / / ,ef / / / / / / / "'0E E "- c " 50 "- 16 " 14 20 30 40 'X 0(1) u.. ~ 30 >< 0 10 ~ !:!:. E 70 80 90 en µmolll.h " 45 / ,.../...../ 'X 0 (/) ~ 20 25 20 V ï 15 ,..-0 / / ________ _ / / ".,: o-i:I' ,., ,.., ...... / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / / [Fe2•] = 100 µmol/I 20 b) j!) ,,_c~,,,,.,,, )lJ / _,/ >SOx ,, --------------------------------------;::r<:---------6 ;J 35 30 10 60 0 12 NN 50 Vitesse de dissolution 40 40 / 50 " c c / / / a) 0 / // [Fe2•] = 30 µmol/1 10 10 // / ,.. ,,_c~,..,.. _,d 60 ,..,... __.----0 /, 30 'X / }:,--------------------------------------------------;~----!;, " 40 " / >SOx "- c c 16 /(!) 0 E "- E "- -65- 50 40 60 ' BO 100 120 Vitesse de dissolution fjgyre 5 5 : Corrélation entre la vitesse de dissolution et la concentration de différentes espèces chimiques 140 160 en µmol/l.h -66Dans le but de distinguer les mécanismes résumés dans le seul équilibre de l'étape 3., la figure 5.5 présente la vitesse de dissolution en fonction des concentrations des espèces chimiques Fe(C 2 04 )~- et FeC 20 4 en solution obtenues en utilisant le programme de calcul MICROQL (Westall 1980). En effet, la tendance à former des complexes de surface ternaires est assez similaire à la tendance à former des complexes dioxalato-ferreux en solution. On observe nettement que la vitesse de dissolution est directement (linéairement!) proportionnelle à l'espèce Fe(C 20 4)2- en solution. [Fe2+] 101 est maintenue constante alors que [Ox] 101 varie : verticales sur la figure 5.4.a. (5.5.a.: [Fe2+] 101 =30mmol/I et 5.5.b.: [Fe2+]i 01 =100mmol/I); >SOx représente les oxalates adsorbés de la figure 5.1. Cette corrélation confirme la valeur mesurée de n proche de 1. Le fait qu'elle soit légèrement supérieure à 1 peut s'expliquer par la nécessité pour le complexe oxalato-ferrique formé après le transfert d'électron de coordiner un troisième ion C20 42- car l'espèce largement prédominante en solution à pH=3 est Fe(C 20 4)33" Finalement, à partir de tous les résultats et observations qui précèdent, le mécanisme suivant est proposé: 1. Adsorption de l'oxalate: >Fell'-QH + HC20 4- ~ >Fell'-C204- + H20 2. Adsorption des ions ferreux: >Fell'-C 20 4- + Fe2+ ~ >Fe111-C 20 4-Fell+ 3. Formation du complexe ternaire (quaternaire?): >Fe111-C 20 4-Fell+ + HC20 4• ~ >Fe111-C 20 4-Fe11-C 20 4- + H+ 4. Transfert d'électron: TE >Fe 111 -C 20 4-Fe11-C 20 4· ~ >Fe 11-C 20 4-Fe 111 -C 2Q 4- 5. Détachement du complexe: >Fe 11-C 204-Fe 111-C204- + HC204· ~ >Fe11 + Fe 111 (C204) 33 + H+ -676. Détachement du centre métallique réduit: >Fe" f± >... + Fe11 (aq) L'étape 1 propose la formation d'un complexe de surface monodenté mononucléaire, mais il est également possible d'envisager la coordination de Fe2+ sur un complexe bidenté mononucléaire sans que soit remis en cause l'ensemble du mécanisme. Blesa et al. (1987) ont proposé un mécanisme légèrement différent: Pour la dissolution de la magnétite, ils ont montré que la dissolution est proportionnelle à la concentration de l'espèce Fe"(C 2 04 )~- en solution. Celle-ci est adsorbée à la surface sans être complexée et le transfert d'électron à lieu selon un mécanisme de sphère externe: TE >Fe 11 '-C 20 4-(H+) ..... Fe 11 (C 2 04 )~- -> >Fe 1'-C 20 4-(H+) ..... Fe 111 (C 204h- L'adsorption des protons est nécessaire pour expliquer ce mécanisme sinon le complexe de charge négative ne pourrait être attiré vers la surface elle-même chargée négativement. Dans la dissolution de la magnétite Fe3 0 4 , les ions Fe2+ sont fournis par le solide lui-même dont la structure comporte des atomes de Fe" et de Felll. Le début de la réaction est lent, dû exclusivement à l'action du complexant, puis au fur et à mesure que le Fe(ll) est détaché, il se produit la réaction qui vient d'être décrite. Au cours des réactions photochimiques, c'est un phénomène assez identique qui a lieu, voir chapitre 6. 3.3. La dissolution catalysée par le Fe(ll) dans la nature Dans la zone anoxique des lacs, la fermentation de la matière organique produit des molécules organiques contenant des groupes hydroxyles et carboxyles. Elles s'associent au Fe(ll) présent pour dissoudre, à la limite entre les zones oxique et anoxique, les particules d'(hydr)oxyde de Fe(lll) qui sédimentent dans la colonne d'eau (Sulzberger et al. 1989). Ce chapitre a fait l'objet d'un article publié par D. Suter, C. Siffert, B. Sulzberger et W. Stumm dans la revue Naturwissenschaften (1988). -68- CHAPITRE 6 DISSOLUTION PHOTOCHIMIQUE DE L'HEMATITE EN PRESENCE DU COMPLEXANT OXALATE 1. INTRODUCTION La dissolution des (hydr)oxydes de Fe(lll) est affectée par la lumière comme il est rappelé au chapitre 1. L'importance de ce phénomène pour de nombreux domaines d'application a motivé cette étude, mais le but principal est de comprendre les mécanismes de dissolution photoréductive dans le cadre du çycle du fer dans les milieux naturels et notamment les eaux de surface. Cependant, dans ce chapitre, les résultats qui seront discutés concernent des expériences conduites en laboratoire et non sur le terrain car il n'est pas encore clair de quelle manière la dissolution se produit malgré les nombreuses études déjà réalisées (références au chapitre 1) tant est grande la complexité du problème du fait de la juxtaposition de phénomènes de dissolution réductrice et non réductrice, d'effet semi-conducteur, etc ... Ces travaux ont permis de vérifier ou d'infirmer certaines hypothèses émises par d'autres chercheurs mais aussi de mettre en lumière (c'est le cas de le dire!) des caractéristiques propres à ce système (Sulzberger et al. 1988). 2. PE L'OBSCURITE A LA LUMIERE - SANS Oz 2.1. Observation du phénomène Sur la figure 6.1, l'évolution comparée des vitesses de dissolution pour le même système dans le noir et exposé à la lumière artificielle d'une lampe au xénon, montre l'influence très nette de l'énergie lumineuse. La suspension est maintenue sous atmosphère neutre d'azote. On notera également la présence de Fell mesuré en solution qui implique la réduction partielle du Felll. Si l'intensité lumineuse est élevée, la totalité du fer est présente sous sa forme réduite tel que sur la figure 6.2 (4kW/m2 ~ 3x la constante solaire maximale en été à midi). D'autre part, il ressort de l'analyse de la concentration d'oxalate en fonction du temps que -69- l'oxalate disparaît au fur et à mesure que la concentration en Feil augmente dans le rapport une mole d'oxalate consommée pour deux moles de Feil produites, figure 6.2a. Comme les oxalates sont mesurés à l'aide de traceurs radioactifs 1 4C, une baisse de l'intensité des émissions de radiation p est nécessairement due à la production de gaz carbonique qui s'échappe de la solution. La mesure du C0 2 par barbotage de l'azote dans une solution de BaOH à la sortie du réacteur permet de confirmer cette hypothèse: le C0 2 piégé en fin de réaction correspond à tout l'oxalate qui a disparu de la solution. On en déduit donc le mécanisme général suivant: hv a-Fe203 + C20 42-(ads.J + 6 H+ ---; 2 Fe2+ + 2 C02 + 3 H20 (1) N2 ~10-.---~~~~~~~~~~~~~~~~~~~---. -<>-- E 1() 6 ..- - Fe Total ~Feil s ----cr-- X ........ noir/sans Feil 0 ~ u. ..... - 6 Cl) 4 a; u. ..... 2 ........ o~=-==-:::;:::~=----.-~~-.-~~--.-~~----.-~~---l 0 5 Temps 10 heure 15 Figure 6.1 : Influence de la lumière sur la dissolution de l'hématite, effet du Fefl - [Ox]=3,3mmolll, pH=3, Â.=375nm, IÂ. "'4W/m2. L'oxydation photochimique d'une substance organique à la surface d'un (hydr)oxyde de Fe(lll) est souvent faussement considérée comme un processus photocatalytique car, après détachement des ions métalliques réduits la surface retrouve sa configuration d'origine; en fait, l'oxyde est bel et bien dissous et ~ -70participe donc à la réaction. Au contraire, dans le cas des particules de Ti0 2 , par exemple, qui ne sont pas dissoutes car les centres métalliques Ti4+ ne peuvent être réduits durablement, même si des états intermédaires Ti3+ sont possibles (Gravelle et al. 1971). on peut parler de réaction photocatalytique et d'autooxydation du complexe tel que EDTA (Furlong et al. 1986). s0 E E ,...., 1.0 1.0 0.8 0.8 0.6 0.6 E Q) u. ....... s0 0.4 0.4 0.2 ----- --0-- o.o 0 4 3 2 Temps 5 E ,...., >< 0 ....... 