La sensibilité aux antibiotiques des bactéries uropathogènes dans

Progrès
en
urologie
(2016)
26,
346—352
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
ARTICLE
ORIGINAL
La
sensibilité
aux
antibiotiques
des
bactéries
uropathogènes
dans
la
ville
de
Nouakchott
Mauritanie
Sensitivity
to
antibiotics
uropathogens
bacteria
in
Nouakchott
Mauritania
N.S.M.
Hailajia,
M.L.
Ould
Salema,,b,
S.M.
Ghabera,c
aDépartement
des
sciences
fondamentales,
faculté
de
médecine
de
Nouakchott
(USTM),
Nouakchott,
Mauritanie
bLaboratoire
de
bactériologie,
centre
hospitalier
national
(CHN)
de
Nouakchott,
laboratoire
MEDILAB,
Nouakchott,
Mauritanie
cLaboratoire
d’analyses
médicales
MAURILAB,
Nouakchott,
Mauritanie
Rec¸u
le
29
octobre
2015
;
accepté
le
13
avril
2016
Disponible
sur
Internet
le
17
mai
2016
MOTS
CLÉS
Infection
urinaire
;
Examen
cytobactériologique
des
urines
;
Antibiogramme
;
BLSE
;
Nouakchott
;
Mauritanie
Résumé
Introduction.
L’infection
urinaire
(IU)
est
une
pathologie
fréquente
aussi
bien
en
commu-
nauté
qu’à
l’hôpital.
Au
cours
de
ces
dernières
années,
on
a
assisté
à
une
augmentation
de
l’incidence
des
résistances
aux
antibiotiques
des
germes
responsables
d’IU,
notamment
à
cause
de
l’émergence
des
entérobactéries
ayant
une
bêtalactamase
à
spectre
étendu
(BLSE).
But.
Le
but
de
ce
travail
était
d’étudier
l’épidémiologie
des
germes
responsables
des
infec-
tions
urinaires,
ainsi
que
leur
sensibilité
aux
antibiotiques
au
niveau
de
3
laboratoires
d’analyses
médicales
dans
la
ville
de
Nouakchott
(Mauritanie)
chez
tous
les
patients
se
présentant
à
ces
laboratoires
pour
ECBU
durant
une
période
de
six
mois.
Matériels
et
méthodes.
Il
s’agit
d’une
étude
prospective
réalisée
au
niveau
de
trois
labo-
ratoires
d’analyses
médicales
à
Nouakchott,
sur
une
période
de
six
mois
allant
du
début
janvier
à
fin
juin
2014
chez
tous
les
patients
se
présentant
à
ces
structures
pour
ECBU
durant
cette
période.
La
culture
a
été
faite
selon
les
techniques
usuelles,
et
l’antibiogramme
a
été
réalisé
selon
les
recommandations
du
Comité
de
l’antibiogramme
de
la
Société
franc¸aise
de
microbiologie
(CA-SFM).
L’analyse
statistique
a
été
effectuée
à
l’aide
du
logiciel
SPSS
Statistics
20.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(M.L.
Ould
Salem).
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2016.04.004
1166-7087/©
2016
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
r´
eserv´
es.
La
sensibilité
aux
antibiotiques
des
bactéries
uropathogènes
347
Résultats.
Sur
3082
prélèvements
d’urine,
568
répondaient
aux
critères
d’infection
urinaire,
soit
18,4
%
de
positivité.
Ces
infections
ont
concerné
des
patients
hospitalisés
(17,8
%)
et
surtout
des
consultants
externes
(82,2
%).
Le
sex-ratio
F/H
était
1,6.
L’épidémiologie
des
infections
urinaires
au
niveau
de
ces
3
laboratoires
d’analyses
médicales
est
globalement
comparable
aux
données
de
la
littérature
en
ce
qui
concerne
l’âge,
le
sexe,
le
terrain,
et
le
germe
le
plus
fréquemment
responsable
(Escherichia
coli
64,4
%).
Mais,
des
différences
sur
les
résistances
sont
observées
:
résistances
plus
élevées
aux
bêtalactamines,
aux
quinolones
de
1re génération,
aux
fluoroquinolones
et
au
cotrimoxazole.
