Partie I : La Chine et le monde depuis le « mouvement du 4 mai 1919 » Exercice amorce : Comparez la situation décrite par l’affiche 1 p. 250 et celle montrée par la photo 2 p. 251. Que pouvez-vous en déduire de l’évolution de la situation de la Chine depuis le début du XXème siècle ? La première affiche montre l’Empire du Milieu sous les coups de la domination étrangère. En effet, le territoire est partagé entre les différentes puissances occidentales : la Russie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France qui se partagent des concessions et des ressources chinoises à l’aide et avec l’accord des gouvernants impériaux comme le montre les critiques faites contre les personnels chinois accusés de corruption, d’incompétence, d’être dépendant de l’opium ce qui fait qu’ils sont rendus responsables de la faiblesse du pays et de son incapacité à lutter contre les puissances occidentales. La photo des Jeux Olympiques de 2008 fait référence à une Nation capable d’accueillir le monde sur son territoire, de faire apparaître ses capacités, sa richesse et sa puissance et la performance de ces athlètes aux yeux du monde entier, dans un spectacle grandiose. La différence entre les deux documents montre que la Chine est passée du statut de puissance dominée à celui de puissance avec laquelle il faut compter aussi bien sur le plan diplomatique, culturel, qu’économique. Problématique : Comment la Chine, sous influence occidentale au début du XXème siècle, est-elle devenue une puissance communiste tout en étant aujourd’hui parmi les plus grands leaders du monde ? I. Un pays sous la dépendance des puissances étrangères (1919-1949) A. Le « mouvement du 4 mai 1919 », s’affranchir de la domination occidentale Documents à utiliser : carte p. 253, document 1 p. 252, carte p. 254, documents 1 et 2 p. 254, le mouvement du 4 mai, un mouvement patriotique ? (L. Bianco, comment la Chine est devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 77). Document 1 : le mouvement du 4 mai, un mouvement patriotique ? […] Le nationalisme, toujours lui, rend compte d'un autre paradoxe : celui du mouvement du 4 mai 1919, manifestation patriotique qui a correspondu à une mise en cause radicale de la civilisation chinoise. Que s'est-il passé ? Dès que sont connues en Chine les nouvelles de la conférence de la paix à Versailles, des étudiants descendent dans la rue à Pékin pour protester contre la décision de transférer au Japon les droits concessions ferroviaires, base de Qingdao, etc. que l'Allemagne avait acquis deux décennies auparavant en 1898 dans la province du Shandong. Bientôt le mouvement s'étend, gagne les milieux commerçants et ouvriers. Il donne force au courant iconoclaste des modernisateurs, Chen Duxiu en tête, qui, contre la tradition nationale, exaltent la raison, la science et la démocratie pour sauver la nation. […] Source : L. Bianco, comment la Chine est devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 77 Questions : 1. Quel est la situation politique et économique de la Chine à la fin de la Première Guerre mondiale ? La Chine est devenue une République depuis la Révolution de 1912. Elle est dirigée par Yuan Shikai. Cependant, la République ne parvient pas à mettre fin aux traités qui ont donné une grande partie du territoire aux puissances occidentales. Ce sont les concessions qui ont été octroyées aux puissances occidentales à la fin des années 1890, notamment après les guerres de l’opium avec l’Angleterre. De plus, à partir de 1916, les « seigneurs de la guerre » contrôlent des régions entières de Chine laissant peu de marges de manœuvre au nouvel Etat républicain mis en place en 1912. La situation politique et économique de la Chine est donc marquée par la dépendance vis-à-vis de l’Occident. De plus, à la fin de la 1GM, des territoires qui avaient été octroyés comme concession allemande et qui, selon les accords passés avec la France et la GB auraient dû revenir à la Chine sont cédées au Japon ce que les Chinois ont beaucoup de mal à admettre, se sentant trahis et humiliés par les Occidentaux. 2. Quel événement – qui n’est pourtant pas le premier – marque un refus massif de l’occupation occidentale ? Le 4 mai 1919, à Pékin, a lieu une manifestation d’étudiants et d’intellectuels chinois qui refusent les conclusions du traité de Versailles concernant les concessions allemandes de Jiaozhou et Weihai et de transférer au Japon les droits des concessions ferroviaires. Le mouvement, malgré la répression dans les rues de Pékin, se propagent à l’ensemble des villes de Chine et gagne le milieu des commerçants et des ouvriers. Shanghai est la deuxième ville la plus touchée par le mouvement. (Voir le document 2 p. 254) 3. Qui sont les personnes qui participent à ce mouvement et sur quelles idées s’appuient-elles ? Les personnes touchées par le mouvement sont d’abord les étudiants et les intellectuels chinois, puis le mouvement s’étend au milieu des commerçants et des ouvriers. Les étudiants et les intellectuels, qui pour certains ont étudiés en Occident, font remarquer, comme le fait Chen Duxiu, que le système chinois, fondé sur le confucianisme est archaïque et féodal. Ils proposent de s’appuyer sur la science et la démocratie, sur l’adaptation au monde moderne par le progrès technique pour développer une nation puissante, capable de rivaliser et de rejet les nations européens. En effet, Chen Duxiu dit dans son texte : « Toute notre éthique, nos lois, notre savoir, nos rites et nos coutumes traditionnels sont des survivances féodales. Comparés aux succès de la race blanche, il y a une différence de mille ans dans la pensée, bien que nous vivions à la même époque ». 