1 ©Arnaud de Saint Julien - MPSI Lycée La Merci 2016-2017 Corrigé du DM n°9 pour le mercredi 7/03 Groupes d’ordre quatre 1 Obligatoire Exercice 1 (un modèle géométrique du groupe de Klein) On munit le plan d’un repère orthonormé, d et d′ sont l’axe des abscisses et l’axe des ordonnées. On note sd et sd′ les symétries orthogonales par rapport à d et d′ . On note G = {id, sd , sd′ , − id}. 1. Soit M un point du plan de coordonnées (x, y). On a sd ◦ s′d (x, y) = sd (sd′ (x, y)) = sd (−x, y) = (−x, −y) = − id(x, y). Ainsi sd ◦ s′d = id, la symétrie de centre (0, 0). 2. Démontrer que (G, ◦) est un groupe commutatif. De même, on montre par exemple que sd ◦ −id = sd′ . On résume tous les calculs de «produits» (composés ici) dans G dans le tableau suivant : ◦ id sd sd′ − id id id sd sd′ − id sd sd id − id sd′ sd′ sd′ − id id sd − id − id sd′ . sd id Cela montre que G est stable pour la loi ◦. On remarque aussi que les quatre éléments de G sont inversibles et égaux à leur inverse, car ∀g ∈ G, on a g ◦ g = id. Ainsi, G est un sous-groupe du groupe des bijections de R2 car : • il contient l’identité • il est stable par composition et passage à l’inverse Il est de plus commutatif. 3. Est-il isomorphe qui lui aussi possède 4 éléments ? On pourra calculer les carrés de chaque élément. Nous allons montrer que G n’est pas isomorphe au groupe des racines quatrièmes de l’unité. La raison est que dans G, tous les éléments élevés au carré donnent l’identité, tandis que dans U4 , on a par exemple i2 = −1 qui n’est pas égal à 1. Détaillons. Supposons qu’il existe un isomorphisme φ : U4 → G. On a alors φ(i) ∈ G, donc φ(i)◦φ(i) = id. Mais φ(1) = id, car le morphisme φ transforme le neutre 1 de U4 en le neutre de G, c’est-àdire id. D’autre part, comme φ est un morphisme, on a φ(i) ◦ φ(i) = φ(i × i) = φ(i2 ) = φ(−1). On a donc φ(1) = φ(−1) et donc 1 = −1 car φ est injective. Contradiction. Exercice 2 Soit G = {1, a, b, c} un groupe multiplicatif à 4 éléments. On note 1 son élément neutre. On suppose que ∀x ∈ G, x2 = 1. On sait alors d’après un exercice que G est commutatif. 1. Soit x ∈ G. Comme x × x = 1, x est l’inverse de x. 2. Que valent les produits ab, ac et bc ? Comme G est un groupe, il est stable par produit, donc ab ∈ G. Si ab = 1, on a alors aussi ba = 1 (car G est commutatif) et alors b est l’inverse de a, mais alors b = a (par unicité de l’inverse) ce qui est faux. Donc ab 6= 1. Supposons que ab = a. Alors en multipliant par l’inverse de a (par la gauche), on aurait b = 1, ce qui est faux. Donc ab 6= a. De même si ab = b, en mutipliant par l’inverse de b (à droite), on obtient a = 1, ce qui est faux, donc ab 6= b. On a donc ab = c. On montre la même façon que : ab = c, ac =, bc = a. 2 ©Arnaud de Saint Julien - MPSI Lycée La Merci 2016-2017 3. On note K le groupe de Klein vu ci-dessus. On définit une application f de G sur K en posant f (1) = id, f (a) = sd , f (b) = sd′ et f (c) = − id. Cette application est même une bijection de G sur K. On f (ab) = f (c) = − id = sd ◦ sd′ = f (a) ◦ f (b). De même, f (ac) = f (b) = sd′ = sd ◦ − id = f (a) ◦ f (c). On montre de la même façon que pour tout x et y de G, on a f (xy) = f (x) ◦ f (y). Cela prouve que f est un morphisme, et comme f est bijective, c’est un isomorphisme de G sur K. 2 Facultatif Exercice 3 (Un théorème de Lagrange) Soit (G, ×) un groupe commutatif de cardinal n. 1. Soit g ∈ G. Démontrer que l’application f : G → G définie par f (x) = gx est une bijection. Soit y ∈ G. On a y = f (x) ⇐⇒ y = gx ⇐⇒ g −1 y = x. L’application f est donc bijective. Y 2. En déduire que g n = e en calculant de deux façons différentes le produit gx. D’une part, Y gx = x∈G D’autre part, Y x∈G Y Y x∈G g × xn = Y g x∈G gx = Y x∈G n Y x= x∈G f (x) = Y x∈G g×x . x∈G Y n y= y∈G Y g car f est une bijection de G dans G. Ainsi x∈G g d’où x = e. x∈G 3. En déduire les sous-groupes finis de C∗ . Soit G un sous-groupe fini de C ∗ de cardinal n. Alors d’après le théorème de Lagrange, pour tout z dans G, on a z n = 1, autrement dit z ∈ Un . Ainsi G ⊂ Un . Réciproquement, pour tout n ∈ N∗ , Un est bien un sous-groupe fini de C∗ . Exercice 4 (Groupe cyclique d’ordre 4) Soit (G, ×) un groupe de cardinal 4. On sait d’après le théorème de Lagrange (exercice 3) que ∀x ∈ G, x4 = 1. On appelle ordre de x le plus petit entier k ∈ N∗ tel que xk = 1. 1. Soit x ∈ G différent de 1. On note p son ordre. Démontrer que p ∈ {2, 4}. Comme x4 = 1, on a p 6 4. Si p = 3, alors x3 = 1 et donc en multipliant par x, on obtient x4 = x, d’où 1 = x, ce qui est faux. Enfin p 6= 1 car sinon x = 1, donc p ∈ {2, 4}. 2. Que dire du groupe G si tout élément de G différent de 1 est d’ordre deux ? Dans ce cas, d’après l’exercice 2, G est isomorphe au groupe de Klein K. 3. On suppose qu’il existe x ∈ G d’ordre 4. (a) Justifier que les éléments 1, x, x2 , x3 de G sont 2 à 2 distincts. Déjà x 6= 1, x2 6= 1 et x3 6= 1 car sinon l’ordre de x ne serait pas égal à 4. Si x = x2 , alors en multipliant par x−1 , on obtient 1 = x, ce qui est faux. De même si x = x3 , on a 1 = x2 , faux. Enfin, si x2 = x3 , en multipliant par l’inverse de x2 , on a 1 = x, faux. Ainsi G qui possède 4 éléments contient l’ensemble {1, x, x2 , x3 } lui aussi à 4 éléments. Onen déduit que G = {1, x, x2 , x3 }. (b) En déduire que G est isomorphe à U4 . On considère l’application f : G → U4 définie par f (1) = 1, f (x) = i, f (x2 ) = −1 et f (x3 ) = −i. L’application f est par construction une bijection de G sur U4 . Reste à vérifier que c’est un morphisme. Remarquons que −1 = i2 et −i = i3 . On a donc par récurrence immédiate que pour tout k ∈ N, f (xk ) = ik . On a donc pour tout k et n dans N : f (xk × xn ) = f (xk+n ) = ik+n = ik × in = f (xk ) × f (xn ). Ceci montre que f est un morphisme. Nous avons donc achever la classification des groupes d’ordre quatre : à isomorphisme près, ils sont de deux types : soit isomorphe au groupe de Klein, soit isomorphe au groupe des racines 4-ièmes de l’unité.