Soins libéraux 26/03/04 16:12 Page 39 Soins Libéraux Infection à cytomégalovirus Un risque grave en cas de grossesse Les infections à cytomégalovirus concernent 1 à 4 % des grossesses. Si l’enfant est contaminé, il risque de présenter in utéro des malformations cérébrales, auditives ou hépatiques. Le dépistage de l’infection est important mais moins encore que sa prévention en cours de grossesse. U ne à quatre grossesses sur cent sont susceptibles d’être contaminées par le cytomégalovirus. Trente à 40 % d’entre elles aboutiront à une contamination fœtale. A la naissance, 80 à 90 % des nouveau-nés infectés seront asymptomatiques, environ 15 % auront des anomalies cérébrales (microcéphalie, calcifications cérébrales), hépatiques (hépatomégalie, ictère), sanguines (thrombopénie). Ces troubles peuvent conduire à une surdité profonde, à un retard mental grave. Sur les 80 % d’enfants ne présentant pas d’anomalies néonatales, 5 à 15 % développeront ultérieurement un trouble (la surdité essentiellement). Le cytomégalovirus représente donc plus de 200 cas chaque année en France, soit une naissance sur 10 000. C’est un virus du groupe herpès dont la transmission est interhumaine et qui, sous forme de cellules ou de particules libres, se fait aisément de proche en proche. Tous les “liquides humains” sont potentiellement contaminants : que ce soient la salive, le sang, les urines… Dépistage Devant la carence des traitements des infections à cytomégalovirus, le dépistage prend toute son importance. Préférentiellement anténatal, il est fondé sur la recherche d’une séroconversion. Dans ce cas, sont pratiquées des échographies itératives pour détecter des anomalies telles qu’une anasarque ou une hépatomégalie. Autant d’éléments qui font suspecter une infection fœtale. De même, une analyse biologique, à partir d’un prélèvement de sang fœtal, permet de constater une atteinte de CMV grave, faisant alors porter l’indication d’une IVG “thérapeutique”. Pour pouvoir détecter une séroconversion maternelle en cours de grossesse, il est utile de posséder un taux avant conception, puis d’en pratiquer un autre vers le quatrième mois, et enfin un dernier juste avant l’accouchement. Ce dépistage s’avère efficace sur la détection de l’affection, mais aucunement sur sa prévention, alors que des mesures simples à mettre en route devraient permettre d’éviter nombre de contaminations. En cas de présence d’une séronégativité, une surveillance plus stricte de la grossesse doit alors être effectuée. La vaccination enfin, serait le moyen idéal de prévention, mais le sujet n’est pas d’actualité. JB En bref ... Mesures prophylactiques du CMV Des mesures d’hygiène simples, relativement faciles à mettre en route, suffisent le plus souvent. Une femme enceinte doit ainsi éviter le contact avec tous les “liquides humains” provenant de jeunes enfants, que ce soient le sang ou les urines ; cela par le port de gants, le lavage fréquent des mains, notamment lors des changes, des toilettes. Les enfants eux-mêmes ne devraient échanger ni leurs jouets, ni surtout les objets sucés, mis en bouche (cuillères, linges, etc.). Toutes ces recommandations sont particulièrement destinées aux mamans enceintes, dont un premier enfant gardé en collectivité est donc un vecteur potentiel. Elles s’adressent aussi aux personnels soignants, particulièrement vulnérables s’ils travaillent dans les centres d’oncologie, avec des patients immunodéprimés, en maternité, ou encore en services de soins palliatifs. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 53 • mars 2004 39