Les cénesthopathies : un trouble des émotions d’arrière

L’Encéphale (2011) 37, 361—370
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP
PSYCHOPATHOLOGIE
Les cénesthopathies : un trouble des émotions
d’arrière plan. Regards croisés des sciences
cognitives et de la phénoménologie
Cenesthopathies: A disorder of background emotions at the crossroads
of the cognitive sciences and phenomenology
J. Grauxa,b,,c, M. Lemoinea, P. Gaillarda,b,c, V. Camusa,b,c
aUniversité Franc¸ois-Rabelais, 37041 Tours, France
bClinique psychiatrique universitaire, CHRU de Tours, 2, boulevard Tonnellé, 37044 Tours, France
cInserm U930 ERL CNRS 3106, 37044 Tours, France
Rec¸u le 13 novembre 2009 ; accepté le 16 aoˆ
ut 2010
Disponible sur Internet le 3 décembre 2010
MOTS CLÉS
Cénesthésie ;
Dépersonnalisation ;
Syndrome de
Capgras ;
Syndrome de Cotard ;
Neuropsychiatrie
cognitive
Résumé Les notions de cénesthésie et cénesthopathie ont eu une influence considérable sur
la psychiatrie du xixeet du début du xxesiècle. La cénesthésie caractérise une forme de per-
ception globale, implicite et affective du corps. Les cénesthopathies sont une entité clinique
résultant d’une forme d’altération de la cénesthésie, qui se caractérise par des sensations cor-
porelles anormales ou étranges. Dans cette revue de la littérature, nous reprenons l’histoire et
l’évolution de ces deux concepts, pour évaluer leur influence contemporaine dans la clinique,
la nosographie, la phénoménologie et les neurosciences cognitives. Aujourd’hui, si les notions
de cénesthésie et cénesthopathie ont en grande partie perdu leur usage en psychiatrie, il en
demeure cependant des traces dans notre clinique et nos nosographies contemporaines parfois
sous le nom de nouveaux concepts. Plus encore, ces concepts sont actuellement redécouverts
au profit des recherches entreprises dans le champ des neurosciences, notamment à travers les
modèles de la neuropsychiatrie cognitive des délires.
© L’Encéphale, Paris, 2010.
KEYWORDS
Cenesthesia;
Depersonalization;
Capgras’ syndrome;
Summary
Background. — Cenesthesia and cenesthopathy have played a fundamental role in 19th and early
20th century French and German psychiatry. Cenesthesia refers to the internal, global, implicit
and affective perception of one’s own body. The concept of cenesthopathy was coined by Dupre
and Camus in 1907 to describe a clinical entity characterized by abnormal and strange bodily
sensations.
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (J. Graux).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2010.
doi:10.1016/j.encep.2010.10.002
362 J. Graux et al.
Cotard’s syndrome;
Cognitive
neuropsychiatry
Aims. — In this review, we examine the history of these concepts and the influence they have had
on clinical, nosographical and phenomenological psychiatry and on cognitive neuropsychiatry.
Method. — We performed a narrative review of the published research literature.
Results. — Classical French and German psychiatrists have written extensively on cenesthesia
and cenesthopathy although these notions are no longer in the mainstream of contemporary
psychiatry. However, they are still present in contemporary psychiatric nosography in the form
of some controversial clinical entities clearly related to cenesthesia such as cenesthetic schizo-
phrenia, hypochondriacal monothematic delusions, or the Capgras and the Cotard syndromes.
These clinical entities are all associated with a state of depersonalization. We point out the
similarities between Ey’s description of the depersonalization syndrome, especially in psychosis,
and the characteristics of cenesthesia. Philosophers like Sartre or Merleau-Ponty have developed
the concept of cenesthesia, and in particular have added new concepts like ‘‘body schema’’.