0.2 Fell Oxalate 6 heure 7 0.0 Figure 6.2 : Influence de la lumière blanche d'intensité élevée sur la dissolution de /'hématite-[Ox]= 10·3moll/, pH=3, 1o"'4kW/m2. ..... 1.0 y= 2.05-2.04 X 0 E 0.8 E 0.6 Cl) LL 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 mmol/I [Ox] Figure 6.2a : Expérience de la figure 6.2 - Proportionalité entre Fe" produit et oxalate consommé. -71Dans les deux cas, figures 6.1 et 6.2, on constate une accélération de la dissolution dans un premier temps puis une tendance vers une vitesse de dissolution régulière, constante. Pour expliquer ces observations, il faut supposer la superposition de deux mécanismes: - La dissolution réductrice induite par la lumière à la surface de l'oxyde. - La dissolution catalysée par le Feil en solution telle qu'elle a été décrite au chapitre 5. En effet, l'augmentation progressive de la concentration de Fe'' en solution accélère la dissolution de l'oxyde jusqu'à ce que soit atteinte la concentration en Feil correspondant à l'adsorption maximale du Feil à la surface par l'intermédiaire du pont oxalique; voir figure 5.4. Cette dissolution que l'on peut considèrer comme autocatalytique pendant la première partie a également été observée par Cornell et Schindler (1987) avec le système goethiteoxalate. Par contre, Waite et Morel (1984) n'ont pu mettre ce phénomène en évidence avec le système lépidocrocite-citrate, simplement parce que les concentrations en citrate utilisées étaient trop faibles alors qu'une concentration minimale en complexant est nécessaire pour pouvoir observer l'effet catalytique du Feil. Et ce d'autant plus que le pont électronique offert par le citrate est moins efficace que celui offert par l'oxalate; voir figure 5.2. Il faut noter encore que plus l'intensité lumineuse est grande et plus la contribution de la photoréduction directe de la surface devient importante: Nous verrons au paragraphe 2.4. tableau 6.1, que dans le cas de la figure 6.1, la dissolution est due pour plus de 50% à l'effet catalytique thermique du Feil, tandis que dans le cas de la figure 6.2 la dissolution est environ 20x plus grande que la seule contribution de l'effet thermique ne le permettrait. Enfin, pour être complet dans la présentation des phénomènes, il ne faut pas oublier de citer l'effet réducteur de la lumière sur les complexes Fell'-Oxalate en solution qui fournissent une partie du Fe 11 nécessaire au processus de dissolution catalysée. Effectivement, au début de l'expérience on peut supposer que la dissolution non réductrice de l'hématite par le seul oxalate libère en solution des complexes Felll(C 2 0 4 )~. espèce largement dominante -72pH=3, qui seront ensuite réduits par la lumière. Pour appréhender la complexité du problème, il est nécessaire de pouvoir distinguer ces différents mécanismes et leur importance réciproque en fonction de la qualité de la lumière employée, longueur d'onde et intensité, et des concentrations des diverses espèces présentes dans la suspension. 2.2. Mécanisme 1: Djssolytion thermjgye catalytjgye Une partie du Fell dissous obtenu photochimiquement par réduction de la surface ou des complexes Fe'll-Oxalate en solution est ensuite réadsorbé à la surface de l'hématite qu'il contribue à dissoudre catalytiquement. Ce mécanisme est décrit exhaustivement au chapitre 5 et par Suter (1989). 2.3. Mécanjsme 2: Photorédyction en solution Sans être directement responsable de la dissolution de l'oxyde, ce mécanisme participe au mécanisme 1 ci-dessus, en fournissant le fer réduit Fe" nécessaire à la dissolution catalytique. La sensibilité à la lumière de l'ion trioxalatoferrate Fe"'{C 2 0 4 ) 33-, espèce prédominante en solution à pH neutre et légèrement acide par rapport aux autres complexes Fe"'-Oxalate, est connue depuis fort longtemps: Au cours de la photoréaction causée par l'excitation des transitions LMCT du complexe, soit Transfert de Charge du Métal vers le Ligand, l'oxalate est oxydé et le fer réduit. Livingston (1940) a montré qu'à pH=4, sans 0 2 et avec un excès d'oxalate, le rendement quantique de consommation de l'oxalate est environ moitié du rendement de formation de Fe". On observe dans des conditions à peu près identiques le même phénomène, et la réaction peut s'écrire de manière générale simplement: hv 2 Fe{C2 04)~ -+ 2 Fe{C20 4)Î + C2 0 4 2 - + 2 C02 {II) N2 Plus précisément, les études de Hatchard et Parker (1956) dans le but de développer un actinomètre chimique, voir chapitre 4, ont montré une absorption de la lumière par le complexe Fe(C 2 0 4 ) 33- qui -73augmente graduellement entre 550 et 200 nm, l'intensité de l'absorption dépend de l'acidité de la solution et du rapport [Qx2-]/[Fe3+ ], donc également de l'équilibre entre les espèces mono, bi et trioxalatoferriques. Dans notre cas, on peut supposer que le complexe de surface absorbe la lumière d'une manière assez identique au complexe en solution, voir figure 6.3, soit sur une très large bande. Il devrait donc être possible de mesurer une vitesse de dissolution plus rapide dans ce domaine de longueur d'onde si le complexe de surface est le chromophore responsable de la photoréduction. Faust et Hoffmann (1986) n'avaient pu conclure car l'absorption du complexe Fe11151vo 3- en solution coincïde avec la bande du transfert de charge de moindre énergie de l'hématite. Regazzoni et al. (1987) ont cependant montré que les complexes de surface formés par l'adsorption du thiocyanate sur les (hydr)oxydes de Fe(lll) présentent une bande de transfert de charge déplacée vers le rouge du spectre par rapport au complexe en solution FeSCN2+. 3.0 w Cl .2 2.0 1.0 350 400 Longueur d'onde nm 450 Figure 6.3 : Spectre d'absorption du ferrioxalate de potassium en solution aqueuse. 2.4. Mécanisme 3: Photoréduction à la syrface de l'hématite Pour pouvoir mesurer l'impact direct de la lumière sur la dissolution de l'hématite à la surface de l'oxyde, il a fallu tenir compte de l'effet catalytique thermique dû à la présence de Fell en solution. Cette difficulté supplémentaire a justifié l'étude -74présentée au chapitre 5. Une première approche a consisté à étudier l'effet de la lumière lorsque la concentration d'oxalate en solution était suffisamment petite pour que la présence de Feli n'ait aucune influence sur la dissolution mais que, néammoins, une partie de l'oxalate soit adsorbé sur la surface. La concentration choisie de 50µmol/I, figure 6.4 confirme l'inefficacité du Feil dans ces conditions. s 0 180 E ~-- ::!. 150 -- ........ 0 C1> u. ....... [Fell]=0, 15mmoVI .................................................................. . 120 90 60 ,,-- [Fell]=0,05mmoVI ......... ?;..,.,...Qa,,,-0-""()r(::,...,. - --- - -- --- 1-- - - - .... -- - -- __ .. ____ - --- - - - • ~ ._ 30 - 0 [Fell]=O ----------- --·--- --- - - ----- ..... - - - -- -· 0 5 10 15 20 25 Temps Figure 30 35 40 45 heure 6.4 : Effet sur la dissolution de l'utilisation de petites concentrations d'oxalate [Ox]=50µmolll, pH=3, [NaN0 3]=10-2mol/I, T=25oc, particules d=50nm; points noirs: expériences sans lumière : points blancs: expérience avec Â=360nm et {Fe"J=55µmol/I. On observe également une dissolution induite par la lumière, figure 6.4a, pour une lumière monochromatique de longueur d'onde 360nm (intensité :::: 6W/m2). Cependant apparaissent également plusieurs problèmes: 1) La part importante de l'oxalate adsorbé, 17 µmol/I, et sa lente dégradation ne permettent pas de maintenir sa concentration constante, figure 6.4b. De plus, la présence de traces d'oxygène peuvent expliquer que la stoichiométrie de la réaction ne soit pas respectée et que l'oxalate soit décomposé plus vite que le Feil n'est formé. -75- s0 59 ::1. 58 E Cl) LI. 57 56 2 4 Temps 6 a 1o heure Figure 6.4a : Expérience figure 6.4 - Dissolution à la lumière. 2) La dissolution très lente n'autorise pas une mesure très précise des cinétiques de dissolution. 