DENUTRITION 17 DECEMBRE 2010

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LA DENUTRITION DE LA
PERSONNE AGEE
Michèle Deygas
Diététicienne
C-H Annonay
Définition apports
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
besoins
État pathologique provoqué par l’inadéquation persistante entre
les besoins métaboliques de l’organisme et les apports et/ou
l’utilisation de ces apports, en énergie et/ou protéines et/ou
micronutriments.
Elle peut être liée à une réduction des apports nutritionnels quel
qu’en soit le mécanisme et/ou à une augmentation des besoins
métaboliques.
Elle se caractérise par une perte de masse maigre(amyotrophie) et
souvent de masse grasse(amaigrissement).
Elle induit des changements mesurables des fonctions corporelles
physiologiques responsables du pronostic des patients.
La dénutrition survient en quelques semaines, elle a de graves
conséquences pour la santé.
Causes de la dénutrition
Insuffisance des apports nutritionnels
Carence d’apport liée à des problèmes sociaux:
 Pauvreté ou revenus faibles, prix des protéines,difficulté
d’approvisionnement
 Isolement social et affectif
 Démence , dépression,deuil
Carence d’apport liée au vieillissement:
 Diminution du goût, de l’odorat, de la sensation de soif
 Perte d’autonomie
Causes de la dénutrition
Carence d’apport liée à la pathologie
Perturbation de l’ingestion des aliments : anorexie,
troubles de la déglutition,régurgitations,vomissements
Troubles de la digestion et/ou de l’absorption digestive :
malabsorption,insuffisance pancréatique,
diarrhée,intolérance digestive, constipation
cancers
Mauvaise dentition, mycoses
Dépression, troubles du comportement alimentaire
Médicaments: nombre supérieur à 3
L’hyperthyroïdie
Causes de la dénutrition
Carence d’apport liés à des modes alimentaires
restrictifs
 Régimes excessifs (hyposodé, amaigrissant,
diabétique,hypocholestérolémiant, sans résidu au long
court….)
 Rites idéologiques(végétalisme)
 Idées reçues ou peur alimentaire
 Rites religieux
Autres
 La douleur, l’alitement ou diminution de l’activité
physique, déficits visuels, sensoriels peuvent aussi être
à l’origine d’une inappétence
Causes de la dénutrition
Augmentation des dépenses énergétiques






Infections chroniques, états fébriles
Maladies infectieuses et inflammatoires
Cancers
Stress chirurgical
Insuffisance respiratoire
Traumatisme et brûlures
Conséquences de la dénutrition
Les évaluer






Faiblesse générale, musculaire
Fragilité osseuse avec chutes et fractures
Asthénie psychique, dépression,troubles anxieux
Sensibilité aux infections, altération du système
immunitaire
Fragilité cutanée : plaies et escarres
Complications pulmonaires , urinaires
CONSEQUENCES DE LA DENUTRITION
→ De la qualité de vie
 Augmentation de la perte d’autonomie,
de la durée d’hospitalisation et de la charge
en soins
→ De l’espérance de vie
 Morbilité et mortalité
DEPISTAGE DE LA DENUTRITION
Ce dépistage est recommandé chez toute
les personnes âgées de + 70 ans et au minimum
1 fois par an en ville
La dépister tôt
 Évaluer le niveau de gravité
 Identifier le type de dénutrition
 Mettre en œuvre des outils simples et pratiques et
peu onéreux
La dénutrition, elle se voit
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

Visage émacié, côtes saillantes
Fonte musculaire ( bras , mollets)
Vêtements devenus trop grands
Peau sèche , squameuse, gardant le pli
la dénutrition , elle se mesure

PESER
- Recueillir le poids habituel, interroger la personne ou
son entourage.
- Pesée systématique .
- Perte de poids involontaire
de 2 kg ou 5 % en 1mois
ou 4 kg ou 10 % en 6 mois
- Tenir compte d’oedèmes éventuels ou d’une déshydratation
la dénutrition , elle se mesure

MESURER
- Interroger la personne ou son entourage.
Utiliser la taille sur les papiers d’identité,
une toise ou un mètre ruban
- Mesure de l’IMC = poids
(taille)X2
si inférieur à 21 = dénutrition
- Si MNA inférieur à 17
-

