Cours les chemins de la puissance en Chine

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Partie I : La Chine et le monde depuis le « mouvement du 4 mai 1919 »
Exercice amorce : Comparez la situation décrite par l’affiche 1 p. 250 et celle montrée par la
photo 2 p. 251. Que pouvez-vous en déduire de l’évolution de la situation de la Chine depuis
le début du XXème siècle ?
La première affiche montre l’Empire du Milieu sous les coups de la domination étrangère. En
effet, le territoire est partagé entre les différentes puissances occidentales : la Russie, la
Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France qui se partagent des concessions et des ressources
chinoises à l’aide et avec l’accord des gouvernants impériaux comme le montre les critiques
faites contre les personnels chinois accusés de corruption, d’incompétence, d’être dépendant
de l’opium ce qui fait qu’ils sont rendus responsables de la faiblesse du pays et de son
incapacité à lutter contre les puissances occidentales.
La photo des Jeux Olympiques de 2008 fait référence à une Nation capable d’accueillir le
monde sur son territoire, de faire apparaître ses capacités, sa richesse et sa puissance et la
performance de ces athlètes aux yeux du monde entier, dans un spectacle grandiose.
La différence entre les deux documents montre que la Chine est passée du statut de puissance
dominée à celui de puissance avec laquelle il faut compter aussi bien sur le plan diplomatique,
culturel, qu’économique.
Problématique : Comment la Chine, sous influence occidentale au début du XXème siècle,
est-elle devenue une puissance communiste tout en étant aujourd’hui parmi les plus grands
leaders du monde ?
I.
Un pays sous la dépendance des puissances étrangères (1919-1949)
A. Le « mouvement du 4 mai 1919 », s’affranchir de la domination occidentale
Documents à utiliser : carte p. 253, document 1 p. 252, carte p. 254, documents 1 et 2 p. 254,
le mouvement du 4 mai, un mouvement patriotique ? (L. Bianco, comment la Chine est
devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 77).
Document 1 : le mouvement du 4 mai, un mouvement patriotique ?
[…] Le nationalisme, toujours lui, rend compte d'un autre paradoxe : celui du mouvement du
4 mai 1919, manifestation patriotique qui a correspondu à une mise en cause radicale de la
civilisation chinoise. Que s'est-il passé ? Dès que sont connues en Chine les nouvelles de la
conférence de la paix à Versailles, des étudiants descendent dans la rue à Pékin pour protester
contre la décision de transférer au Japon les droits concessions ferroviaires, base de Qingdao,
etc. que l'Allemagne avait acquis deux décennies auparavant en 1898 dans la province du
Shandong. Bientôt le mouvement s'étend, gagne les milieux commerçants et ouvriers. Il
donne force au courant iconoclaste des modernisateurs, Chen Duxiu en tête, qui, contre la
tradition nationale, exaltent la raison, la science et la démocratie pour sauver la nation. […]
Source : L. Bianco, comment la Chine est devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 77
Questions :
1. Quel est la situation politique et économique de la Chine à la fin de la Première Guerre
mondiale ?
La Chine est devenue une République depuis la Révolution de 1912. Elle est dirigée par Yuan
Shikai. Cependant, la République ne parvient pas à mettre fin aux traités qui ont donné une
grande partie du territoire aux puissances occidentales. Ce sont les concessions qui ont été
octroyées aux puissances occidentales à la fin des années 1890, notamment après les guerres
de l’opium avec l’Angleterre.
De plus, à partir de 1916, les « seigneurs de la guerre » contrôlent des régions entières de
Chine laissant peu de marges de manœuvre au nouvel Etat républicain mis en place en 1912.
La situation politique et économique de la Chine est donc marquée par la dépendance
vis-à-vis de l’Occident.
De plus, à la fin de la 1GM, des territoires qui avaient été octroyés comme concession
allemande et qui, selon les accords passés avec la France et la GB auraient dû revenir à la
Chine sont cédées au Japon ce que les Chinois ont beaucoup de mal à admettre, se sentant
trahis et humiliés par les Occidentaux.
2. Quel événement – qui n’est pourtant pas le premier – marque un refus massif de
l’occupation occidentale ?
Le 4 mai 1919, à Pékin, a lieu une manifestation d’étudiants et d’intellectuels chinois qui
refusent les conclusions du traité de Versailles concernant les concessions allemandes de
Jiaozhou et Weihai et de transférer au Japon les droits des concessions ferroviaires. Le
mouvement, malgré la répression dans les rues de Pékin, se propagent à l’ensemble des villes
de Chine et gagne le milieu des commerçants et des ouvriers. Shanghai est la deuxième ville
la plus touchée par le mouvement. (Voir le document 2 p. 254)
3. Qui sont les personnes qui participent à ce mouvement et sur quelles idées
s’appuient-elles ?
Les personnes touchées par le mouvement sont d’abord les étudiants et les intellectuels
chinois, puis le mouvement s’étend au milieu des commerçants et des ouvriers. Les étudiants
et les intellectuels, qui pour certains ont étudiés en Occident, font remarquer, comme le fait
Chen Duxiu, que le système chinois, fondé sur le confucianisme est archaïque et féodal. Ils
proposent de s’appuyer sur la science et la démocratie, sur l’adaptation au monde moderne par
le progrès technique pour développer une nation puissante, capable de rivaliser et de rejet les
nations européens. En effet, Chen Duxiu dit dans son texte : « Toute notre éthique, nos lois,
notre savoir, nos rites et nos coutumes traditionnels sont des survivances féodales. Comparés
aux succès de la race blanche, il y a une différence de mille ans dans la pensée, bien que nous
vivions à la même époque ».
4. Quels sont grands principes mis en avant par les acteurs du « mouvement du 4 mai
1919 » ?
Plusieurs grands principes sont mis en avant par les acteurs du « mouvement du 4 mai
1919 » :
- Le nationalisme
- Le refus de l’impérialisme occidental
- Le refus des traditions chinoises considérées comme féodales
- La nécessité du progrès, de l’utilisation de la science et de la démocratie, qui sont
paradoxalement des idées venues de l’Occident.
