Mémoire et Apprentissages » par Jean Luc ROULIN

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12/01/2011
La mémoire ou les mémoires
développement et apprentissage
Sucrerie
Friandise
Confiserie
Récompense
Gourmandise
Enfant
Sucette
Réglisse
Caramel
Dragée
Laboratoire Inter‐universitaire
de Psychologie
La vie n’est pas celle que l’on a vécue mais celle dont on se souvient
Gabriel Garcia Marquez, 2006
Jean-Luc Roulin
Préambule
L’importance du thème de la mémoire dans nos sociétés peut paraître paradoxale alors que la technologie offre des substitues (des prothèses à la mémoire) de plus en plus efficace : écriture, vidéo et l’informatique. Pourquoi ?
 La mémoire (sa mémoire) est un facteur d’identité.
 Il existe, associées au vieillissement, des pathologies (ex. : maladie d’Alzheimer) conduisant à des troubles de mémoire qui sont vécues comme un danger.
 La mémoire semble associée à d’autres fonctions (apprentissage, intelligence, émotion, etc.)
Jean-Luc Roulin
1
12/01/2011
Préambule
Le terme de mémoire est souvent (toujours) utilisé au singulier alors qu’il recouvre des comportements très différents. La multiplicité des déclinaisons de ce terme ou des mots associés au terme de mémoire en est une illustration :
• Mémoire autobiographique, mémoire visuelle, mémoire flash, mémoire
prospective, mémoire déclarative, mémoire implicite, mémoire explicite,
mémoire de la source, mémoire des visages, mémoire à long terme,
mémoire à court-terme, mémoire de travail, mémoire eidétique, mémoire
photographique, mémoire absolue, mémoire auditive, mémoire
émotionnelle, mémoire de l’observateur, mémoire de champs, mémoire
sémantique, etc.
• Hypermnésie, amnésie antérograde, amnésie rétrograde, prosopagnosie,
amnésie psychogène, etc.
Jean-Luc Roulin
QUESTIONS ABORDÉES
PLAN
 Qu’est ce que la mémoire pour les chercheurs qui travaillent dans ce
domaine ?
 Les principales méthodes d’étude de la mémoire
 Les différentes mémoires ou comportements mnésiques
 Quelques lois de fonctionnement…
 Le développement de la mémoire chez l’enfant
 Mémoire, cognition et apprentissage
 Peut-on entrainer la mémoire ? Peut-on aider à mémoriser ?
 Pour conclure ?
Jean-Luc Roulin
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1. Préalable : définition La réflexion sur la mémoire est ancienne. Dans Théétète de Platon, à coté du modèle très imparfait de la cire on trouve celui d’une volière d’oiseaux de toutes sortes, les uns allant par bandes à part des autres, d’autres en petits groupes, et d’autres, isolés. (Théétète, 197d‐198a). La mémoire, dans ce modèle, est cette volière. Par analogie, ce modèle suppose qu’un souvenir doit être capturé (encodé), il faudra le retrouver ensuite parmi un nombre plus ou moins importants de souvenirs. Ce sera possible ou non (dépend de l’organisation de la volière, mais aussi du fait qu’il pourra avoir disparu ou changé (d’autant plus possible que le temps est important). Enfin de nouveaux souvenirs peuvent aussi se créer.
Ce modèle, plus élaboré que celui de la cire, est encore très imparfait et incorrect, mais on retrouve des notions importantes concernant la mémoire….
1. Préalable : définition La mémoire correspond à l’expression (actualisation) dans le comportement présent d’une information à laquelle on a été confronté antérieurement (ce n’est pas le souvenir !)
Acte de mémoire : 3 phases
Encodage
volontaire
involontaire
maintien
restitution
consolidation
transformation
directe/explicite
indirecte/implicite
Efficacité mnésique ou la non efficacité mnésique peut provenir de déficit d’encodage, des mécanismes assurant le maintien et la transformation des informations maintenues et enfin des mécanismes en jeu lors de la récupération ou la restitution.
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QUESTIONS ABORDÉES
PLAN
 Qu’est ce que la mémoire pour les chercheurs qui travaillent dans ce
domaine ?
 Les principales méthodes d’étude de la mémoire
 Les différentes mémoires ou comportements mnésiques
 Quelques lois de fonctionnement…
 Le développement de la mémoire chez l’enfant
 Mémoire, cognition et apprentissage
 Peut-on entrainer la mémoire ? Peut-on aider à mémoriser ?
 Pour conclure ?
Jean-Luc Roulin
2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Deux groupes de méthodes
Les méthodes directes
Les méthodes indirectes
Méthodes dans lesquelles
Les personnes réalisent une
les consignes font
tâche sans référence à un
explicitement référence à un
événement précédent. La
événement particulier.
mémoire se manifeste alors par
une modification des
performances conditionnée par
l’événement antérieur.
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2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Remarque : principales techniques d’évaluation des connaissances à l’école
 Rappel indicé
‐ couples associés
‐ complétions
 Rappel libre
 Rappel ordonné
 Reconnaissance
Mémoire explicite : tâches dans lesquelles on a conscience de
récupérer une information présentée
antérieurement.
Exemples
2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Exemple 1 : le rappel libre
Pourcentage de rappel
100%
Effet de
récence
Effet de
primauté
80%
un effet classique
60%
effet de position sérielle
40%
20%
20
18
16
14
12
8
10
6
4
2
0%
Position des mots dans la série d ’encodage
Délai avant le rappel, modifie l’effet de primauté, la cadence de présentation et la longueur de la liste à apprendre agissent sur l’effet de primauté, etc.
