La maladie de Dupuytren

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La maladie de Dupuytren
Dr Frédéric MOUILHADE
La maladie
Il s’agit d’une atteinte du tissu situé sous la peau de la
paume des mains, devenant dur, fibreux, entrainant des
ombilications, des nodules, et une rétraction des doigts.
Le seul facteur de risque retrouvé est génétique, atteignant essentiellement les ethnies
d’Europe du Nord. D’autres associations ont été évoquées : diabète, alcoolisme, traitement
antiépileptique.
On peut retrouver d’autres localisations lésionnelles : nodule des pieds, verge coudée.
Le diagnostic est clinique, il n’y a pas besoin d’examens complémentaires.
Les traitements
Quand traiter ?
Toute intervention chirurgicale comportant des risques, un traitement est proposé
lorsque le rapport bénéfices/risques est en faveur d’un bénéfice à attendre, c’est à dire :
-
lorsque la main ne peut être posée à plat du fait de la rétraction des doigts
lorsqu’un volumineux nodule gêne pour prendre des objets
Les traitements non chirurgicaux n’ont pas montré d’efficacité (dispositifs de massage,
injections de corticoïdes, vitamines …)
Un traitement est à l’essai avec injection d’une enzyme qui détruit le collagène constituant la
bride. Ce traitement n’est pas remboursé, le produit utilisé coûte près de 3400 euros en 2012
et les avantages/risques sont en cours d‘évaluation.
Traitements chirurgicaux
-
l’aponévrotomie à l’aiguille
sous anesthésie locale, le biseau d’une aiguille sert à couper la bride pour pouvoir
réétendre les doigts.
Ce traitement ne s’adresse pas à tous les types de rétraction : entre la main et les doigts
le résultat est bon, mais pour la rétraction des doigts seuls la récupération est modeste.
Ce traitement a les mêmes risques que les autres traitements chirurgicaux (lésion
nerveuse, tendineuse), moins de difficulté de cicatrisation, des suites plus simples, mais un
risque de récidive important (60% à 3 ans) car les tissus pathologiques sont laissés en place.
On peut alors renouveler ce geste.
Ce traitement est plutôt indiqué pour les personnes âgées et ou avec d’importants
problèmes de santé, se mobilisant avec des cannes ou un déambulateur, ou dans le cas de
formes peu évoluées.
-
L’aponévrectomie
C’est une intervention menée sous anesthésie générale ou en n’endormant que le bras, la
plupart du temps au cours d’une hospitalisation en ambulatoire de quelques heures.
Elle consiste à ouvrir la peau et retirer les tissus malades. Les risques sont les mêmes
que l’aponévrotomie à l’aiguille, avec parfois quelques difficultés de cicatrisation. Dans les
formes très rétractées, la cicatrice peut être laissée ouverte avec une cicatrisation dirigée.
L’efficacité est meilleure que l’aponévrotomie à l’aiguille, même si dans certains cas la
récupération de l’extension complète des doigts ne peut être obtenue.
On y associe souvent une attelle pour maintenir l’extension des doigts, à porter la nuit
pendant 1 à 3 mois.
Les risques opératoires
Toute intervention comporte des risques. Même si ceux-ci ne sont pas fréquents, il
convient de les connaître pour les reconnaître et les traiter de façon adaptée. C’est aussi un
devoir d’information à votre égard.
Pendant l’intervention, on peut être confronté à une difficulté liée à l’anesthésie. Cela
est abordé lors de la consultation d’anesthésie et dans un document spécifique à l’anesthésie.
Sur le plan chirurgical, les complications les plus graves mais rares sont de blesser un
vaisseau, un nerf, un tendon. La survie de ce doigt peut en être menacée avec un risque
d’amputation. Cela concerne surtout les doigts multiopérés et très rétractés. Dans ces rares cas
l’amputation est d’ailleurs proposée initialement et souhaitée par le patient.
L’allongement du doigt en récupérant de la rétraction peut être mal supporté : les nerfs
étirés entrainent alors un doigt moins sensible. Cela régresse avec le temps.
Après l’intervention, on peut être confronté à un risque rare d’infection, un peu plus
fréquent de difficulté de cicatrisation (hématome, nécrose= mort d’une partie de la peau). Une
raideur et des douleurs résiduelles peuvent nécessiter une rééducation prolongée.
A long terme il existe un risque de récidive/ progression de la maladie, sur le même
doigts ou les autre doigts.
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