groupe N2 et D3 pour le groupe N3). Cette classifica-
tion repose sur la fréquence des ganglions envahis en
fonction du siège du cancer sur l’estomac.
La définition des ganglions proximaux et distaux varie
en fonction de la localisation du cancer, elle n’est pas
univoque. Ainsi, un curage D1, D2 ou D3 ne s’adres-
sera pas au même groupe ganglionnaire et n’aura pas
la même importance selon que le cancer siège au
niveau de l’antre, du corps ou de la grosse tubérosité
gastrique. La classification peut paraître complexe et
d’application difficile mais elle est logique. À titre
d’exemple (tableau 3), le groupe 1 (para-cardiaque
droit) est classé N2 pour un cancer antral et N1 pour
un cancer médiogastrique. Les groupes 10 et 11 (hile
splénique et artère splénique) sont classés N2 pour un
cancer médiogastrique ou cardiotubérositaire et N3
pour un cancer antropylorique. Ainsi, un vrai curage
ganglionnaire D2 pour un cancer du tiers moyen ou du
tiers supérieur de l’estomac doit comporter une splé-
nectomie pour permettre l’exérèse du groupe 10 et une
pancréatectomie distale pour l’exérèse du groupe 11
(figures 2 et 3). Nous y reviendrons.
La classification TNM de l’UICC et de l’AJCC (Ameri-
can Joint Comitee) [11] distingue trois groupes de
patients : 1) les patients pN1 en cas de ganglions N+
à moins de 3 cm de la tumeur gastrique le long de la
petite courbure ou de la grande courbure ; 2) les
patients pN2 en cas de ganglions N+ situés à plus de
3 cm de la tumeur, le long de l’un des trois troncs
artériels principaux de l’estomac (artère splénique,
artère hépatique et tronc-cœliaque) ; 3) les patients
pN3 en cas de ganglions N+ siégeant à distance
(para-aortique, pancréatique et mésentérique). Cette
classification ne tient absolument pas compte du siège
du cancer sur l’estomac, la notion de ganglions proxi-
maux et distaux reste univoque et, enfin, la notion de
3 cm est peu anatomique est critiquable.
Ces deux classifications, l’une complexe mais logique,
l’autre plus simple mais imparfaite, n’étant pas satisfai-
santes, la classification récente de l’UICC semble faire
l’unanimité [12]. Elle n’est plus fondée sur le siège mais
sur le nombre de ganglions envahis (N1=1à6gan-
glions positifs, N2=7à 15ganglions positifs et
N3 = plus de 15 ganglions positifs). Elle a le mérite de
la simplicité et, surtout, elle montre bien qu’il faut
prélever un minimum de ganglions pour pouvoir clas-
ser correctement une tumeur de l’estomac.
Nombre minimum
de ganglions prélevés
Plus on prélève de ganglions, plus on trouve de gan-
glions envahis. L’étude d’Hermanek [10] montre bien
que le pourcentage de N+ est fonction du nombre de
ganglions prélevés (tableau 4). Il est admis actuelle-
ment par tous que le nombre minimum de ganglions
examinés doit être de 15.
Ce nombre minimum de ganglions a une valeur pro-
nostique, comme le montre deux études récentes, celle
de Lee [13] et celle de Karpeh [14]. La première,
coréenne, a colligé 4789 patients ayant eu une résec-
tion RO. Elle montre que la survie à 5 ans est variable
en fonction du nombre de ganglions examinés.
Lorsqu’il y a plus de 15 ganglions examinés, elle est
augmentée de 10 % pour les stades Ib, de 12 % pour
les stades II et surtout de 27 % pour les stades III.
Dans la deuxième étude, qui a porté sur 1038 patients
opérés au Memorial Cancer Center de New York, la
survie passe de 30 à 54 % pour les stades II et de 19 %
à 37 % pour les stades IIIa lorsqu’il y a moins ou plus
de 15 ganglions examinés (tableau 5).
Dans cette dernière étude, les auteurs ont comparé la
survie des patients N+ en fonction du nombre de
ganglions examinés (inférieur ou supérieur à 15) et en
fonction du nombre de ganglions envahis selon la
classification récente de l’UICC. La survie est significa-
tivement meilleure pour les patients classés N1 et N2
lorsqu’il y a plus de 15 ganglions prélevés lors du
curage (tableau 6). Cela montre bien non seulement la
valeur pronostique du curage ganglionnaire mais aussi
sa valeur thérapeutique.
Si la classification récente de l’UICC permet de faire
l’impasse sur la classification japonaise et sa com-
plexité, elle ne doit pas faire perdre de vue la logique
de la classification japonaise, les groupes ganglionnai-
res susceptibles d’être envahis ne sont pas les mêmes
selon le siège du cancer sur l’estomac ; s’il faut prélever
un minimum de 15 ganglions, encore faut-il les préle-
Tableau 2.Survie à 5 ans en fonction des pays.
Pays Nombre Stades
IA IB II IIIA IIIB IV
USA : Hundahl [6] 32 532 78 % 58 % 34 20 % 8 % 7 %
Japon : Ichikura [7] 587 95 % 86 % 71 % 59 % 35 % 17 %
Allemagne : Roder [2] 1 017 86 % 72 % 47 % 34 % 25 % 16 %
Corée : Lee [13] 4 789 93 % 84 % 68 % 51 % 31 % 18 %
Hépato-Gastro, n° 5, vol. 11, septembre-octobre 2004 355
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.