Similarly, phenomenological psychiatrists like Minkowski or Tellenbach have attempted to des-
cribe psychiatric disorders associated with cenesthesia and have also proposed new concepts
(i.e. atmospheric sense) in order to understand them better. More recently, cognitive neuro-
psychiatry has tried to discover the mechanisms, which cause or contribute to the genesis of
delusions. The majority of delusion theories developed in cognitive neuropsychiatry consider
that the explanation of monothematic delusions involves one or two explanatory stages. The
first stage corresponds to an abnormal experience (the experiential stage) while the second
is related to abnormal reasoning (the inferential stage). This theoretical first stage has been
considered to be the result of a highly unusual or bizarre perceptual experience. According to
the authors, this experience refers to a phenomenon of depersonalization, a loss of cenesthe-
sia, or a loss of a feeling of familiarity. For example, the neurocognitive models of the Capgras
and Cotard syndromes have in common the belief that they are both based on various kinds of
unusual experiences. These unusual experiences are thought to include affective or emotional
experiences. Capgras’ syndrome is possibly triggered by an abnormal affective experience in
response to the sight of closed-person’s face. Similarly, the Cotard syndrome may result from
a general flattening of affective responses to external stimuli. The inferential stage can also
differentiate between the two syndromes. Some empirical validation has already been obtained
in Capgras’ syndrome but not yet in Cotard’s syndrome.
Conclusion. — This review illustrates that the historical descriptions of cenesthesia and cenes-
thopathy remain relevant in contemporary neurocognitive models and more generally suggests
that the comprehension of quite complex phenomena like delusion requires a multidisciplinary
approach.
© L’Encéphale, Paris, 2010.
Rappel historique sur la notion de
cénesthopathie
En 1907, avant la publication des travaux de Bleuler sur
la schizophrénie, Dupré et Camus [14] ont publié dans
L’Encéphale un article dans lequel ils proposent de désigner
par le terme de cénesthopathies, l’ensemble des symptômes
résultant d’altérations de la sensibilité interne, c’est-à-dire
de la cénesthésie. Ces symptômes, ce sont des sensations
anormales que le patient se plaint d’éprouver dans diffé-
rentes parties du corps. Ces sensations, plus pénibles que
douloureuses, ont un caractère étrange et indéfinissable et
se caractérisent par la fixité de leur localisation topogra-
phique. Les patients qui souffrent de cénesthopathies se
plaignent tantôt d’une abolition ou d’une diminution de
l’expérience qu’ils ont de leur corps ou de différentes par-
ties de leur corps (p. ex. la tête, les organes, les membres),
tantôt d’une modification de l’expérience sensorielle de
certaines parties du corps dans leur densité, leur volume,
leur forme ou leurs rapports (par exemple, celles-ci peuvent
être «allongées ou raccourcies, alourdies ou allégées, défor-
mées ou déplacées ; la température en est modifiée, les
fonctions en sont arrêtées ou perverties »). Ce boulever-
sement de l’expérience intime du corps a quelque chose
d’insolite, de bizarre et inquiète le sujet. Il s’agit d’une
expérience particulièrement difficile à exprimer pour le
patient qui a souvent recours à l’usage d’images et de com-
paraisons pour dépeindre son expérience.
Sur le plan psychopathologique, le symptôme fondamen-
tal à l’origine de l’ensemble des troubles cénesthopathiques
est, pour Dupré et Camus, un trouble de la cénesthésie ou
encore de la sensibilité commune ou interne, c’est-à-dire
de l’aptitude du cerveau à pouvoir percevoir ou élabo-
rer l’ensemble des sensations en provenance de tous les
points du corps. À l’état normal, cette sensibilité com-
mune ne s’impose à notre attention par aucun caractère
particulier. L’état pathologique se caractérise par une prise
de conscience de cette fonction singulière ou plutôt de
l’altération de son fonctionnement normal. Ce n’est que
secondairement à ces troubles de la cénesthésie, que des
phénomènes pathologiques d’ordre émotionnel, idéatif ou
moteur vont se développer, donnant au malade l’apparence
d’un anxieux, d’un obsédé, d’un hypochondriaque, ou d’un
délirant. Ainsi, pour Dupré et Camus, les patients cénestho-
Cénesthopathies et émotion 363
pathes ne présentent pas à proprement parler un délire. Si
leur pathologie appartient à la famille des troubles hypo-
chondriaques, elle s’en distingue par le fait que les patients
conservent une affectivité et une sociabilité satisfaisantes
et n’expriment pas de délires florides ni désorganisés.
Les cénesthopathes n’exprimeraient que l’étrangeté de
l’expérience sensitive sans entrer dans une interprétation
délirante de leur expérience sensitive. Nous verrons que
cette idée ancienne est revenue au premier plan des débats
contemporains dans le champ de la neuropsychiatrie cogni-
tive des délires. Nous allons regarder plus généralement, à
partir d’une revue de la littérature, l’actualité de la notion
de cénesthopathie dans le domaine de la clinique, de la psy-
chopathologie, de la phénoménologie psychiatrique, et des
neurosciences cognitives.