L’IU
était
fréquente
chez
les
patients
sondés
(64,9
%),
les
diabétiques
(52,4
%),
les
hospitalisés
(49,3
%),
et
chez
les
femmes
enceintes
(38,7
%).
La
prévalence
des
infections
urinaires
à
entérobactéries
productrices
des
BLSE
dans
notre
étude
était
de
12,8
%,
parmi
toutes
les
infections
urinaires
à
entérobactéries.
Les
souches
d’E.
coli
et
de
Klebsiella
spp
isolées
ont
exprimé
une
BLSE
respectivement
dans
10,4
et
20,4
%
des
cas.
Conclusion.
La
répartition
des
souches
dans
notre
étude
est
comparable
à
la
littérature,
en
revanche,
la
résistance
aux
antibiotiques
est
plus
importante
dans
notre
série,
conséquence
probablement
de
l’usage
inapproprié
de
ces
molécules
dans
notre
pays,
d’où
l’intérêt
de
prévoir
une
bonne
stratégie
d’approvisionnement
et
de
dispensation
de
ces
molécules
ainsi
que
la
révision
du
traitement
empirique
des
IU
dans
notre
pays.
Niveau
de
preuve.—
4.
©
2016
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
r´
eserv´
es.
KEYWORDS
Urinary
tract
infection;
Urine
culture;
Antibiogram;
ESBL;
Nouakchott;
Mauritania
Summary
Introduction.
A
urinary
tract
infection
(UTI)
is
a
frequent
pathology
in
outpatients
and
admit-
ted
patients
as
well.
In
recent
years,
there
has
been
an
increase
in
the
resistance
of
germs
responsible
for
UTI
to
tested
antibiotics,
particularly
because
of
the
emergence
of
Enterobac-
teria
secreting
extended-spectrum
beta-lactamase
(ESBL).
Objective.
The
aim
of
this
work
was
to
study
the
epidemiology
of
germs
responsible
for
urinary
tract
infections
and
their
antibiotic
sensitivity
at
three
clinical
laboratories
in
the
city
of
Nouakchott
(Mauritania)
in
all
patients
presenting
to
these
laboratories
for
urine
culture
during
a
period
of
six
months.
Methods.
This
is
a
prospective
study
conducted
at
three
clinical
laboratories
in
Nouakchott,
over
a
period
of
six
months
from
January
1st
to
June
30th
2014
for
all
patients
coming
to
these
laboratories
for
urinalysis
test
during
this
period.
The
culture
was
performed
according
to
the
usual
techniques,
and
the
antibiogram
was
done
according
to
the
recommendations
of
the
Antibiogram
Committee
of
the
French
Society
of
Microbiology.
The
statistical
analysis
was
performed
using
SPSS
Statistics
20.
Results.
From
3082
urine
exam,
568
were
positive,
which
means
18.4%.
These
infections
were
for
hospitalized
patients
(17.8%)
and
outpatients
in
particular
(82.2%).
Sex
ratio
F/M
was
1.6.
The
epidemiology
of
urinary
tract
infections
in
these
three
medical
analysis
laboratories
is
comparable
to
the
past
studies
data
regarding
age,
sex,
and
the
bacteria,
the
most
fre-
quently
responsible
(Escherichia
coli
64.4%).
But
differences
in
the
resistance
of
E.
coli
are
observed:
higher
resistance
to
beta-lactam
antibiotics,
the
quinolones,
the
fluoroquinolones,
and
cotrimoxazol.
UTI
was
common
in
patients
with
urinary
catheter
(64.9%),
diabetics
(52.4%),
hospitalized
patients
(49.3%)
and
pregnant
women
(38.7%).
The
prevalence
of
urinary
tract
infections
caused
by
Enterobacteria
ESBL
in
our
study
was
12.8%,
of
all
urinary
tract
infec-
tions
caused
by
Enterobacteria;
10.4
and
20.4%
of
the
E.
coli
and
Klebsiella
spp,
respectively
produced
a
ESBL.
Conclusion.
The
distribution
of
germs
in
our
study
is
comparable
to
the
literature,
however,
antibiotic
resistance
is
higher
in
our
study,
which
is
probably
a
result
of
the
inappropriate
use
of
these
drugs
in
our
country,
therefore
it
is
important
for
us
to
create
a
good
strategy
to
supply
and
distribute
these
drugs,
as
well
as
the
review
of
the
empirical
treatment
of
UTI
in
our
country.
