A1 - REPER`Age

publicité
A1
A
Mieux connaître pour optimiser
la prise en charge à domicile
14 NOVEMBRE 2013
A1
A
Objectifs de la formation :
• Comprendre et apprendre à gérer les troubles liés à la maladie
• Prévenir les risques à domicile et favoriser la prise en charge
• Enrichir ses savoir-être et savoir-faire grâce aux partages d’expériences
Dr Anne-Sophie DREUMONT
Nathalie MINEZ
Virginie TREHOU
A1
A
A1
A
Les pathologies démentielles
Généralités
Dr Anne-Sophie DREUMONT
Réseau Reper’âge
La démence : un syndrome (1)
A1
• La démence n’est pas une maladie mais un syndrome (ensemble de
signes cliniques et/ou paracliniques) dont il faut rechercher la cause
• De sa cause, dépendent la prise en charge, l’information donnée au
patient et à sa famille, le pronostic et le traitement, voire la recherche
d’une maladie familiale
• Le diagnostic et la prise en charge d’une pathologie démentielle
nécessitent des compétences pluridisciplinaires dans un souci de
coordination des soins en fonction des besoins du patient
– Médecin traitant, médecin coordonnateur, gériatre, neurologue, psychiatre
– Divers et nombreux autres professionnels (neuropsychologue, psychologue,
psychomotricien, kinésithérapeute, orthophoniste, ergothérapeute, assistant
social, infirmier, aide-soignant, aide médico-psychologique, assistant de soins
en gérontologie, IDE coordinatrice de service de soins infirmiers à domicile,
gestionnaire de cas complexes dans le cadre des MAIA, coordonnateur de
réseaux de santé ou de CLIC, animateur, etc.)
5
La démence : un syndrome (2)
A1
• Définition du syndrome démentiel
Définition médicale d’après l’American Psychiatric Association (DSM-IV-TR)
« Trouble des fonctions cognitives (mémoire, langage, praxies, gnosies, fonctions
exécutives, etc.) suffisamment important pour retentir sur la vie quotidienne et
qui dure depuis au moins 6 mois »
– Le terme « démence » n’a pas de connotation péjorative
– La démence n’implique pas que la personne a des troubles du
comportement (même s’ils peuvent accompagner, voire précéder, les
troubles cognitifs)
– Le retentissement des troubles dans la vie quotidienne de la personne
implique que celle-ci doit être aidée ou supervisée, au moins pour les
activités les plus élaborées
– En l’absence de toute perte d’autonomie, on parle de troubles cognitifs
légers ou de maladie neurologique à un stade pré-démentiel
6
La démence : un syndrome (3)
A1
• Les causes de la démence
– La maladie d’Alzheimer, d’origine neuro-dégénérative, est la
première cause de démence ( 2/3 des cas)
– Les autres causes de démence sont :
•
•
•
•
La démence vasculaire
La démence à corps de Lewy (DCL)
La démence compliquant la maladie de Parkinson
La dégénérescence lobaire fronto-temporale(DLFT)
– Une faible proportion des syndromes démentiels (environ 1,5% des
cas) est de cause curable et légitime un diagnostic différentiel
7
La maladie d’Alzheimer (1)
A1
• La physiopathologie
– Trois mécanismes impliqués
• Les pertes synaptiques, la mort neuronale et l’inflammation
– Les lésions tissulaires
• La dégénérescence neurofibrillaire, due à des altérations du métabolisme
de la protéine Tau
• Les plaques séniles amyloïdes, dues au peptide Ab42
• Une inflammation, avec prolifération des cellules astrocytaires et
microgliales
• Une angiopathie amyloïde, due à des dépôts de peptide Ab42 dans la
paroi des artères pouvant entraîner des hémorragies cérébrales
8
La maladie d’Alzheimer (2)
A1
• Deux formes principales
– Les formes sporadiques (99% des cas) primitives, à début
généralement tardif et dont le principal facteur de risque reconnu est
l’âge
– Les formes familiales (1% des cas) à début habituellement précoce et
rapidement évolutives, et dues à des mutations dans les gènes
9
La maladie d’Alzheimer (3)
A1
• La présentation clinique (1)
– Une maladie neurologique chronique évolutive, au début insidieux
• Altération progressive des capacités de mémoire, de jugement, du
raisonnement
• Perte progressive des repères dans le temps et dans l’espace
(désorientation temporo-spatiale)
• Diminution progressive de l’autonomie fonctionnelle et des capacités de
communication verbale (syndrome aphaso-apraxo-agnosique)
– Difficultés pour effectuer les gestes de la vie quotidienne ; pour reconnaître
les visages, les lieux, etc. ; manque du mot et troubles de la compréhension
• Vulnérabilité accrue face au stress, à l’environnement avec diminution des
capacités d’adaptation, des capacités sociales et relationnelles
10
La maladie d’Alzheimer (4)
A1
• La présentation clinique (2)
– Les complications
• Troubles psychologiques et comportementaux
• Perte de poids, dénutrition
• À un stade tardif, troubles de la déglutition, troubles de la marche et
chutes, et évolution vers une grabatisation
11
La maladie d’Alzheimer (5)
A1
• Les traitements médicamenteux spécifiques (1)
– Un traitement médicamenteux spécifique est envisagé chez tout
patient atteint de maladie d’Alzheimer
• Quel que soit son âge et le stade de la maladie auquel le diagnostic est
porté (hormis le stade très sévère, score MMSE < 2)
• Lorsque le diagnostic a été annoncé
• Et en prenant en compte son rapport bénéfice/risque
– Il n’est pas recommandé d’arrêter les traitements spécifiques sur les
seuls critères de score au MMSE, d’âge ou d’entrée en institution
12
La maladie d’Alzheimer (6)
A1
• Les traitements médicamenteux spécifiques (2)
– Les médicaments spécifiques
• Les inhibiteurs de la cholinestérase : donépézil, galantamine, rivastigmine
(stades léger à modéré)
• La mémantine, antiglutamate (stades modéré à sévère)
• La bithérapie associant un inhibiteur de la cholinestérase et la mémantine
n’a pas fait la preuve de son efficacité et n’est pas recommandée
– Aucun autre traitement médicamenteux n’a fait la preuve de son
efficacité
• Les anti-oxydants dont la vitamine E, les extraits de ginkgo biloba, les
nootropes, les anti-inflammatoires, les hormones, les
hypocholestérolémiants, les omégas 3
13
La démence à corps de Lewy (1)
(DCL)
A1
• La physiopathologie
– Le corps de Lewy est la lésion anatomo-pathologique élémentaire de
la DCL, comme de la maladie de Parkinson
14
La démence à corps de Lewy (2)
(DCL)
A1
• Les caractéristiques cliniques orientant le diagnostic
– Hallucinations précoces, en particulier visuelles
– Fluctuation des troubles dans le temps, en particulier concernant les
fonctions exécutives
– Présence de symptômes parkinsoniens
– Cauchemars, agitation nocturne (troubles du sommeil paradoxal)
– Somnolence inhabituelle et fluctuations de la vigilance
– Chutes fréquentes
– Pertes de connaissance inexpliquées
– Idées dépressives, délirantes ou interprétatives
– Sensibilité extrême aux neuroleptiques
– La survenue de troubles cognitifs après l’apparition d’une maladie de
Parkinson idiopathique est en faveur d’une démence parkinsonienne
15
La démence à corps de Lewy (3)
(DCL)
A1
• Les spécificités thérapeutiques
– La prescription d’un inhibiteur de la cholinestérase est envisageable
– La mémantine n’ayant pas fait la preuve de son efficacité dans cette
indication, elle n’est pas recommandée
– La L-Dopa peut être prescrite en association avec les inhibiteurs de la
cholinestérase
– Le clonazépam à faible dose peut être utile dans les troubles du
sommeil paradoxal
– Les neuroleptiques sont contre-indiqués dans cette indication
16
Les dégénérescences lobaires fronto-temporales (1)
(DLFT)
A1
• La physiopathologie
– Les dégénérescences lobaires fronto-temporales forment un groupe
complexe de pathologies :
• La démence fronto-temporale (DFT)
• L’aphasie primaire progressive
• La démence sémantique
– Elles ont en commun le fait que le processus dégénératif débute dans
les lobes pré-frontaux, avec une extension secondaire aux lobes
temporaux
17
Les dégénérescences lobaires fronto-temporales (2)
(DLFT)
A1
• Les caractéristiques cliniques orientant le diagnostic
– Le début des troubles avant 65 ans et les antécédents familiaux
– La présence de troubles comportementaux inauguraux
prédominants, avec apathie ou désinhibition verbale et
comportementale (infantilisation, privautés, jeux de mots,
excentricité, etc.)
