Réactions à la perfusion
Des réactions précoces à la perfusion du cetuximab et plus
exceptionnellement à celle de l’anticorps humain panitu-
mumab, sont possibles, le plus souvent lors de la première
injection. Elles peuvent aller jusqu’au choc anaphylactique
pour le cetuximab. Une prémédication intraveineuse par
antihistaminique H1, et surtout par corticoïdes [5], ainsi
que la présence à proximité d’un médecin et d’un matériel
de réanimation sont recommandées lors de l’administra-
tion du cetuximab, à chaque cycle. En revanche, la prémé-
dication et la proximité du matériel de réanimation ne sont
pas nécessaires pour le panitumumab. La survenue d’un
bronchospasme, d’un œdème laryngé et/ou d’un choc ana-
phylactique doit faire arrêter et débrancher immédiatement
la perfusion et mettre en œuvre en urgence le traitement
médical symptomatique. Le cetuximab est dans ce cas défi-
nitivement contre-indiqué avec possibilité d’un relais par le
panitumumab [6].
Asthénie, crampe et hypomagnésémie
Une hypomagnésémie et une hypocalcémie (par fuite
rénale) doivent être recherchées avant chaque cure, puis
régulièrement après l’arrêt des anti-EGFR. Les hypomagné-
sémies sévères peuvent être symptomatiques avec des
complications neurologiques ou cardiaques. Une supplé-
mentation parentérale adaptée (4 g de sulfate de magné-
sium i.v. en deux heures à chaque cure) est recommandée
dès que la magnésémie est inférieure à 1,2 mg/dL [7]. En
cas d’hypomagnésémie sévère (inférieure à 0,9 mg/dL), un
arrêt temporaire de l’anti-EGFR et une supplémentation
(8 g i.v. en quatre heures par jour jusqu’à normalisation)
sont conseillés. L’apport oral de magnésium est générale-
ment inefficace et mal toléré [7].
Lésions oculaires et des muqueuses
Des lésions de type xérophtalmie, blépharite, conjonctivite
et exceptionnellement kératite et ulcération de cornée sont
possibles. Les lésions oculaires peuvent être favorisées par
la trichomégalie, notamment s’il existe un trichiasis. Le trai-
tement comprend la taille des cils, des larmes artificielles,
des collyres antibiotiques ou corticoïdes après avis ophtal-
mologique [3]. Des lésions muqueuses non spécifiques à
type de chéilite, de glossite, voire d’ulcérations buccales,
nasales ou génitales ont également été observées. Les trai-
tements symptomatiques locaux des lésions muqueuses
n’ont pas de spécificité : antiseptiques, lubrifiants [3].
Troubles digestifs et respiratoires
La diarrhée semble plus fréquente avec l’erlotinib (50 %)
qu’avec les anticorps cetuximab et panitumumab. Des per-
forations digestives ont été rapportées sous erlotinib.
Le traitement symptomatique des troubles digestifs n’a
pas de spécificité [3]. Si les patients se plaignent de dyspnée
ou de toux, il est recommandé de rechercher une pneumo-
pathie interstitielle [3].
Prise en charge des effets secondaires
du bevacizumab
Hypertension artérielle et protéinurie
Dans les essais thérapeutiques, la prise en charge de
l’hypertension artérielle (HTA) n’a pas tenu compte des
recommandations internationales de diagnostic et de trai-
tement de l’HTA. Il existe un double risque de sous-
estimation et de surestimation de l’HTA [3]. C’est pourquoi,
sous l’égide de plusieurs sociétés savantes françaises, un
groupe de travail d’hypertensiologues, de néphrologues,
de cardiologues et d’oncologues a élaboré des recomman-
dations de pratiques cliniques (RPC) concernant la prise en
charge des effets vasculaires et rénaux des antiangiogéni-
ques [8]. Les objectifs seront d’éviter, d’une part, un arrêt
inapproprié du bevacizumab et, d’autre part, une compli-
cation grave de l’HTA.
Les RPC sont les suivantes [8] :
–la première administration ne doit pas être retardée
en raison d’une pression artérielle (PA) élevée ou d’une
protéinurie (hors urgence hypertensive et protéinurie
massive) ;
–la mesure de la PA doit au mieux être réalisée en ambu-
latoire par le médecin traitant et/ou par automesures à
domicile par un appareil validé par l’AFSSAPS. Le « schéma
des 3 » édicté par la HAS est conseillé [9] : trois prises de
la PA le matin au réveil et le soir au coucher, à cinq minu-
tes d’intervalle, trois jours de suite ;
–un traitement de l’HTA doit être débuté si la PA est
supérieure à 135 et/ou 85 mmHg en ambulatoire ;
–bandelette urinaire (BU) [et le cas échéant, quantifica-
tion de la protéinurie], estimation de la fonction rénale
(formule de MDRD simplifiée plutôt que Cockcroft et
Gault) doivent être faites avant traitement et au cours
du suivi (avis néphrologique si clairance est inférieure à
30 mL/min) ;
–la prise en charge se fera au mieux dans le cadre d’un
travail en réseau comprenant médecin généraliste, onco-
logue, cardiologue et néphrologue avec carnet de suivi.
Seule une « urgence hypertensive » (encéphalopathie, HTA
maligne, insuffisance cardiaque, dissection aortique, acci-
dents artériels ou leucoencéphalopathie postérieure) néces-
site un arrêt définitif du traitement. La conduite à tenir est
résumée dans la figure 2 [8]. En l’absence de protéinurie, les
antihypertenseurs classiques peuvent être utilisés : IEC,
ARA2, inhibiteurs calciques, bêtabloquants et diurétiques
[8]. Des exemples d’ordonnances sont disponibles dans le
Thésaurus national de cancérologie digestive [10].
18 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 17 n° spécial, avril 2010
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