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RESUME
Les redéfinitions successives de l’autisme n’ont pas réduit l’étendue de son hétérogénéité
clinique. Cela limite les progrès dans la compréhension de ses fondements étiologiques, ainsi
que la mise en place de stratégies thérapeutiques ciblées. Pour remédier à cette complexité, il
faut pouvoir déterminer des sous-groupes étiologiques en décrivant l’ensemble des causes
majeures de l’autisme, puis prendre en compte les facteurs de risque génétiques et
environnementaux, au sein d’études épidémiologiques à grande échelle, et les associer à une
description phénotypique complète. La valeur des troubles concomitants à l’autisme est ici une
question complexe car leur fréquence est l’une de ses composantes essentielles. Nous faisons
l’hypothèse qu’ils constituent un meilleur indice étiologique que la clinique comportementale
du syndrome autistique.
Notre première étude explore ainsi les premiers signes d’inquiétude spontanée des parents
d’enfants autistes, à partir de 459 questionnaires ouverts. Elle indique que ceux-ci repèrent très
précocement un ensemble de symptômes comorbides d’apparition précoce (passivité, trouble
affectifs, hypotonie, trouble moteurs et symptômes comportementaux) qui devraient être inclus
dans la description d’un phénotype autistique complexe.
La seconde étude est une revue de la littérature reposant sur 85 publications. Elle liste
l’ensemble des facteurs de risque pré, péri et néonatals auxquels on assigne un effet significatif,
bien que modéré, sur l’autisme. Nous retenons la primiparité, l’âge parental, la transplantation
géographique d’un des deux parents, la césarienne programmée, la présentation par le siège, le
faible poids de naissance, la prématurité, l’hyper-bilirubinémie, le score d’APGAR bas, et les
encéphalopathies néonatales.
La troisième étude a permis de réaliser un descriptif détaillé de l’ensemble des causes majeures,
dans un échantillon clinique épidémiologique de 183 enfants présentant un autisme typique.
Les 36 diagnostics génétiques retrouvés représentent 58 % de l’ensemble des causes, ce qui
laisse une proportion significative de troubles neurodéveloppementaux d’origine
environnementale ou cryptogènique. La plupart des diagnostics sont rares et reflètent bien
l’hétérogénéité étiologique de l’autisme, sans qu’il soit exclu que certaines causes ne
convergent vers des mécanismes physiopathologiques communs.
Les différences cliniques, génétiques et environnementales que nous identifions entre l'autisme
syndromique (avec comorbidités) et non syndromique valident l’hypothèse que les
comorbidités contribuent à distinguer les étiologies et fournissent des informations pratiques