Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement UE ED 16 A Laurent TALBOT LES DIFFICULTES SCOLAIRES ET LES PRATIQUES D’ENSEIGNEMENT I. Cadrage Théorique Scolaire vient du latin « scola » : école Enseigner (pratique du maître) et apprendre (processus de l’élève) sont deux processus différents à ne pas confondre. 1. ENSEIGNER ET APPRENDRE Divers modèles théoriques sont sous-jacents au processus enseignement-apprentissage : Modèle processus – produits Enseignement Apprentissage Relation linéaire et unidirectionnelle. Enseignemt = ens. des comportemt de l’enseignant. Apprentissage = ens. des performances des élèves Les limites : - l’apprentissage est considéré comme strictement dépendant de l’enseignement - les interactions sont ignorées - les effets de contexte ne sont pas pris en compte Modèle processus médiateur Enseignement Traitement de l’information par l’élève Apprentissage L’apprentissage n’est plus considéré comme étant dû uniquement aux modalités d’enseignement. Ce modèle prend plus en compte les interactions et les caractéristiques relationnelles entre le processus d’enseignement et l’apprentissage. Les processus cognitifs sont pris en compte et considérés comme essentiels dans la phase d’apprentissage. Modèle interactif Enseignement Apprentissage Les relations entre enseignement et apprentissage ne sont plus uniquement linéaires. Les pratiques d’enseignement influencent et sont influencées par l’apprentissage. Les différents acteurs adaptent leur comportement. L’apprentissage des élèves n’est pas uniquement déterminé par l’enseignement et les enseignants adaptent leurs pratiques en fonction de l’apprentissage réalisé. Modèle interactif contextualisé Contexte Enseignement Apprentissage L’intérêt de ce modèle réside dans le fait qu’il dépasse le paradigme interactif en prenant en compte les effets de contexte. Dans le cadre de ce modèle enseigner revient à mettre en place des situations didactiques, pédagogiques, matérielles, temporelles, … susceptibles de favoriser l’apprentissage. 1/10 Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement UE ED 16 A Laurent TALBOT 2. DIFFICULTE OU ECHEC SCOLAIRE Echec Fin en soi Etat définitif, irréversible Pas d’échec scolaire mais des élèves en échec Difficulté Notion qui renvoie à un caractère réversible, momentané Notion à caractère polymorphe, polysémique et général Se référer à la difficulté c’est faire le postulat de l’éducabilité cognitive de tous les élèves ; c’est faire le pari qu’il est possible pour l’enseignant de se donner les moyens de repérer les indices pour tenter de comprendre les différents processus d’apprentissage et pour repérer les difficultés des élèves. Il n’y a plus d’échec scolaire mais des difficultés normales et passagères dans la démarche d’apprentissage 2. Les difficultés d’apprentissage : différents regards 1. UNE APPROCHE HISTORIQUE 1.1 La rupture des années 60 Avant 1960 les causes d’échec scolaire étaient considérées comme étant uniquement du fait de l’élève (paresse, manque de volonté, désintéressement, …) Le cadre théorique était de type processus-produits. L’autre cause d’éche c’était le côté « débile » ou « arriéré » de l’élève (notion issues des travaux de A. Binet sur les tests de niveau intellectuel) Pour G. de Landsheere tout cela représente une excellente excuse pour les enseignants pour justifier l’échec scolaire répété. Tournant décisif dans les années 60. L’intérêt véritable pour les difficultés scolaires est très récent et révélateur d’une certaine ambition sociale. Réformes successives des politiques éducatives : - Berthoin (59), école obligatoire jusqu’à 16ans (au lieu de 14) - Fouchet (63), développement des collèges - Haby (75), mise en place du collège unique pour tous L’école primaire n’est plus une fin en soi mais un socle de connaissances de base, un ensemble préparatoire à une scolarisation de masse dans le secondaire. Généralisation de la maternelle comme si la scolarité était obligatoire à partir de 3 ans et non de 6 (100% des enfants scolarisés maintenant à l’âge de 3 ans contre 27% en 1945). Généralisation du passage au collège à partir de 75. Mais le collège reste en France une impasse du système éducatif (cf. A. Prost) où l’on a voulu généraliser un ensemble élitiste et non une école moyenne, intermédiaire comme dans d’autres pays d’Europe (qui obtiennent d’ailleurs de meilleurs performances scolaires. 