L`impact du virus Ebola sur les gorilles et les chimpanzés d`Afrique

L’impact du virus Ebola sur les gorilles et les
chimpanzés d’Afrique centrale et de l’ouest
Remis par
Marie-Hélène Gravel
À
Dr Daniel Martineau
Dans le cadre du cours
Pathologie de la faune et de l’environnement
PTM 4411
Le mercredi, 26 avril 2006
Faculté de Médecine Vétérinaire
Université de Montréal
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Plan
1. Introduction :
1.1 Description du virus (p. 3)
- Origine du nom
- Arbre virologique
- Présentation des sous-types
- Localisation du virus
1.2 Historique des épisodes survenus en Afrique (p. 3-4)
- La première vague épidémique (1976-1979)
- La résurgence du virus (1994-1997)
- Bilan total
2. L’impact d’Ebola :
2.1 Les signes cliniques de la fièvre hémorragique et les lésions
histopathologiques associées chez les gorilles et chimpanzés (p. 4-5)
- Les signes cliniques chez les primates
- Les principales lésions histologiques
2.2 Le déclin des populations de grands primates (p. 5-8)
- L’impact du virus Ebola
- La chasse
- La perte d’habitat
- Le classement des espèces
2.3 Les risques zoonotiques (p. 8-9)
- Les contacts entre humains et primates
- Les primates utilisés comme sentinelle
- Les animaux domestiques
- La contamination dans les laboratoires
2.4 La transmission et la recherche d’un réservoir (p. 9-11)
- Les évidences d’un réservoir
- Le rôle des chauves-souris
- La transmission par contacts entre primates
- La transmission par les aérosols
- Les cas asymptomatiques
2.6 L’avenir des grands primates et les moyens de lutte pour contrer le
déclin (p. 11-12)
- La lutte contre la chasse illégale
- Exemple d’intégration des habitants dans la conservation
- Les plans d’urgence
- La vaccination
3. Conclusion (p. 12-13)
4. Références (p.14-15)
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1. Introduction
1.1. Description du virus
Le virus Ebola a été découvert en 1976 et doit son nom à une rivière située près de Yambuku,
en République Démocratique du Congo. Ce virus, qui cause un syndrome de fièvre hémorragique, fait
partie de l’ordre des Mononegavirales, dont le génome enveloppé est constitué d’un brin simple
négatif d’ARN non segmenté. Cet ordre est constitué de trois principales familles, les Rhabdoviridae,
les Paramixoviridae et les Filoviridae ou filovirus. La famille des filovirus est composée du virus
Marburg, qui possède un sous-type (Lake Victoria), et du virus Ebola, qui possède à ce jour 4 sous-
types : Côte d’Ivoire, Soudan, Zaïre et Reston. (Pourrut et coll. 2005) Les sous-types Côte d’Ivoire,
Soudan et Zaïre sévissent en Afrique, tandis qu’Ebola Reston a été isolé de macaques vivant aux
Philippines et n’aurait jamais été identifié sur le continent africain. Les sous-types africains du virus
Ebola sont retrouvés dans les zones forestières humides situées près de l’équateur en Afrique
centrale ou de l’ouest. Ces conditions climatiques sont également présentes en Asie du sud-est, où la
souche Reston a été retrouvée. Pour ce qui est du virus Marburg, il est plutôt localisé dans les régions
sèches et non recouvertes de forêt de l’Afrique centrale et de l’est. (Peterson et coll. 2004) Les
filovirus font partie des virus les plus dangereux, ils sont classés parmi les pathogènes biologiques de
classe 4 et doivent être étudiés dans des laboratoires de biosécurité niveau 4 accrédités pour la
manipulation de tels pathogènes. (Schou et coll. 2000)
1.2 Historique des épisodes survenus en Afrique
Il y a eu, jusqu’à maintenant, trois vagues d’épidémies humaines causées par le virus Ebola,
réparties sur trente ans. Le virus Ebola fut observé pour la première fois en 1976, au Soudan, près de
la frontière congolaise. Ce sous-type fut donc nommé Ebola Soudan. Le virus a tué 150 des 284
victimes infectées, un taux de mortalité de 53%. Le premier épisode dura trois années (1976-1979) et
provoqua trois épidémies, dont deux causées par Ebola Soudan et une, par Ebola Zaïre. L’Épidémie