DOSER

Albumine: variation lente des concentrations: ½ vie longue 21 jours
Intérêt pronostic ++++, pas d’intérêt à court terme.
 Si inférieur à 35g/l : dénutrition
 Un taux compris entre 30 et 35 g/l : dénutrition modérée
 Entre 25 et 30g/l : dénutrition sévère
 Un taux inférieur ou égal à 25g/l : dénutrition grave

Pré albumine : variation plus rapide : ½ vie 2 jours
 Si inférieure à 200 mg/l dénutrition modérée
 Si inférieure à 150 mg/l dénutrition sévère

Si inférieure à 100 mg/l dénutrition grave
La CRP : augmenté en cas de syndrome inflammatoire,
l’hypoalbuminémie est alors indépendante de l’état nutritionnel

QUANTIFIER LES APPORTS ALIMENTAIRES
Si la personne est seule
 Rappel alimentaire des 24 h

Si la personne est à domicile accompagnée
ou dans une structure
 Observation de la consommation
 Fiche de suivi des ingesta

ESTIMATION SIMPLIFIEE DES INGESTA
Prise en charge de la dénutrition

Évaluer l’alimentation par un interrogatoire simple de
la personne âgée ou de son entourage

Insuffisance d’apport énergétique global, moins de
1500 calories : anorexie ? pour quels aliments ?
que reste t-il dans l’assiette ?

Insuffisance d’apport d’aliments riches en protéines
animales: viandes, poisson, œuf, charcuterie, lait et
produits laitiers (laitages et fromages secs) nombre de portions
par jour ?

Insuffisance d’apport en vitamines(B,C,D) et minéraux
(calcium)

Hydratation insuffisante
Prise en charge de la dénutrition

Corriger les facteurs de risques identifiés :

Aide technique ou humaine pour l’alimentation
Soins bucco-dentaires
Réévaluation de la pertinence des médicaments et des
régimes
Prise en charge des pathologies sous jacentes
Penser aux aides sociales pour l’aspect financier




Prévention et correction de la dénutrition
Besoins nutritionnels de la personne âgée non dénutrie





Les besoins caloriques sont au moins équivalents à
ceux de l’adulte: environ 2000 calories pour
l’homme et 1800 calories pour la femme
L’apport protidique : constituant de la masse
musculaire doit être maintenu,voire augmenté sinon
risque de chutes ou fractures
Apport calcique : 1200 mg/ jour (900mg/j pour
l’adulte)
Fibres : pour lutter contre la constipation(penser aux
légumes secs)
Apport hydrique important:1.5 l soit 10 verres,
quantité majorée en cas de fièvre et forte chaleur
Protéines et équivalences
10 g de protéines =

50 g viande – poisson
ou

1 tranche de jambon
ou

2 œufs
ou

30 g de fromage
ou

2 petits suisses
ou

1,5 pot fromage blanc
ou

¼ l de lait
Il faut au moins 50 g à 60 g de
protéines par jour
LES FIBRES
LES FIBRES SONT DES SUBSTANCES VEGETALES
INDISPENSABLES AU BON FONCTIONNEMENT DE
L’INTESTIN.
-PRIVILEGIER LE PAIN COMPLET, AUX CEREALES,
SEIGLE,LES BISCOTTES COMPLETES, LES FRUITS
CRUS, CUITS, COMPOTE DE PRUNEAUX, LEGUMES,
RIZ COMPLET ET LEGUMES SECS.
HYDRATATION



Conseiller de boire , encore et encore….
Jus de fruits, tisanes,thé, café,bouillons, eaux plates
ou gazeuses fraîches
En cas de troubles de la déglutition, les eaux gélifiées
ont leur place ( les eaux gélifiées ne sont pas des
concentrées d’eau )
EN PRATIQUE: 60g de protéines (non dénutrie ) 1900 calories
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
Lait : 250 ml
Yaourt : 1
Fromage: 30g = 1/8 de camembert
Viande : 100g = 1 steak haché
Pain :150g = ¾ de baguette
Féculents : 200g = 4 pommes de terre de la
taille d’1oeuf
Légumes à volonté
Fruits à volonté
Beurre : 30g
Huile : 30g
Sucre et produits sucrés : 50g
EN PRATIQUE: 78g de protéines( dénutrie ) 2100 calories
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

