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J. sci. pharm. biol., Vol.9, n°1 - 2008
GUESSENND N. & al. : Prévalence et pro l de résistance des entrérobactéries...
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J. sci. pharm. biol., Vol.9, n°1 - 2008, pp. 63-70
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PREVALENCE ET PROFIL DE RESISTANCE DES
ENTEROBACTERIES PRODUCTRICES DE BETA
LACTAMASES A SPECTRE ELARGI (BLSE) À
ABIDJAN CÔTE D’IVOIRE DE 2005 À 2006
GUESSENND N.1*
KACOU-N’DOUBA A.1, 4
GBONON V.1
YAPI D.2
EKAZA E.1
DOSSO M.1
COURVALIN P.3
1- Institut Pasteur de Côte d’Ivoire-Centre National de Référence des Antibiotiques de Côte d’Ivoire
2- Département de Chimie Thérapeutique-UFR des Sciences Pharmaceutiques
3- Centre de National de Référence des Antibiotiques France-Institut Pasteur de Paris
4- Centre Hospitalier Universitaire de Cocody
*Correspondance : Nathalie Guessennd, Mail : [email protected] - 08 BP 1563 Abidjan 08
RESUME
Les objectifs de cette étude étaient de
déterminer la prévalence des entérobactéries
productrices de β-lactamase à spectre
élargi et d’évaluer leur niveau de résistance
aux autres antibiotiques. De janvier 2005 à
décembre 2006, 1686 entérobactéries ont
été isolées de produits biologiques divers.
Leur identi cation a été réalisée selon les
tests bactériologiques conventionnels.
Un antibiogramme selon la méthode de
diffusion de disques a été réalisé. La
prévalence observée était de 9%. Les
espèces prédominantes étaient Klebsiella
pneumoniae (43,6%) et Escherichia coli
(42,4%). Les taux de résistance étaient de
44,4%, 71,5% et 70,9% respectivement
pour la cefoxitine, la céfépime et la
cipro oxacine. La sensibilité à l’imipénème
était de 100%. Les taux de résistance vis-à-
vis des aminosides étaient de 74,8% pour la
gentamycine et de 36,4% pour l’amikacine.
Le phénotype KTG était présent dans
49,3%. La présence des entérobactéries
productrices de β-lactamases à spectre
élargi doit être prise en compte dans
notre épidémiologie locale en vue de
l’élaboration d’algorithmes thérapeutiques.
La caractérisation moléculaire de ces
souches s’impose, pour étudier les différents
enzymes impliqués dans la résistance aux
bêta-lactamines.
Mots-clés : Entérobactéries -
β-lactamases à spectre élargi - résistance-
antibiotiques.
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SUMMARY
cefepim and 70.9% for cipro oxacin. All the
strains have been susceptible to imipenem
at 100%. For aminosides, the rates of
resistance were 74.8% for gentamycin
and 36.4% for amikacin. The pattern KTG
was found in 49.3%. The presence of
enterobacteria which produce β lactamase
with a large spectrum must be taken into
consideration in our local epidemiology
study, in order to elaborate therapeutic
algorithm. The molecular characterization of
those strains is important in order to study
the different enzymes implied in resistance
of the β lactamines.
Key words : Enterobacteria - Extended
Spectrum β - Lactamase - resistance -
antibiotic, agents.
The purposes of this study were to
determine the prevalence of Extended
Spectrum β Lactamases-producing
enterobacteria and to evaluate their
resistance rates to other antibiotic agents.
During January 2005 to December 2006,
1686 enterobacteria strains have been
isolated from various infections. Their
identi cation has been realized according to
conventionnal bacteriologic tests. Antibiotic
susceptibility tests according to disc
diffusion method, has been realized. A
global prevalence of 9% was found. The
predominant species were Klebsiella
pneumoniae (43.6%) and Escherichia
coli (42.4%). The rates of resistance were
respectively 44.4% for cefoxitin, 71.5% for
INTRODUCTION
Les entérobactéries occupent une place
importante en pathologie infectieuse. Elles
sont souvent incriminées dans les infections
urinaires, les suppurations, les septicémies
[Kumamoto Y et al, 2006]. Les antibiotiques
font partie des molécules les plus prescrites
notamment en Afrique, parmi ces antibiotiques
les bêta-lactamines venaient en tête [Dosso
M et al, 2000]. L’une des conséquences est
l’émergence de bactéries résistantes aux
antibiotiques notamment aux β-lactamines,
qui constitue ainsi un problème dans la
prise en charge thérapeutique. L’étude des
mécanismes de résistance des bactéries aux
antibiotiques a permis de détecter l’un des
mécanismes les plus fréquents que constitue
la résistance enzymatique. La production de
β-lactamase en est un exemple [Livermore
DM, 1995]. Les β-lactamases à spectre élargi
(BLSE) ont la particularité de toucher les
β-lactamines y compris les céphalosporines
de 3ème génération. De part leur déterminisme
génétique, les bactéries productrices de BLSE
sont souvent résistantes à plusieurs autres
antibiotiques [Philippon A et al, 1994]. Ce
phénomène de résistance est observé aussi
bien dans les pays développés qu’en Afrique
[ Gangoué-Piéboji, 2005 ; Brink A. et al,
2007]. Les objectifs de cette étude étaient de
déterminer la prévalence des entérobactéries
productrices de BLSE à Abidjan et de décrire
leurs phénotypes de résistance aux autres
antibiotiques habituellement utilisés dans
les infections bactériennes.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Il s’agit d’une étude expérimentale de
l’expression de la résistance aux β-lactamines
chez les entérobactéries isolées de patients,
enrôlés de janvier 2005 à décembre 2006.