Level
of
evidence.—
4.
©
2016
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
348
N.S.M.
Hailaji
et
al.
Introduction
Les
infections
urinaires
(IU)
sont
fréquentes
aussi
bien
en
milieu
hospitalier
qu’en
milieu
communautaire.
Au
cours
de
ces
dernières
années,
on
a
assisté
à
une
augmentation
de
l’incidence
des
résistances
aux
antibiotiques
des
germes
responsables
des
IU,
notamment
à
cause
de
l’émergence
des
entérobactéries
productrices
d’une
bêtalactamase
dite
à
spectre
étendu
(BLSE)
[1,2].
Dans
notre
pays
l’examen
cytobactériologique
des
urines
(ECBU),
qui
est
le
seul
élément
de
diagnostic
de
certitude,
n’est
que
rarement
demandé
en
cas
de
suspicion
d’IU,
l’auto
médication
est
aussi
une
pratique
courante
de
nos
patients.
Ces
facteurs,
entre
autres,
ont
amené
à
une
forte
sélection
des
bactéries
multirésistantes.
Pour
ces
raisons
l’étude
de
l’épidémiologie
des
bactéries
responsables
des
IU
et
surtout
leur
sensibilité
aux
antibiotiques
nous
semblent
nécessaires
pour
aboutir
à
des
recommandations
thérapeutiques
des
IU
en
Mauritanie.
Le
but
de
ce
travail
était
d’étudier
l’épidémiologie
des
germes
responsables
des
infections
urinaires
toutes
confon-
dues
(hautes
et
basses),
ainsi
que
leur
sensibilité
aux
antibiotiques
au
niveau
de
3
laboratoires
d’analyses
médi-
cales
dans
la
ville
de
Nouakchott
chez
tous
les
patients
se
présentant
à
ces
laboratoires
pour
ECBU
durant
une
période
de
six
mois,
afin
de
mieux
guider
l’antibiothérapie
de
pre-
mière
intention.
Patients
et
méthodes
Nous
rapportons
les
résultats
d’une
étude
prospective
descriptive
réalisée
entre
janvier
et
juin
2014
au
niveau
de
3
laboratoires
d’analyses
médicales
dans
la
ville
de
Nouakchott,
il
s’agit
:
du
laboratoire
de
bactériologie
du
centre
hospitalier
national
(CHN)
de
Nouakchott,
du
labo-
ratoire
d’analyses
médicales
MEDILAB
et
du
laboratoire
d’analyses
médicales
MAURILAB,
chez
tous
les
patients
se
présentant
à
ces
structures
pour
ECBU
durant
cette
période.
Pour
éviter
toute
souillure
par
la
flore
commensale
le
protocole
de
prélèvement
a
été
bien
expliqué
aux
patients
ou
le
cas
échéant,
au
personnel
médical.
Critères
d’inclusion
et
d’exclusion
Ont
été
inclus
dans
notre
étude
tous
les
patients
ayant
une
leucocyturie
supérieure
ou
égale
à
104/mL
associée
à
:
une
bactériurie
supérieure
ou
égale
à
103UFC/mL
chez
l’homme
;
une
bactériurie
supérieure
ou
égale
à
103UFC/mL
chez
la
femme
si
le
germe
isolé
est
Escherichia
coli
ou
Staphylo-
coccus
saprophyticus
;
une
bactériurie
supérieure
ou
égale
à
104UFC/mL
chez
la
femme
si
le
germe
isolé
est
autre
que
les
deux
espèces
précédentes.
Chez
les
patients
sondés
le
seuil
de
bactériurie
était
de
105UFC/mL
[3].
Ont
été
exclus
tous
les
patients
ayant
un
ECBU
négatif
ou
positif
associé
à
une
parasitose.
Méthodologie
L’identification
a
été
réalisée
selon
les
caractères
mor-
phologiques,
culturaux
et
métaboliques
des
germes,
et
l’antibiogramme
a
été
réalisé
selon
les
recommandations
du
Comité
de
l’antibiogramme
de
la
Société
franc¸aise
de
microbiologie
(CA-SFM)
[4].