B. Le Guomindang, un premier nationalisme chinois
Documents à utiliser : document 3 p. 257, le Guomindang, un parti nationaliste (A. Roux, le
retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 21-22), la difficile unification de la Chine sous la
République (L. Bianco, comment la Chine est devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 76)
Document 1 : le Guomindang, un parti nationaliste
Jusqu’alors l’histoire du Guomindang, le parti nationaliste fondé en 1912 par Sun Yat-sen,
réorganisé en janvier 1924 sur le modèle léniniste, puis devenu violemment anticommuniste à
partir du printemps 1927 sous l’autorité de Chiang Kai-shek, avait été racontée par ses
vainqueurs communistes. On en avait fait le parti d’une bourgeoisie asservie à l’impérialisme
et des propriétaires fonciers extracteurs d’une rente foncière qui paupérisait la paysannerie.
Exerçant une dictature policière il aurait privilégié la lutte contre les communistes sur la
défense des intérêts du peuple face à l’agression japonaise à partir de septembre 1931. […]
Le Guomindang ne s’est pas toujours appuyé unilatéralement sur la bourgeoisie : s’il se
montra en 1927 protecteur de ses intérêts face au syndicalisme ouvrier révolutionnaire et aux
communistes, il accabla de taxes, de contributions forcées voire de spoliations les industriels.
La guerre contre le Japon le contraignit à se réfugier au Sichuan, province enclavée à
l’économie peu développée : là, dépourvu de base populaire, le Guomindang, aspiré par les
forces conservatrices du monde rural, accentua sa transformation en une construction
bureaucratique et militarisée qui pratiquait la terreur contre ses opposants politiques avec
l’aide de la police politique de Dai Li.
Le bilan de la « décennie de Nankin » 1927-1937, période durant laquelle le nouveau régime
contrôla la riche région du bas Yangzi, est, quant à lui, revu à la hausse. Malgré des guerres
civiles récurrentes jusqu’en 1934, le gouvernement nationaliste jeta les bases d’une
planification d’État capable de satisfaire partiellement les besoins de l’industrie de guerre,
tandis que l’amélioration des transports routiers et ferroviaires permit un début d’intégration
économique.
La « décennie de Nankin » a également vu s’épanouir la civilisation urbaine dans la Chine
côtière, notamment à Shanghai. Le Guomindang toléra l’affirmation timide d’une société
civile d’entrepreneurs et de technocrates. Contrairement à ce qui fut souvent écrit, la situation
dans les campagnes, où vivaient misérablement les trois quarts des travailleurs chinois, ne
s’est pas aggravée par rapport à la fin du siècle précédent. Certes les révoltes contre les taxes
et la conscription alimentèrent la révolution menée par les communistes. Mais le pacte que ces
derniers passèrent alors avec les paysans consista à mettre en œuvre la politique de réduction
de la rente foncière que le Guomindang avait décidée. Enfin on doit rappeler que c’est à
l’époque du Guomindang que la Chine recouvra son autonomie douanière, mit fin aux «
traités inégaux » imposés lors des guerres de l’opium avec le recouvrement des « concessions
étrangères » et devint un des quatre grands en 1945.
Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 21-22
Document 2 : la difficile unification de la Chine sous la République
En 1925-1927 éclate une révolution « 1 bis » : elle permet au Parti nationaliste ou
Guomindang*, fondé par Sun Yat-sen en 1912, de conquérir le pouvoir en 1928. C'est le
nationalisme qui, dans ce mouvement encore, a été déterminant. Mais le Guomindang n'est
parvenu à ses fins qu'en s'entendant avec les communistes contre les seigneurs de la guerre.
Également soucieux de moderniser le pays, ces frères ennemis se sont un temps entendus
contre les tenants de la tradition : un « front uni » encouragé par les Soviétiques dès 1922.
L'alliance est brève ; les nationalistes ne tardent pas à se retourner contre les communistes : le
12 avril 1927, c'est le « coup de Shanghai », le massacre des communistes.
Avec ce coup de force de 1927, nous avons toutefois moins affaire à une révolution qu'à
l'unification du pays, accomplie, après la mort de Sun Yat-sen en 1925, par un général
victorieux, Chiang Kai-shek, aux dépens des seigneurs de la guerre rivaux. Cependant, cette
unification est incomplète, voire de pure forme : en théorie ralliés au nouveau régime, les
principaux seigneurs de la guerre maintiennent leur autonomie. Menacée de surcroît par les
communistes, qui n'ont aucune raison de pardonner la trahison de Chiang et qui se lancent
dans la rébellion, l'unité nationale ne peut être que précaire - de fait, elle ne sera vraiment
rétablie qu'en 1949. Face à un Guomindang incapable d'imposer sa loi, c'est la révolution
communiste qui va l'emporter.
Source : L. Bianco, comment la Chine est devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 76
Questions :
1. Quelle est la situation de la Chine lorsque le Guomindang arrive au pouvoir en 1927 ?
Lorsque le Guomindang arrive au pouvoir en Chine en 1927, la situation s’est encore
détériorée. La présence occidentale est toujours aussi forte dans les concessions. La situation
de la Chine est marquée par un émiettement du pouvoir puisque beaucoup de provinces sont
entre les mains des « seigneurs de la guerre » qui contrôlent des régions entières sans en
référer à Pékin.
De plus, après le « mouvement du 4 mai 1919 », des mouvements intellectuels commencent à
théoriser de nouvelles idées pour l’avenir de la Chine. Le Guomindang, parti nationaliste
chinois, prend le pouvoir après la révolution de 1925-1927. Dans le même temps, en 1920,
Chen Duxiu crée le parti communiste chinois, inspiré par le marxisme occidental.
2. Quelles sont les actions menées par Chiang Kai-Shek dans le cadre du gouvernement
dirigé par Guomindang ?
Chiang Kai-Shek met en place différentes actions visant à mettre fin au règne des « seigneurs
de la guerre » rivaux. Il tente d’unifier le pays en ralliant les « seigneurs de la guerre » au
nouveau régime mais d’après l’historien A. Roux, ceux-ci gardent le contrôle de la région.
Le dirigeant du Guomindang lutte aussi de manière acharnée contre les communistes comme
le montre les multiples combats qu’il mène notamment dans les années 1930 pour restaurer le
pouvoir de la capitale Nankin.
3. Quels sont les fondements de la doctrine du Guomindang ?
Créé d’abord sur des fondements léninistes, le Guomindang se détourne de cette voie pour
mettre en place un parti essentiellement fondé sur le nationalisme, la restauration de la
grandeur de la Chine pour la mettre sur un pied d’égalité avec les autres nations. Cependant, il
semble que le Guomindang se soit peu à peu transformé en un parti dictatorial et autoritaire.
