INTRODUCTION 4
(i) L’ensemble vide ∅et l’ensemble Xsont des éléments de T.
(ii) L’union d’une famille quelconque d’éléments de Test dans T.
(iii) L’intersection de deux éléments de Test dans T.
Dans l’esprit de formalisation décrit plus haut comme une des caractéris-
tiques de l’activité mathématique, on peut maintenant prendre ces trois proprié-
tés comme axiomes de la théorie. En conclusion :
Sitôt qu’un ensemble Xest muni d’une famille Tde sous-ensembles
qui satisfont les trois propriétés ci-dessus, il est possible de parler de
convergence d’une suite dans Xet de continuité d’une application définie
sur X.
Comme on le verra, cela permet aussi de définir les notions de fermé, de
voisinage, d’intérieur, d’adhérence, de connexité, de compacité, et bien d’autres
encore. Une telle structure Tsur Xest appelée une topologie,Xest alors un
espace topologique, et l’étude axiomatique des espaces topologiques est appelée
la topologie générale. C’est ce qui va nous occuper ce semestre.
C’est une théorie splendide, mais assez aride dans un premier temps. La
motivation première de son introduction dans un cours de deuxième année est
qu’elle permet de mieux comprendre et de généraliser considérablement certains
résultats classique vus en Analyse I, tels les théorèmes des valeurs intermédiaires
et des bornes atteintes. Cette théorie est également d’une grande importance
pour la compréhension des cours d’Algèbre et Géométrie III et d’Analyse III où
vous en verrez de magnifiques applications. De nombreux cours avancés donnés
régulièrement dans notre département, tels les cours de Théorie des noeuds, de
Théorie de l’homologie, de Topologie différentielle, de Surfaces de Riemann, sont
également impossibles à suivre sans une bonne compréhension de la topologie
générale.
Mais pourquoi considère-t-on habituellement la topologie comme faisant par-
tie de la géométrie ? Rappelons que d’après Félix Klein, une géométrie n’est
rien d’autre que l’étude des propriétés invariantes par l’action d’un groupe Gsur
un ensemble X. Une classe importante de géométries est donnée par les espaces
métriques X, avec G=Isom(X)le groupe des isométries de X. Par exemple, si X
est le plan R2muni de la métrique euclidienne, on obtient la géométrie euclidienne
(plane) ; si Xest le demi-plan de Poincaré H2muni de la métrique hyperbolique,
alors on obtient la géométrie hyperbolique ; et le choix de la sphère S2munie
de la distance sphérique mène à la géométrie sphérique. Les notions invariantes
correspondantes sont celles de distance, de droite, d’angle, de cercles, etc...
En topologie, on étudie les propriétés d’un espace topologique Xinvariantes
par l’action du groupe G=Homeo(X)des applications f∶X→Xcontinues,
bijectives, et d’inverse continue. Ce groupe est immense : dans le cas d’un espace
métrique, il est bien plus grand que celui des isométries de X. Du coup, la quantité
de notions invariantes par l’action de ce groupe est bien moindre. Par exemple, la
notion de cercle n’est pas une notion topologique : un élément de Homeo(R2)ne
préserve pas les cercles en général. Ainsi, on peut comprendre la topologie comme
une sorte de “géométrie molle”, où l’on s’intéresse aux propriétés qualitatives d’un