Troubles du rythme cardiaque lors des crises d`épilepsie

doi: 10.1684/epi.2010.0328
Troubles du rythme cardiaque
lors des crises dépilepsie
Vincent Navarro
Unité dépilepsie et département de Neurophysiologie Clinique, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière,
47, boulevard de lHôpital, 75651 Paris cedex 13.
Résumé. Les crises peuvent se propager aux régions corticales contrôlant le système nerveux autonome et
produire des effets différents selon que lactivation prédomine sur le système sympathique ou parasympathique. En
pratique, lors dune crise partielle, une tachycardie est très souvent observée, alors quune bradycardie voire une
asystolie sont des événements beaucoup plus rares. Lasystolie peut entraîner une syncope, souvent traumatisante.
De même, il a été envisagé que de telles asystolies puissent être à lorigine de certaines morts soudaines inexpli-
quées de lépileptique (SUDEP). La faible valeur localisatrice et latéralisatrice des troubles du rythme cardiaque
per-critiques peut, en partie, sexpliquer par létendue des cortex contrôlant le système végétatif. Le bilan de ces
troubles impose une prise en charge mixte, neurologique et cardiologique. Le traitement doit se décider au cas par
cas, et faire appel systématiquement en première ligne aux médicaments anti-épileptiques, puis, en cas dinefficacité
de ces deniers et de persistance de syncopes percritiques, à un pacemaker sentinelle.
Mots clés :cœur,troubles du rythme,syncope,épilepsie
Abstract. Heart dysrhythmies during epileptic seizures
Epileptic seizures can propagate to the cortical regions controlling the autonomic nervous system. The clinical
consequences vary according to a preferential activation of sympathetic or para-sympathetic system. Tachycardia is
usually observed during a partial seizure, whereas ictal bradycardia or asystole are rare events. Ictalasytole can provoke
a syncope and head trauma. In addition, it was proposed that ictal asystole may also be at the origin of sudden
unexplained death of epileptic patients (SUDEP). The weak localizing and lateralizing value of ictal heart dysrhythmy
can be explained by the widespread distribution of cortical areas controlling the vegetative system. Both neurologists
and cardiologists must take care of these patients. Treatment must be tailored for each patient, including systema-
tically, as a first line, antiepileptic drugs. A pacemaker can be proposed to the patients with pharmacoresistant epilepsy
and remaining ictal syncopes.
Key words:heart,rythm abnormalities,syncope,epilepsy
Les différents troubles du rythme
cardiaque percritique
Différents troubles du rythme cardiaque
peuvent être observés lors dune crise partielle
« arythmogénique ».
Tachycardie sinusale percritique
Il sagit dune manifestation très fréquente,
observéedansplusde90%descrises(Blumhardt
et al., 1986). Lorsquelle est précoce et nest
accompagnée daucune autre manifestation
clinique, cette tachycardie reflète une activation
des centres autonomes directement par la crise,
et non une activation secondaire à la suite dacti-
vités musculaires ou de lanxiété chez un patient
ressentant une aura épileptique. Certains auteurs
(Zijlmans et al., 2002) considèrent que la tachycar-
die est un signe clinique « objectif » de crise, une
charge électro-encéphalographique accom-
pagnée dune tachycardie devant donc plutôt
être considérée comme une crise électroclinique.
Épilepsie et coeur
Épilepsie et coeur
Épilepsies 2010 ; 22 (3) : 181-6
Tirés à part :
V. Navarro
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Bradycardie sinusale (< 40 battements/min) percritique
Elle est plus rare, mais probablement sous-estimée. Chez
des patients épileptiques ayant bénéficié dun dispositif denre-
gistrement de lECG implantable (Reveal
R
) 2,1 % des crises
saccompagnaient dune bradycardie. Cette dernière est néan-
moins survenue chez 7 des 19 patients, enregistrés en
moyenne 18 mois (Rugg-Gunn et al., 2004). Cette bradycardie
est le plus souvent asymptomatique, nentraînant pas de syn-
cope. Lobservation, chez lun de nos patients enregistrés dans
lunité dEEG-vidéo, dune syncope lors dune crise, précédée
dune bradycardie modérée 35 battements par minute), sug-
gère dautres mécanismes à lorigine de lhypoperfusion céré-
brale. Dans le cas particulier de ce patient, nous avons fait
lhypothèse dune vasoplégie. Il convient en effet de rappeler
que le système nerveux parasympathique régule non seule-
ment le cœur, mais aussi la pression artérielle. Cest pourquoi
nous navons pas proposé à ce patient de pacemaker, mais plu-
tôt un traitement vasoconstricteur.