4. Quels sont les reproches faits par les communistes au Guomindang ?
Plusieurs reproches sont faits par les communistes au Guomindang :
- Ils sont accusés d’être un parti qui privilégie la bourgeoisie au dépend des paysans qui
seraient ainsi exploités : « On en avait fait le parti d’une bourgeoisie asservie à
l’impérialisme et des propriétaires fonciers extracteurs d’une rente foncière qui paupérisait
la paysannerie. »
- Ils sont accusés d’avoir exercé un régime autoritaire qui aurait eu pour principale cible les
communistes : « Exerçant une dictature policière il aurait privilégié la lutte contre les
communistes sur la défense des intérêts du peuple face à l’agression japonaise à partir de
septembre 1931. […] »
- Ils sont accusés d’avoir accablé les paysans de taxes et de les avoir obligés à entrer dans
l’armée par l’intermédiaire de la conscription : « Certes les révoltes contre les taxes et la
conscription alimentèrent la révolution menée par les communistes »
- Enfin, les communistes expliquent que le Guomindang a laissé la Chine entre les mains de
l’impérialisme occidental : « On en avait fait le parti d’une bourgeoisie asservie à
l’impérialisme ».
C. Le parti communiste chinois, résistance à l’Occident et restauration de la
puissance chinoise
Documents à utiliser : documents 3 et 5 p. 257, document 4 p. 259, le parti communiste, un
parti nationaliste et révolutionnaire (A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p.
24), la victoire communiste née de la seconde guerre mondiale (A. Roux, le retour du
Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24-25)
Document 1 : Le parti communiste, un parti nationaliste et révolutionnaire :
[…]Rappelons d'abord que les communistes n'étaient pas moins nationalistes que les autres
[…]Persuadé que Lénine était en train de moderniser une Russie arriérée, maint intellectuel
nationaliste était impatient de transposer en Chine une méthode qui avait pu faire ses preuves.
Le politologue Chalmers Johnson a même identifié les communistes chinois à des
nationalistes qui auraient gagné le soutien des masses paysannes en animant la résistance à
l'envahisseur nippon1. Bien que cette thèse soit excessive et unilatérale, c'est
incontestablement l'invasion japonaise qui a permis aux communistes de l'emporter : la
révolution chinoise fille de la Seconde Guerre mondiale, comme la révolution russe de la
Première. […] Si les révolutionnaires voulaient tous édifier une Chine forte et prospère, les
communistes prétendaient aussi défendre les déshérités contre leurs exploiteurs. Dans un pays
agricole où le prolétariat industriel représentait en 1949 moins de 2 % de la population, les
pauvres dont il importait de promouvoir la condition, c'était avant tout les paysans. […] C'est
la principale raison du choix de Mao Zedong, qui transfère, à partir de 1927, le combat
révolutionnaire des villes aux campagnes.
Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24
Document 2 : La victoire communiste née de la seconde guerre mondiale
De 1927 à 1934, Mao tente de mobiliser les paysans pauvres du Jiangxi en leur distribuant la
terre des riches. Non pas dans tout le Jiangxi, mais dans ses régions les plus sousdéveloppées, et ce pour des raisons stratégiques et non sociales : il est plus facile de se terrer
et de maintenir une armée dans les collines et montagnes mal administrées que le long des
voies de communication. Mao y fonde en 1931 une « République soviétique chinoise ». […]
Lorsque la « république soviétique du Jiangxi » s'effondre, […] les communistes entament
leur Longue Marche. […] Épopée et plus encore mythe, la Longue Marche est d'abord une
retraite, une fuite éperdue pour préserver l'instrument de la conquête du pouvoir : l'armée et
ses chefs politiques et militaires. […] Les « masses paysannes » chères à l'historiographie
maoïste ont-elles aidé cette expansion ? Pas au début, pas spontanément ensuite. Dès les
premiers mois de son épopée du Jiangxi, en 1928, Mao a jugé les masses « froides et
réservées ». Dix ans plus tard, lorsque l'invasion japonaise leur donne de nouveaux atouts, les
communistes font certes de nombreuses recrues, mais à peu près exclusivement parmi les
jeunes intellectuels patriotes, accessoirement parmi les fils de propriétaires fonciers ; les
paysans ont, eux, d'autres chats à fouetter. […]
Baptisée « libération » jiefang en Chine populaire, la révolution communiste est d'abord le
remplacement d'une domination par une autre, plus rigoureuse mais plus efficace. Efficace
pour rétablir la loi et l'ordre qui a tellement fait défaut. Moins efficace toutefois pour
promouvoir l'indispensable modernisation qu'a, à l'origine, incarnée le projet révolutionnaire.
Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24-25
Questions :
1. Quel est le fondement de l’idéologie communiste chinoise ?
L’idéologie communiste chinoise se réclame du léninisme puisque, à l’origine, les
communistes chinois pensent que le léninisme est en train de transformer durablement
l’URSS en un pays fort et puissant.
2. Le parti communiste est-il un parti nationaliste ?
D’après l’historien A. Roux, le parti communiste (créé en juillet 1921) est d’abord un parti
nationaliste qui veut restaurer la grandeur de la Chine, se débarrasser de la présence
occidentale sur le territoire car il estime qu’elle est à l’origine de la spoliation des biens
chinois, notamment, ceux des masses paysannes ce qui empêche le pays de se développer
dans de bonnes conditions.
3. Quelles sont les actions menées par le parti communiste afin d’arriver au pouvoir ?
Le PCC s’est d’abord assuré le soutien des masses paysannes, souvent sans réel enthousiasme
pour la cause communiste comme le montre l’historiographie récente, contrairement aux
mythes communistes réalisés du temps de Mao. Il a aussi mis en place de 1931 à 1934, la
« république soviétique du Jiangxi » fondée sur l’idéologie marxiste léniniste en provenance
d’URSS.
Le PCC s’est ensuite lancée dans la conquête du pays mais s’est trouvé face à la lutte
acharnée menée par le Guomindang dans le but d’éliminer la menace communiste.
Cependant, l’invasion japonaise et le refus de Chiang Kai-Shek de prendre part à la
collaboration avec les Japonais, à amener une alliance pendant la guerre.
Enfin, le PCC qui estime être le seul capable de restaurer la puissance chinoise, entreprend
entre 1945 et 1946, de reprendre le pouvoir au Guomindang, ce qu’il parvient à faire en 1949.
4. Quel est l’objectif principal du PCC une fois le pouvoir entre ses mains ?
L’objectif principal est de restaurer la puissance chinoise disparue en se débarrassant de la
présence occidentale considérée comme spoliatrice et en développant le pays pour en faire
une nation puissante et moderne.
