NILPOTENCE, RADICAUX ET STRUCTURES MONO¨
IDALES
YVES ANDR´
E ET BRUNO KAHN
TABLE DES MATI `
ERES
Introduction 3
I. Radicaux et nilpotence 8
1. Id´
eaux et radicaux 8
2. Cat´
egories de Wedderburn 16
3. Radical infini et nilpotence renforc´
ee 22
4. Radical et extension des scalaires 24
5. Extensions des scalaires na¨
ıve et non na¨
ıve 27
R´
ef´
erences 31
II. Radical et rigidit´
e33
6. G´
en´
eralit´
es 33
7. Traces 38
8. Th´
eor`
emes de structure 49
9. Th´
eorie de Kimura (le Pair et l’Impair) 55
10. Exemples et compl´
ements 61
R´
ef´
erences 63
III. Sections 65
11. Cohomologie de Hochschild 65
12. Un “th´
eor`
eme de Wedderburn `
a plusieurs objets” 67
13. Sections mono¨
ıdales 72
14. Repr´
esentabilit´
e 89
15. Sections et tressages 97
16. Premi`
ere application : cat´
egories de Kimura 104
R´
ef´
erences 105
IV. Enveloppes 106
17. Le cas non mono¨
ıdal : enveloppes pro-semi-simples 106
18. Sections mono¨
ıdales et foncteurs fibres 110
19. Au-del`
a de Jacobson-Morozov : enveloppes pro-r´
eductives 116
20. Applications aux groupes alg´
ebriques et aux repr´
esentations
ind´
ecomposables. 130
Date: 23 avril 2002.
1991 Mathematics Subject Classification. 16N, 16D, 18D10, 18E, 14L, 16G60, 13E10,
17C. 1
2 YVES ANDR´
E ET BRUNO KAHN
21. Enveloppes pro-r´
eductives de gerbes 133
Appendice A. Des cat´
egories semi-simples 135
R´
ef´
erences 143
Index terminologique 145
SUMMARY. For Ka field, a Wedderburn K-linear category is a K-
linear category Awhose radical Ris locally nilpotent and such that
¯
A:= A/Ris semi-simple and remains so after any extension of sca-
lars. We prove existence and uniqueness results for sections of the pro-
jection A → ¯
A, in the vein of the theorems of Wedderburn. There are
two such results : one in the general case and one when Ahas a mono-
idal structure for which Ris a monoidal ideal. The latter applies notably
to Tannakian categories over a field of characteristic zero, and we get
a generalisation of the Jacobson-Morozov theorem : the existence of a
pro-reductive envelope pRed(G)associated to any affine group scheme
Gover K(pRed(Ga) = SL2, and pRed(G)is infinite-dimensional for
any bigger unipotent group). Other applications are given in this paper
as well as in a forthcoming one on motives.
NILPOTENCE, RADICAUX ET STRUCTURES MONO¨
IDALES 3
INTRODUCTION
En alg`
ebre non commutative, on rencontre d’abord, par ordre de com-
plexit´
e croissant, les anneaux semi-simples, puis les anneaux semi-primai-
res, c’est-`
a-dire les extensions d’un anneau semi-simple par un id´
eal nil-
potent (le radical). Parmi ces derniers, le cas o`
u l’anneau semi-simple est
en fait une alg`
ebre s´
eparable est particuli`
erement agr´
eable puisque, d’apr`
es
un th´
eor`
eme classique de Wedderburn, l’extension par le radical se scinde.
Par ailleurs, en renversant la tautologie qui identifie tout anneau `
a une
cat´
egorie additive `
a un seul objet, on peut consid´
erer les cat´
egories addi-
tives comme des anneaux `
a plusieurs objets. Ce point de vue, popularis´
e
par B. Mitchell et R. Street, permet de s’inspirer largement de l’alg`
ebre
non commutative dans les questions cat´
egoriques. Comme tous premiers
exemples, on obtient la notion d’id´
eal, et celle de radical, d’une cat´
egorie
additive.
Suivant ce point de vue, le premier th`
eme de cet article est l’´
etude des
cat´
egories semi-primaires, extensions d’une cat´
egorie semi-simple par un
id´
eal v´
erifiant une condition convenable de nilpotence (cf. d´
efinition 2.3.1),
et de l’analogue cat´
egorique du th´
eor`
eme de Wedderburn. Le second th`
eme
est l’´
etude du radical en pr´
esence d’une structure mono¨
ıdale. Ces th`
emes se
rejoignent dans une version mono¨
ıdale du th´
eor`
eme de Wedderburn (th´
eo-
r`
emes 13.2.1 et 15.3.5).
