Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
monde ambiant, le retrait de la
réalité, une pensée autistique. On
y inclut un ensemble de syn-
dromes psychopathologiques
dont les principales caractéris-
tiques sont l’existence de symp-
tômes psychotiques (délires, hal-
lucinations, perturbations de la
pensée et de l’affectivité) sur une
période prolongée d’au minimum
6 mois.
Quand il y a schizophrénie, la
maladie évolue vers la chronicité
et le handicap psychologique.
Outre les idées délirantes et les
hallucinations auditives, le raison-
nement devient illogique, et le
malade vit dans une indifférence
affective et l’isolement social. Il y a
beaucoup de choses à apprendre
au sujet de cette pathologie. Bien
que les scientifiques ne puissent
pas encore apporter de réponse
définitive à toutes les questions
concernant cette maladie, on
pense que la schizophrénie n’est
pas un “dédoublement” de la
personnalité, ni une personnalité
“multiple”. La schizophrénie occa-
sionne souvent un certain
nombre de déficits intellectuels
qui perturbent notamment l’at-
tention, la mémoire, l’apprentis-
sage et le traitement de l’informa-
tion. Ces déficits cognitifs sont
souvent présents dès le début de
la maladie, dont la cause n’est
pas encore entièrement élucidée.
Plusieurs facteurs jouent un rôle
dans son apparition et son évolu-
tion. En général, on considère la
schizophrénie comme un trouble
résultant d’une interaction com-
plexe entre la vulnérabilité biolo-
gique et psychologique d’une
personne et le stress associé à
son environnement.
Les troubles bipolaires
La pathologie est mal connue.
Schématiquement, on distingue
les troubles bipolaires de type I,
caractérisés par une alternance
d’épisodes dépressifs et mania-
ques, et les troubles bipolaires de
type II, avec des épisodes dépres-
sifs entrecoupés de périodes d’hy-
pomanie (manie modérée). Dans
environ un tiers des cas, il per-
siste, en dehors des épisodes
aiguës, des symptômes plus atté-
nués en permanence. De nom-
breux patients maniaco-dépressifs
sont diagnostiqués dans un pre-
mier temps comme dépressifs.
Devant une répétition d’épisodes
dépressifs, il est donc primordial
de rechercher l’alternance de l’hu-
meur. Rappelons qu’il existe des
éléments évocateurs d’un trouble
bipolaire, à savoir : une tristesse
modérée contrastant avec des
troubles psychomoteurs marqués
(ralentissement psychique et phy-
sique), l’importance du retrait
social, la prédominance matinale
des troubles mélancoliques, les
antécé
dents familiaux de troubles
de l’humeur, les caractéristiques
atypiques
(notamment chez les
adolescents) telles que l’hyper-
somnie, la fatigue extrême, l’irrita-
bilité, l’hyperphagie ou l’anorexie,
ainsi que les symptômes psycho-
tiques (délire et hallucinations).
Les manifestations des épisodes
maniaques sont un état d’excita-
tion, d’euphorie ou d’irritabilité
(avec agressivité en cas de contra-
riété), un sentiment de pouvoir
ou de puissance, une hyperacti-
vité, une durée de sommeil
réduite, une distraction, un débit
très rapide des paroles, des idées
délirantes et des hallucinations.
Le traitement des troubles bipo-
laires n’est pas facile, puisqu’il
doit être adapté en fonction de la
phase de la maladie et éviter une
bascule dans un état d’humeur
inverse. D’où l’importance d’un
traitement préventif permanent
par les thymorégulateurs (lithium
ou anticonvulsivants) en dehors
des épisodes aigus. Le traitement
de l’épisode maniaque aigue
peut nécessiter l’administration
ponctuelle d’un neuroleptique
atypique. Il a été observé que la
prescription
prolongée d’antidé-
presseurs risque
d’induire des
formes à cycles rapides (plus de
quatre épisodes aigus, ma-
niaques ou dépressifs, par an) et
de favoriser les états mixtes.
LC
>> DOSSIER
PSYCHIATRIE 31
Les urgences
psychiatriques
(Recommandations de l’Anaes)
Les principes de l’organisation
des urgences psychiatriques
préconisés par la circulaire
DHOS/O1 n° 2003-195 du 16 avril
2003, relative à la prise en
charge des urgences, sont :
•en ambulatoire, les centres
médicopsychologiques et les
visites à domicile (lorsqu’elles
existent) assurent les soins non
programmés, dans des délais
rapides ;
•dans les services d’urgence,
l’accueil et l’orientation des
patients ayant des troubles men-
taux ont lieu dans des locaux
adaptés, garantissant la confi-
dentialité et la sécurité. L’accueil
est assuré par un infirmier ayant
acquis une expérience profes-
sionnelle en psychiatrie. Le psy-
chiatre doit être présent lorsque
la nature et la fréquence habi-
tuelle des urgences comportant
des aspects psychiatriques le
nécessitent, ou être joignable
rapidement. Une prise en charge
de très courte durée est privilé-
giée afin d’éviter, chaque fois
que cela est possible, l’hospitali-
sation en psychiatrie. Celle-ci est
assurée :
– soit dans des lits individualisés
au sein ou à proximité immé-
diate du service d’urgence (pour
les suicidants par exemple) ;
– soit dans des centres d’accueil
et de crise intersectoriels et
dans les établissements dotés
d’un service d’accueil des
urgences et ayant un volume
d’activité important en psychia-
trie.
La continuité des soins est assu-
rée grâce à la coordination du
médecin des urgences avec les
acteurs de la prise en charge
ultérieure :
— psychiatres publics et libé-
raux, médecins généralistes et
partenaires des services médi-
cosociaux, sociaux, éducatifs,
juridiques, etc.
— dans le cadre d’un travail en
réseau.