II.
La République populaire de Chine sous l’influence maoïste (1949-1978)
A. Construire un Etat fort
Documents à utiliser : la constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre
1954 (Ministère chinois des affaires étrangères)
Document 1 : La constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre
1954
[…] En l’an 1949, après plus d’un siècle de lutte héroïque, le peuple chinois, guidé par le parti
communiste chinois, a finalement remporté la grande victoire dans la révolution populaire
contre l’impérialisme, le féodalisme, et le capitalisme bureaucratique […] et a fondé la
République Populaire de Chine – une dictature populaire démocratique. Le système de la
démocratie populaire – le système d’une nouvelle démocratie – de la République populaire de
Chine garantit que notre pays peut, de manière pacifique, éliminer l’exploitation et la pauvreté
et construire une société socialiste heureuse et prospère.
[…] Les tâches générales de l’Etat durant la période de transition consistent, pas à pas, à
provoquer l’industrialisation socialiste du pays et, pas à pas, d’accomplir la transformation
socialiste de l’agriculture, de l’industrie artisanale et capitaliste et du commerce. […]
Au cours des dernières années, notre peuple a mis en place avec succès la réforme du système
agraire, la résistance contre l’agression des Etats-Unis et l’aide à la Corée, l’élimination des
contre-révolutionnaires, la réhabilitation de notre économie nationale et d’autres luttes à
grande échelle, préparant ainsi les conditions nécessaires pour la construction d’une économie
planifiée et la transition graduelle vers une société socialiste.
[…] L’unité des nationalités de notre pays continuera à gagner en force sur la base du futur
développement de ponts fraternels et d’aide mutuelle, et sur la base de l’opposition à
l’impérialisme, l’opposition aux ennemis publics dans nos rangs, et l’opposition à la fois au
chauvinisme des grandes nations et du nationalisme local. Sur le chemin de la construction
économique et du développement culturel, l’Etat sera concerné par les besoins des différentes
nationalités, et, dans le but de la transformation socialiste, fera pleinement cas des
caractéristiques spéciales dans le développement des nationalités.
[…] Article 2. Tous les pouvoirs de la République populaire de Chine appartiennent au
peuple. Les organes à travers lesquels le peuple exerce le pouvoir sont le Congrès populaire
national et les congrès populaires locaux à différents niveaux. […] Le Congrès populaire
national, les congrès populaires locaux et les autres organes de l’Etat pratique le centralisme
démocratique.
Source : Ministère chinois des affaires étrangères
Questions :
1. Après avoir replacé le document dans son contexte, vous en présenterez rapidement le ou
les auteurs.
La constitution chinoise a été réalisée en 1954, un an après la guerre de Corée qui a créé une
très forte tension sino-américaine et quelques mois après la fin de la guerre d’Indochine,
guerre dans laquelle la Chine a joué un rôle actif aussi bien sur le plan militaire (envoi de
matériel, soutien d’Hô Chi Minh) que sur le plan diplomatique (Zhou Enlai a en effet pesé sur
les négociations de Genève). Les auteurs de la Constitution s’appuient sur le programme du
Conseil politique consultatif populaire de la Chine de 1949 et donc sur les directives
proposées par ses membres en 1949. Ce conseil est composé des hommes qui ont conquis le
pouvoir notamment Mao Zedong et Lin Bao, donc des hommes qui sont d’inspiration
marxiste-léniniste et/ou stalinienne.
2. Quelles sont les caractéristiques du gouvernement de la République Populaire de Chine ?
Le gouvernement de la République populaire de Chine fonctionne selon le même système
que l’URSS stalinienne. Le pouvoir est sensé émané du peuple comme le montre l’article 2 :
« Tous les pouvoirs de la République populaire de Chine appartiennent au peuple. ».
L’économie repose sur une économie planifiée puisque le préambule de la constitution en fait
mention : « la construction d’une économie planifiée ». Le préambule explique aussi qu’il
s’agit d’une dictature populaire démocratique ce qui fait référence aux idées marxistes de
dictature du prolétariat, phase nécessaire à la mise en place du communisme. Enfin, le
gouvernement de la Chine populaire repose, selon le préambule de la constitution de 1954 sur
le centralisme démocratique. Comme en URSS, le centralisme démocratique, comme son nom
l'indique, tend à concilier la centralisation et la démocratie. Il se définit par quatre caractères
dont deux visent la démocratie :
- l'élection de tous les organismes dirigeants du parti, de la base au sommet,
- les comptes rendus périodiques des organismes du parti devant leurs organisations ;
et deux autres caractères qui concernent la centralisation et la discipline :
- la soumission de la minorité à la majorité,
- la soumission des organismes inférieurs aux organismes supérieurs.
3. Quels sont les principes sur lesquels repose le nouveau gouvernement ?
Le nouveau gouvernement repose sur les principes du marxisme-léninisme et du stalinisme :
- La dictature des masses, ici le prolétariat paysan plus que le prolétariat ouvrier
- Le centralisme démocratique
- L’unité des nationalités
4. Contre qui ou quoi se bat la République Populaire de Chine ?
La République populaire de Chine a plusieurs adversaires comme le montre le texte. Ces
adversaires sont aussi bien des adversaires de l’intérieur que des adversaires de l’extérieur. La
République populaire de Chine a fait de la lutte contre l’impérialisme, soit la domination
(politique, économique et/ou culturelle) d’un pays sur un ou d’autres pays, des puissances
occidentales. La constitution fait ici référence aux puissances occidentales qui ont eu des
concessions en Chine mais aussi à l’action des Etats-Unis et de l’ONU pendant la guerre de
Corée. Dans le même temps, la lutte contre l’impérialisme se double d’une lutte contre le
capitalisme, considéré comme un des maux de la République chinoise avant 1949 car, selon
les communistes et notamment Mao Zedong, il était responsable de l’oppression des masses,
notamment paysannes.
Les communistes du PCC s’opposent également au féodalisme. Ici, il est fait référence aux
structures foncières chinoises qui reposent sur les structures traditionnelles issues de l’époque
impériale et du confucianisme, déjà critiquées à l’époque de Chen Duxiu.
Les hommes du PCC ont aussi décidé de lutter contre les Etats-Unis, considérés comme les
tenants de l’impérialisme en Asie, comme les oppresseurs du monde, qui se donne
l’apparence de la puissance mais ne sont qu’un « tigre de papier » selon l’expression de Mao
dans un discours aux représentants sud-américains en 1956 (document 3 p. 261).
