Espaces vectoriels Légende S Cliquer pour la suite. Revenir à la diapositive précédente. Aller à la diapositive suivante. Montage préparé par : André Ross Professeur de mathématiques Cégep de Lévis-Lauzon Introduction Nous présentons maintenant la notion d’espace vectoriel qui est fondamentale en algèbre linéaire. Nous verrons à quelles conditions un ensemble a une structure d’espace vectoriel et à quelles conditions un sous-ensemble d’un espace vectoriel forme un sous-espace vectoriel. Nous utiliserons également les notions de base et de dimension d’un espace et d’un sous-espace vectoriel. Structure d’espace vectoriel K, un corps de scalaires Addition, + • • • • Fermée sur K, associative, possède un neutre, chaque élément a un opposé, • commutative. • • • • Multiplication par un scalaire, Addition, • Fermée sur V, • Fermée sur V, • distributive sur +, • associative, • possède un neutre, • chaque élément a • distributive sur , un opposé, Multiplication, • associative avec , Fermée sur K, distributive sur +, associative, possède un neutre, • Le neutre de est neutre pour . • chaque élément, sauf 0, a un inverse. Un ensemble V Les éléments de K sont appelés scalaires. • commutative. V a une structure de groupe abélien. Les éléments de V sont appelés vecteurs. S Remarques Dans cette présentation imagée de la notion d’espace vectoriel, nous avons utilisé le symbole, , pour désigner l’addition des vecteurs et le symbole, , pour désigner la multiplication d’un vecteur par un scalaire. Notre souci est de bien distinguer les opérations sur les vecteurs de celles sur les scalaires. On remarque également que nous avons déjà présenté des ensembles qui forment des espaces vectoriels. • l’ensemble des matrices de dimension mn forme un espace vectoriel sur R; • les vecteurs géométriques du plan, ainsi que ceux de l’espace, forment des espaces vectoriels sur R; • les vecteurs algébriques, de R2, de R3 et de Rn, forment des espaces vectoriels sur R. Donnons une définition plus formelle d’un espace vectoriel. Structure d’espace vectoriel DÉFINITION Espace vectoriel Soit K, un ensemble muni d’une structure de corps (appelé corps de scalaires), et V, un ensemble non vide (dont les éléments sont appelés vecteurs) tel que V est muni : • d’une opération interne : V V V V appelée addition vectorielle. • d’une opération externe : K V appelée multiplication par un scalaire. On dit que V est un espace vectoriel sur K, lorsque les conditions suivantes sont satisfaites : Addition Pour tout vecteur u, v et w V, et pour tout scalaire r et s K : 1. Fermeture de l’addition sur l’ensemble des vecteurs 2 u v R 2. Commutativité de l’addition des vecteurs u v = v u 3. Associativité de l’addition des vecteurs ( u v ) w = u ( v w ) 4. Existence d’un élément neutre pour l’addition des vecteurs Il existe, dans V, un vecteur nul, noté 0 , tel que : u 0 = u 0 = u 5. Existence d’un élément opposé ( symétrique) pour l’addition des vecteurs Pour tout vecteur u R2, il existe, dans V, un vecteur opposé, noté – u tel que : u (– u ) = (– u ) u = 0 Multiplication par un scalaire Pour tout vecteur u, v et w V, et pour tout scalaire r et s K : 6. Fermeture de la multiplication par un scalaire sur l’ensemble des vecteurs r u R2 7. Distributivité de la multiplication d’un vecteur sur une somme de scalaires (r + s) u = (r u ) (s u) 8. Distributivité de la multiplication par un scalaire sur une somme de vecteurs r ( u v ) = (r u ) (r v) 9. Associativité de la multiplication d’un vecteur avec le produit de scalaires r (s u ) = (rs) u 10. Élément neutre pour la multiplication d’un vecteur par un scalaire 1 u = u Sous-espace vectoriel DÉFINITION Sous-espace vectoriel Soit U, un sous-ensemble d’un espace vectoriel V. On dit que U est un sous-espace vectoriel de V si et seulement si U est lui-même un espace vectoriel. Pour démontrer qu’un sous-ensemble d’un espace vectoriel forme un sous-espace vectoriel, il n’est pas nécessaire de vérifier toutes les propriétés. Le théorème suivant indique qu’il est suffisant de montrer que le sous-ensemble est non vide et que l’addition et la multiplication par un scalaire sont fermées