Observance et persistance du traitement : particularités dans la

Jean-Luc Novella
1
Stéphane Sanchez
2
Max Prudent
3
1
Hôpital de jour de neurologie gériatrie,
CHU de Reims,
51100 Reims
2
Service de gériatrie,
CHU de Reims,
51100 Reims
3
Université de Reims Champagne-Ardenne,
Faculté de médecine,
EA 3797, 51100 Reims
Tirés à part : J.-L. Novella
Observance et persistance
du traitement : particularités
dans la maladie dAlzheimer
Observance and persistance of the treatment:
Characteristics in Alzheimers disease
Résumé La maladie dAlzheimer pose de nombreux problèmes aux cliniciens, pro-
blèmes de compréhension physiopathologique, datypie sémiologique, de diagnostic et
de traitement. Face à cette pathologie évolutive, il apparaît nécessaire de structurer le
mieux possible nos stratégies cliniques. Lobservance et la persistance thérapeutiques
pourraient être un reflet indirect de la qualité de la prise en charge engagée. Lobjectif
est ici de faire le point sur les éléments contributifs à une observance et une persistance
thérapeutiques optimales.
Mots clés maladie dAlzheimer, observance, persistance, anticholinestérasiques, personne âgée
Abstract Alzheimers disease causes numerous problems to clinicians mainly in its pysio-
pathology issues, its atypical semiology, its prognosis, and its treatment. In front of an evolving
disease, it seems necessary to structure as well as possible our management strategies. The
observance and the persistence of the treatment could be an indirect reflection of the quality
of care. The aim of this work was to take stock of the different elements that contribute to
optimise observance and persistence of the treatment.
Key words Alzheimers disease, observance, persitence, cholinesterase inhibitors, elderly
Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé
(HAS) un traitement spécifique doit être envisagé chez
tout patient atteint de la maladie dAlzheimer lorsque le
diagnostic a été annoncé en prenant en compte son rapport
bénéfice/risque. Cette recommandation se fonde sur les béné-
fices démontrés des traitements symptomatiques. Ainsi, les dif-
férents essais thérapeutiques, repris dans trois méta-analyses
[1-3], mettent en évidence un gain versus placebo. Sil nest
effectivement pas de nature à stabiliser au long cours létat
clinique du patient, le médicament participe à lensemble du
processus mis en œuvre pour ralentir son déclin.
Ce bénéfice thérapeutique ne peut être perceptible que si
lobservance du traitement est réelle, et le renouvellement de
lordonnance par le médecin traitant effectif dans un contexte
de suivi toujours perfectible. La bonne compréhension de ces
deux éléments, sous-jacents à la prise en charge, semble
aujourdhui importante pour améliorer le service rendu à nos
patients.
Lobservance peut se définir par : « Laction dobéir à une
habitude, de se conformer à un modèle, une coutume ; la
règle de conduite elle-même, convention. » (Dictionnaire
Larousse). Le terme de compliance est également utilisé pour
désigner la plus ou moins grande obéissance du patient et son
désir de se conformer aux directives médicales. Ces notions se
définissent dans la pratique médicale par le respect strict
des prescriptions en termes dhoraires, de posologie et de
contenu. Elles renvoient parfois à une conception ancienne
dasymétrie du rapport médecin/patient. Il conviendrait donc
davantage de parler « dadhésion au traitement » où ladhé-
sion correspond à lensemble des conditions, quil sagisse de
la motivation, de lacceptation, de linformation, qui permet
lobservance à partir dune participation active du patient.
Ladhésion est ainsi fondée sur un contrat thérapeutique
clairement explicité dans ses fondements et objectifs, négocié
et accepté par les deux parties (patient/médecin).
Pour en revenir à lobservance, certains auteurs ont introduit
une notion de seuil, considérant les sujets observants comme
étant ceux prenants plus de 80 % de leur traitement [4]. Pour
Ankri et al. Il nexiste pas à ce jour de définition consensuelle
sur les patients observants ou non observants [5]. Labsence
de gold standard concernant la définition et lévaluation de
lobservance thérapeutique explique les difficultés de sa
Ann Gerontol 2011 ; 3 (n° spécial 1) : 21-7
doi: 10.1684/age.2010.0119
Synthèse
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mesure. Pour cette raison, il existe très peu détudes ayant
spécifiquement ciblé ce sujet.