Dans une situation de rappel libre plusieurs mémoires sont impliquées
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2. Les méthodes d’étude
introduction
directes
indirectes
méthodes
2. Les méthodes d’étude
60%
40%
20%
0%
=
=
Comparer le nombre d’essais nécessaires pour réaliser deux apprentissages identiques décalés dans le temps.
Tâche : apprentissage de syllabes sans signification
80%
=
Introduite par Ebbinghauss
100%
=
Il s’agit d’une des méthodes d ’étude de l’oubli.
Pourcentage d ’économie
Exemple 2 : méthode d ’économie
2022,3
40
00,11,
3,41H
4,55,66,77,88,99,
10
10
11
11
12
12
13
13
14
14
15
15
16
16
17
17
18
18
19
19
20
20
21
21
22
22
23
23
24
24
25
25
26
26
27
27
28
28
29
29
30
30
31
31
32
33
34
34
35
35
36
36
37
8H
24H
48H
532
j 33
31j
5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 ,5,5,5,5,5 ,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5,5
Délai avant le réapprentissage
Courbe caractéristique d’oubli. Attention, cette forme est toujours vraie (fonction puissance) mais ces paramètres varient en fonction de la nature des connaissances et le niveau initial de performance. introduction
méthodes
directes
indirectes
Très nombreuses (un exemple)
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Lire le plus rapidement possible ce texte
lA8petite8Fille8poUvait8courir8plus8viTe8que
8son8PETit8frère.8CraqUER8une8ALLUmette,
8soulevER8la8trappe8Et8pARTir.8Elle8dEVait
8donc8poUVOir8s’échapper8mAis8elle8fut8s
uRPRISe8d’entendre8daNs8la8caverne8DEs8
sons8NOUVeaux.8Elle8s7arrêta8et8fRONça8l
es8soUrcils.8Le8beau8sOurire8!
Compléter ces trigrammes
pou………………
vir ………………
sou ………………
cra ………………
cav ………………
pir ………………
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2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Exemple 1 est ce qu’on appelle une situation d’amorçage (priming)
Phase 1 : phase d’étude sans consigne de mémorisation.
Phase 2 : on évalue l’effet de cette phase sur une tâche
identique ou différente (sans consigne de rappel).
2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Autre exemple d’effet d’amorçage
Avion
Temps de dénomination
900 ms
?????
???
Avion
Temps de dénomination
800 ms
Gain de temps qui peut être observé même si on n’a plus le souvenir de l’événement précédent
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2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Dernier exemple
Indications électro‐physiologiques de la présence de connaissances implicites
Performances à un test de reconnaissance de TR et d’un groupe témoin
2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Les tests indirects mesurent la mémoire implicite
Mémoire implicite : ne requière pas une récupération consciente ou
intentionnelle.
> Les patients amnésiques ont (auraient) des performances préservées dans les tâches de mémoire implicite (tâches d’amorçage).
> Le vieillissement touche moins la mémoire implicite. Il y aurait aussi peu d’évolution des performances en mémoire implicite chez l’enfant.
En fait, la récupération en mémoire lors des tests indirects serait dirigée par les données (guidée par l’information présentée) et automatique. Pour les tests directs la récupération en mémoire serait guidée par les concepts, et non automatique (demande un effort attentionnel).
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2. Les méthodes d’étude
introduction
méthodes
directes
indirectes
Les méthodes d’études montrent que la mémoire est multiple, on ne peut parler de « loi » de l’oubli ou de « loi » de l’apprentissage au singulier. Un patient amnésique montre des effets d’amorçage ou des capacités d’apprentissage même si explicitement il oublie au fur et à mesure.
Pour étudier la mémoire il faut comprendre ces différents aspects et les différents mécanismes intervenant dans les comportements mnésiques. Il existe des lois générales d’apprentissage spécifiques ou modulées selon que l’on interroge un aspect ou un autre de la mémoire.
QUESTIONS ABORDÉES
PLAN
 Qu’est ce que la mémoire pour les chercheurs qui travaillent dans ce
domaine ?
 Les principales méthodes d’étude de la mémoire
 Les différentes mémoires ou comportements mnésiques
 Quelques lois de fonctionnement…
 Le développement de la mémoire chez l’enfant
 Mémoire, cognition et apprentissage
 Peut-on entrainer la mémoire ? Peut-on aider à mémoriser ?
 Pour conclure ?
Jean-Luc Roulin
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3. Les différentes mémoires
Encodage
RIS
maintien
MCT MDT
MLT
restitution
volontaire
involontaire
directe
indirecte
trois types ou trois niveaux de la mémoire
RIS
MCT
MLT
MDT
3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
MCT = Mesurée par la capacité de reproduction littérale explicite d’une information qui vient d’être perçue. Le délai entre encodage et rappel dans les tâches de MCT n’excède pas 30 secondes et la présentation du matériel est unique.
Pendant très longtemps a été étudiée comme un système ayant des caractéristiques spécifiques et distinctes de la MLT.

Les arguments étaient la sensibilité différentielle des effets de
récence et de primauté à des variables expérimentales (délai
avant le rappel, activité pendant le maintien, familiarité des mots,
etc.).
100%

80%
Donnée de la neuropsychologie
(les cas HM et KF).