4. Quels sont grands principes mis en avant par les acteurs du « mouvement du 4 mai 1919 » ? Plusieurs grands principes sont mis en avant par les acteurs du « mouvement du 4 mai 1919 » : - Le nationalisme - Le refus de l’impérialisme occidental - Le refus des traditions chinoises considérées comme féodales - La nécessité du progrès, de l’utilisation de la science et de la démocratie, qui sont paradoxalement des idées venues de l’Occident. B. Le Guomindang, un premier nationalisme chinois Documents à utiliser : document 3 p. 257, le Guomindang, un parti nationaliste (A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 21-22), la difficile unification de la Chine sous la République (L. Bianco, comment la Chine est devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 76) Document 1 : le Guomindang, un parti nationaliste Jusqu’alors l’histoire du Guomindang, le parti nationaliste fondé en 1912 par Sun Yat-sen, réorganisé en janvier 1924 sur le modèle léniniste, puis devenu violemment anticommuniste à partir du printemps 1927 sous l’autorité de Chiang Kai-shek, avait été racontée par ses vainqueurs communistes. On en avait fait le parti d’une bourgeoisie asservie à l’impérialisme et des propriétaires fonciers extracteurs d’une rente foncière qui paupérisait la paysannerie. Exerçant une dictature policière il aurait privilégié la lutte contre les communistes sur la défense des intérêts du peuple face à l’agression japonaise à partir de septembre 1931. […] Le Guomindang ne s’est pas toujours appuyé unilatéralement sur la bourgeoisie : s’il se montra en 1927 protecteur de ses intérêts face au syndicalisme ouvrier révolutionnaire et aux communistes, il accabla de taxes, de contributions forcées voire de spoliations les industriels. La guerre contre le Japon le contraignit à se réfugier au Sichuan, province enclavée à l’économie peu développée : là, dépourvu de base populaire, le Guomindang, aspiré par les forces conservatrices du monde rural, accentua sa transformation en une construction bureaucratique et militarisée qui pratiquait la terreur contre ses opposants politiques avec l’aide de la police politique de Dai Li. Le bilan de la « décennie de Nankin » 1927-1937, période durant laquelle le nouveau régime contrôla la riche région du bas Yangzi, est, quant à lui, revu à la hausse. Malgré des guerres civiles récurrentes jusqu’en 1934, le gouvernement nationaliste jeta les bases d’une planification d’État capable de satisfaire partiellement les besoins de l’industrie de guerre, tandis que l’amélioration des transports routiers et ferroviaires permit un début d’intégration économique. La « décennie de Nankin » a également vu s’épanouir la civilisation urbaine dans la Chine côtière, notamment à Shanghai. Le Guomindang toléra l’affirmation timide d’une société civile d’entrepreneurs et de technocrates. Contrairement à ce qui fut souvent écrit, la situation dans les campagnes, où vivaient misérablement les trois quarts des travailleurs chinois, ne s’est pas aggravée par rapport à la fin du siècle précédent. Certes les révoltes contre les taxes et la conscription alimentèrent la révolution menée par les communistes. Mais le pacte que ces derniers passèrent alors avec les paysans consista à mettre en œuvre la politique de réduction de la rente foncière que le Guomindang avait décidée. Enfin on doit rappeler que c’est à l’époque du Guomindang que la Chine recouvra son autonomie douanière, mit fin aux « traités inégaux » imposés lors des guerres de l’opium avec le recouvrement des « concessions étrangères » et devint un des quatre grands en 1945. Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 21-22 Document 2 : la difficile unification de la Chine sous la République En 1925-1927 éclate une révolution « 1 bis » : elle permet au Parti nationaliste ou Guomindang*, fondé par Sun Yat-sen en 1912, de conquérir le pouvoir en 1928. C'est le nationalisme qui, dans ce mouvement encore, a été déterminant. Mais le Guomindang n'est parvenu à ses fins qu'en s'entendant avec les communistes contre les seigneurs de la guerre. Également soucieux de moderniser le pays, ces frères ennemis se sont un temps entendus contre les tenants de la tradition : un « front uni » encouragé par les Soviétiques dès 1922. L'alliance est brève ; les nationalistes ne tardent pas à se retourner contre les communistes : le 12 avril 1927, c'est le « coup de Shanghai », le massacre des communistes. Avec ce coup de force de 1927, nous avons toutefois moins affaire à une révolution qu'à l'unification du pays, accomplie, après la mort de Sun Yat-sen en 1925, par un général victorieux, Chiang Kai-shek, aux dépens des seigneurs de la guerre rivaux. Cependant, cette unification est incomplète, voire de pure forme : en théorie ralliés au nouveau régime, les principaux seigneurs de la guerre maintiennent leur autonomie. Menacée de surcroît par les communistes, qui n'ont aucune raison de pardonner la trahison de Chiang et qui se lancent dans la rébellion, l'unité nationale ne peut être que précaire - de fait, elle ne sera vraiment rétablie qu'en 1949. Face à un Guomindang incapable d'imposer sa loi, c'est la révolution communiste qui va l'emporter. Source : L. Bianco, comment la Chine est devenue communiste, L’Histoire n° 300, p. 76 Questions : 1. Quelle est la situation de la Chine lorsque le Guomindang arrive au pouvoir en 1927 ? Lorsque le Guomindang arrive au pouvoir en Chine en 1927, la situation s’est encore détériorée. La présence occidentale est toujours aussi forte dans les concessions. La situation de la Chine est marquée par un émiettement du pouvoir puisque beaucoup de provinces sont entre les mains des « seigneurs de la guerre » qui contrôlent des régions entières sans en référer à Pékin. De plus, après le « mouvement du 4 mai 1919 », des mouvements intellectuels commencent à théoriser de nouvelles idées pour l’avenir de la Chine. Le Guomindang, parti nationaliste chinois, prend le pouvoir après la révolution de 1925-1927. Dans le même temps, en 1920, Chen Duxiu crée le parti communiste chinois, inspiré par le marxisme occidental. 2. Quelles sont les actions menées par Chiang Kai-Shek dans le cadre du gouvernement dirigé par Guomindang ? Chiang Kai-Shek met en place différentes actions visant à mettre fin au règne des « seigneurs de la guerre » rivaux. Il tente d’unifier le pays en ralliant les « seigneurs de la guerre » au nouveau régime mais d’après l’historien A. Roux, ceux-ci gardent le contrôle de la région. Le dirigeant du Guomindang lutte aussi de manière acharnée contre les communistes comme le montre les multiples combats qu’il mène notamment dans les années 1930 pour restaurer le pouvoir de la capitale Nankin. 3. Quels sont les fondements de la doctrine du Guomindang ? Créé d’abord sur des fondements léninistes, le Guomindang se détourne de cette voie pour mettre en place un parti essentiellement fondé sur le nationalisme, la restauration de la grandeur de la Chine pour la mettre sur un pied d’égalité avec les autres nations. Cependant, il semble que le Guomindang se soit peu à peu transformé en un parti dictatorial et autoritaire. 