Enfin, Mao et les hommes de la RPC décident également de s’en prendre aux
contre-révolutionnaires et aux ennemis publics de leurs rangs. Dans le premier cas, il fait
référence aux hommes du Guomindang qui ont fui la Chine continentale pour se rendre à
Taïwan et maintenir un gouvernement qui se veut le véritable représentant de la Chine – et qui
l’est d’ailleurs à l’ONU jusqu’en 1971. Enfin, elle veut lutter contre les « ennemis publics
dans nos rangs », soit ceux qui dévient de la ligne droite fixée par le parti, ce qui peut être une
référence à l’affaire Gao Dang et Rao Sushi, qui, alors qu’ils semblaient être des étoiles
montantes de régime, perdent le soutien de Mao, alors même que celui-ci leur avait dans un
premier temps accordé sa confiance. Mao finit pas se laisser convaincre que ce sont des
ambitieux et, finalement Gao Dang se suicide et Rao Sushi est emprisonné.
5. Montrez que l’Etat ainsi créé est un Etat fort qui tente d’unifier la Chine sous son contrôle
mais aussi se donner une envergure internationale.
L’Etat ainsi créé se veut un Etat fort qui répond aux attentes des populations mais qui, surtout,
contrôle l’ensemble de la vie du pays : le système politique, la vie économique, la société
avec l’idée de tendre vers un idéal socialiste. A la tête de cet Etat, on trouve Mao Zedong, qui
n’est pas un poète, un rêveur comme on l’a longtemps laissé entendre mais quelqu’un qui
contrôle l’ensemble du régime (il voit tout, relit tout, donne son avis sur tout).
La Chine se donne aussi une envergure internationale par sa lutte contre les Etats-Unis mais
aussi par la volonté de se présenter en chantre de l’anti-impérialisme.
B. Reconquérir son influence en Asie
Documents à utiliser : document 1 p. 262, document 3 p. 263, Influencer l’Asie et s’opposer à
l’Occident (Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137), document 1 p. 272.
Document 1 : Influencer l’Asie et s’opposer à l’Occident
La rupture de l’Occident avec la Chine populaire n’est pas une résultante de la prise de
pouvoir des communistes, ni de son engagement dans le camp socialiste. Elle est provoquée
par l’intervention militaire de la Chine en Corée. [Les 8000 « volontaires » chinois]
repoussent les troupes onusiennes, sauvant le régime de Kim Il-Sung. Cette confrontation va
peser sur les relations sino-américaines […].
Pékin intervient plus discrètement mais de manière tout aussi efficace dans le conflit qui sévit
en Indochine. Après avoir reconnu implicitement le gouvernement d’Hô Chi Minh en janvier
1950, elle lui apporte un soutien militaire et diplomatique, mais cette fois, elle évite toute
implication directe qui risquerait une riposte occidentale. […]
Dans le même temps, la Chine entend récupérer ce quelle considère comme être historique
son territoire. En 1950, les troupes chinoises occupent le Tibet. En août 1954, Zhou Enlai fait
de la libération de Taïwan un de ses principaux objectifs1. […]
Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137
Questions :
1. Quelle est l’alliance formée par la République Populaire de Chine afin de lui donner un
poids international ? Sur quelles bases se fonde-t-elle ?
Afin d’obtenir un poids international conséquent, la RPC se place dans le bloc de l’Est et
s’allie avec l’URSS de Staline. L’alliance est principalement une alliance militaire visant à
1
Après la victoire des communistes en Chine continentale, les membres du Guomindang se sont réfugiés à
Taïwan créant un Etat nationaliste chinois qui est officiellement le représentant chinois à l’ONU jusqu’en 1971,
date à laquelle la République Populaire de Chine est reconnue par les Etats-Unis.
éviter toute attaque japonaise sur le sol chinois, mais c’est aussi un moyen de lutter contre les
Etats-Unis qui sont, depuis 1945 et la capitulation du Japon, les principaux alliés du géant
nippon dans la région comme le dit le traité d’amitié sino-soviétique en 1950 : « si l’une des
parties contractantes était attaquée par le Japon ou un de ses alliés, l’autre partie contractante
fournira immédiatement une assistance militaire ».
Cependant, l’alliance est aussi une alliance diplomatique comme le montre l’article 3. Elle
privilégie l’alliance diplomatique et militaire entre la Chine et l’URSS aux dépens d’autres
alliances. Enfin, l’article 4 confirme cette entente diplomatique puisque les deux pays sont
désormais en devoir de se consulter sur les questions traitant du monde communiste. Cela
prouve aussi que la RPC ne devient pas un satellite de l’URSS.
2. Quelles sont les raisons de la querelle avec l’Occident, et notamment les Etats-Unis ?
Les raisons de la querelle avec l’Occident, et notamment les Etats-Unis, sont liées à
l’intervention chinoise dans les différents conflits d’Asie du Sud-Est. Les EU ont très mal
perçu l’envoi de 8000 « volontaires » chinois auprès des troupes nord-coréennes, notamment
parce qu’elles ont permis de sauver le régime de Kim Il-Sung assailli par les troupes
onusiennes. La France apprécie aussi moyennement l’intervention auprès d’Hô Chi Minh
dans la guerre d’Indochine, même si cette intervention n’est pas directe.
3. Par quelles actions la Chine se présente-t-elle comme une puissance incontournable en
Asie ?
La RPC se présente comme une puissance incontournable en Asie par plusieurs actions :
- son intervention militaire en Corée qui montre qu’elle est une puissance militaire
importante dans la région.
- son intervention en Indochine en fournissant des armes
- son extension territoriale au Tibet et ses tentatives, certes infructueuses de récupérer
Taïwan
4. Quel est l’autre moyen utilisé par la Chine pour tenter de devenir une grande puissance en
Asie, mais aussi dans le reste du monde dans les années 1950-1960 ?
Sa participation à la conférence de Bandung (1955) et celle de Belgrade (1961) en font un des
leaders du Tiers-Monde, dans le cadre de la participation au mouvement des non-alignés. La
Chine devient donc une puissance importante du communisme en Asie, et en Asie du Sud-Est
plus particulièrement.