60%
40%
20%
0%
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Principales mesures : l ’empan progressif
Empan de chiffres
On présente une série de 2 chiffres à répéter dans l’ordre. En cas de réussite, on présente une nouvelle série de chiffres de complexité supérieure et ainsi de suite. Item de niveau 2 : 4 – 1
Item de niveau 3 : 5 – 2 – 8 Item de niveau 4 : 3 – 1 ‐ 9 – 5 Item de niveau 5 : 2 – 4 – 1 – 8 – 6
Item de niveau 6 : 3 – 7 – 1 – 5 – 4 – 9
MCT verbale
3. Les différentes mémoires
Blocs de Corsi
On touche un nombre prédéfini de cubes suivant une séquence particulière qui doit être parfaitement reproduire. Comme pour les empans de chiffres, on présente des séries d’une complexité croissante (2, blocs ; 3 blocs, etc.) .
MCT visuospatiale
RIS
MCT MDT
MLT
Caractéristiques
CAPACITE
- on affirme souvent 7±2 : faux
dépend de la nature du matériel et de ces caractéristiques physiques ou
sémantiques (exemple : 1 - 4 - 9 - 2 - 1 - 7 - 7 - 6).
DUREE
- Environ 20 secondes, si l’on empêche le sujet de mettre en place des stratégies
de rafraîchissement de l’information.
OUBLI
- Résultat d’un déclin progressif (passif) de l’information (contrairement à la
MLT) où l ’oubli aurait pour cause des phénomènes d’interférence (ceci est
très discuté dans la littérature).
RECUPERATION
- Par un mécanisme de recherche exhaustif (balayage mental).
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3. Les différentes mémoires
MCT MDT
RIS
MLT
On a supposé pendant longtemps que l ’empan (donc les capacités de la MCT) était en relation avec l ’intelligence
Ors, il n ’y a pas de relation nette et importante
entre l ’empan et l ’intelligence.
La MDT
Capacité à maintenir de l’information à court‐terme pendant la réalisation d’une tâche complexe.
3. Les différentes mémoires
MCT MDT
RIS
MLT
MDT = La capacité à maintenir de l'information pendant la réalisation d'un activité cognitive complexe.
Tâches de MCT
PRESENTATION
+
MAINTIEN
+
RAPPEL EXPLICITE
Tâches de MDT
PRESENTATION
+
MAINTIEN
+
RAPPEL EXPLICITE
+
Une activité
cognitive
complexe
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3. Les différentes mémoires
MCT MDT
RIS
MLT
Tâches de MDT = de très nombreuses variantes ‐ Empan envers [3 7 9 5 6 ] ‐> 6 5 9 7 3
‐ Empan opération :
5 + 9 = 15 8 ‐ 2= 6 7 x 3 = 21 (V ‐ F) ‐ B
(V ‐ F) ‐ A
(V – F) ‐ F
‐ Running verbal (chiffres) (tâche de mise à jour)
3 1 8 9 2 5 7 6 (rappeler les 4 derniers : 2 5 7 9)
(la longueur de la série change d ’un essai à l ’autre)
voir
‐ Running spatial (idem au verbal)
‐ Autre tâche de mise à jour 9 3 6 8 2 6 4 2 4 8 5 4 2 ……
3. Les différentes mémoires
voir
MCT MDT
RIS
MLT
Tâches de MDT = de très nombreuses variantes Epreuve Flèche
Empan de comptage
Empan double
lait
rage
(i) Compter les points rouges sur i pages.
(ii) Rappeler ensuite le nombre des points
rouges sur chacune des pages.
(i augmente varie d ’un essai à l ’autre)
ciel
voie
main
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Fonctions de la MDT et MCT
MDT [MCT])
1. Impliquée au quotidien, la MDT met en œuvre des composantes
essentielles du système cognitif. Il existe de nombreux modèles
de fonctionnement de la MCT et de la MDT.
2. Capacité de la MDT est limitée (nombre d’informations, durée).
3. Contrairement à ce que l’on peut lire parfois, la MCT ou la MDT
n’est pas une étape entre RIS et MLT.
MCT
RIS
MLT
MDT
4. Les performances dans les tâches de MDT comme les
mécanismes impliqués seraient en relation étroite avec Gf.
3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Les modèles
Diversité des définitions/modèles
Baddeley‐Hitch
Logie
Daneman‐Carpenter
Farah‐Kimberg
Engle
Cowan
Pascual‐Leone
Case
Schneider
Lovett
Young‐Lewis
…
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Baddeley (modèle de 2000)
Le composant le mieux connu de ce système chez l’enfant comme chez l’adulte, reste la boucle phonologique, dont le dysfonctionnement serait un prédicteur de l’acquisition de la lecture (entre autre).
3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Randall W. ENGLE et Coll. – MDT et cMDT (WMC)
Les tâches de Mémoire de travail impliquent :
MDT
•
•
•
l’activation d’une partie de la MLT
des processus pour activer et maintenir ces informations
et enfin un composant exécutif attentionnel (« executive attention »).
Capacités
attentionnelles
EMPAN MNESIQUE
Activités Cognitives Complexes
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
 Ce n’est pas les capacités mnésiques, ni l’efficacité des traitements
qui peuvent « expliquer » les corrélations avec les activités
cognitives complexes mais essentiellement cette composante
attentionnelle.
 Les différences interindividuelles sur les tâches de MDT reflètent des
différences qui correspondent au contrôle attentionnel volontaire.
Exemple :
écoute dichotique, 65% des low span
et 20% des high span entendent leur
nom.
3. Les différentes mémoires
Encodage
RIS
maintien
volontaire
involontaire
MCT MDT
MLT
restitution
directe
indirecte
trois types ou trois niveaux de la mémoire
RIS
MCT
MLT
MDT
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
MLT
Rend compte de nos capacités de stockage quasi‐
permanentes et quasi‐illimitées mises en évidence dans nos comportements quotidiens (elle comporte des informations dont la disponibilité n'est pas, en principe, limitée par la durée de l'intervalle de rétention).