4. Quels sont les reproches faits par les communistes au Guomindang ? Plusieurs reproches sont faits par les communistes au Guomindang : - Ils sont accusés d’être un parti qui privilégie la bourgeoisie au dépend des paysans qui seraient ainsi exploités : « On en avait fait le parti d’une bourgeoisie asservie à l’impérialisme et des propriétaires fonciers extracteurs d’une rente foncière qui paupérisait la paysannerie. » - Ils sont accusés d’avoir exercé un régime autoritaire qui aurait eu pour principale cible les communistes : « Exerçant une dictature policière il aurait privilégié la lutte contre les communistes sur la défense des intérêts du peuple face à l’agression japonaise à partir de septembre 1931. […] » - Ils sont accusés d’avoir accablé les paysans de taxes et de les avoir obligés à entrer dans l’armée par l’intermédiaire de la conscription : « Certes les révoltes contre les taxes et la conscription alimentèrent la révolution menée par les communistes » - Enfin, les communistes expliquent que le Guomindang a laissé la Chine entre les mains de l’impérialisme occidental : « On en avait fait le parti d’une bourgeoisie asservie à l’impérialisme ». C. Le parti communiste chinois, résistance à l’Occident et restauration de la puissance chinoise Documents à utiliser : documents 3 et 5 p. 257, document 4 p. 259, le parti communiste, un parti nationaliste et révolutionnaire (A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24), la victoire communiste née de la seconde guerre mondiale (A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24-25) Document 1 : Le parti communiste, un parti nationaliste et révolutionnaire : […]Rappelons d'abord que les communistes n'étaient pas moins nationalistes que les autres […]Persuadé que Lénine était en train de moderniser une Russie arriérée, maint intellectuel nationaliste était impatient de transposer en Chine une méthode qui avait pu faire ses preuves. Le politologue Chalmers Johnson a même identifié les communistes chinois à des nationalistes qui auraient gagné le soutien des masses paysannes en animant la résistance à l'envahisseur nippon1. Bien que cette thèse soit excessive et unilatérale, c'est incontestablement l'invasion japonaise qui a permis aux communistes de l'emporter : la révolution chinoise fille de la Seconde Guerre mondiale, comme la révolution russe de la Première. […] Si les révolutionnaires voulaient tous édifier une Chine forte et prospère, les communistes prétendaient aussi défendre les déshérités contre leurs exploiteurs. Dans un pays agricole où le prolétariat industriel représentait en 1949 moins de 2 % de la population, les pauvres dont il importait de promouvoir la condition, c'était avant tout les paysans. […] C'est la principale raison du choix de Mao Zedong, qui transfère, à partir de 1927, le combat révolutionnaire des villes aux campagnes. Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24 Document 2 : La victoire communiste née de la seconde guerre mondiale De 1927 à 1934, Mao tente de mobiliser les paysans pauvres du Jiangxi en leur distribuant la terre des riches. Non pas dans tout le Jiangxi, mais dans ses régions les plus sousdéveloppées, et ce pour des raisons stratégiques et non sociales : il est plus facile de se terrer et de maintenir une armée dans les collines et montagnes mal administrées que le long des voies de communication. Mao y fonde en 1931 une « République soviétique chinoise ». […] Lorsque la « république soviétique du Jiangxi » s'effondre, […] les communistes entament leur Longue Marche. […] Épopée et plus encore mythe, la Longue Marche est d'abord une retraite, une fuite éperdue pour préserver l'instrument de la conquête du pouvoir : l'armée et ses chefs politiques et militaires. […] Les « masses paysannes » chères à l'historiographie maoïste ont-elles aidé cette expansion ? Pas au début, pas spontanément ensuite. Dès les premiers mois de son épopée du Jiangxi, en 1928, Mao a jugé les masses « froides et réservées ». Dix ans plus tard, lorsque l'invasion japonaise leur donne de nouveaux atouts, les communistes font certes de nombreuses recrues, mais à peu près exclusivement parmi les jeunes intellectuels patriotes, accessoirement parmi les fils de propriétaires fonciers ; les paysans ont, eux, d'autres chats à fouetter. […] Baptisée « libération » jiefang en Chine populaire, la révolution communiste est d'abord le remplacement d'une domination par une autre, plus rigoureuse mais plus efficace. Efficace pour rétablir la loi et l'ordre qui a tellement fait défaut. Moins efficace toutefois pour promouvoir l'indispensable modernisation qu'a, à l'origine, incarnée le projet révolutionnaire. Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24-25 Questions : 1. Quel est le fondement de l’idéologie communiste chinoise ? L’idéologie communiste chinoise se réclame du léninisme puisque, à l’origine, les communistes chinois pensent que le léninisme est en train de transformer durablement l’URSS en un pays fort et puissant. 2. Le parti communiste est-il un parti nationaliste ? D’après l’historien A. Roux, le parti communiste (créé en juillet 1921) est d’abord un parti nationaliste qui veut restaurer la grandeur de la Chine, se débarrasser de la présence occidentale sur le territoire car il estime qu’elle est à l’origine de la spoliation des biens chinois, notamment, ceux des masses paysannes ce qui empêche le pays de se développer dans de bonnes conditions. 3. Quelles sont les actions menées par le parti communiste afin d’arriver au pouvoir ? Le PCC s’est d’abord assuré le soutien des masses paysannes, souvent sans réel enthousiasme pour la cause communiste comme le montre l’historiographie récente, contrairement aux mythes communistes réalisés du temps de Mao. Il a aussi mis en place de 1931 à 1934, la « république soviétique du Jiangxi » fondée sur l’idéologie marxiste léniniste en provenance d’URSS. Le PCC s’est ensuite lancée dans la conquête du pays mais s’est trouvé face à la lutte acharnée menée par le Guomindang dans le but d’éliminer la menace communiste. Cependant, l’invasion japonaise et le refus de Chiang Kai-Shek de prendre part à la collaboration avec les Japonais, à amener une alliance pendant la guerre. Enfin, le PCC qui estime être le seul capable de restaurer la puissance chinoise, entreprend entre 1945 et 1946, de reprendre le pouvoir au Guomindang, ce qu’il parvient à faire en 1949. 