C. Une nouvelle puissance régionale
Documents à utiliser : L’opposition Moscou-Pékin (Dictionnaire de la Guerre Froide,
p. 137-138), La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident (Dictionnaire de la
Guerre Froide p. 138-139)
Document 1 : L’opposition Moscou-Pékin
Après une phase de reconstruction, la Chine de Mao adopte le modèle de développement
stalinien d’édification du socialisme, mais elle ne peut en aucun cas être considérée comme un
satellite de Moscou. L’URSS apporte l’aide financière et technique nécessaire à la mise en
œuvre du plan quinquennal lancé en 1953. […] En 1956, des désaccords apparaissent entre les
deux pays après la tenue du XXème Congrès du PCUS. […] Le fossé idéologique se creuse
progressivement. Mao […] se montre de plus en plus hostile à la détente et reproche
ouvertement à l’URSS d’abandonner la stratégie révolutionnaire pour rechercher la paix à tout
prix.
[…] Mao tourne le dos au modèle soviétique. Il se lance dans l’industrialisation à outrance et
lance son pays dans l’aventure du « Grand Bon en avant » et des communes populaires.
Parallèlement, il renforce ses liens avec les éléments les plus révolutionnaires du
Tiers-Monde. Le voyage de Khrouchtchev aux Etats-Unis en 1960 envenime un peu plus la
situation et, en 1960, la rupture est consommée. […]
Malgré leur isolement et l’échec patent du « Grand Bon en avant », les communistes chinois
ne plient pas. […] La Chine utilise la crise de Cuba pour contester à Moscou le rôle de leader
du mouvement communiste international. [En 1964], la Chine se dote de la bombe A et en
juin 1967 […], elle se dote de la bombe H, aggravant l’inquiétude des soviétiques. […] De
son côté, Moscou fomente des troubles à la frontières du Xinjiang pour dresser la population
contre le pouvoir central. […] Les relations diplomatiques sont rompues et l’URSS envisage
une frappe nucléaire préventive sur les installations atomiques du nord de la Chine.
Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 137-138
Document 2 : La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident
[La menace de guerre avec l’URSS] provoque un revirement total de la diplomatie chinoise,
qui reçoit au même moment des signes d’apaisement de la part de Washington. […] Les
échanges de biens et de personnes reprennent entre les deux pays. En 1971, la Chine populaire
est admise aux Nations-Unies et retrouve sa place dans la communauté internationale. Le
président Nixon se rend en visite officielle à Pékin du 21 au 28 février 1972. Lors de sa
rencontre avec Mao Zedong, il manifeste son désir de normaliser les relations entre les deux
pays. […]
L’alliance sino-américaine, destinée à contrer « l’impérialisme russe », est abandonnée après
la disparition du grand timonier (=Mao Zedong) en raison du soutien américain à Taïwan,
mais que soit pour autant rompue la coopération économique.
Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 138-139
Questions :
1. Comment la Chine entend-elle s’opposer à l’URSS dans les années 1960-1970 ? Quelles
sont les raisons de cette opposition ?
La RPC entend s’opposer à l’URSS dans les années 1950-1960 en critiquant la politique
soviétique dans le bloc de l’Est, notamment le fait que cette dernière empêche l’émergence de
voie particulière du communisme qui ne soient pas dicter par Moscou. La RPC se place en
tête des pays du mouvement des non-alignés et, dans ce cadre, tente de priver l’URSS de son
influence sur les pays du Tiers-Monde décolonisés ou en voie de décolonisation, notamment
en Asie, mais aussi en Amérique latine.
Les raisons de cette opposition sont doubles :
- d'abord le refus de la critique du stalinisme lors du XXème Congrès du PCUS en 1956.
- le refus de la détente avec les EU que la Chine présente comme une faiblesse de l’URSS
qu’elle accuse de ne chercher que sa propre sécurité, la paix à tout prix.
2. En quoi la normalisation des rapports avec l’Occident sont-ils directement liés avec la
querelle avec l’URSS ?
La querelle avec l’URSS à la fin des années 1960 est si vive que cette dernière envisage
d’utiliser des frappes atomiques sur la RPC pour régler la question frontalière au niveau du
fleuve Amour notamment. Dans ce cadre, la Chine est obligée de changer de voie
diplomatique et de normaliser ses rapports avec l’Occident pour éviter un basculement dans
un double conflit avec les deux Grands, ce qu’elle n’aurait pu soutenir, notamment en raison
des difficultés cumulées liées au « Grand Bond en avant » de 1958 qui a laissé l’économie
chinoise en grande difficulté – or, la querelle avec l’URSS a mis aux aides financières et
matérielles qu’elle apportait à la Chine – ou la « Révolution culturelle » de 1967 qui a mis à
mal le parti lui-même en raison des violentes purges qui y ont eu lieu.
3. Montrez que la Chine s’est dotée des attributs de la puissance internationale mais qu’elle
est marquée intérieurement par de grandes difficultés économiques.
La Chine s’est dotée des attributs de la puissance internationale de plusieurs manières :
- elle s’est positionnée comme une puissance diplomatique et militaire de premier plan sur la
scène internationale, notamment en Asie du Sud-Est et dans les rapports avec le
Tiers-Monde
- elle est devenue une puissance nucléaire en se dotant de la bombe A et de la bombe H, à la
grande inquiétude de l’URSS
Cependant, la RPC est marquée par d’importantes difficultés économiques provoquées par
deux événements :
- le plan quinquennal des années 1949-1954 qui a certes développé l’industrie lourde mais
qui s’est révélé dévastateur pour l’agriculture chinoise car il n’était pas adapté aux réalités
de l’économie chinoise. La collectivisation des terres avec l’instauration de coopératives
agricoles a posé beaucoup de problèmes aussi bien pour l’économie que pour les critiques
contre le régime
- le « Grand Bond en avant » de 1958-1960 qui devait permettre à la Chine de rattraper son
retard en matière économique. Il vise à collectiviser à grande échelle avec la commune
populaire, nouvelle unité regroupant plusieurs coopératives et la collectivisation de la vie
quotidienne (instauration de cuisines, crèches voire dortoirs communs). Cette
collectivisation entraîne un effondrement de la production agricole et de grandes difficultés
dans la production industrielle.
4. L’influence chinoise est-elle aussi importante que sa propagande semble le laisser
entrevoir ?
Le maoïsme a du succès en Asie du Sud-Est et chez certains intellectuels. Cependant, malgré
cette influence, la RPC et le maoïsme n’arrive pas à concurrencer l’Union Soviétique qui reste
le vrai leader du monde communiste et ce, jusqu’à la chute de l’URSS en 1991.
III.
L’ouverture économique de la Chine à la mort de Mao
A. L’acquisition de la puissance économique et financière
Documents à utiliser : L’ouverture économique de Deng Xiaoping (François Godement, La
première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), documents 4 et 5 p. 269.