CE QU’IL FAUT SAVOIR CEPENDANT
3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
 La notion de mémoire permanente est un raccourci (actuellement la majorité des psychologues et neurobiologistes pense qu’il peut exister une véritable perte d’information au cours du temps).
 Par ailleurs on ne pense plus qu’il y a stockage véritable de chaque moment du passé, information que l’on « retrouverait ». Les éléments seraient totalement ou partiellement distribués et les « engrammes » évoluent au cours du temps ce qui explique la formation de faux souvenirs ou la transformation des souvenirs avec le temps.
 Enfin les psychologues distinguent plusieurs types de comportements mnésiques en MLT et on ne devrait pas parler de la MLT.
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Mémoire à long terme
Mémoire non déclarative
ou procédurale
Mémoire déclarative
Savoir que
Mémoire
épisodique
Mémoire
sémantique
Savoir faire
‐ Habilités motrices ou perceptives
‐ Routines comportementales
‐ Amorçage perceptif et sémantique
‐ Conditionnement classique et opérant
Seule la mémoire déclarative et la mémoire procédurale pourraient
correspondre réellement à des systèmes distincts. La rapidité
d’acquisition de ces deux formes de connaissance est différente.
3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Exemple de tâche de mémoire procédurale
Tâche : appuyer sur un bouton quand une
étoile apparaît. A l’insu de la personne,
certaines séquences de points ne sont pas
aléatoires.
Pour ces séquences au bout d’un certain
temps, on répond plus vite.
Apprentissage implicite uniquement
*
*
Ce type d’apprentissage est possible avec certains patients amnésiques mais difficile voir impossible lorsque des structures sous corticales (ganglions de la base) sont lésées.
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Mémoire sémantique et mémoire épisodique
K.C. (Tulving, 1989): cas de dissociation de la mémoire sémantique et épisodique ‐ à 30 ans, accident de moto, devenu incapable de se rappeler des événements quels qu'ils soient; ne connaissait pas son passé et ne pouvait pas non plus anticiper l'avenir; savait jouer aux échecs mais ne pouvait se rappeler aucun match précis qu'il avait joué; savait que sa famille avait une maison de campagne et où elle était située mais ne pouvait se rappeler aucun des week‐ends qu'il y avait passés; savait qu'il avait une voiture mais ne pouvait se rappeler aucun voyage qu'il avait fait à bord de sa voiture
HM (1926 ‐ 2008), un jeune homme qui a subi en 1953 une lobectomie temporale bilatérale dans le but de contrôler ses crises épileptiques. Il est incapable de se rappeler quoi que ce soit de sa vie. En 1986 il croyait qu’il vivait toujours avec sa mère, alors qu’elle était décédée en 1977. HM a montré une amélioration très importante de sa performance à une tâche de dessin en miroir, malgré son impression d’y être soumis à chaque fois pour la première fois
3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Modèle structural hiérarchique
TULVING, 1994
SYSTÈMES MNÉSIQUES
ÉPISODIQUE
CONSCIENCE
Mémoire autonoétique
(connaissance de soi et de son identité)
Mémoire à court terme ou
mémoire de travail
SÉMANTIQUE
(connaissance générale du monde)
Mémoire noétique
(connaissance du monde)
Système de représentations perceptives
(amorçage perceptif)
PROCÉDURALE
(habileté - conditionnement)
Mémoire anoétique
(sans prise de conscience)
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3. Les différentes mémoires
RIS
MCT MDT
MLT
Organisation des informations en mémoire
rue
Modèle spécifique
de la mémoire sémantique
véhicule
voiture
bus
SAT de Collins et Loftus
(ou Spreading Activation
Theory of semantic processing)
camion
ambulance
voiture de
pompier
vert
maison
feu
rouge
jaune
orange
lever de
soleil
coucher
de soleil
nuages
concept d'activation diffusante
QUESTIONS ABORDÉES
PLAN
 Qu’est ce que la mémoire pour les chercheurs qui travaillent dans ce
domaine ?
 Les principales méthodes d’étude de la mémoire
 Les différentes mémoires ou comportements mnésiques
 Quelques lois de fonctionnement…
 Le développement de la mémoire chez l’enfant
 Mémoire, cognition et apprentissage
 Peut-on entrainer la mémoire ? Peut-on aider à mémoriser ?
 Pour conclure ?
Jean-Luc Roulin
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12/01/2011
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Oubli
Acquisition‐Maintien
Anderson, 1981. Tâche d’apprentissage de paires mots‐chiffres. LA RÉPÉTITION
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
INTENTIONNALITÉ
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
100
% rappels corrects
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
80
60
40
20
0
1
2
3
4
5
Nombre de répétitions
6
7
Le nombre de cycles d ’apprentissage est souvent plus important pour les connaissances procédurales. Pour les apprentissages explicites la répétition permet la réorganisation de l’information.
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
A savoir cependant sur la répétition
LA RÉPÉTITION
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
Effet de la pratique du rappel. Le fait de réussir à rappeler un item améliore le souvenir ultérieur (de façon supérieure à ce que ferait une nouvelle présentation).
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
INTENTIONNALITÉ
SOMMEIL
Le nombre de répétions n’est pas proportionnel à la qualité du rappel (Ebbinghaus)
Nombre de syllabes
Nombre de répétions
nécessaire pour le rappel
7
2
12
16
ÉLABORATION
16
PRODUCTION
24
44
36
65
X 2
30
X 2,75
Il est plus facile d’apprendre deux fois 12 mots que 24 mots
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4. Lois de fonctionnement de la mémoire
LA RÉPÉTITION
Acquisition‐Maintien
Oubli
Loi générale 1 : un apprentissage distribué est meilleur
qu’un apprentissage massé.