Place des notions de cénesthésie et de
cénesthopathie dans les nosographies
contemporaines
Définitions et historique
L’origine du mot cénesthésie est unanimement attribuée à
Reil, qui en 1794 emploie pour la première fois le terme pour
qualifier le «moyen par lequel l’âme est informée de l’état
de son corps »[29,37]. En effet, selon Reil, l’esprit, le monde
extérieur et le corps propre constituent trois domaines sépa-
rés, accessibles chacun à un mode perceptif particulier. La
cénesthésie est la manière par laquelle le corps est perc¸u
à l’aide des voies nerveuses. De la sorte, Reil voyait dans
la cénesthésie une base somatique aux pulsions instinctives
et aux émotions primaires. Schiff [33] adoptera un siècle
plus tard, une définition qui sera par la suite largement
retenue par la plupart des auteurs [36]. Selon Schiff, «la
cénesthésie est l’ensemble de toutes les sensations qui, à
un moment donné, sont perc¸ues par la conscience et qui en
constituent le contenu à ce moment là ». Autrement dit, il
s’agit, pour reprendre la formule de Ribot [30],d«un chaos
non débrouillé de toutes nos sensations ».
Si la notion de cénesthésie a largement disparu de la
psychopathologie contemporaine, elle a cependant repré-
senté un des sujets majeurs de la psychiatrie franc¸aise et
allemande du xixeet du début du xxesiècle. En effet, à la
même époque où Dupré et Camus proposaient le concept
de cénesthopathie, Séglas [34], dans les «Lec¸ons cliniques
sur les maladies mentales et nerveuses »attribuait aux
troubles cénesthésiques un rôle fondamental dans les états
de dépersonnalisation et dans les délires de négation mélan-
coliques. De même, Janet [23] dans «Les obsessions et la
psychasthénie »faisait état de cas cliniques de «délires
cénesthésiques »; enfin, Blondel [2], dans «La Conscience
morbide »proposait une théorie dans laquelle il plac¸ait
l’altération de la cénesthésie au cœur des troubles de la
conscience de l’expérience psychotique. Puis, à la suite
de Dupré et Camus, d’autres auteurs feront appel à la
notion de cénesthésie pour qualifier des états pathologiques
psychiatriques ou neurologiques impliquant des sensations
corporelles anormales, et notamment certains états psycho-
tiques. Par exemple, Courbon et Tusques [10] ou Coleman
[7] ont suggéré que la cénesthésie était le facteur étiolo-
gique principal des délires d’identification, notamment du
délire d’identification des sosies (syndrome de Capgras).
De même, Huber [22] a proposé la notion de schizophrénie
cénesthétique pour qualifier un sous-type de schizophrénie
caractérisé par la survenue de sensations corporelles anor-
males au cours de son évolution.
Aujourd’hui, les notions de cénesthésie et cénesthopa-
thie ont en grande partie perdu leur usage en clinique et leur
valeur psychopathologique, remplacées cependant par des
concepts analogues, souvent inspirés d’une représentation
topographique du corps. Si Wernicke parlait de «sentiments
vitaux »et Jaspers de «conscience du corps »pour évoquer le
processus par lequel le moi est conscient des états du corps,
la cénesthésie figure aujourd’hui sous les notions de schéma
corporel, d’image du corps, ou de somatognosie. La notion
de cénesthopathie figure quant à elle dans la littérature
anglo-saxonne sous les termes de «sensations corporelles
anormales »(anormal bodily sensations) ou de «trouble de
l’image du corps »(body image aberration).
