José Duarte L’amour de partager un repas Conseils, recettes de cuisine et histoires de patients souffrant de maladies cardio-vasculaires 2 2 Le bonjour de l’acteur Madame, Monsieur, Cet ouvrage est le fruit de mon savoir-faire et de mon expérience que j’ai le plaisir aujourd’hui de vous offrir. Durant mes années de travail dans la restauration et l’hôtellerie, j’ai acquis des connaissances approfondies en matière de diététique. J’ai également été amené à m’intéresser de près à l’accueil, au confort et à la santé des patients. Ce livre est avant tout un guide consacré à l’art de la table, qui s’adresse non seulement aux personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires, mais aussi à tous ceux qui s’intéressent à la diététique et souhaitent se nourrir sainement tout en se faisant plaisir. Combien d’entre nous, après une intervention cardio-vasculaire, ont dû renoncer à leurs rêves personnels ou professionnels ? Nos habitudes restent 2 3 parfois comme autant de questions sans réponse et l’idée de changement est présente, même si on ne sait pas toujours comment la concrétiser au quotidien. Nous devenons de moins en moins autonomes, si bien que, même pour partir à la cueillette des champignons, nous prenons notre portable ! Partout où nous allons, notre santé nous préoccupe et le mot « peur » ne nous quitte plus. Le cœur nous fait un signe de sagesse et d’amour et nous adresse un message d’alerte quant à la nécessité d’améliorer notre qualité de vie. Il nous dit : « Écoutemoi ou je te fais mal ! » Ce livre ne peut en aucun cas se substituer à une consultation médicale. Je souhaite mettre en garde le lecteur contre toute interprétation erronée. J’y parle de diététique, de maladies et de régimes, mais aussi de communication et d’amour. Vous y trouverez des recettes de cuisine, des informations sur l’art de la table, des connaissances sur les aliments et des conseils pour être en forme. J’ai essayé, au fil de ces pages, de vous communiquer un petit peu du soleil que j’ai dans le cœur. Je vous raconte des histoires vécues, que je trouve fantastiques et belles car elles sont remplies d’émotion. Et j’ai le bonheur de partager tout ça avec vous. Je vous souhaite une bonne lecture et beaucoup de plaisir. José 42 Introduction J’aurais pu commencer cet ouvrage par le récit d’une histoire aussi vieille que l’alimentation, mais j’ai préféré ne pas m’y hasarder. Je suis, en effet, opposé aux fantaisies erronées sur l’alimentation. L’alimentation est liée au besoin et au plaisir. Nous pourrions nous poser la question suivante : « L’instinct de se nourrir est-il antérieur ou postérieur au désir et au plaisir ? » À toutes les époques, les connaissances en matière de nutrition apparaissent comme une sorte de révolution culturelle de la civilisation. Hier encore, nos grands-mères passaient presque huit heures par jour à faire la cuisine pour la famille. Depuis l’industrialisation, on cuisine et on mange de plus en plus vite. Les aliments nouveaux et les façons de faire sont devenus des sujets à la mode. La littérature sur l’alimentation est volumineuse. Chacun expose sa vérité sur le sujet, souvent difficile à comprendre, et les points de vue divergent. 2 5 On trouve une pléthore de livres et de pamphlets, tels que « la santé dans l’assiette A à Z », « le menu maigrissant », « le menu sans graisses », « les menus sans sel » ou « aromatisés aux herbes », les « menus minceur », etc. La liste est encore longue. Tout ça n’est que le fruit du marketing et du manque de créativité de certains professionnels de la nutrition et de la santé. Une certaine confusion a fini par s’installer. Je dois dire qu’il n’y a pas de « mauvaise » alimentation ni de « mauvais » aliments. Il y a seulement une façon de les préparer et de les cuire qui peut être améliorée en l’adaptant à notre état de santé et à nos habitudes. Améliorer la « culture de la table » est le grand défit de ce livre. Restons simples dans la façon de nous nourrir, mais changeons le regard sur l’alimentation qu’on nous propose. Une attitude est difficile à changer, mais il est possible de changer les comportements avec une petite dose d’information et une grande portion de plaisir et de volonté. Le plaisir : je vous suggère, à partir de maintenant, d’utiliser le plaisir comme étoile pour vous guider en vue d’améliorer votre qualité de vie au quotidien, et ce, dans toutes les démarches que vous entreprendrez. Le mot alimentation selon le Larousse gastronomie : « L’alimentation varie selon les âges, les climats, les professions, ou l’état de santé. » L’alimentation doit être suffisante. 