– La présence d’une distractibilité (exploration anarchique de
l’environnement, attention labile)
– Un émoussement émotionnel
– Des conduites stéréotypées (manipulations incessantes,
persévérations)
– Des troubles du langage avec persévérations et écholalie
– Des troubles de la mémoire proportionnellement discrets par rapport
aux autres troubles
18
Les dégénérescences lobaires fronto-temporales (3)
(DLFT)
A1
• Les spécificités thérapeutiques
– Les traitements médicamenteux spécifiques anti-Alzheimer ne sont
pas recommandés
– Il est possible d’utiliser des inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine (IRS) pour traiter les troubles du comportement
19
La démence vasculaire (1)
A1
• La physiopathologie
– La démence vasculaire serait due à la répétition d’accidents
vasculaires cérébraux (AVC) ou à des microlésions de la substance
blanche
– Les principaux facteurs de risque sont les facteurs de risque vasculaire
(HTA, troubles du rythme, diabète, dyslipidémie, etc.), la présence de
maladies dysimmunitaires ou d’antécédents familiaux
– La frontière entre maladie d’Alzheimer et démence vasculaire reste
floue
• La forme vasculaire pure de démence est rare
• La forme mixte est la plus fréquente, associant des lésions cérébrovasculaires et des lésions dégénératives
20
La démence vasculaire (2)
A1
• Les signes cliniques orientant le diagnostic
– La présence de facteurs de risque vasculaire
– La présence de signes neurologiques focaux faisant évoquer un AVC
– Une évolution par à-coups, caractérisée par un lien chronologique
entre un épisode cérébral vasculaire et l’apparition ou l’aggravation
des signes cognitifs
• Les spécificités thérapeutiques
̶
̶
Contrôle des facteurs de risques cardio-vasculaires
La coexistence de lésions vasculaires et d’une maladie d’Alzheimer ne
contre-indique pas la prescription d’un traitement spécifique antiAlzheimer
21
Les autres causes de démence
A1
• Les démences neurochirurgicales
– Hydrocéphalie à pression normale, hématome sous-dural chronique,
méningiome, etc.
• Les démences métaboliques
– La maladie de Biermer, par déficit en vitamine B12
– L’encéphalopathie de Hashimoto, avec augmentation franche d’autoanticorps anti-thyroïdiens et traitement possible par corticoïdes
– La maladie de Wilson, d’origine génétique, avec accumulation de
cuivre dans le foie et les noyaux gris centraux. Le traitement comporte
des mesures diététiques et la prescription de chélateurs du cuivre
• La démence d’origine alcoolique (syndrome de Korsakoff)
• Les autres démences infectieuses
– Le SIDA, la maladie de Whipple, etc.
22
A1
Maladie d’Alzheimer
Diagnostic et prise en soins
Dr Anne-Sophie DREUMONT
Réseau Reper’âge
La démarche diagnostique (1)
A1
• Le diagnostic et la prise en charge de la maladie d’Alzheimer ou
apparentée nécessitent des compétences pluridisciplinaires
– Médecin traitant, médecin coordonnateur, gériatre, neurologue,
psychiatre
– Divers et nombreux autres professionnels (neuropsychologue,
psychologue, psychomotricien, kinésithérapeute, orthophoniste,
ergothérapeute, assistant social, infirmier, aide-soignant, aide médicopsychologique, assistant de soins en gérontologie, animateur, etc.), dont
ceux de la coordination ( IDE coordinatrice de services de soins infirmiers à
domicile, gestionnaires de cas des MAIA, coordonnateurs des réseaux de
santé et CLIC…)
• Il est recommandé que le diagnostic soit posé dès les premiers
symptômes
– Les critères diagnostiques sont ceux du DSM-IV-TR ou du NINCDS-ADRDA
24
La démarche diagnostique (2)
L’évaluation initiale (1)
A1
• Entretien avec la personne et un accompagnant fiable (1)
– Antécédents médicaux personnels et familiaux
•
•
•
•
•
Antécédents familiaux de maladie d’Alzheimer
Antécédents et facteurs de risque cérébro-vasculaire
Antécédents psychiatriques
Antécédents traumatiques
Prise de médicaments (traitements antérieurs et actuels), d’alcool ou de
toxiques
• Syndrome confusionnel antérieur
– Histoire personnelle, mode et lieu de vie
• Niveau socio-culturel, activité professionnelle, statut marital,
environnement social et familial, type d’habitat avant l’admission dans
l’établissement, etc.
25
La démarche diagnostique (3)
L’évaluation initiale (2)
A1
• Entretien avec la personne et un accompagnant fiable (2)
– Histoire de la maladie
• Mode de début insidieux, évolution progressive des troubles
• Recherche de symptômes évoquant une détérioration intellectuelle
– Troubles de la mémoire, troubles de l’orientation temporo-spatiale,
troubles des fonctions exécutives, du jugement et de la pensée
abstraite, troubles du langage, difficultés à réaliser des gestes et
actes de la vie courante malgré des fonctions motrices intactes
(apraxie), difficultés à reconnaître des personnes ou des objets
malgré des fonctions sensorielles intactes (agnosie)
• Changement de comportement
– Retentissement des troubles sur les activités quotidiennes
26
La démarche diagnostique (4)
L’évaluation initiale (3)
A1
• Évaluation cognitive globale
– MMSE (30 items)
• Résultats interprétés selon l’âge, le niveau socio-culturel, l’activité
professionnelle et sociale, l’état affectif (dépression, anxiété) et le niveau
de vigilance
• Score ≤ 24/30 : il existe des troubles cognitifs
– Il existe d’autres tests de repérage complémentaires
• Épreuve de rappel des 5 mots, test de l’horloge, tests de fluence verbale,
etc.
27
La démarche diagnostique (5)
L’évaluation initiale (4)
A1
• Évaluation fonctionnelle (retentissement des troubles
cognitifs sur les activités de la vie quotidienne)
– Échelle Instrumental Activities of Daily Living (IADL)
– Échelle Activities of Daily Living (ADL)
– Échelle simplifiée comportant les 4 items les plus sensibles
(utilisation du téléphone, des transports, prise des médicaments,
gestion des finances)
28
La démarche diagnostique (6)
L’évaluation initiale (5)
A1
• Évaluation thymique et comportementale
– Compléter et formaliser l’impression clinique en utilisant le
NeuroPsychiatric Inventory, version équipe soignante (NPI-ES)
• Ou l’échelle de dysfonctionnement frontal (EDF)
– Rechercher et évaluer plus spécifiquement une dépression (critères
DSM-IV-R) avec l’échelle Geriatric depression scale (GDS) ou la mini
GDS
– Recensement des réponses apportées en cas de troubles antérieurs
29
La démarche diagnostique (7)
L’évaluation initiale (6)
A1
• Examen clinique
– État général (poids, état nutritionnel et hydratation) et cardio-vasculaire
(hypertension artérielle, troubles du rythme)
– Degré de vigilance (recherche d’une confusion mentale)
– Déficits sensoriels (visuel, auditif) et moteurs
– Recherche de signes neurologiques faisant évoquer un autre diagnostic
que celui de maladie d’Alzheimer ou l’existence d’une comorbidité
• Recherche de signes évolutifs d’une pathologie associée
(diagnostiquée ou non)
– Dépression, anxiété, maladie psychiatrique antérieurement
diagnostiquée
– Maladie cardio-vasculaire, insuffisance rénale, troubles métaboliques,
apnées du sommeil, complication iatrogène, prise de toxique, etc.