3) Le Feil ajouté en solution au début de la réaction pour ne pas modifier les conditions en cours d'expérience, dans notre exemple 55µmol/I, a un effet légèrement inhibiteur sur la dissolution pour cette concentration d'oxalate: La dissolution dans le noir sans Fe" est d'environ 0,22 µmol.1-1.h-1 alors qu'en présence de Feil (50 ou 150 µmol/I) aucune dissolution n'est mesurable. La dissolution à la lumière est d'ailleurs seulement d'environ 0,05 µmol.l-1.h-1. Cornell et Schindler (1987) proposent comme explication la précipitation partielle de FeilC 2 0 4 . -76L'étude du chapitre 5 a encore révélé qu'à n'importe quelle concentration totale d'oxalate en solution, le maximum de dissolution était atteint pour une concentration en Fell voisine de 10·4 molli (avec [a-Fe 2 0 3 ]=0,5g/I). Ainsi, au cours des expériences suivantes réalisées avec une lumière monochromatique, une concentration de 1,5.1 Q-4 mol/I de Fell(Cl0 4 h a été rajoutée dès le début pour se placer immédiatement dans des conditions où l'effet catalytique du Fell est constant. Ensuite, pour distinguer le processus chimique de surface, on a procédé à la soustraction de la courbe de cinétique de dissolution obtenue dans la noir et dans les mêmes conditions de concentration. D'autre part enfin, la concentration en oxalate a été prise suffisamment grande (3,3.1 Q-3 mol/I) pour pouvoir la considérer constante au cours de l'expérience: moins de 10% est consommé en fin d'expérience dans le pire des cas. Une cinétique de dissolution typique est représentée sur la figure 6.5.a. pour laquelle ont été mesurées les concentrations de Feil et de F e 101 au cours de l'expérience: le Fe'' ajouté au départ n'est pas compris. Sur la figure 6.5.b. sont comparées les cinétiques de dissolution à différentes longueurs d'onde de la lumière incidente avec celle obtenue dans le noir. ~ ..,. 6-r----------------. 6..- 5 -a; 3 ...... 2 )( ...... 0 LL 4 3 Temps 6 heure 9 _F_ig..u~re_6_5~,a_, : Cinétique de production du Fe" et du Fetot lors de la dissolution à Î.=360nm - {Ox]=3,3mmol/I, [Fe"J= t SOµmolll ajouté au départ n'est pas représenté. -77- s0 E ": 0 T""" X ,...... ..... 0 ..... Q) u. ....... 5 0 0 4 6 • 3 405 nm 390 nm 360 nm dans le noir 2 o+--,.~....---.~-.---.~....-----.,.---.----.~-.-~~~ 0 2 4 Temps 6 8 heure Figure 6.5 b. : Dissolutions comparées à différentes longueurs d'onde, expériences identiques à celles de la figure 6.5.a. - Fe 101 seulement. La vitesse de la photoréaction à la surface ôRÀ. pour une longueur d'onde donnée Â. dépend de l'intensité de la lumière IAÀ. absorbée par l'absorbeur et du rendement quantique de la réaction <I>À.. ôRÀ. = IAÀ.·<I>À. avec selon la loi de Lambert-Beer IAÀ. = I 0 d1 -exp(-2.303 .eÀ..c.I)] (1) (2) où (en unités S.I) I 0 À. : Intensité de la lumière incidente mesurée par actinométrie (E.m-2.s-1) e:1. : Coefficient d'extinction molaire de l'espèce absorbeur (m2.mol-1) c : Concentration en chromophore (mol.m-3) 1 : Longueur du chemin parcouru par la lumière dans la suspension (m) ôR:1. ~ 10 :1.(2,303.e:1..c.l).<I>:1. si eÀ..c.I« 1 (3) L'absorption du solide est très importante dans le visible et l'ultraviolet; il n'est de ce fait pas possible de mesurer -78éventuellement une quelconque absorption lumineuse par un complexe de surface. De plus, dans le cas où l'hématite est le chromophore, la réaction dépend aussi de la concentration en donneur d'électron adsorbé à la surface. On considérera donc que l'hématite est le chromophore même si, peut-être, seule l'excitation du complexe de surface est responsable de la photodissolution. Ce postulat est d'autre part exact si on calcule le rendement d'un point de vue énergétique puisqu'il faut alors prendre en compte l'énergie totale fournie au système et les pertes thermiques. Donc, si on suppose que l'hématite est le chromophore et que toute l'énergie incidente est absorbée par l'hématite, l'équation (2) se réduit à loi.. == IAï.. et (1) devient : d[Fe2+]/dt <l>ï.. == I == ôRï../Ioï.. (4) ÛÂ. À nm RA Actinométrie <l>A µmol/l.s Ioï.. Rï.. µE/l.s µmol/l.h Dissolution ôRï.. <l> Â. µmol/l.h mol/E 350 0,253 1, 19 0,213 54,4 27,0 0,0352 360 0,317 1, 16 0,274 56,6 29,1 0,0295 375 0,347 1, 15 0,303 44,5 17,0 0,0156 390 0,419 1,15 0,367 32,6 12,2 0,0092 405 0,408 1, 14 0,359 28,4 0,9 0,0007 NOIR et / / / 27,5 0 0 h475 Tableau 6.1 : Récapitulatif des résultats obtenus avec une lumière monochromatique et [Fell]o= 150mmolll lors des expériences de dissolution - [Ox]=3,3mmotll, pH=3, T=200C; RA=Cinétique de formation du Feil, ,z,A=rendement quantique de la réduction du Feil/ d'après Parker et Hatchard (1959), I OÀ =intensité de la lumière qui pénètre le réacteur, R =Vitesse de dissolution, t!RÂ=vitesse de dissolution relative due à l'effet direct de la lumière, ,z,0 À..rendement quantique de la réaction. -79- Dans le tableau 6.1 récapitulatif des résultats sont répertoriés: a) Les mesures de l'intensité lumineuse 10 À. par actinométrie chimique pour chaque longueur d'onde effectuées avant chaque expérience dans un même volume de solution. b) La vitesse de dissolution attribuée à la photodissolution directe à l'interface ~RÂ.. c) Le rendement quantique de la réaction ct>À. si on considère que l'hématite est le chromophore. Le rendement quantique pour différentes longueurs d'onde est représenté sur la figure 6.6.a. puis comparé, figure 6.6.b., avec les absorptions optiques de l'hématite et du complexe Fe-Oxalate en solution. Le rendement quantique de la photoréaction d'oxydoréduction du complexe Felll(C 2 0 4 )~- en solution est à peu près constant dans le domaine de longueurs d'onde 350-SOOnm d'après Balzani et Carassiti (1970). On constate que le rendement quantique ct>À. augmente en-dessous de 400 nm alors qu'il était jusque là quasimment nul. 0.03 ~ 0.02 0.01 0.00 -+----.----..,.--..---....---...----1 350 360 370 380 390 Longueur d'onde 400 nm 410 Figure 6.6.a. : Rendement quantique en fonction de la longueur d'onde, résultats du tableau 6. 1. -80- 0.06 c: "' .~ ~ 0.4 0.04 0.2 0.02 ... -c. :::> c: 0 ~ < 0.0 330 350 370 390 Longueurd~nde 410 o.oo 430 nm Fioure 6.6.b. : Résultats de la figure 6.6.a. (carrés blancs) comparés avec l'absorption de a-Fe 2 0 3 (carrés noirs) et du complexe Fe(C2 04)~- en solution (losanges noirs). Pour expliquer ces résultats, il faut envisager comme Waite et Morel (1984) deux mécanismes possibles, soit (1) l'excitation du complexe de surface >Fe-Ox, soit (2) l'excitation du solide semiconducteur et la formation de paires (e·, h+). * Dans le cas (1 ), l'excitation des bandes de transfert de charge du coordinat vers le métal (LMCT) du complexe entraîne la réduction du Felll ainsi qu'il est observé en solution : hv 2(>Fe"'-C20 4·)-+ 2(>Fe 111 -C 20 4 ·)*-+ 2(> ...) + 2Fe2+(aq) + C20 42·+ 2C02 (III) La réaction est aussi valable pour un complexe bidenté >Fe"'=C 20 4 . * Dans le cas (2), l'oxyde semi-conducteur est irradié avec une énergie supérieure au saut d'énergie de la zone interdite qui est d'environ 2,2 eV (À.=530nm) pour l'hématite. La promotion d'un électron dans la bande de conduction du semi-conducteur eb'c est accompagnée de la création d'un "trou" hb'v ou déficit d'électron dans la bande de valence; voir chapitre 2. La présence de porteurs de charge négative ou positive dans le réseau cristallin proche de la surface ou même sur les sites de surface donne naissance aux réactions chimiques d'oxydation de l'oxalate et de réduction du Fe"'. a-Fe203(et;c,hb'vl -+ (9$s,h;s) Du point de vue d'un modèle physique délocalisé, les e· et les h+ -81- peuvent se déplacer dans le réseau cristallin puisque le solide est devenu conducteur. Ainsi, oxydation et réduction peuvent aussi avoir lieu à des endroits différents tel que sur le schéma très simplifié d'une particule d'oxyde de fer(lll) (hématite) ci-dessous: À.