TS 2012-2013 Intégration et primitives 1 Intégrale d’une fonction continue et positive 1.1 Notion d’aire sous une courbe Etant donné une fonction f continue et positive sur un intervalle [a; b] avec a ≤ b, on note C sa représentation graphique dans un repère orthogonal et D la portion de plan comprise entre C, l’axe des abscisses, et les droites d’équation x = a et x = b. Définition 1 : On admet que l’on peut définir l’aire du domaine D. Cette aire est un nombre réel A noté b A= 1.2 f (t) dt a Unité d’aire Définition 2 : L’aire du domaine compris entre les droites d’équation y = 1, y = 0, x = 0, x = 1 est égale à une unité d’aire (en abrégé u.a ). Exemples 1. 3 0 tdt 2. 1 2 t dt 0 = 9 u.a 2 = 1 u.a 3 3. Pour k ≥ 0, b kdt a = k (b − a) u.a 1 1.3 Dérivabilité de la fonction d’aire Théorème 1 : Si f est une fonction continue et positive sur un intervalle [a; b] avec x a ≤ b alors la fonction Φ : x → a f (t) dt est dérivable sur [a; b] et sa dérivée est égale à f. Φ′ = f idée de la démonstration (utilise la continuité de f ) : on suppose que f est croissante et on considère deux réels x0 et x0 + h appartenant à [a; b] • Si h > 0 alors comme f est croissante, h × f (x0 ) ≤ Φ (x0 ) − Φ (x) ≤ h × f (x0 + h) d’où f (x0 ) ≤ Φ (x0 ) − Φ (x) ≤ f (x0 + h) h • Si h < 0 on montre de même f (x0 + h) ≤ Φ (x0 ) − Φ (x) ≤ f (x0 ) h D’autre part, puisque f est continue (voir chapitre Limite et continuité) lim f (x0 + h) = f (x0 ) h→0 donc dans les deux cas, on en déduit Φ (x0 ) − Φ (x) = f (x0 ) h→0 h lim c’est à dire que Φ est dérivable en x0 avec Φ′ (x0 ) = f (x0 ) 2 2.1 Primitives d’une fonction Définition d’une primitive Définition 3 : On dit que la fonction F est une primitive de la fonction f définie sur l’intervalle I si F est dérivable pour tout réel x de I avec : F ′ (x) = f (x) Exemple : On peut vérifier en calculant F ′ (x) et G′ (x) que sur I = ]−2; +∞[ , les fonctions 3−x x+7 et G : x → F :x→ x+2 x+2 2 sont deux primitives de −5 2 (x + 2) f :x→ Théorème 2 : Si F est une primitive de la fonction f sur I alors toutes les autres primitives de f sur I sont les fonctions G de la forme G = F + k, k ∈ R où k est une constante. preuve : • Si G = F + k alors G′ = F ′ = f. • Réciproquement si F et G sont deux primitives de f et si on pose H = G − F alors H ′ = G′ − F ′ = 0 donc H est une constante k sur I d’où G−F = k soit G=F +k 2.2 Calcul d’une intégrale à l’aide d’une primitive Corollaire 1 : Si f est une fonction continue et positive sur [a; b] et si F est une primitive de f alors b a f (t) dt = F (b) − F (a) x preuve : Les fonctions F et Φ : x → a f (t) dt sont deux primitives de f sur [a; b] donc d’après le théorème 2, il existe une constante k telle que Φ=F +k or, pour x = a, a Φ (a) = f (t) dt = 0 a d’où F (a) + k = Φ (a) = 0 puis k = −F (a) on a donc Φ (x) = F (x) + k = F (x) − F (a) 3 et en particulier b f (t) dt = Φ (b) a = F (b) − F (a) Corollaire 2 : Si f admet des primitives sur I alors pour tout réel x0 de I et tout réel y0 , il existe une unique primitive G de f qui vérifie G (x0 ) = y0 . 2.3 Existence de primitives pour une fonction continue Théorème 3 : Si f est une fonction continue sur un intervalle [a; b] alors f admet des primitives sur [a; b] . idée de la démonstration : On admet que sous ces hypothèses, f est minorée c’est à dire que il existe un réel m tel que pour tout x ∈ [a; b] , f (x) ≥ m et on considère alors la fonction g =f −m Cette fonction est continue et positive donc d’après le théorème 1, elle admet pour primitive la fonction G définie par x g (t) dt G (x) = a or, comme f =g+m la fonction F définie par F (x) = G (x) + xm fournie alors une primitive de f. 4 3 3.1 Recherche de primitives Primitives des fonctions usuelles Pour trouver une primitive des fonctions usuelles, on utilisera les