4. Quel est l’objectif principal du PCC une fois le pouvoir entre ses mains ? L’objectif principal est de restaurer la puissance chinoise disparue en se débarrassant de la présence occidentale considérée comme spoliatrice et en développant le pays pour en faire une nation puissante et moderne. II. La République populaire de Chine sous l’influence maoïste (1949-1978) A. Construire un Etat fort Documents à utiliser : la constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre 1954 (Ministère chinois des affaires étrangères) Document 1 : La constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre 1954 […] En l’an 1949, après plus d’un siècle de lutte héroïque, le peuple chinois, guidé par le parti communiste chinois, a finalement remporté la grande victoire dans la révolution populaire contre l’impérialisme, le féodalisme, et le capitalisme bureaucratique […] et a fondé la République Populaire de Chine – une dictature populaire démocratique. Le système de la démocratie populaire – le système d’une nouvelle démocratie – de la République populaire de Chine garantit que notre pays peut, de manière pacifique, éliminer l’exploitation et la pauvreté et construire une société socialiste heureuse et prospère. […] Les tâches générales de l’Etat durant la période de transition consistent, pas à pas, à provoquer l’industrialisation socialiste du pays et, pas à pas, d’accomplir la transformation socialiste de l’agriculture, de l’industrie artisanale et capitaliste et du commerce. […] Au cours des dernières années, notre peuple a mis en place avec succès la réforme du système agraire, la résistance contre l’agression des Etats-Unis et l’aide à la Corée, l’élimination des contre-révolutionnaires, la réhabilitation de notre économie nationale et d’autres luttes à grande échelle, préparant ainsi les conditions nécessaires pour la construction d’une économie planifiée et la transition graduelle vers une société socialiste. […] L’unité des nationalités de notre pays continuera à gagner en force sur la base du futur développement de ponts fraternels et d’aide mutuelle, et sur la base de l’opposition à l’impérialisme, l’opposition aux ennemis publics dans nos rangs, et l’opposition à la fois au chauvinisme des grandes nations et du nationalisme local. Sur le chemin de la construction économique et du développement culturel, l’Etat sera concerné par les besoins des différentes nationalités, et, dans le but de la transformation socialiste, fera pleinement cas des caractéristiques spéciales dans le développement des nationalités. […] Article 2. Tous les pouvoirs de la République populaire de Chine appartiennent au peuple. Les organes à travers lesquels le peuple exerce le pouvoir sont le Congrès populaire national et les congrès populaires locaux à différents niveaux. […] Le Congrès populaire national, les congrès populaires locaux et les autres organes de l’Etat pratique le centralisme démocratique. Source : Ministère chinois des affaires étrangères Questions : 1. Après avoir replacé le document dans son contexte, vous en présenterez rapidement le ou les auteurs. La constitution chinoise a été réalisée en 1954, un an après la guerre de Corée qui a créé une très forte tension sino-américaine et quelques mois après la fin de la guerre d’Indochine, guerre dans laquelle la Chine a joué un rôle actif aussi bien sur le plan militaire (envoi de matériel, soutien d’Hô Chi Minh) que sur le plan diplomatique (Zhou Enlai a en effet pesé sur les négociations de Genève). Les auteurs de la Constitution s’appuient sur le programme du Conseil politique consultatif populaire de la Chine de 1949 et donc sur les directives proposées par ses membres en 1949. Ce conseil est composé des hommes qui ont conquis le pouvoir notamment Mao Zedong et Lin Bao, donc des hommes qui sont d’inspiration marxiste-léniniste et/ou stalinienne. 2. Quelles sont les caractéristiques du gouvernement de la République Populaire de Chine ? Le gouvernement de la République populaire de Chine fonctionne selon le même système que l’URSS stalinienne. Le pouvoir est sensé émané du peuple comme le montre l’article 2 : « Tous les pouvoirs de la République populaire de Chine appartiennent au peuple. ». L’économie repose sur une économie planifiée puisque le préambule de la constitution en fait mention : « la construction d’une économie planifiée ». Le préambule explique aussi qu’il s’agit d’une dictature populaire démocratique ce qui fait référence aux idées marxistes de dictature du prolétariat, phase nécessaire à la mise en place du communisme. Enfin, le gouvernement de la Chine populaire repose, selon le préambule de la constitution de 1954 sur le centralisme démocratique. Comme en URSS, le centralisme démocratique, comme son nom l'indique, tend à concilier la centralisation et la démocratie. Il se définit par quatre caractères dont deux visent la démocratie : - l'élection de tous les organismes dirigeants du parti, de la base au sommet, - les comptes rendus périodiques des organismes du parti devant leurs organisations ; et deux autres caractères qui concernent la centralisation et la discipline : - la soumission de la minorité à la majorité, - la soumission des organismes inférieurs aux organismes supérieurs. 3. Quels sont les principes sur lesquels repose le nouveau gouvernement ? Le nouveau gouvernement repose sur les principes du marxisme-léninisme et du stalinisme : - La dictature des masses, ici le prolétariat paysan plus que le prolétariat ouvrier - Le centralisme démocratique - L’unité des nationalités 4. Contre qui ou quoi se bat la République Populaire de Chine ? La République populaire de Chine a plusieurs adversaires comme le montre le texte. Ces adversaires sont aussi bien des adversaires de l’intérieur que des adversaires de l’extérieur. La République populaire de Chine a fait de la lutte contre l’impérialisme, soit la domination (politique, économique et/ou culturelle) d’un pays sur un ou d’autres pays, des puissances occidentales. La constitution fait ici référence aux puissances occidentales qui ont eu des concessions en Chine mais aussi à l’action des Etats-Unis et de l’ONU pendant la guerre de Corée. Dans le même temps, la lutte contre l’impérialisme se double d’une lutte contre le capitalisme, considéré comme un des maux de la République chinoise avant 1949 car, selon les communistes et notamment Mao Zedong, il était responsable de l’oppression des masses, notamment paysannes. Les communistes du PCC s’opposent également au féodalisme. Ici, il est fait référence aux structures foncières chinoises qui reposent sur les structures traditionnelles issues de l’époque impériale et du confucianisme, déjà critiquées à l’époque de Chen Duxiu. Les hommes du PCC ont aussi décidé de lutter contre les Etats-Unis, considérés comme les tenants de l’impérialisme en Asie, comme les oppresseurs du monde, qui se donne l’apparence de la puissance mais ne sont qu’un « tigre de papier » selon l’expression de Mao dans un discours aux représentants sud-américains en 1956 (document 3 p. 261). Enfin, Mao et les hommes de la RPC décident également de s’en prendre aux contre-révolutionnaires et aux ennemis publics de leurs rangs. Dans le premier cas, il fait référence aux hommes du Guomindang qui ont fui la Chine continentale pour se rendre à Taïwan et maintenir un gouvernement qui se veut le véritable représentant de la Chine – et qui l’est d’ailleurs à l’ONU jusqu’en 1971. Enfin, elle veut lutter contre les « ennemis publics dans nos rangs », soit ceux qui dévient de la ligne droite fixée par le parti, ce qui peut être une référence à l’affaire Gao Dang et Rao Sushi, qui, alors qu’ils semblaient être des étoiles montantes de régime, perdent le soutien de Mao, alors même que celui-ci leur avait dans un premier temps accordé sa confiance. Mao finit pas se laisser convaincre que ce sont des ambitieux et, finalement Gao Dang se suicide et Rao Sushi est emprisonné. 