manifestation possiblement associée à la GvH chronique mais
à la condition d’avoir une preuve histologique, biologique ou
radiologique du même organe ou d’un autre.
Les signes histopathologiques typiques de GvH chronique
peuvent être absents au début de la maladie et surtout
chez des patients déjà traités par stéroïdes. L’infiltrat peut
être seulement périvasculaire et l’image de corps apoptoti-
ques absente.
Quelle que soit la localisation de la GvH chronique, les causes
toxiques/médicamenteuses et virales doivent être évoquées
comme diagnostic différentiel. Les causes virales sont d’autant
plus difficiles à écarter que les virus (surtout du groupe herpès)
peuvent initier ou amplifier des réactions de GvH chronique.
Le diagnostic différentiel avec une atteinte toxique est aussi
parfois difficile, notamment au niveau hépatique [2].
La GvH chronique présente de nombreuses similitudes
cliniques et biologiques avec les maladies auto-immunes, en
particulier le lupus systémique, la sclérodermie, le syndrome
de Sjogren’s, les connectivites mixtes ou le lichen. La GvH
chronique peut affecter pratiquement tous les organes mais
les manifestations les plus fréquentes sont cutanées, muqueu-
ses, lacrymales et hépatiques. Les principales manifestations
sont résumées dans le tableau 3.
Manifestations cutanées
et atteintes des phanères [5]
Les manifestations cutanées sont très polymorphes érythème
maculaire ou papulo-squameux et fibrose superficielle sont
fréquents au début. La manifestation la plus typique est un
rash papulaire ressemblant au lichen. Un aspect en loup au
niveau du visage proche du lupus est aussi très évocateur.
Si les lésions progressent (sans ou malgré le traitement), la
peau prend alors un aspect couramment poïkilodermique
associant des lésions d’âge différent avec des lésions érythé-
mateuses, des télangiectasies et des zones atrophiques.
La sclérose dermique est rarement un signe de début mais est
fréquente aux stades évolués ; elle peut être superficielle asso-
ciée à un épaississement cutané proche de la sclérodermie
systémique. À un stade évolué, elle devient profonde avec
notamment le développement de rétractions ou de sclérose
articulaire. Les grands tableaux classiques d’atteintes cutanées
disséminées avec fibrose diffuse et troubles trophiques sont,
heureusement, devenus rares grâce aux traitements actuels !
La GvH chronique peut aussi entraîner des troubles de la
pigmentation à type d’hyper- ou d’hypopigmentation mimant
alors un vitiligo. Une atteinte des glandes sudorales et des
bulbes pilaires est à l’origine de troubles de la sudation et
d’alopécie en clairière, respectivement. Enfin, des troubles
des ongles avec onychodystrophie peuvent survenir.
Manifestations oculaires
La GvH chronique est à l’origine d’une atteinte inflammatoire
et d’une fibrose des glandes lacrymales à l’origine d’un
syndrome sec. Les patients se plaignent volontiers de sensa-
tion d’œil sec et de photophobie. Les kérato-conjonctivites
sont alors fréquentes. Le problème du diagnostic différentiel
d’une atteinte spécifique de GvH avec celui d’un syndrome
sec postradique est fréquent et peut être difficile si les atteintes
extra-oculaires sont pauci-symptomatiques. Le test de
Schirmer (< à 5-10 mm) permet d’authentifier le syndrome
sec ; en cas de diagnostic difficile la biopsie de glandes
salivaires accessoires au niveau labial est très utile. Enfin,
les surinfections virales et/ou bactériennes sont fréquentes
nécessitant des prélèvements au moindre doute.
Atteintes de la muqueuse buccale
L’atteinte des glandes salivaires est là aussi fréquente, entraî-
nant un syndrome sec, une majoration du risque de caries
dentaires du collet. L’atteinte de l’épithélium buccal est
responsable de lésions proches de celles observées dans le
lichen érosif des muqueuses. Une atteinte virale ou candido-
sique doit être éliminée au moindre doute, elle peut être le
facteur déclenchant d’une poussée de GvH chronique.
Les troubles du goût sont fréquents.
Atteinte hépatique
L’atteinte des canalicules biliaires est une des pierres angulaires
du diagnostic de GvH. Elle est responsable d’une hépatopathie
cholestatique identique à celle observée à la phase aiguë.
La biopsie hépatique est discutée en cas de diagnostic différen-
tiel difficile avec une étiologie toxique/médicamenteuse ou
infectieuse. Récemment, des formes pseudo hépatitiques de
Tableau 2
Critères diagnostiques cutanéo-muqueux de la GvH chronique
Manifestations cutanéo-muqueuses diagnostiques
(une seule suffit pour porter le diagnostic)
Lésions de type lichen plan
Lésions de type lichen scléreux
Lésions de type morphée (sclérodermie superficielle)
Lésions scléreuses incluant les lésions profondes à type fasciite
à éosinophiles
Rétraction et contractures articulaires secondaires à la sclérose
Poïkilodermie
Plaques hyperkératosiques de la muqueuse buccale
Lésions à type de lichen de la muqueuse buccale
Diminution de l’ouverture buccale liée à la sclérose
Atteinte lichénienne génitale, sténose vaginale
Manifestations cutanéo-muqueuses associées
(suffisent au diagnostic si histologie, biologie
ou radiologie contributives)
Dépigmentation
Apparition d’une alopécie cicatricielle ou non ou aspect
érythémato-papuleux ou squameux du cuir chevelu
Dystrophies unguéales : stries longitudinales, onycholyse,
ptérygium, fragilité et dédoublement unguéal, destruction unguéale
Xérostomie, mucocèle, atrophie de la muqueuse buccale,
ulcérations buccales et pseudo membranes
Érosions, fissures, ulcérations génitales
Hématologie, vol. 16, n° 6, novembre-décembre 2010
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