30
La démarche diagnostique (8)
Après l’évaluation initiale
A1
3 situations possibles
1. L’évaluation initiale est en faveur d’un déclin cognitif
Diagnostic et prise en charge assurés conjointement par le médecin
traitant et le spécialiste
2. Il persiste un doute sur l’intégrité des fonctions cognitives
ou des atypies dans la présentation des troubles
Réaliser un examen neurologique, neuropsychologique et
psychiatrique approfondi
3. Les fonctions cognitives, les comportements, l’humeur et
l’autonomie sont normaux
Proposer une nouvelle évaluation cognitive 6 à 12 mois plus tard
31
La démarche diagnostique (9)
Les examens paracliniques (1)
A1
• Objectif : rechercher une autre cause aux troubles cognitifs
observés et dépister une comorbidité et orienter les choix
thérapeutiques
• Examen cardio-vasculaire
– Notamment un électrocardiogramme en prévision d’une prescription
potentielle d’anticholinestérasique
• Examens biologiques
– Le bilan : TSH, hémogramme, ionogramme sanguin, calcémie,
glycémie, albuminémie, bilan rénal
– Et, selon le contexte clinique : vitamine B12, folates, bilan hépatique,
sérologie syphilitique, VIH ou de la maladie de Lyme
32
La démarche diagnostique (10)
Les examens paracliniques (2)
A1
• Imagerie cérébrale
– IRM (ou à défaut scanner) systématique en cas de démence de
découverte récente
– TEMP (voire TEP) en cas de démence atypique, de doute sur une DLFT
ou une autre atrophie focale
– Scintigraphie (DATscan®) en cas de doute sur une démence à corps de
Lewy
• Autres examens, selon le contexte clinique
– Analyse du LCR, EEG, étude génétique, biopsie cérébrale
33
L’annonce du diagnostic en établissement
A1
• Il est recommandé d’annoncer le diagnostic à la personne et à son
entourage si elle est d’accord
– Car « Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé » (loi du
04 mars 2002, art. L. 1111-2 du Code de la santé publique)
– En plusieurs étapes selon la réceptivité de la personne, voire de façon répétée
à des moments différents
– En tenant compte de l’histoire de vie de la personne, de sa représentation de
la maladie et de ses craintes
– Y compris à un stade tardif, en prenant en compte ses difficultés de
compréhension (choix des mots) et de communication
• Le médecin qui a établi le diagnostic est responsable de l’annonce
– Si possible en concertation entre le médecin spécialiste et le médecin traitant
et accompagnée par le médecin coordonnateur en EHPAD
• Pas d’annonce diagnostique sans prise en charge thérapeutique
spécifique
34
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (2)
Les médicaments spécifiques (1)
A1
• Le traitement médicamenteux spécifique est une option
laissée à l’appréciation du prescripteur : il tient compte des
préférences du patient et du rapport bénéfice/risque du
traitement envisagé
– Quel que soit son âge et le stade de la maladie auquel le diagnostic
est porté (hormis le stade très sévère, score MMSE < 2)
– Lorsque le diagnostic a été annoncé
– Et en prenant en compte son rapport bénéfice/risque
– Il est instauré par un neurologue, un gériatre ou un psychiatre,
conformément à l’AMM
– Un électrocardiogramme (ECG) est recommandé avant la prescription
d’un inhibiteur de la cholinestérase
35
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (3)
Les médicaments spécifiques (2)
A1
• Au stade léger (MMSE > 20) :
un inhibiteur de la cholinestérase (donépézil, galantamine,
rivastigmine)
• Au stade modéré (10 < MMSE < 20) :
un inhibiteur de la cholinestérase ou un antiglutamate
(mémantine)
• Au stade sévère (MMSE < 10) :
un antiglutamate
• La bithérapie n’a pas fait la preuve de son efficacité et
n’est pas recommandée
36
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (4)
Les médicaments spécifiques (3)
A1
• Instauration et suivi du traitement (tolérance, efficacité)
– Le traitement est institué à la dose minimale puis la posologie est augmentée
progressivement jusqu’à la dose maximale préconisée et tolérée
– Le patient est revu à un mois pour l’évaluation de la tolérance et un ajustement de
la posologie
– En cas d’intolérance ou d’impossibilité d’atteindre les doses maximales
recommandées : possibilité de substituer un inhibiteur de la cholinestérase par un
autre (forme légère à modérée) ou par l’antiglutamate (forme modérée à sévère)
• Il n’est pas recommandé d’arrêter les traitements spécifiques sur les
seuls critères de score au MMSE, d’âge ou d’entrée en institution
̶
L’arrêt du traitement est envisagé au cas par cas
•
•
En cas d’intolérance et malgré des adaptations thérapeutiques
Lorsque l’interaction avec le patient n’est plus évidente, en tenant compte de
l’ensemble du contexte et au cas par cas
37
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (5)
Les interventions non médicamenteuses (1)
A1
• Elles sont un élément important de la prise en charge
thérapeutique de la personne atteinte de maladie
d’Alzheimer ou apparentée
– Elles comprennent l’accompagnement de la personne dans sa vie
quotidienne et des activités spécifiques
• Elles s’inscrivent dans le cadre du projet de soins et de vie de
la personne
– Elles ont pour objectifs l’amélioration du confort de la personne et la
préservation de son autonomie : changement d’état de la personne
dans le sens d’une amélioration et maintien de sa qualité de vie, de
ses capacités restantes, ralentissement du déclin de ses capacités
– Elles se distinguent de l’animation qui vise avant tout à donner du
plaisir aux personnes sans forcément modifier leur état de santé
38
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (7)
Les interventions non médicamenteuses (3)
A1
•
Interventions portant sur la qualité de vie
–
•
Prise en charge psychologique et psychiatrique
–
•
Kinésithérapie, activité physique et incitation au mouvement, ergothérapie, psychomotricité
Prise en charge orthophonique
–
•
Réadaptation, revalidation, stimulation cognitive, ateliers mémoire
Interventions portant sur l’activité motrice
–
•
Faire face aux bouleversements liés à la maladie, maintien d’une image de soi
Interventions portant sur la cognition
–
•
Confort physique et psychique, environnement adapté, personnel suffisant en nombre et formé
Langage, communication, troubles de déglutition
Interventions portant sur le comportement
–
Animations flash, musique, danse, massages ou toucher bien-être, thérapie par empathie,
aromathérapie, stimulation multisensorielle, thérapie de la présence simulée, thérapie par les
animaux familiers, remédiation cognitive, thérapie par réminiscence, luminothérapie, etc.
Toute intervention peut avoir un impact dans plusieurs des domaines listés
39
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (8)
Le suivi du patient atteint de MA (1)
A1
• Le suivi recommandé est pluridisciplinaire, piloté par le
médecin coordonnateur en lien avec le médecin traitant, et
structuré selon des modalités dépendantes du contexte local
et des ressources disponibles
• Les différents niveaux de suivi
– Le suivi par un spécialiste
– Le suivi standardisé tous les 6 mois
– Le suivi rapproché par le médecin traitant, en lien avec le médecin
coordonnateur
40
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (9)
Le suivi du patient atteint de MA (2)
A1
• Le suivi par un spécialiste (gériatre, neurologue, psychiatre)
– 6 mois après l’annonce du diagnostic ou pour ajustement des
médicaments spécifiques, puis au moins une fois par an
– Il réévalue et ajuste le diagnostic, l’efficacité et la tolérance du
traitement médicamenteux, la prise en charge
– Si un traitement spécifique a été prescrit, sa poursuite au-delà de 6
mois doit faire l’objet d’une réévaluation attentive : si les objectifs
attendus sont atteints et en l’absence d’effets indésirables graves, le
traitement pourra être renouvelé une fois
– Après un an, la poursuite du traitement sera décidée avec l’aidant et
le patient si possible, après une concertation associant médecin
traitant, spécialiste prescripteur, réseau de soins et sous réserve que
l’efficacité à un an ait été maintenue
41
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (15)
Modification comportementale récente (3)
A1
• La prise en charge
– Traiter les causes curables intercurrentes
– Proposer des interventions non médicamenteuses appropriées
– Apporter les modifications environnementales nécessaires
– Si les mesures non médicamenteuses sont insuffisantes et après
évaluation du rapport bénéfice/risque, proposer un traitement
médicamenteux (antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques)
42
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (19)
La fin de vie (1)
A1
• La maladie d’Alzheimer ne peut être le prétexte d’aucune
discrimination
– La dignité humaine n’est pas remise en cause par la démence
– La loi n°99-477 visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs et
la loi n°2005-370 relative aux droits des malades et à la fin de vie
s’appliquent à tous, y compris aux personnes atteintes d’une
démence à un stade sévère…
• Jusqu’au bout, l’expression de la personne doit être
recherchée
– Expression de la volonté relayée par les proches, la personne de
confiance, le mandataire, inscrite dans les directives anticipées, etc.
43
La prise en charge thérapeutique spécifique de la MA (20)
La fin de vie (2)
A1
• Les troubles cognitifs et les troubles de la communication
verbale rendent difficiles l’évaluation de la souffrance, des
symptômes et des besoins de la personne
– Les soignants sont formés à la communication non verbale et aux
soins relationnels (attention, respect, empathie, disponibilité,
utilisation de la voix, du regard, du toucher et des attitudes, etc.)