d’Ebola Zaïre fut plus meurtrière avec un taux de mortalité de 89%, tuant ainsi 284 des 318 victimes
déclarées. (Pourrut et coll. 2005)
En 1994, après quinze années de silence, il y eut une résurgence d’épidémies de fièvre
hémorragique. Cette nouvelle vague a débuté avec la contamination d’une éthologue suisse qui avait
autopsié un chimpanzé retrouvé mort dans le Parc National de Taï, en Côte d’Ivoire. Un nouveau
sous-type viral, Ebola Côte d’Ivoire, fut identifié chez la scientifique et chez l’animal. Ce cas fut le
premier à démontrer clairement la transmission du virus suite à un contact avec une carcasse de
primate. (Le Guenno et coll. 1995) Entre 1994 et 1997, plusieurs épidémies simultanées ont éclaté au
Gabon et en République Démocratique du Congo. La plupart de ces épidémies ont pu être reliées à la
manipulation de carcasses de primates, que ce soit par la chasse ou par le désossement. Un exemple
de cas de transmission zoonotique est celui de 18 enfants du village de Mayibout, au Gabon, qui
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contractèrent la fièvre hémorragique suite au transport et au désossement d’une carcasse de
chimpanzé trouvée dans la forêt. (Georges et coll. 1999)
Par la suite, de 2000 à 2004, l’Afrique fut touchée par une autre vague d’épidémies d’Ebola
qui toucha le Gabon, la République du Congo, le Soudan et l’Ouganda. La différence de cette vague
avec les précédentes réside dans le fait que les populations de grands singes comme le gorille
(Gorilla gorilla) et le chimpanzé (Pan troglodytes) furent sévèrement touchées. (Walsh et coll. 2003,
Leroy et coll. 2004a) Ainsi, depuis la découverte d’Ebola en 1976, il y a eu 13 épidémies humaines en
Afrique et deux cas isolés. Ebola Zaïre a été en cause dix fois, Ebola Soudan, quatre fois et Ebola
Côte d’Ivoire n’a été isolé qu’une seule fois. Au total, le virus a infecté 1850 personnes et causé la
mort de 1300 d’entre elles. (Pourrut et coll. 2005)
2. L’impact d’Ebola
2.1 Les signes cliniques de la fièvre hémorragique et les lésions associées
chez les gorilles et les chimpanzés
En milieu naturel, il est souvent difficile de relier les signes cliniques au virus Ebola, car les
symptômes sont non-spécifiques et le diagnostic différentiel inclut de nombreuses autres maladies
comme la salmonellose ou d’autres maladies virales hémorragiques. (Schou et coll. 2000) Dans le
Parc National de Taï, en Côte d’Ivoire, un groupe de 43 chimpanzés a été suivi presque
quotidiennement par des méthodes d’observations non-invasives. En 1994, une épidémie d’Ebola
sous-type Côte d’Ivoire s’est propagée parmi les individus du groupe. Durant l’épidémie, 10 animaux
sont disparus sans préalablement montrer de signes et il a été présumé que les chimpanzés malades
se sont isolés, interférant ainsi avec l’observation du développement des signes cliniques. Les signes
cliniques observés chez un mâle avant sa disparition étaient de la douleur abdominale, de la léthargie
et de l’anorexie. Chez une femelle de 4 ans, une fatigue intense a été notée la journée précédant sa
mort. La durée moyenne de la maladie a été évaluée à 5,5 jours, avec un écart de 2 à 14 jours parmi
les individus. (Formenty et coll. 1999) Lors d’une infection expérimentale de singes rhésus (Macaca
mulatta) par Ebola Zaïre, les singes sont demeurés cliniquement normaux jusqu’au 5ème jour post-
infection. Ensuite, les animaux sont devenus anorexiques et leur niveau d’activité a diminué
progressivement. Plusieurs singes ont présenté des éruptions faciales et axillaires qui se sont
étendues au thorax et à l’abdomen. Tous les singes de cette expérience sont morts en moins de 13
jours. (Jaax et coll. 1995) D’autres signes, non observés lors de cette expérimentation, qui peuvent
survenir chez les primates sont de la fièvre, de l’épistaxis, une diathèse hémorragique, des
vomissements, de la diarrhée, de la détresse respiratoire, de la toux, des décharges oculo-nasales,
une lymphadénopathie et une splénomégalie. (Schou et coll. 2000)