62 L’alimentation est devenue un sujet à la mode. Les préparations simples sont devenues compliquées. L’alimentation doit rester un plaisir pour tous, malades comme bien portants. Ajouter la notion de philosophie de la table Rien n’est interdit, mais la modération est nécessaire. En cas de maladie ou d’allergie, des précautions sont nécessaires. Les valeurs nutritives Je vous donne des indications pratiques, une sorte de formation initiatique aux nutriments, sans pour autant aborder des connaissances chimiques et par trop scientifiques. La science sur les valeurs nutritives des aliments est en perpétuelle évolution. Les aliments Selon l’Ordonnance sur les denrées alimentaires (ODA), les aliments sont les substances et produits bruts ou soumis à certaines manipulations, qui se distinguent par leur teneur en eau, en protéines, en vitamines, et qui sont nécessaires à l’organisme humain. L’eau potable en fait partie. Le mot « aliment » désigne un objet, tandis que le mot « nourriture » désigne une action, alors qu’il est souvent employé comme synonyme « d’aliment ». 2 7 Poids des aliments L’estomac est plus sensible au poids qu’au volume. La ration alimentaire totale est de 1 500 grammes à 1 800 grammes pour l’homme, et un peu moins pour la femme. Elle est excessive au-delà de 2 0002 500 grammes. Alimentation Apporte par la nourriture des substances qui sont des sources d’énergie nécessaires à l’organisme et au fonctionnement des processus vitaux. On distingue les formes d’alimentation suivantes : Entérale Absorption de la nourriture par la bouche, par le nez au moyen d’une sonde ou par l’intestin dans le cas de lavements. Parentérale : sonde goutte-à-goutte. Artificielle : pour les personnes que ne peuvent pas s’alimenter. Alimentation complémentaire : denrées destinées à compléter une alimentation équilibrée. Complète : alimentation équilibrée. Collective : dans les entreprises. D’appoint : des nourrissons. 82 Classification des aliments (Selon les méthodes des nutritionnistes) Lait et dérivés. Viandes, poissons et œufs. Corps gras. Aliments féculents (farine, pain, pâtes, riz, légumes secs, pommes de terre). Végétaux : légumes et fruits. Boissons Eau, jus de fruits, boissons alcoolisées, boissons aromatiques. Consistance des aliments Plus importante encore que le volume et le poids, la consistance est importante pour la digestion. Les aliments, quelle que soit leur consistance initiale, doivent arriver dans l’estomac réduits en bouillie par la mastication et l’insalivation, car la musculature gastrique est trop faible chez l’être humain, pour broyer les fragments volumineux. Température des aliments Les aliments chauds ont des propriétés plus excitantes que les aliments froids et l’homme cherche constamment dans son alimentation cette excitation. 2 9 Seules les températures extrêmes sont nuisibles : trop chauds, les aliments peuvent occasionner des brûlures de la bouche, de la langue et de l’œsophage, surtout s’il s’agit d’aliments liquides rapidement avalés. Ils occasionnent une irritation de l’estomac, pouvant aller jusqu’à une gastrite. Les aliments trop froids provoquent la constriction des vaisseaux capillaires de l’estomac, avec une dilatation consécutive. Effets psychologiques des aliments Tous les aliments sont liés à des souvenirs d’enfance ou à des images d’amour et de joie de vivre. Tous les aliments liés à une date ou à un événement triste, sont à éviter. Comportement alimentaire Facteurs déterminants des modifications de notre comportement alimentaire actuel : 1) L’abondance des aliments et les progrès des transports et technologies de la production. 2) Les mutations immigrantes de toutes les populations. 3) Les études approfondies et la remise en question des effets physiologiques des nutriments. 4) Des questions mises à jour concernant nos habitudes alimentaires. 10 2 Abondance des aliments (pourquoi tant d’aliments) Les nouvelles techniques de conservation des aliments et l’arrivée de nouveaux aliments font nos comportements doivent s’adapter à des situations nouvelles. Jusque dans les années soixante, beaucoup d’aliments étaient limités à certaines saisons, depuis l’arrivée des immigrants, réfugiés et gens de tourisme une abondance de produits nouveaux est apparue dans les grandes surfaces partout en Europe. Les saisons En Suisse, la saison des tomates, des fraises et de certains légumes n’est pas la même qu’en Amérique latine ou en Afrique. Aujourd’hui, le mot « saison » pour les aliments a perdu une partie de sa signification. À mon avis, on devrait plutôt parler d’« alimentation du terroir » ou préciser « saison des produits suisses » ou « saison des produits européens ». Habitudes alimentaires L’arrivée des nouveaux aliments et les habitudes alimentaires dépassent largement la grille de maîtrise des études en nutrition. Exemple : pour former un médecin, il faut dix ans et pour former un professeur