=530 nm =2,2eV De toute façon, quel que soit le véritable mécanisme, la stoechiométrie de la réaction reste la réduction de deux moles de Felll pour l'oxydation d'une mole d'oxalate. On constate encore que la photoréaction à la surface de l'oxyde ne se produit qu'à partir d'une énergie correspondant à une longueur d'onde inférieure à environ 410nm très éloignée de la longueur d'onde de 530nm nécessaire à la promotion d'électrons dans la bande de conduction. Cette constatation est faite également par Faust et Hoffmann, Litter et Blesa pour des systèmes différents. Indépendamment de ces recherches, Leland et Bard (1987) ont montré par des études photoélectrochimiques que les vitesses de photooxydation de l'oxalate et des ions sulfite sur divers oxydes de fer(lll) étaient dues plus vraisemblablement à des différences dans les propriétés structurelles des oxydes qu'au saut d'énergie. Nous avons à notre disposition pour essayer de décider entre les deux mécanismes les résultats obtenus sur deux oxydes de Felll, hématite (Faust et Hoffmann, ce travail) et maghémite (Litter et Blesa), et trois complexants, soient EDT A, sulfite et oxalate. Curieusement, la réaction a toujours lieu pour des valeurs de À. < 410nm à peu près, indépendamment du système. Si on suppose que les bandes d'absorption des trois complexes sont différentes, ceci tendrait à prouver que le solide est le chromophore -82responsable de la photoréaction, mécanisme (2). Mais il faut alors convenir que toutes les paires (e·, h+) ne peuvent mener à la réaction d'oxyde-réduction puisque le saut d'énergie correspond à une longueur d'onde de 530nm soit une énergie moindre. Si l'on se rappelle que l'hématite possède une bande de transfert de charge 02- ~ Fe3+ de moindre énergie aux environs de 375nm et même 395nm d'après Tossai et al. (1973), voir chapitre 3, qui ne doit pas être différente pour la maghémite, l'excitation de cette bande du solide dans le cadre du mécanisme (2) semble être une bonne explication du phénomène. L'hématite serait donc bien le chromophore responsable de la photoréaction d'oxyde-réduction et le coordinat oxalate serait oxydé par les trous h+ localisés principalement sur l'oxygène du cristal. Ce dernier point est controversé et Dare-Edwards et al. (1983) écrivent que le transfert des charges vers la surface se produit sur les ions métalliques. Le mécanisme n'est néammoins pas remis en cause car il semble surtout important de noter que l'absorption de sphère interne du complexant oxalate autorise une réaction efficace de transfert de charge. En effet, l'absorption par le coordinat de la charge positive est en compétition avec la recombinaison des charges e- et h+ dans le solide. Selon Leland et Bard, la recombinaison est beaucoup plus rapide que le transfert des h+ pour l'hématite. Peut-être est-il alors nécessaire que l'energie d'excitation du solide soit plus grande que le saut d'énergie pour que les paires (e-, h+) aient le temps de réagir chimiquement durant la phase de désactivation au lieu d'être recombinées. Finalement, un posssible schéma pour le processus de photoréaction d'oxyde-réduction pourrait être le suivant: 1) Formation de paires (e-,h+) dans le solide hv a-Fe203 -------> a-Fe203*(et)c, htiv) (IV) À S. 400nm 2) Migration de la paire (e-,h+) vers la surface ebc + htiv ~ e~s + h;s e5 5 et h5 5 sur les états de surface (V) -83- 3) Oxydation de l'oxalate adsorbé C204 2-(ads) + hs'"s -t ·C204·C204- + FeC 20 4+ -t 2 C02 + Fe2+ + C20 42- (VI) (VII) 4) Réduction du Felll et détachement du Feil >Felll + e~ 5 -t >Feil -t Fe2+ (IX) La réaction VII peut avoir lieu aussi bien à la surface qu'en solution. ~ La principale différence entre les mécanismes (1) et (2) du point de vue d'un modèle localisé est le lieu où la réaction d'oxyde-réduction se produit. Dans le mécanisme (1) sur le même site et dans le mécanisme (2) à deux endroits séparés. Le mécanisme (1) a l'avantage de ne pas supposer l'excitation d'une énergie (530 nm) qui de toute évidence n'est pas suffisante pour que la réaction se produise. De plus, tous les complexes étudiés, Fe-EDTA, Fe-Oxalate et Fe-Sulfite ont une bande de transfert de charge située aux environs de 400nm et l'on peut voir dans chacun des cas que la vitesse de dissolution relative en fonction de la longueur d'onde suit une courbe parallèle à l'absorption de la lumière par le complexe, notamment figure 6.6.b. L'hypothèse du mécanisme (1) sera donc retenue comme la plus vraisemblable mais il n'est pas possible de conclure définitivement. De toute façon la qualité de l'adsorption joue un rôle majeur Certains auteurs, tels que Cunningham et al. (1985) avec le système goethite - éthylène glycol, proposent parfois une réaction de photolyse sur une surface d'oxyde de fer(lll) en terme de photoréaction d'un complexe de surface de sphère externe. Cependant, Darwent et Lepre (1986) en comparant l'adsorption de plusieurs polyalcools sur Ti0 2 ont trouvé que les coordinats qui peuvent former des complexes polydentés à la surface d'un oxyde métallique sont plus efficaces pour donner un électron (ou capturer un trou !) que les coordinats qui forment des complexes de surface monodentés. -84- 2.5 Effet du oH Des expériences ont été effectuées à pH 5 et 7 pour se rapprocher des conditions de pH des eaux naturelles. Les résultats obtenus ont été très différents dans les deux cas. Ainsi, on observe un phénomène similaire à pH 5 et à pH 3, c'est à dire une dissolution fortement accélérée par la lumière conformément à la superposition des trois mécanismes décrits précédemment, figure 6.7. s0 E 1() 6 -- 20 T""" >< ..... 0 G> LL 10 ....... (1) 00-~~~~~~~~~-.-~~~~...-~~~--1 0 10 20 Temps Figure 30 heure 40 6,7 : Effet de la lumière sur la dissolution à pH=5 [Ox]=3,3mmol/I, (1): dans le noir, (2): avec lumière blanche et filtre(50%) ).=395nm. Rien de semblable à pH 7 où aucune dissolution n'est mesurée aussi bien dans le noir qu'à la lumière. En fait, on atteint très rapidement la valeur maximale de solubilité de l'hématite dans les conditions de l'expérience de l'ordre de 2µ mol/!. Cette concentration est atteinte en quelques minutes, longtemps avant l'équilibre de dissolution. Ce point est discuté au chapitre 7. A pH 5, comme à pH 3, une vitesse de dissolution constante est obtenue sitôt que la concentration de Feil en solution engendre une dissolution maximale selon le processus catalytique thermique car le Feil produit à la surface est détaché rapidement de la phase solide. -85- Ceci n'est plus le cas à pH 7 où la dernière étape de la dissolution n'est pas favorable, le Fe2+ produit en surface ayant plutôt tendance à rester en surface ou à être réadsorbé qu'à être détaché en solution. La dissolution catalysée par la présence de Feil en solution telle qu'elle a été décrite au chapitre 5 ne peut avoir lieu du fait de la faible concentration de fer dissous. Par contre, Fischer (1973) a montré que la présence d'ions Fe2+ adsorbés accélère la dissolution de la ferrihydrite à pH 7. Des expériences complémentaires seraient nécessaires pour vérifier si la concentration de Feil en surface tend à augmenter avec éventuellement la formation d'une nouvelle phase solide ou si le Feil est réoxydé en Felll. Une autre explication est bien sûr la moindre tendance de l'oxalate à s'adsorber en surface, voir tableau 6.2, et peut être également le type d'adsorption bidenté ou monodenté qui joue un rôle important. pH [Ox]ads 3 17,5 4 12,6 5 11,5 6 7,7 7 6,2 (en µmoiti) Tableau 6.2 : Adsorption de l'oxalate sur l'hématite en fonction du pH; [a-Fe203]=0,5g!/, [Oxltot=100µmo//I, T=2ooc Finalement, il ne faut pas oublier la diminution de la dissolution induite par les protons lorsque le pH augmente. 2.6. Photolyse de la suspension d'hématite en absence d'oxalate Une autre action possible de la lumière sur l'hématite est la réduction du Felll à la surface du solide sans l'intermédiaire d'un agent organique. Pour que cette réaction puisse se produire, il faut cependant qu'un réducteur soit présent pour capter les charges positives produites qui sont le corollaire de la réduction du Fe'"· Sur la figure 6.8, on observe nettement une augmentation de la concentration en Feil bien que la réaction soit extrêmement plus lente que lorsque l'oxalate est présent : la dissolution est environ 1OOx plus rapide pour la même intensité de lumière blanche si 1 mmol/I d'oxalate est présente. -86- ' s.