Nous donnons deux applications principales de ces r´
esultats. La premi`
ere
est la construction de l’enveloppe pro-r´
eductive pRed(G)d’un groupe alg´
e-
brique lin´
eaire quelconque Gen caract´
eristique nulle. Les repr´
esentations
ind´
ecomposables de Gsont en bijection avec les repr´
esentations irr´
educ-
tibles de pRed(G), et ceci caract´
erise pRed(G)si Kest alg´
ebriquement
clos (proposition 19.3.4). Le prototype est pRed(Ga) = SL2(th´
eor`
eme de
Jacobson-Morozov). Toutefois, pRed(G)n’est en g´
en´
eral pas de dimen-
sion finie : cela arrive d´
ej`
a pour G=Ga×Ga. L’existence mˆ
eme de
pRed(G)n’en implique pas moins une s´
erie de r´
esultats concrets sur les
repr´
esentations ind´
ecomposables des groupes alg´
ebriques.
La seconde application concerne la cat´
egorie des motifs de Grothendieck
construits en termes d’une ´
equivalence ad´
equate quelconque (fix´
ee) pour
les cycles alg´
ebriques. Nous d´
etaillerons ailleurs (voir d´
ej`
a [16]), en nous
contentant dans ce texte de br`
eves allusions, notamment dans la deuxi`
eme
partie. Indiquons ici seulement que l’on s’attend `
a ce qu’une telle cat´
egorie
de motifs soit semi-primaire, de radical compatible `
a la structure mono¨
ıdale
(cela d´
ecoulerait de la conjecture de Beilinson-Murre et des conjectures
standard de Grothendieck); par ailleurs, nous nous appuyons dans [16] sur
4 YVES ANDR´
E ET BRUNO KAHN
notre version mono¨
ıdale du th´
eor`
eme de Wedderburn pour construire incon-
ditionnellement les groupes de Galois motiviques.
En fait, l’un des projets directeurs de ce travail a ´
et´
e de s´
eparer nettement
ce qui dans la th´
eorie encore largement conjecturale des motifs purs est de
nature purement cat´
egorique, et ce qui est de nature g´
eom´
etrique.
D´
ecrivons plus en d´
etail les quatre parties de ce travail.
Les deux premiers paragraphes (et l’appendice) contiennent une discus-
sion des notions cat´
egoriques fondamentales d’id´
eal, de radical (not´
eradA),
semi-simplicit´
e, semi-primarit´
e, etc...
On y introduit la notion de K-cat´
egorie de Wedderburn, qui joue un
rˆ
ole important dans la suite (K´
etant un corps) : en supposant pour sim-
plifier l’existence de biproduits finis, il s’agit d’une cat´
egorie Adont les
ensembles de morphismes A(A, B)sont des K-espaces vectoriels (la com-
position ´
etant K-lin´
eaire), telle que les radA(A, A)soient des id´
eaux nilpo-
tents des alg`
ebres d’endomorphismes A(A, A), et telle que les K-alg`
ebres
(A/radA)(A, A)soient s´
eparables, i.e. absolument semi-simples.
Cette condition de nilpotence est assez faible, et on montre au §3 qu’on
ne peut gu`
ere la renforcer sans restreindre consid´
erablement le champ d’ap-
plication de la th´
eorie. Dans le cas de cat´
egories de modules, l’analyse de
ces conditions de nilpotence s’av`
ere intimement li´
ee `
a celle des carquois
d’Auslander-Reiten.
Bien que le radical se comporte “mal” en g´
en´
eral par extension des sca-
laires, on montre au §4 que la situation est meilleure dans le cas d’une K-
cat´
egorie de Wedderburn. Cette premi`
ere partie se termine par l’´
etude et la
comparaison (§5) de deux notions d’extensions des scalaires pour les K-
cat´
egories que l’on rencontre dans la litt´
erature.
L’objectif de la seconde partie est d’´
etudier en d´
etail le radical d’une
cat´
egorie mono¨
ıdale sym´
etrique rigide (i.e. dont les objets ont des duaux).
Il se trouve qu’il n’est pas compatible `
a la structure mono¨
ıdale en g´
en´
eral
(un exemple de ce ph´
enom`
ene est donn´
e par la cat´
egorie des repr´
esentations
de GLpen caract´
eristique p > 0). Nous comparons chemin faisant le radical
au plus grand id´
eal propre compatible `
a la structure mono¨
ıdale, et analysons
le quotient de la cat´
egorie par son radical. Actions du groupe sym´
etrique,
puissances ext´
erieures et sym´
etriques sont mises en œuvre dans cette op-
tique. Nous nous sommes largement inspir´
es du r´
ecent travail de Kimura
[26] sur les motifs de Chow “de dimension finie”.