1.2 Le niveau baisse-t-il ? Le niveau monte mais pas pour tous et pas partout de manière égale. Ce sont surtout les niveaux les plus bas de l’échelle sociale qui ont progressé. Il semblerait qu’il n’y ait pas une hausse générale du niveau ! la sociologie de l’éducation étudie le phénomène. 2/10 Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement UE ED 16 A Laurent TALBOT 2. UNE APPROCHE SOCIOLOGIQUE Deux grandes époques dans la production sociologique : 1ère : dans les années 60-70 , logique macrosociale et utilisation massive de l’outil statistique. Travaux de P. Bourdieu, J.C. Passeron et E. Durkheim sur le concept d’habitus. Habitus : c’est la façon dont les structures sociales s’impriment dans nos têtes et nos corps par intériorisation de l’extériorité. A cause de notre origine sociale et de nos premières expériences se forment de manière souvent inconsciente des façons de penser, de percevoir, d’agir ; nous intériorisons et incorporons ces dispositions de manière durable. L’habitus renvoie à tout ce qu’un individu possède et qui le fait. 2ème : dans les années 80-90, niveau d’analyse microsocial et outils d’enquête de type ethnographique croisant les influences de la sociologie anglaise et de la tradition française. La conjuguaison des démarches épistémologiques a montré que les difficultés d’apprentissage des élèves sont liées à la CSP des parents, à l’âge, au genre, à la date d’entrée à l’école et à la pauvreté des familles. 2.1 Les catégories socio-professionnelles des parents Peu d’études sur la réussite en maternelle. Ecarts à l’entrée en grande section de maternelle non comblés en fin d’année. Le caractère cumulatif des acquis apparaît nettement. Différences en prélecture, dans la reconnaissance des lettres et dans la maîtrise de concepts liés au temps. Les inégalités sociales ne s’accentuent pas au fil des années scolaires mais elles sont pérennes. Au collège les écarts se creusent. 80% des enfants de 11ans vont au collège (46% en 60) Les enfants d’ouvriers ont des notes inférieures aux enfants de cadres (évaluation à l’entrée en 6ème en français et en maths) Il semble que le niveau culturel compte plus que les conditions matérielles. La pédagogie individualisée n’a pas les effets escomptés. Les clivages perdurent. Seuls les enfants issus des couches moyennes en retirent quelques bienfaits. Des jeunes continuent de quitter l’école sans qualification et parfois illétrés ( !! faire la différence entre illétré et analphabète) En 1980 25% des jeunes quittaient l’école sans qualification mais trouvaient du travail. Aujourd’hui 8% seulement mais eux ne trouvent pas de travail !! Aujourd’hui la quasi totalité des collégiens effectuent un cycle complet au collège (71% en 80). Les forts retards scolaires (2 ans et +) baissent (11.6% en 89 et 5.2 en 96) mais il y a de fortes disparités entre les établissements (cause géographique ?) Augmentation de la proprtions des bacs techno par rapport aux bacs généraux (75/25 en 1975 et 65/35 en 2002). Inégalité en classes prépa : influence du niveau d’études des parents, intérêt de connaître quelqu’un ayant suivi le même cursus. Inégalité dans l’orientation : les parents cadres choisissent de bons cursus sans forcément se baser sur les notes alors que les parents ouvriers hésitent pour des raisons financières et regardent les notes pour voir si la réussite paraît probable. Encore aujourd’hui la CSP des parents est un poids important dans la réussite des étudiants. L’inégalité de présence et d’accès se sont réduites pour l’université mais pas pour les grandes écoles. Démocratie ou pas ?? De 58 à 63 montée des effectifs des enfants de milieux populaires dans les classes de 6è, 4è et un peu en 2nd. Mais A. Prost pense que c’est la croissance des effectifs plus que les réformes de structures et de contenus qui a constitué le moteur de cette relative démocratisation. 