Ces souches ont été isolées de produits
biologiques divers. L’origine des souches
était aussi bien hospitalière qu’ambulatoire,
pour des syndromes infectieux divers tels
que les infections urinaires, les septicémies,
les suppurations, et les infections
pulmonaires. Les données et le matériel
biologique sont issus du programme de
surveillance continue des résistances
bactériennes. Au total, 1686 entérobactéries
ont été isolées de prélèvements divers à visée
bactériologique.
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L’isolement et l’identi cation des souches
ont été réalisés selon les tests bactériologiques
conventionnels.
Un antibiogramme standard a été
réalisé par la méthode de diffusion de
disques. Les antibiotiques habituellement
utilisés dans le traitement des infections
à bacilles à Gram négatif producteurs
de BLSE ont été sélectionnés; ainsi 12
antibiotiques ont été testés : gentamycine
(30UI), amikacine (30µg), tobramycine
(10µg), amoxicilline+acide clavulanique
(20/10µg), céfépime (30µg), céfotaxime
(30µg), ceftazidime (30µg), céfoxitine
(30µg), imipénème (10µg), cipro oxacine
(5µg), cotrimoxazole (1,25/23,75µg) et
fosfomycine (50µg).
La méthode de double synergie a été utilisée
pour la détection systématique des BLSE, en
plaçant autour du disque d’amoxicilline +
acide clavulanique, les disques de céfépime,
de céfotaxime, et de ceftazidime, à une
distance de 3cm de centre à centre, selon
les recommandations du Comité Français
d’Antibiogramme de la Société Française de
Microbiologie, CA-SFM 2007.
Pour les souches négatives au test de
double synergie, les BLSE ont été détectés par
le test à la cloxacilline incorporée à 250µg/ml
de gélose Mueller Hinton en surfusion.
Les aminosides ont été particulièrement
étudiés du fait de leur indication dans
l’association d’antibiotiques lors des infections
à bactéries multi-résistantes. Le phénotype de
résistance a été dé ni à partir de la sensibilité
aux trois aminosides marqueurs que sont la
gentamycine, la tobramycine et l’amikacine.
Les différents phénotypes correspondent à
des mécanismes de résistance différents. Cinq
phénotypes suivants ont été déterminés :
Phénotype sauvage : sensible à tous les
aminosides marqueurs
KTG = résistance croisée à la kanamycine,
gentamycine et tobramycine
KGTANt = résistance croisée à tous les
aminosides
KTNm = résistance croisée à kanamycine,
tobramycine et à la néomycine
KTANt = résistance croisée à la kanamycine,
à la tobramycine et à l’amikacine.
K= Kanamycine, T= Tobramycine, G=
Gentamycine, A= Amikacine, Nt=Netilmycine,
Nm= Néomycine.
Les souches de référence E. coli ATCC25922
et K. pneumoniae ATCC700603 ont été
incluses au cours des antibiogrammes dans
le but d’effectuer le contrôle de qualité interne.
La lecture et l’interprétation ont été effectués
selon les recommandations du Comité
Français d’Antibiogramme de la Société
Française de Microbiologie, CA-SFM 2007.
Ont été considérées comme doublons des
souches d’une même espèce bactérienne
isolées d’un même patient quel que soit le
prélèvement d’origine, et quelles que soient les
différences de sensibilité aux antibiotiques.
Sur ces critères, les doublons ont été éliminés.
Ainsi, à une souche correspondait un patient.
Les taux de résistance calculés sont la somme
des taux des souches intermédiaires et des
souches résistantes.