L’autopsie d’un jeune chimpanzé infecté de façon naturelle par Ebola Côte d’Ivoire a montré
que les principales lésions histopathologiques retrouvées étaient une nécrose hépatique multifocale et
une nécrose fibrino-hémorragique diffuse de la pulpe rouge de la rate. Chez cet animal, les
macrophages hépatiques et spléniques contenaient des corps d’inclusion intracytoplasmiques
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éosinophiliques volumineux. De nombreux foyers nécrotiques étaient présents dans les nœuds
lymphatiques intestinaux, tandis que les poumons montraient un œdème intraalvéolaire avec une
stase sanguine. Aucun corps d’inclusion ne fut observé dans les macrophages pulmonaires. (Wyers et
coll. 1999) Parmi le groupe de 43 chimpanzés du Parc National de Taï mentionné précédemment, les
corps de deux individus ont été retrouvés dans des conditions minimales d’autolyse permettant
d’effectuer une investigation pathologique adéquate. Chez le premier animal, l’autopsie a révélé que
le sang intracardiaque était brunâtre et non coagulé. L’examen visuel des viscères n’a pas montré de
changement majeur anormal. Chez l’autre animal, la cage thoracique contenait beaucoup de sang et
les poumons étaient congestionnés. (Formenty et coll.1999)
2.2 Le déclin des populations de grands primates
Les gorilles et les chimpanzés font partie de l’ordre des primates et de la famille des
Hominidae. Les gorilles, qui sont les plus grands primates, sont divisés en trois sous-espèces (Gorilla
g. gorilla, Gorilla g. graueri, Gorilla g. beringei) et les chimpanzés, en quatre sous-espèces (Pan t.
schweinfurthi, Pan t. troglodytes, Pan t. vellerosus, Pan t. verus). (The Jane Goodall Institute,
www.janegoodall.fr). Les trois principales causes du déclin de la population de ces espèces sont les
épidémies d’Ebola, la chasse et la déforestation.
Le virus Ebola Environ 80 % des gorilles et la majorité des chimpanzés se retrouvent au Gabon et
en République du Congo. Jusqu’à récemment, les principales causes du déclin des grands primates
africains étaient la chasse commerciale pour la viande de brousse et la perte d’habitat causée par la
déforestation. La présence du virus Ebola parmi les primates sauvages vient maintenant accélérer la
vitesse à laquelle les populations de gorilles et de chimpanzés disparaissent. Durant les dernières
épidémies humaines d’Ebola, des carcasses de primates ont régulièrement été retrouvées à proximité
des villages infectés. Ebola a durement touché certains parcs, comme le Parc National de Minkébé,
situé au Gabon. Même si cette région est éloignée des grands centres et que les chasseurs peuvent
difficilement accéder à ce site, la densité a néanmoins diminué de 99% durant la dernière décennie.
(Walsh et coll. 2003)
Le territoire de la République du Congo est recouvert à 60 % par la forêt et le territoire du
Gabon, par 80%. Jusqu’en 2003, les populations de chimpanzés et de gorilles étaient évaluées selon
des prédictions à partir de la densité moyenne et le calcul tenait compte uniquement de la
déforestation comme facteur de déclin. En 2003, une étude effectuée au Gabon a été publiée dans
Nature, démontrant que le nombre de grands primates était beaucoup moindre que ce qui avait
jusqu’à maintenant été estimé. Pour arriver à cette conclusion, le groupe de scientifiques a effectué
des sondages sur le terrain durant 4 années afin de compter les nids construits par les primates pour
dormir. Comme il est difficile de différencier les nids de chimpanzés et de gorilles, les deux espèces
ont été évaluées ensemble. Les valeurs obtenues ont ensuite été comparées avec un recensement
effectué entre 1981 et 1983 et les résultats ont indiqué que la population de gorilles et de chimpanzés
avait subit un déclin de 56%. Ces valeurs ont été obtenues au Gabon, mais ce haut taux de déclin
n’est certainement pas restreint à ce pays. Si on se fie à l’augmentation de la densité humaine et du
1 / 16 100%

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