-~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 0 E ::t 6 ...... Cl> u. 4 ~ 2 5 10 heure Temps Eioure 6.8 : Dissolution de l'hématite (-4kW/m2) sans oxalate. à la 15 lumière blanche Cette réaction bien connue a été décrite par de nombreux auteurs dont Cunningham et al. (1985), Waite et Morel (1984), etc ... La réaction de transfert de charge a lieu entre le Felll du solide et les groupes hydroxyles de surface hv >Felll-OH ~ >Feil+ ·OH (X) En solution, les complexes équivalents Fe0H2+ et Fe2(0H)\+ ont des bandes de transfert de charge situées respectivement à 300nm et 335nm; Carey et Langford (1975), David et David (1976) hv FeQH2+ ~ Fe2+ +·OH (XI) Le rendement quantique de cette réaction est d'environ 0, 15 à 313nm mais n'est plus que de - 0,01 à 365nm alors que le rendement quantique de la production de Fe2+ par photolyse de Fe(Ox)~- à 365nm est de 1,2; Bal zani et Carassiti (1970). Le fait que le verre Pyrex filtre les longueurs d'onde inférieures à - 340nm, voir chapitre 4, expliquerait la faible réactivité mesurée sur la figure 6.8. D'autre part, cette expérience confirme que l'effet semi-conducteur pour la longueur d'onde correspondant au transfert de charge -870 2- ~ Fe3+ de l'hématite vers 375nm n'est pas suffisant pour obtenir la dissolution de l'oxyde. En effet, si le mécanisme de création de paires (e·, h+) est invoqué pour expliquer cette réaction, ce qui ne peut être exclus, il est indispensable pour que la dissolution ait lieu efficacement qu'un complexant donneur d'électron (accepteur de h+) comme l'oxalate soit présent pour équilibrer la réduction du Fell avant que les recombinaisons (e-+h+) n'interviennent. De la même manière, Darwent (1981) et Henglein (1982) ont montré que la présence d'un donneur d'électron adsorbé à la surface d'un semi-conducteur était indispensable pour que H2 puisse être produit par photoélectrolyse de l'eau (alternative à la réduction du métal). La dissolution photo-réductive d'espèces d'(hydr).oxydes de Fe(lll) amorphes, ferrihydrite par exemple, est plus rapide que celle des oxydes faiblement solubles tel que l'hématite, Waite (1986). Elle peut expliquer la production importante de Fe" observée par McKnight et al. (1988) dans une rivière de montagne acide, pH"'3,8, contenant très peu d'espèces organiques. 3. REACTION A LA LUMIERE EN PRESENCE 0'02 La figure 6.9 permet de mesurer l'effet de l'oxygène sur le système hématite + oxalate exposé à la lumière. Les résultats ont été obtenus dans les mêmes conditions que dans le cas de la figure 6.2 mais le réacteur était laissé ouvert à l'air; p0 2 = 0,2 atm. Une expérience identique mais réalisée sous une pression d'oxygène de 1atm par passage d'un flux d'02 à travers la solution a montré des résultats identiques: réaction légèrement plus rapide et tout l'oxalate transformé en C0 2 . Il est bon de comparer les deux diagrammes car il ainsi facile de constater l'énorme influence de l'oxygène sur la réaction : La vitesse de dégradation de l'oxalate est plus rapide que sous N2 , l'hématite n'est pratiquement pas dissoute et il est de plus possible de mesurer la présence de H2 0 2 au cours de la réaction, figure 6.9a. -88- s 1.0 0 E E Feil --0-- ----- 0.8 Oxalate --0- --..."' rn c: 0.6 H202 0 c: 0.4 Cl) (J c: 0 (.) 0.2 0.0 0 3 2 4 heure Temps Fig!,!rfl 6.~ 5 : Influence de la lumière blanche (-4kW/m2) sur la dissolution lorsque 0 2 est présent à pH3. ~ 80 E ::!. Cl) u. _. 60 I 40 20 0 I 0 I I I I p I I I I I I I o--- 80:::::: ëi 60 E ::!. éN 0 40 N ::i::: _. 20 2 3 4 5 0 heure Temps Figure 6.9a : Agrandissement de la figure 6.9 qui permet d'observer les concentrations de Fell et de H2 0 2 au cours de la réaction. La concentration maximale atteinte très rapidement par Feil (qui correspond aussi au fer total) est d'environ 30µmol/I en solution. Cette valeur décroît ensuite rapidement puis reste sensiblement -89- constante dès que H20 2 et l'oxalate ont disparu de la solution. Il faut donc imaginer qu'une ou plusieurs réactions s'opposent à la réduction et au détachement des centres métalliques vers la solution. Dans la perspective du modèle des bandes du solide, on peut envisager une compétition à la surface entre Felll et 0 2 pour les électrons e;5 disponibles. La réduction de Felll est ralentie ou partiellement anihilée par la réaction 02 + e5 5 ~ '02- (XII) qui conduit à la formation de peroxyde d'hydrogène. Bien qu'à priori ce transfert d'électron est improbable car le potentiel d'oxyde-réduction du couple 0 21·02- est de -0,33 V (ref. NHE), (Bielski et al. 1985), celui-ci peut dans certains cas être différent si 0 2 est adsorbé (Hoffmann et al. 1989). D'autre part, 0 2 et H20 2 peuvent également être réduits en réoxydant Feil formé à la surface ou détaché en solution. Fe2+ + 0 2 ~ Fe 3 + + ·02- 2 ·02- + 2 H+ ~ H202 + 02 Fe 2+ + ·02- + 2 H+ ~ Fe3 + + H20 2 Fe2+ + H20 2 ~ Fe3+ +·OH + OH- (XIII) (simplifié) (XIV) (XV) (XVI) Cette succession de réactions est connue sous le nom de mécanisme d'Haber-Weiss; Weiss (1935). D'après Keene (1964), la réaction (XVI) est relativement lente. Il n'est pas possible de vérifier l'influence de chacune de ces réactions qui ont lieu simultanément rendant l'étude du système très compliquée. Cependant on constate qu'elles conduisent à réduire considérablement la concentration en Feil par rapport aux réactions sous atmosphère neutre d'azote. Pour expliquer la dégradation plus rapide de l'oxalate lorsque 0 2 est présent, Hermann et al. (1983) suggèrent qu'une dégradation oxydative de l'acide oxalique est réellement photocatalytique seulement si l'activation par la lumière est due au solide et si au moins une des étapes de la réaction a lieu dans la phase adsorbée. · lis proposent une oxydation par Oa~s de l'oxalate complexé à la surface de différents oxydes dont Fe20 3 . Cette espèce serait obtenue par neutralisation de o-(ads) par les trous hs+s: -90- (XVII) Il est pourtant plus vraisemblable que l'oxalate adsorbé ayant cédé un électron e· (ou accepté un trou h+) à la surface réagisse ensuite avec l'oxygène présent en solution selon le schéma suivant : a-Fe203.(h 5+5 ) + C204 2"cads) ~ ·C204· (V+ VI) ·c20 4- + 0 2 ~ 2 C02 + ·02La réaction XVIII s'ajoutant à la réaction VII dégradation plus rapide de l'oxalate si 0 2 est présent. puis (XVIII) explique la Hermann et al. montrent d'autre part que la réaction de dégradation de l'oxalate est très lente pour des longueurs d'onde supérieures à 400nm mais ils n'ont cependant pas utilisé de lumière monochromatique pour leur étude. De ce fait, l'étude des cinétiques de dégradation des oxalates lorsque 0 2 est présent a été réalisée pour différentes longueurs :s0 E E ........ >< 0 ...... 0.85 • • 375nm 410nm -1-.....--.---..--.--......-....-....-...,-.....-....,---..--.-r--1 3 4 5 6 7 2 0 heure Temps Figure 6.10 : Exemples de dégradation de l'oxalate à différentes longueurs d'onde - [Ox]o=1mmol/I; T=20°C; pH=2,9; P::::4Wlm2 dans les trois cas. d'onde de manière identique à l'étude sous atmosphère d'azote du paragraphe précédent. La figure 6.10 représente la concentration en -91- oxalate en fonction du temps pour plusieurs de ces réactions et les résultats sont reportés en dessous dans le tableau 6.3 et sur la figure 6.11. À. nm I 0 (Actin.) µE/l.h Io (Therm.) µE/l.h Ri.. µmol/l.h <l>\ mol/E 350 152 147 12,0 0,079 0,082* 360 209 189 7,5 0,036 0,040* 375 228 226 390 322 262 410 283 283 4,8 430 220 293 3,6 0,016 0,012* 450 186 315 3,7 0,020 0,012* 273 4,0 0,015* 530 Tableau / 8,1/9,9 mov. 9,0 4,5 0,039" 0,040*'1 0,014 0,017* 0,017 0,017* 6.3 : Récapitulatif des résultats de la décomposition de l'oxalate obtenus avec une lumière monochromatique et en présence d'oxygène - [Ox]o=1mmolll; pH=2,9; T=20°C; Â.: longueur d'onde de la lumière monochromatique; l 0 : Intensité de la lumière pénétrant le réacteur; R;t: vitesse de disparition des oxalates; rZ>';t: efficacité quantique de la réaction, *mesuré avec la thermopile, "calculé à partir de la moyenne. L'erreur sur les mesures de [Ox] est relativement importante donc rZ>';t est donné à_+ 20% environ. -920.10 0 0.08 -. c::: 0.06 .