Récemment, Damasio [11] a proposé une notion sensi-
blement similaire à celle de cénesthésie, même s’il n’y fait
pas explicitement référence. Selon Damasio, il existe pour
chaque individu «un état de fond émotionnel », le plus sou-
vent à l’état de veille, qui correspond à la perception que
nous pouvons avoir de l’état d’arrière-plan émotionnel de
notre corps, de notre sensation «d’être ». Il ne s’agit pas de
notre état émotionnel spécifique à un contexte particulier
mais plutôt de la conscience de l’état de notre corps «entre
les émotions ». Cet état émotionnel d’arrière-plan corres-
pond par exemple à ce que nous pouvons ressentir lorsque
nous nous sentons «à cran »,«démoralisé »,«enthousiaste »
ou aux subtils détails que nous pouvons percevoir dans la
posture corporelle, l’allure générale des mouvements, le
degré de contraction des muscles faciaux ou le ton de la
voix et la prosodie de notre discours. Cet état d’arrière-
plan serait à la base de la conscience que nous pouvons avoir
de nous-mêmes. Sur le plan neuro-anatomique, il existerait,
selon Damasio, dans les cortex somato-sensoriels, des cartes
neurales assez stables capables de représenter la structure
générale du corps, et de nous fournir l’image que nous
nous formons de notre propre corps. Ces représentations,
déconnectées à l’état de veille, pourraient être activées
spontanément dans les cortex somato-sensoriels, parallè-
lement aux représentations actuelles, en prise directe,
de l’état du corps, «afin de fournir ce que notre corps
tend à être, plutôt que ce qu’il est dans le moment pré-
sent ».
Les cénesthopathies dans les nosographies
contemporaines
À la lumière de cette histoire psychopathologique1, il per-
siste dans nos nosographies contemporaines quelques traces
de ce concept de cénesthopathie, sous la forme d’entités
cliniques dont la place nosographique demeure souvent
1À cette histoire il faut encore ajouter Maine de Biran, pour son
exploration approfondie de l’expérience du corps, Bergson, qui a
inspiré Janet, Blondel, les travaux de Lhermitte et Schilder sur
l’image du corps, notamment la notion d’asomatognosie totale chez
Lhermitte.
364 J. Graux et al.
Tableau 1 Entités cliniques associées à un trouble de la cénesthésie.
Pathologie Description clinique Place nosographique
Syndrome de Cotard ou délire des
négations
Jules Cotard (1880) [9]
Délire caractérisé principalement
par les idées de négation
c’est-à-dire la conviction délirante
qu’une partie ou la totalité de la
réalité de soi-même (personnalité
morale, sociale ou physique) ou du
monde n’existe plus
Le sujet affirme, par exemple, ne
plus avoir de sentiments, de nom,
ou de corps, que des choses ou
personnes, sont détruites, mortes
Cependant, l’usage est de désigner
par «idées de négations », surtout
la négation du corps, de ses
fonctions, de ses organes. Par
exemple, le sujet prétend ne plus
avoir d’estomac, de langue, de
cerveau, ou que ceux-ci sont
pourris, désintégrés ou
décomposés et dans les cas
extrêmes, il affirme être mort ou
ne plus exister
La négation du corps peut parfois
se manifester sous la forme d’un
délire de grossesse [5]
Contrairement à l’idée initiale de
Cotarda, le syndrome de Cotard est le
plus souvent considéré aujourd’hui
comme un symptôme pouvant s’observer
au cours de différentes pathologies
psychiatriques et neurologiques
Troubles affectifs (syndrome dépressif
majeur dans 89 % des cas),
schizophrénie, psychoses tardives,
épilepsie, AVC, démence, tumeur...
Dysmorphophobie délirante
Morselli (1891) [26]
Délire dans lequel le sujet a, en
dépit de son apparence normale,
la conviction inébranlable d’avoir
une apparence disgracieuse, que
telle ou telle partie de son corps
est laide, déformée, ou défigurée
Le délire s’accompagne
typiquement d’idées de référence.
Plus rarement, il peut être associé
à des hallucinations auditives dont
la thématique reste centrée sur
l’apparence du sujet
Troubles délirants non schizophréniques
(DSM-IV)
Troubles délirants persistants (CIM-10)
Trouble secondaire à une schizophrénie
(phase prodromale), une dépression,
une anorexie mentale ou un trouble
obsessionnel compulsif
Syndrome de Capgras ou délire d’illusion
des sosies
Capgras et Reboul-Lachaux (1923) [6]
Délire dans lequel le sujet a la
conviction qu’une personne
familière a été remplacée par un
double physiquement similaire
c’est-à-dire qu’il méconnaît
l’identité d’un proche alors que sa
reconnaissance formelle paraît
conservée
Le double est souvent perc¸u
comme un imposteur hostile et
malveillant, qui persécute le sujet.