• Les situations difficiles impliquant des prises de décision
complexes sont fréquentes et nécessitent une réflexion en
équipe multidisciplinaire
– Une situation complexe est une situation qui nécessite une décision
dont les enjeux sont complexes, du fait d’un équilibre précaire entre
les bénéfices et les risques
44
A1
A
A1
Les troubles psychologiques
et comportementaux
dans la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées
Nathalie MINEZ – Réseau Repér’âge
Virginie TREHOU – MAIA du Valenciennois
Généralités (NM)
A1
• Un enjeu important de l’évolution de la maladie d’Alzheimer
– Jusqu'à 90% des patients atteints de maladie d'Alzheimer ou apparentée
peuvent présenter au moins un trouble psychologique ou comportemental à
un moment de l’évolution de la maladie
– Certains peuvent avoir un retentissement fonctionnel important
– L'agitation, l'agressivité, les comportements d'errance ou d'opposition
augmentent en fréquence avec l'évolution de la maladie et le déclin cognitif
• Il est important de les repérer précocement
– Rôle central des soignants
– Prise en charge pluridisciplinaire
– Prise en compte du ressenti par la personne de son trouble
• La personne est sujet et non objet de soins
• Deux types de troubles psychologiques et comportementaux
– Troubles déficitaires ou de retrait, trop souvent négligés
– Troubles du comportement jugés par l’entourage comme perturbateurs,
dérangeants, ou dangereux pour la personne ou pour autrui
47
Description des troubles (1)
A1
• Les troubles du comportement déficitaires ou de retrait
̶
Apathie
•
̶
•
Trouble de la motivation qui se caractérise par un émoussement
affectif, une perte d’initiative et une perte d’intérêt.
Trouble comportemental le plus fréquent dans la maladie d’Alzheimer
(60%)
Dépression
•
Elle se caractérise par une humeur triste, durable et/ou une perte
d’élan, de l’intérêt et du plaisir pour la plupart des activités, un
pessimisme et des idées suicidaires
48
Description des troubles (2)
A1
• Les troubles du comportement perturbateurs (1)
– Opposition
• Attitude verbale ou non verbale de refus d’accepter des soins, de
s’alimenter, d’assurer son hygiène, de participer à toute activité
– Agitation
• Comportement verbal ou moteur excessif et inapproprié
– Agressivité
• Comportement physique ou verbal vécu comme menaçant ou
dangereux pour l’entourage ou le patient
49
Description des troubles (3)
A1
• Les troubles du comportement perturbateurs (2)
– Comportements moteurs aberrants
• Activités répétitives et stéréotypées sans but apparent ou dans un
but inapproprié (déambulation, gestes incessants, attitudes
d’agrippement, etc.)
• Les comportements peuvent avoir différentes motivations ou causes
en réponse à l’anxiété, à une conduite exploratoire, survenir
exclusivement la nuit ou à un moment donné de la journée, en
relation avec un objectif désadapté par rapport à la vie du résident
50
Description des troubles (4)
A1
• Les troubles du comportement perturbateurs (3)
– Désinhibition
• Comportement inapproprié par rapport aux normes sociales ou
familiales (remarques grossières, gestes déplacés, attitudes sexuelles
incongrues, comportement impudique ou envahissant)
– Cris
• Vocalisations compréhensibles ou non de forte intensité et répétitives
– Idées délirantes
• Perceptions ou jugements erronés de la réalité, non critiqués par le
sujet. Les thèmes les plus fréquents sont la persécution (vol, préjudice),
la non-identification (délire de la présence d’un imposteur ou de sosies),
l’abandon, la jalousie
51
Description des troubles (5)
A1
• Les troubles du comportement perturbateurs (4)
– Hallucinations
• Perceptions sensorielles sans objet réel à percevoir, le plus souvent
visuelles et auditives (à différencier des illusions qui sont des
déformations ou des interprétations de perceptions réelles)
– Troubles du rythme veille/sommeil
• Troubles portant sur la durée, la qualité du sommeil. L’inversion du
cycle jour-nuit est possible (cycle nycthéméral)
52
Des caractéristiques communes (1)
A1
• Les troubles psychologiques ou comportementaux sont en
rupture avec le fonctionnement antérieur de la personne
̶
̶
Ils peuvent être précédés par des changements minimes, souvent
perçus par les soignants bien avant « la crise »
En présence de troubles cognitifs, aucun changement de
comportement n’est anodin
•
Inciter les soignants à dire et valoriser leurs observations… « Je repère,
j’en parle, on agit. »
Attention un symptôme peut en cacher un autre
53
Des caractéristiques communes (2)
A1
• Ils sont fluctuants en intensité ou épisodiques
̶
La réponse aux thérapeutiques non médicamenteuses est également
fluctuante
• Ils sont interdépendants et souvent associés
• Ils ont des conséquences importantes
̶
̶
̶
̶
̶
Risque de maltraitance ou de négligence
Aggravation du pronostic fonctionnel de la maladie
Risque de prescription médicamenteuse inappropriée
Risque accru d’hospitalisation
Risque d’épuisement des soignants et des aidants, de souffrance des
proches
54
La démarche diagnostique
L’enquête étiologique
A1
• Les facteurs déclenchants
Tout événement récent, même anodin peut représenter un
stress pour la personne du fait de sa vulnérabilité et
déclencher un trouble psychologique ou comportemental
̶
̶
̶
̶
̶
Changements d’organisation de la prise en charge ou du lieu de vie
Modifications du lieu de vie
Changement d’intervenant
Situation de conflit interpersonnel ou de contraintes vécues
Événements familiaux
Les troubles du comportement peuvent être un véritable
m o y e n d ’e x p r e s s i o n d e l a p e r s o n n e , n o t a m m e n t e n c a s d e
de troubles de la communication verbale. Il faut en
rechercher le sens et parfois les respecter
55
La démarche thérapeutique
Les techniques de soins (VT)(1)
A1
• Les techniques de soins (savoir-être et savoir-faire)
sont recommandées en première intention
– Elles peuvent prévenir le déclenchement des troubles
psychologiques et comportementaux
– Elles contribuent à juguler l’intensité des troubles
– Elles peuvent permettre d’éviter le recours à des traitements
médicamenteux
• Elles comprennent
– Les attitudes de communication
– Les attitudes de soins
Les soignants sont au plus près des personnes.
Ils trouvent souvent des réponses aux troubles du
comportement dont ils ne parlent pas car personne ne
pense à leur demander…
Boite à outils : Triptyque « traitement non pharmacologique de la Maladie
d’Alzheimer et pathologies apparentées
56
La démarche thérapeutique
Les techniques de soins (2)
A1
• Les attitudes de communication : des principes de base (1)
– Ne communiquez qu’avec une personne à la fois et consacrez-lui
toute votre attention
• Présentez-vous
• Évitez les sources de distraction (télévision, radio, etc.) et les
conversations entre collègues
• Attirez son attention en vous plaçant face à elle, à sa hauteur (la regarder,
établir un contact physique, etc.)
• Évitez d’élever la voix et d’être familier avec elle, parlez lentement et
articulez
– Préférez la simplicité dans le mode de communication
• Utilisez des phrases courtes et préférez des questions fermées
• Ne transmettez qu’un seul message à la fois
• Utilisez des gestes pour faciliter la compréhension
57
La démarche thérapeutique
Les techniques de soins (3)
A1
• Les attitudes de communication : des principes de base (2)
– Soyez patient et détendu
• N’hésitez pas à répéter le message s’il existe un doute sur sa
compréhension
• Laissez le temps à la personne de s’accoutumer à votre présence, de
s’exprimer
• N’obligez pas la personne à faire ce qu’elle n’a pas envie de faire
• N’hésitez pas à passer le relais ou à reporter le soin à plus tard
58
La démarche thérapeutique
Les techniques de soins (4)
A1
• Les attitudes de soins : des principes de base (3)
– Sollicitez la personne sans la stimuler à l’excès ni la mettre en
situation d’échec
• Aidez la personne sans faire à sa place (par exemple, proposez des
vêtements faciles à enfiler)
• Ne l’obligez pas à faire une action qu’elle ne veut pas faire et réessayez
pus tard ou cherchez des alternatives
– Tenez compte au mieux de ses habitudes de vie, de ses choix et
respectez son intimité
• Modalités de la toilette (bain, douche, etc.), choix de ses vêtements,
etc.
• Respect de ses goûts alimentaires
59
La démarche thérapeutique
Les techniques de soins (5)
A1
• Les attitudes de soins : des principes de base (4)
– Installez ou maintenez une routine rassurante pour la personne et
simplifiez les gestes du quotidien
• Rassurez et réconfortez régulièrement la personne lors d’un soin, en
particulier la toilette
• Par exemple, présentez les vêtements dans l’ordre de l’habillage, préparez
à l’avance les objets de la toilette
– Laissez faire les comportements s’ils ne sont pas dangereux
• Laissez à la personne le temps de se calmer si nécessaire (agitation,
agressivité)
• Proposez des activités alternatives qui ont du sens pour la personne en
cas de comportement perturbateur (animations flash)
60
La démarche thérapeutique
Place de la contention
A1
Le recours à la contention
physique
doit rester exceptionnel
61
La prévention des troubles (1)
A1
• La prévention des troubles psychologiques et
comportementaux repose sur :
– une prise en charge adaptée à chaque personne dans le cadre du
projet de soins et de vie personnalisé
– des mesures générales entrant dans le cadre du projet
d’établissement
• Formation et soutien des professionnels
• Environnement adapté
• Soutien et information aux proches
Un soignant compétent et reconnu est bientraitant !