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
« vous ne seriez qu ’un sot si vous appreniez en un seul lot » Bjork, 1988
Les raisons sont probablement neurochimiques.
INTENTIONNALITÉ
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
Loi générale 2 : Effet d ’espacement. Un item isolé est mieux appris si ses présentations successives sont éloignées dans le temps (même si l ’intervalle qui les sépare est rempli d ’autres items).
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
LA RÉPÉTITION
ORGANISATION
INTENTIONNALITÉ
Président de la république
rapidité d’accès
SUR‐APPRENTISSAGE
Oubli
La disponibilité d’une information dépend de sa fréquence d’utilisation
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
L’UTILISATION
Acquisition‐Maintien
2ème homme qui a
marché sur la lune
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
Fréquence du rappel/apprentissage
Cette loi est vraie quel que soit l ’apprentissage, mais sa forme varie en fonction de la nature de l’apprentissage et des conditions de l’apprentissage.
23
12/01/2011
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
LA RÉPÉTITION
50
L’UTILISATION
40
100%
% retenu
ORGANISATION
0%
20
10
SOMMEIL
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9 10 11 12 13 14
Nb jours après apprentissage
ÉLABORATION
Exemple : si pour maîtriser l’apprentissage d’une liste de mots il faut 4 lectures alors 6 lectures correspondra à un sur‐
apprentissage de 50%.
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
LA RÉPÉTITION
50%
30
INTENTIONNALITÉ
PRODUCTION
Oubli
Le sur‐apprentissage est utile uniquement pour mémoriser à plus long terme.
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
SUR‐APPRENTISSAGE
Acquisition‐Maintien
Acquisition‐Maintien
Oubli
L’organisation du matériel est essentielle
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
 Un matériel organisé est plus facile à retenir.
 Un sujet organise spontanément le matériel (en
fonction des connaissances initiales).
ORGANISATION
INTENTIONNALITÉ
 Les consignes d’organisation facilitent les
apprentissages.
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
24
12/01/2011
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Oubli
Acquisition‐Maintien
Hyde et Jenkins (1969)
LA RÉPÉTITION
Mémoriser 24 mots
16
Compter nb de lettres
10
Détecter la présence de E
09
Juger caractère plaisant/déplaisant des mots
16
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
INTENTIONNALITÉ
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
Apprendre
L’intention n’est
pas nécessaire.
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
LA RÉPÉTITION
L’attention est
nécessaire.
demande des efforts
Acquisition‐Maintien
Oubli
On n’apprend pas en dormant mais on apprend pas sans sommeil
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
Toutes les expériences montrent que pour apprendre il faut un minimum d’attention (mais il n’y a pas obligatoirement intention). On n’apprend donc pas en dormant. L’apprentissage est d ’autant plus faible que l ’attention est répartie sur plusieurs tâches.
INTENTIONNALITÉ
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
Par contre on peut apprendre sans prise de conscience et le sommeil à un rôle dans la consolidation des connaissances
25
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4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Théorie de Craick et Lockhart
LA RÉPÉTITION
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
Élaboration ou profondeur de traitement
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
 Il existe une mémoire primaire dont la fonction est
de répéter l ’information.
 Il existe 2 formes de répétition :
INTENTIONNALITÉ
SOMMEIL
ÉLABORATION
- la répétition de maintenance (traitement de
surface, maintien l ’information en état »)
- la répétition constructive (traitement en
profondeur).
PRODUCTION
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Exemple : la répétition mentale d’élaboration
(Eysenck, 1974)
LA RÉPÉTITION
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
INTENTIONNALITÉ
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
Nb de mots rappelés
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
24
21
18
Jeunes
Agés
15
12
9
6
3
0
Nombre de lettres
Rime
Adjectif
Image mentale
Stratégie d’encodage
L’apprentissage est meilleur si le traitement « est profond » c’est à dire s’il implique des mises en relation avec des connaissances acquises (associations sémantiques).
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4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Être actif est plus efficace. LA RÉPÉTITION
MASSÉ‐DISTRIBUÉ
L’UTILISATION
SUR‐APPRENTISSAGE
ORGANISATION
Exemple : Taconnat et Isingrini (2004) Des participants doivent apprendre le second mot de couples de mots sémantiquement liés (carotte‐poireau) ou phonologiquement liés (carotte‐capote).
Phase d’apprentissage (40 paires de mots)
 condition lecture = simple lecture
 production : compléter (CAROTTE‐POIR___)
70
SOMMEIL
ÉLABORATION
PRODUCTION
% rappels corrects
INTENTIONNALITÉ
Lecture
Production
60
50
40
30
20
10
0
Sémantique
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Phonologique
Acquisition‐Maintien
Oubli
rapidité d’accès
a. La fonction puissance de l’oubli
La probabilité de rappel
d’une information diminue en
fonction du temps écoulé
depuis sa dernière utilisation
Cette loi de puissance est vraie quel que soit l ’apprentissage, mais sa forme varie en fonction de la nature de l’apprentissage et des conditions d’apprentissage et du type de mémoire (déclarative ou procédurale)
Les langues étrangères : un oubli initial rapide (sur
2 ans) puis très lent. Cet oubli dépend du niveau
initial dans la langue. Globalement les
performances restent cependant assez élevées (on
parle parfois de permastore)
Les savoir-faire complexes.