deux tableaux suivants : f (x) a constante réelle Primitive F (x) ax Intervalle R x 1 2 x 2 R xn avec n ∈ N 1 xn+1 n+1 R 1 x ln (x) ]0; +∞[ 1 x2 1 x ]−∞; 0[ ou ]0; +∞[ −1 (n − 1) xn−1 ]−∞; 0[ ou ]0; +∞[ ex cos x sin x ex sin x − cos x R R R 1 √ x √ 2 x ]0; +∞[ 1 avec n ∈ N et n ≥ 2 xn 3.2 − Primitives des formes usuelles Pour trouver une primitive de fonctions moins élémentaires, on pourra utiliser le tableau ci-dessous 5 f Primitive F (x) Conditions u′ un , n ∈ N et n ≥ 1 1 n+1 n+1 u u dérivable u′ , n ∈ N et n > 1 un −1 (n − 1) un−1 u dérivable et ne s’annule pas u′ u ln (u) u dérivable et u > 0 u′ √ u √ 2 u u dérivable et u > 0 u′ eu eu u dérivable De plus Si f (x) = u (mx + p) avec m = 0 et si • Pour tout x dans l’intervalle J, mx + p ∈ I • U est une primitive de u sur I Alors F : x → 4 4.1 1 × U (mx + p) est une primitive de f sur J. m Intégrale d’une fonction de signe quelconque Extension de la définition Convention : Pour une fonction f continue et de signe quelconque sur I admettant pour primitive sur I la fonction F, on définit par extention l’intégrale de f entre deux réels a et b quelconques de I par b a f (x) dx = F (b) − F (a) Ce nombre n’est pas forcément positif et on utilise la notation : b f (x) dx = [F (t)]ba a 6 4.2 Propriétés de l’intégrale Théorème 4 (inversion des bornes) : Soit f une fonction continue sur un intervalle [a; b] alors a f a (1) (x) dx = 0 a f b (2) (x) dx = − b f a (x) dx preuve : Soit F une primitive de f sur [a; b] a (1) a f (x) dx = F (a) − F (a) = 0 (2) a b f (x) dx = F (a) − F (b) = − (F (b) − F (a)) b = − f (x) dx a Théorème 5 (linéarité) : Soit f et g deux fonctions continues sur un intervalle [a; b] et α un réel quelconque (1) b αf a b a (x) dx = α f (x) dx b [f a (2) (x) + g (x)] dx = b f a (x) dx + b g (x) dx a preuve : Soit F et G des primitives de f et g respectivement sur [a; b] , alors (1) αF est une primitive de αF donc b a αf (x) dx = αF (b) − αF (a) = α (F (b) − F (a)) b = α f (x) dx a (2) F + G est une primitive de f + g donc b a [f (x) + g (x)] dx = (F + G) (b) − (F + G) (a) = F (b) + G (b) − F (a) − G (a) = F (b) − F (a) + G (b) − G (a) b = b f (x) dx + a g (x) dx a Théorème 6 (relation de Chasles) : Soit f une fonction continue sur un intervalle I. Pour tous réels a, b et c dans I, on a b c f (x) dx + a c f (x) dx = b f (x) dx a 7 preuve : Soit F une primitive de f sur [a; b] , b c f (x) dx + a b f (x) dx = F (b) − F (a) + F (c) − F (b) = F (c) − F (a) c = f (x) dx a Théorème 7(conservation de l’ordre) : Soit f et g deux fonctions continues sur [a; b] 1. Si f ≥ 0 sur [a; b] alors b f a (x) dx ≥ 0 b f a 2. Si f ≥ g sur [a; b] alors b g (x) dx a (x) dx ≥ 3. Si pour tout réel x dans [a; b] on a m ≤ f (x) ≤ M alors b m≤ a f (x) dx ≤ M preuve : 1. Soit F une primitive de f, comme F ′ = f ≥ 0 sur [a; b] alors F est croissante donc a ≤ b ⇒ F (a) ≤ F (b) ⇒ F (b) − F (a) ≥ 0 b ⇒ a f (x) dx ≥ 0 2. Si f ≥ g alors f − g ≥ 0 donc d’après le résultat précédent b a [f (x) − g (x)] dx 0 ≥ b ⇒ b f (x) dx − a b ⇒ a g (x) dx ≥ 0 a b f (x) dx ≥ g (x) dx a 3. On applique le résultat précédent successivement avec g = m et g = 8 M. Pour tout x dans [a; b] , f (x) ≥ ⇒ m b b f (x) dx ≥ a mdx a b ⇒ b f (x) dx ≥ [mx]a a b ⇒ f (x) dx ≥ mb − ma a b ⇒ f (x) dx ≥ m (b − a) a et f (x) ≤ ⇒ M b b f (x) dx ≤ a M dx a b ⇒ 4.3 a f (x) dx ≤ M (b − a) Valeur moyenne d’une fonction continue sur un intervalle. Définition 4 : La valeur moyenne d’une fonction continue f sur l’intervalle [a; b] avec a < b est par définition le nombre µ= b 1 b−a f (x) dx a cette formule généralise au cas continu la formule de la moyenne arithmétique d’une série de nombres. Un corollaire du point 3 du théorème 7 est l’encadrement suivant : Corollaire : Si pour tout réel x de [a; b] on a m ≤ f (x) ≤ M alors m≤µ≤M 9