Cas clinique n°

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Infection à
cytomégalovirus
S. Alain
CHU Dupuytren, Limoges
CNR Cytomégalovirus
Physiopathologie de l ’infection à CMV
PRIMO-INFECTION
Transfusion
Allogreffe
Transmission aéropharyngée
sexuelle
mère-enfant
Dissémination aux organes cible
(Tissus glandulaires)
Virémie
REINFECTION
Sang, greffon
REACTIVATION
Excrétion virale :
larmes
salive
urines
sperme
sécrétions cervicales
Stimulation allogénique
immunodépression cellulaire
LATENCE
L’infection congénitale à CMV
en chiffres (1)

Etude multicentrique française J clin.Microbiol., 2001
 Surveillance de près de 20 000 femmes
enceintes





Séronégatives : 55,4% (50 à 65%)
Primo-infections : 1,4% (0,5 à 2%)
Transmission au fœtus au cours des primoinfections : 62,5% (30 à 60%)
Infections secondaires 1à 2% des femmes
immunisées
Transmission au fœtus : 2% (0,1-3%)
Epidémiologie (2)

Les femmes les plus exposées sont les
femmes séronégatives en contact avec des
enfants en bas âge
 Age d’acquisition de l’infection :


2 pics : avant l’entrée en maternelle et à
l’adolescence
Le risque est d’autant plus élevé que la
quantité de virus circulant dans la population
est importante
TRANSMISSION INTRA-UTERINE DU CMV
+
-
Femme enceinte
Ac Anti-CMV
Réactivation
Réinfection
Primo-infection
Placentite
<3%
30-60%
Infection foetale
Nouveau-né
symptomatique
Normal
10%
Décès
30%
Séquelles
60%
Nouveau-né
asymptomatique
Handicap
tardif
10%
Evolution
Normale
90%
Physiopathologie de la transmission
Virus circulant
materno-foetale
Placentite
Sang maternel
Passage pôlarisé à travers
le placenta
Contamination par cellules
infectées ou voie sanguine
Réplication chez le fœtus
MIC
Surdité ….
Cytomégalovirus et
grossesse
Sophie ALAIN
Cytomégalovirus : cas clinique
(1)

Madame Z., 20 ans se présente chez son gynécologue
pour une déclaration de grossesse. D’après la date des
dernières règles, le terme est calculé à 8 semaines
d’aménorrhée.

Elle a entendu parler de l’infection à cytomégalovirus et
demande si un dépistage est possible.
Cytomégalovirus : questions
1.
2.
3.
Le dépistage est-il obligatoire ?
Le dépistage systématique est-il recommandé mais
pas obligatoire ?
Le dépistage systématique n’est pas recommandé
en l’état actuel des connaissances, il est possible.
Une réponse possible
Réponse 3, mais…
D’après les recommandations de l’ANAES, 2004 :

le dépistage systématique n’est pas recommandé, du
fait des inconnues sur l’histoire naturelle de la maladie,
de l’absence de traitement préventif ou curatif et des
risques

Cependant, l’information concernant les mesures
d’hygiènes universelles doit être diffusée aux femmes
enceintes
Recommandations Françaises de
prévention primaire (CSH 2002)



Femmes enceintes en contact familial ou professionnel avec
des enfants de moins de trois ans gardés en crèche ou en
collectivité
Conjoints des femmes concernées afin qu’ils ne s’infectent
pas
Personnels travaillant au contact d’enfants de moins de 3
ans, en crèche, dans des services d’enfants handicapés ou
dans les services hospitaliers
 Ils ou Elles doivent limiter le contact avec les urines, la
salive et les larmes de jeunes enfants de moins de 3 ans
Recommandations : en pratique

Ne pas sucer la cuillère ou la tétine , ne pas finir les repas des
enfants de moins de 3 ans.

Ne pas partager les affaires de toilette (gants de toilette) avec
des enfants de moins de trois ans

Limiter le contact buccal avec les larmes et/ou la salive des
enfants de moins de trois ans

Se laver soigneusement les mains à l’eau et au savon après
chaque contact avec les urines (couches, pot, pyjama)

Utilisation d’une solution hydroalcoolique après tout contact
avec un liquide biologique pour les personnels travaillant en
crèche, pédiatrie, services d’enfants handicapés
Cytomégalovirus : cas clinique
(2)

Madame Z. insiste pour se faire dépister, vous
prescrivez une recherche d’IgG et d’IgM.