5. Montrez que l’Etat ainsi créé est un Etat fort qui tente d’unifier la Chine sous son contrôle mais aussi se donner une envergure internationale. L’Etat ainsi créé se veut un Etat fort qui répond aux attentes des populations mais qui, surtout, contrôle l’ensemble de la vie du pays : le système politique, la vie économique, la société avec l’idée de tendre vers un idéal socialiste. A la tête de cet Etat, on trouve Mao Zedong, qui n’est pas un poète, un rêveur comme on l’a longtemps laissé entendre mais quelqu’un qui contrôle l’ensemble du régime (il voit tout, relit tout, donne son avis sur tout). La Chine se donne aussi une envergure internationale par sa lutte contre les Etats-Unis mais aussi par la volonté de se présenter en chantre de l’anti-impérialisme. B. Reconquérir son influence en Asie Documents à utiliser : document 1 p. 262, document 3 p. 263, Influencer l’Asie et s’opposer à l’Occident (Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137), document 1 p. 272. Document 1 : Influencer l’Asie et s’opposer à l’Occident La rupture de l’Occident avec la Chine populaire n’est pas une résultante de la prise de pouvoir des communistes, ni de son engagement dans le camp socialiste. Elle est provoquée par l’intervention militaire de la Chine en Corée. [Les 8000 « volontaires » chinois] repoussent les troupes onusiennes, sauvant le régime de Kim Il-Sung. Cette confrontation va peser sur les relations sino-américaines […]. Pékin intervient plus discrètement mais de manière tout aussi efficace dans le conflit qui sévit en Indochine. Après avoir reconnu implicitement le gouvernement d’Hô Chi Minh en janvier 1950, elle lui apporte un soutien militaire et diplomatique, mais cette fois, elle évite toute implication directe qui risquerait une riposte occidentale. […] Dans le même temps, la Chine entend récupérer ce quelle considère comme être historique son territoire. En 1950, les troupes chinoises occupent le Tibet. En août 1954, Zhou Enlai fait de la libération de Taïwan un de ses principaux objectifs1. […] Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137 Questions : 1. Quelle est l’alliance formée par la République Populaire de Chine afin de lui donner un poids international ? Sur quelles bases se fonde-t-elle ? Afin d’obtenir un poids international conséquent, la RPC se place dans le bloc de l’Est et s’allie avec l’URSS de Staline. L’alliance est principalement une alliance militaire visant à 1 Après la victoire des communistes en Chine continentale, les membres du Guomindang se sont réfugiés à Taïwan créant un Etat nationaliste chinois qui est officiellement le représentant chinois à l’ONU jusqu’en 1971, date à laquelle la République Populaire de Chine est reconnue par les Etats-Unis. éviter toute attaque japonaise sur le sol chinois, mais c’est aussi un moyen de lutter contre les Etats-Unis qui sont, depuis 1945 et la capitulation du Japon, les principaux alliés du géant nippon dans la région comme le dit le traité d’amitié sino-soviétique en 1950 : « si l’une des parties contractantes était attaquée par le Japon ou un de ses alliés, l’autre partie contractante fournira immédiatement une assistance militaire ». Cependant, l’alliance est aussi une alliance diplomatique comme le montre l’article 3. Elle privilégie l’alliance diplomatique et militaire entre la Chine et l’URSS aux dépens d’autres alliances. Enfin, l’article 4 confirme cette entente diplomatique puisque les deux pays sont désormais en devoir de se consulter sur les questions traitant du monde communiste. Cela prouve aussi que la RPC ne devient pas un satellite de l’URSS. 2. Quelles sont les raisons de la querelle avec l’Occident, et notamment les Etats-Unis ? Les raisons de la querelle avec l’Occident, et notamment les Etats-Unis, sont liées à l’intervention chinoise dans les différents conflits d’Asie du Sud-Est. Les EU ont très mal perçu l’envoi de 8000 « volontaires » chinois auprès des troupes nord-coréennes, notamment parce qu’elles ont permis de sauver le régime de Kim Il-Sung assailli par les troupes onusiennes. La France apprécie aussi moyennement l’intervention auprès d’Hô Chi Minh dans la guerre d’Indochine, même si cette intervention n’est pas directe. 3. Par quelles actions la Chine se présente-t-elle comme une puissance incontournable en Asie ? La RPC se présente comme une puissance incontournable en Asie par plusieurs actions : - son intervention militaire en Corée qui montre qu’elle est une puissance militaire importante dans la région. - son intervention en Indochine en fournissant des armes - son extension territoriale au Tibet et ses tentatives, certes infructueuses de récupérer Taïwan 4. Quel est l’autre moyen utilisé par la Chine pour tenter de devenir une grande puissance en Asie, mais aussi dans le reste du monde dans les années 1950-1960 ? Sa participation à la conférence de Bandung (1955) et celle de Belgrade (1961) en font un des leaders du Tiers-Monde, dans le cadre de la participation au mouvement des non-alignés. La Chine devient donc une puissance importante du communisme en Asie, et en Asie du Sud-Est plus particulièrement. C. Une nouvelle puissance régionale Documents à utiliser : L’opposition Moscou-Pékin (Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 137-138), La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident (Dictionnaire de la Guerre Froide p. 138-139) Document 1 : L’opposition Moscou-Pékin Après une phase de reconstruction, la Chine de Mao adopte le modèle de développement stalinien d’édification du socialisme, mais elle ne peut en aucun cas être considérée comme un satellite de Moscou. L’URSS apporte