
d’un cancer agressif où le pronostic global ne dépend pas
d’un éventuel CP et où on reste attentiste quant à la
caractérisation d’un foyer prostatique, ou bien chez un
patient considéré en rémission d’un autre cancer ou
adressé pour une pathologie non maligne (infection,
inflammation, démence) où on proposera plus souvent la
biopsie après le dosage de PSA. Si des facteurs de risque
sont réunis, comme une hyperfixation focale du FDG en
périphérie de la prostate, sans calcifications, avec une
intensité significative mesurée par le SUV
max
(maximum
standardized uptake value) supérieur à 3, la biopsie
devrait être indiquée même si la concentration sérique de
PSA est inférieure à 4 ng/mL, surtout si la TEP/TDM ne
montre pas un autre cancer étendu ou invasif.
On pourrait s’attendre à ce que ce soient les formes les
plus agressives du CP qui fixent significativement le FDG
mais cela ne semble pas être le cas : le score de Gleason
des cancers décelés en TEP au FDG était très variable, de
6 à 9, et il n’y avait pas de corrélation entre le score de
Gleason et l’intensité de la fixation du FDG reflétée par le
SUV
max
. En revanche, l’absence d’hyperfixation diffuse ou
focale du FDG par la prostate ne permet pas d’exclure la
présence d’un cancer, la sensibilité et la valeur prédictive
négative (VPN) du FDG étant très faibles dans l’adéno-
carcinome prostatique à la phase initiale. Dans le
dépistage de la pathologie cancéreuse chez 5 693 hom-
mes rapporté par Ide et al. [7], la TEP/TDM au FDG a décelé
un CP chez seulement 2 des 45 patients (4,4 %) où il a
finalement été diagnostiqué par dosage du PSA et IRM.
[
18
F] fluorure de sodium et détection
des métastases osseuses
Le squelette est un organe fréquemment envahi par le CP
dans les formes évolutives. La scintigraphie du squelette a
été, et reste encore selon certains référentiels, l’examen
de référence pour déceler ces métastases. Pour bénéficier
de la qualité d’image de la TEP et d’un examen
tomographique du corps entier couplé à la TDM en une
durée d’acquisition d’images raisonnable, un traceur
s’accumulant dans l’os en formation est disponible depuis
plusieurs années : le [
18
F] fluorure de sodium (FNa). Ses
performances ont été comparées à celles du FDG et
apparaissent supérieures, quelle que soit l’agressivité de
la maladie (CPRC, score de Gleason élevé), témoignant
encore une fois du rôle plus limité du FDG dans le CP et de
la nécessité de nouveaux traceurs. Le FNa a obtenu une
AMM en France en 2008. Il faut noter qu’un traitement
par bisphosphonates n’interfère pas avec la fixation
osseuse de celui-ci, contrairement à ce qui a été rapporté
en scintigraphie osseuse.
L’évaluation du volume métastatique au niveau de tout le
squelette, proposée depuis quelques années par l’indice
de la scintigraphie du squelette (Bone Scan Index [BSI]),
est possible en TEP/TDM au FNa [8], avec la même
approximation qu’en scintigraphie du squelette : le
traceur ostéotrope se fixe sur l’os en renouvellement
accéléré, en réaction à l’invasion métastatique, et non pas
sur la métastase elle-même.
Plusieurs études comparatives ont été menées [9].L’étude
de Even-Sapir et al. publiée en 2006 [10] chez 44 patients
avec un CP à haut risque de métastases a montré que la
sensibilité et la spécificité pour la détection des métas-
tases osseuses n’étaient que de 70 % et 57 % respecti-
vement pour la scintigraphie osseuse planaire et de 92 %
et 82 % pour la tomoscintigraphie osseuse, contre 100 %
et 100 % pour la TEP/TDM au FNa, différence significa-
tive. Ces résultats ont été confirmés récemment par
Poulsen et al. [11], chez 46 patients, avec l’IRM comme
référence, ce qui est discutable : la sensibilité et la
spécificité pour détecter des localisations rachidiennes
ont été de 51 % et 82 % pour la scintigraphie du
squelette, contre 93 % et 54 % pour la TEP/TDM au
FNa, et de 85 % et 91 % pour la TEP/TDM à la [
18
F]
fluorocholine (FCH), un autre traceur dont nous allons
détailler les performances ci-après. La meilleure exacti-
tude était obtenue avec la FCH (87 %), puis le FNa (81 %)
et enfin la scintigraphie du squelette (61 %). Cette étude
confirmait donc également l’intérêt potentiel de la FCH
plutôt que du FNa comme traceur de la TEP/TDM à la
recherche des métastases osseuses, qui avait été proposé
depuis plusieurs années (figure 1).
La FCH peut donc être préférée pour la détection précoce
des métastases osseuses au stade intramédullaire, avec
une spécificité significativement supérieure à celle du FNa
pour mettre en évidence les lésions de l’os cortical. Elle
peut être prise en défaut pour certaines lésions ostéo-
condensantes où la masse tumorale est réduite mais qui
sont bien visibles, non seulement avec le FNa, mais aussi
en TDM. Dans une étude ultérieure, bi-centrique avec
l’équipe de l’hôpital Tenon, prospective et avec lecture en
insu [12], la performance au niveau du patient était
comparable pour le FNa et la FCH. Cependant, dans le
groupe de patients adressés pour suspicion de récidive, la
spécificité au niveau de la lésion était significativement
meilleure avec la FCH qu’avec le FNa (96 % contre 91 %),
alors que la sensibilité était identique pour les deux
traceurs (89 %).
L’impact de l’association de la TEP/TDM au FNa et à la FCH
a été évalué chez 90 patients. Pour 56 % des patients, la
TEP/TDM avec l’un des traceurs ou les deux a montré des
foyers évocateurs de métastases, entraînant chez
18 patients (20 %) le changement d’une thérapie à visée
curative vers un traitement palliatif. La TEP/TDM à la FCH
de ces 18 patients était positive, tandis que la scintigra-
phie du squelette et la TEP/TDM au FNa étaient négatives
dans quatre cas, ce qui illustre l’avantage de la visualisa-
tion directe du tissu métastatique au sein de l’os grâce à la
FCH [13].L’exploitation du registre national des examens
par TEP aux États-Unis a permis de mesurer l’impact de la
TEP au FNa sur une plus grande échelle de patients
atteints de CP [14]. Réalisée lors du suivi de 1 097 patients
qui avaient eu une autre TEP au FNa au préalable et de
423 patients qui avaient eu une scintigraphie du sque-
lette au préalable, elle a entraîné un changement
Une innovation dans l’imagerie du cancer de la prostate : la tomographie par émission de positons
Innovations & Thérapeutiques en Oncologie lvol. 2 –n81, janv-fév 2016 13
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