On montre que le radical d’une cat´
egorie tannakienne sur un corps de
caract´
eristique nulle est toujours mono¨
ıdal, et qu’une telle cat´
egorie est
toujours de Wedderburn. Les th´
eor`
emes 8.2.2 et 8.2.4 de ce paragraphe,
beaucoup plus g´
en´
eraux, contiennent une version abstraite des r´
esultats de
Jannsen et de Kimura sur les motifs num´
eriques [24, 26]. Une attention
NILPOTENCE, RADICAUX ET STRUCTURES MONO¨
IDALES 5
particuli`
ere a ´
et´
e port´
ee aux variantes Z/2-gradu´
ees, en vue des applica-
tions aux motifs. En particulier, nous faisons le lien entre la th´
eorie de Ki-
mura [26] et la question de l’alg´
ebricit´
e des projecteurs de K¨
unneth pairs
(th´
eor`
eme 9.2.1). Notre r´
esultat le plus abouti est le th´
eor`
eme suivant : si
on d´
efinit une cat´
egorie de Kimura comme ´
etant une cat´
egorie K-lin´
eaire
pseudo-ab´
elienne mono¨
ıdale sym´
etrique rigide, o`
uKest un corps de ca-
ract´
eristique z´
ero, dont tout objet est de dimension finie au sens de Kimura
(voir section 9), on a (th´
eor`
eme 9.2.2) :
Th´
eor`
eme 1. Toute cat´
egorie de Kimura Aest de Wedderburn. Son radical
Rest mono¨
ıdal, et la cat´
egorie quotient A/Rest semi-simple tannakienne,
apr`
es changement convenable de la contrainte de commutativit´
e.
La troisi`
eme partie d´
ebute sur le rappel d’une version cat´
egorique, due `
a
Mitchell, de la cohomologie de Hochschild; elle nous sert `
a prouver le point
a) de l’analogue cat´
egorique suivant du th´
eor`
eme de Wedderburn-Malcev
(cf. th´
eor`
emes 12.1.1, 13.2.1 et 15.3.5).
Th´
eor`
eme 2. a) Soit Aune K-cat´
egorie de Wedderburn, et soit π:A →
A/rad(A)le foncteur de projection. Alors πadmet une section fonctorielle.
Deux telles sections sont conjugu´
ees.
b) Si Aest mono¨
ıdale avec End(1) = K, et si le radical est compatible `
a
la structure mono¨
ıdale (de sorte que πest un foncteur mono¨
ıdal), πadmet
une section mono¨
ıdale. Deux telles sections sont conjugu´
ees par un isomor-
phisme mono¨
ıdal.
c) Si enfin Aest sym´
etrique, toute section mono¨
ıdale est sym´
etrique (c’est-
`
a-dire respecte les tressages) `
a condition que car K6= 2.
La preuve de b), tr`
es technique, se trouve au §13. Elle utilise aussi la co-
homologie de Hochschild pour l’alg`
ebre libre sur les objets de la cat´
egorie.
Ainsi, a) repose essentiellement sur le fait qu’une K-alg`
ebre s´
eparable est
de dimension 0(au sens de [2, ch. IX, §7]), tandis que b) repose sur le fait
qu’une K-alg`
ebre libre est de dimension 1...
La compatibilit´
e des sections mono¨
ıdales `
a des tressages, dont il s’agit
au point c) du th´
eor`
eme 2, est ´
etudi´
ee en d´
etail au §15. Elle n’est pas auto-
matique; toutefois, en caract´
eristique diff´
erente de 2, si le tressage r´
esiduel
est sym´
etrique, son image par toute section mono¨
ıdale sdonne lieu `
a un
tressage sym´
etrique canonique sur A, ind´
ependant du choix de set qui ne
co¨
ıncide avec le tressage originel que si celui-ci ´
etait sym´
etrique. Ceci s’ap-
plique notamment, en caract´
eristique z´
ero, `
a la quantification de Drinfeld-
Cartier d’une cat´
egorie mono¨
ıdale sym´
etrique munie d’un tressage infi-
nit´
esimal (exemple 15.3.6).
Le th´
eor`
eme 2 s’applique en particulier aux cat´
egories de Kimura, en
vertu du th´
eor`
eme 1 (cf. th´
eor`
eme 16.1.1).
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