Document 1 : L’ouverture économique de Deng Xiaoping
[…] Deng a d’abord enrayé un nouveau mouvement de mobilisation de masse dans
l’agriculture. Il lance à cette occasion la critique des impostures de la politique économique et
sociale de l’ère maoïste*. Puis il ouvre les vannes de la réhabilitation des victimes de la
Révolution culturelle, lance une politique de hausse des prix d’achat des récoltes aux paysans.
Il restaure aussi la légalité le droit même avait été suspendu pendant la dernière phase de la
Révolution culturelle. […]Dès janvier 1979, dans la province du Sichuan, gouvernée par Zhao
Ziyang, une réforme de l’entreprise est lancée : elle réhabilite les profits et rend aux
entreprises d’État une autonomie de gestion. En juin 1979, des zones économiques spéciales
ZES sont ouvertes aux étrangers, qui y implantent très vite des usines. Au début 1981,
l’ensemble des terres cultivées est rendu aux familles paysannes, même si l’État en conserve
la propriété théorique. […]En 1984, on libéralise une partie des prix industriels. On autorise la
création d’entreprises privées en principe à échelle réduite. […]La généralisation des marchés
libres réduit la portée des restrictions officielles à la mobilité de la population - on pourra
désormais se déplacer plus facilement. Commence un afflux migratoire vers les villes
chinoises, qui va bouleverser la répartition de la population.
Toujours cette même année 1984, la libéralisation du commerce extérieur conduit à un
gonflement des importations de biens de consommation et à un dérapage économique en
1985 : déficit commercial, effondrement des réserves de change, inflation des prix et du
crédit. Ainsi s’achève le premier cycle économique de l’ère des réformes et de l’ouverture. Il
sera suivi d’une deuxième vague de réformes au début des années 1990.
Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 103
Document 2 : Réformes économiques mais répression politique
En 1986, le lieutenant le plus libéral de Deng, Hu Yaobang, propose de séparer le parti de
l’État et de promouvoir la liberté d’expression. Il est désavoué par Deng et perd son poste en
janvier 1987. Il faut dire que l’expansion des projets économiques et de la consommation
conduit à un nouveau dérapage inflationniste à l’été 1988. C’est un moment clé. L’alliance de
1976 se disloque et les conservateurs reprennent le pouvoir.
Les intellectuels, les étudiants et les classes urbaines se mobilisent alors pour appuyer les
dirigeants réformateurs menacés, tandis que le refroidissement économique entraîne des
difficultés sociales pour les petits entrepreneurs et les artisans. Ce sera la base économique et
sociale du mouvement de Tian’anmen. […]
La proclamation de la loi martiale, l’intervention sanglante d’une partie de l’armée, l’absence
aussi d’alternative politique constituée, permettront de rétablir l’ordre ; la répression entraîne
la chute de toute l’aile réformatrice du régime. On évalue à plusieurs milliers le nombre de
morts, sans compter les nombreux blessés.
Deng reste au pouvoir. Il a choisi la préservation du régime aux dépens de la réforme et de
l’ouverture. La stabilité politique, le maintien du noyau dirigeant, seront désormais sa ligne
directrice jusqu’à sa mort, en février 1997. Il a pourtant relancé la politique d’ouverture et de
réforme, suscitant un flot sans précédent d’investissements étrangers vers la Chine. […]
Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 105
Questions :
1. Quelles sont les réformes menées par Deng Xiaoping ?
Deng Xiaoping se lance dans des réformes économiques visant à améliorer la production aussi
bien agricole qu’industrielle pour contrer les conséquences désastreuses des politiques
économiques menées en Chine depuis les années 1950. Il réintroduit la propriété privée en
rendant la terre aux familles paysannes en 1984. Il libéralise le commerce extérieur en 1984
après avoir le marché chinois aux entreprises étrangères par l’intermédiaire des ZES en 1979.
Il introduit donc des formes de libéralisme dans le socialisme en autorisant à nouveau
l’existence d’entreprises privées, même si elles restent de petite taille.
Il fait aussi quelques réformes très limitées sur le plan politique : restauration du droit de vote
et réhabilitation des condamnés de la « Révolution culturelle ».
2. Que permettent-elles pour l’économie chinoise ?
Malgré des difficultés en 1985 et 1988, ces réformes permettent une restauration de
l’économie chinoise qui devient dans les années 2000 l’une des puissances exportatrices les
plus importantes du monde et la deuxième puissance économique mondiale. Cela a donc
permis un redressement de l’économie chinoise et l’acquisition du statut de puissance
économique et financière.
3. En quoi, l’organisation de la ville de Shanghai reflète-t-elle aujourd’hui le caractère
incontournable de la Chine dans les échanges économiques mondiaux ?
La ville de Shanghai est aujourd’hui un centre d’affaires important dans le monde, un port
d’envergure mondiale et l’un des premiers aéroports du monde. C’est aussi un centre financier
d’envergure comme le montre la présence d’une bourse. La ville est intégrée dans l’archipel
métropolitain mondial qui regroupe les villes avec les centres de commandement les plus
puissants de la planète. Même l’apparence de la ville, avec ses tours et ses gratte-ciels lui
donne une image proche de celles d’autres métropoles mondiales.
Skyline de Shanghai
Skyline de Toronto
4. Si la Chine s’est ouverte économique, peut-on estimer qu’il existe une ouverture
politique ?
La Chine est bien marquée par une large ouverture économique. Cependant, les événements
de la place Tienanmen en 1989 montrent bien que la critique du régime et les manifestations
contre le régime ne sont pas acceptées et acceptables. Le régime reste donc une des dictatures
les plus dures de la planète, n’hésitant pas à faire œuvre de répression. De plus, même les
leaders chinois de l’économie peuvent tout perdre dans le cas où ils ne se méfieraient pas de
leurs paroles et de leurs actes.
B. Un nouveau centre géopolitique en Asie orientale
Documents à utiliser : la Chine, une intégration progressive dans les instances internationales
(François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), document 4
p. 265, document 5 p. 267.
Document 1 : La Chine, une intégration progressive dans les instances internationales
Deng a mené une politique d’ouverture, j’y ai fait allusion, qui a permis à la Chine de
réintégrer pleinement la communauté internationale : l’entrée de la Chine dans tous les
organismes financiers internationaux FMI, Banque mondiale en 1980-1981, participation à
l’APEC, en 1993, et finalement entrée à l’OMC en 2001.
