Bhdg 7, 2017 ISSN 2034-7189
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BULLETIN HEIDEGGÉRIEN (
Bhdg
)
- Secrétaires :
Christophe PERRIN (Université catholique de Louvain)
Sylvain CAMILLERI (Université catholique de Louvain)
- Comi scientifique :
Jeffrey Andrew BARASH (Université de Picardie Jules Verne)
Rudolf BERNET (Katholieke Universiteit Leuven)
Steven CROWELL (Rice University)
Jean-François COURTINE (Université Paris-Sorbonne)
Dan DAHLSTROM (Boston University)
Fraoise DASTUR (Universi de Nice Sophia-Antipolis)
Günter FIGAL (Albert-Ludwigs-Universität Freiburg)
Jean GRONDIN (Universi de Montréal)
Theodore KISIEL (Northern Illinois University)
Richard POLT (Xavier University)
Jean-Luc MARION (Acamie française)
Claude ROMANO (Université Paris-Sorbonne)
Hans RUIN (Södertörn University)
Thomas SHEEHAN (Stanford University)
Christian SOMMER (CNRS, Paris)
Peter TRAWNY (Bergische Universit Wuppertal)
Jean-Marie VAYSSE (Universi de Toulouse-Le Mirail)
Helmut VETTER (Universit Wien)
Holger ZABOROWSKI (Philosophisch-Theologische Hochschule Vallendar)
- Comi de rédaction :
Diana AURENQUE (Universidad de Santiago de Chile)
Vincent BLOK (Radboud University Nijmegen)
Cristian CIOCAN (Universitatea din Bucuresti)
Guillaume FAGNIEZ (FNRS-Université libre de Bruxelles)
Dean KOMEL (Univerza v Ljubljani)
François JARAN (Universitat de València)
- Correspondants locaux :
Wenjing CAI (University of Copenhagen)
Claudio CALABRESE (Universidad Panamericana)
Tziovanis GEORGAKIS (Πανεπιστήμιο Κύπρου)
Urs GOESKEN (Universi de Berne)
Takashi IKEDA (University of Tokyo)
Celso MARQUES JR (Universidade de São Paulo)
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Kata MOSER (Université de Berne)
Francesco PAOLO DE SANCTIS (Università Ca Foscari Venezia)
Young-Hwa SEO (Seoul National University)
Yuliya Aleksandrovna TSUTSEROVA (University of Chicago)
Bhdg 7, 2017 ISSN 2034-7189
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SOMMAIRE DU BHDG 7
LIMINAIRES
....................................................................................................................................
I. « Heidegger et les Subaltern Studies. Entretien avec Dipesh Chakrabarty », par Sylvain
CAMILLERI ………………………………………………………………………….... 4
II. « "Heidegger in the Islamicate World". Chronique du colloque de Berne, 2-4 novembre
2016 », par Sylvain CAMILLERI ……………………………………………………….. 8
III. « In memoriam Jorge Eduardo Rivera Cruchaga (1927-2017) », par Patricio BRICKLE
……………………………………………………………………………………… 17
IV. « In memoriam William J. Richardson, S.J. (1920-2016) », par Thomas
SHEEHAN ………………………………………………………………………….... 22
BIBLIOGRAPHIE POUR L’ANNÉE 2016
………………………………………... 30
1. Textes de Heidegger …………………………………………………………….... 30
2. Traductions de textes de Heidegger ……………………………………………… 30
3. Collectifs et numéros de revues …………………………………………………... 32
4. Études générales …………………………………………………………………. 41
5. Études particulres ……………………………………………………………… 47
6. Suppléments bibliographiques aux livraisons précédentes ………………………... 74
RECENSIONS
………………………………………………………………………. 77
INSTRUMENTUM
………………………………………………………………... 139
« Concordance Heidegger, GA 94 », par François JARAN & Christophe PERRIN
* Les secrétaires du Bhdg remercient le Centre d’études phénoménologiques de l’Universi
catholique de Louvain (dir. Mme Danielle Lories) et le Centre dherméneutique
phénoménologique de lUniversité Paris-Sorbonne (dir. MM. Claude Romano, Jean-Claude Gens et
Michael Foessel) daccueillir cette publication sur leurs sites respectifs.
** Il est possible de se procurer des tirés-part du Bhdg en écrivant à ladresse :
bulletin.heideggerien@gmail.com. Nota bene : le numéro ISSN de la version imprimée diffère de
celui de la version électronique.
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BULLETIN HEIDEGGÉRIEN VII
Organe international de recension et de diffusion des recherches heideggériennes pour lane 2016
LIMINAIRES
I. « HEIDEGGER ET LES SUBALTERN STUDIES.
ENTRETIEN AVEC DIPESH CHAKRABARTY »1
L’influence de la pensée heideggérienne a depuis longtemps passé le cadre de la
philosophie pour sétendre à d’autres disciplines. Il en est pourtant une qui semblait, pour
ainsi dire, en être restée relativement indemne, en loccurrence l’histoire. Ce nest pourtant
pas faute pour Heidegger d’avoir pensé lhistoire, non seulement en tant que phénomène,
mais encore en tant que science de lesprit. Reste que, pendant longtemps, le vénérable
métier dhistorien ne devait pas s’en trouver profondément boulever. Il a fallu attendre
que la discipline historique sémancipe du terrain occidental où elle est née et sest épanouie
pour que les choses se mettent à changer. Les Subaltern studies (ou études subalternes) sont
issues de cette nouvelle conception de lhistoire, cette nouvelle façon de la faire, qu’est
l’histoire « globale » ou « globalie » ; un courant qui a vu les peuples privés d’histoire par
le jeu des relations internationales avec son son corge de dominations et de
colonisations tant idéologiques que matérielles s’efforcer de ressaisir leur propre devenir
en l’écrivant eux-mêmes plut que de se le laisser dicter par d’autres. Il est à peine besoin
de souligner la pore philosophique d’une telle évolution. Mais que Heidegger ait pu lui
servir de relais, voilà qui peut avoir de quoi étonner. Non seulement car lon sait
l’enracinement de la pensée qui est la sienne dans le « massif » occidental et plus largement
son attachement aussi bien intellectuel quaffectif à ce dernier, mais également car
l’émergence des Subaltern studies est indissociable du veloppement dune conscience et
d’une lutte politiques ou tout du moins polities, dont les inspirations apparaissent
diamétralement opposées aux positions de Heidegger en la matière toutes riodes
confondues.
