Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 6 - juin 2010
162
Mise au point
Hormones salivaires :
application au dosage des stéroïdes
Salivary hormones and steroids analysis
Bruno Cauliez*
* Laboratoire de biochimie
médicale, hôpital Charles-
Nicolle, CHU de Rouen.
L
a salive est un liquide biologique particulière-
ment facile à recueillir, et l’idée d’eectuer des
dosages d’hormones sur ce uide date de plu-
sieurs décennies. Pendant de nombreuses années,
diverses contraintes analytiques n’ont pas permis de
développer des techniques de dosage susamment
ables. Avec l’amélioration des techniques de dosage
et le développement de la prise en charge ambulatoire,
le dosage salivaire prend actuellement tout son intérêt
(1-3). En eet, de nombreuses hormones (amines, sté-
roïdes, peptides ou protéines) sont présentes dans la
salive. Le but de cette approche est d’obtenir un reet
dèle de la concentration sanguine de ces hormones
à partir d’un prélèvement recueilli de façon totale-
ment non invasive. Avant d’envisager la pertinence
d’un dosage hormonal salivaire, certaines questions
doivent être posées. Comment l’hormone passe-t-elle
dans la salive ? Cette hormone est-elle produite égale-
ment localement au niveau de la glande salivaire ? Cette
hormone subit-elle un métabolisme salivaire ? Enn, le
passage de l’hormone dans la salive est-il indépendant
du ux salivaire ? En d’autres termes, la concentration de
l’hormone dans la salive est-elle étroitement corrélée
à sa concentration sanguine et ce, quelles que soient
les conditions physiologiques ou pathologiques ? Pour
répondre à ces questions, un bref rappel de la phy-
siologie des glandes salivaires est proposé. Dans un
second temps, les diérentes hormones stéroïdiennes
potentiellement dosables dans la salive seront envisa-
gées en insistant tout particulièrement sur le cortisol.
Physiologie des glandes salivaires
La salive
La production salivaire journalière est de 500 à 1 500 ml
(ux salivaire d’environ 0,5 ml/mn). Le débit salivaire
est cependant éminemment variable (0 à 6 ml/mn) en
fonction des situations : il est stimulé par la perception
d’odeurs, la douleur, au cours de la grossesse, alors que
le stress, la carence estrogénique le diminuent. Enn,
il est proche de 0 au cours du sommeil. La constitu-
tion du uide salivaire se fait via un transfert passif de
substances et d’électrolytes au niveau des acini glan-
dulaires puis une réabsorption active de Na
+
et de Cl
,
ce qui aboutit à une salive hypotonique au plasma. La
présence de récepteurs des minéralocorticoïdes au
niveau des canaux explique également la plus grande
concentration de K+ dans la salive que dans le plasma.
À côté de ces électrolytes, diérentes molécules syn-
thétisées par la glande salivaire assurent la protection
des muqueuses buccales et gingivales. La salive permet
également d’initier la digestion du bol alimentaire par
humidication et par la présence d’amylase. La salive
est également un milieu dans lequel passent de façon
passive et/ou active des molécules présentes dans le
sang. Cela est vrai aussi bien pour des molécules exo-
gènes (comme certains médicaments ou toxiques) que
pour des molécules endogènes, comme les hormones.
Les hormones dans la salive
Le passage des hormones du sang vers la salive peut
se faire par trois mécanismes diérents en fonction du
caractère lipophile ou hydrophile de la molécule, et de
son poids moléculaire. Le premier canisme est le trans-
»Le passage des stéroïdes dans la salive se fait par diffusion passive 
à travers la membrane cellulaire. Seule la forme libre non liée aux 
protéines de transport y est retrouvée.
»
La corrélation entre concentrations salivaire et sanguine (libre) est 
excellente.
»
Les  valeurs  de  cortisol  salivaire  ne  sont  pas  affectées  par 
l’augmentation de laCortisol Binding Globulinobsere chezles 
femmes sous contraception orale.
»Le dosage du cortisol salivaire à minuit fait partie des examens de 
premièreintentionà effectuer en cas de suspiciondesyndrome 
de Cushing.
Mots-clés : Salive – Cortisol – Stéroïdes – Syndrome de Cushing.
Keywords: Saliva – Cortisol – Steroids – Cushings syndrome.
