
res de la classification japonaise [28-31]. L’index
moyen très élevé retrouvé dans la population de l’étude
américaine signifie qu’une proportion importante, esti-
mée à 70 % des patients, a eu une résection incom-
plète laissant en place du tissu ganglionnaire métasta-
tique. Cette chirurgie incomplète a été réalisée alors
que le protocole demandait la réalisation systématique
d’une dissection D2. L’écart entre la chirurgie deman-
dée et réalisée reflète la réalité de la pratique chirurgi-
cale aux USA [32]. Cette pratique n’est pas différente
en France où moins de 20 % des patients ont un curage
D1 [6].
Dans l’étude de MacDonald, la chimiothérapie conco-
mitante à la radiothérapie est un schéma connu dans
d’autres indications. Il utilise le 5FU et l’acide folinique
selon des modalités habituelles aux USA (5FU bolus
-AcFol faible dose sur 5 jours). Chez 36 % des patients,
la séquence thérapeutique n’a pas été réalisée en
totalité. La toxicité sévère a nécessité une interruption
du traitement dans 17 % des cas. Une toxicité digestive
grade 3-4 a été enregistrée chez 33 % des patients
traités par radiochimiothérapie. Dans d’autres locali-
sations tumorales digestives comme le rectum ou l’œso-
phage, la supériorité de la perfusion continue de 5FU
par rapport au bolus est admise en radiochimiothéra-
pie concomitante. Dans le cancer gastrique, une étude
sur 52 malades gastrectomisés montre une faisabilité
de 100 % du 5FU continu (200 à 300 mg/m
2
/j)
concomitant à la radiothérapie [33].
La radiothérapie présente des difficultés de standardi-
sation. Dans l’étude de MacDonald un contrôle de
qualité centralisé a été nécessaire pour vérifier les
plans de traitement avant le début de la radiothérapie.
Une déviation mineure ou majeure a été identifiée et
corrigée dans 35 % des cas.
Enfin, le schéma étudié par MacDonald n’est pas
applicable à tous les malades. Dans l’étude les patients
n’étaient incluables que si l’apport calorique quotidien
était supérieur à 1 500 Kcal. Cette précaution doit être
maintenue pour éviter de réaliser ce type de traitement
à des patients dénutris et de les exposer à des compli-
cations sévères [34].
Malgré ces limites, la radiochimiothérapie postopéra-
toire selon le schéma dit de MacDonald (5FU-Ac Foli-
nique) augmente la durée de vie et diminue le risque de
récidive de 50 % des malades opérés d’un adénocar-
cinome gastrique. Cette efficacité dans le groupe des
malades opérés avec un curage D1 ou D2 reste à
démontrer. En pratique, l’indication de ce traitement
doit être discutée en réunion multidisciplinaire de can-
cérologie sur des critères carcinologiques, d’état géné-
ral et nutritionnel.
La radiochimiothérapie préopératoire est en cours
d’évaluation. Le concept est de réaliser un traitement
préopératoire en espérant augmenter le nombre de
résection curative et diminuer le risque de récidive.
Cette technique utilisée pour le cancer de l’œsophage
puis pour le cancer du cardia est actuellement testée
dans le cancer de l’estomac. Une série de 33 malades
a été traitée avec une chimiothérapie par 5FU en
perfusion continue sur 21 jours associée à du CDDP sur
5 jours puis une radiothérapie de 45 Gy (25 fractions)
associée à une perfusion de 5FU 300 mg/m
2
5j/7
pendant la radiothérapie. Le bilan préthérapeutique
associait l’imagerie classique avec l’échoendoscopie
et la laparoscopie. Vingt-huit malades ont été opérés et
10 avaient une réponse histologique complète (stérili-
sation de la pièce opératoire). La médiane de survie a
été de 33,7 mois. Cette piste de recherche nécessite
d’être évaluée dans une étude comparative au traite-
ment de référence [35].
En résumé
•La grande majorité des malades opérés en France ont un
adénocarcinome gastrique de stade supérieur ou égal à II avec
un risque de récidive de l’ordre de 70 à 80 %. La survie des
patients ayant un cancer gastrique de stades II et III peut être
améliorée par le curage ganglionnaire qui doit emporter le
premier relais ganglionnaire (résection d’au moins 15 gan-
glions). Ce curage ne semble être réalisé que dans moins de
20 % des cas en France.
•L’amélioration des pratiques chirurgicales peut permettre de
diminuer le risque de récidive à 50 %. Pour descendre plus bas,
il est nécessaire d’envisager des adjuvants à la chirurgie.
•Actuellement, il n’y a pas d’indication à la réalisation d’une
chimiothérapie après résection R0 de l’adénocarcinome gastri-
que.
•Aucune étude randomisée de puissance suffisante n’a encore
démontré le bénéfice clinique d’une chimiothérapie préopéra-
toire malgré la capacité de la chimiothérapie à diminuer le
volume tumoral (association 5FU-CDDP et l’ECF).
•Une étude réalisée sur plus de 500 malades a montré un effet
bénéfique de l’encadrement de la chirurgie par la chimiothéra-
pie. Cependant, les biais de cette étude rendent les conclusions
difficilement applicables.
•Les schémas de chimiothérapie à évaluer dans l’avenir en
situation adjuvante devraient comprendre les molécules testées
en situation métastatique (docétaxel et l’irinotécan).
•L’analyse des sites de récidives et en particulier le taux élevé des
récidives locorégionales en cas de tumeur T3 et/ou N+ plaide en
faveur d’un traitement adjuvant par radiochimiothérapie.
•La radiochimiothérapie postopératoire selon le schéma dit de
MacDonald (5FU-Ac Folinique) augmente la durée de vie et
diminue le risque de récidive de 50 % des malades opérés d’un
adénocarcinome gastrique.
•Cette efficacité dans le groupe des malades opérés avec un
curage D1 ou D2 reste à démontrer. En pratique, l’indication de
ce traitement doit être discutée en réunion multidisciplinaire de
cancérologie sur des critères carcinologiques, d’état général et
nutritionnel.
Hépato-Gastro, vol. 12, n° 2, mars-avril 2005 139
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