Le sosie concerne généralement
les proches du patient (conjoint,
parents, enfants)
Typiquement, le patient cherche à
asseoir sa conviction par une
observation minutieuse des
visages, interprétant de menus
détails
Considéré par quelques auteurs comme
une entité autonome
Trouble secondaire à une pathologie
psychiatrique : schizophrénie paranoïde
(le plus souvent), trouble de l’humeur
bipolaire, trouble schizo-affectif
Trouble secondaire à une pathologie
neurologique : épilepsie, AVC,
démence...
Cénesthopathies et émotion 365
Tableau 1 (Suite )
Pathologie Description clinique Place nosographique
Syndrome d’Ekbom ou délire
d’infestation parasitaire
Ekbom (1938) [15]
Délire dans lequel le sujet a la
certitude inébranlable d’être
infesté de parasites qui sortent de
la peau (poux, puces, punaises,
gale...). Les parasites sont surtout
ressentis sur et dans le corps (les
patients prétendent rarement les
avoir vus). Parfois, certains
patients ont l’impression que les
parasites peuvent emprunter les
orifices naturels et atteindre les
organes internes
Troubles délirants non schizophréniques
(DSM-IV), troubles délirants persistants
(CIM-10)
Forme secondaire, dans l’évolution d’un
trouble de l’humeur bipolaire
Schizophrénie cénesthopathique
Huber (1957) [22]
Forme de schizophrénie qui se
caractérise par la survenue au
cours de son évolution, de
sensations corporelles anormales,
étranges et bizarres changeant
rapidement de nature, étroitement
associées à des perturbations
affectivesb. L’expérience
subjective des patients est vague,
diffuse, imprécise,
particulièrement difficile à
exprimer
Sous-type de schizophrénie retenu par la
CIM-10 (catégorie des autres
schizophrénies)
Pas de mention dans le DSM-IV
Syndrome de référence olfactif ou délire
de relation olfactif
Pryse-Phillips (1971) [27]
Délire dans lequel le sujet a la
conviction de dégager soi-même
une mauvaise odeur et
d’importuner ainsi les autres (par
exemple, exhaler une mauvaise
haleine, une mauvaise odeur anale
ou génitale). L’odeur n’est pas
toujours réellement perc¸ue mais
inférée du comportement des
autres. Parfois il s’agit de
véritables hallucinations auditives
qui font allusion à l’odeur
corporelle du sujet. Plus rarement,
les sujets associent leur odeur à un
état d’infection ou de putréfaction
du corps
Troubles délirants non schizophréniques
(DSM-IV)
Troubles délirants persistants (CIM-10)
Forme secondaire, dans l’évolution d’un
trouble affectif, d’une schizophrénie,
d’un trouble obsessionnel compulsif, ou
d’un trouble anxieux (phobie sociale)
aPour Cotard il s’agissait d’une entité syndromique caractérisée par une anxiété mélancolique, des idées de damnation ou de pos-
session, une propension au suicide et aux mutilations volontaires, une analgésie, des idées hypochondriaques de non-existence ou de
destruction de divers organes, du corps tout entier, de Dieu, des idées d’immortalité. Quelques années plus tard, Séglas remettra en
cause l’idée d’une maladie mentale spécifique. Selon lui, il faut y voir plutôt un symptôme (le délire des négations) que l’on rencontre
dans «des formes très variées d’aliénation mentale ».
bIl s’agit par exemple, de sensations d’engourdissement, de douleurs circonscrites, de sensations d’étrangeté des organes ou des
membres, de sensations électriques ou thermiques, de sensations de mouvement à l’intérieur ou à la surface du corps, de sensations
anormales de pesanteur ou de légèreté.
controversée. Parmi celles-ci, on retiendra plus particu-
lièrement la schizophrénie cénesthopathique, les délires
hypochondriaques monothématiques (délire d’infestation
parasitaire, dysmorphophobie délirante et délire olfactif de
relation), le syndrome de Cotard et le syndrome de Capgras
(Tableau 1). Bien sûr, toutes ces formes cliniques repré-
sentent des formes de délires constituées et ne peuvent
donc être considérées à proprement parler comme des
cénesthopathies. Cependant, ces délires ont tous en com-
mun une expérience anormale du corps, un trouble de
l’affectivité, une expression du délire limitée à un seul
thème, une difficulté du patient pour exprimer ce qu’il res-
sent et une explication psychopathologique faisant recours
au concept de cénesthésie.
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