l’aide financière et technique nécessaire à la mise en œuvre du plan quinquennal lancé en 1953. […] En 1956, des désaccords apparaissent entre les deux pays après la tenue du XXème Congrès du PCUS. […] Le fossé idéologique se creuse progressivement. Mao […] se montre de plus en plus hostile à la détente et reproche ouvertement à l’URSS d’abandonner la stratégie révolutionnaire pour rechercher la paix à tout prix. […] Mao tourne le dos au modèle soviétique. Il se lance dans l’industrialisation à outrance et lance son pays dans l’aventure du « Grand Bon en avant » et des communes populaires. Parallèlement, il renforce ses liens avec les éléments les plus révolutionnaires du Tiers-Monde. Le voyage de Khrouchtchev aux Etats-Unis en 1960 envenime un peu plus la situation et, en 1960, la rupture est consommée. […] Malgré leur isolement et l’échec patent du « Grand Bon en avant », les communistes chinois ne plient pas. […] La Chine utilise la crise de Cuba pour contester à Moscou le rôle de leader du mouvement communiste international. [En 1964], la Chine se dote de la bombe A et en juin 1967 […], elle se dote de la bombe H, aggravant l’inquiétude des soviétiques. […] De son côté, Moscou fomente des troubles à la frontières du Xinjiang pour dresser la population contre le pouvoir central. […] Les relations diplomatiques sont rompues et l’URSS envisage une frappe nucléaire préventive sur les installations atomiques du nord de la Chine. Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 137-138 Document 2 : La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident [La menace de guerre avec l’URSS] provoque un revirement total de la diplomatie chinoise, qui reçoit au même moment des signes d’apaisement de la part de Washington. […] Les échanges de biens et de personnes reprennent entre les deux pays. En 1971, la Chine populaire est admise aux Nations-Unies et retrouve sa place dans la communauté internationale. Le président Nixon se rend en visite officielle à Pékin du 21 au 28 février 1972. Lors de sa rencontre avec Mao Zedong, il manifeste son désir de normaliser les relations entre les deux pays. […] L’alliance sino-américaine, destinée à contrer « l’impérialisme russe », est abandonnée après la disparition du grand timonier (=Mao Zedong) en raison du soutien américain à Taïwan, mais que soit pour autant rompue la coopération économique. Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 138-139 Questions : 1. Comment la Chine entend-elle s’opposer à l’URSS dans les années 1960-1970 ? Quelles sont les raisons de cette opposition ? La RPC entend s’opposer à l’URSS dans les années 1950-1960 en critiquant la politique soviétique dans le bloc de l’Est, notamment le fait que cette dernière empêche l’émergence de voie particulière du communisme qui ne soient pas dicter par Moscou. La RPC se place en tête des pays du mouvement des non-alignés et, dans ce cadre, tente de priver l’URSS de son influence sur les pays du Tiers-Monde décolonisés ou en voie de décolonisation, notamment en Asie, mais aussi en Amérique latine. Les raisons de cette opposition sont doubles : - d'abord le refus de la critique du stalinisme lors du XXème Congrès du PCUS en 1956. - le refus de la détente avec les EU que la Chine présente comme une faiblesse de l’URSS qu’elle accuse de ne chercher que sa propre sécurité, la paix à tout prix. 2. En quoi la normalisation des rapports avec l’Occident sont-ils directement liés avec la querelle avec l’URSS ? La querelle avec l’URSS à la fin des années 1960 est si vive que cette dernière envisage d’utiliser des frappes atomiques sur la RPC pour régler la question frontalière au niveau du fleuve Amour notamment. Dans ce cadre, la Chine est obligée de changer de voie diplomatique et de normaliser ses rapports avec l’Occident pour éviter un basculement dans un double conflit avec les deux Grands, ce qu’elle n’aurait pu soutenir, notamment en raison des difficultés cumulées liées au « Grand Bond en avant » de 1958 qui a laissé l’économie chinoise en grande difficulté – or, la querelle avec l’URSS a mis aux aides financières et matérielles qu’elle apportait à la Chine – ou la « Révolution culturelle » de 1967 qui a mis à mal le parti lui-même en raison des violentes purges qui y ont eu lieu. 3. Montrez que la Chine s’est dotée des attributs de la puissance internationale mais qu’elle est marquée intérieurement par de grandes difficultés économiques. La Chine s’est dotée des attributs de la puissance internationale de plusieurs manières : - elle s’est positionnée comme une puissance diplomatique et militaire de premier plan sur la scène internationale, notamment en Asie du Sud-Est et dans les rapports avec le Tiers-Monde - elle est devenue une puissance nucléaire en se dotant de la bombe A et de la bombe H, à la grande inquiétude de l’URSS Cependant, la RPC est marquée par d’importantes difficultés économiques provoquées par deux événements : - le plan quinquennal des années 1949-1954 qui a certes développé l’industrie lourde mais qui s’est révélé dévastateur pour l’agriculture chinoise car il n’était pas adapté aux réalités de l’économie chinoise. La collectivisation des terres avec l’instauration de coopératives agricoles a posé beaucoup de problèmes aussi bien pour l’économie que pour les critiques contre le régime - le « Grand Bond en avant » de 1958-1960 qui devait permettre à la Chine de rattraper son retard en matière économique. Il vise à collectiviser à grande échelle avec la commune populaire, nouvelle unité regroupant plusieurs coopératives et la collectivisation de la vie quotidienne (instauration de cuisines, crèches voire dortoirs communs). Cette collectivisation entraîne un effondrement de la production agricole et de grandes difficultés dans la production industrielle. 