Cela n’empêche pas que Deng se soit révélé un nationaliste à certains égards plus exigeant
que Mao. Les hostilités contre le Vietnam en 1979, c’est lui qui en prend l’initiative - la Chine
tente alors d’envahir son voisin. C’est lui qui négocie le rattachement de Hongkong à la Chine
qui se fera finalement en 1997 et, quand, en 1983, un général affirme que l’Armée rouge ne
stationnera pas dans la colonie revenue dans le giron chinois, il le dément aussitôt.
Les dirigeants actuels de Pékin démentent toute volonté hégémonique en Asie. Ils se plient au
précepte de Deng selon lequel il vaut mieux cacher ses forces et attendre son heure. Mais la
Chine est décidée à jouer le premier rôle en Asie. Aucun doute n’est permis : elle veut se
servir de son dynamisme économique pour étendre son rayonnement sur la région.
Par réalisme, Pékin accepte l’équilibre géostratégique asiatique, marqué par l’alliance entre
Washington et Tokyo.
Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 106
Question : Montrez que la Chine est une puissance diplomatique et militaire mais qu’elle doit
aussi faire face à des nombreuses tensions géopolitiques dans sa zone d’influence.
La Chine est une grande puissance diplomatique dans le sens où elle fait partie des principales
institutions internationales (ONU, FMI, OMC, G20) ce qui lui permet d’influer sur les
décisions mondiales comme le montre son action en Syrie à l’heure actuelle.
La Chine est aussi une puissance militaire de premier plan comme le montre l’importance de
son armée, le fait qu’elle est dotée de l’arme nucléaire, le fait qu’il s’agisse d’une puissance
dotée de la capacité à lancer des fusées dans l’espace et de construire sa propre station spatiale
orbitale.
Cependant, la Chine doit aussi faire face à de nombreuses tensions géopolitiques dans sa
région :
- Les tensions avec Taïwan qui ne sont toujours pas réglées depuis 1949
- Les tensions avec la Corée du Nord
- Les tensions répétées avec le Japon, notamment en raison de la non-reconnaissance par
celui-ci des crimes perpétrées sur le territoire chinois pendant la guerre, crimes éligibles au
statut de crimes contre l’humanité. Certains courants au Japon vont jusqu’au
négationnisme.
C. La Chine, une puissance incomplète ?
Documents à utiliser : les défis actuels de la population chinoise (Atlas de la Chine, 2012,
p. 21), Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ? (Atlas de la Chine, 2012, p. 40), Une puissance
militaire face à de nouveaux défis (Atlas de la Chine, 2012, p. 71).
Document 1 : Les défis actuels de la population chinoise
La population de Chine devrait se stabiliser vers 1,5 milliards d’habitants dans les 30 ans à
venir. […] Mais les conséquences du boom démographique dans les années 1950 et 1960,
puis de la politique de l’enfant unique pèseront longtemps sur le pays. Une main d’œuvre
pléthorique, insuffisamment formée, est le défi majeur depuis 30 ans déjà. […] Le
vieillissement de cette classe d’âge nombreuse constitue un autre défi. […] Un déséquilibre
des sexes inquiète enfin les autorités chinoises : compte 123 garçons pour 100 filles parmi les
enfants de moins de 5 ans en 2005.
Source : Atlas de la Chine
Document 2 : Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ?
L’hypothèse du prochain éclatement territorial dû à l’essor économique actuel souligne une
disparité régionale aggravée par les inégalités de croissance face à un Etat idéologiquement
affaibli. Mais les principaux acteurs à la tête des logiques régionales ne sont plus aujourd’hui
l’ancienne élite foncière et commerciale, ni des « seigneurs de la guerre ». Une solidarité dans
leur appartenance au Parti communiste les lie entre eux et leur fait partager un discours
commun.
Premier acquis de la Chine socialiste, il faut en souligner une unité interne de nature
politico-administrative. La fragmentation en cours entre les régions n’est pas radicale.
Source : Atlas de la Chine
Document 3 : Une puissance militaire face à de nouveaux défis.
Les ambiguïtés de la puissance. Si sa doctrine reste strictement défensive, l’armée chinoise
contribue aussi au maintien de l’ordre intérieur et au renforcement de la stratégie
diplomatique du pays grâce à l’acquisition de moyens crédibles de coercition. La question
taïwanaise et les possibilités d’une intervention américaine sont les principaux défis avancés
en interne.
Des forces armées à plusieurs vitesses. L’accent est mis sur la création d’unités disposant de
moyens technologiques les plus modernes, notamment en technologie de l’information. Par
contre, la grande majorité des forces militaires demeure très mal équipée.
Un retard à combler. Les capacités navales et aériennes accusent un retard considérable face à
celle des pays occidentaux, et notamment des principales puissances présentes dans la région,
les Etats-Unis et le Japon.
Le soutien russe. Alors que l’embargo européen sur les ventes d’armes date de la répression
de 1989, la Russie est devenue le premier d’armes de la Chine dans les années 1990.
Source : Atlas de la Chine
Question : Montrez que malgré l’importance de la puissance économique et financière de la
Chine à l’heure actuelle, les nombreux défis auxquels elle doit faire face ne lui permettent pas
de prétendre au statut de superpuissance.
La Chine est incontestablement une puissance économique et financière et une puissance
démographique. Cependant, elle doit relever de nombreux défis. Le premier d’entre eux
concerne sa démographie. En effet, la politique de l’enfant unique mise en place par Deng
Xiaoping dans les années 1970 pour contrer l’explosion démographique des années
1950-1960 a certes permis de freiner la croissance démographique pour une stabilisation
autour des 1,5 milliard d’habitants mais elle a créé des déséquilibres démographiques :
vieillissement accéléré de la population (avec tous les problèmes de prise en charge des
personnes âgées), déséquilibre entre les sexes (une femme pour 10 hommes dans certaines
régions de Chine).
La Chine doit aussi améliorer son système militaire. Malgré l’importance des forces armées,
la faible professionnalisation de l’armée et les déséquilibres en équipement de pointe ne lui
permettent pas de rivaliser avec les Etats-Unis.
Enfin, la Chine doit faire face au risque de déséquilibre régional de plus en plus prononcé
entre un littoral intégré dans la mondialisation, un centre marqué par une amélioration de
l’intégration à la mondialisation mais de manière très inégale. Enfin, l’Est de la Chine qui
semble être oublié dans ce progrès.
Conclusion : organigramme p. 273
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