Dans ce contexte, le patient âgé et encore plus le patient souf-
frant de maladie dAlzheimer, qui par définition présente des
capacités cognitives altérées, nécessite une prise en charge
particulière quant à lobservance et à la persistance du traite-
ment. La prise en charge pluridisciplinaire, mais surtout le rôle
pivot de la médecine générale, sont gages du respect et de la
persistance des traitements spécifiques.
En raison dun état polypathologique, les personnes
âgées ont des particularités en termes de consommation
médicamenteuse.
Environ 1,5 million de personnes âgées consommeraient plus
de 7 médicaments par jour, de classes thérapeutiques différen-
tes [6]. Ce phénomène semble saccentuer depuis les années
1990, il est encore plus marqué pour les personnes institution-
nalisées. La seule donnée française disponible est lenquête
Paquid [7] : avec une moyenne de 5,2 médicaments par jour
pour les patients institutionnalisés versus 3,9 chez les plus de
65 ans vivant à domicile. Lenquête ESPS de lIrdes [8]
en 2000 montre par ailleurs la proportion des médicaments
consommés chez les plus de 65 ans : 51 % de médicaments
cardiovasculaires, 21 % de dicaments du système nerveux
central, 17 % pour lappareil digestif, 16 % pour lappareil loco-
moteur, 16 % pour les psychotropes.
La consommation médicamenteuse savère être assez concen-
trée, ainsi 16 % de la population consomment 39 % des
médicaments prescrits chaque année [9].
Une enquête « budget et ménage » (Insee, 1995) montrait que
le budget « santé » des plus de 60 ans est 1,6 fois supérieur au
budget « santé » des ménages français. Ces données sont
corrélées par des enquêtes plus récentes de lIrdes [10],
montrant que le budget passe de 771 /an pour les 65-74 ans
à 971 /an pour les plus de 75 ans. Plus lâge augmente, plus
le budget santé devient important. En situation économique
difficile, cette charge financière peut être un frein à la persis-
tance des traitements. Linscription de la maladie dAlzheimer
sur la liste des pathologies ouvrant droit à une prise en charge
à 100 % par la caisse primaire dassurance-maladie (ALD 30)
est là pour limiter ce phénomène.
La population des plus de 65 ans est aujourdhui un groupe
hétérogène avec des spécificités physiques, économiques et
sociales. En raison de cette hétérogénéité, des états polypatho-
logiques, dune prévalence de la fragilité plus importante et
dune susceptibilité accrue à la iatrogénie, les personnes
âgées sont ainsi bien souvent sous-représentées dans les essais
thérapeutiques [11]. Lorsquelles y sont présentes, elles consti-
tuent un groupe de petite taille. Une méta-analyse récente
soulignait les limites méthodologiques de ces études réalisées
sur des populations de petite taille [12]. Cette sous-
représentation conduit le médecin à extrapoler un bénéfice
attendu vis-à-vis dune pathologie à une population sur
laquelle le traitement na pas toujours été testé. Au regard
des spécificités physiologiques des sujets âgés (absorption,
fixations protéiques, modification du volume de distribution,
altérations rénale et/ou hépatique), le risque iatrogène et
donc le risque dinobservance sont plus importants.
Observance
Lobservance repose donc sur le principe de suivi de la règle,
édictée par dautres, la compréhension nétant pas nécessaire.
À cette notion stricte, même chez les patients atteints de mala-
die dAlzheimer, nous préférerons le terme « dadhésion au
traitement ». De nombreux travaux sur le concept dobser-
vance permettent de proposer un récapitulatif général concer-
nant lobservance chez la personne âgée. Le tableau 1 résume
assez bien les variables dintérêts dans cette thématique, il
propose un ensemble de variables réévalué selon la littérature.
La prévalence générale de lobservance chez le sujet âgé varie
selon les définitions retenues pour lobservance et la métho-
dologie de létude. Les taux dobservance constatés varient
de 26 à 59 %, tous médicaments confondus [15]. Linobser-
vance se décompose pour la plus grande partie en une sous-
utilisation du traitement prescrit. Ainsi, 90 % des patients non
adhérents le sont par une réduction des doses, horaires, voire
larrêt de certains traitements [16]. Les 10 % restants de
patients inobservants le sont sur un mode de surconsommation
[16]. Cette observance et ses facteurs restent complexes à
expliquer. Si linformation du patient et sa formalisation jouent
un rôle certain dans lobservance [17-19], les rapports sont
complexes et de nombreuses inconnues persistent dans
lexplication de lobservance chez la personne âgée [15, 19].