Points forts
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Hormones salivaires : application au dosage des stéroïdes
fert passif à travers la membrane selon un gradient de
concentration (gure 1A). Ce mécanisme qui concerne
les petites molécules lipophiles est emprunté par les
stéroïdes. En l’absence de dégradation ou de tabo-
lisme in situ, la concentration salivaire de l’hormone est
très proche de la concentration de sa forme libre dans la
circulation. Le deuxme canisme concerne les petites
molécules plus polaires, comme les stérdes conjugs
(sulfate de DHEA, estriol conjugué) qui passent dans la
salive entre les cellules via les jonctions serrées (gure 1B).
Leur concentration salivaire, qui est généralement très
inférieure à leur concentration sanguine, varie en fonction
du ux salivaire (4). Enn, pour les hormones peptidiques
ou protéiques, un troisième mécanisme est mis en jeu :
il s’agit d’un transport actif décrit notamment pour l’in-
suline (gure 1C). La présence d’hormones peptidiques
ou proiques (qui ne sont pas synthétisées localement)
dans la salive est également liée à la présence d’exsu-
dat gingival. Dans un tel cas, la concentration dans la
salive est très faible, moins de 1/1 000 ou 1/10 000 de la
concentration sanguine. Il faut noter que pour les hor-
mones qui disposent d’une protéine de transport, seule
la forme libre peut passer dans la salive, les mécanismes
de transfert ne permettant pas le passage de l’hormone
liée à sa protéine de transport. La concentration salivaire
reète ainsi la concentration sanguine de l’hormone libre
et donc la forme biologiquement active.
Certaines hormones sont également partiellement
métabolisées lors de leur passage dans la glande
salivaire (gure 1D). Un exemple est la conversion du
cortisol en cortisone par la 11β hydroxystéroïde des-
hydrogénase de type 2 (11βHSD 2) exprimée de façon
importante dans la glande salivaire, ce qui explique, au
moins partiellement, que la concentration du cortisol
salivaire soit inférieure à sa concentration libre sanguine.
Enn, des hormones sont également synthétisées par
la glande salivaire elle-même (gure 1E), ce qui a été
récemment décrit pour la ghréline (5). La diversité des
mécanismes de transfert et la possibilité d’une synthèse
au niveau salivaire expliquent que la corrélation entre
les concentrations salivaire et sanguine soit très variable
d’une hormone à l’autre. Les meilleures corrélations sont
observées pour les molécules qui diusent de façon
passive à travers la membrane cellulaire.
Dosages des stéroïdes salivaires
et indications cliniques
Indications cliniques
Comme le montre le tableau I, la corrélation entre
concentration sanguine (totale ou libre) des stéroïdes
et concentration salivaire est très bonne, ce qui fait
des stéroïdes d’excellents candidats pour le dosage
salivaire (6). Le rapport des concentrations salivaire et
sanguine est cependant variable d’un stéroïde à l’autre.
Les dosages de la progestérone et de l’estradiol ont été
proposés pour le monitoring du cycle menstruel, alors
que le dosage de la testostérone salivaire pourrait per-
mettre l’exploration et la surveillance d’une pathologie
pubertaire chez le garçon ou d’un hirsutisme chez la
femme. Le suivi thérapeutique de l’hyperplasie des
surrénales pourrait être eectué par le dosage salivaire
de la 17α-hydroxyprogestérone (7, 8). De nombreuses
Figure 1. Provenance des hormones salivaires (d’après [1]).
A. Transport passif à travers la membrane cellulaire ; B. Transport passif à travers les jonctions
serrées ;
C.
Transport actif ;
D.
Métabolisme enzymatique in situ ;
E.
Synthèse in situ
Épithélium
glandulaire
Sang Salive
Exsudat gingival
Contamination possible
par une brèche gingivale ou buccale
A
D
B
C
E
Tableau I. Principaux stéroïdes retrouvés dans la salive et concentrations salivaires attendues chez
l’adulte. D’après (6).