Lait : 250 ml
Yaourt : 1+1
Fromage: 30g = 1/8 de camembert
Viande : 100g = 1 steak haché + 1 œuf (50g)
Pain :150g = ¾ de baguette
Féculents : 300g = 6 pommes de terre de la
taille d’1oeuf
Légumes à volonté
Fruits à volonté
Beurre : 40g ou crème fraîche
Huile : 30g
Sucre et produits sucrés : 50g
Stratégie nutritionnelle
 Fractionner
les repas: 4 ou 5
 Repas à heures fixes et espacés d’au moins 3
heures
 Petit déjeuner : 7 - 9 heure : copieux
 Déjeuner correct: 12 à 13h : 4 ou 5 composantes
 Goûter :15h30 - 16h : léger
 Dîner suffisant : 19h - 20h : 4 composantes
Éviter une période de jeûne nocturne trop longue
( supérieure à 12h) ou prévoir une collation en
soirée
Stratégie nutritionnelle






Durée du repas : au minimum une 1/2 heure
S’adapter aux envies du patient
Densifier les apports : petit volume, beaucoup d’énergie
et de protéines, privilégier la viande ou équivalents et
l’accompagner d’une petite quantité de légumes ou
féculent.
Attention: il ne sert à rien de donner des protéines si la
ration calorique est insuffisante, les protéines ne seront
pas métabolisées)
Varier, stimuler, persévérer : il faut 3 fois plus de temps
pour récupérer son poids que pour le perdre !!!!
Insister sur l’aspect thérapeutique de l’alimentation:
c’est un traitement au même titre que les médicaments.
Complémentation orale
Complémentation naturelle ( produits de consommation courante )

Conseils pratiques
Ajouter du lait en poudre au café ou au chocolat au lait,
au fromage blanc ou aux petits suisses, à la béchamel,
à la crème anglaise.
Enrichir les potages avec des pâtes et la purée avec de l’œuf,
du lait en poudre,du fromage râpé, de la crème fraîche,
fromage fondu,jambon mouliné.
Enrichir les gratins de légumes avec de l’œuf, du lait en
poudre, de l’emmental, de l’œuf.
Leurs conseiller des plats traditionnels tels que :
le hachis Parmentier, légumes farcis, pot au feu, potée, soupe,
pommes de terre au four, lasagnes, tomme en salade,
Quenelles, soufflés,quiche…
Complémentation orale



Compléter les crudités ou cuidités avec des œufs durs,
des dés de jambon, des lardons, des dés de poulet, du
thon, sardines, harengs,crevettes, surimi, cubes de
fromages, croûtons, olives
Varier avec du saucisson, des pâtés,des salades de
pommes de terre ou de céréales, des entrées
pâtissières…
Penser à incorporer du beurre ou margarine crus, huile
et crème fraîche.
Complémentation industrielle


o
o
Si les besoins énergétiques ne sont pas couverts
par l’alimentation
Prescription suffisante
Une grande diversité de produits sucrés ou salés,
chauds, froids, glacés, des textures et des arômes
variés: blédine adulte, potages, jus de fruits,
desserts lactés gélifiés, boissons lactées:
aromatisées ou neutres , poudre de protéines.
Ils ne doivent pas être donnés à la place d’un repas
mais en plus et à distance des repas d’au moins 2h
ATTENTION
STRATEGIE NUTRITIONNELLE




Si perte de poids et albuminémie basse
Apport nutritionnel énergétique et protidique
Si il n’y a pas de perte de poids et albumine
basse
Penser seulement à l’apport protidique
ECHEC OU INSUFFISANCE DE LA
NUTRITION ORALE


Et en cas de troubles sévères de la dénutrition
avec apports alimentaires supers faibles :
Assistance nutritionnelle par voie entérale
La parentérale ne sera utilisée que lorsque le tube
digestif n’est plus fonctionnel
SUIVI DE L’EVOLUTION



AUGMENTATION DU POIDS
ALBUMINEMIE AU BOUT DE 1 MOIS
REEVALUER LA PRISE ALIMENTAIRE
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