La
recherche
de
sécrétion
de
ß-lactamases
à
spectre
étendu
(BLSE)
a
été
établie
par
le
test
de
synergie
entre
un
disque
central
d’amoxicilline-acide
clavulanique
distant
de
30
mm
des
disques
de
céfotaxime,
ceftazidime
et
ceftriaxone.
La
saisie
et
l’analyse
des
don-
nées
ont
été
effectuées
à
l’aide
du
logiciel
SPSS
Statistics
20.
Résultats
Nous
avons
étudié
3082
prélèvements
d’urines
dont
568
répondaient
aux
critères
d’infection
urinaire,
soit
18,4
%
de
positivité.
Ces
infections
ont
concerné
des
patients
hospitalisés
(17,8
%)
et
surtout
des
consultants
externes
(82,2
%).
L’âge
moyen
dans
notre
série
était
de
44,7
ans
avec
des
extrêmes
de
15
jours
et
91
ans.
Le
sexe
féminin
était
prédominant
avec
61,7
%
de
femmes
pour
38,3
%
d’hommes,
ce
qui
correspond
à
un
sex-ratio
F/H
de
1,6.
Parmi
les
malades,
64,9
%
(368)
avaient
au
moins
un
des
symptômes
urinaires
suivants
(brûlure
miction-
nelle,
dysurie,
pollakiurie,
hématurie).
Les
autres
patients
présentaient
d’autres
symptômes
(douleurs
abdominales,
syndrome
infectieux
chez
l’enfant,
fièvre.
.
.).
Ont
été
effectués
à
domicile
73,2
%
des
prélèvements,
20,7
%
à
l’hôpital
et
6,1
%
au
niveau
des
laboratoires.
L’infection
urinaire
était
présente
chez
49,3
%
de
patients
hospitalisés
(76/154),
28,9
%
de
consultants
externes
(349/1208),
64,9
%
de
patients
sondés
(74/114),
52,4
%
de
patients
diabétiques
(86/164),
et
sur
756
femmes,
98
étaient
enceintes
dont
38
ont
développé
une
UI
soit
38,7
%.
Les
bacilles
Gram
négatif
représentaient
94
%
des
souches
bactériennes
isolées,
dont
92,2
%,
sont
des
entérobactéries
et
les
cocci
gram
positif
représentaient
6
%.
La
fréquence
de
répartition
des
souches
bactériennes
isolées
dans
notre
étude
est
représentée
dans
le
Tableau
1.
Tableau
1
Fréquence
de
répartition
des
souches
bac-
tériennes
isolées
d’examens
cytobactériologiques
des
urines.
Germes
Effectif
Pourcentage
(%)
Escherichia
coli
366
64,4
Klebsiella
spp
137
24,1
Staphylococcus
aureus
30
5,7
Proteus
mirabilis
11
1,9
Pseudomonas
aeruginosa
9
1,6
Citrobacter
koseri
4
0,7
Enterobacter
cloacae
4
0,7
Staphylococcus
saprophyticus
4
0,7
Acinetobacter
baumannii 1
0,2
Morganella
morganii 1
0,2
Salmonella
spp
1
0,2
Total
568
100,0
La
sensibilité
aux
antibiotiques
des
bactéries
uropathogènes
349
Tableau
2
Pourcentage
des
souches
BLSE
au
sein
de
chaque
entérobactérie.
Souche
E-BLSE
Entérobactérie
Pourcentage
(%)
Escherichia
coli
38
366
10,4
Klebsiella
spp
28
137
20,4
Enterobacter
cloacae
1
4
25
Proteus
mirabilis 0
11
0
Citrobacter
koseri 0
4
0
Total 67
522
12,8
BLSE
:
bêtalactamase
à
spectre
étendu
;
E-BLSE
:
entérobactéries
productrices
des
BLSE.
Tableau
3
Pourcentage
de
résistance
aux
antibiotiques
des
souches
d’Escherichia
coli
et
de
Klebsiella
spp
isolées.