Améliorer et valoriser le comportement du soignant
améliore celui du patient
62
La prévention des troubles (2)
A1
• Soutien et formation des professionnels
– Formation recommandée sur la maladie d’Alzheimer et apparentées
• Difficultés d’adaptation des personnes atteintes
• Risque de situation de crise
• Troubles du comportement (facteurs de risque, symptômes, etc.)
– Formation sur les principes de bientraitance dans les soins
• Techniques de soins relationnels, en particulier lors de la toilette, de
l’habillage, du repas
• Attitude à adopter en cas de trouble psychologique et comportemental,
techniques de communication
– Soutien psychologique et réunions d’équipe
L a f o r m a t i o n e t l e s o u t i e n p e r m e t t e n t d ’a u g m e n t e r l e
s e n t i m e n t d ’e f f i c a c i t é , d e l i m i t e r l e s r i s q u e s d e d é t r e s s e
e t d ’é p u i s e m e n t , d ’é v i t e r l e s a t t i t u d e s i n a d a p t é e s e t
g é n é r a t r i c e s d ’a u t r e s t r o u b l e s
63
La prévention des troubles (3)
A1
• Environnement adapté à la personne
– Il n’y a pas d’environnement a priori idéal
– Le meilleur environnement est celui dans lequel chaque personne
trouve du bien-être, physique et psychologique (caractère subjectif
de la qualité de vie)
•
•
•
•
Perçu comme sécurisant et rassurant
Qui lui apporte les aides et les soins dont elle a besoin
Où les facteurs de stress sont limités
Où elle reçoit un soutien affectif
– Les besoins et les souhaits peuvent changer au fil du temps,
l’adaptation de l’environnement doit donc être réévaluée
périodiquement
64
La prévention des troubles (4)
A1
• Soutien et information aux proches
– Informer sur la maladie, sur les troubles psychologiques et
comportementaux, sur les attitudes à privilégier pour prévenir et en
cas de trouble du comportement
– Soutien psychologique par le biais d’entretiens, de groupes de
parole, des associations de familles, etc.
– Informer sur les choix de l’établissement concernant la prévention et
la gestion des troubles du comportement pour obtenir leur adhésion
à ces choix (degré de tolérance des troubles, prise de risque,
contention, modalités de prise en charge, etc.)
65
A1
Les troubles du comportement
alimentaire
et le risque de dénutrition
dans la maladie d’Alzheimer ou apparentée
Nathalie MINEZ – Réseau Repér’âge
Une recommandation
A1
L’alimentation est un soin de base. Elle doit être une
priorité absolue dans tout établissement accueillant des
personnes âgées, et d’autant plus s’il accueille des
personnes atteintes de maladie d’Alzheimer ou apparentée
67
Quelques chiffres
A1
• La perte de poids touche 30% à 40% des patients atteints de
maladie d’Alzheimer
– Elle peut en être le 1er signe et s’observe à tous les stades de la maladie
– Une perte de poids supérieure à 4% du poids initial est un facteur de risque
de mortalité
– Un gain de poids est un facteur protecteur
• La dénutrition touche 15% à 38% des personnes vivant en
institution (HAS)
– Elle est une des complications les plus fréquentes de la maladie d’Alzheimer
• La dénutrition a des conséquences graves (voir la spirale de la
dénutrition)
– Mortalité augmentée (risque x 2 à 4)
– Morbidité augmentée (risque x 2 à 6)
• Dont la dégradation des fonctions cognitives, l’aggravation d’une
dépression, d’une apathie
– Fragilité, perte d’autonomie et diminution de la qualité de vie
68
La spirale de la dénutrition *
A1
Dénutrition
amaigrissement
Déficit
immunitaire
Anorexie
Asthénie
Troubles
psychiques
hypoalbuminémie
Infections
urinaires
Infections respiratoires
Chutes
Risques
iatrogènes
État grabataire
* d’après le Dr Monique Ferry
Il est peutêtre trop tard
pour agir
Escarres
Il est encore temps d’agir
Carences d’apport
Pathologies
Stress psychique
Traumatismes
69
Les mécanismes impliqués (1)
A1
• L’avancée en âge augmente le risque de dénutrition et de
déshydratation du fait de modifications physiologiques
– Modifications de la prise alimentaire (diminution du goût, de l’odorat,
de l’appétit, etc.)
– Modifications métaboliques (perte musculaire, ostéoporose, etc.)
RAPPEL
Les besoins nutritionnels d’une personne âgée sont équivalents, voire supérieurs,
à ceux d’un adulte à activité physique équivalente
70
Les mécanismes impliqués (2)
A1
• Dans la maladie d’Alzheimer, d’autres facteurs accentuent
encore ce risque
– La survenue de troubles du comportement alimentaire
•
•
•
•
•
•
•
Manque d’attention et de concentration
Déambulation, apathie, opposition
Désorientation temporo-spatiale
Troubles praxiques
Dysphagie
Troubles de la déglutition
Troubles psychiatriques
– La survenue d’événements pathologiques intercurrents
– Des facteurs environnementaux
•
•
•
Une attention parfois insuffisante des soignants
Un manque de sollicitation
Un stress trop important au moment des repas (ambiance sonore, temps
du repas trop court, etc.)
71
Comment maintenir un bon état nutritionnel (1) ?
A1
Un bon état nutritionnel se définit
tout simplement par l’équilibre
entre les apports énergétiques
et les dépenses
72
Comment maintenir un bon état nutritionnel (2) ?
A1
• Des principes de base
1.
Veiller au maintien d’une bonne hygiène bucco-dentaire
• Soins dentaires en fonction des besoins
• Toilette buccale après chaque repas ou au moins une fois par jour
• Entretien des prothèses dentaires
2.
Assurer une alimentation équilibrée, variée et adaptée en
termes quantitatifs et qualitatifs
• Manger de tout avec plaisir : la monotonie alimentaire aggrave la
diminution du goût et du plaisir alimentaire
• Suivre les recommandations du PNNS (Programme National Nutrition
Santé) pour les personnes âgées fragiles et du GEMRCN (Groupe
d’Étude des Marchés Restauration Collective et Nutrition)
73
Comment maintenir un bon état nutritionnel (3) ?
A1
Les repères de consommation
du PNNS pour les personnes âgées fragiles
Au moins 5 par jour
À chaque repas et selon l’appétit
3 ou 4 par jour
2 fois par jour
Sans en abuser
Sans en abuser
1 litre à 1,5 litre par jour
Pas de conseils spécifiques
Bouger chaque jour le
plus possible
74
Comment maintenir un bon état nutritionnel (4) ?
A1
• En cas de maladie d’Alzheimer, l’alimentation doit faire
l’objet d’une vigilance accrue
– La personne n’exprime pas toujours verbalement sa plainte,
notamment du fait de troubles de la communication verbale
(douleur, inconfort, envie d’uriner au moment du repas, mets qui n’est
pas apprécié, etc.)
– Tout événement récent, même anodin peut représenter un stress
pour la personne du fait de sa vulnérabilité et déclencher un trouble
comportemental, notamment alimentaire
La maladie d’Alzheimer en elle-même, surtout si elle s’accompagne de troubles du
comportement alimentaire, est un facteur de risque majeur de dénutrition
75
Comment maintenir un bon état nutritionnel (5) ?
Maladie d’Alzheimer : une vigilance accrue (1)
A1
• Des mesures environnementales (1)
– Favoriser une ambiance rassurante et conviviale
•
•
•
Horaires réguliers
Prévoir un temps du repas suffisant pour laisser à la personne le temps de
manger, sans la presser
Veiller à ce qu’elle ne soit pas dérangée pendant le repas par des soins ou des
visites
– Éviter les sources de distraction
• Télévision allumée, radio, musique
• Nappe à motifs
• Table surchargée, etc.
Laisser à la personne le temps de manger augmente de 25% les apports alimentaires !
76
Comment maintenir un bon état nutritionnel (6) ?
Maladie d’Alzheimer : une vigilance accrue (2)
A1
• Des mesures environnementales (2)
– Proposer des aides techniques adaptées, éventuellement avec l’aide
d’un ergothérapeute (fauteuil et ustensiles adaptés)
– Proposer des collations entre les repas (matin, après-midi, avant le
coucher, la nuit)
• Respecter un délai de 3 heures entre les repas
• Le temps de jeûne ne doit pas dépasser 12 heures
ATTENTION MÉDICAMENTS !
