L’atrophie des muscles pourra conduire à une perte définitive de la
mobilité car elle s’accompagne d’une altération du sens du mouvement et de
la position dans l’espace. Le malade ne pourra plus marcher et des rétractions
apparaissent. Une rééducation trop tardive a toute probabilité d’être un échec.
La moindre force musculaire du diaphragme, des muscles intercos-
taux et de la paroi abdominale a des conséquences respiratoires : la toux
devient inefficace et la stase bronchique favorise l’infection.
La perte des muscles abdominaux entraîne un ralentissement du tran-
sit digestif et conduit à la constitution de fécalome qui participe à la réduction
de l’appétit.
La continence urinaire est menacée si le malade n’est pas mené régu-
lièrement aux toilettes. La mise systématique de couches est une cause majeu-
re d’incontinence, souvent suivie d’infection urinaire.
L’os, non soumis à la pression de la gravité et à des stimulations mus-
culaires, accélère sa lyse qui peut être accrue par une hyperparathyroïdie secon-
daire à l’immobilisation, d’autant plus que la carence en vitamine D n’est pas
traitée. Le risque de fracture est paradoxalement accru chez les immobiles,
pouvant se produire à la simple mobilisation.
Le cœur se déconditionne à l’effort. Devant un événement demandant
une accélération du rythme cardiaque comme une simple infection, le sujet âgé
immobilisé peut se trouver en insuffisance cardiaque « à cœur normal ».
La peau est menacée d’escarres à tous les points de pression où elle se
trouve comprimée entre os et support. La surveillance de ces points est systé-
matique lors de toutes les toilettes. L’utilisation d’échelles de type Norton (cf.
Annexe VII p. 175) est nécessaire pour décider des supports en fonction du
risque. L’utilisation de supports de prévention d’escarre est indispensable chez
tout malade immobilisé.
Le risque de thrombose veineuse profonde (TVP) est moins lié à l’im-
mobilité elle-même qu’à un état inflammatoire l’accompagnant, ce qui justifie
un traitement préventif à chaque épisode inflammatoire aigu ou subaigu.
La chute du débit artériel distal chez ces malades en repos permanent
entraîne des ischémies distales chez les athéromateux. La thrombose artérielle
distale est un risque égal ou supérieur à celui de la TVP chez le sujet alité ou au
fauteuil.
Toute immobilisation s’accompagne d’un état inflammatoire chro-
nique latent avec présence d’IL6 circulante et d’une élévation modérée de la
CRP. Il en résulte une stimulation de la production de radicaux libres et d’une
accélération de la perte musculaire, une atrophie cutanée, un épaississement
IMMOBILISATION ET SES CONSÉQUENCES
107