MI S E A U P O I N T
TRAITEMENTS ANTIFIBROSANTS
Vérapamil
Le vérapamil (Isoptine®) est un inhibiteur calcique cardiosélectif.
Son utilisation dans le traitement de la maladie de Dupuytren et
dans la maladie de La Peyronie se fonde sur la capacité des inhibi-
teurs calciques à inhiber in vitro et in vivo la synthèse de la matrice
extracellulaire. Celle-ci comprend le collagène mais aussi les
glycoamynoglycanes et la fibronectine. Rayan et al. ont démontré
in vitro que le vérapamil avait une action inhibitrice sur la rétraction
fibromateuse. Une pommade au vérapamil est disponible aux États-
Unis et doit être appliquée deux fois par jour pendant plusieurs
mois dès le stade nodulaire. À ce jour, aucune étude sérieuse n’a
démontré une efficacité dans la maladie de Dupuytren. En revanche,
la forme injectable a prouvé son efficacité dans la maladie de La
Peyronie (9).
Colchicine
La colchicine est le médicament traditionnel de la goutte. Son excel-
lente tolérance et son innocuité sur le long cours, à faible dose, sont
bien connues. Ce médicament est aussi utilisé classiquement dans
certaines maladies systémiques inflammatoires et fibrosantes telles
que la sclérodermie, la fibrose pulmonaire idiopathique et la muco-
viscidose. Elle réduit la production des fibres de collagène par les
myofibroblastes et inhibe in vitro la multiplication des fibroblastes.
Des travaux récents (10) montrent une efficacité certaine dans la
maladie de La Peyronie avec réduction des plaques fibreuses dans
50 % des cas à la dose de 1 mg par jour pendant trois à cinq mois.
Dans notre expérience, nous avons observé un arrêt de l’évolution
de formes récidivantes de Dupuytren dans 50 % des cas. Une étude
en double insu contre placebo sur deux ans est en cours de réali-
sation à l’hôpital Lariboisière.
ARBRE DÉCISIONNEL
Il faut traiter par l’aponévrotomie à l’aiguille dès que le test de la
table est positif.
Il paraît licite de proposer de la colchicine (hors AMM) pour les
formes d’évolution rapide (diabète, sujets jeunes, etc.). Dans les
(rares) cas de résultat insuffisant ou dans les cas multirécidivants,
le patient pourra bénéficier d’un traitement chirurgical (aponévrec-
tomie, greffes de peau, Mac Cash, etc.).
CONCLUSION
L’aponévrotomie à l’aiguille reste le traitement médical le plus
efficace et permet une prise en charge ambulatoire avec des risques
minimes de la plupart des maladies de Dupuytren. Les nouvelles
recherches sur les médicaments antifibrosants semblent promet-
teuses pour résoudre le problème des formes récidivantes.
Bibliographie
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8. Lellouche H, Badois F, Teyssedou JP, Lermusiaux JL. Le traitement médical de
la maladie de Dupuytren. Quoi de neuf en 2002 ? In : La main rhumatologique.
Med-Line éditions 2002;419-33.
9. Kadioglu A, Tefekli A, Koksal T et al. Treatment of Peyronie’s disease with oral
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J Impot Res 2000;12:169-75.
10. Rehman J, Benet A, Melman A. Use of intralesional verapamil to dissolve
Peyronie’s disease plaque: a long term single blind study. Urology 1998;51:620-69.
La Lettre du Rhumatologue - n° 319 - février 2006
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Le test “de la table”. Arbre décisionnel.