- Éviter de les écraser dans les plats s’ils en changent le goût,
voire les rendent immangeables…
- Préférer les donner en fin ou en dehors des repas si possible
77
Comment maintenir un bon état nutritionnel (7) ?
Maladie d’Alzheimer : une vigilance accrue (3)
A1
• Adaptation des comportements des personnes qui aident
aux repas (1)
– Faire preuve de patience et de disponibilité
• Aider la personne sans faire à sa place
• Quelques gestes simples peuvent suffire : ouvrir le yaourt, placer les
couverts à portée de main, enlever la cloche de l’assiette, assaisonner,
beurrer la tartine, servir l’eau dans le verre, etc.
– N’aider qu’une seule personne à la fois et lui porter toute son
attention (éviter les conversations entre collègues par exemple)
• S’asseoir à sa hauteur et capter son regard pour l’inciter à manger
• Rester attentif à ses réactions, aux expressions de son visage afin de
savoir si elle comprend ou pas
• Parler avant d’établir un contact corporel et éviter de toucher d’emblée
le visage (risque de réaction agressive)
78
Comment maintenir un bon état nutritionnel (8) ?
Maladie d’Alzheimer : une vigilance accrue (4)
A1
• Adaptation des comportements des personnes qui aident
aux repas (2)
̶
Parler doucement, utiliser des mots simples et des phrases courtes
• Ne pas donner plusieurs informations à la fois
• Ne pas hésiter à répéter
• Éviter les questions ouvertes et préférer celles auxquelles il est possible de
répondre par oui ou par non
̶
Procéder par étapes
• Annoncer et montrer ce qu’on fait
La personne qui aide au repas a un rôle primordial !
La qualité de la relation établie avec la personne pendant le repas a des répercussions
significatives sur la quantité d’aliments consommés.
79
Le repérage de la dénutrition
A1
• C’est d’abord être attentifs ensemble à la personne, à son
appétit, à ses prises alimentaires, à la taille de ses vêtements,
aux crans de sa ceinture, etc.
• La courbe de poids individuelle est la base de l’évaluation du
statut nutritionnel (recommandations de la HAS)
– Peser à l’admission puis une fois par mois en institution
– Toute cassure de la courbe de poids (perte de poids de 2 kg en un
mois) doit alerter
• Les autres outils d’évaluation du statut nutritionnel
– L’indice de masse corporelle (IMC, poids/taille²)
– Le dosage des protéines plasmatiques (albumine et protéine Créactive)
– Le Mini nutritionnal assessment (MNA®) et en particulier le MNA® de
dépistage à 6 items, facile à réaliser en établissement
– La grille de surveillance alimentaire
80
Prise en charge de la dénutrition (1)
A1
• En cas de perte de poids ou de dénutrition chez une personne
atteinte de maladie d’Alzheimer, une prise en charge nutritionnelle
doit être mise en place précocement
1. Recherche systématique d’une cause associée
•
•
•
•
•
2.
3.
4.
Problème bucco-dentaire
Douleur
Trouble de la déglutition
Dépression
Pathologie digestive ou autre pathologie intercurrente
Identification d’éventuels troubles du comportement
alimentaire
Mise en œuvre d’une prise en charge nutritionnelle
Évaluation de l’efficacité des mesures mises en place sur l’état
nutritionnel de la personne (suivi)
• L’objectif pour la personne est de restaurer son état nutritionnel et
de retrouver une alimentation normale
81
Prise en charge de la dénutrition (2)
Prise en charge nutritionnelle (1)
A1
• Favoriser l’alimentation orale
– Privilégier les repas et les plats les mieux appréciés
– Enrichir l’alimentation, voire recourir aux compléments
nutritionnels oraux (CNO)
– Proposer des collations entre les repas
– Proposer des aliments pouvant être consommés debout
(« finger food » en cas de déambulation)
• Corriger les facteurs environnementaux
– Laisser à la personne le temps dont elle a besoin pour manger
– Proposer des aides techniques et/ou humaines adaptées aux
éventuels troubles du comportement alimentaire
Boite à outils : Fiches formation Reper’âge « enrichissement alimentaire »,
« idées menus » et la fiche pratique « Alimentation et Maladie d’Alzheimer »
82
Prise en charge de la dénutrition (3)
Prise en charge nutritionnelle (2)
A1
• Des exemples pratiques en cas de trouble du
comportement alimentaire
– La personne refuse toute alimentation et s’énerve
• Dialoguer, commencer par lui demander si elle apprécie ce qui lui est
proposé…
• Rechercher des facteurs favorisants
• Réessayer plus tard
– La personne mange lentement
• La laisser manger à son rythme
• Veiller à ce que le plat reste chaud
– La personne fixe la nourriture et ne mange pas
• Expliquer le contenu de l’assiette, le rite du repas
• Encourager, aider
– La personne mélange tout
• Apporter les plats les uns après les autres ou la laisser faire si elle
mange…
– La personne mange avec les doigts
• La laisser faire
– La personne refuse de s’asseoir et continue de déambuler
• Prévoir des aliments faciles à manger en marchant
83
Prise en charge de la dénutrition (4)
Prise en charge nutritionnelle (3)
A1
• Des exemples d’aliments pouvant être consommés
debout…
•
•
•
•
•
•
•
•
Pizza et quiches, tartes aux légumes
Croquettes de viande, de poisson
Gnocchis
Sandwichs composés, croquemonsieur
Poulet froid
Saucisson
Surimi
Légumes crus en bâtonnets
•
•
•
•
•
•
•
•
Fromages
Glaces
Entremets
Gâteaux, biscuits
Yaourts à boire
Compotes à boire
Crêpes sucrées
Fruits secs
Boite à outils : Fiche pratique « Aide aux repas »
84
A1
Confusion aiguë
chez la personne âgée
(VT)
Définition
A1
• Altération globale, fluctuante et réversible des fonctions
cognitives
– L’existence de troubles cognitifs rend difficile la distinction entre
confusion et démence
– Toute aggravation aiguë des capacités cognitives d’une personne doit
être considérée a priori comme une confusion aiguë et prise en
charge comme telle
La confusion aiguë est une URGENCE MÉDICALE
qui nécessite un diagnostic étiologique rapide et une prise
en charge médicale
Boite à outils : Fiche pratique « Troubles du comportement aigüs »
86
A1
La déambulation
(VT)
Définition
A1
• La déambulation est un comportement répété, prolongé et
non contrôlé caractérisé par une marche et des
déplacements incessants, avec ou sans but
– Elle expose la personne au risque de se perdre ou de sortir de façon
inopinée de l’établissement
– La personne peut déambuler à n’importe quelle heure du jour ou de la
nuit et pendant plusieurs heures
– Elle concernerait 21% des personnes en établissement. Sa fréquence
augmente avec l’évolution de la pathologie démentielle
88
Les causes de la déambulation (1)
A1
• Les facteurs favorisants
–
–
–
–
–
Les troubles du sommeil
La douleur
Une vie antérieure active
L’intolérance des soignants, des résidents, des familles
La non prise en considération des besoins de base tels que la faim, la
soif, l’envie d’uriner
89
Les causes de la déambulation (2)
A1
• Les causes
– La pathologie démentielle elle-même, en particulier la maladie
d’Alzheimer et la démence fronto-temporale
• Expression de comportements liés à des habitudes antérieures (par
exemple, aller chercher les enfants à l’école)
• Expression d’un désir de partir à la recherche de quelque chose ou de
quelqu’un (la mère, souvent)
• Liée à la désorientation temporo-spatiale
• Liée à un épisode de confusion aiguë ou à des manifestations
psychiatriques : anxiété, angoisse, dépression, hallucinations ou délire
– Expression d’une lutte contre l’ennui
– Expression d’une réaction d’opposition ou de fuite face à une
situation vécue comme un enfermement
90
Les bénéfices de la déambulation
A1
• Elle contribue à la préservation des capacités motrices de la
personne
• Elle peut représenter un plaisir pour la personne, de pouvoir
se déplacer librement
• Elle peut contribuer à l’entretien des relations sociales
Avec la famille, qui trouve un nouveau mode de communication avec la
personne en l’accompagnant dans sa déambulation
91
Les risques de la déambulation
A1
• Des risques physiques pour la personne
–
–
–
–
Blessures, chutes, fractures, etc.
Perte de poids, dénutrition, déshydratation
Grande fatigue, notamment en fin de journée
Sortie inopinée et non accompagnée (risque d’agression, de
malveillance, d’accident)
92
Que faire en cas de déambulation ?
