NILPOTENCE, RADICAUX ET STRUCTURES MONO¨
IDALES 3
INTRODUCTION
En alg`
ebre non commutative, on rencontre d’abord, par ordre de com-
plexit´
e croissant, les anneaux semi-simples, puis les anneaux semi-primai-
res, c’est-`
a-dire les extensions d’un anneau semi-simple par un id´
eal nil-
potent (le radical). Parmi ces derniers, le cas o`
u l’anneau semi-simple est
en fait une alg`
ebre s´
eparable est particuli`
erement agr´
eable puisque, d’apr`
es
un th´
eor`
eme classique de Wedderburn, l’extension par le radical se scinde.
Par ailleurs, en renversant la tautologie qui identifie tout anneau `
a une
cat´
egorie additive `
a un seul objet, on peut consid´
erer les cat´
egories addi-
tives comme des anneaux `
a plusieurs objets. Ce point de vue, popularis´
e
par B. Mitchell et R. Street, permet de s’inspirer largement de l’alg`
ebre
non commutative dans les questions cat´
egoriques. Comme tous premiers
exemples, on obtient la notion d’id´
eal, et celle de radical, d’une cat´
egorie
additive.
Suivant ce point de vue, le premier th`
eme de cet article est l’´
etude des
cat´
egories semi-primaires, extensions d’une cat´
egorie semi-simple par un
id´
eal v´
erifiant une condition convenable de nilpotence (cf. d´
efinition 2.3.1),
et de l’analogue cat´
egorique du th´
eor`
eme de Wedderburn. Le second th`
eme
est l’´
etude du radical en pr´
esence d’une structure mono¨
ıdale. Ces th`
emes se
rejoignent dans une version mono¨
ıdale du th´
eor`
eme de Wedderburn (th´
eo-
r`
emes 13.2.1 et 15.3.5).
Nous donnons deux applications principales de ces r´
esultats. La premi`
ere
est la construction de l’enveloppe pro-r´
eductive pRed(G)d’un groupe alg´
e-
brique lin´
eaire quelconque Gen caract´
eristique nulle. Les repr´
esentations
ind´
ecomposables de Gsont en bijection avec les repr´
esentations irr´
educ-
tibles de pRed(G), et ceci caract´
erise pRed(G)si Kest alg´
ebriquement
clos (proposition 19.3.4). Le prototype est pRed(Ga) = SL2(th´
eor`
eme de
Jacobson-Morozov). Toutefois, pRed(G)n’est en g´
en´
eral pas de dimen-
sion finie : cela arrive d´
ej`
a pour G=Ga×Ga. L’existence mˆ
eme de
pRed(G)n’en implique pas moins une s´
erie de r´
esultats concrets sur les
repr´
esentations ind´
ecomposables des groupes alg´
ebriques.
La seconde application concerne la cat´
egorie des motifs de Grothendieck
construits en termes d’une ´
equivalence ad´
equate quelconque (fix´
ee) pour
les cycles alg´
ebriques. Nous d´
etaillerons ailleurs (voir d´
ej`
a [16]), en nous
contentant dans ce texte de br`
eves allusions, notamment dans la deuxi`
eme
partie. Indiquons ici seulement que l’on s’attend `
a ce qu’une telle cat´
egorie
de motifs soit semi-primaire, de radical compatible `
a la structure mono¨
ıdale
(cela d´
ecoulerait de la conjecture de Beilinson-Murre et des conjectures
standard de Grothendieck); par ailleurs, nous nous appuyons dans [16] sur