4. L’influence chinoise est-elle aussi importante que sa propagande semble le laisser entrevoir ? Le maoïsme a du succès en Asie du Sud-Est et chez certains intellectuels. Cependant, malgré cette influence, la RPC et le maoïsme n’arrive pas à concurrencer l’Union Soviétique qui reste le vrai leader du monde communiste et ce, jusqu’à la chute de l’URSS en 1991. III. L’ouverture économique de la Chine à la mort de Mao A. L’acquisition de la puissance économique et financière Documents à utiliser : L’ouverture économique de Deng Xiaoping (François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), documents 4 et 5 p. 269. Document 1 : L’ouverture économique de Deng Xiaoping […] Deng a d’abord enrayé un nouveau mouvement de mobilisation de masse dans l’agriculture. Il lance à cette occasion la critique des impostures de la politique économique et sociale de l’ère maoïste*. Puis il ouvre les vannes de la réhabilitation des victimes de la Révolution culturelle, lance une politique de hausse des prix d’achat des récoltes aux paysans. Il restaure aussi la légalité le droit même avait été suspendu pendant la dernière phase de la Révolution culturelle. […]Dès janvier 1979, dans la province du Sichuan, gouvernée par Zhao Ziyang, une réforme de l’entreprise est lancée : elle réhabilite les profits et rend aux entreprises d’État une autonomie de gestion. En juin 1979, des zones économiques spéciales ZES sont ouvertes aux étrangers, qui y implantent très vite des usines. Au début 1981, l’ensemble des terres cultivées est rendu aux familles paysannes, même si l’État en conserve la propriété théorique. […]En 1984, on libéralise une partie des prix industriels. On autorise la création d’entreprises privées en principe à échelle réduite. […]La généralisation des marchés libres réduit la portée des restrictions officielles à la mobilité de la population - on pourra désormais se déplacer plus facilement. Commence un afflux migratoire vers les villes chinoises, qui va bouleverser la répartition de la population. Toujours cette même année 1984, la libéralisation du commerce extérieur conduit à un gonflement des importations de biens de consommation et à un dérapage économique en 1985 : déficit commercial, effondrement des réserves de change, inflation des prix et du crédit. Ainsi s’achève le premier cycle économique de l’ère des réformes et de l’ouverture. Il sera suivi d’une deuxième vague de réformes au début des années 1990. Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 103 Document 2 : Réformes économiques mais répression politique En 1986, le lieutenant le plus libéral de Deng, Hu Yaobang, propose de séparer le parti de l’État et de promouvoir la liberté d’expression. Il est désavoué par Deng et perd son poste en janvier 1987. Il faut dire que l’expansion des projets économiques et de la consommation conduit à un nouveau dérapage inflationniste à l’été 1988. C’est un moment clé. L’alliance de 1976 se disloque et les conservateurs reprennent le pouvoir. Les intellectuels, les étudiants et les classes urbaines se mobilisent alors pour appuyer les dirigeants réformateurs menacés, tandis que le refroidissement économique entraîne des difficultés sociales pour les petits entrepreneurs et les artisans. Ce sera la base économique et sociale du mouvement de Tian’anmen. […] La proclamation de la loi martiale, l’intervention sanglante d’une partie de l’armée, l’absence aussi d’alternative politique constituée, permettront de rétablir l’ordre ; la répression entraîne la chute de toute l’aile réformatrice du régime. On évalue à plusieurs milliers le nombre de morts, sans compter les nombreux blessés. Deng reste au pouvoir. Il a choisi la préservation du régime aux dépens de la réforme et de l’ouverture. La stabilité politique, le maintien du noyau dirigeant, seront désormais sa ligne directrice jusqu’à sa mort, en février 1997. Il a pourtant relancé la politique d’ouverture et de réforme, suscitant un flot sans précédent d’investissements étrangers vers la Chine. […] Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 105 Questions : 1. Quelles sont les réformes menées par Deng Xiaoping ? Deng Xiaoping se lance dans des réformes économiques visant à améliorer la production aussi bien agricole qu’industrielle pour contrer les conséquences désastreuses des politiques économiques menées en Chine depuis les années 1950. Il réintroduit la propriété privée en rendant la terre aux familles paysannes en 1984. Il libéralise le commerce extérieur en 1984 après avoir le marché chinois aux entreprises étrangères par l’intermédiaire des ZES en 1979. Il introduit donc des formes de libéralisme dans le socialisme en autorisant à nouveau l’existence d’entreprises privées, même si elles restent de petite taille. Il fait aussi quelques réformes très limitées sur le plan politique : restauration du droit de vote et réhabilitation des condamnés de la « Révolution culturelle ». 2. Que permettent-elles pour l’économie chinoise ? Malgré des difficultés en 1985 et 1988, ces réformes permettent une restauration de l’économie chinoise qui devient dans les années 2000 l’une des puissances exportatrices les plus importantes du monde et la deuxième puissance économique mondiale. Cela a donc permis un redressement de l’économie chinoise et l’acquisition du statut de puissance économique et financière. 3. En quoi, l’organisation de la ville de Shanghai reflète-t-elle aujourd’hui le caractère incontournable de la Chine dans les échanges économiques mondiaux ? La ville de Shanghai est aujourd’hui un centre d’affaires important dans le monde, un port d’envergure mondiale et l’un des premiers aéroports du monde. C’est aussi un centre financier d’envergure comme le montre la présence d’une bourse. La ville est intégrée dans l’archipel métropolitain mondial qui regroupe les villes avec les centres de commandement les plus puissants de la planète. Même l’apparence de la ville, avec ses tours et ses gratte-ciels lui donne une image proche de celles d’autres métropoles mondiales. Skyline de Shanghai Skyline de Toronto 4. Si la Chine s’est ouverte économique, peut-on estimer qu’il existe une ouverture politique ? La Chine est bien marquée par une large ouverture économique. Cependant, les événements de la place Tienanmen en 1989 montrent bien que la critique du régime et les manifestations contre le régime ne sont pas acceptées et acceptables. Le régime reste donc une des dictatures les plus dures de la planète, n’hésitant pas à faire œuvre de répression. De plus, même les leaders chinois de l’économie peuvent tout perdre dans le cas où ils ne se méfieraient pas de leurs paroles et de leurs actes. B. Un nouveau centre géopolitique en Asie orientale Documents à utiliser : la Chine, une intégration progressive dans les instances internationales (François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), document 4 p. 265, document 5 p. 267. Document 1 : La Chine, une intégration progressive dans les instances internationales Deng a mené une politique d’ouverture, j’y ai fait allusion, qui a permis à la Chine de réintégrer pleinement la communauté internationale : l’entrée de la Chine dans tous les organismes financiers internationaux FMI, Banque mondiale en 1980-1981, participation à l’APEC, en 1993, et finalement entrée à l’OMC en 2001. Cela n’empêche pas que Deng se soit révélé un nationaliste à certains égards plus exigeant que Mao. Les hostilités contre le Vietnam en 1979, c’est lui qui en prend l’initiative - la Chine tente alors d’envahir son voisin. C’est lui qui négocie le rattachement de Hongkong à la Chine qui se fera finalement en 1997 et, quand, en 1983, un général affirme que l’Armée rouge ne stationnera pas dans la colonie revenue dans le giron chinois, il le dément aussitôt. Les dirigeants actuels de Pékin démentent toute volonté hégémonique en Asie. Ils se plient au précepte de Deng selon lequel il vaut mieux cacher ses forces et attendre son heure. Mais la Chine est décidée à jouer le premier rôle en Asie. Aucun doute n’est permis : elle veut se servir de son dynamisme économique pour étendre son rayonnement sur la région. Par réalisme, Pékin accepte l’équilibre géostratégique asiatique, marqué par l’alliance entre Washington et Tokyo. Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 106 Question : Montrez que la Chine est une puissance diplomatique et militaire mais qu’elle doit aussi faire face à des nombreuses tensions géopolitiques dans sa zone d’influence. La Chine est une grande puissance diplomatique dans le sens où elle fait partie des principales institutions internationales (ONU, FMI, OMC, G20) ce qui lui permet d’influer sur les décisions mondiales comme le montre son action en Syrie à l’heure actuelle. La Chine est aussi une puissance militaire de premier plan comme le montre l’importance de son armée, le fait qu’elle est dotée de l’arme nucléaire, le fait qu’il s’agisse d’une puissance dotée de la capacité à lancer des fusées dans l’espace et de construire sa propre station spatiale orbitale. Cependant, la Chine doit aussi faire face à de nombreuses tensions géopolitiques dans sa région : - Les tensions avec Taïwan qui ne sont toujours pas réglées depuis 1949 - Les tensions avec la Corée du Nord - Les tensions répétées avec le Japon, notamment en raison de la non-reconnaissance par celui-ci des crimes perpétrées sur le territoire chinois pendant la guerre, crimes éligibles au statut de crimes contre l’humanité. Certains courants au Japon vont jusqu’au négationnisme. C. La Chine, une puissance incomplète ? Documents à utiliser : les défis actuels de la population chinoise (Atlas de la Chine, 2012, p. 21), Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ? (Atlas de la Chine, 2012, p. 40), Une puissance militaire face à de nouveaux défis (Atlas de la Chine, 2012, p. 71). Document 1 : Les défis actuels de la population chinoise La population de Chine devrait se stabiliser vers 1,5 milliards d’habitants dans les 30 ans à venir. […] Mais les conséquences du boom démographique dans les années 1950 et 1960, puis de la politique de l’enfant unique pèseront longtemps sur le pays. Une main d’œuvre pléthorique, insuffisamment formée, est le défi majeur depuis 30 ans déjà. […] Le vieillissement de cette classe d’âge nombreuse constitue un autre défi. […] Un déséquilibre des sexes inquiète enfin les autorités chinoises : compte 123 garçons pour 100 filles parmi les enfants de moins de 5 ans en 2005. Source : Atlas de la Chine Document 2 : Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ? L’hypothèse du prochain éclatement territorial dû à l’essor économique actuel souligne une disparité régionale aggravée par les inégalités de croissance face à un Etat idéologiquement affaibli. Mais les principaux acteurs à la tête des logiques régionales ne sont plus aujourd’hui l’ancienne élite foncière et commerciale, ni des « seigneurs de la guerre ». Une solidarité dans leur appartenance au Parti communiste les lie entre eux et leur fait partager un discours commun. Premier acquis de la Chine socialiste, il faut en souligner une unité interne de nature politico-administrative. La fragmentation en cours entre les régions n’est pas radicale. Source : Atlas de la Chine Document 3 : Une puissance militaire face à de nouveaux défis. Les ambiguïtés de la puissance. Si sa doctrine reste strictement défensive, l’armée chinoise contribue aussi au maintien de l’ordre intérieur et au renforcement de la stratégie diplomatique du pays grâce à l’acquisition de moyens crédibles de coercition. La question taïwanaise et les possibilités d’une intervention américaine sont les principaux défis avancés en interne. Des forces armées à plusieurs vitesses. L’accent est mis sur la création d’unités disposant de moyens technologiques les plus modernes, notamment en technologie de l’information. Par contre, la grande majorité des forces militaires demeure très mal équipée. Un retard à combler. Les capacités navales et aériennes accusent un retard considérable face à celle des pays occidentaux, et notamment des principales puissances présentes dans la région, les Etats-Unis et le Japon. Le soutien russe. Alors que l’embargo européen sur les ventes d’armes date de la répression de 1989, la Russie est devenue le premier d’armes de la Chine dans les années 1990. Source : Atlas de la Chine Question : Montrez que malgré l’importance de la puissance économique et financière de la Chine à l’heure actuelle, les nombreux défis auxquels elle doit faire face ne lui permettent pas de prétendre au statut de superpuissance. La Chine est incontestablement une puissance économique et financière et une puissance démographique. Cependant, elle doit relever de nombreux défis. Le premier d’entre eux concerne sa démographie. En effet, la politique de l’enfant unique mise en place par Deng Xiaoping dans les années 1970 pour contrer l’explosion démographique des années 1950-1960 a certes permis de freiner la croissance démographique pour une stabilisation autour des 1,5 milliard d’habitants mais elle a créé des déséquilibres démographiques : vieillissement accéléré de la population (avec tous les problèmes de prise en charge des personnes âgées), déséquilibre entre les sexes (une femme pour 10 hommes dans certaines régions de Chine). La Chine doit aussi améliorer son système militaire. Malgré l’importance des forces armées, la faible professionnalisation de l’armée et les déséquilibres en équipement de pointe ne lui permettent pas de rivaliser avec les Etats-Unis. Enfin, la Chine doit faire face au risque de déséquilibre régional de plus en plus prononcé entre un littoral intégré dans la mondialisation, un centre marqué par une amélioration de l’intégration à la mondialisation mais de manière très inégale. Enfin, l’Est de la Chine qui semble être oublié dans ce progrès. Conclusion : organigramme p. 273