Stéroïdes Concentration
chez le sujet
sain
Corrélation
avec la concentration
sanguine totale (r)
Pourcentage
approximatif de
la concentration
sanguine totale
Aldostérone < 150 pmol/l 0,75 à 0,96 30
Δ 4 Androstènedione* 60-630 pmol/l 0,92 à 0,97 5
Cortisol** 6-30 nmol/l 0,85 à 0,97 5
Cortisone** 20-80 nmol/l non déterminé 100
Déhydroépiandrostérone* 0,3 à 1,7 nmol/l 0,86 5
17-α-hydroxyprogestérone*
50-360 pmol/l 0,93 à 0,97 3 à 4
Estradiol (milieu de cycle) 10-30 pmol/l 0,71 à 0,82 1 à 2
Progestérone
(phase lutéale)
200-1 600 pmol/l 0,75 à 0,99 2
Testostérone (homme) 250-600 pmol/l 0,7 à 0,87 1 à 2
* Les concentrations n’ont pas été différenciées en fonction du sexe.
** Concentrations le matin entre 8 et 10 heures.
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 6 - juin 2010
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Mise au point
autres indications ont également été évoquées, telles
que le dosage de l’estriol non conjugué comme mar-
queur prédictif d’accouchement prématuré (9). Dans
ces diérentes indications, les études restent limitées
et ne permettent pas d’établir des valeurs seuils utili-
sables en pratique quotidienne. En ce qui concerne
le cortisol salivaire, la situation est diérente puisque
de nombreuses études ont mis en évidence l’intérêt
de son dosage en pratique clinique, notamment dans
l’exploration du syndrome de Cushing.
Cortisol salivaire
Intérêt dans le diagnostic et le suivi du syndrome
de Cushing : le dosage du cortisol salivaire à minuit est
maintenant clairement admis comme faisant partie
des examens de première intention pour le diagnostic
positif du syndrome de Cushing au même titre que le
dosage du cortisol libre urinaire des 24 heures (CLU) et
le test de freination minute (dosage du cortisol sanguin
et/ou salivaire) [10, 11]. Certains auteurs le considèrent
même comme le premier examen à eectuer avant le
CLU et le test de freination minute étant donné ses
excellentes sensibilité et spécicité, supérieures à 90 %
(12, 13). La valeur seuil de cortisol salivaire proposée
par H. Ra est de 4,3 nmol/l (prélèvement à 23 heures),
valeur donnée à titre indicatif puisqu’elle varie de façon
importante d’une étude à l’autre et en fonction de la
technique utilisée (14). Le dosage de cortisol salivaire
eectué au coucher permet ainsi dobjectiver une sécré-
tion nocturne inappropriée, témoin d’une abolition au
moins partielle du rythme nycthéméral, signe souvent
inaugural du syndrome de Cushing. Le dosage du cor-
tisol salivaire présente plusieurs avantages par rapport
au dosage sanguin. D’une part, la facilité de recueil sali-
vaire permet un prélèvement au domicile du patient, ce
qui est dicile pour un prélèvement sanguin à minuit,
et ce recueil totalement indolore ne génère pas “l’an-
goisse de l’aiguille ressentie par certains patients. Ce
prélèvement permet ainsi de s’aranchir de tout stress
lié à une hospitalisation et au prélèvement sanguin.
D’autre part, le cortisol salivaire représente la fraction
libre du cortisol sanguin, cortisol biologiquement actif
contrairement au cortisol sanguin habituellement dosé
qui est le cortisol total (cortisol lié à la transcortine ou
Cortisol Binding Globulin, CBG [80 à 90 %] + cortisol lié à
l’albumine [5 à 10 %] + cortisol libre [5 à 10 %]). Seules
des techniques très spécialisées, telles que la spectro-
métrie de masse ou des techniques immunologiques
après dialyse à l’équilibre, permettent un dosage spé-
cique de la fraction libre circulante. Pour appréhender
la fraction libre du cortisol sanguin, l’alternative est un
calcul (équation de Coolens) reposant sur le dosage du
cortisol sanguin total et de la CBG. Ce calcul qui tient
compte de la constante d’anité de la CBG pour le
cortisol est donc pris en défaut en cas (certes excep-
tionnel) danomalie qualitative de la CBG mais éga-
lement en présence d’une anomalie quantitative de
l’albumine (cas beaucoup plus fréquent). Toutefois, le
dosage de la CBG n’est pas un dosage courant. Enn,
la dernière approche est le dosage du cortisol dans un
uide biologique où seul le cortisol libre est ltré, ce