€- 0.04 Il .< 0.02 0.00 340 390 440 490 nm 540 Longueur d'onde Figure 6.11 : Rendement quantique de dégradation de l'oxalate en fonction de la longueur d'onde d'après les résultats du tableau 6.3. Finalement, il est possible de comparer les rendements globaux puisque sous atmosphère d'azote la réaction est stoechiométrique : d~tl = -1/2 [F~~+] , et on connait donc la vitesse de dégradation de l'oxalate. Ces résultats sont donnés à titre indicatif puisque la concentration en oxalate est différente dans les deux cas, même si on peut considérer la concentration d'oxalate adsorbée comme constante dans les deux cas et la concentration totale en solution très largement en excès par rapport aux autres espèces.  (nm) cl>À. (N2) cl>' À. (02) CÀ. ~50 0,0352 0,0805 4,6 360 0,0295 0,0380 2,6 375 0,0156 0,0395 5,0 390 0,0092 O,Q155 3,4 405 0,0007 0,0170 47,2 Tableau 6 .4 : Comparaison entre les rendements quantiques de dégradation de l'oxalate sans et avec 0 2 - l en nm; <P,t et 4>). en moVE; C,t..24>',t/4>,t. Quoi qu'il en soit, on observe malgré la plus faible concentration en -93- oxalate un rendement de la réaction plus élevé si 0 2 est présent; voir tableau 6.4. Ainsi nous voyons que, contrairement à la dissolution de l'oxyde, la décomposition des produits organiques est accélérée par la présence d'oxygène en solution. Cette réaction observée par d'autres auteurs tels que Cunningham et al. (1985 et 1988) montre le rôle de catalyseur joué par les surfaces d'oxydes dans les réactions de photolyse des produits organiques et notamment des polluants organiques. Cependant, les produits de la réaction globale sont différents: En effet, Felll est réduit sous atmosphère neutre tandis que l'oxygène est consommé (réduit également) s'il est présent, ce qui est quasimment toujours le cas dans les eaux de surface où la lumière peut pénétrer. -94- CHAPITRE 7 ENCORE QUELQUES RESULTATS - CONCLUSIONS 1. SE RAPPROCHER DES CONDITIONS NATURELLES Afin de comprendre les phénomènes qui se produisent dans la nature, il est souvent très commode de les recréer et des les réduire à quelques paramètres aisément identifiables et sur lesquels il est possible d'intervenir. Presque toujours, cette "simplicité" toute relative de laboratoire n'est pas suffisante pour appréhender la magnifique complexité des mécanismes naturels mais c'est le lot de toute recherche scientifique: on se rapproche doucement du but mais sans jamais complètement l'atteindre. Le présent travail ne propose pas une approche différente; partant d'un modèle simple dans des conditions bien définies, de nouveaux paramètres ont été progressivement ajoutés: Fell, lumière, pH plus élevé, oxygène. Finalement, à force de complication, chaque nouvelle expérience fait naître plus de questions qu'elle ne donne de solutions. Cette dernière partie propose à la réflexion quelques résultats complémentaires offrant une base de départ possible pour de futures investigations. 2. DERNIERS RESULTATS Le type d'(hydr)oxyde de fer(lll) le plus communément rencontré dans les eaux naturelles est généralement amorphe et possède une structure mal définie contrairement aux oxydes cristallisés tel que l'hématite. Son emploi comme modèle est limité par la difficulté pour le caractériser, par son instabilité structurelle et sa très grande réactivité. Cependant, alors que l'hématite n'est pas dissoute à pH 7, à la lumière et en présence d'oxalate, il n'en est pas de même de la ferrihydrite. Lorsque la ferrihydrite est utilisée comme modèle, représentant plus fidèlement un (hydr)oxyde de Fe(lll) présent à pH 7 que l'hématite, la dissolution dans le noir en présence d'oxalate atteint rapidement une concentration maximale à l'équilibre, de l'ordre de 10-15 µmoiti dans l'exemple de la figure 7.1.a., que ce soit en -95présence d'oxygène atmosphérique ou non. Même l'ajout d'une petite quantité de Fe"' en solution au départ ne change pas la valeur finale: bien que l'oxalate complexe fortement Felll dissous, le fer est précipité et disparaît de la solution. 40 s0 E :::1. 30 ..... Cl) LL. ....... 20 10 ...---- • o+-....-....-....-....-....--.-.....--.-.....--.-.....-.....-.....-.....-....-....-....-.....--.-~ 0 4 8 Temps 12 16 heure 20 Figure 7 .1 .a. : Effet de l'oxalate sur la dissolution de la ferrihydrite à pH 7 dans le noir - [Ox]=3,3mmolll, [Ferrihyd.]=0,5gll, points noirs : blancs: N2. o2 atmosphérique et 40µmolll Fefll au départ , points Si cette même suspension est ensuite illuminée par une lumière blanche (P~1.5kW/m2). figure 7.1.b., il s'établit très vite un équilibre dans la concentration de Fe" dissous si 0 2 est présent, mais la concentration en Fe 101 ne change pas. En première approximation on peut donc dire que la réduction a lieu en solution. En fait, une réduction du Fe'" en surface est vraisemblable puisque sous atmosphère d'azote la concentration en Fe" augmente rapidement, mais la réoxydation du fer réduit en surface est probablement plus rapide que le détachement vers la solution. -96- s; 40 0 E -- ::1. ,...., 30 0 Q) LL ..... 20 Q) Fetot :::::::" 10 LL ..... Q) Fell 20 40 min. Temps 60 Figure 7.1.b.: Effet de l'oxalate sur la dissolution de la ferrihydrite à pH 7 sous illumination, suite de la figure 7. 1.a. - t0 correspond respectivement à 18,Sh (points blancs) et 17h (points noirs) de dissolution dans le noir, 0 2 atm.: triangles noirs; lumière blanche p::,; 1,5kW/m2. s; 18 0 E "',... 6 15 X -..... ,...., 0 Cl) 12 9 LL 6 3 30 60 Temps 90 120 . min. 150 Figure 7 2: Dissolution de la ferrihydrite en présence d'EDTA à pH 7 - [EDTA]=1mmol!I, [Ferrihydr.]=0,5gll, p0z=0,2atm, points noirs: sans lumière, points blancs: lumière blanche p,, 1,5kW/m2 (carrés) et P::,;3kW/m2 (triangles). -97- Si l'oxalate est remplacé par l'EDTA comme modèle de complexant organique, il est possible de noter un effet direct de l'intensité de la lumière blanche sur la vitesse de dissolution de la ferrihydrite, alors que EDTA dissous déjà la ferrihydrite dans le noir, voir figure 7.2. A titre d'information, la même expérience effectuée sur l'hématite donne des résultats peu convaincants puisqu'après 11 h d'illumination avec une lumière blanche, P~3kW/m2, on mesure [Fe 101 ]~6µmol/I et [Fell]~5µmol/I. La plus grande solubilité de la ferrihydrite par rapport à l'hématite permet de maintenir une concentration de fer dissous en solution plus importante. Elle est le résultat d'un équilibre dynamique entre la dissolution réductrice et la précipitation après réoxydation qui peut s'écrire de manière générale selon Stumm et Lee (1961) k Fell(aq.) + 1/4 02 + 2 OH-+ 1/2 H20 ~ Fe(OHb(solide) où l'on remarque que la réaction dépend de la pression partielle en oxygène et du pH. La dissolution réductrice assistée par la lumière semble avoir lieu plus aisément dans les milieux oxiques naturels (Sunda et al. 1983, Collienne 1983) que dans nos expériences en laboratoire. Il est possible que non seulement la présence d'(hydr)oxydes de fer(lll) amorphes mais également celle de substances organiques réductrices telles que les phénols, la cystéine ou l'acide tannique permettent de maintenir une concentration assez importante de Feil dissous. Le système Fe"-Felll agirait donc comme une sorte de catalyste pour l'oxydation de la matière organique par l'oxygène (Miles et Brezonik 1981 ). Une étude plus systématique des concentrations de Fell et de Felll obtenues à l'équilibre à pH 7 et sous illumination pourrait éventuellement permettre de prévoir les quantités de fer dissous disponibles dans les eaux de surface. En faisant varier les concentrations des différents réactifs, (hydr)oxydes de fer(lll) et complexants, et les conditions expérimentales il devrait être possible de se rapprocher des conditions naturelles. -98- 3. POINT DE