3/10 UE ED 16 A Laurent TALBOT Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement Conclusion Paradoxe pour cette fin du XXème siècle : il y a eu à la fois de profondes transformations et l’accès facilité à l’enseignement secondaire long mais aussi le maintien des hiérarchies sociales des parcours scolaires. Bilan ambigu et mitigé. Les inégalités demeurent fortes mais diminuent de façon qualitatives. 2.2 La pauvreté Seuil de pauvreté = « la moitié du niveau de vie médian » (INSEE) ; ex. seuil pour un couple avec un enfant : 1170€. Les difficultés scolaires accablent 8 fois plus les enfants pauvres. Arrêt des études à 17 ans Retard à l’entrée en 6ème Retard à l’entrée en 3ème Orientation vers filières techniques 2.3 Enfants pauvres 20% 45% 56% 48% Enfants favorisés 1% 12% 14% 10% Le genre Les sociologues de l’éducation s’intéressent aux différences de sexe et de genre à l’école. Globalement meilleures performances scolaires chez les filles dans toutes les classes sociales écart moindre dans les CSP supérieures). Elles sont moins sensibles aux obstacles scolaires que les garçons. Malgré ça elles optent souvent pour des filières peu rentables et les limitant aux tâches dévolues habituellement aux femmes (enseignement, relationnel, santé,..), reléguant le travail derrière la vie de famille. Les filles ont moins de pbm avec la lecture, réussissent mieux les évaluations de 6ème sont de + en + nombreuses en CPGE (mais pas dans ttes les filières). Pour expliquer ces écarts les thèses innéistes et biologiques sont écartées. Par contre on constate que les filles lisent plus, sont moins souvent absentes ou en retard, sont moins nombreuses à s’ennuyer en classe et ont des projets professionnels ambitieux. Elles ont moins de pression scolaire et pratiquent une auto sélection. 2.4 L’âge Les élèves les plus jeunes réussissent mieux que ceux qui sont « à l’heure ». Les enfants scolarisés dès 2 ans (surtout issus des milieux défavorisés) réussissent mieux les évaluations de 6ème. L’accueil dès 2 ans est une particularité française et belge ; 60% des parents y sont opposés. 2.5 Les limites d’une approche strictement et uniquement sociologique Pour expliquer la réussite scolaire on se demande quel est le rôle de l’héritage culturel. Qu’est-ce que la « culture scolaire » ? La notion de rapport au savoir s’inscrit en rupture avec les conceptions et les théories dominantes de la sociologie situant les causes des difficultés ou des réussites hors de l’expérience scolaire, dans les seules caractéristiques sociales des élèves. Au collège 4 types d’élèves identifiés : travail=évidence, travail=conquête quotidienne, ceux qui décrochent et n’accèdent plus au travail, élèves stratèges càd qui cherchent le meilleur rapport qualité/prix pour le travail. Pour les élèves en difficulté on sait ou on ne sait pas alors que les autres pensent que l’on peut apprendre un peu chaque jour. La question du sens est aujourd’hui largement présente, tant dans la recherche sociologique que dans les questionnements didactiques et pédagogiques. Il est difficile cerner les différents mode de rapport au savoir ; on peut faire l’hypothèse que l’élève tente toujours d’établir une démarche cognitive cohérente pour fonctionner. 4/10 Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement UE ED 16 A Laurent TALBOT 3. UNE LECTURE SYSTEMIQUE Elle montre que les décisions prises par les acteurs aux différents niveaux du système éducatif ne sont pas du même ordre. 