Temps écoulé depuis la dernière
utilisation
Absence d’oubli pour le savoir-faire moteur avec
boucle de retro-action continu (conduite, vélo, etc.).
Par contre ce n’est pas le cas pour les autres savoirfaire (dactylographie, gestes de secourisme...).
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4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
b. Les causes de l’oubli (causes non pathologiques)
Déclin de la trace. Les informations s’effacent progressivement (hypothèse très discutée).
Transformation : les traces mnésiques sont constamment transformées.
Exercice
En essayant de vous remémorer la liste de mots que vous avez lu au début de la conférence. Pouvez‐vous en reconnaitre parmi les mots suivants ?
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
char d’assaut sucrerie
friandise
bonbon
mammouth
enfant
gourmandise
douceur
anis
réglisse
sirop
Sucrerie
Friandise
Confiserie
Récompense
Gourmandise
Enfant
Sucette
Réglisse
Caramel
Dragée
1. La mémoire n ’est pas passive (élaboration mnésique ‐ reconstruction)
2. La mémoire oublie ou transforme (fausses reconnaissances, faux rappels)
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Exemple de faux souvenirs ou de témoignage sous influence (travaux E. Loftus)
Exemple 1. On présente une séquence de photos dans laquelle un piéton est renversé par une voiture verte (pas d’arrêt de la voiture au passage piéton). Série de 12 questions. Pour un groupe de personne, la 10ème question mentionne une voiture bleue.
Lors d’une séance ultérieure on demande la couleur de la voiture : ceux du premier groupe mentionnent plus fréquemment qu’elle est bleue !
Autres exemples. Présentation d’un film d’un accident (choc entre une voiture et un mur). On demande ensuite d’estimer la vitesse mais avec des termes qui induisent plus ou moins la notion de vitesse (emboutir, heurter, entrer en contact, collision, etc.).
Résultats. La vitesse estimée dépend de la formulation de la question. De plus, une semaine après, la mention de présence de bris de verre est liée à la question posée.
Exemple de faux souvenirs ou de témoignage sous influence (travaux E. Loftus)
Le souvenir est combiné aux connaissances générales et aux croyances et peut être donc partiellement ou totalement erroné
• Tout ce passe comme si, lorsque une nouvelle information pas trop
différente de l’information initiale réactive l’événement, la nouvelle
information produit un recodage.
• A la suite de ce recodage il devient très difficile de distinguer dans le
souvenir récupéré ce qui est l’information d ’origine et ce qui a été
ajouté ou transformé.
• Le niveau de confiance dans un souvenir erroné est aussi élevé que
celui lié à un souvenir exact. Il est donc impossible de distinguer un
souvenir exact et un souvenir erroné.
• La probabilité de modification d’un souvenir augmente avec le
temps.
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4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
b. Les causes de l’oubli (causes non pathologiques)
Déclin de la trace. Les informations s’effacent progressivement (hypothèse très discutée).
Transformation : les traces mnésiques sont constamment transformées.
L’interférence. Proactive ou rétroactive. Interviendrait plus spécifiquement sur la mémoire épisodique. Pour certains auteurs l ’interférence joue sur les indices de récupération.
Oubli par échec de la récupération. Le plus souvent, les théories sont « contextualistes », c’est‐à‐dire qu’elles expliquent l'oubli par l'incompatibilité entre les conditions contextuelles d'encodage et de récupération.
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Exemples : les effets de contexte
On distingue 3 types de contextes
Les contextes externes :
Les contextes internes :
Le contexte intrinsèque :
informations sans rapport avec la tâche mais présentent dans l’environnent.
informations non pertinentes mais caractérisant l ’état physiologique du sujet.
dans une liste de mots, les mots de la liste définissent/induisent un contexte de présentation de chacun des mots.
On interprète l’oubli comme une incompatibilité entre les conditions contextuelles d’encodage et les conditions de récupération.
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4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Les effets de contexte : exemple 1
Contexte d ’apprentissage
(Godden et Baddeley 1975)
Cet effet est vrai en rappel
mais pas en reconnaissance
50
Pourcentage de mots correctement rappelés
Effet du contexte sur le
rappel d ’une liste de mots
Plage
Eau
40
30
20
10
0
Plage
Eau
Contexte lors du rappel
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Les effets de contexte : exemple 2
Manipulation de l’imprégnation alcoolique
Tâche : rappel d’une liste de mots
Conditions :
‐ encodage : imprégné ‐ non imprégné
‐ rappel : imprégné ‐ non imprégné
Le contexte interne peut avoir un effet en produisant des indices inhabituels lors de l’encodage « imprégné »
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4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Les effets de contexte : exemple 3
Un effet de contexte peut être produit par la propre élaboration du matériel par le sujet lors de l’encodage. Par exemple : si dans une liste de phrase à apprendre vous avez la phrase :
…..
Le poisson attrape le nageur.
……
Lors du rappel, l’indice requin sera plus efficace que l’indice
poisson.
.
4. Lois de fonctionnement de la mémoire
Acquisition‐Maintien
Oubli
Les effets de contexte : exemple 4
Se retrouver physiquement dans le même environnement….
Encodage
Rappel
Score
Salle très claire accueillante
Même contexte
18 mots
Salle très claire accueillante
Environnement différent
12 mots
Salle très claire accueillante
Environnement différent + « consigne » = se souvenir du contexte initiale (image mentale)
17 mots
… n‘est pas obligatoire. Prendre le temps d’évoquer le contexte d’encodage est suffisant.
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12/01/2011
QUESTIONS ABORDÉES
PLAN
 Qu’est ce que la mémoire pour les chercheurs qui travaillent dans ce
domaine ?
