Au cours de la MC, son utilisation précoce dès la
première poussée afin de modifier l’évolution de la
maladie à long terme est actuellement débattue, mais
est préconisée par certains auteurs, notamment en cas
d’atteinte extensive d’emblée, en particulier pancoli-
que [7].
Dans la RCH, l’AZA permet une épargne des corticoï-
des ou de prendre le relais d’un traitement par ciclos-
porine dans les formes cortico-résistantes.
L’administration prolongée de l’AZA pose le problème
des effets secondaires, qui semblent toutefois assez
rares chez l’enfant. La survenue de pathologie mali-
gne, notamment de lymphome, est considérée comme
faible et acceptable en regard du bénéfice quant à la
qualité de vie [8]. Le dosage de l’activité de la TPMT et
la surveillance du taux de 6-thioguanine pour prédire
la toxicité et ajuster la posologie restent débattus, en
pédiatrie comme chez l’adulte.
Le méthotrexate (MTX) à faible dose est utilisé en cas de
cortico-dépendance, ou d’échec de l’AZA, ou encore
de complications [9]. Il permet un sevrage des corticoï-
des dans environ 1 cas sur 2 chez l’enfant et l’adoles-
cent. On note souvent un épuisement de l’effet théra-
peutique avec survenue de rechutes dans 50 % des cas
à 3 ans. La dose recommandée de MTX est de l’ordre
de 15 mg/m
2
en une injection sous-cutanée hebdoma-
daire. Les effets secondaires et la surveillance sont
analogues à ce qui est décrit chez l’adulte. Le MTX est
parfois utilisé au cours de la RCH, mais aucune donnée
n’est disponible chez l’enfant.
La ciclosporine est proposée à la dose de 2 mg/kg/j
dans le traitement des poussées sévères, cortico-
résistantes de RCH pour éviter la colectomie en
urgence, sur une courte période en raison de sa
toxicité, notamment rénale, impliquant la nécessité
d’un relais par les immunomodulateurs « classiques »
(MTX, AZA), et la chirurgie reste souvent nécessaire à
moyen terme. L’expérience est limitée en pédiatrie, et
son utilisation repose sur les données publiées chez
l’adulte. La ciclosporine n’est habituellement pas effi-
cace dans le traitement de la MC, sauf parfois en cas
de colite aiguë grave.
L’introduction des anticorps anti-TNF
␣
dans l’arsenal
thérapeutique a transformé la prise en charge de la
MC puis, à un moindre degré, de la RCH. Les données
pédiatriques concernent essentiellement l’infliximab
(Rémicade
®
), l’utilisation étant limitée pour les autres
produits.
Dans la MC de l’enfant, le traitement d’induction par
3 perfusions d’infliximab (IFX) à la dose de 5 mg/kg
aux semaines S0, S2 et S6 entraîne une amélioration
dans 52 à 100 % des cas, et une rémission dans 21 à
90 % des cas [10, 11] dans les formes intraluminales
réfractaires et les formes fistulisantes. Un traitement
concomitant par immunomodulateurs (AZA surtout)
limite la formation d’anticorps anti-infliximab, et sem-
ble diminuer les réactions indésirables. Cependant, la
description de cas de lymphome hépato-splénique T
chez plus d’une dizaine d’enfants adolescents et de
jeunes adultes, tous traités par AZA et IFX [12], a fait
renoncer à cette association thérapeutique. La majorité
des patients rechutant après l’arrêt du traitement, l’IFX
au long cours est proposé, tout comme chez l’adulte.
L’étude REACH a montré que 55 % des enfants ayant
répondu au traitement initial sont maintenus en rémis-
sion par des perfusions d’IFX à la dose de 5 mg/kg
toutes les 8 semaines contre 23 % en cas de perfusion
toutes les 12 semaines [13]. L’efficacité sur la maladie
digestive s’accompagne d’une reprise de la croissance
[14]. En cas d’échappement, on peut au cas par cas
augmenter la posologie jusqu’à 10 mg/kg ou raccour-
cir à 6 semaines le délai entre les perfusions. En cas de
réaction lors de la perfusion ou d’hypersensibilité retar-
dée, le traitement peut être poursuivi sous couvert d’une
corticothérapie ou bien changé pour un anticorps
anti-TNFahumanisé (Humira
®
).
Dans la RCH, l’IFX est efficace pour induire une rémis-
sion clinique et une cicatrisation des lésions endosco-
piques dans les formes sévères cortico-résistantes. Seu-
les quelques études rétrospectives, avec de faibles
effectifs, ont été conduites chez l’enfant. Le traitement
par IFX à la dose de 5 mg/kg entraîne une réponse à
court terme, définie par l’absence de reprise de corti-
cothérapie ou de recours à la chirurgie, dans 64 à
83 % des cas [15].
Techniques nutritionnelles
Les causes de malnutrition sont nombreuses (tableau 2)
et les carences en certains nutriments sont fréquentes
(tableau 3). Le retentissement sur la croissance [16]
explique l’utilisation plus importante chez l’enfant de
l’alimentation artificielle (tableau 4), notamment avant
5 ans et en période péripubertaire où la croissance est
rapide.
L’alimentation orale doit couvrir les besoins énergéti-
ques des patients en estimant qu’ils sont a priori supé-
rieurs de 20 à 50 % aux apports recommandés pour
l’âge. Un régime pauvre en lactose et en fibres est
conseillé uniquement lors des poussées. Certains
auteurs ont rapporté l’efficacité dans la MC d’un pro-
duit polymérique à base de caséine enrichi en TGFb
donné de façon exclusive par voie orale pendant
8 semaines [17]. Le taux de rémission obtenu avec ce
produit était comparable à celui classiquement
observé après corticothérapie orale. Néanmoins,
aucune étude contrôlée n’a été réalisée en pédiatrie.
La nutrition entérale à débit continu est aussi efficace
que la corticothérapie dans la MC avec une rémission
obtenue dans 85 % des cas [4]. Elle semble en revan-
che plus efficace lors d’une première poussée (86 %)
Mini-revue
Hépato-Gastro, vol. 15, numéro spécial, juin 2008
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