3.1 L’organisation « éducation nationale » Elle est organisée selon une structure hiérarchique qui comprend 4 niveaux. La difficulté scolaire ne sera pas gérée, prise en compte, analysée et comprise de la même manière dans ces 4 niveaux bien qu’ils soient inter-dépendants. Le niveau central : le ministre de l’EN. Il assume les responsabilités gouvernementales et administratives. Depuis la déconcentration, l’administration centrale exerce essentiellement des tâches de réglementation de l’action administrative qu’il revient aux services extérieurs de mettre en œuvre. Le ministère définit des objectifs généraux et indique des directions d’actions. Les recteurs. Représentants direct du ministre ils ont pour mission de mettre en œuvre la politique ministérielle dans les 30 académies. Il dispose d’une grande autonomie administrative et représentent un réel niveau de décision politique et administratif.. Il définit les objectifs à atteindre par les inspecteurs d’académie et pédagogiques régionaux en matière d’évolution et de contrôle du système. Le niveau départemental : l’inspecteur d’académie. En tant que directeur des services départementaux de l’EN il a les responsabilités d’un gestionnaire. Il est responsable, par délégation du recteur, de l’allocation des ressources budgétaires dans les collèges et les écoles primaires et gère les instituteurs et les professeurs des écoles. Ils sont les interlocuteurs les plus proches des municipalités. Le niveau local : écoles collèges, lycées. Les écoles qui n’ont pas le statut public voient leurs crédits d’investissement et de fonctionnement gérés par les communes. Les écoles publiques disposent d’un budget alloué par les conseils généraux (collèges) et départementaux (lycées et LP). Les écoles, collèges et lycées élaborent un « projet d’établissement » dont l’objectif est de d’adapter les directives ministérielles aux contraintes et spécificités locales. Dans ce dernier niveau, 3 sous-niveaux sont à prendre en compte : l’établissement, la classe, l’enseignant. Chacun des 4 niveaux est important et doit être traité en interaction avec les autres. 3.2 Le problème des liaisons Le problème des liaisons existe entre l’école primaire, le collège, le lycée et l’université. La validité et la reconnaissance du discours professoral dépendent à la fois de la position institutionnelle de l’enseignant et de la maîtrise de la langue scolaire des élèves. Pour faire face à ce phénomène, la loi d’orientation de 1989 sur l’éducation superpose aux découpages traditionnels de la scolarité par années successives une définition de parcours pluriannuels d’apprentissages, visant à assurer la continuité éducative et à permettre l’adaptation de chaque élèves aux rythmes d’apprentissages. 3.3 La politique des cycles La notion de cycles d’apprentissages et une bonne articulation de ces cycles entre eux permettent de mieux tenir compte de l’évolution psychologique et physiologique de chaque élève. Le cycle d’apprentissage est une réalité psychologique et pédagogique distincte des notions d’âge et de structure d’accueil. 5/10 Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement 3.4 UE ED 16 A Laurent TALBOT Le système français dans le concert international Il existe 3 grands types de fonctionnement des systèmes éducatifs en Europe : Le système allemand et autrichien : « gesamtsculen » , sélection à l’entrée en 6ème. Le système français ou suisse : collège unique, sélection à l’issue de la 3ème. Les pays nordiques : scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, pas de redoublement, pas de sélection, mise en place d’un « contrat social ». 4. UNE APPROCHE TELEOLOGIQUE L’école publique a 3 visées essentielles concernant la finalité de l’école : - des visées anthropocentrées (d’éducation) - des visées sociocentrées (mission de socialisation) - des visées d’instruction - (des visées théocentrées dans le cas de certaines écoles privées) Un élève en difficultés peut l’être dans l’un de ces domaines, voire sur plusieurs. 