sur le sous-ensemble. Lorsque ces conditions sont satisfaites, on peut conclure que le sous-ensemble forme un sous-espace vectoriel. Sous-espace vectoriel THÉORÈME Sous-espace vectoriel Soit U, un sous-ensemble d’un espace vectoriel V. Le sous-ensemble U est un sous-espace vectoriel de V si et seulement si les trois conditions suivantes sont satisfaites : 1. U est non vide. 2. L’opération d’addition de vecteurs est fermée sur U : Pour tout u et v U, u v U 3. L’opération de multiplication d’un vecteur par un scalaire est fermée sur U : Pour tout u Uet pour tout k K, (k u) U Sous-espace vectoriel Idée de la preuve Soit U, un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel V sur K. Alors, les dix conditions d’un espace vectoriel sont satisfaites et les deux opérations sont fermées sur U. Soit U, un sous-ensemble d’un espace vectoriel V sur K, tel que les deux opérations d’addition de vecteurs de V et de multiplication d’un vecteur de V par un scalaire sont fermées sur U. Alors, si u est un vecteur quelconque de U, 0 u = 0 U, puisque U est fermé pour la multiplication par un scalaire. Le vecteur nul est donc un élément du sous-ensemble U. De plus, –1 u = –u U, puisque U est fermé pour la multiplication par un scalaire. Chaque vecteur de U a donc un opposé dans U. Toutes les autres propriétés sont satisfaites pour tous les éléments de V, à plus forte raison pour ceux du sous-ensemble U. Base Définition Base d’un espace vectoriel Soit V, un espace vectoriel sur K, et B, un ensemble de n vecteurs de V. L’ensemble B forme une base de V si : 1. les vecteurs de B sont linéairement indépendants; 2. tout vecteur de V peut s’écrire comme combinaison linéaire des vecteurs de B (tous les vecteurs de V sont engendrés par les vecteurs de B). Dimension Définition Dimension d’un espace vectoriel Soit V, un espace vectoriel sur K. La dimension de V, notée dim V, est définie comme suit : n si une base de V contient n vecteurs. dim V= 0 si le seul élément de V est le vecteur nul. Remarque On peut montrer, mais nous ne le ferons pas dans ce cours, que si une base d’un espace vectoriel contient n vecteurs, alors toutes les bases de cet espace vectoriel contiennent n vecteurs. Exemple 7.1.1 Soit U = {(x; y)| y = 2x}, un sous-ensemble de l’espace vectoriel R2. Montrer que U est un sous-espace vectoriel de R2. Les vecteurs de U sont de la forme générale : (x; 2x) Montrons que U est fermé pour la multiplication par un scalaire Montrons que U est fermé pour l’addition Soit u U et k R. u = (a; 2a) où a R. U est U. Soit u et vque = (a; 2a) et v = (b; 2b), u vide Montrons non Alors En multipliantAlors le vecteur par le scalaire, on obtient : où a et b R. En additionnant, on obtient : Conclusion k u = k(a; 2a) u posant, + v==(ka; (a; 2a) + (b; 2b)x = 1 dans la forme générale, on obtient le En par exemple, k(2a)) Puisque le sous-ensemble U est non vide et que les deux opérations 2 = (a + b; 2a + 2b) vecteur 2).sur Ce le vecteur est un élément R conclure et il est également =(1;(ka; 2ka) sont fermées sous-ensemble U, on de peut que U estun un = (a +puisqu’il b; du 2(avecteur + b))2 obtenu Les composantes satisfont ày la condition élément de Uvectoriel à la condition = 2x. Par conséquent, sous-espace desatisfait R. y = 2xsatisfont à la condition (1; 2) U, et U est vide.somme Les composantes dunon vecteur On peut donc conclure que k u y= 2x U pour u U et pour tout k R. tout Le sous-ensemble U est donc fermé pour la multiplication par un U pour u et v. On peut donc conclure que u + v scalaire. tout Le sous-ensemble U est donc fermé pour l’addition. S Exemple 7.1.1 Soit U = {(x; y)| y = 2x}, un sous-ensemble de l’espace vectoriel R2. Montrer que U est un sous-espace vectoriel de R2. Donner une base et la dimension de ce sous-espace vectoriel, et le Représentation graphique représenter graphiquement. Graphiquement, U est l’ensemble des Les vecteurs de U sont de 2). la forme (x; 2x). Les opérations vecteurs engendrés parlesle vecteurs vecteur (1; sur les vecteurs permettent d’écrire : Ces vecteurs ont tous leur extrémité sur (x; = x(1; 2) la 2x) droite d’équation y = 2x. Les vecteurs de U sont