Très peu détudes se sont spécifiquement attachées à explorer
lobservance chez les patients touchés par la maladie dAlzhei-
mer. À partir des données générales sur linobservance, on
peut tirer un certain nombre déléments concernant de façon
plus spécifique le patient souffrant de troubles cognitifs. Ainsi,
au regard des déterminants de lobservance établis par Bar-
beau et al. (figure 1), le sujet souffrant de maladie dAlzheimer
est plus à risque dinobservance, en raison de la diminution de
ses capacités dapprentissage et de mémorisation des instruc-
tions qui lui ont été données. Col et al. [20], dans une autre
étude, expliquaient que les facteurs statistiquement associés au
risque de non-adhésion aux traitements chez les sujets âgés
hospitalisés étaient : le sexe féminin, le fait de ne pas se
rappeler son traitement, sa posologie, ou la nécessité de la
prise, lintervention de nombreux médecins, et la multiplicité
des traitements.
Cependant, cet état pathologique nest que lun des éléments
contributifs à un défaut dadhésion thérapeutique. La connais-
sance de la gravité de la maladie et de lefficacité du traite-
ment est un des déterminants favorisant lobservance du
patient. Cette donnée sintègre dans la nécessité dune
annonce diagnostique de qualité. Il semble difficile
22 Annales de Gérontologie vol 3, n° spécial 1, février 2011
JEAN-LUC NOVELLA,STÉPHANE SANCHEZ,MAX PRUDENT
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Tableau 1. Principaux déterminants de lobservance [13, 14].
Table 1. Main determinants of compliance [13, 14].
Déterminants
de lobservance
Caractéristiques Influence sur
lobservance
Remarques des auteurs du tableau Données actuelles
de la littérature
(CRESIF)
Sociales
Age Indirecte Attention aux 75 ans et plus Pas dinfluence
directe
Sexe Indirecte Les femmes sont plus exposées parce quelles reçoivent
plus dordonnances Facteur retrouvé
Éducation Indirecte Léducation peut influencer les valeurs
et les comportements Facteur non retrouvé
dans la littérature
Ethnie Variable La juxtaposition des facteurs de communication
et déducation peut influencer lobservance Non retrouvé
Isolement social Variable Lisolement social peut entraîner un manque
de motivation et une perception négative de la personne Retrouvé
Statut économique Variable Facteur second Non retrouvé
Soutien naturel Inconnue Le soutien familial est lélément clé
Facteur associé à lisolement social Non étudié
précisément
Physiques
Dextérité Directe La perte de dextérité cause des difficultés à manipuler
certains contenants dits sécuritaires Retrouvé
Acuité visuelle
et auditive Directe Ladiminutiondelacuité visuelle et auditive entraîne
des difficultés de compréhension des instructions verbales
et écrites
Retrouvé
Cognitives
Capacité de mémorisa-
tion et dapprentissage Directe La diminution de la capacité dapprendre et de retenir
des instructions réduit limpact de linformation Retrouvé
Psychologiques
Perception
de lindividu Directe Une attitude négative entraîne à légard du traitement Retrouvé
Acceptation des limites
physiques et mentales Inconnue Le refus de ses limites rend improbable lacceptation
du traitement Non étudié
Perception de la gravité
de la maladie Directe La perception négative de la maladie et du traitement
modifie lobservance Non étudié
Maladies chroniques Directe Les traitements prolongés favorisent labandon Retrouvé
Gravité de la maladie Variable La connaissance de la gravité de la maladie et de
lefficacité du traitement favorise lobservance Retrouvé
Symptômes Directe Les maladies asymptomatiques favorisent linobservance Retrouvé
Polypathologies Variable Non prévisibles, sauf en présence de maladies
psychiatriques où linobservance est constante Retrouvé
Ordonnances Directe Le patient informé de sa maladie et de son traitement
est plus enclin à faire exécuter sa prescription Retrouvé, ainsi
que la qualité
de lexplication
Contenants Variable Les contenants mal adaptés compliquent la prise
de médicaments Retrouvé
massivement
Etiquette Directe Les indications doivent être précises et complètes