5. UNE APPROCHE PEDAGOGIQUE La gestion de la difficultés scolaire par un enseignant ne sera pas la même selon que ces représentations sont proches ou non de tel ou tel modèle explicatif de l’apprentissage ; pratiques corrélées à ses positionnements autour de l’inné et de l’acquis. Louis NOT classe les modèles explicatifs de l’apprentissage en 3 grandes familles : hétérostructuration, autostructuration et interstructuration. 5.1 HETEROSTRUCTURATION Les facteurs d’apprentissage externes à l’individu 5.1.1 Le béhaviorisme La tradition béhavioriste s’articule autour de la théorie du conditionnement fondée sur le concept de réflexe et sur la croyance que l’individu retient et apprend des associations. Le béhaviorisme postule que l’apprentissage est une modification du comportement provoqué par un stimulus (observable) provenant de l’environnement. C’est Ivan Pavlov qui a la fin du XIXème siècle fournira une base expérimentale à la notion d’association en tentant de montrer qu’il n’y a pas associations d’idées mais association entre des indices appartenant à l’environnement (stimulis) et des comportements. La thèse de Thorndike marque le début du béhaviorisme contemporain. Il s’appuie sur l’associationnisme anglais et le réflexe conditionné de Pavlov. Il souligne l’importance de tenir compte de l’erreur sur la mesure et de s’en tenir aux faits. Dans son « animal intelligence » Thorndike fait une découverte décisive en démontrant l’existence d’une association entre la situation et la réponse (et non plus les idées) et l’importance de l’effet de la réponse pour la suite du comportement, en quoi il annonce directement Skinner. Burrhus Skinner (XXème). A étudié sur les rats le phénomène de rétroact° positive ou négative. Le renforcement est une technique qui a pour but d’augmenter la fréquence d’un comportement. On distingue le renforcement positif, où l’on ajoute qqch de positif à l’environnement, du renforcement négatif, où l’on soustrait un élément aversif de l’environnement. Selon lui l’interaction entre comportement et environnement est réciproque. 6/10 UE ED 16 A Laurent TALBOT Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement Dans la théorie béhavioriste l’apprentissage est donc une modification du comportement consécutive à un conditionnement ; un individu apprend, càd modifie son comportement, en observant les conséquences de ses actes.. Tout se qui se passe « à l’intérieur » de l’apprenant n’est pas pris en compte. Ce phénomène d’apprentissage n’est pas dû à l’activité de l’enfant mais au résultat imprévu d’une action fortuite ! le véritable régulateur est donc extérieur à l’enfant et on ne renforce que les apprentissages que l’on souhaite voir s’installer. Pour Skinner « un individu apprend, càd modifie son comportement, en observant les conséquences de ses actes. Principe de la méthode Ce courant a favorisé l’émergence de la P.P.O. (pédagogie par objectif). Centré sur le comportement et l’activité observable de l’apprenant. Apprentissage dû au résultat imprévu de l’action fortuite et non pas à l’activité et à l’initiative de l’enfant. Le régulateur de l’apprentissage est extérieur à l’enfant. L’apprentissage s’appuie sur la notion de renforcement (facilitateur ou inhibiteur) On ne renforce que les apprentissages que l’on souhaite voir s’installer. La complexité des apprentissages est conçue à partir d’une longue chaine d’éléments simples. Critique de la méthode Manque de globalité dans la présentat° des programmes. L’enfant est considéré comme un sujet épistémique. Pas de distinction compétence/performance Position externaliste, entretien de l’illusion de l’empreinte. Illusion de performance à partir d’un modèle de type additif sans concevoir de restructuration à partir des étapes précédentes. Connaissaces imposées, préfabriquées, prêtes au stockage. Primat de la mémorisation, du bachotage. Non prise en compte de la différence de logique entre l’émetteur et le récepteur. Ce courant à favorisé l’émergence de la pédagogie par objectifs (P.P.O). Il est essentiellement centré sur le comportement et l’activité observables de l’apprenant. 