VUE 1 La méthode d'étude systématique employée dans ce travail a permis de mettre à jour ou de confirmer des mécanismes physicochimiques fondamentaux responsables de la dissolution chimique et photochimique des oxydes de fer(lll) : dissolution contrôlée par la coordination de la surface, excitation lumineuse importante pour la transfert d'électron dans le proche UV, rôle de l'oxygène dans les mécanismes photoredox, etc ... Cependant, l'extrapolation de ces résultats à la compréhension des systèmes naturels est ambigüe et doit être menée conjointement, me semble-t-il, avec une expérimentation plus globale sur le terrain. En effet, chaque degré d'incertitude supplémentaire dans l'approche en laboratoire soulève une multitude de questions nouvelles qu'il est difficile d'éclairer avec la rigueur du fondamentaliste. Par exemple, que resterait-t-il des beaux schémas établis dans ce travail si d'aventure un ou deux autres complexants se trouvaient présents en même temps, si des organismes vivants venaient à se multiplier dans mes béchers, si une multitude d'impuretés solides envahissaient mes réacteurs trop propres, etc ... ? Et c'est là encore être trop abstrait! Il faudrait en réalité considérer une combinaison de tous ces facteurs simultanément. 4. POURQUOI PAS UN PEU DE PHILOSOPHIE POUR CONCLURE? - POINT DE VUE II Devant la complexité dynamique de la nature, l'homme de science se trouve parfois désarmé, limité qu'il est par ses connaissances compartimentées. En 1987, 3 millions d'articles scientifiques ont été publiés de par le monde et ce chiffre ne fait que croître; combien d'entre eux est-il seulement. capable de lire ? Cette terrible frustration est fréquemment contrebalancée par l'assurance de connaître des choses, aussi limitées soient-elles, que la plupart ne comprennent pas ou dont ils ne soupçonnent même pas l'existence. La tentation de se replier sur son domaine et de fréquenter des personnes parlant un langage familier, si elle est tolérable dans des champs d'investigation où l'abstraction -99- mécanistique est essentielle, ne peut et ne doit avoir de prise sur le chercheur de l'environnement. Celui-ci est le scientifique du futur dans le sens où il ne croit pas que la diversité de la nature peut se résumer en une formule mathématique contenant toutes les autres comme le pensaient les chercheurs du siècle passé et beaucoup encore de nos jours. Une telle idée ne correspond à mon avis qu'à une peur de l'homme devant ce qui est trop compliqué pour être compris individuellement. Non, il doit être le chercheur de la vie, celui qui se réjouit de l'irreversibilité de l'histoire d'un monde qui va toujours de l'avant vers plus de complexité, sachant bien que rien ne sera jamais demain exactement comme il fut hier. Pour cela, il doit rester en toute modestie ouvert au foisonnement d'idées et de concepts provenant d'autres domaines de recherche (aussi bien scientifiques que littéraires d'ailleurs) que celui dans lequel il a été principalement formé afin de réconcilier une connaissance par trop fragmentée. Enfin, il doit être convaicu, pour pouvoir convaincre les autres, qu'en protégeant l'environnement il se protège lui-même car il est une partie de son étude, pas un agent extérieur. Ces considérations m'ont beaucoup éloigné de mon sujet de thèse mais je suis fortement persuadé que nul travail scientifique, surtout un PhD, n'est dissociable d'une approche plus large au sens éthique et philosophique. Aussi, rappelerai-je encore cette maxime célèbre que !'écrivain français Rabelais écrivait déjà au XVlè me siècle : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" (dans "Gargantua et Pantagruel"). S'il avait vécu en cette fin de XXème siècle, il aurait peut-être ajouté " ... de l'âme et de la nature", sinon permettez-moi de le faire. -100- CHAPITRE SPECIAL ACTION DES IONS HEMATITE-OXALATE SULFITE SUR LE SYSTEME 1. INTRODUCTION L'étude de l'adsorption comparée des sulfites S03 2 - et de l'oxalate a été réalisée lors de ma première année de thèse préalablement au travail décrit dans les chapitres précédents. Elle entrait dans un cadre plus large visant à établir l'action des complexants dans l'accélération ou l'inhibition de la dissolution des oxydes de fer(lll). Très formative, elle m'a permis de me familiariser aux techniques d'investigation des phénomènes à l'interface des oxydes métalliques. Cependant, les résultats sont seulement partiels et ne prétendent pas couvrir entièrement le sujet. Ces recherches étaient particulièrement stimulées par la volonté de comprendre l'adsorption compétitive pour les sites de surface entre deux complexants soupçonnés tous deux de former des complexes de sphère interne avec les oxydes métalliques. De plus, il venait d'être prouvé (Faust 1984) que les ions sulfite réduisaient le Felll de la surface sous l'action de la lumière mais n'avaient à priori aucun effet sur la dissolution dans le noir contrairement à l'oxalate. 2. METHOQES EXPERIMENTALES 2.1. Bemargue générale Toutes les méthodes et conditions expérimentales exposées au chapitre 4 restent valables. 2.2. Mesure de SQ 32La méthode de détermination spectrophotométrique est décrite par Humphrey et al. (1970). Les ions sulfite réagissent quantitativement à température ambiante dans une solution tampon aqueuse de phosphate à pH 6,9 avec l'acide 5,5'-dithiobis(2-nitrobenzoïque) pour former un -101- thiosulfate organique. Les sulfites sont déterminés par absorption de la lumière par le thiol à À.=412nm (e"'13000M-1.cm-1). 2.3. Conduite des expériences d'adsomtion La seule difficulté provient de la pression partielle de S02 . Lorsque le pH est inférieur à 4 il n'est pas possible de faire barboter de l'azote à travers la solution pour l'en débarasser de l'oxygène pendant la réaction sans quoi les sulfites s'échappent rapidement sous forme de S02 . Il est donc nécessaire de dégazer la suspension avant d'ajouter Na2 S0 3 . Heureusement, dans ce domaine de pH les ions sulfite sont oxydés très lentement. D'autre part, il est bon de laisser un volume de phase gazeuse minimum au-dessus du liquide. Les solutions mères de sulfite étaient renouvelées avant chaque expérience. Les expériences d'adsorption simultanée de l'oxalate et des sulfites ont toutes été réalisées en continu dans le réacteur isolé de toute source lumineuse comme il est décrit au chapitre 4. Pour établir l'isotherme d'adsorption des sulfites, le temps d'adsorption était de 60 minutes. 3. RESULTATS EXPERIMENTAUX ET INTERPRETATION 3.1. Adsorption des sulfites Les isothermes d'adsorption de S(IV) sur l'hématite à 2ooc sont représentées sur la figure S.1, a) pH 3 et concentration variable, b) et c) pH variable et concentration de S(IV) constante. On constate une similitude avec la courbe d'adsorption de l'oxalate à pH 3, figuré 5.1.a., typique pour des adsorptions de coordinats complexés sur des surfaces d'oxydes métalliques. -10250 :s; 0 E :1. -- 40 (/j "Cl ca ....... > en ....... 30 l!I 20 10 0 200 400 600 800 [S(IV)]aq. S.1.a : Isotherme d'adsorption d'hématite à pH 3 figure des µmolli 1000 sulfites sur 0,5g 55 s0 E 50 :1. UJ "C 45 40 œ 35 > en 30 ....... ........ -- 25 20 15 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0 pH -4.25 ........ ....... UJ -4.35 œ ........ -4.45 "C --- > en ..... Cl 0 y= -3.83 - 0.18x -4.55 -4.65 ..J -4.75 2.5 3.0 3.5 pH 4.0 4.5 5.0 Figures S.2.b.c : Isotherme d'adsorption des sulfites sur O,Sg d'hématite à pH variable - [Na 2 SOsJ=0,6mmolll -103- 3.2. Effet de la présence de S{IV) sur la dissolution de l'hématite Il n'a jamais été possible de mesurer la moindre dissolution dans le noir due à l'action de S(IV) à pH 3 : Après plus de 24h, la valeur mesurée est à la limite de détection du fer dissous, 0,5µmol/I, et peut être attribuée exclusivement aux protons. Cependant, sitôt que le système est ouvert à la lumière ambiante, la dissolution est très rapide, voir figure S.2. s 5o-.-~~~~~~~~~~~~~~~---. 0 E ::1. 40 ....... ..-. 