donc tous engendrés par le vecteur (1; 2) et Le sous-espace vectoriel U est donc celui-ci est linéairement indépendant, car en posant (x; 2x) = (0; 0) on vecteurs al’ensemble une solution des unique x = 0. algébriques dont les extrémités forment la droite Une base de ce sous-espace vectoriel est : d’équation y = 2x. BU = {(1; 2)} L’extrémité base de chacun ces vecteurs est un point dont la position de Puisqu’une de Udecontient un seul vecteur, la dimension est décrite par le vecteur. l’espace vectoriel U est 1. Graphiquement, ce sous-espace vectoriel est une droite dans R2 passant à l’origine. S Exemple 7.1.2 Soit U = {(x; y)| y = 2x + 1}, un sous-ensemble de l’espace vectoriel R2. Ce sous-ensemble est-il un sous-espace vectoriel de R2? Les vecteurs de U sont de la forme générale : (x; 2x + 1) Vérifions si U est fermé pour l’addition Remarque Soit u et v U. u = (a; 2a + 1) et v = (b; 2b + 1), Dès conditions n’est pas satisfaite, on peut conclure Alors où aque et bl’une R.des En additionnant, on obtient : Montrons que U est non que le sous-ensemble n’estvide pas un sous-espace vectoriel. u + v = (a; 2a + 1) + (b; 2b + 1) = (a + b; 2a + 2b + 2) En posant,= par x += 2) 1 dans la forme générale, on obtient le (a +exemple, b; 2(a + b) vecteur (1; 3). Ce vecteur est un élément de R2 et il est également un Les composantes du vecteur somme ne satisfont pas ànous la condition à Une représentation graphique élément de U puisqu’il satisfaitdeà la la situation condition va y = 2x +aider 1. Par y = 2x + 1 comprendre pourquoi unvide. sous-espace vectoriel de R2. conséquent, (1; 3) U,Uetn’est U estpas non Le sous-ensemble U n’est pas fermé pour l’addition, ce n’est donc pas un sous-espace vectoriel de R2. S Exemple 7.1.2 Soit U = {(x; y)| y = 2x + 1}, un sous-ensemble de l’espace vectoriel R2. Ce sous-ensemble est-il un sous-espace vectoriel de R2? Représentation graphique Soit des vecteurs quelconques de U : u = (a; a + 1) et v = (b; b + 1). L’extrémité de chacun de ces vecteurs est un point de la droite y = 2x + 1. L’ensemble U est l’ensemble des vecteurs dont l’extrémité est sur cette droite. Cependant, lorsqu’on additionne deux vecteurs de U le vecteur obtenu n’a pas son extrémité sur cette droite. Il ne fait pas partie de U. L’ensemble n’est donc pas fermé pour l’addition. On observe la même chose pour la multiplication par un scalaire. Exemple 7.1.3 Soit U = {(x; y; z)| 3x + 2y – z = 0}, un sous-ensemble de l’espace vectoriel R3. Montrer que U est un sous-espace vectoriel de R3. En isolant z dans la condition 3x + 2y – z = 0, on a z = 3x + 2y. On peut alors dire que les vecteurs de U sont de la forme générale : (x; y; 3x + 2y) Montrons Montrons que que U U est est fermé fermé pour pourl’addition la multiplication par un scalaire UUetest v = (c; d; 3c + 2d), Soit = (a; b;(a; 3a b; + 2b) k U. u vide R. 3a +et2b). u = Soit uu et vque Montrons non Conclusion où b, c et Alors d Alors En additionnant, on obtient : Ena,multipliant leR.vecteur par le scalaire, on obtient : (a; 3a Enu posant, parb; = 1d;et3cy += 2d) –2 dans la forme générale, on k+uv ==k(a; b;exemple, 3a ++ 2b) 2b) x+ (c; Puisque(1;= le–2; sous-ensemble U est que opérations obtient Ce vecteur est+non un R3les et ildeux est également (a +–1). c; bk(3a + d; + 2b 3c élément +vide 2d) et de = (ka; kb; +3a 2b)) sont fermées sur le sous-ensemble U, on peut conclure que U0.est un un élément de U puisqu’il satisfait à la condition 3x + 2y – z = Par (a +kb; c; b3ka + d;+ 3(a ==(ka; 2kb) 3. + c) + 2(b + d)) sous-espace vectoriel de R conséquent, (1; –2; U, somme et U est satisfont non vide.