Les IgG et les IgM sont positives.
Cytomégalovirus : question
Que lui proposez-vous?
1.
2.
3.
4.
Amniocentèse
Recherche d’un sérum antérieur à la
grossesse
Mesure de l’index d’avidité des IgG
Surveillance échographique
Plusieurs réponses possibles
Réponses : 2 et 3
Dans l’immédiat il faut déterminer si Mme Z fait
une primo-infection à CMV
• Soit par mise en évidence d’une
séroconversion
• Soit par mesure de l’avidité des IgG
Index d’avidité des IgG





Index de maturation des IgG
Mesure du titre d’IgG en en présence et en
absence d’urée
Urée : agent dénaturant
Ratio : Titre d’IgG sans urée/Titre avec urée
Interprétation :




Varie selon le test utilisé :
Ex : <30% : infection datant de moins de 3 mois
>70% : infection datant de plus de 3 mois
Conséquence : Datation impossible à partir
du 2ème trimestre de grossesse
Cytomégalovirus : cas clinique
(3)

Un sérum antérieur à la grossesse a été
retrouvé

Sur ce sérum :
• Les IgG sont négatives
• L’avidité des IgG prélevée à 8 sa est à 16%

Que concluez-vous?
Cytomégalovirus : question

Que concluez-vous?
1. Infection à CMV ancienne
2. Primo-infection à CMV
3. Datation impossible
Une réponse possible
Réponse 2 : primo-infection à
CMV
Primo-infection à CMV sur deux arguments :

Séroconversion CMV

Index d’avidité faible, <30%
Cytomégalovirus : question
(suite) :

Que préconisez-vous pour la suite de la
grossesse compte tenu du risque de
transmission et du risque de séquelles ?
Cytomégalovirus : question
(suite)
1.
2.
3.
4.
5.
Surveillance échographique rapprochée
Amniocentèse immédiate pour rechercher le virus dans
le liquide amniotique
Amniocentèse différée à 22 sa et au moins 6 semaines
après séroconversion pour recherche de virus dans le
liquide amniotique
Ponction de sang fœtal
Biopsie de trophoblaste avec recherche de virus
Deux réponses possibles
Réponses 1 et 3 :

La présence d’anomalies échographiques a une valeur
pronostique forte

La présence du virus dans le liquide amniotique prouve
l’infection du fœtus, elle peut être négative avant 21-22 sa
(diurèse fœtale insuffisante) ou moins de six-huit semaines
après la séroconversion

Spécificité culture 98,4-100% ; PCR 96,9-97,9%
Sensibilité : Culture 72,4-78,5% PCR 72,4%-81,1% en
raison notamment des faux négatifs cités précédemment
(Gouarin, 2001; Enders 2001)
Attention, une recherche de virémie maternelle est
recommandée avant amniocentèse pour éviter une
contamination iatrogène.


Réponses suite :

La ponction de sang fœtal n’est pas encore bien
codifiée, elle pourrait avoir une valeur
pronostique. Sa sensibilité pour détecter
l’infection est inférieure à celle du liquide
amniotique

L’existence d’une placentite (infection du
placenta) ne prouve pas l’infection du foetus
Anomalies échographiques
repérables en cours de
grossesse
Aspécifiques :
Retard de croissance intra-utérin,
oligoamnios, hydramnios, anasarque,
épanchement, hyperéchogénicité des
anses intestinales, obstacle méconial,
calcifications hépatiques.
Evocatrices : atteinte SNC
Dilatation ventriculaire,
calcifications périventriculaires,
microcéphalie,
troubles de gyration
Cytomégalovirus : cas clinique
(4)

Vous optez pour une amniocentèse différée à 22 sa

L’ensemble de la grossesse se déroule normalement,
aucune anomalie échographique n’est détectée

Du CMV est détecté dans le liquide amniotique en
culture cellulaire et par amplification génique
• Que concluez vous?
Cytomégalovirus : question (1)