5.1.2 La sociologie de l’éducation Des travaux connus comme ceux de Bourdieu et Passeron soulignent l’influence des milieux familiaux sur le devenir des enfants et des étudiants. J. Lautrey a classé les pratiques éducatives des familles en 3 catégories : milieu faiblement structuré, souplement structuré et rigidement structuré. Les méthodes d’hétérostructuration sont centrées sur le contenu et l’enseignement (magistrocentrisme) L’objectif est de (trans)former l’élève. Action prépondérante d’un agent extérieur. Primat de l’objet de connaissance. 5.2 AUTOSTRUCTURATION Les facteurs d’apprentissage internes à l’individu Ces thèses expliquent les différences individuelles par des dispositions génétiques des individus. 5.2.1 Le gestaltisme Théorie de la psychologie de la forme. (1930/1960) 7/10 Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement UE ED 16 A Laurent TALBOT La théorie de la gestalt (gestion mentale) : l’élève est un tout dominé par des affects devant lequel la réduction scientifique est impuissante ; La résolution d’un problème est le fruit d’une période de tâtonnement plus ou moins long, d’une phase relativement courte de réflexion puis d’une soudaine compréhension : l’insight. 5.2.2 L’innéisme Le langage est « assis sur des dispositions transmises génétiquement et sur des compétences inhérentes au cerveau humain ». (J. Mehler et E. Dupoux) Théorie présente depuis l’antiquité (Platon, Aristite) et reprise depuis (Descartes, Chomsky). «Les règles linguistiques sont générées de l’intérieur, relatives à l’espèce, invariantes selon les individus et indépendantes des contextes. Les tests d’aptitude découlant de l’innénisme (XXème s.), guidés par Galton, Burt, Pearson Binet et Terman, et cesés placer « correctement » les élèves, se révèleront injustes en privant nombre d’individus de leur vraie chance de développement. 5.2.3 Le maturationnisme (ou développementalisme) Principe : tous les caractères des être vivants existent dans l’organisme dès leur naissance, et leur développement ne peut se dérouler que dans un ordre immuable, celui de la maturation nerveuse notament. Le contexte n’a pas d’influence sur le développement cognitif du sujet, qui demeure « passif ». Le déterminisme annoncé par l’intelligence mesurée va offrir à l’école une excellente excuse, sous forme d’explication scientifique, pour l’échec des élèves. 5.3 INTERSTRUCTURATION Les interactions entre les facteurs d’apprentissage internes et externes 5.3.1 Le constructivisme Les facteurs d’apprentissage sont internes et externes. La théorie piagétienne est la plus élaborée de tous les modèles du développement cognitif ; son originalité est de constituer une grille d’analyse des difficultés des apprenants en termes d’opérations intellectuelles et non plus en termes de connaissances ou de performances. La théorie piagétienne se démarque des modèles cumulatifs et s’opère plutôt par destructuration et restructuration permanentes dû aux interactions sujet/milieu. Les 4 grands axes des thèses de Piaget : - Ancrage dans la biologie (Vygotsky le classe dans les modèles botaniques) - Importance de l’action (rapport action / connaissance). L’enfant fabrique des schèmes qui sont l’organisation et la structure de l’action. Apprendre = agir (càd appliquer et coordonner des schèmes d’action) - L’adaptation qui comprend les processus d’assimilation et d’accomodation. Par l’assimilation le sujet s’approprie l’élément ou l’information de l’environnement, du contexte. Par l’accomodation il intègre les particularités et spécificités de l’élément nouveau. Véritable organisation de structures, tout schème doit s’accomoder aux particularités de l’objet assimiler pour pouvoir se généraliser. Ce processus Piaget le nomme rééquilibration majorante. Elle s’opère dans le sens d’un développement positif et assure progrès et stabilité. - La stadologie rythmant le développement de l’enfant. La description et formalisation des stades est l’instrument de l’étude du développement (qui vise in fine à expliquer le processus d’évolution). A chaque étape les connaissances sont organisées afin de préparer l’accès à l’étape supérieure. Les 5 stades de développement sont : 0/2 ans l’intelligence sensori-motrice, 2/7 ans pensée symbolique ou préconceptuelle, 7/11ans pensée intuitive ou prélogique, 11/12 ans pensée opératoire concrète, 12 ans et + pensée opératoire formelle. 