Sur le plan hormonal, la perfusion de BNP tend à
diminuer le taux d’aldostérone (y compris en réponse à la
stimulation de la sécrétion d’aldostérone par le furosé-
mide dans un modèle animal [2]) et n’augmente pas le
taux de rénine plasmatique, contrairement à la nitroglycé-
rine. Le taux d’endothéline 1 pourrait également diminuer
[3]. Enfin, sa demi-vie est assez courte (modèle bicompar-
timental avec t 1/2 10 minutes puis 15 minutes), mais plus
longue que celle de la nitroglycérine [1].
À ce jour, peu d’études randomisées ont été réalisées
avec le BNP et aucune démonstration d’un bénéfice sur la
mortalité n’est disponible.
Études disponibles
Étude Natrecor
Cette première étude randomisée en aveugle a com-
paré 3 doses de BNP perfusées pendant 24 heures chez
74 patients (bolus de 0,25 lg/kg puis perfusion de
0,015 lg/kg/min ; n = 22, bolus de 0,5 lg/kg puis perfu-
sion de 0,03 lg/kg/min ; n = 26, et bolus de 1 lg/kg puis
perfusion 0,06 lg/kg/min ; n = 26) à du placebo (n = 29)
chez des patients en insuffisance cardiaque de stade III ou
IV de la NYHA, avec dysfonction systolique ventriculaire
gauche (FEVG < 35 %), stables (ils étaient hospitalisés et
la sonde de Swan-Ganz posée pour les besoins du proto-
cole) [4]. L’étude hémodynamique a confirmé l’effet sur
les pressions de remplissage et les résistances systémiques,
sans tachycardie réflexe (figure 1). L’effet hémodynami-
que était maintenu pendant les 24 heures de perfusion
(absence de phénomène de tolérance) et l’arrêt prématuré
de la perfusion de BNP au cours de ce protocole était en
rapport avec son efficacité : baisse de la pression capillaire
(n = 3) et hypotension artérielle (n = 3) dans le groupe
recevant de fortes doses. La perfusion de BNP ne s’est pas
accompagnée d’une augmentation significative de la diurèse.
Cette étude a permis d’établir que l’effet hémodynami-
que du BNP était déjà observé après une heure de perfu-
sion (premier temps de mesure) et se poursuivait pendant
24 heures. Enfin, les mesures réalisées à l’arrêt de la
perfusion n’ont pas apporté d’argument pour un effet
rebond.
Étude Nésiritide
La deuxième étude a été réalisée chez les patients lors
d’une décompensation cardiaque [5]. Elle comprenait
deux bras.
La sous-étude ou le bras « d’efficacité » comportait un
monitoring hémodynamique. Elle était réalisée en double
aveugle et le critère principal était l’évolution de la pres-
sion capillaire pulmonaire à 6 heures. Les 127 patients
inclus avaient une FEVG moyenne de 22 %, une pression
capillaire pulmonaire de 28 mmHg et un index cardiaque
de 1,9 L/min/m
2
. Le BNP était supérieur à 1 000 pg/mL.
Quarante-deux patients recevant un placebo ont été com-
parés à 43 patients recevant 0,015 lg/kg/min de nésiritide
en perfusion après un bolus de 0,3 lg et à 42 patients
recevant 0,030 lg/kg/min de nésiritide en perfusion après
un bolus de 0,6 lg (les fortes doses de l’étude précédente
ont été abandonnées). Les résultats hémodynamiques,
rapportés dans le tableau 1, reflètent l’effet vasodilatateur
veineux et artériel, proportionnel à la dose, sans tachycar-
die réflexe. L’étude hormonale a montré que l’aldostérone
diminuait sous traitement par rapport au placebo et que le
taux des catécholamines n’était pas modifié. L’effet sur la
diurèse était modéré (diurèse de 6 heures de 380 mL dans
le groupe placebo, 560 mL et 659 mL dans les groupes
recevant le nésiritide). La tolérance de la plus forte dose de
nésiritide semblait imparfaite avec 3 arrêts du traitement
avant 6 heures de perfusion (hypotension artérielle, chute
de la pression capillaire, oligurie) contre 1 arrêt dans le
groupe faible dose (aggravation de l’insuffisance cardia-
que) et 1 dans le groupe placebo (trouble du rythme).
L’originalité de cette étude est la démonstration d’une
amélioration plus fréquente du statut clinique sous nésiri-
tide que sous placebo, tant du point de vue du patient
(faibles doses, fortes doses et placebo 60 et 67 % versus
14 % respectivement) que de celui du médecin (55 et
77 % versus 15 % respectivement). La dyspnée et la fati-
gue ressenties par le patient étaient également mieux
améliorées par le nésiritide. Ce qui confortait l’importance
de l’hémodynamique dans la prise en charge des patients
en souffrance cardiaque décomposée.
La sous étude ou le bras sans monitoring hémodyna-
mique comparait en ouvert (n = 102) le traitement habi-
tuellement donné par l’investigateur pour une décompen-
sation cardiaque aiguë (dobutamine 57 %, milrinone
19 %, nitroglycérine 18 % dans cette étude américaine)
aux deux mêmes doses de nésiritide que l’étude hémody-
namique. En outre, ces doses étaient comparées en double
aveugle entre elles (n = 103 et 100 respectivement). Il n’y
avait donc pas de groupe placebo dans cette sous-étude
(difficile à justifier d’un point de vue éthique). La perfusion
de nésiritide pouvait être maintenue pendant 7 jours, à la
discrétion de l’investigateur. Les critères de jugement
étaient le statut clinique global et les symptômes. Aucune
différence n’a été trouvée entre les 3 groupes, aussi bien
sur l’amélioration du statut global que sur la perception de
la dyspnée, la fatigue, mais il faut bien noter que l’étude
n’avait pas la puissance pour établir l’équivalence d’effi-
cacité des traitements. Il s’agit d’un résultat négatif, à la
différence de ce qui a été fait pour l’étude VALIANT par
exemple (dans laquelle l’équivalence du valsartan et du
captopril dans le post-infarctus a pu être établie) [6]. Seule
Liste des abréviations
BNP : peptide natriurétique de type B
FEVG : fraction d’éjection ventriculaire gauche
mt cardio, vol. 1, n° 3, mai-juin 2005 291
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