Pause sinusale (plus de trois secondes)
ou asystolie percritique
Il sagit dune manifestation beaucoup plus rare, mais
potentiellement plus grave. Elle saccompagne dune syncope
dès lors que lasystolie dure plusieurs secondes. Le rôle dasys-
tolies prolongées a été évoqué dans la genèse des morts soudai-
nes inexpliquées de lépileptique (SUDEP) (voir la revue dAle-
xandra Montavont et collaborateurs). Il semble néanmoins que
les apnées centrales péri-critiques puissent être davantage en
cause dans les SUDEP (Schuele, 2009). Les syncopes percriti-
ques liées à une asystolie saccompagnent souvent de chutes
traumatisantes. La figure 1 illustre lenchaînement caractéris-
tique : une crise temporale gauche entraîne rapidement une
bradycardie puis une asytolie, puis survient une syncope,
accompagnée sur lEEG dune disparition transitoire de toute
activité corticale. Certaines syncopes, quelles soient ou non
secondaires à une crise, peuvent saccompagner de brèves
myoclonies irrégulières, des membres et de la face. Dans le cas
dune syncope liée à une asystolie percritique, il conviendra
de ne pas considérer de telles secousses myocloniques
comme résultant dune généralisation secondaire de la crise
(Rossetti et al., 2005).
La fréquence des asystolies percritiques a dabord été évaluée
lors denregistrements EEG-vidéo de plusieurs jours : 0,27
(Schuele et al., 2007) à 0,4 % (Rocamora et al., 2003) des patients
présentent une asystolie. Le recours à un dispositif denregistre-
ment de lECG implantable (Rugg-Gunn et al., 2004) a montré
que les asystolies, même sil sagissait dun événement rare, ont
été identifiées chez 3 des 19 patients implantés, au moins une
fois lors dune crise, sur une période de plus dun an.
Autres troubles du rythme ou de conduction
Dautres troubles du rythme ou de conduction ont été
rapportés lors de crises partielles, tels quune fibrillation atriale,
un bloc de branche ou des troubles de repolarisation (Nei et al.,
2000). Un cas de tachycardie ventriculaire évoluant en fibrilla-
tion ventriculaire, ayant nécessité des mesures réanimatoires, a
aussi été enregistré (Espinosa et al., 2009).
Valeurs localisatrices et latéralisatrices
des troubles du rythme cardiaque percritique
Les troubles du rythme percritique sont liés à une propaga-
tion de la décharge épileptique dans les centres corticaux
contrôlant le système nerveux autonome, incluant notamment
linsula et lamygdale. Ces structures se projettent ensuite :
i) dans le tronc cérébral, permettant lactivation du système
nerveux parasympathique la stimulation du nerf vague
entraîne alors, au niveau du cœur, une bradycardie voire une
asystolie ; ou ii) au niveau de la moelle cervicale, permettant
lactivation du système nerveux sympathique, à lorigine dune
tachycardie.
Chez le rat, il semble exister une spécificité des différents
cortex insulaires (Zhang et al., 1998). La stimulation du cortex
insulaire postérieur à gauche active le système parasympa-
thique et provoque une bradycardie. La stimulation du cortex
insulaire postérieur à droite active le système sympathique et
provoque une tachycardie.
Chez lhomme, un trouble du rythme percritique a une
moins bonne valeur localisatrice du foyer épileptogène. Ce sont
les cortex temporaux et insulaires qui ont été identifiés comme
étant à lorigine de la plupart des crises arythmogéniques :
67 % (Tinuper et al., 2001) à 100 % des cas (Britton et al.,
2006). Des troubles du rythme ont été enregistrés lors de crises
dont le foyer a été localisé dans dautres structures, comme le
cortex orbito-frontal et cingulaire et lhypothalamus (Kahane
et al., 1999). Pour ces dernières structures, il est possible que
le trouble du rythme soit lié à la propagation rapide de la
décharge vers des structures adjacentes, sièges des centres
corticaux du système autonome.
De même, chez lhomme, un trouble du rythme
percritique a une moins bonne valeur latéralisatrice du foyer
épileptogène. Seules quelques études invasives ont montré
des résultats similaires à ceux obtenus chez le rat. La stimu-
lation peropératoire de linsula provoque plutôt une tachy-
cardie à droite et une bradycardie à gauche (Oppenheimer
et al., 1992). Linactivation hémisphérique par de lAmytal,
lors dun test de Wada, a montré également une différence
similaire de réponse du rythme cardiaque (Zamrini et al.,
1990), résultat non confirmé par une étude ultérieure (Jokeit
et al., 2000). En revanche, les données de la littérature concer-
nant la latéralisation du foyer chez des patients présentant
une bradycardie percritique sont moins claires. Une prédomi-
nance de patients ayant un foyer hémisphérique gauche a
néanmoins été rapportée lors des bradycardies-asystolies
percritiques (Tinuper et al., 2001). Le cas dun patient ayant
une épilepsie bitemporale, explorée par des électrodes EEG
V. Navarro
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Crise
Asystolie (19 sec) Tracé EEG « nul »
+ myogramme
Chute Reprise EEG 15 sec
après reprise de l’ECG
A
C
B
ECG
ECG
ECG
1 sec Bradycardie
Mouvements
Tracé EEG « nul »
Figure 1. Asystolie lors dune crise partielle temporale gauche.