8/10 Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement UE ED 16 A Laurent TALBOT 5.3.2 Le socio-constructivisme Les modèles constructivistes sont considérés comme usés par le temps et le sujet épistémique de Piaget ne prend pas en compte les dimensions contextuelles (sociales et culturelles) de l’apprentissage. Les socio-constructivistes mettent en avant le rôle essentiel joué par les pairs ou l’adulte (médiateurs) dans le processus d’apprentissage. Lev Sémionovitch Vygotsky Psychologue russe, père du courant socio-constructiviste, souligne la prééminence des relations sociales dans le développement des structures cognitives. Pour lui il existe des relations causales entre le social et le cognitif. Il s’oppose à une conception statique (stades) en rejetant l’idée que les possibilités d’apprentissages soient directement dépendantes de l’état actuel du développement intellectuel. Le concept de ZPD (zone proximale de développement) montre que c’est l’apprentissage qui peut tirer le développement vers l’avant et non l’inverse (comme le pense Piaget). L’idée de ZPD de Vygotsky est fructueuse pédagogiquement. Le médiateur doit situer son intervention dans la ZPD pour permettre à l’enfant de dépasser ses compétences actuelles (= aide et non substitution à l’activité de l’enfant). Piaget : importance de l’égocentrisme enfantin et rôle du langage intérieur Vygotsky : le langage a un rôle d’abord social puis intérieur, rôle décisif dans la conceptualisation (pour Piaget il est plutôt le « symptôme » de la conceptualisation ; langue = syst. De symboles qui représentent le produit de la pensée. Pour Vygotsky : compétences psychiques = compétences (tout court), c’est ce que l’on sait faire seul. Chaque fonction psychique apparaît 2 fois, d’abord en fonction inter-psychique (dans la ZPD), puis en fonction intra-psychique comme activité individuelle visant à la consolidation individuelle des acquis. L’apport de Vygotsky est important car il a montré que l’on ne peut séparer les études sur le développement cognitif de celles sur l’enseignement et l’éducation qu’ils reçoivent. J.S. Brunner Pour lui la médiation sociale intervient dès la naissance, elle est constituée de l’entourage familial et social au sens large. On lui doit une grande partie de la réflexion sur le rôle des interactions adultes/enfants. Pour lui comme pour Vygotsky il n’y a pas de développement cognitif possible sans socialisation (qui passe nécessairement par le langage). Brunner insiste plus sur l’interaction de tutelles (adultes) alors que Vygotsky insistait d’avantage sur les interactions sociales (entre pairs). Ce qui est essentiel dans l’élaboration des savoirs-faire c’est l’occasion donnée à l’enfant d’agir et de fonctionner en avance sur ses possibilités d’exécution (schéma constructiviste de l’équilibration majorante de Piaget) à la condition qu’un étayage lui en donne les moyens (schéma socioconstructiviste). Pour Brunner il faut étudier le fonctionnement cognitif dans son contexte social, ethnologique et affectif. Il distingue 6 fonctions d’étayage : l’enrôlement, la réduction des degrés de liberté, le maintien de l’orientation, la signalisation des caractéristiques déterminantes, le contrôle de la frustration et la démonstration. A l’image de Piaget, Brunner distingue 3 modes de développement intellectuel de l’enfant : actif (0/2 ans), iconique (2/7 ans), symbolique (7/12 ans). De nombreux travaux visent à réhabiliter le rôle de la mémoire dans les apprentissages même si les connaissances ne sont pas des programmes stockés en mémoire et activables sur