Tolérer, respecter la déambulation
A1
• Un principe de base
NE PAS EMPÊCHER LA PERSONNE DE DÉAMBULER
• Ne jamais recourir à la contention, en dehors d’une situation
d’urgence médicale
• Ne pas lui barrer le chemin, l’empêcher d’avancer
• Ne pas l’obliger à s’asseoir, même au moment du repas
93
A1
Les troubles du sommeil
(VT)
Caractéristiques des troubles du sommeil
A1
• Les troubles du sommeil sont fréquents aux stades modéré
et sévère de la maladie d’Alzheimer
– Le sommeil est plus fragmenté, le temps d’éveil est plus long et le
sommeil lent profond est diminué
– Il s’agit souvent d’éveils matinaux précoces
– L’inversion du cycle jour/nuit (cycle nycthéméral) peut être total
• Ils s’accompagnent de manifestations pendant la journée
– Somnolence, fatigue, inactivité
– Anxiété, agitation, tristesse
– Troubles du comportement avec parfois hallucinations
Boite à outils : Triptyque « traitement non pharmacologique de la Maladie
d’Alzheimer et pathologies apparentées
95
A1
Dépression
et symptômes dépressifs
(NM)
Généralités
A1
• La dépression est fréquente chez la personne atteinte de
maladie d’Alzheimer, mais négligée, méconnue ou mal
traitée
• Pour information, en EHPAD (chiffres connus)
– 10% à 15% des résidents présenteraient un épisode dépressif majeur dans la
1ère année suivant l’admission
– Prévalence des symptômes dépressifs : 40%
– Dont prévalence de l’épisode dépressif majeur : 13%
• Non traitée, la dépression a des conséquences graves
– Elle diminue la durée de vie
– Elle augmente le risque de suicide
– Elle augmente le risque somatique et le recours aux soins (dénutrition,
aggravation des comorbidités, etc.)
– Elle aggrave le pronostic fonctionnel et la perte d’autonomie
Toute perte d’autonomie, physique ou psychique est un facteur de risque de dépression
97
Description et définitions (1)
A1
• Définition de la dépression selon le DSM-IV*
– Trouble pathologique de l’humeur qui se manifeste d’abord par une
humeur triste durable et/ou une perte de l’élan, de l’intérêt et du
plaisir pour la plupart des activités (symptômes de premier rang), un
pessimisme et des idées suicidaires
* Diagnosis and Statistical manual of Mental disorders
98
Description et définitions
A1
• La dépression tardive du sujet âgé est souvent associée à des
troubles cognitifs
– « Pseudo-démence » dans laquelle les troubles cognitifs peuvent soit
régresser en parallèle de l’état dépressif soit évoluer vers une
démence
– Dépression symptomatique d’un début de démence
– Dépression secondaire au syndrome démentiel
• La dépression aggrave les troubles cognitifs
• Elle est soit réactionnelle, soit inhérente au processus neurologique en jeu
dans la démence
Un état dépressif chez une personne âgée associé à des troubles cognitifs
doit faire rechercher une démence débutante
99
Repérage et diagnostic
A1
1. Recherche des signes d’appel (changements par rapport à
l’état habituel)
̶
̶
̶
̶
̶
̶
̶
̶
̶
̶
Modifications défavorables du contexte physique, psychologique et/ou social
Plaintes somatiques, douleurs
Ralentissement psychomoteur, baisse de l’expression verbale
Refus de soins ou de traitement
Repli sur soi, sentiment d’inutilité
Anorexie, amaigrissement
Anxiété, troubles du caractère (irritabilité, colère, impatience) et/ou délire
(thèmes de la ruine, du préjudice)
Apathie
Insomnie matinale
Asthénie et fatigabilité à prédominance matinale
Vérifier que l’humeur dépressive n’est pas la conséquence d’un
trouble somatique ou d’une cause environnementale
100
A1
Le refus de soins
(VT)
Un principe
A1
• Le refus doit toujours et d’abord être considéré comme un
acte de liberté individuelle : la personne est sujet et non
objet de soins
– Il peut être le moyen ultime d’expression de son existence (conflit
affectif, conditions de vie jugées inacceptables, stress, difficulté, etc.)
– Face à un refus de soin, la préoccupation prioritaire est le confort de
la personne (confort physique, confort psychologique)
102
Caractéristiques générales
A1
• Le refus de soins est fréquent en cas de maladie d’Alzheimer
– Il peut être explicite, exprimé verbalement
– Il peut être implicite, exprimé par des comportements d’opposition,
d’agitation, de cris, d’agressivité, etc.
– Il peut s’exprimer ponctuellement ou de façon répétée
• Le refus peut concerner n’importe lequel des soins
prodigués à la personne
– Les soins médicaux : traitements, actes médicaux et/ou chirurgicaux,
hospitalisation, etc.
– Les soins en rapport avec la perte d’autonomie : hygiène,
alimentation, etc.
• Les conséquences d’un refus sont très variables
– Certaines peuvent être rapidement très graves pour la personne,
d’autres n’avoir aucun impact sur sa qualité de vie
103
La démarche d’analyse du refus
A1
• Vérifier que la personne a compris ce qui lui est proposé et
donc ce qu’elle refuse
• Rechercher une cause organique (douleur, inconfort,
infection, etc.), une dépression, des facteurs socioenvironnementaux
• Rechercher la signification du refus à la lumière d’éléments
de l’histoire de vie de la personne, avec l’aide de ses proches
• Engager une réflexion éthique en équipe pluridisciplinaire,
notamment si le refus est réitéré
–
–
–
–
Le soin proposé est-il indispensable ?
Est-il proposé au bon moment ?
Quelles sont les conséquences de ce refus ?
Comment accompagner le refus ?
104
La décision
A1
• La décision face au refus de soins est prise après une
réflexion éthique dans le contexte du plan de soins et de vie
personnalisé
• Elle est partagée et respectée par l’ensemble de l’équipe
• Elle est remise en question régulièrement, et devant tout
changement de situation de la personne
105
Le soignant face au refus (1)
A1
• Ne jamais chercher à résoudre seul un problème de refus de
soins et en parler systématiquement en équipe
• Ne pas considérer le refus comme une atteinte personnelle
ou professionnelle
– Le refus de soins met le soignant en échec : en refusant, la personne
ne le laisse pas accomplir sa mission
• Ne pas baisser les bras ni abandonner la personne
106
Le soignant face au refus (2)
A1
• À faire
–
–
–
–
–
–
Être doux, rester calme et adapter son comportement
Essayer de décaler les soins autant que possible
Être à l’écoute et prendre le temps de connaître la raison du refus
Solliciter l’aide de la personne, privilégier l’autonomie
Demander à un autre membre du personnel d’assurer le soin
Négocier afin d’assurer les soins prioritaires
• À ne pas faire
–
–
–
–
–
Infantiliser
Faire la morale à la personne
Parler de façon autoritaire
Forcer la personne
Utiliser des moyens de contention
107
Situations pratiques
A1
• La personne refuse la toilette
• La personne refuse de manger
• La personne refuse un soin médical
!
108
La personne refuse la toilette (1)
A1
• La toilette est un acte social, culturel, dépendant des
représentations de chacun du propre et du sale
• Elle est un acte symbolique car pour l’entourage et les
soignants, l’hygiène et l’apparence sont les premiers critères
de la qualité des soins, car les plus visibles
109
La personne refuse la toilette (2)
A1
• La démarche d’analyse du refus
– Rechercher une cause
• Causes organiques : douleur, etc.
• Causes psychiatriques : dépression, syndrome de glissement
• Facteurs socio-environnementaux : stress au moment de la toilette,
modalités, horaires, non respect de l’intimité de la personne, etc.
– Tenter de comprendre la signification du refus dans le contexte de
l’histoire de vie de la personne, avec l’aide de ses proches (habitudes
antérieures, peur de l’eau, etc.)
110
La personne refuse la toilette (3)
A1
• La prise en charge
– Traiter une cause curable éventuelle, en particulier une douleur à la
mobilisation
– Corriger dans la mesure du possible les facteurs environnementaux
• S’assurer du respect de l’intimité de la personne
• Prendre le temps d’installer une relation de confiance, dans le calme : parler à la
personne avant de la toucher, lui expliquer ce qui va se passer, la laisser faire le plus
possible, ne pas commencer par le visage, etc.
• Proposer différentes modalités pour la toilette (douche, lavabo, baignoire, au lit,
etc.)
• Proposer la toilette à un autre moment
• Tenter d’enlever ou de couvrir le miroir
• S’assurer que la température ambiante et la température de l’eau sont adaptées
– Réflexion en équipe pluridisciplinaire
• Est-il nécessaire de proposer une toilette quotidienne ?
111
La personne refuse de manger (1)
A1
• Le refus alimentaire est une urgence et doit immédiatement
provoquer une réflexion pluridisciplinaire
– La personne âgée supporte mal la dette nutritionnelle (risque
d’évolution rapide vers un état grabataire, risque d’escarre, de
surinfection, etc.)