qui est le cas pour les urines et la salive. Le dosage du
cortisol libre urinaire est tributaire du recueil exact de
la diurèse des 24 heures et peut être pris en défaut si
le syndrome de Cushing ne se manifeste que par une
augmentation modérée de la cortisolémie (le dosage
global sur les 24 heures restant alors dans les limites
de la normale). Une étude eectuée chez 11 patients
présentant un syndrome de Cushing modéré montrait
que le CLU nétait augmenté que chez 4 des 11 patients
et que cette augmentation était très modérée (inférieure
à deux fois la limite supérieure de la normale). Chez ces
mêmes patients, le cortisol salivaire était augmenté
dans environ 60 % des cas mais la répétition des pré-
lèvements (2 à 16 par patient) a permis d’objectiver
une augmentation du cortisol salivaire sur au moins
deux dosages chez tous les patients (15). En revanche,
le cortisol salivaire à minuit nest pas un bon index dia-
gnostique de l’hypercortisolisme infraclinique satel-
lite des adénomes corticosurrénaliens (16, 17). Enn,
étant donné la facilité d’obtention des prélèvements
itératifs à domicile, le dosage salivaire du cortisol est
également particulièrement adapà la recherche d’un
syndrome de Cushing cyclique (dont les cycles peuvent
être espacés de plusieurs mois), ainsi qu’au suivi post-
thérapeutique du syndrome de Cushing.
Intérêt potentiel dans le diagnostic de l’insusance
surrénalienne : quelques études ont été menées sur
l’intérêt potentiel du dosage du cortisol salivaire dans
l’exploration d’une insusance surrénalienne (18-21).
Bien que ces études soient diérentes en termes de
population étudiée, de dose de Synacthène
®
(tétra-
cosactide) injectée et de technique de dosage utilisée,
certains points sont convergents. En eet, le pic de cor-
tisol salivaire est retrouvé entre la 90
e
et la 120
e
minute
après une injection de 250 µg de Synacthène
®
, pic
retardé d’environ une demi-heure par rapport au cor-
tisol sanguin (20). Ce retard ne serait pas uniquement
lié au temps nécessaire au cortisol pour passer du sang
vers la salive (ce qui prend quelques minutes), mais
également aux modications de l’équilibre entre cor-
tisol libre et cortisol lié à la CBG. Lorsque la dose de
Synacthène
®
est plus faible (25 µg i.m. ou 1 µg i.v.),
le pic de cortisol salivaire se situerait entre la 30e et la
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 6 - juin 2010
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Hormones salivaires : application au dosage des stéroïdes
40e minute après l’injection. Les valeurs seuils de cortisol
salivaire pour le diagnostic d’insusance surrénalienne
(établies 30 minutes après l’injection de Synacthène
®
)
proposées dans la littérature sont résumées dans le
tableau II. Cependant, daprès ces études, le cortisol
salivaire nest pas supérieur au cortisol sanguin, qu’il
s’agisse du dosage à T0 (sensibilité aussi médiocre pour
le dosage salivaire que pour le dosage sanguin) ou après
test au Synacthène
®
. De plus, un prélèvement sanguin
le matin à l’acmé de la sécrétion physiologique est faci-
lement réalisable (au laboratoire ou par une inrmière
à domicile) et le stress engendré par la prise de sang
ninterfère pas de façon signicative sur l’interprétation
des résultats. En revanche, l’intérêt de ce dosage peut
devenir majeur dès que la concentration de cortisol
sanguin ne reète plus la concentration en cortisol
biologiquement actif par anomalie quantitative des
protéines de transport. Une condition fréquente est
l’augmentation de la CBG par stimulation de sa synthèse
hépatique par les estrogènes (prise d’estroprogestatifs
ou grossesse, par exemple). Une étude récente eec-
tuée chez des jeunes femmes qui étaient leur propre
témoin montrait que la prise d’estroprogestatifs entraî-
nait une augmentation moyenne d’un facteur 2,3 de
la concentration de CBG avec pour conséquence une
élévation d’un facteur 2 de la concentration de cortisol
total. À l’inverse, les concentrations de cortisol libre
sanguin et de cortisol salivaire n’étaient pas signica-
tivement aectées par la prise d’estroprogestatifs (22).