en médecine il faut vingt ans. 2 11 De plus de plus, les échanges entre les médecins de pays différents avec des habitudes alimentaires différentes, ne sont pas toujours très aisés. L’inégalité génétique vient compliquer la tâche. Les techniques modernes sont nécessaires à une pratique médicale encore incomplète. Besoins nutritionnels de l’adulte Le corps humain contient entre 60 et 65 % d’eau, une dizaine de kilos de protéines, environ 1 kg de calcium, 4 g de fer et bien d’autres constituants, qui demandent sans cesse à être renouvelés. Apports nutritionnels journaliers conseillés Apport Hommes Femmes Sources alimentaires Énergétique 2 700 Cal 2 000 Cal viandes, poissons, produits laitiers et légumes secs. Composition du corps humain 1 % de glucide : dans le foie, le sang, les muscles 4-6 % de sels minéraux : dans les os et les dents 10-15 % de graisse : dans les tissus adipeux sous-cutanés 15-20 % de protéines : dans toutes les cellules 60-70 % d’eau : dans toutes les cellules 12 2 Protéines = Éléments de construction Le terme « protéine », vient d’un mot grec signifiant « qui tient la première place ». Les protéines ne peuvent pas être remplacées. Il n’y a pas de vie sans protéines tant dans le monde végétal qu’animal. On les trouve dans tous les aliments naturels d’origine animale et végétale, mais en quantités variables. Besoins journaliers Sont de 60-70 g environ, 0,8 g par kg du poids corporel suivant l’âge. Elles forment tous les enzymes, d’importants anticorps et des hormones. Elles ont une importance en tant que substance de remplacement des anciennes cellules mortes. Les protéines abondent dans le monde végétal. Une alimentation végétale équilibrée fournit amplement des protéines pour subvenir à nos besoins. Une alimentation carnée (source animale) en contient beaucoup trop. Les protéines ne peuvent pas être stockées, elles se transforment en glucides ou en graisses, et peuvent provoquer des inconvénients rénaux. Apport énergétique total 1 g de protéines peut fournir 17 kJ = 4 cal. 2 13 Dégradation des protéines Pour traverser la muqueuse intestinale, les protéines doivent être scindées en acides aminés (constituants de base). Elles contiennent. Carbone, hydrogène, oxygène, azote, soufre et phosphore. Toutes les protéines contiennent environ 16 % d’azote. Ce qui en fait le seul nutriment important capable de fournir de l’azote à l’organisme. Les protéines sont composées d’une vingtaine d’acides aminés. Chaque protéine est caractérisée par la nature et la proportion des divers acides aminés engagés dans sa structure. Sources alimentaires de protéines D’origine animale : viande, volaille, poisson, œuf et produits laitiers. Les légumineuses possèdent aussi des protéines : haricots, pois, lentilles, soja (qui est une bonne source protidique), pommes de terre, céréales (fournissant des protéines en quantité et qualité inférieures à celles des protéines des légumineuses ou des protéines animales). Exemple : blé, seigle, riz, maïs et orge. Les fruits contiennent peu de protéines, leur importance nutritive se situe dans l’apport d’autres nutriments indispensables, tels que les fibres et les vitamines. 14 2 Associations types garantissant une bonne qualité protidique : • Riz – pois chiches Riz lentilles • Mais – soja Blé lait • Blé – cacahuètes Le principe d’associations des protéines est le fondement des régimes végétariens et végétaliens. Acides animés donc 9 sont reconnus comme essentiels : Valine Leucine Isoleucine Méthionine Phénylalanine Tryptophane Histidine Lysine Les autres acides animés que notre corps peut synthétiser sont : cystine, cystéine, tyrosine, taurine, glycine, arginine, glutamine, proline, alanine, sérasparagine, acide aspartique et acide glutamique. C’est principalement dans le foie que les acides aminés non utilisés se transforment en ammoniac et acide urique. 2 15 Acides aminés Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines. Dans tous les organismes (animal ou humain), ils doivent être obligatoirement fournis par l’alimentation. Les protéines de l’œuf, qui servent d’ailleurs de protéines de référence, sont les mieux équilibrées en acides aminés essentiels. Les protéines d’origine animale (viande, poisson, produits laitiers) ont, elles aussi, une bonne valeur biologique. Digestion des protéines : Où commence la digestion des protéines ? Dans l’estomac : la pepsine, enzyme du suc gastrique, commence la digestion des protéines. La pepsine commence à agir et fragmente (scinde) les protéines en produits intermédiaires de différentes tailles : les peptides. Elle se poursuit au niveau du duodénum. L’acide du chyme (produit de la digestion gastrique) est neutralisé par le bicarbonate contenu dans la sécrétion pancréatique (PH compris entre 7,55 