simple demande. Le modèle socio-constructiviste auquel se réfère de nombreux pédagogues aujourd’hui se reposent sur 4 idées forces : - « c’est en agissant qu’on apprend » - idée de l’équilibration majorante de Piaget - l’idée de « déjà là » de Bachelard ; l’esprit n’est pas vierge, les représentations se constituent en obstacles à la connaissance scientifique - conflit socio-cognitif, rôle prépondérent des interactions sociales dans la construction des connaissances. La prise en compte du contexte par l’apprenant est tout aussi important que le contexte ou l’environnement aux-même. 9/10 Les difficultés scolaires et les pratiques d’enseignement UE ED 16 A Laurent TALBOT 6. UNE LECTURE PSYCHOLOGIQUE Interprétation psychométrique : infériorité du niveau intellectuel de l’élève par rapport à celui requit pour son niveau d’études. La notion d’âge mental de Binet a été développée par Stern qui définit celle de QI. Interprétation psychanalitique : inhibitions intellectuelles dues aux problèmes affectifs éprouvés dans la vie familiale et transférés dans la vie scolaire, soit au niveau global soit dans une discipline particulière. Interprétation « pygmalion » : Approche interculturelle née de la psychanalyse : certains retards de développement sont liés à la manière dont s’exerce l’influence de la culture sur la cognition (rapport du psychisme au culturel). Problème d’estime de soi : faiblesse de l’estime de soi, double sentiment d’incompétence et de contrainte engendrant déception, baisse de l’intérêt et répétition des échecs. Difficultés d’ordre affectif : apprendre est perçu comme dangereux car peur de l’inconnu ou peur de l’échec. Difficultés propres à la psychologie cognitive : par exemple difficultés de maîtrise des codes spécifiques de la langue ou des symboles mathématiques, problèmes d’organisation spatio-temporelles. 7. UNE LECTURE BIOLOGIQUE ET MEDICALE Nombre d’affections ou de situations de handicap provoquent des retards scolaires bien souvent irréversibles (dyslexie, dyspraxie - cf http://www.dyspraxie.info/dyspraxies/manifestations.htm - , dysphasie - cf http://www.dysphasie.ch/dysphasie.shtml troubles psychomoteurs, troubles psychosomatiques – alimentaires, du sommeil, de la peau-, etc…) 8. UNE APPROCHE GEOGRAPHIQUE Forte disparités dans les résultats scolaires, les moyens en personnels et en locaux et dans les filières de formation. Disparités particulièrement grandes entre DOM-TOM et métropole et entre ZEP et autres zones. La logique de cloisonnement des classes sociales et d’évitement révèlent une anxiété : les familles ont conscience de l’importance de la réussite scolaire et savent qu’un échec entraîne souvent des processus irréversible de déclassement social et elles cherchent donc à offrir à leurs enfants le meilleur environnement possible. Cette stratégie explique les choix résidentiels des familles et aussi en partie la hausse des loyers ! Une enquête Insee montre que le voisinage aussi a un impact sur les performances des élèves, même si l’importante est moindre que le contexte familial. De ce fait la mise en place de ZEP et ZUS ne fait que stigmatiser les difficultés. Le système scolaire ne semble pas fait pour former les élèves mais pour les sélectionner, les classer. L’échec est plus répandu lorsqu’il y a un voisinage et un environnement social et familial défavorisés, notament à la période collège/lycée (adolescence). 9. UNE LECTURE CHRONOBIOLOGIQUE Les rythmes d’apprentissages sont mal connus. - utilisation du temps scolaire mal adaptée (journées trop longues, temps morts trop nombreux) - rythmes scolaires mal équilibrés - pas de respect des besoins de l’enfant et de l’adolescent : la politique du temps scolaire est centrée sur les intérêts des personnels, des familles, des collectivité, etc… LA REUSSITE OU LA DIFFICULTES SCOLAIRES SONT DES NOTIONS RELATIVES ET DEPENDENT DE NOMBREUX CRITERES. D’AUTRES APPROCHES DANS D’AUTRES DISCIPLINES PEUVENT EXPLIQUER LES DIFFICULTES SCOLAIRES. 10/10