Tracés EEG successifs, avec des électrodes de scalp, en montage monopolaire (par rapport à une référence moyenne), co-enregistrés avec
lECG (dernière voie), chez un patient de 52 ans, hospitalisé dans lUnité dEEG-vidéo de lHôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le cadre de
lévaluation préchirurgicale dune épilepsie partielle pharmacorésitante. Les crises ont débuté à lâge de 33 ans, consistaient en des
hallucinations visuelles simples puis complexes (scènes féodales) suivies de pertes de contacts et dautomatismes. Des chutes étaient rappor-
tées depuis 5 ans. Son IRM cérébrale na montré quune lésion frontale dallure post-traumatique. Le premier extrait (A) montre le début
dune crise, sexprimant sur lEEG par une activité rythmique temporale gauche, sassociant rapidement à une bradycardie. Puis (B), survient
une asystolie, qui va durer au total 19 sec. Sur lEEG (B), on observe un ralentissement de la crise, puis, après des artéfacts de mouvement,
le tracé devient isoélectrique, surchargé dartéfacts. Sur le tracé suivant (C), alors que lactivité cardiaque est réapparue, les conséquences
dune anoxie cérébrale sont visibles durant encore 15 secondes : le tracé reste isoélectrique, le patient chute et il ny plus de myogramme,
ce qui témoigne dune hypotonie complète.
Troubles du rythme cardiaque lors des crises dépilepsie
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intracérébrales, a montré quil y avait possiblement une diffé-
rence interhémisphérique des centres de contrôle du système
nerveux autonome : les crises débutant à droite entraînaient
une tachycardie et celles débutant à gauche une bradycardie
(Kawai et al., 2006). La figure 2 illustre un cas similaire que
nous avons observé. Dautres auteurs (Britton et al., 2006) ont
plutôt suggéré quil nexistait pas, chez lhomme, une telle dif-
férence interhémisphérique du rôle des centres corticaux du
système neveux autonome. Une bradycardie surviendrait plu-
tôt en cas de bilatéralisation de la décharge critique.
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Début crise hippocampique droite (66 Hz)
D
G
Asystolie, lors de la
propagation gauche
Bradycardie Chute atonique
de la tête
D
G
A
B
1 sec
ECG
ECG
Figure 2. Asystolie lors de la propagation à gauche dune crise partielle hippocampique droite.
Tracés EEG successifs, avec des électrodes intracérébrales, explorant lhippocampe, ainsi que le néocortex temporal gauche (G) et droit (D),
en montage bipolaire, coenregistrés avec lECG (dernière voie), chez une patiente de 44 ans, hospitalisée dans lunité dEEG-vidéo de lHôpi-
tal de la Pitié-Salpêtrière dans le cadre de lévaluation préchirurgicale dune épilepsie partielle pharmacorésitante. Les crises ont débuté à
lâge de 37 ans, consistaient en une aura végétative (sensation épigastrique ascendante) et dysmnésique, suivie dune perte de contact et
dautomatismes, et parfois dépisodes de chutes. LIRM était normale. Le premier extrait (A) montre le début dune crise, sexprimant sur
lEEG par une activité rythmique, initialement rapide à 66 Hz, au niveau de lhippocampe droit. Cette crise se propage secondairement
(B) au cortex temporal antérieur gauche. Une bradycardie, puis une asystolie sont alors observées. Cliniquement, seule une chute de la tête
a été notée après plusieurs secondes.
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Arguments cliniques évoquant un trouble
du rythme cardiaque percritique
Laccès à un enregistrement EEG-vidéo de longue durée est
le plus souvent limité aux seuls patients ayant une épilepsie
pharmacorésistante lorsquune chirurgie de leur épilepsie est
envisagée. Il est donc nécessaire que les cliniciens décèlent
dès linterrogatoire de leurs patients des arguments évocateurs.
Neurologue suivant un patient ayant une épilepsie partielle
Il sagit de la situation la plus fréquente. Même si, le plus
souvent, il sagit dune épilepsie ancienne pharmacorésistante,
il est aussi possible quil sagisse de crises de découverte récente.