Antibiotique
Escherichia
coli
Klebsiella
spp
Amoxicilline
82,1
RN
Amoxicilline
+
acide
clavulanique
28,2
35,1
Ticarcilline
77,2
RN
Imipeneme
1
0
Cefalotine
60,9
60,7
Cefoxitine
19,8
31,5
Cefotaxime
18,4
37,9
Netilmicine
3
7,6
Gentamicine
13,5
19,5
Ofloxacine
28,3
36,5
Ciprofloxacine
28,6
33,6
Colistine
1,7 0,8
Acide
nalidixique 40,6
48,0
Cotrimoxazole
58,4 44,6
Fosfomycine
4,3 21,2
Nitrofuranes
38,9 30,9
Tétracycline
66,1 49
RN
:
résistance
naturelle.
La
production
de
BLSE
a
été
observée
chez
67
souches
d’entérobactéries
soit
une
prévalence
globale
de
12,8
%.
Les
souches
d’E.
coli
et
de
Klebsiella
spp
produisent
une
BLSE
respectivement
dans
10,4
et
20,4
%
des
cas.
Parmi
74
souches
hospitalières,
8
produisent
une
BLSE,
soit
10,8
%
et
sur
332
germes
externes,
26
produisent
une
BLSE,
soit
7,8
%.
La
répartition
des
entérobactéries
productrices
des
BLSE
(E-BLSE)
au
sein
de
chaque
espèce
isolée
est
représentée
dans
le
Tableau
2.
En
ce
qui
concerne
la
résistance
nous
avons
constaté
des
résistances
plus
élevées
aux
bêtalactamines,
aux
quinolones
de
1re génération,
aux
fluoroquinolones
et
au
cotrimoxa-
zole.
Les
pourcentages
de
résistance
aux
antibiotiques
des
souches
d’E.
coli
et
de
Klebsiella
spp
isolées
sont
présentés
dans
le
Tableau
3.
Discussion
Notre
étude
montre
que
l’épidémiologie
des
infections
uri-
naires
au
niveau
de
ces
trois
laboratoires
est
globalement
comparable
aux
données
de
la
littérature
mondiale
en
ce
qui
concerne
l’âge,
le
sexe,
le
terrain
et
le
germe
le
plus
fréquemment
responsable
qui
est
l’E.
coli.
Cette
dernière
a
dominé
le
profil
épidémiologique
aussi
bien
pour
les
germes
hospitaliers
(50
%)
que
communautaires
(61,7
%).
Notre
taux
d’ECBU
positif,
qui
est
de
18,4
%,
est
un
peu
plus
élevé
que
celui
trouvé
par
Ben
Haj
Khalifa
et
al.
en
Tunisie
(15,44
%)
[5]
et
Romli
au
Maroc
(11
%)
[2].
Ces
prélèvements
concernaient
essentiellement
des
consultants
externes
(82,2
%).
Une
situation
qui
trouve
sa
justification
dans
le
fait
que
l’IU
constitue
une
des
infections
bacté-
riennes
communautaires
les
plus
fréquentes
[6].
Les
bacilles
à
Gram
négatif,
dans
notre
étude,
repré-
sentaient
94
%
de
l’ensemble
des
germes
isolés.
Ils
sont
représentés
essentiellement
par
les
entérobactéries
(92,2
%)
avec
en
tète
de
liste
l’E.
coli
(64,4
%).
Notre
constat
est
partagé
par
d’autres
auteurs
avec
des
taux
variables
[2,7,8].
La
physiopathologie
ascendante
de
l’IU
ainsi
que
la
forte
colonisation
du
périnée
par
les
entérobactéries
d’origine
digestive,
associées
aux
facteurs
spécifiques
d’uropathogénicité
telles
que
les
adhésines
bactériennes
capables
de
se
lier
à
l’épithélium
urinaire
expliquent
cette
prédominance
[6,9].
Parmi
les
entérobactéries
isolées
dans
notre
étude,
Kleb-
siella
spp
vient
en
deuxième
position
avec
24,1
%,
un
résultat
proche
de
celui
trouvé
par
d’autres
études
avec
des
taux
variables
[10,11].
Le
taux
de
prévalence
des
E-BLSE
dans
notre
étude
était
de
12,8
%.
En
fait,
ce
taux
varie
d’un
pays
à
un
autre
et
d’un
centre
à
un
autre.