 Les principales méthodes d’étude de la mémoire
 Les différentes mémoires ou comportements mnésiques
 Quelques lois de fonctionnement…
 Le développement de la mémoire chez l’enfant
 Mémoire, cognition et apprentissage
 Peut-on entrainer la mémoire ? Peut-on aider à mémoriser ?
 Pour conclure ?
Jean-Luc Roulin
5. Le développement de la mémoire
 Le développement de la mémoire est encore peu étudié et nécessite des méthodes différentes en fonction de l’âge (avant 2 ans, petite enfance et après 7‐8 ans). L’enfant dispose de capacité de mémorisation dès le 1er jour, mais les caractéristiques de la mémoire ne sont pas encore celles que l’on observera plus tard.
 Avant 5 ans, les travaux actuels montrent que les enfants se souviennent de plus de choses qu’ils ne peuvent verbaliser et cette verbalisation peut interférer avec le souvenir => capacité à se souvenir et la capacité à communiquer son souvenir.
 Après 5 ans la verbalisation prend encore du temps et peut encore interférer avec le rappel. Études qui montrent que si on laisse plus de temps, le rappel est meilleur.
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5. Le développement de la mémoire
 La mémoire explicite, mesurée par des tests de rappel (MLT, MCT ou MDT), est celle qui se développe le plus entre 3 et 20 ans pour la MLT.
 Pour la mémoire implicite (comme le complètement de dessins dégradés) on observe des performances stables au travers des âges (Perruchet et al., 1995; Meulemens et al., 1998).
Le même phénomène se vérifie lorsqu'on regarde les effets du vieillissement cognitif
5. Le développement de la mémoire
 Le développement n’est pas nécessairement linéaire
Les performances augmentent de 2 à 14 ans et évoluent peu ensuite
Empan chiffre
Orsini et collaborateurs (1986)
Empan spatial
Exemple : développement de la MCT
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5. Le développement de la mémoire
 Comment on explique l’augmentation des performances mnésiques avec l’âge ?
1. Développement et la maturation cérébrale.
On admet que si l’ensemble du cerveau contribue à la mémorisation, les différentes structures contribuent d’une façon différente à l’encodage, au maintien (consolidation) et à la reconstruction (récupération) de l’ensemble des souvenirs. Deux structures ont néanmoins un rôle essentiel (mémoire explicite) le circuit de Papez et plus particulièrement système limbique avec l’hippocampe mais aussi le lobe frontal dont le développement est tardif.
5. Le développement de la mémoire
 Comment on explique l’augmentation des performances mnésiques avec l’âge ?
1. Développement et maturation cérébrale
2. Automatisation des traitements qui permet d’allouer plus d’attention au stockage (mémorisation)
3. Augmentation des connaissances sur le monde
 matériel plus familier
 rôle de l’expertise
4. Changement de la manière de traiter l’information
5. Mise en place de stratégie(s) de mémorisation (métaconnaissances)
 Répétition mentale en MCT vers 6‐7 ans
 Organisation de l’information
 Élaboration
 Etc.
6. Développement des métaconnaissances
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QUESTIONS ABORDÉES
PLAN
 Qu’est ce que la mémoire pour les chercheurs qui travaillent dans ce
domaine ?
 Les principales méthodes d’étude de la mémoire
 Les différentes mémoires ou comportements mnésiques
 Quelques lois de fonctionnement…
 Le développement de la mémoire chez l’enfant
 Mémoire, cognition et apprentissage
 Peut-on entrainer la mémoire ? Peut-on aider à mémoriser ?
 Pour conclure ?
Jean-Luc Roulin
6. Peut‐on entrainer la mémoire ? Aider à mémoriser ?
Entrainer
Aider
La mémoire n’est pas un muscle que l’on peut entraîner et qui va augmenter.
Exemple
Après plus de 200 heures d’entraînement, deux étudiants avaient réussi à augmenter leur empan mnésique classique de 7 chiffres à plus de 80 chiffres. Au cours d’une série de tests, un des étudiants est capable de reproduire, après une lecture à haute voix (1 chiffre par seconde). la série suivante “ 1518593765502157841665850612094885686772731418186105462974801
294974965928 ”
mais
Cette performance exceptionnelle n’est pas généralisée puisque dans le cas d’un empan de lettres la performance des étudiants restait à 6‐7.
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6. Peut‐on entrainer la mémoire ? Aider à mémoriser ?
Entrainer
Aider
La mémoire n’est pas un muscle que l’on peut entraîner et qui va augmenter
On n’entraîne pas la mémoire mais on peut améliorer les performances :
 En apprenant des méthodes de mémorisation (coûteuses mais
efficaces).
 En faisant prendre conscience de l’importance des stratégies
d ’encodage.
 En exerçant et apprenant à mobiliser son attention (ce qui
augmente avec l’âge ce sont justement ces capacités
attentionnelles).
 En apprenant des stratégies de récupération pour améliorer le
rappel explicite (apprendre à rechercher des indices).
 En organisant l’information
 …..
6. Peut‐on entrainer la mémoire ? Aider à mémoriser ?
Entrainer
Aider
 LES PROCEDES MNEMOTECHNIQUES
On en distingue trois types
Par réduction du codage : phrase mnémotechnique, etc.
Par enrichissement de l ’information
- codage élaboratif (exemple : la méthode des crochets)
- enrichissement du stimuli (imagerie, rime, etc.)
Par aide externe : méthode de l’indiçage direct ou indirect.
Attention
• Ils sont toujours coûteux (effort important).
• Aide au rappel mais les apprentissages scolaires les connaissances doivent être utilisées.
