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mt cardio, vol.2, n° 5, septembre-octobre 2006
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porté sur 9 093 patients, dont 20 % pré-
sentaient une insuffisance cardiaque
confirmée ; à noter que 5 des études
incluses dans cette méta-analyse
étaient sponsorisées par l’industrie.
Caractéristiques des populations.
Une
certaine hétérogénéité des études est
apparente. Ainsi, la proportion de
patients avec insuffisance cardiaque
variait selon les études de 2 à 72 %, le
nombre de sujets inclus variait de 66 à
3177 et la proportion de sexe mascu-
lin entre 35 et 95 %. De même, une
certaine hétérogénéité était notée pour
les valeurs seuils de BNP utilisées, les
valeurs extrêmes étant de 170 et 300,
5 études n’ont pas précisé la valeur
seuil utilisée.
Performance diagnostique du dosage
de BNP.
La sensibilité médiane était de
87 % (68-98 %). La spécificité médiane
était de 72 % (19-98 %). Le rapport de
vraisemblance négatif était de 0,18, (IC
95 % 0,13-0,23) ; il était plus faible
lorsque l’étude utilisait un test ELISA
(0,12, IC 95 % 0,09-0,16) que lorsqu’il
s’agissait d’un test radio-immunolo-
gique RIA (0,23, IC 95 % 0,16-0,32).
La différence observée n’était proba-
blement pas un effet de chance (test d’in-
teraction p = 0,009). La construction
des courbes ROC confirmait la diffé-
rence de performance entre les types
de tests. Les autres variables utilisées
dans l’analyse par méta-régression
n’étaient pas associées de façon
notable avec le rapport de vraisem-
blance négatif, à l’exception des symp-
tômes et du type de test. Ainsi, la pré-
sence de symptômes était associée avec
un rapport de vraisemblance moindre
(p = 0,07) ; cependant, l’association
était franchement atténuée, et devenait
non significative (p = 0,62) lorsque le
type de test était inclus dans le modèle.
Pour une probabilité pré-test de 20 %,
représentative de patients ayant une
suspicion d’insuffisance cardiaque en
ambulatoire, un test négatif utilisant la
méthode ELISA aboutirait à une pro-
babilité post-test de 2,9 % ; un test
radio-immunologique (RIA) négatif
aboutirait à une probabilité post-test
de 5,4 %. Les limites de l’étude tien-
nent à la méthodologie statistique
complexe et l’impossibilité de com-
parer directement les deux tests, qui
n’ont jamais été utilisés dans la
même étude, au sein d’une même
population.
Résultat essentiel.
L’utilisation d’un
dosage du BNP pour éliminer le dia-
gnostic d’ICC en ambulatoire est fai-
sable, avec une supériorité pour le test
ELISA, au prix cependant d’un surcoût
par rapport au dosage radio-immuno-
logique.
Commentaires
Cette méta-analyse confirme donc que
le dosage de BNP chez les patients
ambulatoires présentant une dyspnée
permet d’éliminer avec une bonne pré-
cision diagnostique l’insuffisance car-
diaque congestive. Cette revue géné-
rale et méta-analyse peut être
comparée à celle publiée il y a 2 ans
par Doust [3]. Certes, la présente méta-
analyse diffère de celle de Doust par
l’exclusion de 6 études, incluses dans
la méta-analyse de Doust. De plus, la
méta-analyse plus récente de Battaglia
lui a permis d’ajouter 5 études, dont
certaines données non publiées. Doust
avait proposé comme valeurs seuils de
BNP 15 pmoL/L permettant d’obtenir
une bonne sensibilité pour exclure le
diagnostic d’insuffisance cardiaque.
De plus, dans le travail de Doust [3],
la performance diagnostique du BNP
était supérieure lorsqu’elle était com-
parée aux données cliniques et non à
la fraction d’éjection ventriculaire
gauche, cet auteur suggérait que le BNP
pouvait être utilisé pour détecter les
insuffisances cardiaques à fraction
d’éjection ventriculaire gauche
conservée. Aucune de ces deux
méta-analyses ne peut trancher entre
approches biologique et morpholo-
gique devant une dyspnée, faisant sus-
pecter une insuffisance cardiaque.
Certes, un dosage négatif dans une
population suspecte de diagnostic d’in-
suffisance cardiaque peut éviter la réa-
lisation d’une échocardiographie Dop-
pler. Cependant, cet examen apporte
un nombre important d’informations
complémentaires, concernant l’étio-
logie, la tolérance et le retentisse-
ment d’une éventuelle cardiopa-
thie sous-jacente qui font de cette
approche une méthode incontournable
de diagnostic et du suivi de l’insuffisance
cardiaque. Ces deux auteurs suggèrent
qu’une échocardiographie pourrait être
inutile lorsque le taux de BNP est faible,
mais on sait que celui-ci peut être
influencé par de nombreux paramètres
(en particulier le poids) et que son taux
est réduit par de nombreuses classes de
médicaments (en particulier les bêta-
bloquants).
Conclusion
Cette méta-analyse confirme que le
dosage de BNP, quelle que soit la
méthode utilisée a une excellente valeur
prédictive négative : un taux normal per-
met d’éliminer avec une bonne sécurité
ce diagnostic, à condition que le patient
ne présente pas de cardiopathie sous
jacente ou de traitement cardiovascu-
laire au long cours.
Catherine Meuleman
Références
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Outcome
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Arch Intern Med
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