RESULTATS
Sur un total de 1686 entérobactéries isolées
de 2005 à 2006, 151 étaient productrices de
BLSE soit une prévalence de 9%.
La répartition des espèces d’entéro-
bactéries productrices de BLSE selon
les produits biologiques est consignée
dans le tableau I. Deux espèces étaient
prédominantes, K. pneumoniae avec 66
souches soit 43,6% et E. Coli avec 64
souches soit 42,4%. Le genre Enterobacter
était représenté avec 14 souches dont
neuf isolats d’E. cloacae (6%). Quant aux
produits biologiques, la proportion des
entérobactéries productrices de BLSE était
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élevée dans les urines avec 65,5% et suivie
du sang avec 19,2% et du pus avec 13,2%.
Concernant les niveaux de résistance
bactérienne aux antibiotiques résumés
dans le tableau II, les souches testées
étaient toutes sensibles à l’imipénème
(100%). Pour les autres β-lactamines, la
résistance était de 44,4% pour la céfoxitine
et de 71,5% pour le céfépime.
Le taux de résistance aux quinolones
était de 70,9% pour la cipro oxacine et
de 76,8% pour l’acide nalidixique. Pour les
autres antibiotiques, seule la fosfomycine
était la plus active avec seulement 4% de
résistance. Les souches étaient résistantes
au cotrimoxazole dans 91,4%.
La résistance des souches aux aminosides
a permis d’établir les pro ls antibiotypiques
comme le montre la gure. Le phénotype
sauvage ou sensible à tous les aminosides
représentait 10,6% de l’ensemble des
souches. Les phénotypes résistants les
plus représentés étaient le phénotype KTG
(résistance croisée à la kanamycine, à la
gentamycine et à la tobramycine) avec 49%
des souches (74/151), suivi du phénotype
KGTANt ou résistant à tous les aminosides
avec 27,9% (42/151).
Tableau I : Répartition des 151 souches d’entérobactéries productrices de BLSE selon les produits
biologiques à Abidjan de 2005 à 2006
Bactéries Nombre de souche par produits biologiques
Genre Espèces
(n) % Urines Sang Pus Expectoration Ascite
Klebsiella
(N = 73)
K. pneumoniae (66) 43,7 35 19 10 2 0
K. oxytoca (7) 4,6 6 0 1 0 0
Escherichia
(N = 64) E. coli (64) 42,4 49 7 7 0 1
Enterobacter
(N = 14)
E. cloacae (9) 5,9 6 2 1 0 0
E. aerogenes (1) 0,7 0 1 0 0 0
E. sakazaki (1) 0,7 1 0 0 0 0
E. gergoviae (3) 2 2 0 1 0 0
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Tableau II : Niveau de résistance des souches d’entérobactéries productrices de BLSE vis-à-vis
des antibiotiques à Abidjan de 2005 à 2006
Niveau de résistance
Antibiotiques Nombre de
souches testées Valeurs*
critiques (mm) I
Nb (%) R
Nb(%) I+R
Nb(%)
AMC 137 14-21 94 (68,6) 35 (25,5) 129 (94,2)
Céfoxitine 151 15-22 35 (23,2) 29 (19,2) 64 (44,4)
Céfépime 151 15-21 66 (43,7) 42 (27,8) 108 (71,5)
Imipénème 151 15-22 0 (0) 0 (0) 0 (0)
Acide nalidixique 151 15-20 10 (6,6) 106 (70,2) 116 (76,8)
Cipro oxacine 151 22-25 0 (0) 107 (70,9) 107 (70,9)
Gentamycine 151 16-18 1 (0,7) 112 (74,2) 113 (74,8)
Amikacine 151 15-17 20 (13,2) 35 (23,2) 55 (36,4)
Tobramycine 151 16-18 4 (2,6) 131 (86,8) 135 (89,4)
Fosfomycine 151 14 0 (0) 6 (4) 6 (4)
Cotrimoxazole 151 10-16 7 (4,6) 131 (86,8) 138 (91,4)
*Selon le CA-SFM 2007
I = Intermédiaire ; R = Résistant ; AMC = amoxicilline + acide clavulanique
Figure : Répartition des pro ls phénotypiques aux aminosides des souches d’entérobactéries
productrices de BLSE à Abidjan de 2005 à 2006.
Sauvage = sensible à tous les aminosidesmarqueurs
KTG = résistance croisée à la kanamycine, gentamycine et tobramycine
KGTANt = résistance croisée à tous les aminosides
KTNm = résistance croisée à kanamycine, tobramycine et à la néomycine
KTANt = résistance croisée à la kanamycine, à la tobramycine et à l’amikacine
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