Le neurologue devra être alerté par :
un changement de la sémiologie des crises, souvent des dizai-
nes dannées après le début de son épilepsie, avec notamment
lapparition de manifestions cliniques évocatrices de syncopes ;
la survenue de chutes traumatisantes, chez un patient
compliant qui ne présentait, jusqualors, plus de crise secon-
dairement généralisée ;
la constatation dune pâleur et dune hypotonie généralisée
lors des pertes de connaissance.
Cardiologue suivant un patient ayant présenté des syncopes,
et chez qui un trouble du rythme cardiaque a été identifié
Cette situation est plus rare, mais souligne que des synco-
pes liées à des crises peuvent être initialement prises en charge
en cardiologie. Le cardiologue devra être alerté par la persis-
tance de symptômes savérant par la suite être des crises partiel-
les, alors que les syncopes ont disparu après limplantation
dun pacemaker.
Prise en charge
des troubles du rythme cardiaque percritique
Bilan
Lidentification dun trouble du rythme cardiaque percri-
tique impose un bilan tant épileptologique que cardiologique.
Bilan épileptologique
Le bilan épileptologique comprendra des examens classi-
ques. Lenregistrement de crises lors dun examen EEG-vidéo
de longue durée est nécessaire pour confirmer lorigine critique
du trouble du rythme cardiaque. Il convient alors de vérifier
régulièrement que les voies ECG, systématiquement enregis-
trées lors de lEEG, ne sont pas artéfactées. Une IRM cérébrale,
comportant des coupes spécifiques au bilan dune épilepsie,
devra être réalisée avant limplantation dun pacemaker. Chez
les patients présentant des troubles du rythme cardiaque
percritique, il est parfois difficile de déterminer si des lésions
présentes sur lIRM cérébrale sont séquellaires de traumatismes
crâniens liés aux syncopes, ou sil sagit dune lésion primiti-
vement épileptogène.
Le bilan cardiologique
Le bilan cardiologique a pour but de rechercher une patho-
logie cardiaque associée, qui potentialiserait leffet arythmo-
gène dune crise. Lexploration minimale du rythme cardiaque
repose sur un enregistrement Holter de 24 heures. Le recours
à un dispositif implantable, permettant denregistrer lECG
durant des mois, peut être proposé dans certaines situations
par exemple quand lenregistrement EEG-vidéo na pas montré
de syncopes percritiques.
Traitements
Le traitement de lépilepsie est létape principale de la prise
en charge des troubles du rythme cardiaque percritique.
Il repose sur les médicaments antiépileptiques, en faisant
attention aux effets chronotropes négatifs de certaines molé-
cules, notamment celles inhibant les canaux sodiques. En cas
de pharmacorésistance, une chirurgie de lépilepsie peut être
envisagée. Il conviendra, à linverse, déviter le recours à la
stimulation du nerf vague, qui pourrait théoriquement aggra-
ver les conséquences dune syncope percritique.
Un stimulateur cardiaque sentinelle peut être proposé
quand lépilepsie ne peut pas être contrôlée ou en cas de
pathologie cardiaque arythmogène associée, dès lors quil
sagit dune asystolie suffisamment longue pour être à lorigine
de manifestation syncopale. De façon intéressante, lorsquun
stimulateur est implanté, une estimation de la fréquence des
crises pourra être donnée par le nombre de déclenchements
(Rossetti et al., 2005). Les crises peuvent persister, entraînant
une bradycardie, mais le pacemaker se déclenche, évitant
lasystolie et la syncope (Strzelczyk et al., 2008) et prévenant
la morbidité et la mortalité liée aux traumatismes crâniens
associés (Zubair et al., 2009). Les données récentes suggérant
que les morts soudaines inexpliquées de lépileptique seraient
davantage dues à des apnées centrales plutôt que des asystolies
nincitent pas au recours systématique du stimulateur lorsque
la bradycardie ou lasystolie nentraînent pas de syncope.
Remerciements : Àléquipe de lUnité dEEG-vidéo
(Claude Adam, Michel Baulac) et à léquipe de rythmologie
(Robert Frank, Françoise Hidden-Lucet) de lHôpital de la
Pitié-Salpêtrière.
Conflits dintérêts : aucun.
Références
Blumhardt LD, Smith PE, Owen L. Electrocardiographic accompani-
ments of temporal lobe epileptic seizures. Lancet 1986 ; 1 : 1051-6.
Britton JW, Ghearing GR, Benarroch EE, Cascino GD. The ictal brady-
cardia syndrome: localization and lateralization. Epilepsia 2006 ; 47 :
737-44.
Espinosa PS, Lee JW, Tedrow UB, Bromfield EB and Dworetzky BA.
Sudden unexpected near death in epilepsy: malignant arrhythmia from a
partial seizure. Neurology 2009; 72:1702-3.
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