Que concluez vous?
1. Il y a eu transmission au fœtus
2. Il n’y a pas eu de transmission au fœtus
Une réponse possible
Réponse : 1

La présence du virus dans le liquide amniotique
signe la transmission

Il est souhaitable de rechercher le virus en culture et
par PCR. Ces techniques sont pratiquées dans les
laboratoires possédant l’autorisation de Diagnostic
Anté Natal, dans le cadre d’un Centre de Diagnostic
Anté natal auquel participent cliniciens et biologistes.
Cytomégalovirus : question
(2)
Pouvez-vous juger du pronostic pour l’enfant?
1. Oui la présence de séquelles est très
vraisemblable dès lors que le virus est détecté
2. Non, la présence du virus, et/ou la charge virale
dans le liquide amniotique ne sont pas des
éléments pronostiques validés
Une réponse possible
Réponse 2

La charge virale dans le liquide amniotique n’est pas
corrélée au risque de séquelles

NB : Sur ponction de sang fœtal à 24 semaines et à 32
semaines, dans le cadre de protocoles une baisse des
plaquettes associée à des anomalies échographiques
aurait une valeur pronostique : PPV : 86%, NPV 72%
(Y Ville, Conference on Congenital Cytomegalovirus infection , Nov 2006) .
Cytomégalovirus : cas clinique
(5)


Vous poursuivez la surveillance échographique. Aucune
anomalie n’est détectée avant la naissance.
Le nouveau-né est bien portant.
 Que pratiquez-vous chez le nouveau-né ?
Cytomégalovirus : question
(1)
 Que pratiquez vous chez le nouveau-né ?
1. Une ou plusieurs recherches de virurie par culture
cellulaire ou PCR avant 10 jours de vie.
2. Une recherche de virémie avec mesure de la charge
virale sanguine.
3. Une ponction lombaire à la recherche de virus.
Une ou deux réponses possibles
Réponse : 1 ou 1 et 2

La virurie signe l’infection in utero lorsqu’elle est
détectée avant 10 jours de vie. Au delà, il peut s’agir
d’une infection périnatale, dont le pronostic est bon, sans
séquelles. (Ici elle confirme le diagnostic)

La virémie (et surtout la charge virale) a une valeur
pronostique pour la survenue de séquelles. Inversement,
elle ne détecte pas toutes les infections in utero, car
certains enfants ne sont pas virémiques. Elle peut être
recherchée sur un prélèvement de sang sur EDTA ou sur
les cartes de Guthrie, sous réserve du consentement
des parents.
La recherche du virus dans le LCR n’est pratiquée qu’en
cas d’anomalies neurologiques.

Cytomégalovirus : question (2)
Que proposez-vous à Mme Z?
1.
2.
3.
4.
5.
Une surveillance spécifique de son enfant par un
pédiatre averti, destinée à dépister une surdité ou
des anomalies neurologiques pendant un an
La même surveillance pendant 8 ans
Pas de surveillance
Un traitement de l’enfant par ganciclovir
Un traitement de l’enfant par valaciclovir
Deux réponses possibles
Réponses : 2 et 4

L’infection à cytomégalovirus évolue sur plusieurs
années. Il est nécessaire de suivre les enfants jusqu’à
l’acquisition complète des bases scolaires, afin de
détecter tout retard.

Le ganciclovir IV n’a montré d’efficacité chez le nouveauné que pour prévenir ou limiter la surdité (Kimberlin et
al., 2003). Son hématotoxicité potentielle limite son
utilisation. La durée d’administration est de 6 semaines.
Son administration doit donc être mise en balance avec
le risque de séquelles. Aucune recommandation
générale ne peut donc être formulée à l’heure actuelle.
Surveillance de la grossesse en cas de primo-infection :
PI
Surveillance échographique
Normale
Anormale
Ponction de liquide
amniotique
Après négativation de la virémie maternelle
Après 22 SA
Poursuite de la grossesse
PCR-Culture
Nouveau-né
Prélèvements sang + Urines
Culture/PCR
négative
RAS
Au moins 4 semaines après la séroconversion
Discussion staff DAN
Culture/PCR
positive
Bilan +surveillance =>8 ans +/_GCV
IMG ?
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