à la condition Les composantes du–1) vecteur obtenu 3x + 2y – z = 0 U pour u U et pour tout k On peut donc conclure que k u R. toutpour la multiplication Le sous-ensemble U est donc fermé par un Le sous-ensemble U est donc fermé pour l’addition. scalaire. S Exemple 7.1.3 Soit U = {(x; y; z)| 3x + 2y – z = 0}, un sous-ensemble de l’espace vectoriel R3. Montrer que U est un sous-espace vectoriel de R3. Donner une base graphique et la dimension de ce sous-espace vectoriel, et le Représentation représenter graphiquement. Les de Uvectoriel sont les Uvecteurs de la forme (x; y; 3x + 2y). Les Le vecteurs sous-espace opérations sur les vecteurspar permettent d’écrire : est un plan passant (x; y; 3x + 2y) = (x; 0; 3x) + (0; y; 2y) l’origine. = x(1; 0; 3) + y(0; 1; 2) Les vecteurs de U sont donc tous engendrés par les vecteurs (1; 0; 3) et (0; 1; 2) et ceux-ci sont linéairement indépendants, car en posant (x; y; 3x + 2y) = (0; 0; 0) on a une solution unique x = 0 et y = 0. Une base de ce sous-espace vectoriel est : BU = {(1; 0; 3), (0; 1; 2)} Puisqu’une base de U contient deux vecteurs, la dimension de l’espace vectoriel U est 2. Graphiquement, ce sous-espace vectoriel est un plan dans R3 passant à l’origine. S Exercice Soit U = {(x; y; z)| 4x – 5y + z = 0}, un sous-ensemble de l’espace vectoriel R3. Montrer que U est un sous-espace vectoriel de R3. En Uneisolant base de z dans ce sous-espace la condition vectoriel 4x – 5y est+:z = 0, on a z = –4x + 5y. On peut alors dire que les vecteurs BU = {(1;de 0;U–4), sont (0;de1;la5)} forme générale : Puisqu’une base de U contient (x; y;deux –4x vecteurs, + 5y) la dimension de l’espace vectoriel U est 2. Graphiquement, ce sous-espace vectoriel est un plan Montronsque que estla fermé pourl’addition la un scalaire Montrons UUest fermé pour Donner base dimension demultiplication ce sous-espacepar vectoriel. dans R3une passant àetl’origine. k U. u vide R. Soit uu etvque = (a; u b; U Uetest Soit = (a; –4ab;+–4a 5b) +et5b). v = (c; d; –4c + 5d), Montrons non où b, c et Alors d de Alors R.vecteur En additionnant, on la obtient : (x; :y; –4x + 5y). Les Les U sont lespar vecteurs de forme Ena,vecteurs multipliant le le scalaire, on obtient Conclusion opérations sur vecteurs k+ uv ==k(a; b;exemple, –4a + 5b)xpermettent u posant, En parles 1 d; et –4c y = d’écrire dans :la forme générale, on (a; +=(c; +0 5d) 3 et il est également = (ka; kb; k(–4a + 5b)) obtient (1; 0; –4). Ce vecteur est un élément de R = (a + c; b + d; –4a + 5b – 4c + 5d) Puisque le sous-ensemble U(x;est0; non vide ety; que les deux opérations (x; y; 3x + 2y) = –4x) + (0; 5y) ==(ka; kb; 5kb) un desur satisfait laon condition 4x – 5yque + z =U 0.estPar (a +U c;puisqu’il +sous-ensemble d;+–4(a + c) +àU, 5(b + d)) sontélément fermées leb–4ka peut conclure un = x(1; 0; –4) + y(0; 1; 5) conséquent, (1; 0;du –4)vecteur R U,3. etobtenu U est non vide. àà la Les composantes satisfont Les composantes du vecteur somme satisfont la condition condition sous-espace vectoriel de Les vecteurs de U sont donc4xtous engendrés par les vecteurs (1; 0; –4) 4x –– 5y 5y + + zz = = 00 et (0; 1; donc 5) et ceux-ci sont linéairement indépendants, posant On pourentout k u uUetetv.car On peut peut donc conclure conclure que que ku u+v U pour U pour (x; –4x + 5y) = (0; 0; 0) on apour une tout solution unique R. x par = 0 et yscalaire. = 0. Le y; sous-ensemble U est fermé la multiplication un tout Le sous-ensemble U est donc fermé pour l’addition. SS Conclusion Pour montrer qu’un ensemble muni des opérations d’addition et de multiplication par un scalaire forme un espace vectoriel, il faut montrer que les dix propriétés sont satisfaites. Cependant, pour montrer qu’un sous-ensemble d’un espace vectoriel forme un sousespace vectoriel, il suffit de vérifier que le sous-ensemble est non nul et montrer que les deux opérations sont fermées sur le sousensemble. Dans R2, les sous-espaces vectoriels sont l’espace R2 lui-même, les droites passant par l’origine et le sous-ensemble ne contenant que le vecteur nul. Dans R3, les sous-espaces vectoriels sont l’espace R3 lui-même, les plans passant par l’origine, les droites passant par l’origine et le sous-ensemble ne contenant que le vecteur nul. Lecture Algèbre linéaire et géométrie vectorielle avec applications en sciences de la nature, Section 7.1, p. 179 à 192. Algèbre linéaire et géométrie vectorielle avec applications en sciences humaines, Section 7.1, p. 173 à 179. Exercices Algèbre linéaire et géométrie vectorielle avec applications en sciences de la nature, Section 7.2, p. 192 et 194. Algèbre linéaire et géométrie vectorielle avec applications en sciences humaines, Section 7.2, p. 179 et 180.