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systématique des bases de données bibliographiques en ligne; consultation progressive des ouvrages riches
en références bibliographiques; consultation systématique des collections de revues spécialisées sur ce
sujet ; b) l’élaboration d’un cadre d’analyse des travaux à analyser: prise en compte des critères d’analyse
élaborés antérieurement dans d’autres recherches ; c) l’analyse des données, c'est-à-dire l’analyse de
contenu et l’analyse descriptive.
2. Mémoire organisationnelle : une approche classique pour un concept encore
émergeant
Dans son acception courante, la notion de “mémoire organisationnelle” couvre l’ensemble des savoir et
savoir-faire en action (Barthes, 1999) mobilisés par les membres d’une organisation pour lui permettre
d’atteindre ses objectifs. L’actualité de ce concept résulte d’une prise de conscience d’un nombre important
d’organisations que les acquis cognitifs détenus par leurs membres constituent un capital immatériel qui
offre un immense avantage concurrentiel. Les approches existantes dans la littérature (El Louadi&Fourati,
2005) offrent une notion de mémoire organisationnelle qui varie en termes de contenu : informations pour
(Walsh&Ungson, 1991), connaissances pour (Stein, 1995), paradigmes pour (Wijnhoven, 1999),
compétences pour (Nonaka&Takeuchi, 1995). L'organisation considérée (Dieng et al., 2002) peut être une
entreprise ou un organisme public, mais elle peut également se restreindre à un département ou à un service
donné ; elle peut également consister en un groupe, une communauté, ou une entreprise virtuelle constituée
de membres provenant éventuellement de différentes entreprises, rassemblés pour un objectif commun (par
exemple, la réalisation d'un projet). (Ackerman&Halverson,2000) ont avancé l’idée de l’existence d’une
mémoire supra-individuelle, peut-être même de plusieurs mémoires, totalement distribuées entre plusieurs
individus et technologies.
La mémoire organisationnelle a été conceptualisée de différentes manières (Seville-Girod, 1996). C'est
pourquoi nous considérons qu’il est nécessaire de revenir aux définitions de la mémoire données dans les
premiers travaux sur la cognition organisationnelle. Selon (Cyert&March, 1967), la mémoire
organisationnelle est l'ensemble des procédures standards opérationnelles. D'après (Argyris&Schön, 1978),
(Weick, 1979), elle est un ensemble de cartes cognitives collectives. Pour (Van Heijst et al., 1996) elle est
une représentation explicite, persistante, et désincarnée des connaissances et des informations dans une
organisation. Selon (Muller, 1997) elle représente un ensemble de données collectives et des ressources de
connaissances d’une organisation. Pour (Polanyi, 1967 ;Dieng, 2002), la mémoire organisationnelle est un
ensemble de connaissances explicites (connaissances transmissibles dans un langage, qui peuvent être
énoncées, communiquées et capturées dans un écrit ou exposé, dans des documents, bases de données, etc.)
et tacites (connaissances connues sans en avoir conscience, difficiles à énoncer, formaliser et communiquer
par le langage).
Le développement d’une mémoire organisationnelle repose sur la volonté de préserver, afin de réutiliser les
raisonnements, les comportements, les connaissances, même en leur contradiction et dans toute leur variété
(Pomian, 1996). (Walsh&Ungson, 1991) considèrent que la mémoire organisationnelle ne se limite pas aux
mémoires humaines puisqu’elle s’étend aux archives, aux procédures de travail, à la structure
organisationnelle et à la culture de l’organisation. Dans leur modèle, (Walsh&Ungson, 1991) considèrent
que la mémoire organisationnelle vise six éléments: les individus, la culture, les transformations
organisationnelles, les structures, l’écologie organisationnelle et les archives externes (El Louadi,
2004 ;2008). (Ackerman, 1996) souligne le fait que les dépôts d’information tels que les manuels
d’utilisation, les bases de données, les systèmes d’archivage manuels et même les anecdotes devraient
également être inclus dans le construit d’une mémoire organisationnelle. Selon El Bortef, cité par (Dieng,
2002), on peut distinguer dans la structure d’une mémoire organisationnelle cette typologie des
connaissances: compétence (savoir-agir responsable et validé) ; savoirs théoriques (concepts, schémas,
connaissances disciplinaires, connaissances sur les processus, connaissances sociales, connaissances
organisationnelles, connaissances sur les produits/matériels) ; savoirs procéduraux ( « comment-faire »
pour une action) ; savoir-faire procéduraux (permettant, après l’entraînement d’apliquer lors de l’action les
méthodes, procédures connues grâce aux savoirs procéduraux); savoir-faire empiriques (comprenant les
leçons tirées de l’expérience pratique) et savoir-faire sociaux.
D’une façon presque générale, les concepts énumérés ci-dessus ont été proposés et utilisés dans d’autres
disciplines (sociologie, management et psychologie cognitive). L’utilisation d’outils informatiques pour
matérialiser une mémoire organisationnelle modifie intrinsèquement les approches et les structures