30 Cil LI.. 20 10 50 0 Figure 1 OO 150 200 250 300 350 400 450 Temps min. S.2 : Dissolution de l'hématite par S(IV) à la lumière ambiante du laboratoire - [S(IV)J=0,4mmolll et [a-Fe 2 0 3]=0, 02gll -o---o- - - ....... 0 âi 12 LI.. ....... -Cil f0xl=0,33mmol/I [Ox]=[S(IV)]=0,66mmol/I [Ox]=[S(IV)]=0,66mmol/I Fe(tot) 9 Fe(ll) 0%---...-=::::;:::::::!:::;;::==;:::-=:;::::~=::::;:==:::;:===:;::::!~ 250 100 150 200 0 50 min. Temps ....E....ig...u.....r,,..e__.S....,..... 3 : Dissolution de l'hématite par l'oxalate sans S(IV) (carrés) et avec S(IV) (ronds) - [a-Fe 20 3J=0,5g!J -104- Que se passe-Hl si des particules d'hématite sont alors suspendues dans une solution contenant à concentrations égales S(IV) et oxalate? Sur la figure S.3 sont comparées des cinétiques de dissolution de l'hématite par l'oxalate dans le noir suivant que S(IV) est présent en solution ou non. Malgré la plus grande concentration d'oxalate dans le cas où S(IV) est ajouté en solution, la vitesse de dissolution est plus lente. D'autre part, la mesure de la concentration de Fe(ll) donne des valeurs négligeables aux alentours de la limite de détection et probablement dues à des artefacts (Réduction du Felll). On peut donc parler dans ces conditions d'une inhibition de la dissolution par les ions sulfite qui n'est pas étonnante à priori si on suppose l'occupation d'une partie des sites de la surface par S(IV) : * Formation d'un complexe monodenté K1 >Felll-OH + HS03 - ~ >Fe11'-S03 - + H2 0 ou/et * Formation d'un complexe bidenté K2 >Fe111=(20H) + S03 2- + 2H+ ~ >Felll=S03 + 2H 20 3.3. Adsorption simultanée des ions sulfite et oxalate Les deux coordinats ont été mélangés en concentrations égales et leurs adsorptions respectives sur l'hématite ont été suivies pendant une heure; voir exemple figure S.4 et tableau S.1 récapitulatif des résultats pour 60 minutes d'adsorption. Lorsque la concentration en oxalate augmente, celui-ci tend rapidement à s'imposer aux ions sulfite comme complexant adsorbé à la surface allant jusqu'à occuper tous les sites disponibles selon l'isotherme d'adsorption de l'oxalate, figure 5.1.a. Cependant, les ions sulfite ont encore à leur disposition nombre de sites que les ions oxalate ne peuvent pas atteindre, soit du fait de la taille de la molécule C2 0 4 2-, soit plus probablement en raison du type d'adsorption: mono ou bidenté et mono ou binucléaire. -105- s; 0 E 18 S(IV) :::i.15 ....... ~ èi) 12 g • ')(as 6 Cl rn ... eg ..... '<l> C) 'O 2. • • • • • Ox Cl Cl Cl 3 20 40 60 min. Temps Figure S.4 : Cinétiques d'adsorption simultanée des deux coordinats sur 0,5g d'hématite à pH 3 - [Ox]=[S(IV)] = 50µmoflf Conc. adsorbée en µmolli Conc. tot. (aq.+ ads.) en µmoiti Ox + S(IV) Ox S(IV) Tableau 50+50 100+100 300+300 50 100 200 300 600 50 100 200 300 600 Ox S(IV) Ox + S(IV) 9,6 14,9 26,0 15,4 17, 1 19* 20,1 22* 15,1 17,4 13, 1 24,7 32,3 39,1 20,5 26* 29* 32* 38* S.1 : Récapitulatif des résultats d'adsorption sur 0,5g d'hématite et pH 3 - T =20°C, • Estimation à partir des isothermes d'adsorption -106::::: 40 0 E ::L Ill "C 30 ca ...... ....... > :::::. en ...... - 20 Q) Ill "C 10 ca 0 0 100 0 200 300 --o-- S(IV) + Ox S(IV) 400 500 600 Caq et [S(IV)]aq Eigyri;i S.5 : Comparaison des isothermes d'adsorption sur 0,5g d'hématite - points [OxJaq=[S(IV)Jaq lorsque Ox points noirs: Isotherme de /'adsorption des ions f/uoride blancs: C=[Ox]+[S{IV)] avec et S(IV) présents; la figure S.1.a. avec [S(JV)Jr 01=C 101; F- est de 74µmol/I sur 0,5g d'a-Fe 20 3 En effet, si on compare l'adsorption totale oxalate + sulfite avec l'isotherme d'adsorption des sulfites seuls, on observe figure S.5 une étonnante similitude entre les deux courbes. Ceci voudrait dire que les ions sulfite peuvent occuper tous les sites disponibles pour les ions oxalate plus un certain nombre d'autres. A ce titre la comparaison des LogK des complexes en solution peut être intéressante : A 25°C, force ionique 1M sauf K4 (0, 1M) 1 . Fe3+ + S032- 2. Fe3+ + HS033. Fe3+ + C 20 42- 4. Fe3+ + HC20 4- K FeS03+ ~ FeHSQ32+ ~ ~ FeC20 4+ ~ FeHC20/+ WiK 7,17 (Kao 1979) 1,88 (idem) 7,59 (Marteil & Smith 1977) 4,35 (idem) On note que la formation du complexe en solution qui s'apparente au complexe de surface bidenté est quasimment identique dans les deux cas mais le complexe monodenté avec l'oxalate serait plus fort que son homologue pour S(IV). -107Enfin, il est possible au vu de ces résultats d'émettre l'hypothèse suivante : L'inhibition de la dissolution de la figure S.3 ne serait pas due à la moindre adsorption de l'oxalate mais à l'occupation de sites par S(IV), peut-être de manière bidentée binucléaire, qui les rendraient moins facilement détachables par les protons. -108- ANNEXE 1: La catalyse enzymatique, le mécanisme de Michaelis-Menten Les enzymes sont des catalyseurs biologiques ayant chacun une fonction bien définie dans la matière vivante: la pepsine secrétée par l'estomac catalyse l'hydrolyse des protéines; l'uréase, celle de l'urée, etc ... La cinétique d'action des enzymes est souvent très bien interprétée par le mécanisme de Michaelis-Menten qui est défini de la manière suivante: Soit une enzyme E qui catalyse la réaction d'une espèce appelée substrat S. La première étape est une association k1 S + E +:! S.E k_1 Dans un deuxième temps, le complexe S.E se décompose en produits et enzyme libre k2 S.E ~ E + P (produits) Si on suppose la réaction à l'équilibre, alors d(S.E) dt = k1 (S)(E) - k_ 1(S.E) - k2(S.E) = 0 Du fait de l'équilibre de la matière, (E) + (S.E) = (E) 0 (1) , où (E) 0 est la concentration totale en enzyme, et l'équation (1) peut s'écrire k 1 (S)(E) 0 (S.E) = k1 (S) + k_1 + k2 (2) Enfin, on en déduit la vitesse de formation des produits d(P) k2(S)(E)o dt = k2(S.E) = (S) + [(k_1 + k2)/kd (3) (k_ 1 + k2)/k 1, appelée la constante de Michaelis, est caractéristique du substrat pour une enzyme donnée. La figure A1a. donne un exemple de cinétique suivant l'équation (3). d(P)/dt atteint un maximum égal à k2(E) 0 que l'on peut mieux déterminer en écrivant l'équation (3) sous la forme suivante 1 1 k_1 + k2 1 4 d(P)/dt - k2(E) 0 + k1k 2(E) 0 (S) ( ) L'équation (4) est représentée sur la figure A1 b .. L'intersection de la droite avec l'axe des ordonnées permet de déterminer k2 et de là, le rapport k 1/k_1. 3 - - k 2 ( E l0 -109- Vl ~ ~~ .0 ro 2 (J) ~ c ::i 1.5 ~ ' o. ~ 2 ( S) 3 4 5 4 5 (unités arbitraires) (a) 1.2 0.4 0 3 2 1 /( S) ( b) Figure A1 · Le mécanisme de Michaelis-Menten; (a) Représentation de l'équation (3) et (b) Représentation de l'équation (4) -110- ANNEXE 2: Constantes d'équilibre des réactions Acide Oxalique C2 H 2 0 4 Ion Métalli9ue H+ Eguilibre HUH.L H2L/HL.H Log K 3,82 t 0,04 1,04t 0,10 Référence Marteil & Smith (1977) Fe2+ MUM.L ML2/M.L2 3,05* 5,15* idem Fe 3+ MUM.L ML2/M.L2 ML3/M.L3 idem MHUM.HL 7,53t 13,64t 18,49t 4,35t MUM.L ML2/M.L2 3,88° 6,40° idem Zn 2+ Acide Citrique CsHa01 Ion Métalli9ue H+ Eguilibre HUH.L H2L/HL.H H3L/H 2L.H Log K 5,69 t 0,05 4,35 t 0,01 2,87 t 0,08 Référence Marteil & Smith ( 1977) Fe2+ MUM.L MHUM.HL 4,4" 2,65" idem Fe3+ MUM.L 11,50" idem Ion Métalli9ue H+ Eguilibre Log K HUH.L H2L/HL.H H3LIH2L.H 10,17 6, 11 2,68 Marteil & Smith 14,27 2,7 idem EDTA Fe2+ MUM.L MHUM.HL Référence (1974) -111- Fe3+ Ion Métallique H+ Fe2+ Fe3+ MUM.L 25,0 idem Acide Sulfurique H2 0 3 S Log K HUH.L 6,34* H2L/HL.H 1,37* 0,03* H2L/S02(g) Equilibre Référence Smith & Marteil ( 1976) MUM.L MHUM.HL 5,93* 1,60* t 1,05 MUM.L MHUM.HL 7,17* 1,88* t 0,43 A 25oc et force ionique o, 1M sauf: * 1,0M; t 0,5M; 0 Kao ( 1979} idem O, 16M; " 2ooc -112- REFERENCES S.M. 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Après avoir obtenu mon Baccalauréat C (Mathématique et Physique) en 1979, j'ai commencé mes études universitaires à l'Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (France). J'y suis resté 5 ans (1979-1984) jusqu'à l'obtention d'un diplôme d'ingénieur en Génie Energétique. Depuis novembre 1984 je suis étudiant à l'Institut Fédéral pour !'Aménagement et la Protection des Eaux (EAWAG-ETH) à Dübendorf (Suisse) où j'ai commencé mon travail de Doctorat en 1985.