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dans le tableau. Pour les patients chez
lesquels ils ont trouvé des anomalies
du rythme cardiaque pendant les
crises, ils constatent que ces anoma-
lies se trouvent significativement plus
fréquemment lorsqu’elles sont plus
longues, ce qui est également souligné
par d’autres auteurs pour lesquels le
deuxième facteur de risque est la sur-
venue d’une généralisation secondaire
(5, 6).
Tachycardie
Pour Opherk et al. (6), la longueur de
la crise et la survenue d’une générali-
sation secondaire sont associées à une
tachycardie critique plus importante.
Epstein et al. (7) fournissent des argu-
ments en ce sens : ils ont étudié
27 crises chez 5 patients souffrant
d’épilepsie temporale, implantés avec
des électrodes intracérébrales. Une
décharge limitée à l’amygdale ne pro-
voque pas de tachycardie, il faut une
propagation corticale plus vaste. Les
auteurs suggèrent que la tachycardie
dépend principalement du volume des
structures cérébrales recrutées lors des
crises, et non de la durée de la crise.
Quand le volume est stable, la fré-
quence cardiaque est constante.
Quand la décharge envahit des régions
cérébrales supplémentaires, la stimu-
lation des structures grises profondes
et du tronc provoque une augmentation
graduelle de la fréquence cardiaque.
Des extrasystoles auriculaires et ven-
triculaires, ainsi que des fibrillations
auriculaires ont été décrites, sans que
l’on en connaisse la fréquence ni la
signification (4, 5).
Bradycardie
Tinuper et al. (2) ont repris les 44 cas
de bradycardie critique rapportés dans
la littérature, documentés par un enre-
gistrement simultané EEG et ECG, et
ils y ont ajouté 3 cas personnels. La
fréquence atteinte, la présence de
pauses, l’origine sinusale ou jonctio-
nelle ne sont pas mentionnées en
général. Huit patients sur 44 ont plus
de 60 ans, il n’est pas précisé s’ils
souffrent d’une maladie cardiaque.
Les crises sont d’origine temporale
chez 31 des patients (avec toutes les
réserves déjà exprimées sur la préci-
sion localisatrice). Seuls 2 patients ont
eu des enregistrements intracérébraux:
un hamartome hypothalamique et une
épilepsie temporale sans exploration
de l’insula. Le côté de la décharge est
certain dans 32 cas : 20 à gauche et
12 à droite, mais la dominance hémi-
sphérique n’est pas toujours connue.
Munari et al. (8) décrivent des brady-
cardies dans des crises orbitaires
explorées par électrodes profondes,
sans préciser les relations temporelles
entre la décharge épileptique et la sur-
venue de la bradycardie. Kahane et al.
(9) rapportent des accès de bradycar-
die critique chez un patient enregistré
avec des électrodes profondes, porteur
d’un hamartome hypothalamique. La
bradycardie ne survient pas lorsque la
décharge reste limitée à l’hamartome
mais lorsque la décharge gagne les
régions fronto-centrale et temporale
droites. Là encore, est-ce spécifique-
ment lié à une activation de ces struc-
tures ou au caractère étendu de la
décharge? La bradycardie peut être
associée à une apnée qui serait l’élé-
ment central (10). Il est également
possible que la décharge critique
active des régions responsables simul-
tanément de bradycardie et d’apnée,
comme cela a été décrit dans des sti-
mulations électriques fronto-tempo-
rales. Les modifications respiratoires
associées à la bradycardie sont incons-
tantes puisque, dans les deux cas per-
sonnels de Tinuper et al. (2), pour les-
quels la fréquence respiratoire a été
mesurée, il n’y en a pas.
Asystolie
Rocamora et al. (11) décrivent l’enre-
gistrement d’une asystolie chez
5 patients âgés de 16 à 53 ans en cours
d’explorations vidéo-EEG. L’asystolie
dure de 7 à 60 secondes. Deux patients
souffrent d’épilepsie temporale gauche,
2 autres d’épilepsie frontale gauche, le
dernier d’épilepsie bifrontale. Deux
d’entre eux ont une cardiopathie
concomitante mais un seul a un ECG
anormal. Deux ont une apnée simulta-
née. L’asystolie est précédée dans
4 cas d’une bradycardie (le cinquième
a une cardiopathie). Deux ont une
période postcritique anormalement
longue, en lien avec un ralentissement
EEG majeur. Il est difficile de savoir
s’il s’agit d’une activation vagale
directement liée à la décharge épilep-
tique ou d’un dysfonctionnement non
spécifique.
Rapports avec la mort subite
La mort subite concernerait entre 7,5
et 15 % des décès chez les épilep-
Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 8/9, novembre-décembre 2003
Actualités
Actualités
Anomalies critiques ou postcritiques Nombre de patients
Tachycardie (> 100) 62
Bradycardie (< 60) 11
Fréquence cardiaque > 150 13
Anomalies potentiellement graves
• asystolie (30s) 1
• pause sinusale 6
• sus/sous-décalage de ST 3
• inversion des ondes T 1
Anomalies moins graves
• arythmie sinusale 19
• dépolarisation prématurée auriculaire 12
• complexes prématurés ventriculaires 7
> 1 anomalie 7
Tableau. Fréquence cardiaque et anomalies ECG en lien avec les crises (d’après [4])
(81 patients à ECG interprétables).