Les valeurs seuils de cortisol salivaire pour le diagnostic
d’insusance surrénalienne pourraient donc sappliquer
aux femmes sous contraceptif (tableau II). Au cours
de la grossesse, l’interprétation des données est plus
complexe. En eet, s’associe à l’augmentation de la
concentration en CBG un réel état d’hypercorticisme
(notamment aux 2e et 3e trimestres), ce qui se traduit
par une augmentation du cortisol libre, et donc salivaire,
chez les femmes enceintes (tableau II) [21].
Le cortisol comme marqueur de stress : pour les rai-
sons mentionnées plus haut, le prélèvement salivaire
est le prélèvement de choix lorsque le cortisol est utili
comme marqueur biologique de stress, ce que l’impor-
tance de la littérature sur le sujet (environ la moitié des
études publiées sur le cortisol salivaire) illustre.
Aspects préanalytiques et analytiques
Recueil de la salive : des dispositifs de recueil salivaire
très simples sont maintenant disponibles. Il s’agit de
salivettes” contenant un tampon que l’on mastique
pendant une à deux minutes. Ce tampon est ensuite
replacé dans la salivette qui est prête à être centrifugée
(gure 2). La salive se retrouve après centrifugation au
fond du tube, le tampon est enlevé du dispositif et le
tube peut être stocké à 4 °C ou à – 20 °C si l’analyse est
diérée. An d’augmenter le volume de salive recueillie,
la salivation peut être stimulée par une substance pré-
sente dans le tampon, telle que de l’acide citrique. Il
faut noter que cela ne peut pas s’envisager si la concen-
tration de l’hormone à doser varie en fonction du ux
salivaire, ce qui est le cas pour le sulfate de DHEA, par
exemple. Une attention particulière est portée au dis-
positif de recueil en lui-même. Il a en eet été noté que
certains plastiques (polyéthylène) pouvaient adsorber
des stéroïdes comme la testostérone et que la matière
du tampon avait une inuence sur la concentration
salivaire. Une étude a mis en évidence une forte aug-
mentation de la concentration de testostérone (× 3),
Figure 2. Exemple de dispositif de recueil salivaire.
Le tampon (D) imbibé de salive est remis dans l’élément C (per d’un orice), qui est lui-me replacé
dans l’ément B, ce qui permet à la salive de se retrouver au fond de la salivette (A) aps centrifugation.
Tableau II. Valeurs seuils de cortisol salivaire proposées pour le diagnostic d’insusance surrénalienne.
Étude Valeurs seuils proposées* Technique utilisée
Contreras (15)
(Synacthène 25 et 250 µg)
20 nmol/l
(aussi bien 25 que 250 µg)
RIA (Siemens)
Marcus-Perlman (16)
(Synacthène 1 µg)
24-28 nmol/l RIA (Siemens)
Deutschlein (17)
(Synacthène 250 µg)
18 nmol/l RIA (Diasorin)
Femmes enceintes
Suri (19)
(Synacthène 250 µg)
2e T : 29 nmol/l
3e T : 33 nmol/l
(post-partum : 21 nmol/l)
ELISA (Salimetrics)
* Les valeurs seuils ont été determinées 30 minutes après l’injection de Synacthène (hormis [19] : concentration au pic).
A B C D
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 6 - juin 2010
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Mise au point
de progestérone (× 5), d’estradiol (× 4) et de DHEA
(× 14) lorsque la salive était recueillie sur un tampon
en coton (6). En revanche, la concentration salivaire de
cortisol n’était pas aectée par la matière du tampon.
Le recueil salivaire requiert quelques précautions. En
particulier, il est demandé que tout recueil de salive
soit fait à distance des repas (au moins une demi-heure
après la n du repas) et également à distance du bros-
sage des dents. En eet, il est fondamental qu’il n’y ait
aucune contamination de la salive par du sang venant
de lésions gingivales ou buccales. Les concentrations
sanguines d’un grand nombre d’hormones étant très
largement supérieures à celles retrouvées dans la salive,
une faible contamination sanguine de la salive aura
une répercussion importante sur le résultat du dosage
salivaire. Certains facteurs sont également à prendre en
compte dans l’interprétation des résultats du cortisol
salivaire. En eet, le tabac augmente à court terme
la sécrétion de cortisol, alors que la mastication d’un
chewing gum au contraire la diminue. Enn, la prise de
réglisse augmente la concentration du cortisol salivaire
en inhibant sa conversion en cortisone (23-24).
