L’évaluation des aspects éthiques à la HAS
Service évaluation économique et santé publique
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Ces réflexions ont donné lieu à la publication d’un rapport dans la continuité duquel s’inscrivent les
travaux méthodologiques ciblés sur chacune de ces dimensions5 :
« Choix méthodologiques pour l’évaluation économique à la HAS » (2011) (2) ;
« L’évaluation des aspects sociaux en santé : Une contribution sociologique à l’évaluation »
(2011) (3) ;
« L’évaluation des aspects éthiques à la HAS », objet de ce travail.
Il est important de souligner que le processus d’élaboration de chacun de ces documents et leur
finalité respective varie selon les contextes disciplinaires, réglementaires et institutionnels. Par
exemple, les recommandations méthodologiques concernant l’évaluation économique disposent
d’un statut particulier en raison de la compétence qui a été confiée à la HAS à travers la loi de
financement de la sécurité sociale pour 2008, renforcée par la loi de financement de la sécurité
sociale pour 2012. Dès lors, les avis d’efficience rendus par la commission évaluation économique
et de santé publique disposent d’un caractère réglementaire au même titre que les avis rendus par
la commission de la transparence (CT) et par la commission nationale d’évaluation des dispositifs
médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS).
En revanche, l’évaluation des aspects éthiques ne relève pas d’une mission réglementaire : elle
s’inscrit dans le cadre des initiatives prises par la HAS pour améliorer la qualité de ses travaux. La
HAS a en effet pour mission d’informer les décideurs, et plus largement l’ensemble des acteurs en
leur donnant un éclairage le plus complet possible des enjeux. Dans cette perspective, il est de sa
responsabilité de chercher à repérer et à analyser les questions éthiques que soulèvent les
interventions de santé qu’elle évalue, de sorte que ces questions puissent faire l’objet d’une
délibération au moment où sera prise la décision concernant leur mise en œuvre6. Ainsi il est
légitime que la HAS rende compte des principes qui sont en jeu, des éventuels conflits de valeurs
et des conséquences des différents choix qui s’offrent aux décideurs. Elle favorise ainsi
l’adéquation entre la décision et les principes ou valeurs qui sont approuvés par la collectivité. Il
est également de sa responsabilité que les enjeux éthiques propres aux interventions qu’elle
évalue soient pris en considération dans les recommandations qu’elle émet et dans ses
conclusions.
Il est néanmoins important de souligner que la HAS n’est pas habilitée à déterminer l’ordre des
priorités de la société civile en rendant un avis au sujet d’une question éthique générale,
comme d’autres institutions telles que le Comité consultatif national d’éthique ont compétence pour
le faire7. Cependant, elle doit tenir compte de l’ensemble des dimensions évaluées et du contexte
global dans lequel s’inscrit l’intervention qu’elle évalue. Elle peut donc effectuer dans ses
conclusions des arbitrages et des pondérations entre les différents arguments en conflit au sujet
d’une intervention particulière ou bien encore être amenée à souligner l’importance de saisir le
CCNE lorsque l’intervention soulève une question éthique en général qui mérite d’être traitée
indépendamment du cadre de l’intervention évaluée. Ainsi, la HAS doit pouvoir mener une
réflexion éthique visant à souligner la complexité des enjeux que peut soulever la mise en œuvre
d’une intervention et à la prendre en compte dans l’élaboration de ses conclusions. Cette réflexion
doit également permettre d’expliciter les arbitrages éthiques que soulève la décision.
5 Chacune de ces dimensions fait l’objet d’une méthode d’évaluation propre. Cependant, l’avis qui est rendu par la HAS
sur la base de cette évaluation élargie prend en compte les conclusions retenues sur chacune des dimensions. Ainsi, les
« aspects éthiques » sont mis en perspective avec les « aspects médicaux, économiques, sociologiques, etc. ». La
notion d’« aspects » retenue pour qualifier ces divers éléments constitutifs de l’évaluation ne doit pas laisser entendre
que les différentes composantes de l’évaluation restent indépendantes les unes des autres.
6 L’existence de questions éthiques peut avoir un impact sur l’acceptabilité sociale d’une décision en matière de politique
de santé et remettre en cause les effets attendus de cette dernière. En effet, sur certains sujets, la dimension éthique est
très prégnante et les questionnements qu’elle suscite peuvent contribuer à rendre une décision inacceptable ou
inopérante du point de vue de la société.
7 « Le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé a pour mission de donner des avis
sur les problèmes éthiques et les questions de société soulevés par les progrès de la connaissance dans les domaines
de la biologie, de la médecine et de la santé. » Loi du 6 août 2004.