À
titre
d’exemple,
les
pays
du
Sud
de
l’Europe
enregistraient
des
taux
dépassant
les
10
%
;
en
revanche,
ceux
du
Nord
en
enregistraient
moins
de
5
%
[12].
Au
Maroc,
Lahlou
et
al.
ont
retrouvé
un
taux
de
9
%
[11].
En
2010,
une
étude
réalisée
dans
un
service
d’urologie
à
l’hôpital
Ibn
Sina
de
Rabat
a
montré
un
taux
de
17,5
%
[13].
Notre
taux
de
prévalence
de
12,8
%
doit
attirer
notre
attention
sur
l’ampleur
de
la
dissémination
inéluctable
et
éventuellement
dramatique
de
ces
souches
en
l’absence
de
mesures
de
lutte
et
de
prévention,
surtout
que
la
majorité
de
nos
malades
(82,2
%)
étaient
des
consultants
externes.
Ceci
serait
lié
à
l’importance
de
la
prévalence
du
portage
fécal
des
E-BLSE
chez
nos
patients
en
communautaire.
Il
est
donc
évident
que
ce
type
de
souches
n’est
plus
l’apanage
du
milieu
hospitalier,
comme
en
témoignent
par
ailleurs,
les
données
de
la
littérature
mondiale.
Notre
étude
met
l’accent
sur
la
place
majeure
de
Kleb-
siella
avec
environ
41,8
%
des
isolats
des
E-BLSE
;
Klebsiella
est
en
même
temps
la
bactérie
la
plus
pourvoyeuse
de
BLSE
350
N.S.M.
Hailaji
et
al.
Tableau
4
La
répartition
des
entérobactéries
BLSE
ainsi
que
le
pourcentage
du
phénotype
BLSE
pour
chaque
entéro-
bactérie
isolée.
Souche
E-BLSE
Pourcentage
(%)
Entérobactéries
Pourcentage
(%)
Escherichia
coli
38
56,71
366
10,4
Klebsiella
spp
28
41,79
137
20,4
Enterobacter
cloacae 1
1,49 4
25
Proteus
mirabilis 0
0
11
0
Citrobacter
koseri 0
0
4
0
Total
67
100
522
12,8
BLSE
:
bêtalactamase
à
spectre
étendu
;
E-BLSE
:
entérobactéries
productrices
des
BLSE.
au
sein
de
son
genre
à
raison
de
20,4
%
de
toutes
les
Kleb-
sielles
suivie
d’E.
coli
10,4
%,
constat
reproduit
par
Lahlou
et
al.
[11].
Pour
Ben
Haj
Khalifa
et
al.,
Klebsiella
produisait
des
BLSE
dans
20,2
%
des
cas
[14],
alors
que
pour
Romli
et
al.
ce
taux
touche
25
%
des
cas
[2].
Cependant,
certains
auteurs
relatent
un
déclin
de
cette
dominance
en
faveur
d’Enterobacter
ou
d’E.
coli
[15,16].
La
répartition
des
entérobactéries
productrices
des
BLSE
ainsi
que
le
pourcentage
du
phénotype
BLSE
pour
chaque
espèce
sont
représentés
dans
le
Tableau
4.
Profil
de
sensibilité
des
souches
d’E.
coli
Notre
étude
confirme
le
caractère
inquiétant
de
l’évolution
de
la
résistance
d’E.
coli
aux
Aminopenicillines.
Ainsi,
il
apparaît
que
seules
17,9
%
des
souches
d’E.
coli
sont
sen-
sibles
à
l’amoxicilline.
Cette
observation
est
conforme
aux
résultats
de
certains
auteurs
notamment
africains
:
Podie
à
Cotonou
a
obtenu
19,9
%
de
souches
sensibles
à
l’amoxicilline
[17],
pour
Aknaf
17,2
%
de
souches
d’E.
coli
sont
sensibles
à
l’amoxicilline
[18].
Ce
taux
de
résistance
élevé
peut
être
expliqué
par
l’utilisation
médicale
abusive
de
cet
antibiotique
dans
nos
structures
sanitaires
mais
aussi
par
l’automédication.
Par
ailleurs,
une
étude
réalisée
en
France
a
trouvé
que
plus
de
50
%
des
ces
souches
sont
résistantes
à
l’amoxicilline
[19].