Conservation de la salive : la conservation des sté-
roïdes dans la salive est bonne, voire excellente, ce
qui laisse amplement le temps au patient dadresser
son échantillon salivaire au laboratoire, par la poste
par exemple. En eet, la stabilité des stéroïdes dans
ce fluide biologique est d’au moins une semaine à
température ambiante (25-26). Passé ce délai, il faut
rester prudent même si certaines études ont fait état
d’une stabilité de plusieurs semaines. Il est à noter que
dans ces études, la salive était d’emblée centrifugée,
ce qui permet d’éliminer des débris cellulaires et ainsi
de diminuer la prolifération bactérienne connue pour
dégrader les stéroïdes. Dans le travail de M. Gröschl et
al., la diminution de concentration en cortisol et 17-OH
progestérone devenait signicative 9 et 15 jours après
le prélèvement de salive non centrifugée, alors que la
stabilité de ces deux sroïdes était d’environ 3 semaines
si la salive avait été centrifugée d’emblée (27). À défaut
de centrifugation, la contamination de l’échantillon
biologique par des débris cellulaires est duite au maxi-
mum par un rinçage de la cavité buccale 5 à 10 minutes
avant le prélèvement (tableau III).
Aspects analytiques
Diérentes techniques peuvent être utilisées pour le
dosage des stéroïdes salivaires : chromatographiques
(chromatographie liquide à haute performance ou
chromatographie liquide couplée à la spectromé-
trie de masse par exemple) ou immunologiques. Les
méthodes chromatographiques sont généralement
plus spéciques de l’analyte à doser avec une absence
totale de réactions croisées avec d’autres stéroïdes. De
plus, ces techniques sont particulièrement sensibles et
s’adaptent donc bien au dosage d’analytes présents en
très faible quantité. Ces techniques restent cependant
relativement lourdes et sont dédiées à des laboratoires
très spécialisés. Quant aux techniques immunologiques,
elles sont très utilisées pour le dosage des stéroïdes
dans le sang et une adaptation de ces techniques (géné-
ralement RIA ou ELISA) à un autre uide biologique,
tel que la salive, permet un rendu de résultat able. Le
dosage immunologique des stéroïdes est une tech-
nique par compétition où l’antigène à doser entre en
compétition avec un antigène marqué pour se xer
sur des anticorps présents en quantité limitée. Deux
points fondamentaux sont à prendre en considération :
d’une part, la sensibilianalytique de la technique (plus
petite valeur détectable) et, d’autre part, l’importance
des réactions croisées avec d’autres stéroïdes. Pour ce
qui concerne la sensibilité analytique, la gamme de
mesure des trousses de dosage salivaire a été adaptée
aux valeurs basses retrouvées dans ce uide. Lorsque
la technique utilisée pour le dosage sanguin est très
sensible, une simple concentration de l’analyte par une
phase préalable d’extraction-concentration peut être
susante. En revanche, les réactions croisées consti-
tuent une réelle diculté. Un très bon exemple est
l’interférence potentielle de la cortisone (qui ne dière
du cortisol que par la présence d’une fonction cétone
sur le carbone 11) sur le dosage du cortisol salivaire.
En eet, étant donné les concentrations respectives
de cortisol et de cortisone dans la salive (environ 4 fois
plus de cortisone), une réaction croisée, ne serait-ce que
de quelques pourcents, devient signicative pour le
dosage salivaire, ce qui nest pas le cas pour le dosage
sanguin (où la cortisone est en concentration faible
par rapport au cortisol). La spécicité de l’anticorps
est donc un point important à prendre en compte lors
du choix de la technique de dosage et une séparation
chromatographique préalable au dosage peut s’avérer
Tableau III. Dosage des stéroïdes : recommandations pour le prélèvement salivaire.
Effectuer le prélèvement
(1) Au moins une demi-heure après la fin du repas
(2) À distance du brossage des dents
(3) Après rinçage de la cavité buccale si (2) non effectué
(4) Mâcher le tampon 1 à 2 minutes
(5) Ne pas utiliser de tampon en coton (sauf pour le dosage du cortisol)
Vérifier visuellement l’absence de contamination sanguine
Conserver la salivette au maximum une semaine avant envoi au laboratoire
(de préférence à 4 °C)
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