pour en faciliter la compréhension Retrouvé
Nombre de
médicaments Directe Lenombrederreurs et doublis est directement
proportionnel au nombre de médicaments Retrouvé
Simplicité de
lordonnance Directe Le nombre de doses quotidiennes va de pair avec
le nombre de médicaments Retrouvé
Effets indésirables Indirecte Le lien entre les effets indésirables et le médicament
est peu marqué Retrouvé de façon
importante
Couleur des
comprimés Inconnue La similarité physique des comprimés peut compromettre
la gestion du traitement Retrouvé, avec
en plus des questions
de taille et de goût
Milieu physique Inconnue Laménagement non favorable à la confidentialité
diminue la communication avec le malade Non étudié
(suite)
Annales de Gérontologie vol 3, n° spécial 1, février 2011 23
OBSERVANCE ET PERSISTANCE DU TRAITEMENT :PARTICULARITÉS DANS LA MALADIE DALZHEIMER
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denvisager une observance thérapeutique ou une adhésion au
traitement si le patient ne se sait ou ne se croit pas malade.
Cette annonce doit contribuer à la mise en place dun projet
thérapeutique et dun plan suivi, négocié avec le patient,
permettant de minorer un défaut dadhésion au traitement.
Lisolement est également un déterminant de linobservance.
Celui-ci est fréquent chez le patient atteint de la maladie
dAlzheimer dont lobservance pourrait être un indicateur de
prise en charge, notamment au niveau du soutien formel ou
informel dont il bénéficie. Aujourdhui la population vieillit,
et cest en vieillissant que les rapports intergénérationnels
sont les plus importants : 50 % des sujets âgés reçoivent
laide de leurs enfants et la même proportion de personnes
âgées aident leur descendance. Seules 20 % des personnes
aidées le sont par une aide extérieure et environ 80 % des
aidants sont des femmes. Lentourage, la prise en charge
adaptée au sein dune institution, à domicile et généralement,
nécessitent un scénario où chaque acteur (social, médical,
familial) trouve sa place.
La presbyacousie est un phénomène fréquent, sa prévalence
élevée chez la personne âgée peut être un paramètre influen-
çant la conduite et ladhésion au traitement. Si le lien entre la
maladie dAlzheimer et la presbyacousie nest pas démontré
de façon claire et fait encore débat [21], on imagine que
latteinte sensorielle et labsence dappareillage jouent un
rôle dans la communication du patient avec son aidant et le
praticien. Si linformation et la communication sont au cœur
du suivi, la presbyacousie peut être un sérieux frein à celles-ci.
Les problèmes liés à laltération de la vision sont aussi un
écueil dans ladhésion [22] et la persistance des anticholi-
nestérasiques. Les formes galéniques, la couleur et la poso-
logie sont aussi des facteurs de risque. Les traitements de la
maladie dAlzheimer sont complexes à mettre en place, et
lon imagine aisément quun changement dans la forme ou la
couleur des comprimés peut avoir un effet néfaste sur ladhé-
sion. Cependant, labsence détude sur le sujet rend difficile
létablissement dun rapport de cause à effet véritable.
Le passage en forme généricable des anticholinestérasiques
dici deux ans devrait permettre des études sur le sujet.
Le médicament est un des aspects du projet thérapeutique
négocié. Les traitements spécifiques de la maladie dAlzheimer
ont fait lobjet dune recommandation de la HAS récente [23].
On retrouve dans ces recommandations la possibilité dinstau-
rer un traitement quel que soit le stade de la maladie, après
évaluation du rapport bénéfice/risque. Cependant, il reste
recommandé dans le stade léger dutiliser les inhibiteurs de la
cholinestérase, dans les stades modérés les anticholinestéra-
siques ou les glutamatergiques, dans les stades sévères unique-
ment les glutamatergiques. Ces recommandations sont corrélées
et étayées par trois méta-analyses [1-3], elles impliquent une
évaluation constante du rapport bénéfice/risque du traitement
dans la pathologie dAlzheimer. Cela suppose une réévaluation
périodique du projet thérapeutique négocié.