et 8,5) de sorte que la pepsine est inactivée. Simultanément, la trypsine et la chymotrypsine, qui sont des enzymes du suc pancréatique (deux enzymes digestives), se mêlent au bol alimentaire et scindent les chaînes en peptides encore plus petits comportant deux, trois ou quatre acides aminés. Ce processus se poursuit tout au long de l’intestin grêle. Le jéjunum sécrète lui aussi 16 2 un certain nombre d’enzymes appelées à digérer les protéines. On les appelle les protéases et les peptidases, car elles terminent la digestion des petits peptides et préparent les acides aminés et les dipeptides en vue de leur absorption. Les glucides ou hydrates de carbone = Éléments énergétiques Les glucides sont composés de : Carbone C Hydrogène H Oxygène O Ces deux derniers éléments sont présents également dans l’eau (H2O) ; c’est pourquoi, on les appelle aussi « hydrates de carbone ». D’où viennent-ils ? L’organisme a une petite réserve glycogène (300 g environ) qui est une grosse molécule. Une partie est stockée dans le foie et les muscles et se transforme rapidement en glucose en cas de besoin. On trouve les glucides dans les céréales, les légumineuses, les légumes frais et secs, le lait, le sucre. Les produits à base de céréales (pâtes, pain, riz, maïs, etc.) Les pommes de terre, les fruits, les produits sucrés (confitures, limonades), le miel, etc. 2 17 Parmi les glucides alimentaires on distingue : Les glucides simples : composés d’une seule molécule : le fructose (principal sucre des fruits) et le galactose. Ou de deux molécules : ce sont le saccharose (sucre pur) et le lactose. On les appelle aussi « glucides rapides ». Les glucides complexes : ce sont les amidons des céréales, des légumineuses et des pommes de terre. Ils sont également nommés « glucides lents ». Classification – Sucre de raisin/glucose dans les fruits et le miel. – Galactose/lactose transformé en sucre simple dans le lait. – Sucre de canne ou de betterave/saccharose dans les fruits, la canne à sucre, la betterave sucrière. – Sucre de lait/lactose dans le lait et le fromage. – Sucre de malt/maltose dans les céréales en germination, le malt. – Sucres complexes Amidon : dans les dérivés des céréales, les pommes de terre, les légumineuses. Dextrine : dans les biscuits, le roux, la croûte de pain et les gâteaux secs. 18 2 Glycogène : le seul sucre complexe animal ; stocké dans le foie et les muscles. Besoins journaliers 4 à 6 g par kilo de poids corporel. Cela correspond à environ 280 g jusqu’à 420 g pour un poids de 70 kg. Les glucides devraient atteindre 50 à 60 % des besoins énergétiques du corps. Tout excès de glucides est transformé en graisse par le corps. Tous les glucides n’ont pas la même valeur. Il est recommandé de réduire la consommation d’aliments et de boissons sucrées et de donner la préférence à des produits comme les céréales, les pommes de terre, les légumineuses, les légumes et les fruits. En plus de l’amidon, ces aliments contiennent de précieuses fibres, de l’eau, des matières minérales et des vitamines. Un gramme de glucides fournit 17 kJ/4 kcal. Le glucose est le carburant de toutes les cellules du corps. Les cellules du cerveau ne peuvent utiliser que du glucose et rien d’autre. Au cours de la digestion, les glucides sont dégradés plus ou moins en molécules de glucose qui sont absorbées et passent dans le sang. La glycémie s’élève normalement après les repas et en fonction des glucides des aliments. C’est l’importance et la rapidité de cette élévation qui s’appelle l’index glycémique : la glycémie (taux de 2 19 sucre dans le sang) est de 0,8 à 1 g par litre ; en dessous de ce taux, on ressent une sensation de faim et on a l’impression désagréable d’avoir « l’esprit vide ». De quoi sont-ils faits ? D’atomes de carbone, d’oxygène et d’hydrogène réunis en une ou plusieurs molécules qui brûlent et disparaissent en fournissant chaleur et énergie. La digestion des glucides (hydrates de carbone) La transformation de l’amidon en dextrine commence dans la bouche. La salive contient en effet une enzyme digestive, l’amylase, qui est particulièrement efficace si l’on mastique longtemps et dont l’action se prolonge jusque dans l’estomac où les aliments sont imprégnés d’acides. On peut percevoir le début de la dégradation de l’amidon dans la bouche en mastiquant longuement du pain : à mesure que l’amidon est transformé en maltose, le pain prend un goût plus sucré. Au niveau de l’estomac, le chyme est mélangé et provisoirement stocké. L’estomac, en effet, ne produit aucune enzyme capable de digérer les glucides ! Le duodénum joue un rôle essentiel dans la dégradation de l’amidon. L’amylase du pancréas est sécrétée dans le duodénum, où elle scinde les dextrines en disaccharides, c’est-àdire en maltose. 20 2