Fondé par Sylvain Camilleri & Christophe Perrin.
Ont collabo à ce Bulletin : Mmes Wenjing Cai, Jill Drouillard, Kata Moser, Young-Hwa Seo,
Claudia Serban et Yuliya Aleksandrovna Tsutserova ; MM. Iulian Apostolescu, Patricio Brickle,
Claudio Calabrese, Sylvain Camilleri, Dipesh Chakrabarty, Benoît Donnet, Jean-Sébastien Hardy,
Celso Marques Jr., Francesco Paolo de Sanctis, Tziovanis Georgakis, Urs Goesken, Jean-Sébastien
Hardy, Takashi Ikeda, François Jaran, And Laks, Stany Mazurkiewicz, Christophe Perrin,
Christopher Sauder, Franz-Emmanuel Schürch, Thomas Sheehan, Felipe Shimabukuro, Salvatore
Spina, Ovidiu Stanciu et Roberto Terzi. Le symbole signale les publications recensées de l’année.
1 Cet entretien a é realisé par courrier éléctronique au mois de février 2016. Le Bhdg remercie le
Professeur Chakrabarty de le lui avoir accordé.
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Devenu Professeur à l’Université de Chicago après des études en Inde et en
Australie, Dipesh Chakrabarty, auteur du très remarqué Provincialiser lEurope : la pensée
postcoloniale et la différence historique (Princeton University Press, 2000, trad. fr. d’Olivier
Ruchet & Nicolas Viellecazes, Paris, Amsterdam/Multitudes, 2009), nous explique
comment il en est venu à penser Heidegger avec et contre Marx et le marxisme et nous
laisse entrevoir un autre aspect de la fécondi de lœuvre heideggérienne peu connu ou peu
considéré par les spécialistes. Sans aucunement vouloir dissiper « lombre de cette pensée »,
pour reprendre lexpression de Dominique Janicaud, cette approche et cet usage de
Heidegger indiquent que le natif de Messkirch a bien, plus ou moins directement, apporté
un peu de lumière dans des contrées éloignées de son Heimat. Que la pensée de Heidegger
puisse être interprétée, non seulement comme une « phénoménologie de la liberté »
(Günter Figal), mais encore comme une philosophie de la libération, voilà qui reste à explorer.
Bhdg : Quand et comment avez-vous découvert Heidegger ? Faisait-il partie du « curriculum » à
lUniversi où vous avez étudié ? Ou y êtes-vous venu seul ? Quelles ont é vos premières impressions ?
Dipesh Chakrabarty : Heidegger ne faisait pas partie de mon programme d’études.
Vous devez savoir que jai d’abord fait une licence de science avant de partir en École de
commerce puis de me lancer dans une thèse de doctorat en histoire dans un système
n’exigeant pas de suivre des cours, mais seulement d’écrire une « dissertation ». Mon intérêt
pour Heidegger provient de mes conversations avec mes mentors intellectuels et mes
compagnons de thèse. La première personne qui m’en ait parlé rieusement fut Ranajit
Guha (1923-), le fondateur de lÉcole historique indienne d’orientation majoritairement
marxiste inspirée par Gramsci et Mao et qui a donné naissance aux Subaltern Studies. J’ai
rencontré Guha pendant mes études doctorales. Il était un intellectuel bengali déjà â,
influencé par les traditions marxistes de Calcutta au sein desquelles il avait été éduqué
comme je le fus après lui. Sa pensée se singularisait par un effort pour sortir du soi-disant
« marialisme » des analyses marxistes qui finissent souvent par réifier des ies telles que
le « capital » et à sadonner paradoxalement à une certaine forme d’ialisme. Guha
convoquait Heidegger à titre de philosophe qui lui avait permis de « stopper » sa propre
« rive vers lidéalisme » selon la formule quil employa lui-même lors dune
conversation que nous eûmes jadis. Par ailleurs, je fus également pous vers Heidegger par
mon intérêt pour Foucault, que je dois au départ à Guha également, et Derrida, que Gayatri
Spivak (1942-) a introduit au sein des Subaltern Studies à l’occasion d’un travail commun
portant sur l’histoire de lAsie du sud.
Jai aimé Heidegger s la première fois jai tenté de le lire. Non que je laie
compris de suite, mais plus je le lisais, ainsi que ses commentateurs, plus je alisais quil
était très différent de Marx ou de Hegel en ce qu’il n’entrait nullement dans ses intentions
de « préempter » votre pensée en pensant à votre place au sujet de votre propre histoire !
Permettez-moi de donner un exemple. Marx est incontestablement un penseur brillant qui,
plus d’un siècle après sa mort, continue de faire école, d’avoir des disciples, d’attirer des
adeptes, des inconditionnels. Il n’en demeure pas moins que la pensée qui fut la sienne la
conduit à émettre des jugements sur des histoires quil connaissait mal. Et pourtant son
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