La mise en place dun traitement médicamenteux ne se
conçoit que sur un argumentaire bénéfice/risque en faveur
du patient. Le bénéfice des anticholinestérasiques reste limité.
Roe et al. [24] montrent lors dune étude rétrospective que les
patients atteints de démence sous anticholinestérasique pren-
nent un traitement anticholinergique dans 33,0 % des cas ver-
sus 23,4 % pour le groupe témoin non dément. Ces données
suggèrent une prévalence de la polymédicamentation anti-
cholinergique plus élevée chez les patients déments.
Ces traitements symptomatiques peuvent également altérer la
qualité de vie des patients par leurs effets indésirables. Cest
lun des éléments bien argumentés dans la littérature concer-
nant linobservance. Aussi il est nécessaire, lors de la négocia-
tion du projet thérapeutique proposé aux patients, daborder
ces possibles désagréments et denvisager avec eux la
conduite pratique en cas de survenue.
Pour les anticholinestérasiques, on peut regrouper les effets
secondaires en fonction de leur fréquence attendue. Ainsi,
dans plus de 1 cas sur 100, il est possible de retrouver :
anorexie, hallucination, agitation, agressivité, diarrhée, vomis-
sements, nausées, rash cutané, crampes musculaires, inconti-
nence, fatigue, céphalées, douleurs, vertiges. Dans plus de
1 cas sur 1 000, il est possible de retrouver : convulsion,
hémorragies gastro-intestinales, ulcère gastrique, bradycardie.
Tableau 1 (suite)
Déterminants
de lobservance
Caractéristiques Influence sur
lobservance
Remarques des auteurs du tableau Données actuelles
de la littérature
(CRESIF)
Composante sociale
Médecin Directe La mauvaise relation patient-médecin favorise
linobservance Retrouvé
Pharmacien Directe Le pharmacien peut évaluer la fidélité au traitement Retrouvé sous forme
de conseils
Autres professionnels Directe Infirmières, diététiciens, travailleurs sociaux et autres
professionnels de la santé peuvent influencer lattitude
du malade face à son traitement
Retrouvé
24 Annales de Gérontologie vol 3, n° spécial 1, février 2011
JEAN-LUC NOVELLA,STÉPHANE SANCHEZ,MAX PRUDENT
Ann Gerontol 2011 ; 3 (n° spécial 1) : 21-7
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Ces effets surviennent majoritairement à linstauration du
traitement et ne durent généralement pas plus dune semaine.
Cette mauvaise tolérance clinique peut cependant être la
source dun défaut dobservance [25], notamment devant les
effets digestifs aigus (perte de poids, anorexie, diarrhée).
Il est aussi à souligner que dans la méta-analyse de Birks et al.
[26], les effets indésirables des traitements anticholinestéra-
siques sont responsables darrêt dans 18 % des cas versus
8 % dans le groupe placebo (OR = 2,32 ; IC 95 % 1,95-2,76 ;
p< 0,00001), et que la survenue deffets indésirables est
beaucoup plus fréquente sous anticholinestérasiques que
sous placebo (OR = 2,51 ; IC 95 % 2,14-2,95 ; p< 0,00001).
La galénique utilisée peut jouer un rôle dans lobservance
des traitements. Les nouveautés récentes en matière de voie
dadministration ouvrent de nouveaux horizons en termes de
tolérance, dadhésion et de mise en pratique pour laidant.
La disponibilité de formes à libération prolongée ou utilisant
la voie transdermique permet un dosage optimal par rapport
à la prise de capsule de la même molécule deux fois par jour
[27]. La prise trois fois par jour de certains traitements amé-
liore les effets dintolérance, notamment digestive [28], mais
nécessite la présence dun aidant plus souvent. Dautres
voies davenir sont à létude sur lanimal [29], comme des
capsules sous-cutanées à libération prolongée. Des formes à
libération continue sont actuellement en essai [30].
Les glutamatergiques utilisés dans les formes modérées à sévè-
res présente globalement une bonne tolérance. La fréquence
de survenue deffets indésirables ne diffère significativement
pas du placebo. Dans 1 cas sur 100 on retrouve la survenue
de vertiges, céphalées, somnolence, hypertension, dyspnée,
constipation. Et dans 1 cas sur 1 000 la survenue : dinfections
fongiques, troubles de la marche, confusion, insuffisance
cardiaque, thrombose veineuse, vomissements, fatigue.