Les
aminosides
gardent
une
bonne
activité,
essentiel-
lement
l’amikacine
et
à
moindre
degré
la
gentamicine
atteignant
respectivement
99
%
et
85,9
%.
Les
résistances
acquises
concernent
surtout
les
entéro-
bactéries
productrices
de
BLSE,
ce
constat
est
d’ailleurs
partagé
par
d’autres
auteurs
[9,11].
L’émergence
de
souches
résistantes
à
la
cefotaxime,
qui
est
l’un
des
antibiotiques
les
plus
actifs
sur
les
entérobac-
téries,
est
de
plus
en
plus
observée
[9].
Dans
notre
étude,
le
taux
de
résistance
d’E.
coli
à
cet
antibiotique
était
de
18,4
%,
contrairement
à
ce
qui
a
été
montré
par
d’autres
études
qui
ont
trouvé
un
taux
de
résistance
inférieur
à
5
%
[20—22].
Le
taux
de
résistance
d’E.
coli
au
cotrimoxazole
était
de
50,7
%,
il
est
nettement
supérieur
à
celui
noté
en
Europe
(20
à
30
%)
[22,23].
Cette
molécule
est
à
éviter
en
première
intention
par
nos
praticiens
car
son
taux
de
résistance
est
assez
élevé.
Dans
notre
travail,
les
taux
de
résistance
d’E.
coli
à
la
ciprofloxacine
et
à
l’acide
nalidixique
sont
respective-
ment
de
28,6
%
et
40,6
%,
des
résultats
proches
de
ceux
rapportés
par
Lahlou
Amine
[11].
Par
contre,
d’autres
études
ont
trouvé
un
taux
de
résistance
inférieur
à
20
%
[21,24].
En
France,
la
résistance
des
souches
d’E.
coli
aux
fluoro-
quinolones
est
très
variable
:
3
%
à
25
%
selon
la
présentation
clinique
et
le
terrain
[3].
Cette
émergence
de
la
résistance
pourrait
être
expli-
quée
par
le
fait
qu’un
traitement
probabiliste
de
première
intention
d’une
IU,
à
base
d’une
fluoroquinolone
est
souvent
utilisé
dans
notre
pays.
L’émergence
de
la
résistance
des
entérobactéries
aux
quinolones
et
aux
fluoroquinolones
constitue
le
prin-
cipal
problème
lié
à
leur
utilisation.
Cette
résistance
fait
intervenir
différents
mécanismes
dont
le
plus
fré-
quent
est
la
modification
des
cibles,
ADN
gyrase
et/ou
topoisomérase
IV
par
mutation
ponctuelle
d’un
acide
aminé.
Profil
de
sensibilité
des
souches
de
Klebsiella
spp
Nous
avons
enregistré
48
%
de
résistance
pour
l’acide
nalidixique,
36,5
%
pour
l’ofloxacine
et
33,6
%
pour
la
cipro-
floxacine.
À
Bamako,
Tahirou
a
trouvé
que
la
sensibilité
de
Kleb-
siella
pneumoniae
aux
céphalosporines
de
deuxième
et
troisième
générations
est
de
84
%
pour
la
cefoxitine
et
58
%
pour
la
cefotaxime
[25].
Dans
notre
travail,
nous
avons
enregistré
62,1
%
de
sensibilité
pour
cefotaxime
et
68,5
%
pour
cefoxitine.
Ce
taux
de
sensibilité
plus
élevé
pour
la
cefoxitine
que
pour
la
cefotaxime
s’explique
par
le
nombre
important
des
souches
productrices
des
BLSE
parmi
les
souches
de
Klebsiella
isolées.
Il
est
à
signaler
que
la
production
des
BLSE
ne
pourrait
expliquer
seule
le
taux
élevé
de
résistance
aux
cépha-
losporines
de
3egénération
dans
notre
série,
d’autres
mécanismes
de
résistance
telle
que
la
production
de
cépha-
losporinases
plasmidiques,
y
seraient
probablement
associés
[26].
Il
est
à
noter
également
que
21,2
%
des
souches
de
Kleb-
siella
étaient
résistantes
à
la
fosfomycine,
sans
qu’on
ait
une
explication
de
cette
résistance
élevée
par
rapport
à
la
littérature.
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