• Il est particulièrement anxiogène pour les soignants, la
famille, l’entourage
– Valeur symbolique très forte de l’alimentation
– Mise en échec du soignant
112
La personne refuse de manger (2)
A1
• La démarche d’analyse du refus alimentaire
– Le distinguer d’une anorexie avec perte d’appétit
– Rechercher une cause
• Causes organiques : troubles de la déglutition, douleur, traitement
médicamenteux anorexigène, apraxie bucco-pharyngée, mycose,
problèmes dentaires, etc.
• Causes psychiatriques : dépression, syndrome de glissement
• Facteurs socio-environnementaux : stress au moment du repas,
mauvaises relations avec les voisins de table, mauvaise qualité des repas,
etc.
– Tenter de comprendre la signification du refus
Chez les personnes atteintes d’une pathologie démentielle, il est souvent difficile de
distinguer les facteurs neurologiques, psychologiques et environnementaux
113
La personne refuse de manger (3)
A1
• La prise en charge (1)
– Traiter une cause curable éventuelle
– Corriger dans la mesure du possible les facteurs environnementaux
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Les conditions du repas conviennent-elles à la personne ?
Les relations avec ses voisins de table sont-elles bonnes ?
Son intimité est-elle respectée ?
Le temps consacré au repas est-il suffisant ?
La personne se sent-elle sous pression au moment des repas ?
Reçoit-elle les aides humaines et/ou techniques dont elle a besoin ?
La qualité des repas est-elle suffisante ?
La texture des aliments est-elle adaptée ?
Si des médicaments sont écrasés dans les plats, ne les rendent-ils pas
immangeables ?
114
La personne refuse de manger (4)
A1
• La prise en charge (2)
– La décision, après réflexion pluridisciplinaire tient compte de la loi et
s’appuie sur des repères éthiques (droit au refus, recherche de
l’expression de la volonté de la personne, rapport bénéfices/risques,
etc.)
– La prise en charge peut aller du respect de la volonté et de la liberté
de la personne jusqu’à une attitude nutritionnelle active
• Les risques sont d’un côté l’abandon de la personne, de l’autre la
contrainte « pour son bien » mais à quel prix…
– Par exemple, une alimentation par sonde nécessite, en cas de refus, une
contention. Le bénéfice de ce mode d’alimentation devient alors illusoire
– L’arrêt de l’alimentation ne signifie pas l’arrêt des soins
• Les soins de confort sont privilégiés : traitement de la douleur, traitement
des troubles digestifs, etc.
• Une attention particulière est portée aux soins de bouche, même si la
115
personne ne s’alimente plus
La personne refuse un soin médical
A1
• Des exemples pratiques
– La personne arrache sa perfusion alors qu’elle est très déshydratée
– La personne refuse d’avaler ses comprimés
– La personne refuse d’aller en consultation externe ou de se faire
hospitaliser
• Démarche d’analyse du trouble
– Rechercher une cause
• Causes organiques : douleur, inconfort
• Causes psychiatriques : dépression, syndrome de glissement
– Tenter de comprendre la signification du refus dans le contexte de
l’histoire de vie passée et présente de la personne
• Deuils récents, conflits familiaux, etc.
• Conflits avec d’autres résidents, avec des soignants, etc.
116
La personne refuse ses traitements
A1
• Prise en charge
– Prise de décision après réflexion éthique en équipe pluridisciplinaire
• Évaluer le rapport bénéfice/risque pour la personne du refus lui-même et
de ses conséquences, notamment sur sa qualité de vie
• Évaluer également le rapport bénéfice/risque des solutions envisagées
• Le refus de soin met-il rapidement la personne en danger ?
• Le soin refusé est-il indispensable (médicament, examen complémentaire,
perfusion, sonde, etc.) ?
• Prise en compte de la volonté de la personne, éventuellement par le biais
de ses directives anticipées, des proches, de la personne de confiance, du
mandataire, etc. (loi 2005-370 du 22 avril 2005)
– Toute décision concernant les soins médicaux est finalement prise
par le médecin traitant en concertation avec le médecin
coordonnateur
117
A1
La contention
et la liberté d’aller et venir …
(NM)
Définition
A1
Le terme « contention » recouvre tous les moyens mis en
œuvre pour limiter les capacités de mobilisation de tout ou
une partie du corps ou pour limiter la libre circulation des
personnes dans un but sécuritaire pour une personne ayant
un comportement jugé dangereux ou mal adapté
119
Les différents types de contention
A1
• La contention physique
– Les moyens spécifiques
•
•
•
•
Gilets et sangles thoraciques, ceintures
Attaches de poignets et de chevilles
Sièges gériatriques, sièges avec un adaptable fixé
Barrières de lit
– Les moyens non spécifiques
• Tous les matériels détournés de leur usage et utilisés aux fins de limiter la
mobilité du corps : un drap, un vêtement, une table placée devant le siège de
la personne, etc.
• La contention chimique (psychotropes)
– Les médicaments sédatifs
• Tranquillisant, antipsychotique
120
Les répercussions de la contention
A1
• La contention a des répercussions physiques, psychologiques
et sociales du fait de la restriction du pouvoir d’autodétermination de la personne, de pertes fonctionnelles et de
l’augmentation de son degré de dépendance
– Sentiment de mise à l’écart et de déshumanisation entraînant un
repli sur soi, un syndrome dépressif, une agitation
– Résignation à la perte de liberté, de dignité
– Sentiment d’emprisonnement
– Perte d’appétit et risque de dénutrition
Le savez-vous ?
•
•
Attacher une personne n’a jamais fait la preuve de son efficacité pour prévenir les chutes, les
blessures ou les troubles du comportement.
Au contraire, l’immobilisation prolongée par une contention expose la personne au risque de
déconditionnement physique et psychologique qui augmente la probabilité de chutes ou de
blessures.
121
Les modalités de la mise en œuvre
A1
• Le recours à la contention physique doit rester exceptionnel
et relève exclusivement d’une urgence médicale
– Si elle est envisagée, elle relève d’une prescription médicale
obligatoire étayée par une réflexion multidisciplinaire
• La contention n’est envisageable qu’en cas d’échec des
autres mesures environnementales, relationnelles,
pharmacologiques et lorsqu’il existe un danger élevé à court
terme
– La recherche préalable d’alternatives à la contention doit être
systématique
– La contention est l’ultime recours
122
Le cas particulier des barrières de lit
A1
• Des gestes simples pour limiter le risque d’accident
– Vérifier systématiquement à chaque utilisation le bon verrouillage en
position haute des barrières et la bonne fixation des barrières au
cadre du lit (pour les barrières amovibles)
– Si le lit est équipé de demi-barrières, laisser la demi-barrière côté pied
abaissée permet au patient de sortir de son lit sans risque de
piégeage.
– Pour réduire le risque de blessure en cas de chute
• Poser des coussins en mousse sur le sol
• Mettre le lit en position basse en dehors des soins
– Signaler aux services de maintenance tout dysfonctionnement ou
pièce suspecte
Aucun moyen technique ne remplace la surveillance du patient (AFSSAPS, 2006)
123
A1
Iatrogénie
un danger réel chez la personne âgée
(NM)
Le contexte (1)
A1
• Des chiffres révélateurs
– Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 16% de la
population française et 40% de la consommation de médicaments en
ville
– La iatrogénie médicamenteuse serait responsable de plus de 10% des
hospitalisations chez les plus de 65 ans et 20% chez les octogénaires
– Les personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer sont 6 fois plus
exposées aux neuroleptiques (18%) que la population du même âge
(3%) (jusqu’à 27% en EHPAD)
– 30% à 60% des effets indésirables des médicaments sont prévisibles
et évitables
• Erreur thérapeutique (mauvaise indication, non respect des contreindications, posologie excessive, traitement trop prolongé)
• Mauvaise observance
• Automédication inappropriée
125
Le contexte (2)
A1
• La lutte contre le risque iatrogénique est un objectif de la loi
n°2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé
publique (réduction de la prescription inadaptée, réduction de la
iatrogénie)
Le risque iatrogénique est majoré chez la personne âgée
La polymédication est fréquente et souvent justifiée
chez le sujet âgé polypathologique
126
A1
A
A1
A
CONCLUSION
• REPERER POUR DIAGNOSTIQUER:
•
•
•
Les troubles cognitifs de façon précoce pour adapter une prise en
charge spécifique.
Les troubles du comportement et les difficultés dans la vie
quotidienne.
Les éléments dépressifs.
• ALERTER LE MEDECIN TRAITANT:
•
•
•
En cas de modification du comportement.
En cas de difficultés d’observance du traitement.
En cas de difficultés nutritionnelles, perte de poids.
• REPERER POUR AGIR:
•
Sur les mises en danger au domicile
Téléchargement