Il paraît donc nécessaire dinformer au mieux les praticiens et
acteurs de la prise en charge du patient Alzheimer concernant
la iatrogénie et son rôle dans linobservance [25].
Parmi le faible nombre détudes sétant spécifiquement
intéressées à lobservance chez le sujet souffrant de maladie
dAlzheimer, Gardette et al. dans une étude prospective [25]
ont récemment montré que la prévalence de la non-adhésion
était de 12,7 pour 100 patients traités par an (taux darrêt de
3,6, taux de changement de 9,1) chez les patients atteints de la
maladie dAlzheimer. Les résultats de lanalyse multivariée
montrent que les facteurs dinobservance entraînant un chan-
gement de thérapeutique sont les suivants : linefficacité des
anticholinestérasiques, un déclin cognitif rapide, une hospita-
lisation sans rapport avec la maladie dAlzheimer et des
manifestations danxiété. Les facteurs de risque darrêt sont
les suivants : une hospitalisation avec ou sans rapport avec la
maladie dAlzheimer, la prise de médicaments anticholiner-
giques et la perte de poids traduisant la mauvaise tolérance
digestive.
Certaines équipes ont présenté des résultats intéressants
concernant lutilisation dun pilulier qui serait gage dune
adhérence au traitement de plus de 90 % [31]. Il est cepen-
dant à noter que lassistance à la mise en place du pilulier
pourrait être la cause de ces résultats très élevés.
En somme, ladhésion au traitement est le fruit de multiples
paramètres dont les principaux semblent être linformation du
patient et la formation de laidant [32], la communication dans
la relation médecin/malade, ainsi que le suivi et léducation
du patient comme de laidant. Le patient atteint dune maladie
dAlzheimer ou dun syndrome apparenté est un patient
complexe. Sa prise en charge demande une évaluation perma-
nente des bénéfices/risques réalisée par le soignant, tant au
niveau de la thérapeutique que de lensemble des mesures
associées à la vie quotidienne.
Le caractère multifactoriel de ladhésion relève ainsi dune
prise en charge globale et cohérente, prenant en compte les
déterminants liés au milieu, à lindividu et aux traitements.
La persistance
La persistance peut être définie comme le fait de persister à
prendre son traitement sur un temps défini nécessaire en se
conformant à la prescription [33]. Cette notion rejoint celle
de ladhésion au traitement en incluant la notion de tempora-
lité nécessaire au fonctionnement du traitement. Cette conti-
nuité dans la prise du traitement est nécessaire pour une
prise en charge de qualité. La persistance est donc un outil
qualitatif à part entière, dont limportance est capitale dans la
gestion de la maladie [34]. La personne âgée, lorsque ses
attentes restent insatisfaites ou lorsque les réponses aux
questions quelle se pose ne sont pas apportées, présente un
plus grand risque dinterruption de traitement [35].
Les études qui sintéressent à la persistance thérapeutique dans
la maladie dAlzheimer sont peu nombreuses. Elles comparent
majoritairement les différents traitements disponibles [36-38].
La persistance dun traitement anticholinestérasique à un an
semble significativement moins importante chez les plus de
80 ans. Par ailleurs, on retrouve une persistance significative-
ment plus marquée chez les patients pour lesquels un traite-
ment antidépresseur est présent au moment de lintroduction
dun traitement spécifique [39].
1
Les facteurs explicatifs de la persistance thérapeutique
apparaissent globalement liés à ceux de lobservance. Un
anticholinestérasique prescrit par le spécialiste, impliquant
les aidants, et étant bien toléré par le patient a toutes les
chances dêtre suivi dans le temps. Cela implique une prise
1
Les psychotropes nont pas deffet préventif sur la survenue des TCP. Il nest
pas recommandé de prescrire en première intention et sans évaluation préa-
lable un traitement par psychotrope, en particulier neuroleptique, en cas
dopposition, de cris, de déambulations.
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OBSERVANCE ET PERSISTANCE DU TRAITEMENT :PARTICULARITÉS DANS LA MALADIE DALZHEIMER
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