• Ces procédés ne sont pas efficaces pour les connaissances non déclaratives (exemple apprentissage d’une langue, résolution de problème, etc.).
• Ils sont spécifiques à un matériel.
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6. Peut‐on entrainer la mémoire ? Aider à mémoriser ?
Entrainer
Aider
 UTILISER LES CONNAISSANCES SUR LES LOIS DE LA MEMOIRE
1. Favoriser l’attention
• Méthode = une attitude active
 Exemple : lire plus efficace qu’écouter
 Faire produire la réponse et pas uniquement la répéter
 Etc.
2. Organiser les connaissances
• Organiser le matériel
• Faciliter la mise en réseau des connaissances en reliant une notion nouvelle à des connaissances préexistantes.
• Exemples :  ne pas cherchez à savoir si un élève comprend mais demander « Est‐ce que cela te fait penser à quelque chose que tu connais déjà ? »
 « Un schéma vaut mieux qu'un long discours » ! Certaines illustrations sont simplifiées et codées, comme les cartes ou les diagrammes. L'utilisation de schémas, diagrammes, organigrammes, est un procédé très classique qui permet de visualiser une organisation (Lieury, 1997. 2005).
6. Peut‐on entrainer la mémoire ? Aider à mémoriser ?
Entrainer
Aider
 UTILISER LES CONNAISSANCES SUR LES LOIS DE LA MEMOIRE
3. Mnémotechnie
• Dans certains cas utiliser la méthode des acrostiches
Exemple : Me Voilà Tout Mouillé, Je Suis Un Navigateur Pressé = Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. 4. La répétition
• Elle reste une technique indispensable pour l’apprentissage et le surapprentissage. Active et élaborative c’est encore mieux.
5. On mémorise ce mieux « ce qui sera utile à » 6. Aider à découvrir les stratégies de mémorisation
• en faire un jeu – travailler sur ce qui aide à mémoriser, etc.
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6. Peut‐on entrainer la mémoire ? Aider à mémoriser ?
Aider
Entrainer
7. Multiplier les codages • Attention un texte illustré n’est pas obligatoirement plus facile. Les illustrations sont efficaces seulement si elles sont pertinentes par rapport au texte. • Les effets sont différents selon le niveau des enfants en lecture (aide les enfants faibles lecteurs) et montre surtout une meilleure efficacité à long terme de l'illustration (favorise les indices de récupération à plus d’une semaine)
8. Utiliser des techniques PQ4R, IPLRR, PQRST, EPLER, 2L‐2S,2R pour mieux mémoriser des textes structurés
Exemple
6. Peut‐on entrainer la mémoire ? Aider à mémoriser ?
Aider
Entrainer
Techniques PQ4R : Preview, Question, Read, Reflect, Recite, Review
Preview
Survol du chapitre pour en déterminer les principaux points,
l’organisation générale. Repérer les principaux chapitres et sous
chapitres et repérer les thématiques du texte.
Question
Élaboration de questions sur le texte. Poser des questions comme (qui, quoi, pourquoi, où).
Read
Reflect
Recite
Review
Lecture du texte en essayant de répondre aux questions posées. Réflexion sur le texte lu et essaie de mise en relation avec d'autres contenus connus
Rappel du contenu de chaque section en tentant de répondre à nouveau aux questions élaborées auparavant (utiliser les titres et noter les principales idées).
Révision du contenu en insistant sur les points importants et en revenant sur les questions et en reprendre la lecture pour les points oubliés.
On retrouve répétition – élaboration –
attention traitement en profondeur, sur‐apprentissage, etc.
détails
Apprendre
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QUESTIONS ABORDÉES
 Qu’est ce que la mémoire pour les chercheurs qui travaillent dans ce
domaine ?
PLAN
 Les principales méthodes d’étude de la mémoire
 Les différentes mémoires ou comportements mnésiques
 Quelques lois de fonctionnement…
 Le développement de la mémoire chez l’enfant
 Mémoire, cognition et apprentissage
 Peut-on entrainer la mémoire ? Peut-on aider à mémoriser ?
 Pour conclure ?
Jean-Luc Roulin
7. Conclusion
A RETENIR LA MÉMOIRE N’EST PAS PHOTOGRAPHIQUE OU DU TYPE VIDÉO
c’est toujours une reconstruction (activité) qui dépend des conditions d’encodage, de la durée entre encodage et récupération, des conditions de récupération
LA MEMOIRE NE SE REDUIT PAS A LA MEMOIRE DECLARATIVE OU MEME EPISODIQUE
Il existe plusieurs « types » de mémoire qui pourraient correspondre à des systèmes différents
LOIS DE FONCTIONNEMENT
mots clefs : répétition ‐ élaboration – indiçage ‐ reconstruction
et trouvez les autres facteurs (pour une meilleure mémorisation !).
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7. Conclusion
La mémoire est une compétence nécessaire aux acquisitions nouvelles mais aussi lors de la résolution d’un problème nouveau.
Aider à la mémorisation = favoriser :
1. les capacités d’attention et de concentration, 2. les capacités d’organisation des éléments à mémoriser ou de structuration de l’information,
3. les capacités d’anticipation de la tâche demandée lors de la restitution,
Je répète !
4. les capacités de création de réseaux de connaissance.
Il existe aussi d’autres aspects à la mémoire
• lutte contre le sentiment acquis d’impuissance (démobilise l’attention)
• métaconnaissances : aider à percevoir l’utilité des bonnes stratégies mais prendre aussi conscience que ces stratégies ne sont pas générales.
Merci de votre attention
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